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ÉVANGILES SYNOPTIQUES (4.)

IV Solution d'ensemble.

Il y faut, en effet, une solution d'ensemble. Comme on vient de le voir, aucune des théories systématiques ne peut seule embrasser tous les aspects opposés du problème. Si la tradition orale ou des documents multiples eussent été trop éparpillés pour produire le plan uniforme des synoptiques, par contre un évangile, primitif eût été trop uniforme pour produire leurs innombrables variantes. Toutefois, chacune de ces explications avait le mérite de préparer des matériaux utiles à la construction générale, dont les grandes lignes réalisent de plus en plus l'accord des théologiens : désormais la critique est presque unanime à reconnaître leur valeur primordiale aux « deux sources », c'est-à-dire aux deux écrits originaux qui constituent les fondations de tout l'édifice synoptique.

1. LES DEUX SOURCES PRINCIPALES

Ces deux écrits correspondent à deux témoignages d'un vieil ouvrage en cinq livres : Explications des paroles du Seigneur, composé par l'évêque d'Hiéra-polis en Phrygie, Papias, sans doute avant l'an 150 ; on n'en connaît plus que quelques maigres fragments conservés par divers auteurs, et c'est Eusèbe de Césarée (Mort en 340) qui cite les deux passages relatifs à l'origine des évangiles de Marc et de Matthieu (H.E., III 39:36). Notons pour le moment que l'ordre dans lequel se présentent ici ces deux oeuvres est celui de leur apparition dans notre étude du problème, et ne préjuge pas de l'ordre historique de leur composition, car il faudra rechercher si et dans quelle mesure les deux « sources » premières coïncident avec la forme actuelle du Mr et du Matthieu canoniques.

L'évangile de Marc. « Marc, étant devenu l'interprète de Pierre, écrivit exactement, quoique sans ordre, tout ce qu'il se rappelait de ce qu'avait dit ou avait fait le Christ... » Tel est le renseignement que Papias déclare tenir du presbytre Jean, c'est-à-dire d'un chrétien âgé de la génération qui l'avait précédé (voir le passage complet de Papias dans l'article Marc, évangile de).

Oui, en un certain sens il est donc vrai qu'un des synoptiques a été l'évangile primitif, connu et reproduit dans de très fortes proportions par les deux suivants, parenté d'origine qui explique leurs ressemblances de détails et la suite de la synopse. Mais cet évang, le plus ancien n'est pas, comme on le crut si longtemps avec Augustin, celui de Matthieu : c'est celui de Marc. Or l'évangile de Marc en retenant, suivant le mot de Papias, « ce que le Christ avait dit ou fait », et en le retenant d'après les souvenirs de Pierre, qui était homme de coeur et d'action plutôt que de pensée, s'était attaché aux actes du Seigneur plus encore qu'à ses paroles. L'évangile de Marc nous met en présence du Christ actif, à la fois serviteur participant à la nature humaine et Maître tout-puissant de la nature et de la créature, donnant volontairement sa vie en rançon pour les pécheurs. On trouvera la démonstration de ce point de vue, ainsi que de son caractère pittoresque, vivant et vibrant, dans l'art, consacré à cet évangile ; devant nous borner ici à ses relations synoptiques, notons seulement que ce sont ces qualités mêmes qui lui ont valu de devenir un document narratif de premier ordre et d'entrer dans la tradition synoptique à titre de source principale.

A. La priorité de Marc, c'est-à-dire l'antériorité de cet évang, par rapport aux deux autres, ressort de plus en plus probable, et finalement incontestable, d'une étude comparée de détail et d'ensemble.

(a) Au point de vue de la rédaction. Le style de Mr est le plus primitif, souvent gauche et rude, presque toujours amélioré dans Luc et dans Matthieu Il renferme plusieurs citations de mots araméens prononcés par Jésus (Mr 5:41 7:34 14:36), lesquels ne se trouvent pas dans les autres (à l'exception du cri du Sauveur en croix, conservé par Mt 27:46, parce que citation d'un Psaume) : on imagine fort bien les deux évang, les plus récents supprimant ces vocables qui perdaient de leur intérêt à mesure qu'on s'éloignait des faits, tandis qu'on ne pourrait se représenter Marc se plaisant à traduire le grec de Luc ou de Matthieu en araméen, pour en redonner aussitôt après la traduction grecque. Sa locution constante à propos de la résurrection de Jésus : « ... trois jours après » (Mr 8:31 9:31 10:34) est sans doute connue de Matthieu, qui la met une fois dans la bouche des prêtres (Mt 27:63) ; mais dans toutes les prédictions mêmes de Jésus, Matthieu ainsi que Luc la modifient en celle-ci : « le troisième jour » : (Mt 16:21 17:23 20:19, Luc 9:22 18:33) c'est donc une rectification ? on ne comprendrait pas, en sens inverse, que Marc eût changé en une formule discutable la formule plus strictement exacte qu'il eût trouvée chez les deux autres. Encore une correction : d'après Mr 2:26, David mangea les pains de proposition au temps du grand-prêtre Abiathar ; c'est un lapsus, explicable par la longue et intime association d'Abiathar avec David à partir justement de l'époque en question, mais le grand-prêtre était encore le père d'Abiathar, Ahimélec (1Sa 21:1-6,22:20 et suivants) ; aussi Matthieu et Luc qui dans le passage parallèle suivent à peu près mot à mot le texte de Marc en ont supprimé cette seule mention, l'ayant reconnue erronée. Ailleurs un terme hardi de Marc est adouci par Matthieu et par Luc ; le verbe de la phrase : « l'Esprit chassa Jésus au désert » (Mr 1:12, Vers. Syn. : poussa) devient : emmener, conduire (Mt 4:1, Luc 4:1) ; ici encore, on s'expliquerait mal la correction dans l'autre sens. La remarque un peu vague de Mr 1:30 à propos de la belle-mère de Pierre : « ils lui parlèrent d'elle », disparaît dans Mt 8:14, mais est définie par Luc 4:38 : « on le pria de la guérir » ; il est facile d'en comprendre la suppression par Matthieu s'il l'a jugée inutile, et la précision par Luc s'il l'a jugée ambiguë, mais comment supposer que Marc eût pris la peine de faire une addition à Matthieu ou une modification à Luc pour surajouter un renseignement aussi peu explicite ?

(b) Au point de vue des traits épisodiques. Bien que Marc soit l'évangile le plus court et le moins complet, chacun de ses épisodes pris séparément est presque toujours le plus long et le plus complet des trois (comp, les 20 versets de Mr 5:1-20 sur le démoniaque, aux 7 versets de Mt 8:28-34 et aux 14 de Luc 8:26,39 ; les 12 versets de Mr 2:1-12 sur le paralytique, aux 8 versets de Mt 9 et aux 10 de Luc 5, etc.). Dans ces parallèles, les éléments propres à Marc sont souvent des traits d'ordre descriptif qui auront paru sans intérêt aux autres évangélistes, comme le nom de Bartimée ou son manteau jeté par terre (Mr 10:50 et parallèle), ou des traits d'ordre psychologique qu'ils auront trouvés trop familiers, comme certaines indignations ou interrogations de Jésus (Mr 3:5 et parallèle ; Mr 10:14 et parallèle ; Mr 6:38 et parallèle ; Mr 9:21 et parallèle), ou comme le reproche qui lui est fait dans la barque : « Maître, cela ne te fait-il rien que nous périssions ? » et dont Matthieu et Luc font une prière : « Seigneur, sauve-nous, nous périssons ! » (Mr 4:38, Mt 8:25, Luc 8:24). Dans plus de trente cas, une expression double de Marc due soit à son style ample et en parallélisme, soit à quelque nuance entre deux points de vue, n'a plus qu'un terme dans Matthieu et l'autre dans Luc ; p. ex. : « le soir venu, après le coucher du soleil » (Mr 1:32 Matthieu 8:16 a : le soir venu, Luc 4:40 : après le coucher du soleil) ; « mettre la lampe sous le boisseau ou sous le lit » (Mr 4:21 Matthieu 5:15 a : le boisseau, Luc 8:16 : le lit) ; « aujourd'hui, cette nuit même » (Mr 14:30 Matthieu 26:34 a : cette nuit même, Luc 22:34 : aujourd'hui) ; comment s'expliquerait-on, au cas où Marc fût venu le dernier, le souci qu'il se fût imposé d'aller si souvent relever ces pures vétilles dans les deux parallèles pour les additionner dans le sien, alors que par ailleurs, dans la même hypothèse, il eût abandonné à ses devanciers tant de passages de première importance ?

(c) Au point de vue du choix des récits. Les faits conservés par Marc seul n'ont pas en somme une grande portée ; ils auraient pu tomber sans guère appauvrir les traditions évangéliques, et pour chacun d'eux il est facile d'admettre que Matthieu et Luc même si nous ne retrouvons pas toujours leurs motifs déterminants, aient jugé inutile de les conserver : les deux guérisons de Mr 7:31 8:22 ont pu leur paraître un peu laborieuses, vulgaires aussi par l'emploi de la salive ; dans la recherche de Jésus par sa famille, où il est dit qu'il passait pour avoir perdu l'esprit (Mr 3:20 et suivant), il a pu sembler que ce dernier mot, assez choquant, se greffait sur une remarque non indispensable, puisque l'arrivée de sa mère et de ses frères est reprise plus loin (Mr 3:31 et parallèle) ; la parabole de la semence (Mr 4:26-29), d'un grand intérêt pour nous, a pu être considérée comme développant plus brièvement la même idée que celle du levain, ce qui permettait en tout cas à Matthieu (Mt 13) de s'en tenir pour les paraboles du Royaume au chiffre consacré de 7 ; la fuite du jeune homme nu (Mr 14:51) ne joue aucun rôle dans la Passion du Maître et pouvait aussi passer pour un peu trop familière. Le fait que tout le reste de l'évangile de Marc (à la réserve de quelques phrases dans les parallèles) se retrouve dans Matthieu ou dans Luc est un argument solide pour sa priorité ; cette découverte a été appelée « le fil d'Ariane » (Wellhausen) dans le dédale du problème synoptique. Sans doute ce fait fut d'abord interprété en sens inverse par la fameuse thèse du Marc abréviateur de Matthieu ; mais on voit maintenant combien serait inexplicable la suppression par Marc d'un nombre considérable de récits de grande valeur qu'il eût trouvés dans Matthieu et dans Luc.

(d) Au point de vue de la suite des récits L'argument le plus décisif est enfin l'ordre même de la synopse : toute la substance de Marc qui se retrouve donc à une trentaine de versets près dans les deux autres synoptiques, s'y retrouve disposée dans la même succession. Sans doute, il arrive (rarement) que Matthieu transpose certaines péricopes, mais alors l'ordre de Marc devient celui de Luc ; vice versa, lorsque la suite dans Luc s'écarte de celle de Marc alors celle de Matthieu lui est conforme. Ainsi, la synopse est établie soit par une succession de péricopes commune aux trois synoptiques, soit par une succession commune à deux d'entre eux contre le troisième, ce troisième unique pouvant être Matthieu ou Luc mais n'étant jamais Marc lequel est toujours d'accord à cet égard avec au moins l'un des deux autres. Plus encore : dès que Matthieu et Luc ne sont plus réunis par les sujets communs avec Marc ils sont indépendants l'un de l'autre en ce qui concerne les récits de faits (il en va tout autrement de leur accord sur les enseignements : voir plus loin, 2° Les « Logia »). Enfin l'étude comparée des accords de Luc et Matthieu contre Marc où celui-ci pourrait paraître au premier abord le moins primitif, n'ébranle pas, en fait, sa priorité, et ne pourrait faire supposer tout au plus, dans quelques cas sans importance, que de faibles retouches apportées à son texte après son utilisation par les deux autres synoptiques. De toutes ces constatations il résulte qu'il est tout naturel de concevoir comment le contenu de Marc a divergé, par quelques interversions occasionnelles, en deux plans indépendants entre eux : Matthieu et Luc--tandis qu'il serait pratiquement inconcevable que par une prodigieuse solution de « puzzle » les plans occasionnellement divergents de Matthieu et de Luc fussent venus converger en celui de Marc. B. Le Proto-Marc. La priorité de Marc évang, primitif utilisé par les deux autres, répond donc à certaines données fondamentales du problème : la suite de la synopse, les ressemblances générales et particulières entre les parallèles narratifs, et les identités de langue. Il restait encore à expliquer des différences, soit menues divergences entre passages communs, soit omissions par Luc ou Matthieu de tel important passage de Marc comme le récit de la retraite de Jésus à l'étranger (Mr 7:24-8:26, Mt 15:21-16:12) que Luc n'a pas conservé. Aussi certains savants ont-ils eu recours à des hypothèses complétant (mais plutôt compliquant) la priorité de Marc : celui-ci aurait été lui-même précédé d'une première recension, appelée pour cette raison proto-Marc, qui d'après les uns (A. Réville, etc.) aurait été plus riche que lui, et moins riche d'après les autres (Reuss, etc.), qui aurait pu avoir plusieurs formes successives avant de devenir le Marc canonique (Ful-liquet), ou bien ce dernier aurait été utilisé par Matthieu et Luc dans des éditions plus ou moins différentes (Stanton). Ces diverses théories de proto-Marc, dans leurs combinaisons d'ailleurs presque aussi nombreuses que leurs partisans, sont aujourd'hui passablement délaissées ; ce serait souvent reculer les difficultés, et les aggraver, que de décréter des modifications encore moins explicables entre les recensions successives d'un ouvrage donné, comme l'évangile de Marc qu'entre les ouvrages distincts de deux auteurs, comme ceux de Matthieu et de Luc. L'omission par Luc du passage indiqué plus haut, moins étrange chez l'évangéliste des païens si l'on y voit une retraite momentanée du Christ plutôt qu'une réelle mission en pays païen, et en général toutes les disparitions analogues dans Matthieu ou Luc de quelque passage de Marc peuvent fort bien avoir été voulues sans que nous en puissions deviner les motifs ; il importe au plus haut point de ne pas méconnaître la liberté de choix des évangélistes, leurs habitudes de composition, leurs buts appropriés aux lecteurs qu'ils voulaient atteindre, autant d'éléments de la psychologie des écrivains sacrés sur lesquels l'inspiration divine avait toute latitude de s'exercer aussi bien qu'éventuellement sur la rédaction antérieure d'un écrit employé par eux. Dès que l'évangile de Marc n'apparaît plus comme l'unique source de la tradition synoptique, l'utilité du proto-Marc se réduit dans la mesure même où d'autres sources peuvent avoir enrichi cette tradition d'éléments étrangers à Marc. La grande majorité des critiques voient donc dans l'oeuvre de Marc interprète de Pierre mentionnée par Papias, non pas un hypothétique proto-Marc mais l'évangile canonique lui-même, soit sous sa forme actuelle, soit sous une forme extrêmement analogue, et qui s'est maintenu dans la littérature chrétienne même après sa fusion dans Matthieu et dans Luc.

Dès lors s'explique la place considérable que les derniers jours de Jésus à Jérusalem occupent dans les synoptiques, et plus particulièrement dans Marc qui leur conserve 7 chapitres sur 16, plus du tiers de son livre : c'est que la passion du Seigneur, son procès, sa mort et sa résurrection, étaient le centre de la prédication des apôtres, (cf. Ac 2:22-24 3:13-15 10:39 13:27-31 etc.) et nous avons une sorte de procès-verbal abrégé de la prédication de Pierre à ce sujet dans la dernière partie de l'évangile de Marc qui devait être conservée intégralement, et complétée encore, par les deux autres synoptiques.

Les « Logia ».

Si l'on retranchait maintenant soit de Matthieu soit de Luc les matériaux venus de Marc que resterait-il ? Il resterait, en dehors d'une grande variété de fragments dissemblables, un nombre imposant de passages parallèles, dont quelques-uns d'une longueur et d'une valeur considérables, et consistant surtout en instructions, ou en incidents rattachés à des instructions. C'est dans ces enseignements communs à Matthieu et Luc que l'on retrouve la seconde des « deux sources », celle qu'on identifie avec le document auquel fait allusion encore un témoignage de Papias : « Matthieu composa (ou réunit) en langue hébraïque les Logia [du Seigneur], et chacun les traduisit comme il put. » Le mot grec Logia (prononcé loguià) , dérivé de logos (parole), désigne dans la langue classique les prédictions des oracles, et dans la langue biblique des LXX et du N.T. des déclarations plus ou moins solennelles, en général des paroles de Dieu, nos versions disent parfois : oracles de Dieu (Ps 12:7, Ac 7:38, Heb 5:12,1Pi 4:11) ; dans la langue ecclésiastique, comme dans l'ouvrage de Papias lui-même : Explications des « Logia » du Seigneur, ce terme ne s'applique pas exclusivement à des paroles, car les recueils ainsi nommés comportaient aussi de brefs récits des circonstances qui avaient provoqué ou accompagné lesdites paroles. Matthieu avait donc recueilli dans son livre les enseignements de Jésus dont l'autorité divine avait secoué ses auditeurs, soit qu'il les leur eût fait entendre au cours de simples conversations occasionnelles à propos des incidents quotidiens, soit qu'il les eût adressés à un public expressément assemblé pour l'écouter longuement. Marc s'était surtout attaché à ce que le Seigneur « avait fait », sans toutefois passer sous silence l'essentiel de ses instructions ; Matthieu, lui, sans négliger absolument ses actes, aurait conservé surtout ce qu'il « avait dit ».

A. Les « Logia » et Matthieu

Il suit de là que cet ouvrage de l'apôtre Matthieu, dont parle Papias, n'est pas notre évang, canonique de Matthieu

Il se composait surtout de paroles, tandis que notre évang, relate aussi, avec les enseignements un très grand nombre de faits.

Il était rédigé en « langue hébraïque », c-à-d, en araméen, idiome apparenté à l'hébreu et qui l'avait remplacé à l'époque de Jésus, tandis que le grec de notre évang, n'est pas celui d'une traduction.

