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Chapitre 12.
1 à 12 L'enfant de la femme arraché au dragon, qui est vaincu avec ses anges.
Le ciel venait de se rouvrir aux yeux de Jean avec son temple, (Apocalypse 11.19) et c'est dans le ciel que se déroule la vision suivante. L'auteur relève spécialement le caractère symbolique de l'apparition qu'il va décrire en l'appelant un grand signe, mot qui ne se retrouve, dans cette acception, qu'à verset 3 et Apocalypse 15.1. Comparer Apocalypse 9.16,17.
Il faut probablement se représenter la femme comme apparaissant dans le soleil, qui lui fait une gigantesque auréole. L'idée est que la femme (voir à la note de verset 5, ce qu'elle figure) resplendit de toute la lumière céleste représentée par les astres qui éclairent le jour et la nuit. (Genèse 1.16)
Pour l'expression enveloppée du soleil, comparez Psaumes 104.2, et pour la couronne de douze étoiles, voir verset 5. note.
Dans Esaïe 66.7,8, cette image est appliquée à l'apparition du Messie. Comparer Matthieu 24.8 ; Actes 2.24, notes.
A Apocalypse 13.1, le voyant décrit "la bête qui monte de la mer" et lui attribue, comme au dragon, sept têtes et dix cornes. Ces têtes et ces cornes, d'après l'explication donnée à Apocalypse 17.10,12 figurent les empereurs romains et des rois alliés de l'Antéchrist, et la bête elle-même l'empire romain.
Si déjà dans notre chapitre, où il n'est pas question de Rome, le dragon, qui représente Satan, apparaît avec sept têtes et dix cornes, c'est pour marquer qu'il est "le prince de ce monde," (Jean 12.31) dont la puissance s'identifiait aux yeux de Jean, avec le pouvoir de Rome.
Les dix cornes rappellent la quatrième bête de Daniel 7.7, mais les autres traits ne se retrouvent pas dans Daniel, et les deux visions ont des significations toutes différentes.
Quant à la chute des étoiles, elle est, dans Daniel 8.10, l'œuvre de la petite corne. Il est impossible d'en établir le sens avec quelque certitude. Les uns y voient la détection d'anges entraînés par Satan dans sa révolte d'autres, l'idée que Satan cause des désordres dans le royaume de Dieu ; d'autres encore, qu'il se sert, pour l'accomplissement de son œuvre sur la terre, des forces du monde invisible.
Cette qualité le rendait particulièrement apte à remplir le rôle de pasteur des peuples. L'enfantement est la naissance de Jésus dans la crèche de Bethléhem, en d'autres termes l'apparition du Christ historique.
Le trait du dragon qui guette l'enfant afin de le dévorer, peut avoir été suggéré par la tentative d'Hérode, (Matthieu 2) mais doit s'entendre de toutes les tentatives faites par Satan pour détruire Jésus et son œuvre.
L'enfant enlevé vers Dieu et vers son trône représente Jésus mis, par son élévation à la droite de Dieu, hors de toutes les atteintes de l'ennemi.
Les autres explications que l'on a proposées de cette scène sont arbitraires et ne permettent pas de tenir compte des divers traits du tableau. Ainsi celles qui font de l'enfantement de l'enfant l'entrée de Christ dans sa gloire ou sa naissance dans le cœur des croyants.
Si l'enfant est le Christ historique, la femme, sa mère, ne peut être la vierge Marie, comme l'entendent les catholiques. On ne s'expliquerait pas que le dragon "aille faire la guerre au reste de ses enfants," (verset 17) ni qu'elle soit apparue d'abord (verset 1) "enveloppée du soleil et ayant une couronne de douze étoiles sur la tête." C'est une figure symbolique, qui doit être interprétée d'après le langage des prophètes hébreux. Ceux-ci représentent les relations de Dieu avec son peuple sous l'image de l'union conjugale.
La femme, c'est donc l'Israël croyant, le vrai peuple de Dieu sous l'ancienne Alliance, qui attendait le Messie, et le donna au monde en le reconnaissant dans la personne de Jésus de Nazareth. Il formait, quand l'Apocalypse fut écrite, l'Eglise judéo-chrétienne. C'est cette dernière que la femme représente spécialement à verset 6 et à verset 13 et suivants
Les douze Ă©toiles qui lui font une couronne (verset 1) sont peut ĂŞtre une allusion aux douze tribus. (Apocalypse 7.4 et suivants)
Le désert est pour la femme un lieu de retraite ; le séjour qu'elle y fait dure mille deux cent soixante jours, le temps des gentils. (Apocalypse 11.2, note)
Pendant tout ce temps l'Eglise judéo-chrétienne demeurera cachée. On la nourrit (grec ils la nourrissent), forme impersonnelle, qui se retrouve en Jean 15.6. Dieu prend soin de sa subsistance. Peut-être l'auteur pense-t-il à quelque aliment céleste, apporté par des anges. (Psaumes 78.24 ; Marc 1.13)
Cette victoire a été confirmée par son retour triomphant auprès de Dieu. (verset 5) Les conséquences en sont exposées dans la scène symbolique de versets 7-12. Le combat contre Satan est mené par Michel, l'archange dont le nom signifie : "Qui est semblable à Dieu !" Michel apparaît, dans Daniel 10.13,21 ; 12.1 ; (comparez Jude 9) comme le champion du peuple de Dieu.
