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GENÈSE

Nom, but, subdivisions.

Le nom de Genèse porté par le premier livre du Pentateuque lui est venu, en passant par la Vulgate latine, de la version grec des LXX, qui emploie ce mot de gene-sis (=naissance, origine) dans Ge 2:4 ; a Bible hébraïque emploie l'expression de Beréchith (=au commencement), premier mot du ch. 1. C'est donc le livre qui raconte la naissance des cieux et de la terre, les débuts de l'histoire de l'homme, l'origine des diverses races humaines et de celle d'Israël en particulier. Il constitue la première partie d'un grand ouvrage historique qui s'étend jusqu'à la fin de 2 Rois, c-à-d, qui raconte toute l'histoire d'Israël jusqu'à la ruine du royaume de Juda.

Quand ces cinq livres ont-ils été séparés les uns des autres ? Il est difficile d'indiquer une date précise, mais il paraît probable que ce fut l'oeuvre des derniers rédacteurs du Pentateuque, car les versions samaritaine et alexandrine (du IV e et du III e siècle av. J. -C.) présentent déjà la division en cinq volumes. Le point où la Genèse a été séparée de l'ensemble est très heureusement choisi, après les récits qui parlent de l'émigration en Egypte, de sorte que, entre ces récits et ceux qui décrivent la sortie de ce pays dans l'Ex., on peut intercaler un intervalle de plusieurs siècles.

On peut donc, à première vue, distinguer deux grandes parties dans Genèse :

1. ch. 1-11 ; la préhistoire, telle que les Hébreux la concevaient : création (Ge 1-2) ; le désordre entrant dans le monde de l'homme (Ge 3) ; débuts de la civilisation (Ge 4-5) ; cataclysme du déluge (Ge 6-9) ; naissance des diverses nations (Ge 10) ; et, comme point d'aboutissement, place occupée par les Hébreux dans le groupe sémitique (Ge 11) ;

2. ch. 12-50 ; ici, l'intérêt est concentré sur les destinées anciennes de la nation qui est en voie de formation, Israël, et sur la personne des trois premiers ancêtres : Abraham (Ge 12:1-25:18), Isaac (Ge 25:19 à Ge 36), Jacob (Ge 37) à (Ge 50) ; l'ensemble des traditions relatives aux pères se termine par les récits de l'émigration en Egypte et par ceux qui sont groupés autour du nom de Joseph.

Il faut indiquer ici un groupement inspiré d'un principe différent, posé par le document P qui a fourni aux rédacteurs du Pent. le cadre dans lequel ils ont fait entrer les fragments empruntés aux autres sources. P a groupé les ch. 1 à 50 en 10 thôledôth, mot difficile à traduire et qui correspondrait à peu près à : générations, descendance, postérité, généalogie (voir ce mot), sans qu'aucun de ces termes en soit l'équivalent exact. Ce groupement de généalogies et de textes narratifs sous une même rubrique est destiné « à confondre en un seul et même enchaînement l'origine du monde et celle du peuple élu » (A. Westphal, Sources, I, p. 232). En voici la liste : thôledôth des cieux et de la terre, Ge 1:1-2 4a ; d'Adam, Ge 5:1 ; de Noé, Ge 6:9 ; des fils de Noé, Ge 10:1 ; de Sem, Ge 11:10 ; de Tharé, Ge 11:27 ; d'Ismaël, Ge 25:12 ; d'Isaac, Ge 25:19 ; d'Esaü, Ge 36:1 ; de Jacob, Ge 37:2.

Autoricité et composition.

La tradition juive d'abord, chrétienne ensuite (d'origine plutôt récente car elle ne paraît remonter qu'au I er siècle av. J. -C), a longtemps considéré la Gen., ainsi que les quatre autres livres du Pent., comme l'oeuvre de Moïse. Cette manière de voir, complètement abandonnée aujourd'hui, ne répond à aucune réalité : le livre lui-même ne se donne pas une seule fois comme étant, en tout ou en partie, l'oeuvre de Moïse, alors que dans d'autres livres du Pent. on voit, à plusieurs reprises, certains fragments du texte attribués à sa main (Ex 17:14 24:4 34:27, No 33:2, De 31:9). D'autre part, et quelle que soit l'unité de plan qu'on y constate (unité si remarquable que, pendant bien des siècles, la présence de sources diverses combinées dans la Genèse avait échappé presque complètement à l'attention des lecteurs), le livre renferme de très nombreuses preuves qu'il n'a pas pu être composé par Moïse, et qu'il résulte de la combinaison de plusieurs documents, d'origines et d'âges différents. On est, en particulier, frappé :

Par des expressions d'époques plus tardives : « les Cananéens étaient alors dans le pays » (Ge 12:6 13:7) ; or, ce n'est que depuis le règne de Salomon que leurs dernières villes ont été incorporées à Israël. Dans Ge 14:14, on parle, à l'époque d'Abraham, de la ville de Dan, laquelle n'a reçu ce nom que depuis l'époque des Juges (Jug 18:29). L'observation : « voici les noms des rois qui ont régné sur Édom, avant qu'il (y) régnât un roi israélite » (Ge 36:31), suppose un auteur vivant après la conquête d'Edom par David (2Sa 8:13 et suivant),. donc longtemps après Moïse.

Par la répétition, de récits à double et à triple, qui ne s'expliquerait nullement dans le cas d'un auteur unique et qui dénote nettement le travail de plusieurs mains. Ainsi, il existe un double récit des origines de l'homme, Ge 1:1-2:4 et Ge 2:4 et suivants ; dans le ch. 4, on trouve la trace de plusieurs traditions distinctes, d'après l'une desquelles (Ge 4:1,17-24) Caïn aurait été le père de l'humanité actuelle, car c'est de lui que descendraient les trois classes d'hommes composant la, société des nomades, et cette tradition ignore le déluge ; d'après une autre (Ge 4:25, Ge 5), l'humanité descendrait d'Adam par Seth ; enfin, une troisième tradition présente un Caïn qui ne serait pas le fils du premier homme, puisqu'il craint d'être tué par le premier qu'il rencontrera (Ge 4:2,16). Dans les récits du déluge, il y a deux traditions différentes (Ge 6:9-13, est un doublet de Ge 6:5,8, et Ge 7:1-6 un doublet de Ge 6:18,22). Dans Ge 12:10-20 20 et Ge 26, un triple récit des dangers auxquels Sara d'abord, puis Rébecca sont exposées, parce qu'Abraham, puis Isaac ont voulu faire passer leur femme pour leur soeur. La promesse d'un fils est faite deux fois à Sara (Ge 17:16-19 18:9,16) ; il y a trois explications différentes de l'origine du nom Isaac ; trois (Ge 17 19 18:12-15 21:6) traditions sur l'origine du nom de Béer-Séba (Ge 21:28-30 21:31 26:23,32) ; il y a désaccord entre Ge 26:34 28:9 et Ge 36:2 et suivant, quant aux noms des femmes d'Ésaü. Dans les récits concernant Joseph, nouveau désaccord : d'après Ge 37 28 b, il est vendu à des marchands ismaélites, après une intervention de Juda, tandis que Ge 37 28 a parle de Madianites et que c'est Ruben qui empêche ses frères de tuer Joseph (Ge 37:22)

--En présence de tous ces indices d'une diversité de traditions et de mains ayant collaboré à la rédaction de nos textes actuels, l'autoricité d'un seul homme, et dans le cas présent tout particulièrement celle de Moïse, apparaît comme impossible et comme ne répondant d'ailleurs à aucune déclaration quelconque du texte.

Documents.

Pour la description détaillée des documents qui sont entrés dans la composition du Pentateuque, voir ce mot. Indiquons brièvement, à propos de Gen., que son texte actuel provient de la combinaison des sources suivantes :

1. Un recueil de traditions populaires, inspiré par l'esprit du prophétisme, composé entre 900 et 850 dans le royaume du S., et dont on retrouve, dans les récits de Gen., trois couches que la critique désigne par les lettres J 1, J 2, J 3. La caractéristique principale du Yahviste consiste dans le fait qu'il emploie, dès le début de ses récits (2:4b), le nom de Yahvé pour désigner Dieu.