Matthieu, apôtre, n'avait nul besoin d'emprunter des souvenirs à une oeuvre de seconde main, tandis que nous avons vu l'évangile de Matthieu dépendre étroitement, pour ses passages narratifs, de celui de Marc, lequel n'était pas des Douze. Cette dernière remarque est capitale : il suffit de lire attentivement, en regard l'un de l'autre, les passages communs à Marc et Matthieu, sans perdre de vue la priorité de Marc et le fait que Matthieu utilise ses récits--en les retouchant plus ou moins, --pour que les retouches de Matthieu fassent sauter aux yeux une conception plus majestueuse du Seigneur et de ses disciples, qui assigne à cet évang, un tout autre milieu d'origine peut-être, en tout cas une date plus tardive, qu'à la rédaction de Marc. Il nous paraît impossible d'en pousser tant soit peu la lecture comparée sans avoir à bientôt convenir de cette invraisemblance : comment l'un des Douze, le péager Matthieu, ancien employé de bureau, voulant écrire un évangile, en eût-il atténué principalement et souvent supprimé--lui, un témoin oculaire du ministère--justement la fraîcheur pittoresque, les traits pris sur le vif, retenus et dépeints dans Marc grâce à la mémoire visuelle et la vivacité de langage du témoin oculaire Simon Pierre ? De ce point de vue presque constant chez Matthieu, qui en fait un évang, secondaire par rapport à Marc quelques exemples ont été cités à propos de la priorité de Marc (ci-dessus, parag. 1, 1°, A) ; on en trouvera de plus nombreux, ensemble assez démonstratif, dans l'article Matthieu (évangile de). Pour ne pas apercevoir cette perspective, et pour faire grief aux critiques de répudier soi-disant sans raison valable l'antique tradition attribuant le premier évang, canonique à l'apôtre Matthieu directement, il faut n'avoir guère étudié les évangiles sur la synopse même, sur un tableau des parallèles synoptiques disposés de front, --si bon connaisseur qu'on puisse être par ailleurs des évangiles pris séparément.

Mais si nous devons donc renoncer à voir en l'apôtre lui-même le rédacteur de l'évangile qui fut appelé du nom de Matthieu, en revanche on voit clairement le motif de cette attribution : c'est parce que Matthieu était l'auteur de l'ouvrage qui, enchâssé dans le cadre de l'évangile, lui a donné sa valeur propre et sa personnalité. Ce fut très probablement le plus important des plus anciens écrits chrétiens : l'employé du péage devenu l'un des Douze, professionnellement apte à manier la plume, couche par écrit les principaux enseignements du Maître, dans la langue araméenne où celui-ci les a prononcés, et qui est la langue maternelle de l'apôtre. Plus tard, un autre écrivain, peut-être disciple de Matthieu, voulant conserver aux Eglises un tableau plus complet de la vie et de l'oeuvre du Seigneur, insère ce recueil de discours dans l'ouvrage historique de Marc, en y englobant aussi des informations particulières recueillies par ailleurs : et ce nouvel évangile, rédigé dans la langue grecque universellement connue, deviendra pour la tradition l'évangile selon saint Matthieu.

B. Les « Logia » dans Matthieu et Luc

Vers la même époque, en d'autres régions, un écrivain de race, et grand voyageur, Luc, disciple de saint Paul, après s'être entouré de renseignements oraux et de documents écrits en aussi grand nombre que possible et après les avoir soigneusement contrôlés (Luc 1:1 et suivants), va combiner également ces « deux sources », l'évangile de Marc et les Logia de Matthieu, avec ses sources accessoires. Cet évangile de Luc aurait eu, en principe, autant de droit que celui de Matthieu à être mis au bénéfice de l'apôtre auteur des Logia, mais

il est apparu dans des milieux pagano-chrétiens fort éloignés des Églises judéo-chrétiennes auxquelles appartenait l'évangile de Matthieu

il s'est assimilé les Logia en les dispersant, tandis que c'est par leurs groupements que Matthieu revêt sa physionomie particulière ;

il agrège à la tradition synoptique une plus grande proportion de matériaux nouveaux ;

il se présente comme le premier volume d'un ouvrage dont le deuxième, aussi célèbre, les Actes des apôtres, ne peut aucunement, avec ses récits d'un compagnon de saint Paul écrits à la première personne, être attribué à Matthieu. Sans doute, pour un certain nombre de critiques modernes, le livre des Actes et avec lui le troisième évang, ne proviendraient du médecin Luc qu'au second degré, par une relation comparable à celle du premier évang, avec l'apôtre Matthieu (voir Actes des Apôtres) ; mais dans l'état actuel du problème, ce qui s'impose pour l'un ne s'impose pas absolument pour l'autre, et il est toujours légitime en saine critique de considérer comme plus convaincants les arguments favorables à la tradition sur Luc auteur de l'ouvrage en deux volumes (voir Luc, évangile de).

L'utilisation par Matthieu et par Luc de cette seconde « source », les Logia, est naturellement la raison de leurs contacts étroits, parfois étendus sur d'assez longs passages, tels que : les analogies ou identités verbales et grammaticales déjà constatées en abordant les données du problème, prédication de Jean-Baptiste (Mt 3:7-13 parallèle Luc 3:7-9,16), action de grâces de Jésus pour la révélation aux petits (Mt 11:25-27 parallèle Luc 10:21 et suivant) ; les nombreuses instructions du Seigneur conservées par ces deux seuls évangile : sur les soucis (Mt 6:28-34 parallèle Luc 12:22-31), les deux arbres et les deux maisons (Mt 7:17,27 parallèle Luc 6:43,49), les dispositions pour suivre le Maître (Mt 8:18-22 parallèle Luc 9:57-62), sa réponse à Jean prisonnier (Mt 11:1-19 parallèle Luc 7:18-35), ses appels aux villes rebelles (Mt 11:20-24 parallèle Luc 10:13,16), etc. ; même la tentation de Jésus--qui n'a pu être connue que par un récit du Seigneur lui-même à ses disciples--peut se ranger dans les matières d'enseignement (Mt 4:1-11 parallèle Luc 4:1-13). Du reste, on l'a vu, les Logia devaient comporter aussi quelques narrations connexes : un épisode comme celui du centenier de Capernaüm (Mt 8:5-13 parallèle Luc 7:1-10) constituait en soi une admirable leçon, sans qu'il fût besoin de discours.

L'utilisation des « deux sources » par Matthieu comme par Luc fournit aussi l'explication de ressemblances singulières, voire anormales, dont il n'a pas encore été fait mention ; il s'agit des doublets : paroles reproduites deux fois dans un même évangile, en des situations différentes. Sans doute il faut faire la part des répétitions oratoires, disons même pédagogiques, bien connues dans le genre gnomique des moralistes hébreux, et dont le Christ n'a pas manqué d'user, comme tout bon instructeur, en rappelant à l'occasion une maxime, une formule typique destinée à se fixer dans les esprits et les consciences : « les premiers seront les derniers » (Mt 19:30 20:16), « que celui qui a des oreilles pour entendre, entende ! » (Mt 11:15 5 13:9,43), « celui d'entre vous qui voudra être le premier sera le serviteur de tous » (Mr 9:36 10:43 et suivant). Mais ceci reconnu, il se trouve encore bien des phrases dont la longueur et l'identité postulent un texte original commun. Comment Luc et Matthieu ont-ils été entraînés à ces doubles reproductions textuelles ? Simplement, parce qu'ici ils ont copié Marc et là les Logia, ou une autre source, qui se trouvaient posséder déjà ce même texte grâce à une parenté littéraire antérieure. Par ex., la déclaration de Mt 5:32 sur le divorce, parall. à Luc 16:18, doit provenir des Logia, mais dans Mt 19:9 elle provient du parall. de Mr 10 : et suivant ; l'exhortation plus développée à couper la main et arracher l'oeil, dans Mt 5:29 et suivant, doit de même venir des Logia quoique n'ayant pas été conservée par Luc, mais dans Mt 18:8 et suivant elle vient du parall. de Mr 9:43 et suivant ; la parole relative à la lampe sur un support, dans Luc 8:16, vient du parall. Mr 4:21 et, dans Luc 11:33 parall. à Mt 5:16, vient des Logia. Comme on peut compter plusieurs douzaines de tels exemples, même en défalquant ceux qui pourraient paraître douteux, on se trouve bien en présence d'un phénomène littéraire apportant un argument de poids à la théorie des « deux sources » par laquelle s'éclairent tant d'accords intimes entre Luc et Matthieu.

D'autre part, comme ce n'est pas suivant la même méthode que l'un et l'autre ont inclus les Logia dans le ministère de Jésus, de là découlent entre eux des différences de répartition. Alors que Matthieu réunit par sujets, massivement, les exhortations du Maître à des auditoires définis, de foules ou de disciples, Luc les dispose de préférence épisodiquement, de la façon la plus variable, et rarement sous forme de discours proprement dits. On peut citer une dizaine de cas où des paroles associées dans le sermon sur la montagne de Mt 5-7 sont transportées par Luc en d'autres occasions : le sel sans saveur (Luc 14:34), l'oraison dominicale (Luc 11:1,4), les soucis (Luc 12:22,31), la prière (Luc 11:9-13), etc. ; on trouverait des disparités analogues à propos d'autres discours (Mt 10,13,18). Il semble que Luc cherche à replacer autant que possible chaque parole dans sa situation chronologique (cf. « les faits exposés dans leur ordre », Luc 1:3), alors que Matthieu, visant à un classement de matières, aime rattacher à une occasion solennelle (dont Luc, par ailleurs, confirme la réalité) nombre d'instructions similaires du Seigneur. Cette dernière présentation, plus didactique en ce qu'elle systématise la doctrine, rend plus sensible aussi l'impression d'autorité et de puissance sans égales que Jésus produisit sur les foules et sur les chefs. Suivant la remarque de Godet, « Luc est semblable au botaniste, qui aime à contempler une fleur dans le lieu même de son entourage naturel ; Matthieu ressemble au jardinier qui, en vue d'un certain but particulier, compose de magnifiques bouquets ».

Ce n'est pas seulement par leur mode de distribution que les emprunts aux Logia se différencient entre Luc et Matthieu : c'est encore par leur forme même. Dans bien des cas où l'on ne saurait mettre en doute l'origine commune d'enseignements parallèles sur un même thème, des variantes plus ou moins notables d'expression ou de rédaction font apparaître deux versions dissemblables, parfois irréductibles l'une à l'autre : dans la parabole de la brebis perdue, le cadre et la conclusion (Mt 18:10-34 parallèle Luc 15:3-7) ; dans celles du souper et du festin (Mt 22:1-14 parallèle Luc 14:16-24) comme dans celles des talents ou des mines (Mt 25:14,30 parallèle Luc 19:12-27), les détails descriptifs, et les points de comparaison ; dans l'oraison dominicale (voir art.), l'occasion et le contenu (Mt 6:5-15 parallèle Luc 11:1,13) ; des béatitudes (voir ce mot), le nombre, le point de vue et les formules (Mt 5:3-12 parallèle Luc 6:20,26) ; les circonstances mêmes du sermon sur la montagne (voir art.) se présentent en termes qui paraissent au premier abord inconciliables (Mt 5:1, Luc 6:17).

C. Le contenu des « Logia » Pour expliquer ces diversités le long de la trame didactique commune à nos deux évangile, il a fallu admettre que ceux-ci se seraient servi d'éditions différentes des Logia, auxquelles pourraient être attribués aussi les enseignements du Maître conservés par l'un ou par l'autre et cependant conformes à l'inspiration générale de leur source ; par ex. les exhortations sur l'aumône et le jeûne, les importantes paraboles : ivraie, trésor, perle, filet, dix vierges, jugement dernier, etc., propres à Matthieu (Mt 6:1-4,16-18 13:24,44-50 25:1-13,31-46) ; ou bon Samaritain, juge insensé, drachme perdue, enfant prodigue, etc., paraboles propres à Luc (Luc 10:25 12:16 15:8). C'est ainsi que M. Goguel a été amené à accorder une ampleur et un rôle de première importance au recueil des Logia, en le considérant comme une collection de matériaux qui se serait enrichie peu à peu d'apports nouveaux dus aux souvenirs des premières générations chrétiennes ; dans cette conception, il va jusqu'à supposer l'utilisation par Marc lui-même d'une édition réduite de ces Logia, ceci surtout pour rendre compte de quelques passages où cet évang, paraît être, malgré sa priorité, moins primitif que les deux autres. C'est sans doute faire beaucoup d'honneur à un ouvrage qui, après avoir d'abord connu tant de succès d'éditions et avoir fait la fortune de deux évangiles, n'aurait plus conservé aucune vie propre dans la littérature chrétienne. De plus, en ce qui concerne Marc, l'hypothèse n'est pas nécessaire, car pourquoi n'aurait-il pas tiré d'une source plus accessoire ces textes prétendus secondaires ? et elle est onéreuse, car pourquoi n'eût-il pas emprunté davantage à une source aussi importante ? Il ne serait pas absolument insoutenable, toutefois, que Marc, connaissant une édition des Logia en circulation dans les Eglises, se fût volontairement abstenu d'y puiser, comme à un genre différent de son ouvrage d'histoire, sauf pour tel complément jugé indispensable, comme les paraboles du Royaume (Mr 4).

On voit combien il serait vain de vouloir retrouver l'ouvrage primitif des Logia derrière les synoptiques qui les ont librement employés ou remaniés, reproduits et répartis, probablement combinés çà et là avec d'autres sources moins considérables et, par cela même, encore plus inconnues de nous. Qu'on essaye de se représenter ce que pourrait être notre reconstitution de l'évangile de Marc d'après ces seuls évangiles de Luc et de Matthieu qui l'ont pourtant abondamment utilisé : que pourrait-on lui restituer de ses hautes qualités descriptives en conjecturant par exemple son récit de l'offrande de la veuve (Mr 12:41-44), d'après l'unique parallèle abrégé de Luc 21:1,4 ? Ce sont précisément ses caractères les plus significatifs que nous ne pourrions lui faire récupérer ; notre opération de remodelage fabriquerait un monstre sans vie, « un torse sans tête ni bras », a-t-on dit. De même il faut renoncer à remodeler l'oeuvre de Matthieu l'apôtre. Du moins peut-on chercher, sans rigueur ni parti pris, à reconnaître dans nos évangiles de Luc et de Matthieu les principaux passages qu'ils ont dû lui emprunter. Les essais dans cette voie ont été fort nombreux : l'introduction de J. Moffatt (Intr. Lit. N.T., 1911) reproduisait jusqu'à seize listes différentes (d'autres ont été imaginées depuis), dues aux spécialistes les plus réputés, des versets et fragments de versets de Matthieu et de Luc appartenant à cette source désignée par A (1nitiale grecque de Logia) ou Q (Initiale de l'allemand Quelle =source), ou S (1nitiale de Source ; adoptée par Bbl. Cent.). Retenons de ces méticuleuses juxtapositions leur accord d'ensemble à peu près général, confirmation de tout ce qui précède sur la nature de l'ouvrage : il devait commencer par l'introduction de Jean-Baptiste, mais ne devait pas aller jusqu'à la passion et la mort du Christ (où la plupart des critiques voient la source narrative de Mc) ; ce n'était donc point un évangile, mais bien, comme le suggérait Papias, un « recueil des paroles du Seigneur » pour lequel les paroles du Précurseur étaient le plus naturel des avant-propos.

2. AUTRES ÉLÉMENTS DE LA SOLUTION

Relations entre Matthieu et Luc. Faut-il supposer que Luc, en rédigeant son évangile, ait eu sous les yeux, avec les « deux sources » de Marc et des Logia, l'évangile de Matthieu lui-même antérieurement composé avec ces deux mêmes sources ? Cette hypothèse a été soutenue, comme aussi l'inverse, d'après laquelle Matthieu aurait employé Lu : l'une et l'autre sont du reste également combattues. Il est difficile de se prononcer sur les vraisemblances plus ou moins grandes de tels emprunts. Toutefois, les accords de ces deux évang, contre Marc n'exigent pas obligatoirement cette explication ; et leur indépendance incontestable pour d'importantes sections, comme les évangiles de l'enfance ou divers passages propres à l'un ou à l'autre, nous incite à croire l'hypothèse inutile. Comme la connaissance réciproque de Matthieu par Luc et de Luc par Matthieu est en tout cas impossible, on n'aurait jamais dû parler de « dépendance mutuelle » entre nos évangile ; la seule dépendance démontrée est celle de Matthieu et de Luc séparément, par rapport à Marc et aux Logia séparément.

Sources secondaires. Il a été question plusieurs fois, à propos de l'utilisation des « deux sources » par Matthieu ou par Luc, de leurs sources accessoires. C'est l'élément de vérité que fournit l'ancienne théorie des documents multiples, dès qu'au lieu de montrer en chacun de nos synoptiques une pure et simple anthologie de morceaux isolés, elle suggère derrière les morceaux importants, propres à l'un ou à l'autre, quelques-unes de ces diégèses ou notices narratives connues des premières communautés, et qui ont pu s'ajouter aux sources principales. Bien que Luc soit le seul à prévenir son lecteur qu'il a mis en oeuvre divers récits dûment contrôlés, il n'est pas douteux que Matthieu en ait aussi employé ; Marc lui-même, en rédigeant son évangile d'après la prédication de Pierre, y aura parfois ajouté des éléments écrits, comme nous l'ont prouvé les doublets de Matthieu et de Luc traces d'une rédaction antérieure de textes que Marc possédait en commun avec les Logia.

