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Lévitique 16

    • 1

      1 à 28 Institution du jour des Expiations.

      1 à 2 L'occasion de cette loi.

      2

      En tout temps : quand cela lui plaît, en dehors des temps fixés par Dieu lui-même.

      Qu'il ne meure. Voir Exode 28.35.

      On ne paraît pas en Orient devant le souverain sans être appelé, sous peine de mort.

      La nuée : non pas celle dont parle le verset 13, produite par l'encens que le sacrificateur devait brûler dans le Lieu très saint avant d'y entrer ; mais celle dont a parlé Exode 25.22 et qui planait au-dessus du Lieu très saint. L'Eternel est un feu consumant, même pour le grand sacrificateur en dehors des fonctions de sa charge. Car alors il paraît devant Dieu comme homme chargé de péchés ; et malheur à lui !

      3

      3 à 5 Conditions de l'entrée du grand sacrificateur dans le Lieu très saint.

      Ce n'est qu'au verset 29 qu'il est dit expressément que l'entrée du sacrificateur dans le Lieu très saint ne peut avoir lieu qu'une fois par an et quel jour. Pour le moment sont uniquement indiquées les conditions auxquelles cette entrée peut avoir lieu impunément :

      1. les victimes offertes pour lui-même :
        verset 3
      2. des vêtements sacrés particuliers et un bain :
        verset 4
      3. les victimes pour le peuple :
        verset 5

      4

      Une tunique de lin. Ce n'était donc pas son riche costume de cérémonie, décrit Exode 28.1-43, qui était pour lui une gloire et un ornement et ne convenait pas à un pécheur demandant grâce ; mais ce n'était pas non plus un costume de deuil, car le blanc est l'emblème. non du deuil, mais de la pureté. Ce vêtement tout spécial représentait la sincérité du cœur avec laquelle le grand sacrificateur devait s'approcher de l'Eternel, et le pardon qui lui était assuré d'avance dans l'exercice de cette fonction solennelle.

      Dans Ezéchiel 9.2,11 ; 10.2,6 ; Daniel 10.5 ; 12.6 l'ange de l'Eternel lui-même paraît vêtu de lin blanc. C'est à ce médiateur parfait entre Dieu et les hommes que ressemble le souverain sacrificateur quand il entre une fois par an dans le Lieu très saint. Il ne faudrait donc pas croire qu'il soit par là assimilé aux simples sacrificateurs vêtus de lin blanc : ceux-ci portaient des ceintures de couleur (Exode 28.39), tandis que le grand sacrificateur est vêtu de blanc de la tête aux pieds.

      Ce sont des vêtements sacrés : c'est pour ce motif qu'il doit se baigner avant de s'en vêtir.

      5

      Pour sacrifice pour le péché. Il faudrait dire proprement : deux boucs pour le péché, l'un comme victime pour le péché, l'autre comme symbole de l'éloignement du péché.

      Un bélier pour holocauste : comparez 8.18

      6

      6 à 10 Cérémonies qui se rapportent aux victimes pour le péché et qui précèdent les sacrifices.

      Offrira : présentera, non : immolera ; l'immolation n'a lieu qu'au verset 14 comparez pour le sens du mot hikriv1.3

      8

      Jettera le sort : avant d'accomplir l'acte d'immolation. Tout ce qui est extérieur doit être préparé avant que le sacrifice commence.

      D'après le Talmud, les deux boucs sont devant le sacrificateur ; celui-ci de ses deux mains tire deux bulletins d'une corne où ils sont déposés, et place celui qui se trouve dans sa main droite sur le bouc qui est à sa droite, et celui de la main gauche sur le bouc qui est à sa gauche.

      Pour l'Eternel : comme victime pour le péché du peuple.

      9

      Sera tombé, littéralement : sera monté (Josué 18.11 ; 19.10) du vase où il était déposé.

      10

      Azazel. On n'est pas complètement au clair sur la signification de ce mot, qui ne se retrouve dans la Bible que dans ce chapitre. On l'a longtemps décomposé en az, chèvre, et azel, de azal, partir ou renvoyer ; de là la traduction de la Vulgate : bouc émissaire. Mais pour justifier ce sens dans notre verset, il faut expliquer: pour l'envoyer dans le déserten tant quebouc émissaire, ce qui est contraire à la grammaire.