2. Un recueil d'inspiration semblable à J, mais ayant pris naissance dans l'Israël du N., et plus récent d'un siècle (800-750). On le désigne par la lettre E (Élohim), parce qu'il emploie ce nom pour désigner Dieu, jusqu'au moment où Moïse reçoit la révélation du nom de Yahvé (Ex 3:14). On n'en trouve la trace, d'une manière sûre, qu'à partir du ch. 15. --La fusion de ces deux recueils, en une combinaison unique JE, a dû être effectuée vers le milieu du ; VII e siècle. Ce serait une erreur de voir, dans ces recueils J et E, l'oeuvre personnelle de plusieurs auteurs, dont chacun correspondrait à l'une des couches diverses que l'on distingue aujourd'hui dans J et E (J, J 1, J 2, J 3 ; E, E 1) ; quand on parle d'eux, il convient de se représenter qu'ils sont le produit, les uns d'une école yahviste, les autres d'une école élohiste, dont l'activité littéraire a pu se prolonger durant plusieurs générations, et qui puisaient dans des amas de traditions orales, lesquelles étaient sans doute depuis longtemps déjà en voie de codification. --Enfin, il faut se rappeler que les deux doc t et suivant J et E présentent entre eux une si grande analogie de point de vue et de style, et que, dans un grand nombre de cas, ils ont été si bien fondus l'un dans l'autre, qu'il est devenu très difficile, parfois même impossible, à l'analyse critique de les dissocier dans notre texte actuel et de rétablir la teneur primitive de chacun.

3. Un document d'origine sacerdotale, P (prêtres), auquel appartient la majeure partie des lois contenues dans le Pent. et dont la partie narrative seule est entrée dans la composition de la Genèse ; mais les chap, dans lesquels il est parlé de certaines coutumes ayant trait au culte et aux usages religieux d'Israël (l'institution du sabbat, Ge 2:3 ; l'alliance avec Noé et l'humanité d'après le déluge, Ge 9:1-17 ; l'institution de la circoncision, Ge 17:9,14) proviennent aussi de P. Ce doct attache une importance particulière à tout ce qui concerne les généalogies et la chronologie. Les dates de composition et ses diverses parties s'échelonnent de 573 (époque d'Ézéchiel) jusqu'en 444, date de sa promulgation solennelle par Esdras.

On a observé que les emprunts faits à P dans la Genèse occupent 1 /6, et ceux qui l'ont été à J et à E, les 5 /6 du livre. Les données tirées de P constituent, par rapport à celles qui viennent des autres, un fil très ténu qui traverse le livre d'un bout à l'autre, mais ce n'est que dans un petit nombre de cas (Ge 1-2:4 9:1-17 Ge 17 Ge 23) qu'on se trouve en présence d'une narration un peu développée. (Voy. dans Skinner, Genesis [ICC, p. 58], une reconstruction de la courte biographie d'Abraham telle que P l'a conçue ; le récit est sans solution de continuité, mais d'une extrême brièveté, puisqu'il occupe à peine une page d'impression.)

Pour le détail des parties de chacun des trois documents entrant dans la composition du livre, les lecteurs de langue française sont renvoyés aux ouvrages spéciaux tels que : A. Westphal, Sources (vol. I, 1888), qui donne la reconstruction de toute une série de récits tirés des divers docts (p. 231-265) ; L. Gautier, Introd. A.T. (2° éd., vol. I, 1914, pp. 81ss) ; la Bible du Centenaire (Paris 1916) qui donne, en marge de son texte, l'indication détaillée des sources entrant dans la composition de chaque chap. ; voy. aussi Die Genesis mit tsusserer Untersckeidung der QueUen-schrijten, de Kautzsch et Socin, le texte imprimé en caractères différents suivant les doc t et suivant (1891).

De cet ensemble de matériaux empruntés à des sources provenant de milieux et d'époques si divers, le rédacteur final a tiré une oeuvre conçue sur un plan très net et rigoureux et qui, faisant partir le lecteur des temps lointains de la préhistoire, le fait parvenir jusqu'au moment où les premiers ancêtres de la nation, après un court séjour sur le sol qui devait devenir plus tard le théâtre de leur histoire, sont montrés entrant dans un pays qui allait les retenir comme esclaves pendant plusieurs siècles. --Parmi les multiples questions que soulèvent la tractation de sujets si variés, l'étendue des périodes envisagées et la complexité des matériaux mis en oeuvre, il ne sera examiné brièvement ici que deux d'entre les principales :

les emprunts faits aux cosmogonies et traditions des peuples étrangers ;

l'interprétation et la valeur historique des récits patriarcaux.

Cosmogonie et préhistoire.

La première partie de la Genèse (ch. 1-2) a pour but de montrer comment l'histoire d'Israël se rattache à celle de l'humanité primitive ; elle s'applique, en remontant jusqu'à la création même du monde, à mettre en lumière cette pensée que le monde de la nature et celui de l'homme sont également l'oeuvre de Dieu. Cette première partie expose donc les idées qui avaient cours en Israël sur la préhistoire, c-à-d, sur la création de l'univers, sur les premiers âges de l'humanité, sur la première expérience qu'elle fit de sa liberté morale, sur le châtiment qui fut envoyé à la race humaine qui s'était éloignée de Dieu, sur les diverses races humaines, et enfin sur les premiers rapports établis entre les ancêtres d'Israël et Dieu. En effet, en consacrant ces premiers chapitres à la préhistoire, les rédacteurs n'ont pas seulement voulu montrer comment la terre a été créée pour être le séjour de l'humanité, et donner une vue d'ensemble sur les débuts de celle-ci ; mais ils ont eu pour but essentiel de montrer comment, au sein des nations, Israël en est venu à occuper la place exceptionnelle qui lui a été assignée dans les plans divins, Dieu ayant choisi une famille humaine dont les premiers ancêtres furent les objets de ses dispensations providentielles. Les ch. 1 et 2 contiennent une cosmogonie décrite en deux récits empruntés à deux documents différents. Le premier (Ge 1-2 4) appartient à P ; le deuxième à J (Ge 2:4,24). L'auteur sacerdotal trace, d'un style à la fois sobre et grave, un tableau de l'activité créatrice de Dieu, distribuée sur un espace de sept jours. Quant au second récit, celui de J, il ne contient aucune indication de temps ; il contraste avec le premier par sa couleur plus poétique, et place la création de l'homme, puis de la femme, avant celle des animaux et des plantes.

On s'est, pendant longtemps, efforcé de trouver un accord possible entre les conceptions cosmogoniques de Ge 1-2 et les données de la science actuelle, dans les divers domaines de l'astronomie, de la géologie, de l'anthropologie, etc. Partant, en général, de cette théorie de l'inspiration qui aboutit à la conclusion forcée que tout texte scripturaire ne peut, comme tel, qu'exprimer la vérité absolue, indiscutable, dans tous les domaines des connaissances humaines, et non pas seulement dans celui de la pensée religieuse, on ne pouvait, a priori, admettre que les récits de Ge 1-2 ne pussent être mis d'accord avec les résultats acquis de la science de notre temps. Il est évident que les auteurs de Ge 1-2 avaient réellement l'intention de donner un exposé systématique de la façon dont l'univers a été créé ; à voir les détails si nets et si bien coordonnés dans lesquels ils sont entrés pour décrire le processus de la création, ils ne se proposaient pas seulement un but religieux : mettre en évidence la toute-puissance créatrice de Dieu. Ils se sont encore appliqués à exposer les conceptions cosmogoniques qui avaient cours en Israël et les idées de leur temps sur les rapports qui existèrent dès l'origine entre Dieu et le monde. Mais il a bien fallu reconnaître que leurs affirmations de l'ordre scientifique ne pouvaient pas être mises d'accord avec les faits les mieux établis par la science actuelle, et que, vouloir tenter à tout prix cet accord, ce serait « perpétuer l'idée qu'il existe un conflit entre la religion et la science » (Erith, Genesis, p. 39). Les nombreux essais tentés à cet égard n'ont, en définitive, donné satisfaction ni aux partisans de la vérité scripturaire à tout prix, ni aux adeptes de la science indépendante ; on n'aboutissait, en somme, qu'à la confusion de deux domaines qui sont absolument distincts l'un de l'autre, et les résultats de tous ces efforts harmonistiques étaient à la fois dangereux pour la confiance que doit inspirer l'Écriture et opposés aux faits que la science considère comme assurés.