Quant à distinguer aujourd'hui ces sources secondaires, plus ou moins amalgamées dans nos divers évangiles, il faudrait qu'elles y eussent conservé quelque chose de caractéristique. Peut-être devons-nous tout au moins supposer les suivantes :

A. Les évangiles de l'enfance

Il ne s'en trouve que dans Matthieu (Mt 1 et Mt 2) et Luc (Luc 1 et Luc 2), et ce sont deux longs récits absolument indépendants l'un de l'autre. Ils n'ont guère en commun que : la mention de Marie ou de Joseph, la naissance miraculeuse de Jésus à Bethléhem, l'installation de la famille à Nazareth ; tout le reste est spécial à chacun. Dans Matthieu, presque tout est présenté du point de vue de Joseph : la généalogie de Jésus est aussi la sienne, c'est à lui qu'est faite l'annonce miraculeuse, après la visite des Mages c'est lui qui reçoit l'avertissement d'un ange et qui emmène mère et enfant en Egypte, pour les en ramener sur nouvel ordre d'En-haut après la mort d'Hérode, dont la menace a plané sur tout ce chap. 2. Dans Luc presque tout est présenté du point de vue de Marie : après les annonces divines à ses cousins Zacharie et Elisabeth, c'est elle qui est l'objet de l'annonciation, qui va voir sa parente, chante le Magnificat ; puis, après la naissance de Jean au foyer du vieux prêtre, celle de Jésus est mise dans la relation que l'on sait avec le recensement romain de Quirinius ; lors de la visite des bergers c'est Marie qui garde tous ces événements en son coeur, lors de la présentation au temple c'est à elle que Siméon adresse sa prophétie, et quand Jésus, à 12 ans, s'attarde parmi les docteurs, c'est Marie qui lui parle et reçoit sa réponse mystérieuse, et c'est elle encore une fois qui conserve en son coeur tous ces souvenirs. Qu'à l'origine de cet important récit il faille supposer une source écrite, c'est ce qui ressort de sa tonalité nettement hébraïque, en certains passages presque une traduction littérale de l'araméen, contrastant avec le grec généralement très pur de l'évangéliste (comp., même en français, l'allure classique de sa préface, v. 1 - 4, et les tournures d'A.T. accumulées à partir du verset 5). Cette source de Luc ne peut provenir, directement ou non, que du milieu familial de Jésus et, par certaines informations orales, que de Marie elle-même ; ces tableaux et ces chants du temple et des foyers pieux représentent en tout cas les humbles d'Israël, fidèles dans leur attente messianique. La tradition de Matthieu, d'inspiration moins intime, était plus préoccupée de l'apparition du Christ devant les grands de la terre. Si c'est dans l'évangile universaliste de Luc qu'on se serait attendu à trouver la visite des mages, emblème de l'humanité cherchant son Roi, par contre c'est dans l'évangile judéo-chrétien de Matthieu qu'on serait allé chercher les tableaux du temple : Zacharie, Siméon et Anne, les docteurs ; preuve de l'indépendance complète de nos deux évangiles. Mais ils ont en commun, dans leurs pages sur l'enfant, un genre poétique plus flottant que leurs témoignages relatifs au ministère du Seigneur ; le plan historique n'est pas tout à fait le même, et l'on pense d'abord aux récits merveilleux d'enfances de héros qu'ont produits toutes les littératures. L'attention des premiers chrétiens se portait avant tout sur l'oeuvre publique de Jésus et sur ses prolongements dans leur vie religieuse ; les souvenirs de famille relatifs à son enfance n'offraient guère d'intérêt pour la piété. Toutefois, quand on compare la simplicité, la délicatesse et la spiritualité des deux évangiles de l'enfance avec les grossièretés des légendes antiques ou même d'ouvrages juifs comme le livre d'Hénoch, et avec les bizarreries et les invraisemblances des apocryphes sur l'enfance de Jésus, on reprend complètement confiance en la réalité de ces traditions

évangéliques si pures, si conformes à la révélation biblique, et qui, tout le long des siècles, sont demeurées le charme, le réconfort et l'inspiration de la chrétienté.

B. Le récit de voyage

Le long récit de Luc 9:51-18:14 n'a avec Matthieu que des parallélismes intermittents et aucun avec Mc ; il constitue comme une division supplémentaire de la synopse, entre le ministère de Galilée et la passion à Jérusalem ; il est jalonné par une série de notes rappelant que Jésus est en voyage, en route vers la capitale (Luc 9:51-57 10:38 13:22,33 14:25 17:11) il suppose donc un cadre géographique nouveau, hors de Galilée : on a songé à la Pérée, rive gauche du Jourdain par courue par la route vers Jérico et Jérusalem qui évitait la Samarie ; il contient, parmi les péricopes propres à Luc, des scènes comme Marthe et Marie (Luc 10:38-42), les dix lépreux (Luc 17:11,19), et les grandes paraboles dont les principales illustrent l'universalisme de la grâce divine : bon Samaritain, enfant prodigue, riche et Lazare, pharisien et péager, etc. ; autant de tableaux évoquant plus ou moins l'opposition chère à Luc entre les victimes, les petits, les méprisés, et les mauvais riches, les rigoristes, les satisfaits. Beaucoup d'auteurs y ont vu les fragments d'une source spéciale, à laquelle on pourrait encore rapporter des épisodes de même inspiration appartenant à d'autres sections de Lu : la pécheresse (Luc 7:36-50), Zachée (Luc 19:1-10), le brigand converti (Luc 23:39-43), les disciples d'Emmaüs (Luc 24:13-36) ; ce serait comme « l'évangile de Jésus missionnaire » (A. Sabatier), et l'on en a même cherché l'origine auprès du diacre Philippe, le premier missionnaire de la Samarie (Ac 8), qui devait plus tard recevoir Luc chez lui à Césarée (Ac 21:8 et suivants) et avoir tout loisir, pendant les captivités de Paul en cette ville, pour documenter son compagnon sur les souvenirs du ministère du Seigneur (Westphal). Peut-être serait-ce dépasser le but, malgré les mentions successives de déplacements, que de qualifier « journal de voyage » une série de faits sans rapport avec les déplacements eux-mêmes (sauf au départ : Luc 9:51-62) et manquant d'homogénéité, en dépit de l'inspiration générale que justement l'on retrouve même en dehors de la source. Il semble surtout que l'unité en ait été exagérée ; on paraît oublier le nombre encore considérable dans ce document de sections connues de Matthieu (Luc 10:1-24 Luc 11 Luc 12:1-12,22-59 13:18-30,34 14:15-35 15:3-7 16:10 17:1-10,20-37). Aussi certains auteurs voient-ils dans cette longue section des souvenirs discontinus de plusieurs voyages et non pas d'un seul (voir Chronologie du N.T., I, 3) ; d'autres pensent y trouver ceux des renseignements d'origines diverses recueillis par Luc qu'il ne savait où situer dans le cadre historique de Marc. Quoi qu'il en soit, l'enclave est assez remarquable tant par son étendue que par sa valeur intrinsèque et sa place à la veille de la passion, pour qu'on puisse y voir, mais plus probablement en ordre dispersé, une part importante de la documentation du troisième évangile.

C. Le discours apocalyptique

On tend à voir aussi dans le discours eschatologique qu'on a appelé l'apocalypse synoptique, commune à nos trois évangile (Mr 13, Mt 24, Luc 21), un morceau d'origine indépendante plutôt qu'un des longs discours déjà contenus dans les Logia, ce qui en rendrait Marc tributaire. C'est en tout cas le seul vrai discours dans Marc car la suite des trois paraboles du Royaume au chap. 4 ne s'y présente pas comme un enseignement suivi. Cette page, d'une allure tout à fait unique dans les évangiles, aurait été « la feuille volante d'une prophétie chrétienne », à propos d'un entretien de Jésus avec ses disciples, mais faisant chevaucher les perspectives de la ruine prochaine du Temple et de l'avènement lointain du Fils de l'homme. Les trois versions présentent du reste entre elles quelques différences, explicables par leurs lecteurs et leurs buts respectifs.

D. Les citations de l'A. T Les livres de l'ancienne alliance, recueil sacré d'Écritures saintes pour les croyants juifs, ayant conservé toute leur autorité pour les premières générations chrétiennes, qui de plus y trouvaient la préparation, la préfiguration et la prophétie de l'oeuvre du Sauveur, sont fréquemment cités par les évangiles (voir Citations de l'A.T.). Plusieurs cas de citations composites (ex. : Mr 1:2 et suivant annonce une parole d'Ésaïe et cite Mal 3:1 + Esa 40:3 Matthieu 27:9 annonce une parole de Jérémie et cite Za 11:12 et suivant, avec allusion probable à Jer 32:6-9) ont fait supposer l'existence dans l'Église primitive de « florilèges », ou anthologies, de textes de l'A.T., auxquels ces citations ont pu être empruntées par les évangélistes ; ces listes pouvaient servir à la propagande auprès des Juifs ; des collections de ce genre pouvaient même être en usage dès avant le christianisme, comme manuels juifs portatifs, à côté des rouleaux fort encombrants de la Loi, des Prophètes et des Écrits. Il n'est pas invraisemblable que la formule de Matthieu : « Ainsi fut accompli ce qui avait été dit... » (Mt 2:15,17 23 8:17 etc.) introduise précisément des emprunts à une telle « catène » (chaîne) de textes messianiques. Toutefois l'hypothèse de cette nouvelle source, intermédiaire entre les faits et nos sources principales, antérieure aux évangiles et même aux Logia, ne s'impose pas absolument.

E. Autres sources

Lorsqu'un certain nombre d'éléments propres à un seul évang, paraissent réductibles à un thème ou à un point de vue donné, il peut quelquefois sembler naturel de les ramener à une source particulière. Ainsi le récit de la passion dans Luc comporte beaucoup plus de traits particuliers que les deux autres ; l'on a parfois aussi déduit de son intérêt pour les pauvres sa connaissance d'une source ébionite (très improbable), de divers renseignements relatifs à l'entourage d'Antipas sa connaissance d'une source proche de la cour d'Hérode, etc. De même Matthieu possède ses éléments propres dans l'histoire de la passion et de la résurrection.

Mais à mesure que nous avançons dans la distinction des sources, notre confiance se fait de plus en plus réservée. Déjà les documents divers dont il vient d'être question ne sont que conjecturaux, peut-être seulement problématiques. Combien plus, s'il s'agissait maintenant de partir à la recherche des sources par les procédés de l'analyse littéraire, le souci d'objectivité nous inviterait-il à la prudence ! Sans doute la critique actuelle du problème synoptique se donne pour tâche « d'une part, de préciser la théorie des deux sources et, de l'autre, d'expliquer, dans la mesure où la chose est possible, la formation des documents qui sont à la base de la littérature évangélique actuelle » (Goguel) ; dans la mesure où la chose est possible, assurément ! Mais, dit aussi le même auteur, « il est malaisé, faute d'un recul suffisant, d'apprécier l'évolution de la critique évangélique depuis le début du XXe siècle ». Devant la multiplicité des exégèses et des hypothèses, inévitablement plus subjectives que ne le voudraient leurs propres auteurs, il faut savoir attendre le verdict du temps et faire grâce au lecteur des recherches de laboratoire dont les savants seront peut-être les premiers à revenir, à plus ou moins brève échéance. Il faut davantage : le chercheur doit se mettre en garde soi-même. Il est si tentant, une fois soupçonnée l'existence d'une « source », de se lancer à sa poursuite pour la reconstituer, comme l'école Graf-Wellhausen pouvait le réussir pour les documents du Pentateuque, par les distinctions des textes appuyées sur les déductions de l'histoire ! Mais à ce précédent de l'A.T., le problème des évangiles n'est nullement comparable : les livres historiques de la Bible hébraïque combinent les genres les plus variés, chant, poésie, lois, narrations, annales politiques et ecclésiastiques, citations d'ouvrages encore plus anciens, tous dus à des auteurs fort divers la plupart inconnus, répartis sur des siècles, et représentant des conceptions religieuses qui ont permis de les reconnaître beaucoup moins, comme on le croit trop souvent, sur de simples particularités de langue, que par leurs vues générales sur l'histoire sainte et le culte de Jéhovah ; les évangiles, eux, composés dans un laps de temps de moins de cinquante années, se présentent comme des témoignages rendus par des contemporains, dont certains vivaient encore, au Maître inoubliable qui après avoir laissé en Palestine, « parmi eux », le sillage d'un ministère rédempteur, opérait encore des transformations miraculeuses dans les âmes de leur propre génération. Sous l'effet de ces événements sensationnels--la naissance du christianisme--le temps manquait pour l'évolution de tendances suffisamment accusées et pour leur élaboration dans des documents, d'abord distincts et bientôt mélangés. Sans doute l'école de Tubingue (1845-1875), pour qui nos évangiles, publiés de 80 à 110 ans après la mort de Jésus, représentaient les grands partis de l'Église, pouvait chercher au nom de ces prémisses, derrière Matthieu des sources judéo-chrétiennes, des sources pagano-chrétiennes derrière Luc et des sources plus ou moins neutres derrière Marc. Mais ces systèmes factices, reflet des spéculations de Hegel, ont depuis longtemps disparu, et la recherche des sources secondaires n'ayant aujourd'hui pour guide aucun principe général de psychologie ou d'histoire, comme c'est le cas pour la critique du Pentateuque, en est le plus souvent réduite à des calculs de probabilités qui dépendent surtout, comme on l'a dit, non seulement de l'ingéniosité des savants, mais aussi de leur ingénuité. Tel critère à la mode, comme la règle parfois juste d'après laquelle sont authentiques les paroles du N.T. en contradiction avec l'Église de leur temps, est susceptible aussi d'applications radicalement fausses et suggestif de méfiance envers les textes conformes à l'histoire du christianisme. Bien plus sûr et plus élevé, cet autre principe de la science historique : authentiques, les paroles supérieures au niveau mental et moral de ceux qui les rapportent, --s'applique exactement aux évangiles dans leur ensemble, tout pleins de leur héros, combien plus grand qu'eux tous !

Sous cet angle de vision spirituelle, on nous excusera donc, ou l'on nous approuvera, d'arrêter ici nos études textuelles, sans quitter un ferme terrain ; car il nous suffit d'admettre derrière nos évangiles un certain nombre de sources secondaires, en convenant de notre impuissance à les démêler avec sécurité et, pour toute question d'importance, de faire confiance, d'abord aux évangélistes eux-mêmes, généralement capables de vérifier l'exactitude des documents qu'ils adoptaient, puis au verdict des générations chrétiennes, qui surent laisser tomber dans l'oubli l'incroyable fatras des évangiles, apocryphes, tout en consacrant les synoptiques et l'évangile de Jean livres vrais, livres inspirés.

La tradition orale.

Il nous reste pourtant, avant de conclure, à relever un dernier élément de quelque valeur dans notre solution d'ensemble. Oui, il est exact que la transmission orale de la Parole a joué son rôle ; oui, les évangélistes ont tenu compte de toute information qu'ils ont pu entendre, aussi bien que de tout document qu'ils ont pu lire. Si, comme il est vraisemblable, un évangéliste tel que Luc recevant une information verbale prenait soin de se la faire dicter, ou demandait à ceux qui savaient quelque chose de le dicter ou rédiger, que devenait la démarcation entre source orale et source écrite ? Voilà pourquoi l'on a senti, au cours de cette étude, combien il faut se garder de trancher de telles questions d'un esprit absolu : c'est qu'elles représentent toute la complexité de la vie, le bouillonnement du premier demi-siècle de vie chrétienne, et, --dans le témoignage missionnaire, l'instruction, la consolation, la parole et le chant, les actes et les écrits, --l'hommage individuel et collectif des fidèles à Celui qu'ils aimaient, adoraient et servaient, comme leur Sauveur personnel, Sauveur du monde entier : Jésus-Christ « le Seigneur » !

Mais voici que par un étrange retour, cet hommage même de l'Église à son Chef en rendrait le contenu suspect à l'historien. Un des plus récents systèmes théologiques, l'école historique-formative allemande (Bultmann), désespérant de remonter aux faits par l'analyse des textes évangéliques, voit dans l'histoire de Jésus une création collective de la communauté de ses fidèles, de leurs messages, de leurs cultes et de leurs rites. Ce ne serait plus le Christ qui aurait fait l'Église, c'est l'Église qui aurait fait le Christ : et non pas seulement le Christ de la foi, mais même aussi le Jésus de l'histoire. --Ce n'est pas ici le lieu de développer ni de réfuter cette singulière conception, discutée ailleurs dans le présent ouvrage (Jésus-Christ, avant-propos, et bibliographie, 5°). Notons-le seulement, c'est l'éparpillement de l'histoire évangélique en une multiplicité de menues sources, d'auteurs tenus plus ou moins pour tendancieux, qui a provoqué par réaction logique son éparpille-ment en une multiplicité de menus propos, gestes et rites de disciples devenus plus créateurs que leur Maître. Mais si, tout au contraire, la révélation chrétienne postule la personnalité du Révélateur inspiré, alors il faut l'admettre inspirateur aussi, et le reconnaître comme tel tout entier, quelles que puissent être les imperfections de ses témoins, dans l'hommage qu'ils lui ont tous rendu, aussi humble et désintéressé pour eux-mêmes que communicatif pour sa cause, aussi sobre de paroles que précis dans les faits, aussi personnel à chaque évangéliste que concordant entre eux tous, aussi émouvant et stimulant pour les âmes d'aujourd'hui que pour celles de son temps, hommage à Celui qui domine de haut les plus grands auteurs ou lecteurs du monde, comme la science et l'amour du Dieu de Jésus-Christ dominent de l'infini les balbutiements de la pensée et de la tendresse humaines chez les mieux doués et les meilleurs d'entre nous.

Conclusion.

Dans un traité de Platon, un élève de Socrate explique comment il racontait les entretiens de son maître : aussitôt revenu d'Athènes, il prenait note de quelques-unes de ses paroles et plus tard il révisait en les développant de mémoire ; chaque fois qu'il revoyait Socrate, il s'assurait que rien d'essentiel n'était oublié, puis il corrigeait définitivement son manuscrit (Théétète, prologue).