Pour relever l'importance de la défaite de l'adversaire, l'auteur énumère tous ses titres (verset 9 ; comparez Apocalypse 20.2). Il le nomme le serpent ancien par allusion à Genèse 3.1 et suivants
C'est aussi la chute que rappellent les mots : celui qui séduit le monde entier, en même temps qu'ils caractérisent l'action constante et universelle de l'Ennemi de Dieu. Celui-ci est encore appelé diable, c'est-à -dire calomniateur, (comparez verset 10, note) et Satan, ce qui signifie l'adversaire.
Les versets versets 10,11 expliquent ainsi la scène symbolique des versets 7-9. Satan est dépossédé de son pouvoir d'accusateur des hommes. Ce rôle lui est attribué dans maint passage. (Job 1.12 et suivants ; Zacharie 3.1,2 ; Luc 22.31 ; Jean 14.30)
Le péché lui donnait prise sur l'homme, en lui fournissant des occasions de l'accuser justement ; mais la rédemption lui a enlevé ce droit et le jour viendra où son empire sur le peuple de Dieu cessera tout à fait. (Apocalypse 20.10)
Comment l'ont-ils vaincu ? par le sang de l'Agneau. Ce sang, qui "purifie de tout péché," (1Jean 1.7) les a réconciliés avec Dieu, et, d'esclaves de Satan, a fait d'eux des enfants de Dieu. (Apocalypse 1.6 ; 5.9 ; 7.14)
Ils ont fidèlement professé leur foi en Celui qui les a sauvés ; ainsi la parole de leur témoignage (Apocalypse 6.9) a été, avec le sang de l'Agneau, la cause de leur victoire. Ce témoignage, ils l'ont rendu en exposant leur vie.
Grec : Ils n'ont point aimé leur vie jusqu'à la mort ; ils n'ont point préféré la vie à la mort, quand il s'agissait de la sacrifier pour le nom du Sauveur. Ils ont pratiqué les préceptes de Jésus. (Matthieu 10.28,39 ; 16.25 ; Jean 12.25)
- C'est pourquoi, parce que Satan a été vaincu, les cieux et ceux qui y habitent, les anges ou les saints glorifiés, sont invités à se réjouir. (Psaumes 96.11 ; Apocalypse 18.20)
Mais ceux qui habitent la terre et la mer (les îles) ont à trembler encore, car le diable, irrité de sa défaite, n'ayant plus de pouvoir sur leurs âmes, va s'acharner sur leurs corps, par les persécutions qu'il suscitera, et cela avec une fureur d'autant plus grande qu'il sait qu'il a peu de temps jusqu'au moment où il sera lié, (Apocalypse 20.2) puis jeté dans l'étang de feu et de soufre. (Apocalypse 20.10)
Le démon, ne pouvant rien contre l'enfant, contre le Sauveur, mis pour toujours hors de son atteinte, poursuit la femme qui l'avait enfanté, l'Israël croyant devenu l'Église judéo-chrétienne. (verset 5. note.)
Cette poursuite précéda la fuite mentionnée, par anticipation, à verset 6, et qui va être racontée à verset 14.
Un temps, des temps et la moitié d'un temps veut dire trois ans et demi, qui équivalent aux mille deux cent soixante jours de verset 6 et aux quarante-deux mois de Apocalypse 11.2. (Voir la note à ce dernier passage.)
Celle-ci doit son origine plutôt à l'image par laquelle les calamités qui atteignent les fidèles sont dépeintes dans les psaumes. (Psaumes 18.5,17 ; 32.6 ; 42.8,124.4) Quant à l'événement préfiguré, il est impossible de le déterminer avec quelque certitude.
L'auteur ne peut avoir en vue que les Eglises du monde païen, filles, pour la plupart, de l'Eglise mère de Judée, d'où étaient sortis les apôtres qui les fondèrent.
Les chrétiens d'entre les païens, désignés comme ceux qui gardent les commandements de Dieu (Apocalypse 14.12) et qui ont ou retiennent le témoignage de Jésus, (Apocalypse 6.9) seront exposés alors à de grandes persécutions suscitées par Satan.
Il se tint est la leçon de Sin., A, C, vulgate, versions syriaques, adoptée par la plupart des éditeurs modernes. Le sujet du verbe est le dragon, qui prend position sur le rivage, pour attendre la bête qui va monter de la mer et qui sera son alliée et son instrument dans la guerre qu'il veut faire aux enfants de la femme. (Apocalypse 13.17)
Tischendorf, Bousset préfèrent la leçon de Q et quelques autres documents : je me tins. Ce serait Jean qui, dans la vision, se placerait sur le bord de la mer pour assister à la scène qu'il va décrire. (Apocalypse 13)
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