Il faut donc consentir à reconnaître que ce qui fait la grandeur incomparable et éternelle de Ge 1-2, ce sont les vérités, non de l'ordre scientifique, mais de l'ordre spirituel et religieux que ces chap, ont mises en pleine lumière avec tant de force et dans un langage d'une si noble simplicité. Dès qu'on situe ces vieux récits à leur vraie place, comme reflet des conceptions antiques qui les ont inspirés, on voit tomber les objections que la science a pu élever contre eux, et, cette science même, amenée à envisager ces traditions anciennes sous leur vrai jour et s'inclinant devant les grandes vérités de l'ordre religieux qu'elles proclament, se gardera bien de « lire ces pages antiques avec dédain ; elles doivent être vénérées comme le premier essai d'une conception scientifique de l'univers » (Gunkel, Le récit biblique de la création, p. 184).

La valeur exceptionnelle des récits de Ge 1-2 ressortira plus fortement encore de leur comparaison avec les traditions cosmogoniques de l'ancienne Babylonie, et en particulier avec le récit similaire de la création qui a été conservé dans la bibliothèque du roi Assourbanipal découverte en 1872 à Kouyoundjik (l'ancienne Ninive), et dont la forme originale circulait déjà en Babylonie plus de deux mille ans av. J. -C. C'est en confrontant les doc t et suivant bibliques avec cet antique texte qui nous transporte en plein polythéisme, parfois bien grossier, avec son absence totale d'idées morales et son cortège de détails monstrueux ou absurdes, qu'on verra ressortir l'immense supériorité du récit hébreu, où la seule parole créatrice de Dieu est montrée agissante à l'exclusion de tout moyen extérieur frappant l'imagination. Que ce récit ait eu pour point de départ la tradition babylonienne et que, sous l'action puissante de la foi monothéiste, il l'ait dépouillée de tout son appareil mythologique et polythéiste, pour l'amener à cette forme d'une si haute spiritualité, c'est la conclusion qui s'impose avec une évidence toujours plus grande et qui s'explique facilement par les nombreux rapports que, à plusieurs époques, Israël a eus avec le monde babylonien. Comme ce travail d'épuration et de transformation a dû se poursuivre durant une longue période, l'opinion la plus probable paraît être celle qui admet que la tradition babylonienne était connue en Canaan, par voie orale, dès avant l'époque dont parlent les tablettes de Tell el-Amarna (XV e siècle av. J. -C. ; voir plus loin), où l'influence du monde babylonien se faisait sentir d'une manière particulièrement forte dans ce pays ; les Israélites l'y trouvèrent répandue et l'y auront recueillie lors de la conquête de Canaan. Quant au second récit, celui de J, il a été rapproché d'un doct dont la transcription et la traduction ont été publiées par Pinches en 1891 et qui, dans son récit de la création, plaçait aussi celle de l'homme avant celle des plantes et des animaux. Sayce y voit « le point de départ le plus ancien à nous connu de cette forme de l'histoire de la création qui est contenue au chap. 2 ». Hommel, en effet, a émis l'hypothèse qu'elle remonterait à trois ou quatre mille ans av. J. -C.

Le récit de la scène au jardin d'Éden (ch. 3) ne semble pas jusqu'à présent avoir trouvé son pendant parmi les traditions étrangères à Israël. On a cru retrouver cette scène sur une pierre gravée montrant deux figures humaines assises de chaque côté d'un arbre et, derrière l'une d'elles, une image représentant assez nettement un serpent. Mais les figures paraissent représenter des divinités (l'une d'elles porte la coiffure réservée aux êtres divins), et les points de ressemblance entre Ge 3 et cette scène gravée ne sont pas assez marqués pour qu'on puisse y retrouver une reproduction de celle d'Éden. On a, d'autre part, essayé parfois d'établir un rapprochement entre Ge 3 et le mythe d'Adapa trouvé parmi les tablettes de Tell el-Amarna, et par conséquent connu en Palestine au XV e siècle av. J. -C. ; c'est l'histoire d'un personnage créé par le dieu Éa, doué par lui d'une sagesse supérieure et qui, pour avoir mal compris le conseil que lui a donné son dieu, refuse l'immortalité qui lui est offerte. Si, entre Ge 3 et le mythe babylonien, il existe quelques points de contact, la teneur générale des deux récits est trop différente pour qu'on puisse voir dans l'un une recension modifiée de l'autre. Enfin, quelques savants ont cru retrouver, dans un vieux document sumérien, un récit parallèle à celui de Ge 3. Mais, dans l'état actuel de nos connaissances, et en présence des divergences qui existent entre les interprètes, il paraît indiqué, pour le moment du moins, de ne pas s'appuyer sur le texte en question. Cependant, si jusqu'à présent on n'a pas retrouvé, dans les traditions étrangères à Israël, d'équivalent positif de Ge 3, on peut, en se basant sur un certain nombre de traits qui rappellent les traditions babyloniennes ou d'autres nations (le serpent ; le jardin, séjour de la divinité ; l'arbre de vie ; l'épée flamboyante ; les chérubins gardiens du jardin, etc.), admettre qu'une tradition concernant les débuts de l'humanité et contenant des éléments qui provenaient de Babylone ou d'ailleurs, a eu cours dans l'ancien Israël, après avoir été dépouillée de ses éléments polythéistes et avoir subi l'empreinte de l'esprit hébreu ; cette tradition aurait été adaptée par J au but qu'il se proposait d'atteindre : « exprimer et inculquer à Israël de hautes vérités de l'ordre spirituel » (Gunkel, Genesis, p. 33).

Enfin, dans les deux récits combinés du déluge (J et P), récits qu'on peut reconstituer d'une manière remarquablement exacte, bien qu'ils soient très enchevêtrés l'un dans l'autre, on retrouve des ressemblances, nombreuses et frap-'pa-ntes avec la tradition babylonienne contenue dans l'épopée de Gilgamesch découverte en 1872 dans les ruines de la bibliothèque d'Assourbanipal à Kouyoundjik. Cette légende est la confirmation de l'histoire racontée en grec par Bérose, de ce Xisou-thros, dixième roi antédiluvien de Babylone, lequel aurait été averti par les dieux de la destruction prochaine de la ville de Schourippak, sur les bords de l'Euphrate : Xisouthros est la transcription grecque de Ziusuddu, nom que porte le héros du déluge dans la forme sumérienne plus ancienne (non sémitique) de la tradition. D'après cette épopée, les dieux ont décidé de détruire l'humanité dans les flots d'un déluge. Seul, Utnapischtim, averti par Éa, réussit à sauver sa vie, celle de sa famille et de tous les animaux, et il obtient ensuite des dieux le don de l'immortalité. Les récits bibliques et l'épopée babylonienne, tout en différant sur bien des points, en présentent un grand nombre de communs : la construction d'une arche, tout enduite de poix ; l'envoi de divers oiseaux pour constater l'état de la terre (dans Gen., un corbeau et une colombe ; dans l'épopée, une colombe, une hirondelle, un corbeau) ; l'arche qui s'arrête sur une haute montagne (dans Gen., les montagnes du pays d'Ararat ; dans l'épopée, le mont Niçir, ou, d'après une variante, les monts Kordyéens en Arménie) ; le sacrifice offert après le déluge. La tradition de Gilgamesch était répandue en Babylonie deux mille deux cents ans av. J. -C, et il paraît très vraisemblable qu'elle a passé, par voie orale, dans le domaine hébreu, puis dans les documents qui l'ont recueillie. Par sa teneur générale et son coloris local (la basse Babylonie est, par excellence, le pays exposé de tout temps aux inondations), cette tradition est de nature essentiellement babylonienne ; mais, là encore, on voit se produire le même travail de lente et profonde épuration de tous les éléments polythéistes que renfermait l'épopée babylonienne, avec ses conflits violents entre les dieux, qui ne visent que des buts de rivalité et de vengeance personnelle et qui, en présence du désastre déclanché par eux, sont incapables de maîtriser les éléments déchaînés et se réfugient au fond des cieux « en se serrant les uns contre les autres comme des chiens ». Le contraste est grand avec la tradition hébraïque renfermée dans J et P : un Dieu unique, qui préside seul à l'ordre moral du monde et qui, en présence de la corruption dans laquelle est plongée l'humanité qu'il a créée, prend la résolution de punir les coupables et de sauver le seul juste qui marchât avec lui ; la raison morale de ce cataclysme apparaît ici très marquée, tandis qu'elle l'est à peine dans l'épopée ; et, à la fin, lorsqu'une humanité nouvelle va se fonder, une alliance solennelle est conclue entre Dieu et les représentants de ce monde nouveau.