Aucun des synoptiques ne saurait prétendre à un tel contact direct avec Jésus. Le Maître n'a pas dicté une seule de ses instructions. Lui disparu, vers l'an 30, les siens pieusement cultivent leurs communs souvenirs de lui, en attendant son retour prochain. Les premiers écrits chrétiens sont des lettres de circonstance sur les besoins des Églises, car pour vivre il faut s'organiser. A mesure que vieillissent et disparaissent les contemporains du Seigneur, si vigoureuse que fût la tradition orale, l'utilité s'impose de conserver ne varietur tels et tels témoignages qu'ils ne seront plus là pour répéter désormais ; or les récits des faits risquent moins de s'altérer que les instructions du Maître : c'est donc celles-ci qui font l'objet des premières rédactions pré-évangéliques. Des collections morcelées de discours ont pu déjà surgir entre les années 40 et 50 ; vers cette époque peut-être l'apôtre Matthieu écrit son grand ouvrage des « Logia ». Cependant le temps passe, le retour du Christ tarde, bien des frères meurent (cf. 1Th 4:13, écrit en 50) : pour les jeunes générations, pour les milieux nouveaux de mission où l'araméen ne se parle pas, il faut aussi dépeindre avec vie, dans la langue courante, Jésus-Christ agissant, mort et ressuscité (cf. Ga 3:1, écrit en 55). Ici et là. suivant les ressources en témoins de la grande époque, paraissent quelques notices ; elles se multiplient, s'allongent, s'agglomèrent, se recopient et se communiquent à travers les régions évangélisées. Entre temps, les Églises apprennent à connaître les lettres où saint Paul, traitant des besoins de telle ou telle situation locale, élève tous les sujets à la hauteur des principes, et fonde la théologie chrétienne sur le péché, la grâce et la rédemption de la croix, ce qui implique la nécessité de proclamer les faits de la vie et de la mort du Christ. Vers 64 ou 68, à Rome, les deux grands apôtres, Paul et Pierre, sont mis à mort dans les persécutions de Néron ; sous le coup de ces pertes irréparables, entre 65 et 70, Marc, disciple et interprète de Pierre, et qui fut aussi compagnon de Paul, rédige pour la mission aux païens son évangile d'après les prédications de Pierre, qu'il possédait d'autant mieux qu'il ne les avait pas seulement écoutées, mais traduites aussi : c'est à peu près sous sa forme actuelle, notre évangile selon saint Marc. Plus tard, en Palestine, un judéo-chrétien en possession de cet évangile de Marc et d'une édition des « Logia » de Matthieu, encadre ceux-ci dans celui-là, avec d'autres petits écrits et quelques traditions orales ; et ce nouvel ouvrage, destiné à des judéo-chrétiens, remarquable surtout par l'importance qu'il accorde aux discours du Maître jadis recueillis par Matthieu, sera notre évangile selon saint Matthieu. Vers le même temps, un païen grec instruit, converti par saint Paul, après avoir réuni et contrôlé avec grand soin nombre de témoignages, combine lui aussi, mais pour des lecteurs d'origine païenne, les « Logia » de Matthieu et l'évangile de Marc avec ses riches renseignements personnels, et c'est notre évangile selon saint Luc. Le recul nécessaire après Marc nous contraindra sans doute à suivre les critiques qui placent Matthieu et Luc après la ruine de Jérusalem en 70, sans qu'il soit obligatoire d'aller jusqu'à 80 ou 90 ; pourtant certains savants s'en tiennent encore, non sans bons arguments, à une date de peu antérieure à 70. Avant la fin du siècle, complétés par le quatrième évangile, les trois synoptiques se seront rapidement et largement répandus à travers la chrétienté d'Orient et d'Occident, qui dans le cours du II e siècle les acceptera définitivement comme Écritures saintes faisant autorité (voir Canon du N.T.).

Par leur origine comme par leur inspiration (l'Esprit de Jésus-Christ), par leur but comme par leur contenu (la personne de Jésus-Christ), ils méritaient vraiment de faire autorité (voir Révélation, parag. 5). Certes, quoique ne s'introduisant jamais dans leurs évangiles, par respect pour le Seigneur, les évangélistes ne s'assignaient point la tâche académique de l'historien moderne, scrupuleux à reconstruire la chronologie et à dresser, impassible, la biographie complète de son héros. Ils racontaient pour convaincre ? En effet : parce qu'ils l'aimaient, parce qu'ils voulaient le faire aimer. Leur passion pour leur sujet, du reste toujours contenue, devrait-elle discréditer la valeur historique de leur oeuvre ? sans doute, si leur amour pour lui les avait aveuglés, déroutés, égarés... Mais si les témoins, positivement, ne se sont pas trompés ? si la thèse qu'ils veulent prouver au monde est précisément celle qui comprend le mieux les faits, condensés dans le « fait du Christ », et qui peut aussi le mieux les révéler au monde, alors leur souci de convaincre se confond avec leur souci de vérité, et leur autorité d'évangélistes, autorité historique aussi bien que religieuse, sort triomphante et rehaussée du creuset de la critique, car en eux ou derrière eux nous retrouvons de fidèles adorateurs du Christ et de fidèles compagnons de Jésus : Jésus-Christ, l'autorité suprême de l'histoire et de la foi. BIBLIOGRAPHIE. --Nous la limitons systématiquement à quelques ouvrages en français, représentant les principales positions de la théologie biblique ; la bibliographie complète se trouve dans plusieurs d'entre eux. Voir aussi les bibliogrec des art. Chronologie du N.T., Jésus-Christ, Critique.

--C. Tischendorf, De la date de nos Evang., Toulouse, 1866.

--Ed. Reuss, Hist. Evang., synapse (La Bible, N.T., 1ere p., Paris, 1876) ; pt devoir critique accentué ; a vieilli.

--A. Sabatier, Synoptiques (Encycl. Licht., t. XI, 1881).

--F. Godet, Intr. N.T. (1898-1904), t. II ; Etudes Bibl. N.T., 4e éd., 1889 (critiq. modérée).

--L. Bonnet, Le N.T. expliqué T. 1. (2e éd., revue et augmentée par A. Schroeder, Lausanne 1895).

--H. Monnier, Qu'est-ce que la Bible Saint-Biaise 1909.

--Ern. Martin, La Valeur du N.T., Saint-Biaise, 1911.

--R. Patry, dans Les Etapes de la Foi, 1914.

--A. Arnal, Le N.T. devant la Critique, broch., 1914.

--A. Westphal, Jés. de Naz. d'après les Tém. de sa vie, t. I, 1914 ; Les Apôtres, 1918 ; Expérience chrétienne et probité scientifique, 1925.

--M. Goguel, Intr. N.T., t. I, Paris 1923 ; Jésus de Nazareth, 1925 (pt devoir crit. accentué) ; traduction des évangiles, avec intr. et notes, Bbl. Cent., Paris 1918 ; M. Goguel et H. Monnier, Le N.T., avec introd. et notes, 1929.

--P. Fargues, Intr. N.T., 1902 ; Les Orig. du N.T., 1928 ; Hist, du Christianisme, t. I, 1929.

--A. Loisy, Les Evang, syn., 1907-08 ; Les Liv. du. N.T., 1922 (crit. radicale).

--F. Durrleman, Jésus, 1929.

--L'abbé Jacquier, Hist, des Liv. du N.T., 4 vol., Paris 1903-1912 ; Etudes de Critique et de Philologie du N.T., 1920 (p 1 devoir cathol.).

--A. Puech, Hist, de la Litt, grecq. chrét., t. I, 1920.

Jn L.

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      1 Samuel 21

      Psaumes 12

      7 Les promesses du Seigneur sont des promesses sincères, C’est de l’argent affiné, sept fois purifié Au feu dans un creuset sur la terre.

      Esaïe 40

      Esaïe 50

      Jérémie 32

      Zacharie 11

      Malachie 3

      Matthieu 1

      1 Tableau généalogique de Jésus-Christ, de la descendance de David et d’Abraham.
      2 Abraham eut pour descendant Isaac. Isaac eut pour descendant Jacob qui devint le père de Juda et de ses frères.
      3 Par Thamar, Juda eut pour descendants Péretz et Zérah. Péretz eut pour descendant Hetsrom. Hetsrom eut pour descendant Aram.
      4 Aram eut pour descendant Aminadab, Aminadab eut pour descendant Nahchôn. Nahchôn eut pour descendant Salma.
      5 Par Rahab, Salma eut pour descendant Booz. Booz épousa Ruth qui lui donna Obed.
      6 Obed eut pour descendant Isaï dont le fils fut David. Le roi David, après avoir pris la femme d’Urie, eut d’elle, pour fils, Salomon.
      7 Salomon eut pour descendant Roboam. Roboam eut pour descendant Abiya. Abyia eut pour descendant Asa.
      8 Asa eut pour descendant Josaphat. Josaphat eut pour descendant Yoram. Yoram eut pour descendant Ozias.
      9 Ozias eut pour descendant Yotham qui eut pour descendant Ahaz. Ahaz eut pour descendant Ezéchias.
      10 Ezéchias eut pour descendant Manassé. Manassé eut pour descendant Amôn. Amôn eut pour descendant Josias.
      11 Au temps de la déportation à Babylone, Josias eut pour descendant Yéconia et ses frères.
      12 Après la déportation à Babylone, Yéconia eut pour descendant Chéaltiel. Chéaltiel eut pour descendant Zorobabel.
      13 Zorobabel eut pour descendant Abioud. Abioud eut pour descendant Eliaqim. Eliaqim eut pour descendant Azor.
      14 Azor eut pour descendant Sadoq. Sadoq eut pour descendant Ahim. Ahim eut pour descendant Elioud.
      15 Elioud eut pour descendant Eléazar. Eléazar eut pour descendant Matthan. Matthan eut pour descendant Jacob.
      16 Jacob eut pour descendant Joseph, l’époux de Marie qui donna naissance à Jésus appelé le Christ.
      17 Il y eut donc en tout quatorze générations d’Abraham à David, quatorze autres de David jusqu’à la déportation à Babylone et, finalement, quatorze encore depuis cette déportation jusqu’au Christ.
      18 Voici dans quelles circonstances Jésus-Christ vint au monde : Marie, sa mère, étant fiancée à Joseph, se trouva enceinte par la puissance du Saint-Esprit, avant qu’ils n’aient eu de relations conjugales.
      19 Joseph, son futur mari, était un homme bon et droit. Il ne voulut pas lui faire un affront public et l’exposer à perdre son bon renom. C’est pourquoi il se proposa de rompre discrètement avec elle sans en divulguer la raison.
      20 Pendant qu’il pesait le pour et le contre de cette éventualité, un ange du Seigneur lui apparut en rêve et lui dit : — Joseph, fils de David, n’hésite pas à accueillir chez toi Marie comme ta femme, car l’enfant qu’elle porte en elle vient de l’Esprit saint.
      21 Elle donnera naissance à un fils, tu l’appelleras Jésus (c’est-à-dire Sauveur). C’est lui, en effet, qui sauvera son peuple de ses péchés.
      22 Tout cela arriva pour accomplir la prédiction que le Seigneur avait inspirée au prophète :
      23 Voici, la jeune fille vierge deviendra mère. Elle donnera le jour à un fils que l’on appellera Emmanuel, ce qui veut dire « Dieu est avec nous ».
      24 À son réveil, Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait commandé : il reçut chez lui sa fiancée et la prit pour femme.
      25 Mais il n’eut pas de relations conjugales avec elle avant qu’elle ait mis au monde un fils, auquel il donna le nom de Jésus.

      Matthieu 2

      1 Jésus naquit à Bethléhem en Judée, sous le règne du roi Hérode. Quelque temps après sa naissance, on vit arriver à Jérusalem des mages originaires de l’Orient.
      2 Ils s’enquéraient partout : — Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Dans le ciel d’Orient, nous avons vu apparaître son étoile et nous sommes accourus pour lui rendre hommage.
      3 Quand le roi Hérode apprit la nouvelle, il en fut très troublé et, avec lui, tous ceux qui habitaient Jérusalem.
      4 Il convoqua tous les chefs des prêtres et les interprètes de la loi que comptait son peuple et il leur demanda où devait naître le Messie promis. —
      5 À Bethléhem en Judée, lui répondirent-ils. Voici, en effet, ce qui a été écrit par le prophète :
      6 Et toi, Bethléhem, village de la terre de Judée, tu n’es certainement pas la cité la plus insignifiante aux yeux des princes de Juda, puisque c’est de toi que sortira le chef qui gouvernera Israël mon peuple.
      7 Là-dessus, Hérode fit appeler secrètement les mages et leur demanda de préciser le moment où l’étoile leur était apparue.
      8 Puis il les envoya à Bethléhem en disant : — Allez là-bas, renseignez-vous avec précision sur cet enfant, et dès que vous l’aurez découvert, venez me le faire savoir, pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui et lui rendre hommage.
      9 Quand le roi leur eut donné ces instructions, les mages se mirent en route. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue en Orient se mit à les précéder jusqu’à ce qu’elle soit parvenue au-dessus de la maison où se trouvait le petit enfant. Là, elle s’arrêta, immobile.
      10 En revoyant l’étoile, les mages furent transportés de joie.
      11 Ils entrèrent dans la maison, virent l’enfant avec Marie, sa mère, et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui et l’adorèrent. Puis ils ouvrirent leurs coffrets et lui offrirent en présents de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
      12 La nuit suivante, Dieu les avertit par un rêve de ne pas retourner auprès d’Hérode. Ils regagnèrent donc leur pays par un autre chemin.
      13 Après leur départ, un ange du Seigneur apparut à Joseph dans un rêve et lui dit : — Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, et partez tout de suite en Égypte. Tu y resteras jusqu’à ce que je te dise de revenir, car Hérode ne va pas tarder à faire rechercher l’enfant pour le tuer.
      14 Joseph se leva donc immédiatement et partit dans la nuit, emmenant l’enfant et sa mère pour se réfugier en Égypte.
      15 Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode. Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète (Osée) en ces mots : J’ai rappelé mon fils hors d’Égypte.
      16 Quand Hérode s’aperçut que les mages avaient déjoué son plan, il devint furieux. Il fit massacrer à Bethléhem, et dans son district tout entier, tous les garçons âgés de deux ans ou moins, car, d’après les indications exactes que lui avaient fournies les mages, l’étoile était apparue durant cette période.
      17 Ainsi s’accomplit la prédiction de Jérémie, le prophète qui avait annoncé : Un cri de détresse monte de Rama,
      18 des gémissements et de longs sanglots. C’est Rachel qui pleure ses fils, car ils sont morts. Elle se refuse à toute consolation, car ils ne reviendront plus.
      19 Après la mort d’Hérode, un ange du Seigneur apparut en rêve à Joseph, en Égypte,
      20 et lui dit : — Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère et retourne avec eux dans le pays d’Israël, car ceux qui voulaient tuer l’enfant sont morts.
      21 Joseph se mit donc en route, il emmena l’enfant et sa mère et regagna la terre d’Israël.
      22 Mais lorsqu’il apprit que le fils d’Hérode Archélaüs avait succédé à son père comme roi de Judée, il eut peur de s’installer dans cette contrée. Sur des indications que Dieu lui transmit en songe, il se retira dans la province de Galilée.
      23 Il alla s’établir dans une ville appelée Nazareth. Il en fut ainsi pour que se réalise cette prédiction des prophètes : On l’appellera le Nazaréen.

      Matthieu 3

      7 Un jour, il vit un groupe important de pharisiens et de sadducéens qui voulaient aussi se faire baptiser par lui. Il les apostropha : — Espèces de vipères ! Qui vous a fait croire (qu’en vous faisant baptiser) vous pourriez esquiver (le jugement) imminent de la colère (de Dieu) ?
      8 Prouvez donc par vos actes que votre changement est réel !
      9 Ne vous imaginez pas qu’il vous suffit de répéter : « Nous sommes les descendants d’Abraham ». En effet, regardez ces pierres, je vous déclare que Dieu a le pouvoir d’en faire des enfants d’Abraham.
      10 Attention ! (le temps est court :) la hache est sur le point d’attaquer la racine des arbres. Chaque arbre qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu.
      11 Moi, je vous baptise dans l’eau, en signe de votre changement de vie. Mais quelqu’un va venir après moi, quelqu’un de bien plus puissant que moi, je ne mérite même pas de lui ôter ses sandales. Lui, il vous baptisera dans le Saint-Esprit et le feu.
      12 Il tient en main sa pelle à vanner pour séparer le grain de la balle, il va nettoyer parfaitement son aire de battage, il amassera le blé dans son grenier. Quant à la balle, elle sera brûlée dans un feu qui ne s’éteindra jamais.
      13 C’est à cette époque que Jésus parut. Il quitta la Galilée et se rendit auprès de Jean, au Jourdain, pour se faire baptiser par lui.

      Matthieu 4

      1 Alors, l’Esprit saint conduisit Jésus dans une contrée solitaire pour qu’il y soit mis à l’épreuve par le diable.
      2 Après avoir jeûné pendant quarante jours et quarante nuits, il fut tourmenté par la faim.
      3 Alors, le tentateur s’approcha et lui suggéra ceci : — Si, réellement, tu es le Fils de Dieu, commande à ces pierres de se changer en pains.
      4 Mais Jésus lui répondit : — Il est écrit : Pour vivre, l’homme n’a pas seulement besoin de pain, mais aussi de toute parole que Dieu a prononcée.
      5 Alors, le diable le transporta dans la cité sainte et le déposa sur la terrasse du temple.
      6 Puis il lui souffla : — Si tu es réellement le Fils de Dieu, lance-toi dans le vide, car il est écrit : Il ordonnera à ses anges de veiller sur toi. Ils te porteront dans leurs mains, pour que ton pied ne se blesse pas en heurtant quelque pierre.
      7 Jésus lui répliqua : — Mais il est aussi écrit : Tu n’essaieras pas de forcer la main du Seigneur ton Dieu.
      8 Une nouvelle fois, le diable l’emmena et le transporta sur une très haute montagne. Là, il fit passer devant ses yeux tous les royaumes du monde ; il en déploya la richesse et la magnificence.
      9 Puis il lui dit : — Tout cela, je te le donnerai, si tu te mets à genoux devant moi pour m’adorer.
      10 Cette fois, Jésus l’apostropha : — Va-t’en Satan ! Car il est écrit : C’est devant le Seigneur, ton Dieu, que tu te prosterneras. C’est lui seul que tu adoreras et que tu serviras.
      11 Là-dessus, le diable le quitta. Et voici que des anges s’approchèrent et se mirent à le servir.