      On a vu aussi dans le mot Azazel le nom d'une montagne, que ce terme désignerait comme escarpée, abrupte. Mais comment opposer une montagne à l'Eternel ? Ce mot est plutôt une forme redoublée de la racine azal prise ici soit dans le sens abstrait de renvoi soit dans le sens concret de renvoyé. Ce mot désignerait le mauvais esprit comme exilé de l'habitation de l'Eternel, relégué bien loin et tenu à l'écart de son peuple saint. Le parallélisme entre les mots pour l'Eternel et pour Azazel, rend probable le sens concret et personnel. L'idée d'un royaume des mauvais esprits n'était pas étrangère aux anciens Hébreux (les séirim, schédim, 17.7 ; 19.31 ; Deutéronome 32.17) ; et l'idée d'un chef personnel de ces royaumes ténébreux, sans être clairement exprimée dans l'Ancien Testament, ressort pourtant des deux premiers chapitres du livre de Job, de 1Chroniques 21.1 et même, nous croyons l'avoir démontré, du chapitre 3 de la Genèse.
      11

      11 à 15 Sacrifices pour le péché en faveur d'Aaron et du peuple.

      Toute la cérémonie étant maintenant préparée, Aaron l'ouvre en égorgeant la victime par laquelle son propre péché et celui de sa famille est couvert. C'est la condition pour qu'il puisse officier efficacement pour le peuple (Hébreux 5.3 ; 9.7).

      12

      Il entre dans le Lieu très saint avec l'encensoir plein de braises prises sur l'autel d'airain, dans une main, et un vase renfermant deux poignées de poudre aromatique, dans l'autre. Le nuage d'encens remplit le sanctuaire et voile devant lui le propitiatoire et les chérubins, symboles de la majesté de l'Eternel.

      13

      Et il ne mourra pas. C'est là sa sauvegarde jusqu'à ce qu'il ait accompli l'acte propitiatoire pour lui-même.

      14

      Après cela seulement a lieu l'offrande du sang. D'après la tradition, il ressortait du Lieu très saint et retournait auprès de l'autel d'airain, où il avait laissé un de ses fils occupé à recueillir le sang du taureau qu'il avait égorgé (verset 11) ; et prenant de ce sang, il revenait en faire aspersion avec le doigt, une fois sur le devant du propitiatoire, du côté de l'orient, puis sept fois sur le sol devant le propitiatoire.

      Sept fois : symbole de la propitiation complète et assurée accomplie pour lui et pour sa famille.

      15

      Offrande du sang pour le péché du peuple. Selon la tradition, le sacrificateur sortait de nouveau du Lieu très saint et allait égorger le bouc consacré à l'Eternel pour le péché du peuple ; il apportait de son sang dans le Lieu très saint et en faisait aspersion comme la première fois. C'était la propitiation destinée à couvrir le péché du peuple et môme, comme il est dit ensuite, du sanctuaire.

      16

      16 à 19 Purification des lieux saints.

      Le sanctuaire. Ce terme désigne ici le Lieu très saint (verset 2).

      La Tente d'assignation : le Lieu saint (versets 20 et 33). Si saint que fût le Tabernacle, il était en contact avec des hommes pécheurs ; il participait en quelque manière à leur souillure et à celle de leur culte, et, une fois l'an, il devait être purifié, afin que Dieu pût continuer à l'accepter comme sa demeure. L'aspersion du sang sur et devant le propitiatoire purifiait le Lieu très saint ; mais il ne nous est pas dit ici comment se faisait la purification du Lieu saint. Exode 30.10 sert à combler cette lacune.

      17

      Personne ne sera dans la Tente : de peur de la souiller immédiatement de nouveau. Ce n'est qu'à la condition qu'il soit seul, lui le personnage saint par excellence, et en faveur de qui vient d'être offert un sacrifice spécial, qu'il pourra de nouveau y avoir, au moins pour un moment, un sanctuaire pur. Le fait que le souverain sacrificateur était ce jour-là tout à fait seul dans le sanctuaire, donna plus tard naissance à une pratique unique en son genre : avant d'entrer dans le Lieu très saint, le souverain sacrificateur était invité par les autres sacrificateurs à jurer qu'il ne changerait rien aux cérémonies de ce jour.

      18

      Et il sortira vers l'autel : non pas du Lieu très saint pour aller dans le Lieu saint, vers l'autel d'or, mais de la Tente d'assignation pour se rendre auprès de l'autel d'airain, comparez verset 12 où l'autel d'airain est aussi désigné comme étant devant l'Eternel. Sur la nécessité toute particulière de purifier cet autel, voir 8.15.

      19

      Il le purifiera : des souillures passées.

      Et le sanctifiera : le consacrera à nouveau pour l'avenir.

      20

      20 à 22. Cérémonie concernant le bouc pour Azazel.