A propos du cataclysme qui aurait été à la base, d'abord du poème babylonien, puis du récit biblique de la Genèse, il est intéressant de rappeler ici quelques-unes des considérations que fait valoir Woolley (Sumer., pp. 39SS) : « Dans quelque proportion que la tradition ait enrichi et coloré le récit, il est impossible de dénier un caractère historique fondamental à une histoire qui porte la marque de la vérité ; les détails s'harmonisent si parfaitement avec les conditions locales du delta méridional (du Tigre et de l'Euphrate réunis), que le conte (ou poème du déluge) ne pouvait naître que là... La destruction totale de la race humaine, ni même celle des habitants du delta, n'est évidemment pas supposée..., mais il y avait eu assez de ravages pour former un point de repère dans l'histoire et pour délimiter une ère. Les effets du déluge ont dû s'étendre très loin... et il est probable que le dépeuplement causé par le Déluge favorisa, mieux qu'autre chose, l'avance des Sumériens vers le Nord. » Il faut mentionner encore ici l'hypothèse de l'assyriologue américain Clay, qui a soutenu que la plupart des grands mythes babyloniens sur les origines du monde, et en particulier celui du Déluge, auraient pris naissance dans le pays d'Amourrou (la Syrie), et que les Sémites de ce pays, lorsqu'ils allèrent s'établir dans la basse Mésopotamie, les y auraient transportés avec eux. Ad. Lods a élevé contre cette hypothèse des objections d'une grande portée et il en a montré le peu de vraisemblance (Israël, P- 93).

Voy. les deux récits bibliques du Déluge reconstitués dans A. Westphal, o. c, I, p. 2375s, et la comparaison, en trois colonnes, du texte de ces deux récits avec celui de l'épopée de Gilgamesch, dans Rothstein, Unterrickt im A.T. II, 210ss. Sur le fait lui-même, voir Déluge.

Période patriarcale. Interprétation ethnique ou individualiste ?

La deuxième partie du livre, ch. 12 à 50, qui raconte la vie des trois grands ancêtres d'Israël, soulève une question très controversée, celle de la réalité historique de ces personnages. Les difficultés commencent dès que l'on veut tenter de déterminer la base chronologique de cette période. Or, cette base ne peut être fournie par les textes bibliques eux-mêmes. En effet, l'accord n'existe pas toujours, d'abord, entre les données de P (le seul doct qui contienne une chronologie systématique) et celles de J et de E ; et ensuite, il y a désaccord entre les textes hébreu, samaritain et grec-alexandrin, chacun d'eux donnant un total différent pour la somme des années comptées depuis la création du monde jusqu'à la sortie d'Egypte (hébreu 2.666 ans, samar. 2.752, grec des LXX 3.837), bien que tous trois s'accordent à attribuer une durée de deux cent quinze ans à la période patriarcale. Si l'on pouvait être assuré qu'Abraham a bien joué le rôle que lui assigne le ch. 14 (le seul qui le mette en rapports avec l'histoire politique de ce temps), on pourrait dire : déterminer la date du règne de ce roi Amra-phel (verset 1) dans lequel on retrouve assez généralement le fameux Hammourapi, sixième roi de la première dynastie babylonienne, c'est déterminer du même coup l'époque où vécut Abraham ; or, on indique soit 2123-2081 (d'après King), soit 2067-2015 (d'après Fotheringham et Langdon) pour la durée du règne d'Hammourapi. La période patriarcale commencerait donc vers 2100 et s'étendrait en gros sur la première moitié du II e millénaire av. J. -C. Mais l'unanimité est loin d'exister sur cette question. Outre les difficultés historiques que présente ce ch. 14, on a fait valoir diverses raisons pour rabaisser notablement la date des débuts de la période patriarcale ; Boehl a même déclaré que, faire d'Abraham un contemporain d'Hammourapi, c'était « commettre un anachronisme d'un demi-millénaire » (Die Koenige von Genesis 14, dans ZATW, 1916, p. 66). D'autres auteurs ont estimé que, si l'on identifie les Chabîrî des tablettes de Tell el-Amarna avec les Hébreux (voir plus loin), il faut alors descendre jusque vers le milieu du XVI e siècle av. J. -C, pour placer les premières migrations patriarcales en Canaan (Kittel, Gesch. des Volkes Israël, 1 912:2, pp. 432, 442). Cette opinion extrême, malgré les avantages qu'elle peut présenter d'une part, aurait d'autre part l'inconvénient de trop abréger : 1°la durée de la période patriarcale, 2° celle du séjour des clans hébreux en Egypte, séjour qui, pour de nombreux critiques, aurait pris fin sous le règne du pharaon Mernephtah (1234 à 1214). Pour cette question, voir Chronol. de l'A.T.

Cette période qui, pendant longtemps, ne nous était connue que par les récits bibliques, a été éclairée d'une vive lumière par les découvertes de l'archéologie. Cependant les clartés qui ont été projetées par celle-ci sur l'antiquité hébraïque sont restées assez pâles et rares. Le cadre dans lequel se mouvaient les hommes de la période patriarcale et les conditions dans lesquelles leur vie s'écoula, nous sont, il est vrai, apparus comme tout à fait conformes à ce que nous savons maintenant de ces milieux et de ces temps-là. Mais nulle part, pourtant, on n'a trouvé la confirmation positive de l'existence des personnages appelés Abraham, Isaac et Jacob. On relève, il est vrai, sur les monuments, des noms identiques aux leurs ; on retrouve maint indice de l'existence des Hébreux à telle époque donnée, et tous ces éléments réunis ne laissent pas de fournir à la tradition biblique un appui qui a sa réelle valeur. Ainsi, une inscription de Thoutmès III (vers 1470) sur les murs de Karnak mentionne le nom de Jacob-El parmi les pays et les villes conquis par lui au cours de son expédition en Syrie. Vers cette même époque, les tablettes cunéiformes découvertes à Tell el-Amarna en Egypte, et contenant la correspondance échangée entre les princes méso-potamiens ou les gouverneurs palestiniens et le pouvoir central égyptien, mentionnent plusieurs fois le nom d'une peuplade d'envahisseurs nomades, les Chabîrî, et la prise par eux de la ville de Sichem. On retrouve généralement dans ce nom de Chabîrî celui de Hibrîm (=Hébreux), en y voyant indiqué, non pas exclusivement le groupe sémitique qui porta ensuite le nom d'Israélites, mais une masse ethnique plus considérable, dont les Hébreux-Israélites, au sens restreint, n'auraient formé qu'une branche. Ce fait guerrier de la prise de Sichem par les Chabîrî a été mis en corrélation avec la migration qui marqua le retour en Canaan de Jacob et de ses fils et la prise par eux de Sichem racontée dans Ge 34. Dans les inscriptions de Ramsès III et IV (vers 1100), il est parlé d'une population étrangère établie en Egypte, les Apuriu, dans lesquels on retrouve ce même nom de Hibrîm. Quant au nom d'Israël, on le trouve mentionné dans une inscription de la stèle de Mernephtah comme étant celui d'une peuplade ou tribu israélite, sans doute restée en Canaan alors que les autres émigrèrent en Egypte, et que Mernephtah aurait soumise lors de son expédition en Syrie. On pourrait en dire autant de la mention de Asaru indiqué au nombre des conquêtes faites au Nord de la Palestine par Séti I er et Ramsès II, donc dans une région que Jos 19:24-31 indique comme ayant été occupée par la tribu d'Asser. Quant au nom d'Abraham, il appartenait au monde babylonien ; on l'a retrouvé dans des documents de l'époque d'Ammizaduga, dixième roi de la dynastie à laquelle appartenait Hammourapi, et dans la liste des villes et régions conquises par Scheschonq I er, contemporain de Roboam (vers 930), il est question d'un « champ d'Abraham », qui devrait être cherché au Sud de la Palestine.