      Matthieu 5

      1 Quand Jésus vit tous ces gens rassemblés autour de lui, il monta sur une colline. Il s’assit, ses disciples se rassemblèrent autour de lui,
      2 et il se mit à les enseigner. Il commença par leur dire : —
      3 Heureux ceux qui sont conscients de leur pauvreté spirituelle, car c’est à eux que le royaume des cieux est réservé.
      4 Heureux ceux qui sont dans l’affliction, car Dieu les consolera.
      5 Heureux ceux qui sont humbles et doux, ceux qui renoncent à leurs droits, car Dieu leur donnera la terre entière en héritage.
      6 Heureux ceux qui aspirent de toutes leurs forces à vivre comme Dieu le demande, car ils seront pleinement satisfaits.
      7 Heureux ceux qui ont un cœur compatissant, sensible à la misère d’autrui, car Dieu aura aussi compassion d’eux.
      8 Heureux ceux qui sont sincères et droits ; car ils verront Dieu.
      9 Heureux ceux qui répandent autour d’eux la paix, car Dieu les reconnaîtra pour ses fils.
      10 Heureux ceux qui sont opprimés pour avoir fait ce que Dieu demande, car le royaume des cieux leur est réservé.
      11 Heureux serez-vous quand les hommes vous insulteront et vous persécuteront, lorsqu’ils répandront toutes sortes de calomnies sur votre compte, parce que vous êtes mes disciples.
      12 Oui, réjouissez-vous alors et soyez heureux, parce qu’une récompense magnifique vous attend dans les cieux. Vous êtes dans la lignée de vos devanciers, les prophètes d’autrefois : eux aussi ont été persécutés de la même manière.
      13 Ce que le sel est pour les aliments, vous l’êtes, vous, pour cette terre. Si le sel devient insipide, avec quoi lui rendra-t-on son pouvoir salant ? Il ne sert plus à rien. Il n’y a qu’à le jeter dehors, où il sera piétiné par les passants.
      14 Vous êtes la lumière de ce monde. Quand une ville est construite au sommet d’une colline, elle ne saurait échapper aux regards.
      15 Il en est de même d’une lampe : si on l’allume, ce n’est pas pour la cacher sous une mesure à grains. Au contraire, on la fixe sur son support et on la place le plus haut possible pour qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.
      16 C’est ainsi que votre lumière devra briller aux yeux de tous, pour que ceux qui vous côtoient remarquent le bien que vous faites et qu’ils en attribuent la gloire à votre Père céleste. —
      17 Ne vous imaginez pas que je sois venu pour supprimer ce qui est écrit dans la loi ou les prophètes ; je ne suis pas venu pour supprimer, mais pour accomplir.
      18 Oui, vraiment, je vous l’assure : tant que ciel et terre resteront en place, ni la plus petite lettre de la loi, ni même un point sur un « i » n’en sera supprimé. (Tout le plan de Dieu se réalisera.)
      19 Par conséquent, si quelqu’un s’affranchit d’un seul de ces commandements – même s’il s’agit du moindre d’entre eux – et s’il apprend aux autres à faire de même, il sera lui-même considéré comme « le moindre » dans le royaume des cieux. Au contraire, celui qui obéira à ces commandements et qui apprendra aux autres à faire de même, sera tenu pour grand dans le royaume des cieux.
      20 Vous voulez être justes aux yeux de Dieu ? Je vous préviens que si vous n’obéissez pas à la loi mieux que les interprètes de la loi et les pharisiens, vous ne risquez pas d’entrer dans le royaume des cieux. —
      21 Vous savez bien quels commandements ont été transmis à nos ancêtres : Tu ne commettras pas de meurtre. Si quelqu’un a commis un meurtre, il en répondra devant le tribunal et sera condamné.
      22 Eh bien, moi, je vous le déclare : celui qui se met en colère contre son frère sera traduit en justice, celui qui lui dit « Espèce d’imbécile ! » mérite de passer devant la Cour suprême et celui qui le traite d’insensé est bon pour l’enfer.
      23 Si donc tu es en train de te rendre à l’autel pour y présenter ton offrande et que là, soudain, tu te souviennes qu’un frère a quelque chose contre toi,
      24 laisse ton offrande au pied de l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère, puis tu reviendras présenter ton offrande.
      25 Si quelqu’un porte des accusations contre toi, sois conciliant, dépêche-toi de t’arranger à l’amiable avec ton adversaire pendant que tu es encore en chemin avec lui. Une fois que vous serez devant le tribunal, ton adversaire remettra l’affaire entre les mains du juge qui fera appel aux huissiers de justice, et tu te retrouveras en prison.
      26 Et là, vraiment, je te l’assure : tu n’en sortiras pas avant d’avoir remboursé jusqu’au dernier centime. —
      27 Vous savez qu’il est dit : Tu ne commettras pas d’adultère.
      28 Eh bien, moi je vous le déclare : si quelqu’un jette sur une femme un regard chargé de désir, il a déjà commis, dans son cœur, un adultère avec elle.
      29 Par conséquent, si ton œil droit t’incite à pécher, arrache-le et jette-le au loin, car il vaut mieux pour toi perdre un de tes organes que de voir ton corps entier précipité en enfer.
      30 Si c’est ta main droite qui te fait tomber dans le péché, coupe-la et jette-la au loin. Il vaut mieux pour toi perdre un de tes membres que de voir tout ton corps jeté en enfer.
      31 Il a aussi été dit : Si quelqu’un veut répudier sa femme, il doit lui signifier le divorce par une déclaration écrite.
      32 Eh bien, moi je vous dis : celui qui renvoie sa femme – sauf en cas d’immoralité sexuelle – l’expose à devenir adultère, et celui qui épouse une femme divorcée, commet lui-même un adultère. —
      33 Vous avez encore appris ce que l’on disait à nos ancêtres : Tu ne manqueras pas à tes promesses, ce que tu as promis avec serment devant le Seigneur, tu l’accompliras.
      34 Eh bien, moi je vous demande de ne pas faire de serment du tout. Ne dites pas : « Je le jure par le ciel », car le ciel, c’est le trône de Dieu.
      35 Ou : « J’en prends la terre à témoin », car elle est l’escabeau où Dieu pose ses pieds. Ou encore : « Je le jure par Jérusalem », car elle est la cité du Roi suprême.
      36 Ne dites pas davantage : « Je le jure sur ma tête », car vous n’êtes même pas capables d’y faire pousser un seul cheveu blanc ou noir à volonté.
      37 Dites simplement « Oui » si c’est oui, « Non » si c’est non. Tous ces serments qu’on y ajoute viennent du diable. —
      38 Vous avez appris qu’il a été dit : Un œil pour un œil, une dent pour une dent.
      39 Eh bien, moi je vous demande ceci : n’opposez pas de résistance à celui qui vous veut du mal. Au contraire, si quelqu’un te gifle sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre.
      40 Si quelqu’un veut te faire un procès pour avoir ta chemise, ne l’empêche pas de prendre ton vêtement.
      41 Et si quelqu’un vient te réquisitionner pour t’obliger à lui porter un fardeau sur un kilomètre, porte-le sur deux kilomètres avec lui.
      42 Donne à celui qui te demande, ne tourne pas le dos à celui qui veut t’emprunter quelque chose.
      43 Vous avez appris qu’il a été dit : Tu témoigneras de l’amour à ton ami et tu auras de la haine pour ton ennemi.
      44 Eh bien, moi je vous le dis : témoignez de l’amour à vos ennemis et priez pour ceux qui vous poursuivent de leur haine.
      45 Ainsi vous vous comporterez vraiment comme les enfants de votre Père céleste, car lui, il fait luire son soleil sur les méchants aussi bien que sur les bons, et il accorde sa pluie à ceux qui font sa volonté comme à ceux qui ne la font pas.
      46 Si vous aimez seulement ceux qui vous aiment, allez-vous prétendre à une récompense pour cela ? Les truands eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?
      47 Et si vous réservez votre bon accueil aux gens de votre milieu, si vous êtes seulement aimables avec vos amis, que faites-vous là d’extraordinaire ? Est-ce que les gens de tous les pays n’agissent pas de même ?
      48 Vous donc, soyez parfaits tout comme votre Père céleste est parfait.

      Matthieu 6

      1 — Prenez bien garde de ne pas accomplir devant les gens, pour vous faire remarquer par eux, ce que vous faites pour obéir à Dieu. Vous passeriez à côté de la récompense de votre Père céleste.
      2 Si donc tu donnes quelque chose aux pauvres, ne va pas le claironner partout. Ce sont les hypocrites qui agissent ainsi dans les synagogues et dans les rues, pour que les autres chantent leurs louanges. Oui, vraiment, je vous l’assure : leur récompense, ils l’ont d’ores et déjà reçue.
      3 Quant à toi, si tu veux donner quelque chose aux pauvres, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite.
      4 Qu’ainsi ton aumône se fasse en secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le revaudra.
      5 Et quand vous priez, n’imitez pas ces hypocrites qui aiment à se mettre bien en vue pour faire leur prière dans les synagogues et aux carrefours des rues. Ils tiennent à se faire remarquer par tout le monde. Vraiment, je vous l’assure : leur récompense, ils l’ont d’ores et déjà reçue !
      6 Mais toi, quand tu veux prier, va dans ta pièce la plus retirée, verrouille ta porte et adresse ta prière à ton Père. Il est là, présent dans ce lieu secret, et comme il voit ce qui se fait en secret, il te le revaudra.
      7 Dans vos prières, ne rabâchez pas des tas de paroles, à la manière des gens de tous les pays. Ceux-ci s’imaginent qu’à force de paroles, ils se feront exaucer.
      8 Ne faites pas comme eux. Après tout, Dieu est votre Père, il sait ce qu’il vous faut, bien avant que vous le lui demandiez. —
      9 Vous autres, priez donc simplement ainsi : Notre Père qui es dans les cieux, Que tu sois reconnu pour Dieu et que ta volonté soit faite.
      10 Que ton règne s’établisse et que tout cela s’accomplisse sur la terre, comme au ciel.
      11 Donne-nous aujourd’hui la nourriture dont nous avons besoin.
      12 Pardonne-nous nos torts envers toi, comme nous avons nous-mêmes pardonné à ceux qui avaient des torts envers nous.
      13 Garde-nous de céder à la tentation, mais au contraire, délivre-nous du tentateur. Car c’est à toi qu’appartiennent pour toujours le règne, la puissance et la gloire.
      14 En effet, si vous pardonnez aux autres le mal qu’ils vous ont fait, votre Père céleste vous pardonnera aussi vos manquements envers lui.
      15 Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes. —
      16 Chaque fois que vous jeûnez, ne prenez pas, comme ces hypocrites, une mine sombre et accablée. Pour bien montrer à tout le monde qu’ils jeûnent, ils se composent des visages défaits et se donnent des airs exténués. Vraiment, je vous l’assure : leur récompense, ils l’ont d’ores et déjà reçue !
      17 Toi, au contraire, si tu veux jeûner, parfume tes cheveux et lave ton visage à grande eau
      18 pour que personne ne se rende compte que tu es en train de jeûner. Que ce soit un secret entre toi et ton Père qui est là, dans ce lieu caché. Alors, ton Père, qui voit tout ce qui se fait en secret, te le revaudra. —
      19 Ne vous amassez pas des richesses dans ce monde où elles sont à la merci de la rouille, des mites qui rongent, ou des cambrioleurs qui percent les murs et dérobent.
      20 Amassez-vous plutôt des trésors dans le ciel, où il n’y a ni rouille, ni mites qui rongent, ni cambrioleurs qui percent les murs et dérobent.
      21 Car là où est ton trésor, là sera aussi ton cœur.
      22 Les yeux sont comme une lampe pour le corps. Si donc tes yeux sont en bon état, ton corps entier jouira de la lumière.
      23 Mais s’ils sont malades, tout ton corps sera plongé dans les ténèbres. Si donc ta lumière intérieure n’est qu’obscurité, dans quelles profondes ténèbres tu te trouveras !
      24 Personne ne peut travailler en même temps au service de deux maîtres. En effet, ou bien il détestera l’un et aimera l’autre, ou bien il sera entièrement dévoué au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez servir en même temps Dieu et l’Argent. —
      25 Voilà pourquoi je vous dis : ne vous tracassez pas sans cesse en vous demandant avec inquiétude : « Qu’allons-nous manger pour vivre ? Qu’allons-nous mettre pour être habillés ? » La vie ne vaut-elle pas bien plus que la nourriture ? Et le corps ne vaut-il pas bien plus que les habits ?
      26 Voyez ces oiseaux qui volent dans les airs, jamais ils ne se préoccupent de semer ou de moissonner, ils n’amassent pas de provisions dans des greniers, et pourtant, votre Père céleste pourvoit à leur nourriture. N’avez-vous pas bien plus de valeur à ses yeux ?
      27 D’ailleurs, qui de vous peut, à force de soucis, prolonger son existence – ne fût-ce que de quelques minutes ?
      28 Quant aux vêtements, pourquoi vous mettriez-vous en peine à leur sujet ? Observez les anémones sauvages ! Regardez comment se forment leurs fleurs : elles poussent sans se fatiguer à filer de la laine ou à tisser des habits.
      29 Et pourtant, je vous assure que le roi Salomon lui-même, malgré toute sa gloire, n’a jamais été aussi bien vêtu que l’une de ces fleurs !
      30 Si Dieu habille avec tant d’élégance la petite plante champêtre qui est là aujourd’hui et demain déjà sera jetée au feu, à combien plus forte raison s’occupera-t-il de votre habillement. Ah ! votre foi est encore bien petite !
      31 Bannissez donc toute inquiétude et ne dites pas : « Que mangerons-nous ? », ou : « Que boirons-nous ? Avec quoi nous habillerons-nous ? »
      32 Ce sont les gens de ce monde qui ont sans cesse de tels soucis. Mais vous, vous avez au ciel un Père qui sait bien que vous avez besoin de tout cela.
      33 Préoccupez-vous donc en premier lieu du règne de Dieu et de ce qui est juste à ses yeux. Alors, tout le reste vous sera donné par-dessus le marché.
      34 Ne vous mettez pas en souci pour le lendemain ; il vous apportera ses propres soucis – et ses solutions. À chaque jour, sa peine. Vous avez suffisamment à porter avec celle d’aujourd’hui.

      Matthieu 7

      1 — Ne vous posez pas en juges d’autrui, pour ne pas être mis vous-mêmes en jugement.
      2 Car Dieu vous jugera vous-mêmes de la manière dont vous aurez jugé votre prochain, et il vous appliquera la mesure dont vous vous serez servis pour le mesurer.
      3 Pourquoi concentres-tu tes regards sur la poussière de sciure que tu as remarquée dans l’œil de ton frère… alors que tu ne te rends pas compte qu’il y a une grosse poutre dans le tien ?
      4 Comment oses-tu dire à ton frère : « Cher frère, viens que je t’enlève cette sciure dans ton œil », quand tu ne remarques même pas la poutre qui est dans le tien ?
      5 Hypocrite, va ! Commence donc par retirer la poutre de ton œil ! Alors, tu y verras assez clair pour ôter la sciure de l’œil de ton frère.
      6 Gardez-vous de donner aux chiens ce qui est sacré et ne jetez pas vos perles devant les cochons, ils risquent de les piétiner avec leurs pattes, et les chiens de se retourner contre vous pour vous déchirer. —
      7 Demandez, continuez à demander, et vous recevrez. Cherchez, persévérez dans votre recherche, et vous trouverez. Frappez, insistez, et la porte vous sera ouverte.
      8 Car, toujours, celui qui demande finit par recevoir, celui qui cherche finit par trouver et à celui qui frappe avec insistance, la porte est ouverte.
      9 Plusieurs d’entre vous sont pères. Lequel serait capable de donner un caillou à son fils quand il lui demande du pain ?
      10 Ou bien, s’il lui demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent ?
      11 Si donc, tout mauvais que vous êtes, vous savez néanmoins donner à vos enfants ce qui est bon pour eux, à plus forte raison votre Père céleste donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent.
      12 Tout ce que vous seriez heureux que les autres fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : cela résume tout l’enseignement de la loi et des prophètes. —
      13 Entrez par la porte étroite. En effet, large est la porte, spacieuse et facile est la route qui mène là où l’homme sera irrémédiablement perdu. Nombreux, hélas, sont ceux qui s’y engagent !
      14 Mais, qu’elle est étroite, la porte qui donne accès à la vie, qu’il est difficile, le sentier qui y mène et qu’ils sont peu nombreux ceux qui les trouvent !
      15 Attention ! méfiez-vous de ceux qui prétendent faussement parler au nom de Dieu. Lorsqu’ils vous abordent, ils se font doux comme des agneaux, mais en réalité, ce sont des loups féroces en quête de proies.
      16 Comment les reconnaître ? Aux résultats de leurs actes. Est-ce que vous allez cueillir du raisin aux buissons d’épines, ou récolter des figues sur des ronces ?
      17 Ainsi, tout arbre sain porte de bons fruits, tandis qu’un arbre malade produit de mauvais fruits.
      18 Il est impossible qu’un arbre sain porte de mauvais fruits ou qu’un arbre malade produise de bons fruits.
      19 Tout arbre qui ne donne pas de bons fruits est arraché et jeté au feu.
      20 Ainsi donc, c’est d’après leurs fruits que vous pourrez juger (les serviteurs de Dieu).
      21 Pour entrer dans le royaume des cieux, il ne suffit pas de me dire : « Seigneur ! Seigneur ! », il faut accomplir la volonté de mon Père céleste.
      22 Au jour du jugement, nombreux seront ceux qui me diront : « Seigneur ! Seigneur ! Nous avons annoncé le message de Dieu en ton nom. Nous avons chassé des démons en ton nom, nous avons fait beaucoup de miracles en ton nom, n’est-ce pas ? »
      23 Et cependant, il me faudra leur déclarer formellement : « Je ne vous ai jamais connus ! Vos actes sont mauvais, ils sont contraires à la loi de Dieu ! Allez-vous-en ! » —
      24 C’est pourquoi, celui qui entend ce que je viens de vous dire et qui agit en conséquence, ressemble à un homme sensé qui a bâti sa maison sur un soubassement rocheux.
      25 Qu’il pleuve à verse, que les fleuves débordent, que la tempête souffle avec violence et que tous ces éléments se déchaînent contre cette maison, elle reste debout, inébranlable, car ses fondations reposent sur le roc.
      26 Par contre, celui qui aura écouté mes paroles sans faire ce que je dis, ressemble à un homme assez fou pour construire sa maison sur le sable.
      27 S’il pleut à verse, si les fleuves débordent, si la tempête souffle avec violence et si tous ces éléments se déchaînent contre cette maison, voilà qu’elle s’effondre : il ne reste qu’un grand tas de ruines.
      28 Quand Jésus eut fini de parler, les foules étaient profondément impressionnées par son enseignement.
      29 En effet, ses paroles avaient un accent d’autorité tout autre que celles de leurs interprètes de la loi.

