(hébreu saris). Désigne ordinairement un homme mutilé préposé à la garde des chambres et des femmes des princes orientaux (harems) pour éviter les intrigues possibles ; le caractère moral de tels hommes était souvent fortement influencé par leur état physique : faiblesse, dépression morale ; aussi la loi mosaïque était-elle sévère à leur égard (voir plus loin).
Mais ce mot est souvent synon. de chambellan, officier et même échanson ; dans ce cas l'eunuque peut être marié (ex. Potiphar, Ge 37:36). En de nombreux passages il est difficile de savoir s'il s'agit d'eunuques à proprement parler ou simplement d'officiers ; plusieurs devaient remplir cette double charge (voir Échanson) : Ébed-Mélec (Jer 38:7,1Ch 28:1) ; le mot Rabsaris --officier du roi (2Ro 18:17 22:9 24:12 25:19, Jer 34:19 41:16 52:25).
Les sept eunuques d'Esther étaient aussi des échansons (Est 1:10) ; Hégaï est spécialement désigné comme gardien des femmes (Est 2:15). Le harem d'Holopherne était sous la garde de Bagoas (Jug 12:11).
La loi de Moïse déclarait les eunuques indignes de participer à l'assemblée de Jéhovah (De 23:1, cf. Le 22:24). Mais sous la royauté, cette institution semble avoir pris de l'extension en Israël, les rois imitant l'exemple des despotes environnants : (2Ro 8:6) Jézabel (2Ro 9:32), Néthan-Mélec (2Ro 23:11), eunuques de Jéconia (Jer 29:2) ; c'est ce qu'avait prévu Samuel, quand il avait fait à l'avance le procès de la royauté (1Sa 8:15).
D'après Josèphe, les Hérodes avaient des eunuques dans leurs palais, ainsi qu'en Ethiopie la reine Candace d'après Ac 8:27. Esaïe proclame que l'Éternel donnera un nom éternel meilleur que celui de fils ou de fille à tout homme qui fait sa volonté, même s'il est fils d'étranger, même s'il est eunuque (Esa 56:3 et suivants).
Dans Mt 19:12, « se faire eunuque dans le Royaume des cieux » ne doit pas être pris dans un sens physique et matériel, mais dans le sens spirituel conforme au caractère habituel des paroles du Seigneur : consécration spéciale et volontaire au service de Dieu par le célibat. (cf. 1Co 7:32 et suivant)