Que dire maintenant de la façon dont il faut comprendre les récits de la période patriarcale ? Depuis Ewald, les critiques ont relevé un grand nombre d'indices qui permettent de croire que ces récits mettraient en scène, non pas des personnalités distinctes, des individus, mais des collectivités, peuples, tribus ou clans. Évidemment dans certaines pages comme Ge 10 et Ge 36:9-43, le doute n'est pas possible, et le contexte montre clairement que, par l'emploi du mot fils, on entend exprimer un rapport de dépendance ou de communauté d'origine entre deux peuples donnés. Mais, ailleurs encore et dans des cas très fréquents, les individus semblent être la personnification de collectivités ; ainsi dans Ge 25:1, Kétura, femme d'Abraham, paraît comme personne distincte et, dans v. 2 et suivant, ses fils et petits-fils portent les noms de tribus et de peuples. Makir, dans Ge 50:23, est un individu ; dans No 32:40, c'est un clan qui (d'après No 26:29) engendre Galaad, un autre clan ; et dans Jug 11:1, ce Galaad-clan engendrera Jephté-individu. On pourrait multiplier ces exemples dans ch. 12-50, de sorte que, pour beaucoup de critiques, il convient d'appliquer cette interprétation ethnique à presque tous les noms de personnes qui paraissent dans les récits patriarcaux.

Il est certain que, dans un grand nombre de cas, c'est elle qui fournit l'explication la plus acceptable, quelquefois même la seule acceptable, de certains faits ; nous aurions donc, dans les biographies d'individus déterminés, la personnification tardive de tribus ou de peuples dont les origines, les transactions, les migrations, les destinées historiques nous seraient présentées sous cette forme littéraire-là. Ainsi, le récit de l'inceste des filles de Lot (ch. 19), qui n'a évidemment pour but que de présenter sous un jour défavorable l'origine de deux nations, Ammon et Moab, avec lesquelles Israël a été souvent en lutte ; Ge 38, qui indique, sous la forme du mariage de Juda avec une Cananéenne, l'existence de clans étrangers au sein de la tribu royale de ce nom ; Ge 25:19-34, l'origine d'Édom, ennemi héréditaire d'Israël, etc. Avec cette interprétation, on ne s'étonnera plus que nos textes présentent sous un jour peu sympathique des personnages tels qu'Ésaü (=Édom), Ismaël et d'autres, quand on sait qu'il s'agit de peuples, avec lesquels Israël avait une communauté de race, mais pour lesquels il nourrissait des sentiments d'hostilité séculaire. Ce qui vient encore, dans nombre de cas, justifier cette interprétation, c'est que les récits patriarcaux présentent les faits comme si la formation du peuple d'Israël et d'autres encore était le résultat de l'accroissement naturel d'une famille humaine. Or, ce n'est nullement comme cela que les choses se passent dans la réalité : une nation provient de la fusion de divers clans et tribus, sous l'action de différents facteurs historiques et géographiques (parenté raciale, voisinage, intérêts ou dangers communs, etc.).

Cependant, quelque part que l'on doive faire à l'interprétation ethnique, il faut reconnaître que son application uniforme à toute la période patriarcale a trop souvent abouti à des résultats très forcés et même absurdes ; et, à voir les différences qui existent entre les divers critiques, dans l'application du principe, on constate sans peine que l'explication ethnique ne fournit nullement la clé unique de Ge 12 à Ge 50. Si l'on s'en tient aux figures dont les noms sont nettement attestés comme étant ceux de tribus et de peuples (Ismaël, Galaad, Ammon, Moab, Édom, etc.), on restera certainement sur le terrain de la réalité historique et l'on ne risquera pas de faire violence au sens direct des textes. Il serait, en effet, impossible de donner, comme le font quelques critiques, un sens toujours métaphorique aux termes fils et engendrer, et de voir toujours indiquée par eux (comme dans Ge 10) la naissance, non pas d'individus isolés mais de peuples. (Koenig Comment, sur Gen., 1919, p. 93s) a montré que, si ces mêmes critiques sont bien obligés de prendre ces deux termes au sens propre, dans le cas des généalogies d'Héli et de Saül par ex. (1Sa 2:12 9:1 et suivant), il n'y a pas de raison valable pour qu'ils écartent le même sens de certains textes de Genèse où ils paraissent employés aussi naturellement que dans 1Sa 2 et 1Sa 9. En outre, il faut, en présence d'un grand nombre de récits, reconnaître qu'ils ne revêtent un sens acceptable que si l'on admet la réalité historique individuelle des personnages qu'ils mettent en scène devant nos yeux. S'il est difficile d'admettre que, au cours d'une longue transmission orale des traditions populaires, la mémoire des générations humaines ait toujours conservé l'exacte reproduction des faits, il est permis d'admettre aussi qu'elle nous a, au moins, conservé un fond solide d'éléments historiques. Ainsi, la personne d'Abraham occupe, à cet égard, une place exceptionnelle. Ce nom lui-même, dans les documents cunéiformes où il paraît, est toujours celui d'une personne, jamais d'une collectivité ; et, dans l'A.T., il n'est jamais employé pour désigner le peuple d'Israël ou une fraction de ce peuple ; le nom d'Isaac ne l'est que très rarement dans ce sens (Am 7:9-16) ; et Jacob, qui l'est quelquefois, l'est beaucoup moins que le nom d'Israël, lequel est devenu celui du peuple. De sorte qu'on a pu poser cette question : si Abraham avait été jadis le nom d'une tribu, comment pourrait-il se faire que la tribu qui aurait donné son nom au personnage le plus important de la période patriarcale eût disparu si totalement de l'horizon, sans laisser aucune trace dans l'histoire ? (Kittel, o. e, p. 414).

Si l'on est en droit de maintenir l'interprétation individuelle pour Abraham, on l'est aussi sans doute pour nombre d'autres personnalités et récits de Ge 12 à Ge 50. On aurait, en effet, beaucoup de peine à découvrir la signification ethnique de récits comme les suivants : Ge 14, Melchisédec, roi et prêtre de Salem ; le roi de Guérar Abimélec et son général en chef (Ge 21:22 et suivants Ge 26:26 et suivants) ; l'intervention d'Abraham en faveur de Sodome (Ge 18:23-33) ; le sacrifice d'Isaac (Ge 22) ; le songe de Béthel (Ge 28) ; la lutte au torrent de Jabbok (Ge 32:24-32) ; le pharaon et ses officiers dans l'histoire de Joseph (Ge 39) ; la scène dans laquelle ce dernier reconnaît ses frères (Ge 45) ; voy. A. Westphal, Jéhovah, 4 e éd., p. 86. Et si les voyages des patriarches devaient toujours représenter des migrations de peuples, on se demande comment de tels mouvements de population (clans ou tribus) auraient été possibles dans un pays qui était déjà occupé par de petits États indigènes avec lesquels il ne semble pas que les nouveaux venus eussent des conflits armés. Une considération, déjà indiquée par Ewald dans son Histoire d'Israël, a été relevée par plusieurs critiques importants (ainsi Driver, Kittel, Koenig, etc.) en faveur de la crédibilité historique des récits patriarcaux. Ils ont constaté que les récits ne présentent jamais les patriarches comme ayant étendu leur autorité sur le territoire cananéen tout entier, mais que, au contraire, ils les montrent toujours confinés dans des régions de peu d'étendue et dans des localités déterminées (Abraham, à Hébron et à Béer-Séba ; Isaac, dans cette dernière ; Jacob, à Sichem), qui étaient considérées comme les gages d'un avenir plus glorieux. Si donc les ancêtres d'Israël n'avaient jamais vécu réellement en Canaan, si tout dans leurs biographies n'avait appartenu qu'à la pure légende, les traditions nationales recueillies dans J, E et P auraient présenté la situation d'une tout autre façon : elles auraient sans doute fait de ces hommes, dès les temps les plus anciens, les maîtres uniques et incontestés du territoire cananéen, montrant ainsi qu'Israël possédait de toute antiquité les droits les plus indiscutables à la possession de Canaan. « La modération des vues prophétiques concernant les hautes destinées à venir des descendants d'Abraham (Ge 12:2 et suivant, etc.), au moins dans J et E (car P seul, dans Ge 17:6, parle de rois comme devant être issus d'eux), pourrait aussi être regardée comme un indice que ces narrateurs se tenaient dans les limites de la tradition qu'ils avaient recueillie, plutôt que de créer librement eux-mêmes des tableaux idéalisés. » (Driver.)