      Matthieu 8

      5 Au moment où Jésus entrait à Capernaüm, un officier romain l’aborda et le supplia : —
      6 Seigneur, mon serviteur est couché chez moi, il est atteint de paralysie et souffre terriblement. —
      7 Je viendrai, lui répondit Jésus, et je le guérirai. —
      8 Seigneur, dit alors l’officier, je ne suis pas qualifié pour te recevoir dans ma maison, mais tu n’as qu’à dire un mot et mon serviteur sera guéri.
      9 Car moi-même, je ne suis qu’un officier subalterne, mais j’ai des soldats sous mes ordres et quand je dis à l’un : « Va ! », je sais qu’il ira. Quand je commande à un autre : « Viens ! », il vient. Quand je demande à mon esclave : « Fais ceci ! », il le fait.
      10 En l’entendant parler ainsi, Jésus ne put cacher son admiration et, s’adressant à ceux qui le suivaient, il dit : — Vraiment, je vous l’assure : dans tout Israël, je n’ai encore trouvé une telle foi chez personne.
      11 Ainsi, je vous le déclare : des gens viendront en foule de l’Est et de l’Ouest et prendront place à table auprès d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, au grand festin dans le royaume des cieux.
      12 Quant à ceux qui devaient hériter du royaume, ils seront jetés dans les ténèbres du dehors. C’est là qu’il y aura des lamentations et d’amers regrets.
      13 Puis Jésus dit à l’officier : — Va, tu peux rentrer chez toi, et que tout ce que tu attends dans ta foi s’accomplisse pour toi. Et, à l’heure même, son serviteur se trouva guéri.
      14 Jésus se rendit alors chez Pierre. Lorsqu’il fut arrivé dans sa maison, il trouva sa belle-mère alitée avec une forte fièvre. Quand il la vit ainsi,
      16 À la tombée de la nuit, on vint lui amener beaucoup de gens qui étaient sous l’emprise de démons et, d’un seul mot, il chassa ces mauvais esprits. Il guérit aussi tous les malades.
      17 Ainsi se réalisait cette prédiction du prophète Ésaïe : Il s’est lui-même chargé de nos infirmités et il a porté nos maladies.
      18 Lorsque Jésus se vit entouré et débordé d’une foule nombreuse, il donna ordre à ses disciples de passer sur l’autre rive du lac.
      19 À ce moment, un interprète de la loi s’approcha et lui dit : — Maître, je suis prêt à te suivre partout où tu iras.
      20 Jésus lui répondit : — Les renards ont leurs tanières et les oiseaux du ciel leurs nids, mais le Fils de l’homme n’a pas un endroit à lui où il pourrait reposer la tête. —
      21 Seigneur, lui dit un autre qui voulait devenir son disciple, permets-moi d’abord d’aller enterrer mon père.
      22 Mais Jésus lui répondit : — Viens avec moi et laisse à ceux qui sont (spirituellement) morts le soin d’enterrer leurs morts.
      25 Les disciples se précipitèrent vers lui et le réveillèrent en disant : — Au secours, Seigneur, nous sommes perdus ! —
      28 Quand il fut arrivé sur l’autre rive du lac, dans la région de Gadara, il vit accourir vers lui deux hommes qui étaient sous l’emprise de démons. Ils vivaient dans les caveaux du cimetière. Ils étaient si méchants et si dangereux que personne n’osait plus passer par ce chemin.
      29 Soudain, ils se mirent à hurler : — Qu’est-ce que tu nous veux, Fils de Dieu ? Pourquoi te mêles-tu de nos affaires ? Laisse-nous en paix ! Tu viens avant le temps pour nous tourmenter.
      30 Or, non loin de là, un grand troupeau de cochons était en train de paître.
      31 Les démons supplièrent Jésus : — Si tu veux nous expulser, permets-nous, au moins, d’aller dans ce troupeau de cochons. —
      32 Soit, leur dit-il. Allez ! Aussitôt, les démons sortirent du corps de ces deux hommes pour entrer dans les cochons. Et voilà que tout le troupeau s’élança sur les pentes abruptes et, dans une course folle, se précipita dans le lac où toutes les bêtes se noyèrent.
      33 Leurs gardiens s’enfuirent, ils coururent à la ville et allèrent raconter tout ce qui s’était passé, en particulier comment les deux hommes avaient été guéris. Là-dessus, tous les habitants de la ville se rendirent auprès de Jésus et, dès qu’ils le virent, ils le supplièrent de quitter leur contrée.

      Matthieu 9

      1 Jésus remonta dans une barque et traversa le lac pour se rendre dans « sa ville » (Capernaüm).
      2 Alors, on lui présenta un homme paralysé, couché sur une civière. En voyant la confiance de ces gens qui s’adressaient à lui, Jésus dit au paralysé : — Prends courage, mon fils, tes péchés te sont pardonnés.
      3 Là-dessus, quelques interprètes de la loi pensèrent intérieurement : « Cet homme insulte Dieu ! »
      4 Mais Jésus, lisant ce qui se passait en eux, leur dit : — Pourquoi ouvrez-vous vos cœurs à ces mauvaises pensées ?
      5 Qu’est-ce qui est plus facile à dire : « Tes péchés te sont pardonnés » ou : « Lève-toi et marche » ?
      6 Eh bien, sachez que le Fils de l’homme a les pleins pouvoirs sur la terre pour accorder le pardon des péchés. C’est pourquoi, poursuivit-il en s’adressant au paralytique, lève-toi, prends ta civière et rentre chez toi.
      7 Le paralysé sauta sur ses pieds et s’en alla chez lui.
      8 En voyant cela, les foules présentes furent saisies d’une sainte frayeur et se mirent à louer Dieu de ce qu’il ait donné un tel pouvoir aux hommes.
      9 En partant de là, Jésus vit, en passant, un homme assis au bureau du péage. Son nom était Matthieu. Il lui dit : — Viens avec moi ! Matthieu se leva et le suivit.
      10 Un peu plus tard, Jésus était invité à dîner chez lui. Beaucoup de collecteurs de taxes et de gens aux mœurs douteuses étaient venus se mettre à table avec lui et ses disciples.
      11 En voyant cela, les pharisiens interpellèrent ses disciples : — Comment votre maître peut-il s’attabler de la sorte avec des escrocs et des gens sans foi ni loi ?
      12 Mais Jésus, qui les avait entendus, leur dit : — Ceux qui sont en bonne santé peuvent se passer de médecin, mais les malades en ont besoin.
      13 Allez donc chez vous et réfléchissez sur le sens de cette parole : Ce qui me fait plaisir, c’est l’amour que vous aurez les uns envers les autres, et non pas que vous m’offriez des sacrifices d’animaux. Car je ne suis pas venu appeler les gens vertueux et respectables, mais ceux qui vivent dans le péché.
      14 Alors, les disciples de Jean abordèrent Jésus et lui demandèrent : — Comment se fait-il que tes disciples ne jeûnent jamais, alors que nous, tout comme les pharisiens, nous respectons les jeûnes (réglementaires) ?
      15 Il leur répondit : — Pensez-vous que les invités d’une noce puissent être tristes tant que le marié est avec eux ? Le temps viendra bien assez tôt où celui-ci leur sera enlevé. Ce sera pour eux le moment de jeûner.
      16 Personne ne va raccommoder un vieux manteau en y recousant un morceau d’étoffe neuve et non foulée. Sinon, la pièce rajoutée, en se rétrécissant, tire sur la vieille étoffe et arrache une partie du vieux manteau : finalement, la déchirure serait pire qu’avant.
      17 On ne verse pas non plus du vin nouveau qui fermente encore dans de vieilles outres, sinon le vin nouveau les fait éclater. Il se répand et les outres sont perdues. Non, pour du vin nouveau, il faut des outres neuves. Ainsi, le vin et les outres se conservent.
      18 Pendant que Jésus leur disait cela, le chef d’une synagogue s’approcha de lui, se jeta à ses pieds et lui dit : — Ma fille vient de mourir à l’instant, mais viens lui imposer les mains, et elle revivra.
      19 Jésus se mit aussitôt en route et le suivit avec ses disciples.
      20 À ce moment, une femme souffrant d’hémorragies depuis douze ans, s’approcha de lui par derrière et effleura de ses doigts la frange de son vêtement.
      21 Elle s’était dit : « Si seulement j’arrive à toucher son vêtement, je serai sauvée ».
      22 Jésus se retourna et, quand il l’aperçut, il lui dit : — Prends courage, ma fille, ta foi en moi t’a sauvée. À l’instant même, la femme se trouva guérie.
      23 Lorsque Jésus arriva à la maison du chef de la synagogue, il vit là des musiciens funèbres avec leurs flûtes et toute une foule qui s’agitait et se lamentait à grand bruit.
      24 Alors, il leur commanda : — Retirez-vous d’ici, cette fillette n’est pas morte, elle n’est qu’endormie. Mais eux se moquaient de lui.
      25 Alors, il fit mettre tout le monde dehors et entra dans la chambre. Il prit la fillette par la main, elle se réveilla et se leva.
      26 La nouvelle de ce qui s’était passé fit le tour de toute la contrée.
      27 Lorsque Jésus partit de là, deux aveugles se mirent à le suivre en criant : — Fils de David, aie pitié de nous !
      28 Lorsqu’il fut arrivé vers la maison, les aveugles s’approchèrent de lui. Il leur dit : — Croyez-vous que j’aie le pouvoir de faire ce que vous me demandez ? — Oui, Seigneur, lui répondirent-ils.
      29 Alors, Jésus leur toucha les yeux en disant : — Qu’il soit fait selon ce que vous avez cru !
      30 Aussitôt leurs yeux s’ouvrirent. Jésus ajouta d’un ton sévère : — Attention, veillez à ce que personne n’apprenne la chose.
      31 Mais dès qu’ils furent partis, ils se mirent à raconter dans toute cette région ce que Jésus avait fait.
      32 À peine étaient-ils sortis qu’on lui amena un homme qu’un démon rendait muet.
      33 Dès que le démon fut chassé, le muet se mit à parler et les foules émerveillées s’écriaient : — Jamais l’on n’a rien vu de pareil en Israël !
      34 Mais les pharisiens, eux, prétendaient : — S’il peut chasser des démons, c’est parce qu’il est de connivence avec leur chef.
      35 Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, il enseignait dans les synagogues, proclamait la bonne nouvelle du règne de Dieu et guérissait toutes sortes de maladies et d’infirmités.
      36 En voyant les foules, il était bouleversé : une profonde pitié s’emparait de lui, car elles étaient comme des brebis abandonnées n’ayant pas de bergers, déprimées, harassées et abattues.
      37 Alors, il dit à ses disciples : — Quelle moisson abondante et si peu d’ouvriers pour la rentrer ! Demandez donc au Seigneur à qui appartiennent le champ et la moisson, qu’il envoie des ouvriers pour rentrer sa récolte.

      Matthieu 10

      1 Jésus appela ses douze disciples et leur conféra l’autorité sur les mauvais esprits avec le pouvoir de les expulser. Il leur donna aussi la puissance de guérir toute maladie et toute infirmité.
      2 Voici les noms des douze apôtres : le premier, Simon appelé Pierre et André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ;
      3 Philippe et Barthélémy ; Thomas et Matthieu, le collecteur d’impôts ; Jacques, fils d’Alphée et Thaddée ;
      4 Simon le zélé et Judas de Kérioth, celui qui allait trahir Jésus.
      5 Ce sont ces douze disciples que Jésus envoya comme ses messagers, après leur avoir fait les recommandations suivantes : — N’allez pas dans les autres pays et n’entrez pas dans les villes de la Samarie.
      6 Rendez-vous plutôt auprès des brebis perdues du peuple d’Israël.
      7 Partout où vous passerez, annoncez que le règne des cieux est proche.
      8 Guérissez les malades, ressuscitez les morts, rendez purs les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.
      9 Ne prenez avec vous ni or, ni argent, ni petite monnaie.
      10 N’emportez ni sac de voyage, ni vêtement de rechange, ni bâton, car celui qui travaille a droit à tout ce qui lui est nécessaire pour vivre.
      11 Chaque fois que vous arriverez dans une ville ou un village, faites-vous indiquer quelqu’un d’honorable qui soit prêt à vous recevoir et restez chez lui jusqu’à ce que vous quittiez l’endroit.
      12 En franchissant le seuil de la maison, prononcez la salutation habituelle, à savoir : « Que la paix repose sur cette demeure ».
      13 Si elle en est digne, votre vœu de bénédiction s’accomplira, et la paix descendra sur elle. Sinon, que votre souhait de paix revienne vers vous.
      14 Si l’on ne veut pas vous accueillir ou écouter vos paroles, quittez cette maison ou cette ville en secouant la poussière attachée à vos pieds.
      15 Vraiment, je vous l’assure : au jour du jugement, les villes de Sodome et de Gomorrhe seront traitées avec moins de rigueur que les habitants de cette ville-là. —
      16 Rappelez-vous que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Que votre devise soit la suivante : « Prudents comme des serpents et candides comme des colombes ».
      17 Soyez sur vos gardes ! Ne vous fiez pas aux hommes, car ils vous traîneront devant les tribunaux et vous feront fouetter dans leurs synagogues.
      18 À cause de moi, vous serez cités devant des gouverneurs et des souverains pour qu’ils puissent entendre votre témoignage aussi bien que les gens des autres pays.
      19 Lorsqu’on vous fera ainsi comparaître devant les autorités, ne vous inquiétez pas d’avance au sujet du contenu ou de la forme de votre plaidoyer : ce que vous devrez dire vous sera inspiré au moment même.
      20 En effet, ce n’est pas vous qui parlerez à ce moment-là, ce sera l’Esprit même de votre Père qui parlera par votre bouche.
      21 Le frère dénoncera son propre frère pour le faire condamner à mort, et le père livrera son enfant. Des enfants se dresseront contre leurs parents et les accuseront pour les faire condamner à mort.
      22 Oui, parce que vous porterez mon nom, tout le monde vous haïra. Mais celui qui tiendra bon jusqu’au bout, celui-là sera sauvé.
      23 Si l’on vous persécute dans telle ville, fuyez dans une autre ; vraiment, je vous l’assure : vous n’achèverez pas le tour de toutes les villes d’Israël avant que le Fils de l’homme ne vienne.
      24 Le disciple ne doit pas s’attendre à un meilleur sort que celui qui l’enseigne, et le serviteur n’est pas plus grand que son maître.
      25 Il suffit au disciple d’égaler celui qui l’enseigne et au serviteur d’être mis sur le même plan que son maître. S’ils ont qualifié le maître de la maison de « chef des démons », à plus forte raison vont-ils le faire pour ceux qui font partie de cette maison.
      26 N’ayez donc pas peur de ces gens-là ! Car tout ce qui se fait sous le voile du secret sera dévoilé au grand jour, et tout ce qui reste caché pour le moment finira par être connu.
      27 Ce que je vous dis entre nous, dans l’ombre, répétez-le ouvertement en plein jour. Ce qu’on vous chuchote dans le creux de l’oreille, proclamez-le du haut des toits en terrasses. —
      28 Ne tremblez donc pas devant ceux qui peuvent tuer le corps, mais qui n’ont pas le pouvoir de faire mourir l’âme. Craignez plutôt celui qui peut vous faire périr corps et âme dans l’enfer.
      29 On vend bien une paire de moineaux pour quelques centimes, n’est-ce pas ? Pourtant, pas un seul d’entre eux ne tombe à terre à l’insu de votre Père et sans qu’il le permette.
      30 Quant à vous, sachez que même les cheveux de votre tête sont tous comptés.
      31 N’ayez donc aucune crainte : vous avez bien plus de valeur que toute une volée de moineaux.
      32 C’est pourquoi, celui qui se déclarera publiquement pour moi, je me déclarerai aussi pour lui devant mon Père céleste.
      33 Mais celui qui m’aura renié devant les hommes, je le renierai à mon tour devant mon Père céleste.
      34 N’allez pas croire que je sois venu apporter la tranquillité sur la terre : ma mission n’est pas d’apporter la tranquillité, mais la lutte.
      35 Oui, je suis venu mettre en opposition le fils et son père, la fille et sa mère, la belle-fille et sa belle-mère :
      36 on aura pour ennemis ceux de sa propre famille.
      37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi. Celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi.
      38 Et celui qui ne se charge pas de sa croix pour me suivre n’est pas digne de moi.
      39 Celui qui s’accroche à sa vie pour la sauver à tout prix, la perdra ; celui qui la perd à cause de moi, la sauvera.
      40 Si quelqu’un vous accueille, c’est moi qu’il accueille. Or celui qui m’accueille, accueille, en fait, celui qui m’a envoyé.
      41 Celui qui accueille un messager de Dieu (parce qu’il est un messager de Dieu) recevra la même récompense que le messager divin lui-même.
      42 Et celui qui accueille un croyant (précisément parce que c’est un croyant) aura la même récompense que le croyant lui-même. Vraiment, je vous l’assure : celui qui aura donné à boire ne serait-ce qu’un verre d’eau fraîche au plus insignifiant de mes disciples, précisément parce qu’il est mon disciple, celui-là ne sera pas oublié lorsqu’on distribuera les récompenses.