      Cette cérémonie n'a pas seulement pour but de montrer que, par l'expiation qui vient d'être accomplie, les péchés du peuple sont définitivement éloignés (Esaïe 38.17 ; 44.22) ; ce qui n'expliquerait pas suffisamment l'expression : pour Azazel, surtout mise comme elle l'est en parallèle avec l'expression : pour l'Eternel. Les péchés pardonnés en raison de l'offrande de la victime consacrée à Jéhova sont maintenant renvoyés à Azazel, personnifiés dans le bouc vivant destiné à ce dernier. Israël rend à l'esprit impur ce qu'il tient de lui. Voilà pourquoi la confession de ces péchés, quoique pardonnés, et l'imposition des mains sur la tête du bouc, par laquelle ils lui sont attribués, doivent précéder son envoi au désert pour y périr. Car le péché pardonné doit périr. En d'autres termes, si le pardon doit demeurer stable, la rupture avec le péché doit suivre le pardon du péché. Le pécheur qui continue à pécher doit comprendre par là quelle est la fin au-devant de laquelle il marche lui-même. Ce bouc vivant conduit au désert répond à l'oiseau rendu à la liberté dans la cérémonie de la guérison du lépreux, mais avec un sens opposé.

      21

      Ses deux mains : afin de rendre l'acte plus expressif et plus solennel.

      Tous leurs péchés, en quelques fautes qu'ils consistent : ainsi pas seulement les violations cérémoniales, mais aussi les transgressions morales qui ne rentraient pas dans la classe des péchés commis à main levée.

      Par un homme tout prêt. D'après le Talmud il était choisi et devait se préparer à cette mission dès la veille.

      22

      Une contrée écartée. C'est simplement l'éloignement du péché qui est ainsi désigné ; les mots suivants : dans le désert, renferment l'idée de la mort. Il ne faut pas que jamais il reparaisse.

      23

      23 à 25. Holocaustes d'Aaron et du peuple.

      Ce rite terminé, Aaron rentre dans le Lieu saint et dépose là les vêtements de lin blanc qu'il ne reprendra que l'année suivante à pareil jour.

      24

      Puis, après s'être baigné, il reprend son riche costume sacerdotal et offre les deux béliers des deux holocaustes, versets 3 et 5.

      25

      Du sacrifice pour le péché, c'est-à-dire des deux victimes du verset 11 et du verset 15, dont les parties grasses devaient être, d'après 4.8-10,19,26, brûlées sur l'autel.

      26

      26 à 28. Purification de l'homme qui a conduit le bouc au désert et de celui qui a brûlé les victimes pour le péché.

      Ces deux hommes participent en quelque mesure à la souillure des victimes et ne peuvent rentrer dans le camp qu'après purification. Le contact avec ces deux boucs, sur la tête desquels le péché avait été placé, déterminait donc une souillure qui exigeait une purification, ce qui parle en faveur de la première des deux opinions présentées 4.26, note.

      29

      29 à 34. Directions pour la célébration annuelle de cette fête dans tous les âges.

      Au septième mois. Ce mois, qui se nommait Thischri ou Ethanim, était celui de la clôture des récoltes et des fêtes de toute l'année ; aussi portait-il le nom de mois sabbatique. Ce mois était d'autant plus naturellement choisi pour cette fête que sous le rapport économique et politique les Hébreux comptaient les années depuis l'automne et qu'il était ainsi le premier de l'année. Après le retour de l'exil, au moins depuis la domination syrienne, cette manière de compter fut absolument adoptée.

      Le dixième jour : celui qui terminait la première décade.

      Vous mortifierez vos âmes : vous comprimerez vos appétits. Ces mots désignent plus qu'une simple disposition de l'esprit ; c'est un jeûne proprement dit, le seul que prescrive la loi, celui qui s'appelle le jeûne absolument parlant (Actes 27.9). Cependant, après l'exil, les jeûnes se multiplièrent (Zacharie 7.5 ; 8.19).

      Vous ne ferez aucune œuvre. Cette dernière prescription s'étendait aussi aux étrangers, car par leur travail ils auraient troublé le repos des Israélites ; mais rien n'indique qu'ils dussent jeûner. Voir 23.29, les menaces sévères qui accompagnent ces deux recommandations. L'Israélite qui ne s'y serait pas soumis aurait témoigné par là de son mépris pour cette expiation solennelle. Le pardon lui était acquis sans sa participation, par l'œuvre du souverain sacrificateur et par le sang des victimes qui mouraient à sa place ; c'est ce que font ressortir les paroles des versets 32 et 33 ; tout ce qu'on lui demandait à lui-même, c'était de jeûner et de chômer. Se refuser à accomplir ce minimum, c'eût été commettre un péché à main levée.

      32

      Littéralement : Le propitiateur sera le sacrificateur qu'on aura oint et installé pour succéder, comme tel, à son père.