Enfin, dans une question comme celle-ci, à côté de toutes les considérations habituelles de crédibilité et de valeur historique des faits, il est un point de vue qui s'impose à l'attention : il s'agit de savoir si le rôle essentiel, prédominant, que la tradition nationale a assigné à Abraham, a bien réellement été le sien. Or, ce rôle, il n'a pas été seulement, dans l'ordre historique, celui du guide qui a présidé à la première migration de son clan (Cornill, ZA TW, 1914, p. 150) : il a été avant tout de l'ordre religieux. En effet, le mot qui résume sa carrière et sa personnalité tout ensemble, c'est le mot de foi, de confiance en Yahvé, et c'est bien là ce que fait entendre Ge 15:6 : « Il eut foi en l'Éternel, qui le lui compta pour justice. » C'est en cela qu'ont résidé sa vraie grandeur et son rôle historique. Par lui le premier, une conception plus morale et plus haute de la divinité fut révélée à l'humanité. Moïse, auquel la postérité a pourtant attribué un rôle et une importance exceptionnels, Moïse ne se donne jamais comme ayant été le premier à faire connaître la personne et la volonté divines à Israël ; il parle « au nom du Dieu des pères », et ce Dieu, c'est Abraham qui, d'après la tradition unanime des documents nationaux, a été le premier à le manifester à sa race et à mettre sa confiance en lui. C'est là encore, si l'on veut bien reconnaître sa valeur à l'argument tiré du domaine religieux, une raison qui milite en faveur de l'existence individuelle du personnage dans lequel la conscience religieuse d'Israël a salué le premier dépositaire des promesses et des révélations divines. En résumé, s'il n'est pas possible d'affirmer l'historicité de tous les détails qui nous ont été transmis sur sa vie, il est du moins permis de maintenir la réalité historique du personnage d'Abraham auquel remontent les plus anciens souvenirs de la nation. Et ces souvenirs, comme ceux des autres grands ancêtres, ils ont été transmis par trois doc ts distincts, dont les deux plus anciens, écrits, l'un dans le royaume du S. et l'autre dans celui du N., sont d'accord entre eux sur tous les points essentiels et ne présentent que des différences d'ordre secondaire. Si cette unité de la tradition n'est pas, par elle-même, une garantie absolue de l'historicité des faits et des êtres, elle en constitue au moins une présomption dont il serait injuste de méconnaître la valeur.

Pour se représenter en raccourci la façon dont la conception ethnique a pu, dans la Gen., se combiner avec la réalité historique des personnages qui y jouent les premiers rôles, il faudrait donc admettre que, autour des noms de ceux-ci, sont venues se grouper les traditions concernant des migrations successives, lesquelles, partant des régions de la Mésopotamie, ont amené les clans hébreux (les fils d'Héber =ceux qui sont venus de l'autre côté du fleuve [l'Euphrate], Ge 10:21) jusqu'en Canaan d'abord, et ensuite jusqu'en Egypte. Le début de ces déplacements de populations, si l'on admet qu'Abraham et Hammourapi étaient contemporains, se serait produit vers le XXII e siècle av. J. -C, et serait marqué par le départ de Tharé, père d'Abraham, quittant Ur pour venir s'établir plus au Nord, à Charan, où il mourut. De là un second courant migratoire, rattaché au nom d'Abraham et de Lot, aurait amené un nouveau groupe jusqu'en Canaan. Il semble même, si nous en jugeons par Ge 12 et Ge 13, que cette migration se serait poursuivie déjà alors jusqu'en Egypte, mais pour n'y pas rester longtemps et revenir en Canaan. Une fois rétablis dans ce pays, les premiers clans d'émigrés en auraient attiré d'autres auxquels ils étaient apparentés, et qui, dans nos textes, sont représentés par Jacob et les fils nés de ses diverses femmes. Enfin, de Canaan, quelques-uns de ces clans hébreux, groupés autour du nom de Joseph, pressés par des raisons d'ordre économique (une famine), auraient pénétré jusque dans les régions fertiles limitrophes de l'Egypte. Et c'est là que les laissent les récits de la Genèse. Tous ces mouvements ont dû évidemment occuper de longs siècles, représentés sans doute dans nos textes par la longévité extraordinaire que ceux-ci attribuent à la vie des quatre grands patriarches. Mais il n'en demeure pas moins que la succession des faits, telle qu'elle s'y reflète sous la forme biographique que ces textes lui donnent, semble bien, d'une manière générale, cadrer avec ce que l'ethnographie et l'histoire de l'Orient nous font connaître, durant ces mêmes périodes, de migrations plus ou moins considérables qui se produisirent dans le monde sémitique et avec lesquelles celles de l'époque dite patriarcale pourraient sans doute être mises en corrélation. BIBLIOGRAPHIE

--A. Westphal, Jéhovah ; Sources

--V Zapletal, Le récit de la création

--A. Lods, Les découvertes babyl, et l'A.T. ; Israël, des orig. au milieu du VIII° s., Paris 1930.

--L.E.P. Erith (dans A new Comm. on Holy Scripture, éd. Gore, Gough et Guillaume).

--Hugo Gressmann, AT-oriental. Texte mm A.T.

--L. Aubert (dans Bbl. Cent.).

-- L.C. Woolley Les Sumériens (trad.F. Lévy, Paris 1930).

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    • Genèse 1

      1 In the beginning God created the heavens and the earth.
      2 Now the earth was formless and empty. Darkness was on the surface of the deep. God's Spirit was hovering over the surface of the waters.
      3 God said, "Let there be light," and there was light.
      4 God saw the light, and saw that it was good. God divided the light from the darkness.
      5 God called the light "day," and the darkness he called "night." There was evening and there was morning, one day.
      6 God said, "Let there be an expanse in the middle of the waters, and let it divide the waters from the waters."
      7 God made the expanse, and divided the waters which were under the expanse from the waters which were above the expanse; and it was so.
      8 God called the expanse "sky." There was evening and there was morning, a second day.
      9 God said, "Let the waters under the sky be gathered together to one place, and let the dry land appear"; and it was so.
      10 God called the dry land "earth," and the gathering together of the waters he called "seas." God saw that it was good.
      11 God said, "Let the earth yield grass, herbs yielding seed, and fruit trees bearing fruit after their kind, with its seed in it, on the earth"; and it was so.
      12 The earth yielded grass, herbs yielding seed after their kind, and trees bearing fruit, with its seed in it, after their kind; and God saw that it was good.
      13 There was evening and there was morning, a third day.
      14 God said, "Let there be lights in the expanse of sky to divide the day from the night; and let them be for signs, and for seasons, and for days and years;
      15 and let them be for lights in the expanse of sky to give light on the earth"; and it was so.
      16 God made the two great lights: the greater light to rule the day, and the lesser light to rule the night. He also made the stars.
      17 God set them in the expanse of sky to give light to the earth,
      18 and to rule over the day and over the night, and to divide the light from the darkness. God saw that it was good.
      19 There was evening and there was morning, a fourth day.
      20 God said, "Let the waters swarm with swarms of living creatures, and let birds fly above the earth in the open expanse of sky."
      21 God created the large sea creatures, and every living creature that moves, with which the waters swarmed, after their kind, and every winged bird after its kind. God saw that it was good.
      22 God blessed them, saying, "Be fruitful, and multiply, and fill the waters in the seas, and let birds multiply on the earth."
      23 There was evening and there was morning, a fifth day.
      24 God said, "Let the earth produce living creatures after their kind, livestock, creeping things, and animals of the earth after their kind"; and it was so.
      25 God made the animals of the earth after their kind, and the livestock after their kind, and everything that creeps on the ground after its kind. God saw that it was good.
      26 God said, "Let us make man in our image, after our likeness: and let them have dominion over the fish of the sea, and over the birds of the sky, and over the livestock, and over all the earth, and over every creeping thing that creeps on the earth."
      27 God created man in his own image. In God's image he created him; male and female he created them.
      28 God blessed them. God said to them, "Be fruitful, multiply, fill the earth, and subdue it. Have dominion over the fish of the sea, over the birds of the sky, and over every living thing that moves on the earth."
      29 God said, "Behold, I have given you every herb yielding seed, which is on the surface of all the earth, and every tree, which bears fruit yielding seed. It will be your food.
      30 To every animal of the earth, and to every bird of the sky, and to everything that creeps on the earth, in which there is life, I have given every green herb for food"; and it was so.
      31 God saw everything that he had made, and, behold, it was very good. There was evening and there was morning, a sixth day.