      Matthieu 11

      1 Quand Jésus eut achevé de donner ces instructions aux douze disciples, il partit de là pour aller enseigner et prêcher dans différentes localités de la région.
      2 Lorsque, du fond de sa prison, Jean apprit tout ce que faisait le Christ, il envoya vers lui deux de ses disciples pour lui demander : —
      3 Es-tu le Messie promis ou bien devons-nous en attendre un autre ?
      4 Pour toute réponse, Jésus leur dit : — Retournez auprès de Jean et racontez-lui ce que vous êtes en train d’entendre et de voir :
      5 les aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts reviennent à la vie. La Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.
      6 Heureux celui qui ne perdra pas confiance en moi.
      7 Tandis que les envoyés s’éloignaient, Jésus se mit à parler de Jean à la foule : — Pourquoi êtes-vous allés au désert ? leur demanda-t-il. Qu’est-ce que vous avez vu ? Un roseau, ballotté çà et là par le vent ? Certainement pas !
      8 Mais alors, pourquoi y êtes-vous allés ? Pour voir un homme habillé avec élégance ? Généralement, ceux qui portent des habits somptueux et de fines étoffes vivent dans les palais royaux.
      9 Alors, pourquoi donc êtes-vous sortis au désert ? Était-ce pour voir un prophète ? Oui. Et même plus qu’un prophète, c’est moi qui vous le dis.
      10 Car Jean est celui dont il est écrit dans la Bible : Je vais envoyer mon messager pour être ton précurseur, pour te préparer le chemin.
      11 Vraiment, je vous l’assure : parmi les hommes qui ont été enfantés ici-bas, Jean est le plus grand de tous, et pourtant, le plus humble dans le royaume des cieux lui est supérieur.
      12 Depuis l’époque où Jean-Baptiste a paru jusqu’à cette heure, le royaume des cieux a été violemment combattu, des hommes violents ont essayé de s’en emparer de force et l’ont saccagé.
      13 Tous les prophètes, aussi bien que la loi, l’ont prophétisé.
      14 Et, que vous le croyiez ou non, c’est lui, cet Élie qui doit revenir.
      15 Que celui qui est capable d’écouter s’efforce de bien comprendre ce que je viens de dire. —
      16 À qui donc pourrais-je comparer les hommes de notre temps ? À qui ressemblent-ils ? Ils sont comme ces gamins assis sur la place du marché qui crient à leurs camarades :
      17 Quand nous avons joué de la flûte (comme à un mariage), vous n’avez pas dansé. Et quand nous avons chanté des airs d’enterrement, vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.
      18 En effet, Jean est venu, il ne mangeait ni ne buvait comme tout le monde. Qu’est-ce qu’on a dit ? Qu’il n’est pas normal, qu’il est possédé d’un démon !
      19 Le Fils de l’homme vient, il mange et boit comme tout le monde, et vous vous écriez : « Voyez-moi ça, il ne pense qu’à faire bonne chère et à boire du vin, il est l’ami des truands et des vauriens » ! Et cependant, les œuvres que la sagesse (divine) a faites lui ont rendu justice.
      20 Alors, Jésus adressa de sévères reproches aux villes où il avait accompli la plupart de ses miracles, parce que leurs habitants n’avaient pas changé de vie : —
      21 Malheur à toi, Chorazin ! Malheur à toi, Bethsaïda ! Car si les habitants de Tyr et de Sidon avaient vu les miracles qui ont été accomplis chez vous, il y a longtemps qu’ils auraient changé de vie, en revêtant des vêtements de deuil et en se couvrant de cendre.
      22 C’est pourquoi, je vous le déclare : au jour du jugement, ces villes seront traitées avec moins de rigueur que vous.
      23 Et toi, Capernaüm, crois-tu que tu seras élevée jusqu’au ciel ? Pas du tout ! C’est en enfer que tu seras précipitée. Car si Sodome avait été témoin chez elle des miracles qui ont eu lieu chez toi, elle existerait encore aujourd’hui.
      24 C’est pourquoi, je vous le déclare : au jour du jugement, le pays de Sodome sera traité avec moins de rigueur que toi.
      25 Vers cette même époque, Jésus pria en ces termes : — Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces vérités aux sages et aux intelligents, et tu les as dévoilées à ceux qui sont tout petits.
      26 Oui, Père, il en est ainsi, car tel a été ton bienveillant dessein, et je te loue pour cela.
      27 Mon Père a remis toutes choses entre mes mains. Personne ne connaît le Fils, sauf le Père. Personne, non plus, ne connaît réellement le Père, sauf le Fils et celui à qui il plaît au Fils de le faire connaître.

      Matthieu 13

      1 Ce même jour, Jésus sortit de chez lui et alla s’asseoir au bord du lac.
      2 Les gens s’assemblèrent autour de lui. Bientôt, la foule fut si nombreuse qu’il dut se réfugier dans une barque. Il y prit place pour s’adresser à toute la multitude qui se tenait sur le rivage.
      3 Il leur parla longuement et leur exposa bien des choses sous forme de paraboles. — Écoutez bien, leur dit-il : un semeur vient de sortir pour aller semer.
      4 Pendant qu’il répand sa semence, une partie des grains tombe au bord du chemin, les oiseaux viennent et les mangent.
      5 D’autres tombent sur un sol rocailleux, ils ne trouvent qu’une mince couche de terre, ils ne tardent pas à lever parce qu’ils ne trouvent pas moyen de s’enraciner profondément dans le sol.
      6 Mais quand le soleil monte haut dans le ciel et qu’il darde ses rayons, les petits plants sont vite grillés, et comme ils n’ont pas assez de racines, ils sèchent.
      7 D’autres grains tombent au milieu des ronces. Celles-ci grandissent et étouffent les jeunes pousses.
      8 Mais d’autres tombent dans la bonne terre et donnent du fruit avec un rendement de cent, soixante ou trente pour un.
      9 Que celui qui est capable d’écouter s’efforce de bien comprendre ce que je viens de dire.
      10 Alors, ses disciples s’approchèrent de lui et lui demandèrent : — Pourquoi te sers-tu de paraboles pour leur parler ?
      11 Il leur répondit : — Vous avez reçu le privilège de comprendre les vérités cachées du règne des cieux, tandis que cela n’a pas été donné aux autres.
      12 On donnera encore à celui qui garde ce qu’il a reçu, jusqu’à ce qu’il soit dans l’abondance, mais à celui qui ne garde rien, on enlèvera même ce qu’il a.
      13 Voilà pourquoi je leur parle à l’aide de paraboles, parce que tout en ayant des yeux, ils ne voient pas, tout en ayant des oreilles, ils n’entendent ni ne comprennent rien.
      14 En eux s’accomplit cette prophétie d’Ésaïe : Vous aurez beau entendre de toutes vos oreilles, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau voir de vos propres yeux, vous ne saisirez pas.
      15 Car le cœur de ce peuple est devenu insensible, ils ont fait la sourde oreille et ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, et que leurs oreilles n’entendent, de peur que leur cœur ne comprenne et qu’ils aient à se convertir, en sorte que j’aurais pu les guérir (dit Dieu).
      16 Vous, par contre, vous pouvez vous estimer heureux, parce que vos yeux voient et que vos oreilles entendent !
      17 Oui, vraiment, je vous l’assure : beaucoup de prophètes et d’hommes pieux auraient bien voulu voir ce que vous voyez, mais ils ne l’ont pas vu. Ils auraient aimé entendre ce que vous entendez, mais ils ne l’ont pas entendu. —
      18 Écoutez donc ce que signifie la parabole du semeur :
      19 Chaque fois qu’un homme entend le message qui nous parle du règne (de Dieu) et ne s’en pénètre pas, le malin accourt et s’empare de ce qui a été semé dans son cœur. Voilà celui qui a reçu la semence « au bord du chemin ».
      20 Le grain tombé « sur le sol rocailleux » représente celui qui entend la parole et l’accepte aussitôt avec joie,
      21 mais qui ne la laisse pas s’enraciner en lui, c’est un homme inconstant et versatile. Dès que surviennent des difficultés, qu’il faut souffrir ou être persécuté à cause de la parole, il abandonne tout.
      22 D’autres encore ont reçu la semence « au milieu des ronces et des chardons ». Ce sont ceux qui écoutent bien la parole, mais en qui elle reste stérile parce qu’elle est étouffée par les préoccupations matérielles et par l’attrait trompeur des richesses.
      23 D’autres, enfin, ont reçu la semence « dans la bonne terre ». Ce sont ceux qui écoutent la parole et s’en pénètrent. Ceux-là portent du fruit : chez l’un, un grain en rapporte cent, chez un autre soixante, chez un troisième trente.
      24 Ensuite, il leur raconta une autre parabole : — Il en va du règne des cieux comme d’un homme qui avait semé du bon grain dans son champ.
      25 Pendant que tout le monde dormait, son ennemi vint semer de la mauvaise herbe.
      26 Quand le blé eut poussé et produit des épis, on vit aussi paraître la mauvaise herbe.
      27 Les serviteurs vinrent trouver le propriétaire du champ pour lui demander : — Maître, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? Comment se fait-il donc qu’il y pousse de la mauvaise herbe ?
      28 Il leur répondit : — C’est un coup de quelqu’un qui m’en veut. Alors, les serviteurs demandèrent : — Veux-tu donc que nous allions arracher cette mauvaise herbe ? —
      29 Non, répondit le maître, en arrachant la mauvaise herbe, vous risqueriez de déraciner en même temps le blé.
      30 Laissez pousser les deux ensemble jusqu’à la moisson. À ce moment-là, je dirai aux moissonneurs : « Enlevez d’abord la mauvaise herbe et liez-la en bottes pour la brûler. Ensuite vous couperez le blé et vous le rentrerez dans ma grange ».
      31 Jésus leur raconta une autre parabole : — Le règne des cieux peut être comparé à un grain de moutarde qu’un homme aurait pris pour le semer dans son champ.
      32 C’est bien la plus petite de toutes les semences, mais quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et prend si bien l’allure d’un arbre que les oiseaux du ciel viennent nicher dans ses branches.
      33 Il leur raconta une autre parabole : — Le règne des cieux peut être comparé à du levain qu’une femme prend pour le mélanger à une vingtaine de kilos de farine. Finalement, toute la pâte en est pénétrée et se met à lever.
      34 Jésus enseignait ainsi les gens, au moyen de paraboles. D’ailleurs, il ne leur parlait jamais autrement.
      35 De cette manière se réalisait ce que le prophète avait prédit : Je leur parlerai à l’aide de paraboles. Je leur révélerai des mystères cachés depuis la création du monde.
      36 Lorsque Jésus eut congédié la foule et fut rentré dans la maison, ses disciples vinrent se grouper autour de lui pour lui demander : — Explique-nous la parabole de la mauvaise herbe dans le champ.
      37 Il leur répondit : — Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de l’homme ;
      38 le champ, c’est le monde ; la bonne semence, ce sont ceux qui acceptent que Dieu règne sur eux. La mauvaise herbe représente ceux qui obéissent au diable.
      39 L’ennemi qui a semé les mauvaises graines, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges.
      40 Donc, comme on arrache la mauvaise herbe et qu’on la ramasse pour la jeter au feu, ainsi en sera-t-il à fin du monde :
      41 le Fils de l’homme enverra ses anges et ils élimineront de son royaume tous ceux qui incitent d’autres à pécher et tous ceux qui contreviennent à l’ordre de Dieu.
      42 Ils les précipiteront dans la fournaise ardente où il y aura des lamentations et d’amers regrets.
      43 Alors, ceux qui se seront attachés à Dieu resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Que celui qui est capable d’écouter s’efforce de bien comprendre ce que je viens de dire. —
      44 Le règne des cieux est comme un trésor enfoui dans un champ. Un homme le découvre par hasard, puis (comme le champ ne lui appartient pas), il le cache de nouveau. Il s’en va, débordant de joie, et s’empresse de vendre tout ce qu’il possède. Ensuite, il revient acheter ce champ.
      45 Le règne des cieux ressemble encore à un marchand qui chercherait de belles perles :
      46 quand il en a trouvé une de grande valeur, il s’en va vendre tout ce qu’il possède et achète cette perle précieuse. —
      47 Le règne des cieux est encore semblable à un filet que des pêcheurs ont jeté en mer et qui ramasse toutes sortes de poissons.
      48 Une fois le filet rempli, les pêcheurs le tirent sur le rivage, puis ils s’assoient autour et commencent à trier leur prise : ce qui est bon est mis dans des paniers et ce qui ne vaut rien est rejeté à la mer.
      49 C’est ainsi que les choses se passeront à la fin du monde : les anges viendront et sépareront les méchants d’avec les justes.
      50 Ils les précipiteront dans la fournaise ardente où il y aura des lamentations et d’amers regrets.
      51 Avez-vous bien compris tout cela ? — Oui, répondirent-ils.
      52 Alors, Jésus conclut : — Ainsi donc, à qui comparerai-je l’interprète de l’Écriture qui s’est pénétré des mystères du règne des cieux et qui a accepté de laisser Dieu régner dans sa vie ? Il ressemble à un père de famille qui sait tirer de sa réserve des richesses nouvelles qu’il ajoute aux anciennes.
      53 Quand Jésus eut fini de raconter ces paraboles, il partit de là
      54 et retourna dans la ville où il avait grandi. Il se mit à enseigner ses concitoyens dans la synagogue de l’endroit, si bien qu’ils furent tout étonnés et se demandèrent : — D’où tient-il cette sagesse ? Avec quelle puissance accomplit-il ces miracles ?
      55 C’est bien le fils du charpentier ! Marie n’est-elle pas sa mère ? Ses frères sont bien Jacques, Joseph, Simon et Jude !
      56 Ses sœurs ne vivent-elles pas toutes parmi nous ? Alors, où a-t-il pris tout cela ?
      57 C’était pour eux une raison suffisante pour ne pas croire en lui. Alors, Jésus leur dit : — Nulle part on ne refuse d’honorer un homme de Dieu, sauf dans sa patrie et dans sa propre famille.
      58 Aussi ne fit-il là que peu de miracles, parce qu’ils ne croyaient pas (en lui).

      Matthieu 15

      21 En quittant cet endroit, Jésus se rendit dans la région de Tyr de Sidon.
      22 Et voilà qu’une femme cananéenne, qui habitait cette région, sortit de chez elle et se mit à crier : — Seigneur, Fils de David, aie pitié de moi ! J’ai une fille qui souffre horriblement parce qu’un démon la tourmente.
      23 Mais Jésus ne lui répondit pas un mot. Ses disciples finir par intervenir, et ils lui demandèrent avec instance : — Accorde-lui donc ce qu’elle te demande, car elle ne cesse de nous suivre et nous fatigue avec ses cris.
      24 À quoi il répondit : — Ma mission se borne aux brebis égarées du peuple d’Israël.
      25 Mais la femme vint se prosterner devant lui en disant : — Seigneur, aide-moi !
      26 Il lui répondit : — Il ne serait pas juste de prendre le pain des enfants de la maison et de le jeter aux petits chiens. —
      27 C’est vrai, Seigneur, répliqua-t-elle, et pourtant les petits chiens se nourrissent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.
      28 Alors, Jésus reprit : — Ô femme, que ta foi est grande ! Que ton désir s’accomplisse. Et, sur l’heure sa fille fut guérie.
      29 Quand Jésus repartit de ce pays, il retourna dans la région qui borde le lac de Galilée. Il monta sur une colline où il s’assit.
      30 Des foules nombreuses vinrent auprès de lui. Les gens amenaient des boiteux, des aveugles, des sourds-muets, des estropiés et beaucoup d’autres malades. Ils les traînaient jusqu’aux pieds de Jésus, et lui les guérissait.
      31 Tout le monde s’émerveillait de voir les sourds-muets parler, les estropiés reprendre l’usage de leurs membres, les boiteux marcher, les aveugles retrouver la vue, et chacun chantait la gloire du Dieu d’Israël.
      32 Cependant, Jésus réunit ses disciples et leur dit : — Ces gens me font pitié. Voilà déjà trois jours qu’ils sont là, près de moi, et ils n’ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur que les forces ne leur manquent sur le chemin du retour.
      33 Les disciples lui répondirent : — Où pourrions-nous trouver, dans cette solitude, assez de pains pour rassasier une foule pareille ? —
      34 Combien de pains avez-vous ? leur demanda Jésus. — Sept, répondirent-ils, et quelques petits poissons.
      35 Alors, il invita tout le monde à s’installer par terre.
      36 Il prit ensuite les sept pains et les poissons et, après avoir remercié Dieu, il les partagea et les donna aux disciples qui les distribuèrent à la foule.
      37 Tous mangèrent à satiété. On ramassa sept corbeilles pleines de morceaux qui restaient.
      38 Or ceux qui avaient été nourris étaient au nombre de quatre mille hommes, sans compter les femmes et les enfants.
      39 Après avoir congédié la foule, Jésus monta dans une barque et se rendit dans la région de Magadan.

      Matthieu 16

      1 Quelques pharisiens et sadducéens abordèrent Jésus pour lui tendre un piège. Ils lui demandèrent de leur montrer un signe prouvant qu’il venait bien du ciel.
      2 Mais il les apostropha : — Au crépuscule, vous dites bien : « Demain, il fera beau, car le ciel est d’un rouge feu ».
      3 Ou bien à l’aurore, vous dites : « Aujourd’hui, on aura de l’orage, car le ciel rougeoie et s’assombrit ». Ainsi, vous savez parfaitement prévoir le temps qu’il fera d’après l’aspect du ciel, mais vous êtes incapables d’interpréter les événements actuels et de discerner en quel temps vous vivez.
      4 Quelle race perverse ! Elle tourne le dos à Dieu, mais elle réclame de lui des signes et des miracles ! Un signe… il n’en sera pas donné d’autre que celui du prophète Jonas. Là-dessus, il les quitta et partit de là.
      5 Quand les disciples furent arrivés de l’autre côté du lac, ils s’aperçurent qu’ils avaient oublié d’emporter du pain.
      6 Jésus leur dit : — Faites bien attention ! Méfiez-vous soigneusement du levain des pharisiens et des sadducéens. — (Pourquoi a-t-il fait cette remarque ? se demandèrent-ils.)
      7 Sans doute dit-il cela parce que nous n’avons pas pris de pains !
      8 Jésus se rendit compte de ce qu’ils pensaient et leur dit : — Ah, que votre foi est encore bien faible ! Pourquoi vous préoccupez-vous de ne pas avoir de pains ?
      9 Vous n’avez pas encore compris ? Avez-vous déjà oublié les cinq pains distribués aux cinq mille hommes et le nombre de paniers que vous avez remplis avec les restes ?
      10 Ou les sept pains distribués aux quatre mille hommes et le nombre de corbeilles que vous avez emportées ?
      11 Comment pouviez-vous penser qu’il s’agissait de pain quand je vous disais : « Méfiez-vous du levain des pharisiens et des sadducéens » ?
      12 Alors seulement, ils comprirent qu’il leur avait dit de se méfier, non pas du levain que l’on met dans le pain, mais de l’enseignement des pharisiens.
      21 À partir de ce jour, Jésus entreprit d’expliquer à ses disciples ce qui lui arriverait : — Il faut que je me rende à Jérusalem. Là-bas, les anciens du peuple, les chefs des prêtres et les interprètes de la loi m’infligeront toutes sortes de mauvais traitements et me feront beaucoup souffrir. Je serai mis à mort, mais je ressusciterai le troisième jour.