      Oint : 8.12

      Installé : 7.37

      Vêtements de lin : ceux du verset 4

      34

      Et l'on fit... Aaron obéit aux prescriptions ci-dessus : immédiatement, en s'abstenant d'entrer dans le Lieu très saint, et ultérieurement, en y entrant le jour des Expiations et en y pratiquant tout le rituel relatif.

      Sur le Jour des Expiations

      Nous avons reconnu dans cette fête le couronnement des institutions propitiatoires de l'ancienne alliance. Les faits prouvent que sans elle Moïse serait resté au-dessous de la plupart des peuples anciens, qui avaient senti le besoin d'un acte solennel et périodique d'expiation nationale. Mais si Moïse ne pouvait faire moins qu'il n'a fait en établissant cette fête, il lui était impossible, d'autre part, de faire davantage et de remédier au mal, c'est-à-dire au péché, plus efficacement qu'il n'a réussi à le faire par cette institution.

      Sans doute cette série de cérémonies ne pouvait manquer de produire dans la partie fidèle du peuple une impression sérieuse de la sainteté de Dieu, de la gravité du péché et de la nécessité de rompre avec le mal. Mais les imperfections de ce moyen de grâce sont si évidentes qu'elles devaient sans doute être senties déjà par les Israélites intelligents et, en tout cas, par Moïse lui-même. Le sang des victimes avait beau être le porteur d'une vie ; cette vie était loin de pouvoir être envisagée comme l'équivalent d'une vie humaine. Il était manifeste que cette couverture de la vie des Israélites pécheurs n'était valable que parce que Dieu voulait bien l'accepter comme telle. Et quant à l'éloignement du péché régnant en Israël et chez les sacrificateurs, de ce péché qu'était censé emporter avec lui le bouc destiné à Azazel, il était trop clair que cet éloignement symbolique du mal n'en était pas encore la destruction réelle. Pendant que le bouc maudit s'éloignait, le péché manifestait déjà sa présence au milieu du camp.

      Toutefois ce mode de propitiation, malgré ses imperfections, avait son utilité réelle. D'abord il avait pour la conscience du peuple une valeur provisoire due à la miséricorde divine qui l'avait institué et qui l'agréait. Puis il faisait pressentir et désirer un autre moyen de salut plus parfait, qui atteindrait le fond du mal, soit par l'offrande d'une expiation correspondant mieux à la nature du péché, soit en mettant en œuvre un mode de destruction du péché qui l'attaquât plus efficacement. Un tel acte, s'il venait jamais à se réaliser, ne serait plus une institution, un rite, un symbole : ce serait la rédemption elle-même. Il n'aurait par conséquent plus besoin d'être annuellement répété ; il serait par sa nature même éternellement valable.

      Le prophète Zacharie avait déjà entrevu ce grand fait préfiguré par la cérémonie du jour des Expiations. En annonçant au grand sacrificateur Jéhosua qu'il était le précurseur et le type du serviteur de l'Eternel appelé Germe qui devait paraître, il décrivait l'œuvre de celui-ci en ces mots : Et en un jour j'ôterai l'iniquité du pays (ou : de la terre). (3.8-9). Le rapport entre le jour des Expiations et l'œuvre de Jésus-Christ est admirablement développé dans les chapitres 8 et 9 de l'épître aux Hébreux. L'entrée du grand sacrificateur dans le Lieu très saint avec le sang de la victime immolée sur l'autel des holocaustes, l'acte de confession des péchés du peuple devant l'arche et les chérubins, l'intercession qui accompagnait cette confession, enfin l'aspersion du sang sur le devant du propitiatoire et au pied de l'arche, tous ces actes symboliques sont présentés comme les figures des actes rédempteurs accomplis par Jésus-Christ :

      • son immolation ici-bas sur l'autel de la croix ;
      • son élévation à travers les cieux jusque dans le lieu de la manifestation immédiate de Dieu, où est dressé son trône ;
      • sa comparution et son intercession en faveur de l'Eglise, du nouvel Israël l'offrande de son sang réconciliateur qui rend son intercession efficace.
      C'est bien à ce rapport que s'applique le mot de saint Paul Colossiens 2.17 : A la loi l'ombre, à Christ le corps des choses à venir. Comparez aussi Romains 8.31 et 1Jean 2.1-2

      Ajoutons enfin que si l'institution de la fête des Expiations remonte en effet jusqu'à l'époque du désert, il n'est plus possible de nier, comme l'ont fait quelques critiques modernes, l'existence d'un grand sacrificateur, d'un chef attitré du sacerdoce israélite, au temps de Moïse ; car cette fête est inséparable de l'existence d'une telle charge.

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