      Genèse 2

      1 The heavens and the earth were finished, and all their vast array.
      2 On the seventh day God finished his work which he had made; and he rested on the seventh day from all his work which he had made.
      3 God blessed the seventh day, and made it holy, because he rested in it from all his work which he had created and made.
      4 This is the history of the generations of the heavens and of the earth when they were created, in the day that Yahweh God made the earth and the heavens.
      5 No plant of the field was yet in the earth, and no herb of the field had yet sprung up; for Yahweh God had not caused it to rain on the earth. There was not a man to till the ground,
      6 but a mist went up from the earth, and watered the whole surface of the ground.
      7 Yahweh God formed man from the dust of the ground, and breathed into his nostrils the breath of life; and man became a living soul.
      8 Yahweh God planted a garden eastward, in Eden, and there he put the man whom he had formed.
      9 Out of the ground Yahweh God made every tree to grow that is pleasant to the sight, and good for food; the tree of life also in the middle of the garden, and the tree of the knowledge of good and evil.
      10 A river went out of Eden to water the garden; and from there it was parted, and became four heads.
      11 The name of the first is Pishon: this is the one which flows through the whole land of Havilah, where there is gold;
      12 and the gold of that land is good. There is aromatic resin and the onyx stone.
      13 The name of the second river is Gihon: the same river that flows through the whole land of Cush.
      14 The name of the third river is Hiddekel: this is the one which flows in front of Assyria. The fourth river is the Euphrates.
      15 Yahweh God took the man, and put him into the garden of Eden to dress it and to keep it.
      16 Yahweh God commanded the man, saying, "Of every tree of the garden you may freely eat;
      17 but of the tree of the knowledge of good and evil, you shall not eat of it; for in the day that you eat of it you will surely die."
      18 Yahweh God said, "It is not good that the man should be alone; I will make him a helper suitable for him."
      19 Out of the ground Yahweh God formed every animal of the field, and every bird of the sky, and brought them to the man to see what he would call them. Whatever the man called every living creature, that was its name.
      20 The man gave names to all livestock, and to the birds of the sky, and to every animal of the field; but for man there was not found a helper suitable for him.
      21 Yahweh God caused a deep sleep to fall on the man, and he slept; and he took one of his ribs, and closed up the flesh in its place.
      22 He made the rib, which Yahweh God had taken from the man, into a woman, and brought her to the man.
      23 The man said, "This is now bone of my bones, and flesh of my flesh. She will be called 'woman,' because she was taken out of Man."
      24 Therefore a man will leave his father and his mother, and will join with his wife, and they will be one flesh.
      25 They were both naked, the man and his wife, and were not ashamed.

      Genèse 3

      1 Now the serpent was more subtle than any animal of the field which Yahweh God had made. He said to the woman, "Has God really said, 'You shall not eat of any tree of the garden?'"
      2 The woman said to the serpent, "Of the fruit of the trees of the garden we may eat,
      3 but of the fruit of the tree which is in the middle of the garden, God has said, 'You shall not eat of it, neither shall you touch it, lest you die.'"
      4 The serpent said to the woman, "You won't surely die,
      5 for God knows that in the day you eat it, your eyes will be opened, and you will be like God, knowing good and evil."
      6 When the woman saw that the tree was good for food, and that it was a delight to the eyes, and that the tree was to be desired to make one wise, she took of its fruit, and ate; and she gave some to her husband with her, and he ate.
      7 The eyes of both of them were opened, and they knew that they were naked. They sewed fig leaves together, and made themselves aprons.
      8 They heard the voice of Yahweh God walking in the garden in the cool of the day, and the man and his wife hid themselves from the presence of Yahweh God among the trees of the garden.
      9 Yahweh God called to the man, and said to him, "Where are you?"
      10 The man said, "I heard your voice in the garden, and I was afraid, because I was naked; and I hid myself."
      11 God said, "Who told you that you were naked? Have you eaten from the tree that I commanded you not to eat from?"
      12 The man said, "The woman whom you gave to be with me, she gave me of the tree, and I ate."
      13 Yahweh God said to the woman, "What is this you have done?" The woman said, "The serpent deceived me, and I ate."
      14 Yahweh God said to the serpent, "Because you have done this, you are cursed above all livestock, and above every animal of the field. On your belly you shall go, and you shall eat dust all the days of your life.
      15 I will put enmity between you and the woman, and between your offspring and her offspring. He will bruise your head, and you will bruise his heel."
      16 To the woman he said, "I will greatly multiply your pain in childbirth. In pain you will bear children. Your desire will be for your husband, and he will rule over you."
      17 To Adam he said, "Because you have listened to your wife's voice, and have eaten of the tree, of which I commanded you, saying, 'You shall not eat of it,' cursed is the ground for your sake. In toil you will eat of it all the days of your life.
      18 It will yield thorns and thistles to you; and you will eat the herb of the field.
      19 By the sweat of your face will you eat bread until you return to the ground, for out of it you were taken. For you are dust, and to dust you shall return."
      20 The man called his wife Eve, because she was the mother of all living.
      21 Yahweh God made coats of skins for Adam and for his wife, and clothed them.
      22 Yahweh God said, "Behold, the man has become like one of us, knowing good and evil. Now, lest he reach out his hand, and also take of the tree of life, and eat, and live forever..."
      23 Therefore Yahweh God sent him out from the garden of Eden, to till the ground from which he was taken.
      24 So he drove out the man; and he placed Cherubs at the east of the garden of Eden, and the flame of a sword which turned every way, to guard the way to the tree of life.

      Genèse 4

      1 The man knew Eve his wife. She conceived, and gave birth to Cain, and said, "I have gotten a man with Yahweh's help."
      2 Again she gave birth, to Cain's brother Abel. Abel was a keeper of sheep, but Cain was a tiller of the ground.
      3 As time passed, it happened that Cain brought an offering to Yahweh from the fruit of the ground.
      4 Abel also brought some of the firstborn of his flock and of its fat. Yahweh respected Abel and his offering,
      5 but he didn't respect Cain and his offering. Cain was very angry, and the expression on his face fell.
      6 Yahweh said to Cain, "Why are you angry? Why has the expression of your face fallen?
      7 If you do well, will it not be lifted up? If you don't do well, sin crouches at the door. Its desire is for you, but you are to rule over it."
      8 Cain said to Abel, his brother, "Let's go into the field." It happened when they were in the field, that Cain rose up against Abel, his brother, and killed him.
      9 Yahweh said to Cain, "Where is Abel, your brother?" He said, "I don't know. Am I my brother's keeper?"
      10 Yahweh said, "What have you done? The voice of your brother's blood cries to me from the ground.
      11 Now you are cursed because of the ground, which has opened its mouth to receive your brother's blood from your hand.
      12 From now on, when you till the ground, it won't yield its strength to you. You shall be a fugitive and a wanderer in the earth."
      13 Cain said to Yahweh, "My punishment is greater than I can bear.
      14 Behold, you have driven me out this day from the surface of the ground. I will be hidden from your face, and I will be a fugitive and a wanderer in the earth. It will happen that whoever finds me will kill me."
      15 Yahweh said to him, "Therefore whoever slays Cain, vengeance will be taken on him sevenfold." Yahweh appointed a sign for Cain, lest any finding him should strike him.
      16 Cain went out from Yahweh's presence, and lived in the land of Nod, east of Eden.
      17 Cain knew his wife. She conceived, and gave birth to Enoch. He built a city, and called the name of the city, after the name of his son, Enoch.
      18 To Enoch was born Irad. Irad became the father of Mehujael. Mehujael became the father of Methushael. Methushael became the father of Lamech.
      19 Lamech took two wives: the name of the one was Adah, and the name of the other Zillah.
      20 Adah gave birth to Jabal, who was the father of those who dwell in tents and have livestock.
    • Genèse 1

      1 Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.
      2 La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, et l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.
      3 Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut.
      4 Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres.
      5 Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le premier jour.
      6 Dieu dit : Qu'il y ait une étendue entre les eaux, et qu'elle sépare les eaux d'avec les eaux.
      7 Et Dieu fit l'étendue, et il sépara les eaux qui sont au-dessous de l'étendue d'avec les eaux qui sont au-dessus de l'étendue. Et cela fut ainsi.
      8 Dieu appela l'étendue ciel. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le second jour.
      9 Dieu dit : Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. Et cela fut ainsi.
      10 Dieu appela le sec terre, et il appela l'amas des eaux mers. Dieu vit que cela était bon.
      11 Puis Dieu dit : Que la terre produise de la verdure, de l'herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et cela fut ainsi.
      12 La terre produisit de la verdure, de l'herbe portant de la semence selon son espèce, et des arbres donnant du fruit et ayant en eux leur semence selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.
      13 Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le troisième jour.
      14 Dieu dit : Qu'il y ait des luminaires dans l'étendue du ciel, pour séparer le jour d'avec la nuit ; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années ;
      15 et qu'ils servent de luminaires dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi.
      16 Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit ; il fit aussi les étoiles.
      17 Dieu les plaça dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre,
      18 pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d'avec les ténèbres. Dieu vit que cela était bon.
      19 Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le quatrième jour.
      20 Dieu dit : Que les eaux produisent en abondance des animaux vivants, et que des oiseaux volent sur la terre vers l'étendue du ciel.
      21 Dieu créa les grands poissons et tous les animaux vivants qui se meuvent, et que les eaux produisirent en abondance selon leur espèce ; il créa aussi tout oiseau ailé selon son espèce. Dieu vit que cela était bon.
      22 Dieu les bénit, en disant : Soyez féconds, multipliez, et remplissez les eaux des mers ; et que les oiseaux multiplient sur la terre.
      23 Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le cinquième jour.
      24 Dieu dit : Que la terre produise des animaux vivants selon leur espèce, du bétail, des reptiles et des animaux terrestres, selon leur espèce. Et cela fut ainsi.
      25 Dieu fit les animaux de la terre selon leur espèce, le bétail selon son espèce, et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.
      26 Puis Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.
      27 Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme.
      28 Dieu les bénit, et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre.
      29 Et Dieu dit : Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d'arbre et portant de la semence : ce sera votre nourriture.
      30 Et à tout animal de la terre, à tout oiseau du ciel, et à tout ce qui se meut sur la terre, ayant en soi un souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture. Et cela fut ainsi.
      31 Dieu vit tout ce qu'il avait fait et voici, cela était très bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le sixième jour.

      Genèse 2

      1 Ainsi furent achevés les cieux et la terre, et toute leur armée.
      2 Dieu acheva au septième jour son oeuvre, qu'il avait faite : et il se reposa au septième jour de toute son oeuvre, qu'il avait faite.
      3 Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu'en ce jour il se reposa de toute son oeuvre qu'il avait créée en la faisant.
      4 Voici les origines des cieux et de la terre, quand ils furent créés.
      5 Lorsque l'Éternel Dieu fit une terre et des cieux, aucun arbuste des champs n'était encore sur la terre, et aucune herbe des champs ne germait encore : car l'Éternel Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre, et il n'y avait point d'homme pour cultiver le sol.
      6 Mais une vapeur s'éleva de la terre, et arrosa toute la surface du sol.
      7 L'Éternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant.
      8 Puis l'Éternel Dieu planta un jardin en Éden, du côté de l'orient, et il y mit l'homme qu'il avait formé.
      9 L'Éternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l'arbre de la vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal.
      10 Un fleuve sortait d'Éden pour arroser le jardin, et de là il se divisait en quatre bras.
      11 Le nom du premier est Pischon ; c'est celui qui entoure tout le pays de Havila, où se trouve l'or.
      12 L'or de ce pays est pur ; on y trouve aussi le bdellium et la pierre d'onyx.
      13 Le nom du second fleuve est Guihon ; c'est celui qui entoure tout le pays de Cusch.
      14 Le nom du troisième est Hiddékel ; c'est celui qui coule à l'orient de l'Assyrie. Le quatrième fleuve, c'est l'Euphrate.
      15 L'Éternel Dieu prit l'homme, et le plaça dans le jardin d'Éden pour le cultiver et pour le garder.
      16 L'Éternel Dieu donna cet ordre à l'homme : Tu pourras manger de tous les arbres du jardin ;
      17 mais tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras.
      18 L'Éternel Dieu dit : Il n'est pas bon que l'homme soit seul ; je lui ferai une aide semblable à lui.
      19 L'Éternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit venir vers l'homme, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l'homme.
      20 Et l'homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs ; mais, pour l'homme, il ne trouva point d'aide semblable à lui.
      21 Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place.
      22 L'Éternel Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise de l'homme, et il l'amena vers l'homme.
      23 Et l'homme dit : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! on l'appellera femme, parce qu'elle a été prise de l'homme.
      24 C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair.
      25 L'homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n'en avaient point honte.

      Genèse 3

      1 Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l'Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ?
      2 La femme répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin.
      3 Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n'en mangerez point et vous n'y toucherez point, de peur que vous ne mouriez.
      4 Alors le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez point ;
      5 mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.
      6 La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence ; elle prit de son fruit, et en mangea ; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d'elle, et il en mangea.
      7 Les yeux de l'un et de l'autre s'ouvrirent, ils connurent qu'ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s'en firent des ceintures.
      8 Alors ils entendirent la voix de l'Éternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l'homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l'Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin.
      9 Mais l'Éternel Dieu appela l'homme, et lui dit : Où es-tu ?
      10 Il répondit : J'ai entendu ta voix dans le jardin, et j'ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché.
      11 Et l'Éternel Dieu dit : Qui t'a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger ?
      12 L'homme répondit : La femme que tu as mise auprès de moi m'a donné de l'arbre, et j'en ai mangé.
      13 Et l'Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit : Le serpent m'a séduite, et j'en ai mangé.
      14 L'Éternel Dieu dit au serpent : Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs, tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie.
      15 Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon.
      16 Il dit à la femme : J'augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi.
      17 Il dit à l'homme : Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l'arbre au sujet duquel je t'avais donné cet ordre : Tu n'en mangeras point ! le sol sera maudit à cause de toi. C'est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie,
      18 il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l'herbe des champs.
      19 C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière.
      20 Adam donna à sa femme le nom d'Eve : car elle a été la mère de tous les vivants.
      21 L'Éternel Dieu fit à Adam et à sa femme des habits de peau, et il les en revêtit.
      22 L'Éternel Dieu dit : Voici, l'homme est devenu comme l'un de nous, pour la connaissance du bien et du mal. Empêchons-le maintenant d'avancer sa main, de prendre de l'arbre de vie, d'en manger, et de vivre éternellement.
      23 Et l'Éternel Dieu le chassa du jardin d'Éden, pour qu'il cultivât la terre, d'où il avait été pris.
      24 C'est ainsi qu'il chassa Adam ; et il mit à l'orient du jardin d'Éden les chérubins qui agitent une épée flamboyante, pour garder le chemin de l'arbre de vie.

      Genèse 4

      1 Adam connut Eve, sa femme ; elle conçut, et enfanta Caïn et elle dit : J'ai formé un homme avec l'aide de l'Éternel.
      2 Elle enfanta encore son frère Abel. Abel fut berger, et Caïn fut laboureur.
      3 Au bout de quelque temps, Caïn fit à l'Éternel une offrande des fruits de la terre ;
      4 et Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. L'Éternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande ;
      5 mais il ne porta pas un regard favorable sur Caïn et sur son offrande. Caïn fut très irrité, et son visage fut abattu.
      6 Et l'Éternel dit à Caïn : Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ?
      7 Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui.
      8 Cependant, Caïn adressa la parole à son frère Abel ; mais, comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua.
      9 L'Éternel dit à Caïn : Où est ton frère Abel ? Il répondit : Je ne sais pas ; suis-je le gardien de mon frère ?
      10 Et Dieu dit : Qu'as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu'à moi.
      11 Maintenant, tu seras maudit de la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère.
      12 Quand tu cultiveras le sol, il ne te donnera plus sa richesse. Tu seras errant et vagabond sur la terre.
      13 Caïn dit à l'Éternel : Mon châtiment est trop grand pour être supporté.
      14 Voici, tu me chasses aujourd'hui de cette terre ; je serai caché loin de ta face, je serai errant et vagabond sur la terre, et quiconque me trouvera me tuera.
      15 L'Éternel lui dit : Si quelqu'un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois. Et l'Éternel mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le tuât point.
      16 Puis, Caïn s'éloigna de la face de l'Éternel, et habita dans la terre de Nod, à l'orient d'Éden.
      17 Caïn connut sa femme ; elle conçut, et enfanta Hénoc. Il bâtit ensuite une ville, et il donna à cette ville le nom de son fils Hénoc.
      18 Hénoc engendra Irad, Irad engendra Mehujaël, Mehujaël engendra Metuschaël, et Metuschaël engendra Lémec.
      19 Lémec prit deux femmes : le nom de l'une était Ada, et le nom de l'autre Tsilla.
      20 Ada enfanta Jabal : il fut le père de ceux qui habitent sous des tentes et près des troupeaux.
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