      Matthieu 17

      23 Ils le tueront, mais trois jours plus tard, il ressuscitera. Les disciples furent extrêmement affligés par ces paroles.

      Matthieu 18

      1 À ce moment-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui demandèrent : — Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux ?
      8 Si c’est ta main qui te fait tomber dans le péché, coupe-la et jette-la au loin. Si c’est ton pied qui t’incite à faire le mal, retranche-le, car il vaut mieux pour toi entrer dans la vie manchot ou unijambiste que d’être jeté, avec les deux mains et les deux pieds, dans le feu éternel.
      10 Faites attention ! Ne méprisez pas les gens simples. Je vous l’assure : leurs anges dans les cieux se tiennent constamment en présence de mon Père céleste.
      11 Ce sont précisément ceux qui étaient perdus que le Fils de l’homme est venu sauver.
      12 Qu’en pensez-vous ? Si un homme a cent brebis, et que l’une d’elles s’égare, est-ce qu’il ne va pas laisser les quatre-vingt-dix-neuf autres dans la montagne pour aller à la recherche de celle qui s’est perdue ?
      13 Et s’il réussit à la retrouver, vraiment, je vous l’assure : cette brebis lui causera plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf autres qui ne s’étaient pas égarées.
      14 Il en est exactement de même pour votre Père céleste : il ne veut pas qu’un seul de ces « petits » se perde. —
      15 S’il arrive à ton frère de commettre un péché, va le trouver, parle en tête à tête avec lui et montre-lui sa faute. S’il se laisse convaincre, tu auras gagné ton frère.
      16 S’il ne t’écoute pas, reviens le voir en prenant avec toi une ou deux autres personnes, pour que tout ce qui sera dit soit appuyé sur les déclarations de deux ou de trois témoins.
      17 S’il refuse de vous écouter, dis-le à l’Église. S’il refuse même d’écouter l’Église, mets-le sur le même plan que les incroyants et les gens avec qui vous évitez toute relation.
      18 Vraiment, je vous l’assure : tout ce que vous aurez défendu ou permis sur la terre sera sanctionné par l’autorité divine.
      19 Et j’ajoute que si deux d’entre vous se mettent d’accord ici-bas pour demander quoi que ce soit dans la prière, cela leur sera accordé par mon Père céleste.
      20 Partout, en effet, où deux ou trois sont ensemble, unis en mon nom, je suis présent au milieu d’eux.
      21 Alors, Pierre se rapprocha de Jésus et lui demanda : — Seigneur, si mon frère ne cesse de pécher contre moi, combien de fois devrai-je lui pardonner ? Irai-je jusqu’à sept fois ? —
      22 Non, lui répondit Jésus, je ne te dis pas d’aller jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois.
      23 À ce sujet, voici comment cela se passe dans le royaume des cieux : Un roi voulait régler ses comptes avec les administrateurs de ses biens.
      24 Pour commencer, on lui présenta un débiteur qui lui devait plus d’un milliard d’euros.
      25 Comme ce fonctionnaire n’avait pas de quoi rembourser ce qu’il devait, le maître donna l’ordre de le vendre comme esclave avec sa femme et ses enfants et de liquider tous ses biens pour éteindre sa dette.
      26 Alors, ce dernier se jeta à ses pieds et resta devant le roi, prosterné, le front contre terre, en suppliant : — Sois patient envers moi, accorde-moi un délai et je te rembourserai tout.
      27 Le souverain, pris de pitié pour lui, le renvoie libre, après lui avoir fait cadeau de toute sa dette.
      28 À peine sorti, ce fonctionnaire tombe sur un collègue qui lui doit quelques centaines d’euros. Il l’attrape, lui serre la gorge à l’étrangler : — Paie-moi ce que tu me dois ! lui crie-t-il.
      29 Son camarade se jette à ses pieds et se met à le supplier : — Sois patient envers moi, lui dit-il, accorde-moi un délai et je te rembourserai.
      30 Mais l’autre ne veut rien entendre. Bien plus, il s’en va et le fait jeter en prison en attendant qu’il ait payé tout ce qu’il lui devait.
      31 D’autres collègues, témoins de ce qui s’est passé, en sont profondément révoltés et vont rapporter toute l’affaire à leur maître.
      32 Alors, celui-ci fait convoquer immédiatement le fonctionnaire qui a agi de la sorte : — Espèce de vaurien, lui dit-il, tout ce que tu me devais, je t’en ai fait cadeau parce que tu m’en as supplié.
      33 Ne devais-tu pas, toi aussi, avoir pitié de ton collègue, comme j’ai eu moi-même pitié de toi ?
      34 Et, dans sa colère, son maître le livre aux bourreaux pour qu’ils le mettent en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé toute sa dette.

      Matthieu 19

      9 Mais à l’origine, il n’en était pas ainsi. Aussi, je vous déclare que celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère, sauf en cas d’immoralité sexuelle.
      30 Mais beaucoup de ceux qui sont maintenant les premiers seront parmi les derniers, et beaucoup de ceux qui sont maintenant les derniers seront les premiers.

      Matthieu 20

      16 Voilà comment les derniers seront les premiers et les premiers seront les derniers.
      19 puis ils le remettront entre les mains des étrangers qui se moqueront de lui, le battront à coups de fouet et finiront par le clouer sur une croix. Mais le troisième jour, il ressuscitera.

      Matthieu 22

      1 Jésus continua à leur parler au moyen de paraboles. Il leur dit : —
      2 Il en va du règne des cieux comme d’un roi qui veut célébrer les noces de son fils. Il organise un festin
      3 et envoie ses serviteurs convier les invités aux noces. Mais ceux-ci refusent de venir.
      4 Alors, il envoie d’autres serviteurs pour insister de sa part auprès des invités : — Dites-leur : « J’ai préparé mon banquet, j’ai fait tuer mes jeunes taureaux et mes plus belles bêtes. Tout est prêt. Venez donc aux noces ! ».
      5 Mais cela les laisse parfaitement indifférents et, sans se soucier de l’invitation, ils s’en vont, l’un à son champ, l’autre à ses affaires.
      6 D’autres encore s’emparent des serviteurs, les maltraitent et, finalement, les massacrent.
      7 Quand le roi l’apprend, il devient furieux. Il donne à ses troupes l’ordre d’exterminer ces assassins et de mettre le feu à leur ville.
      8 Ensuite, il dit à ses serviteurs : — Le repas de noces est prêt, mais ceux que j’avais invités n’étaient pas dignes de venir.
      9 Allez donc sur les places d’où partent les rues principales, parcourez les chemins et invitez au festin des noces tous ceux que vous trouverez.
      10 Alors, les serviteurs s’en vont par les routes et rassemblent tous ceux qu’ils rencontrent, mauvais et bons, de sorte que la salle de fête se remplit de monde.
      11 Le roi entre pour examiner l’assistance. Il aperçoit là un homme qui n’a pas d’habit de noces : —
      12 Mon ami, lui demande-t-il, comment as-tu pu entrer ici sans être habillé comme il convient pour un mariage ? L’autre ne trouve rien à répondre.
      13 Alors, le roi dit aux gens de service : — Prenez-le et jetez-le pieds et poings liés dans les ténèbres de dehors où il y a des lamentations et d’amers regrets.
      14 Car beaucoup sont invités, mais ceux qui sont admis sont peu nombreux.

      Matthieu 24

      1 Là-dessus, Jésus quitta la cour du temple. Tandis qu’il s’éloignait, ses disciples le rejoignirent pour lui faire remarquer la beauté de l’édifice.
      2 Alors, il leur dit : — Oui, regardez bien tout cela ! Vraiment, je vous l’assure : tout sera démoli : pas une pierre ne restera sur l’autre.
      3 Puis il alla s’asseoir sur le mont des Oliviers. Ses disciples s’approchèrent et le prirent à l’écart pour lui demander : — Dis-nous quand cela se produira et quel signe précédera ton retour et la fin du monde.
      4 Jésus leur répondit : — Soyez sur vos gardes et faites bien attention que personne ne vous induise en erreur.
      5 Car plusieurs viendront et se présenteront sous mon nom. Ils vous diront : « Je suis le Messie ! » et ils induiront beaucoup de gens en erreur.
      6 Vous entendrez parler de guerres et de menaces de conflits. Attention ! ne vous laissez pas troubler par ces nouvelles, car tout cela doit arriver, mais la fin (du monde) ne viendra que plus tard.
      7 En effet, on verra se dresser race contre race, État contre État. Il y aura, tantôt ici, tantôt là, des épidémies, des famines et des tremblements de terre.
      8 Or, toutes ces choses ne seront que les premières douleurs de l’enfantement (d’un monde nouveau).
      9 Alors, on vous livrera à la torture et l’on vous mènera au supplice. Tout le monde vous détestera, parce que vous porterez mon nom.
      10 À cause de cela, beaucoup de gens abandonneront la foi. On se dénoncera mutuellement, et cela suscitera beaucoup de haine entre les uns et les autres.
      11 De nombreux faux prophètes surgiront, et ils entraîneront beaucoup de gens dans l’erreur et,
      12 comme les gens vivront de plus en plus sans foi ni loi, et que le mal fera des progrès constants, l’amour du plus grand nombre se refroidira.
      13 Mais celui qui tiendra ferme jusqu’au bout sera sauvé.
      14 Cette bonne nouvelle du règne de Dieu sera proclamée dans le monde entier pour que tous les peuples entendent ce témoignage rendu (à la vérité). Alors seulement, viendra la fin.
      15 Quand donc vous verrez l’horrible profanation annoncée par le prophète Daniel s’établir dans le lieu saint (attention, lecteur, réfléchis bien à ce que cela signifie)
      16 alors, ce sera le moment, pour les habitants de la Judée, de se réfugier dans les montagnes.
      17 Que celui qui sera sur son toit en terrasse ne perde pas de temps à rentrer dans sa maison pour emporter ce qui s’y trouve !
      18 Que celui qui sera en plein champ ne retourne pas sur ses pas pour chercher son manteau !
      19 Oui, ces temps seront durs pour les femmes qui attendront un enfant et pour celles qui auront à nourrir un bébé.
      20 Priez pour que votre fuite n’ait pas lieu en hiver ni un jour de sabbat.
      21 Car à ce moment-là, la détresse sera plus terrible que tout ce qu’on a connu depuis que Dieu a créé le monde, et jamais plus on ne verra pareille souffrance.
      22 Vraiment, si le Seigneur n’avait pas fixé une limite à ces jours et ne les avait abrégés, personne n’en réchapperait. Mais il abrégera ce temps de calamité par amour pour ceux qu’il a choisis.
      23 Si quelqu’un vous dit alors : « Voyez, le Christ est ici ! » ou : « Tenez, il est là ! », ne le croyez pas.
      24 De faux Christ se lèveront, ainsi que de faux prophètes. Ils feront de grands miracles et produiront des signes extraordinaires pour que, si la chose était possible, même ceux que Dieu a choisis soient induits en erreur.
      25 Ainsi, vous voilà prévenus. —
      26 Si l’on vous dit : « Regardez, le Christ est dans le désert ! », n’y allez pas. Si l’on prétend : « Il se cache en quelque endroit secret ! », n’en croyez rien.
      27 En effet, quand le Fils de l’homme reviendra, il en sera comme de l’éclair qui jaillit de l’est et illumine tout l’horizon jusqu’à l’ouest.
      28 Le rassemblement (se fera comme) celui des vautours autour d’un cadavre.
      29 Immédiatement après ces jours de détresse, le soleil se couvrira de ténèbres, la lune perdra sa clarté, les étoiles quitteront leur cours, et tomberont du firmament, les forces qui agissent dans le ciel seront ébranlées.
      30 C’est alors que le signe du Fils de l’homme apparaîtra dans le ciel. Alors, tous les peuples de la terre se lamenteront, et ils verront le Fils de l’homme revenir sur les nuées du ciel dans la plénitude de la puissance et de la gloire.
      31 Il enverra ses anges au son des trompettes claironnantes, ils rassembleront ses élus des quatre coins de l’horizon, d’un bout à l’autre de l’univers.
      32 Que le figuier vous serve d’enseignement. Retenez cette image : quand ses rameaux deviennent flexibles et qu’il lui pousse des feuilles, vous en concluez que l’été est proche.
      33 Ainsi, vous aussi, quand vous verrez tous ces événements se produire, vous pouvez être certains que le grand jour est proche et que le Seigneur est à la porte.
      34 Vraiment, je vous l’assure : cette race ne passera pas avant que toutes ces choses ne se réalisent.
      35 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront jamais. —
      36 Personne ne sait quel jour et à quelle heure cela se produira, ni les anges du ciel ni même le Fils. Non, personne, sauf le Père.
      37 Ce qui arriva au temps de Noé arrivera lors du retour du Fils de l’homme :
      38 En effet, à l’époque qui précéda le Déluge, les gens étaient occupés à manger et à boire, à se marier et à marier leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche.
      39 Ils ne se doutèrent de rien, jusqu’au moment où vint le Déluge qui les emporta tous. Ce sera exactement pareil lorsque le Fils de l’homme reviendra.
      40 Alors, deux ouvriers travailleront côte à côte dans un champ : l’un sera emmené, l’autre laissé.
      41 Deux femmes seront en train de tourner ensemble la meule pour moudre leur grain : l’une sera emmenée, l’autre laissée.
      42 Veillez donc, puisque vous ne savez à quel moment votre Seigneur doit revenir.
      43 Si le père de famille savait à quelle heure de la nuit le voleur risque de venir, n’en doutez pas, il resterait éveillé et ferait le guet pour ne pas laisser forcer sa maison.
      44 Pour cette même raison, vous aussi, tenez-vous toujours prêts, car c’est au moment où vous vous y attendrez le moins que le Fils de l’homme reviendra. —
      45 Quel est le serviteur fidèle et intelligent que son maître a établi sur l’ensemble de son personnel pour distribuer à chacun sa nourriture au moment voulu ?
      46 Heureux ce serviteur que le maître, à son retour, trouvera en train d’agir comme je vous le disais !
      47 Vraiment, je vous l’assure : son maître lui confiera la gérance de tout ce qu’il possède.
      48 Si, par contre, c’est un serviteur indigne de confiance, qui se dit : « Mon maître n’est pas près de rentrer »,
      49 et se met à maltraiter ses compagnons de service, à manger et à boire avec les ivrognes,
      50 son maître surviendra inopinément le jour où il ne s’y attendra pas et à une heure tout à fait imprévue.
      51 Il le punira très sévèrement, en le traitant comme on traite des hypocrites. C’est là qu’il y aura des lamentations et d’amers regrets.

      Matthieu 25

      1 — Ce jour-là, le règne des cieux ressemblera à dix jeunes filles qui s’en allèrent, leurs lampes à la main, pour accueillir le marié.
      14 Tout se passera comme pour cet homme qui devait partir pour un long voyage à l’étranger. Il réunit ses serviteurs et leur confia la gérance de sa fortune.
      30 Quant à ce bon à rien de serviteur, jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des lamentations et d’amers regrets. —
      31 Quand le Fils de l’homme reviendra dans la gloire, escorté de tous ses anges, il prendra place sur son trône de gloire.

      Matthieu 26

      34 Jésus reprit : — Vraiment, je te l’assure : cette nuit même, avant le chant du coq, tu m’auras déjà renié trois fois.

      Matthieu 27

      9 Ainsi se réalisa la prédiction du prophète Jérémie : Ils ont pris les trente pièces d’argent, le prix auquel ils ont estimé celui qui est précieux par-dessus toutes choses. Oui, c’est à ce prix-là que l’ont évalué les descendants d’Israël et qu’ils l’ont vendu.
      46 Vers trois heures, Jésus poussa un grand cri : — Eli, Eli, lema sabachthani ? Ce qui veut dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
      63 pour lui dire : — Seigneur, nous nous sommes rappelé que de son vivant, cet imposteur a dit : « Après trois jours, je ressusciterai ».

      Marc 1

      2 par l’accomplissement de ce qui est écrit dans le prophète Ésaïe : Voici, j’envoie un messager pour te précéder. Il t’ouvrira la voie.
      12 Aussitôt après (son baptême), l’Esprit fit partir Jésus au désert.
      30 La belle-mère de Simon est couchée, en proie à une forte fièvre. On s’empresse d’en informer Jésus.
      32 Le soir, après le coucher du soleil, on lui amène tous les malades et tous les gens qui sont sous l’emprise d’un esprit démoniaque.

      Marc 2

      1 Quelques jours plus tard, Jésus retourna à Capernaüm. On apprit rapidement qu’il se trouvait dans telle maison.
      2 Les gens accoururent en si grand nombre qu’il n’y eut bientôt plus de place, même devant la porte. Pendant qu’il leur annonce le message,
      3 voilà un groupe qui arrive, amenant un paralysé porté par quatre hommes.
      4 Mais impossible de s’approcher de Jésus à cause de la foule. Alors, les porteurs montent sur la terrasse qui forme le toit de la maison, enlèvent quelques poutres, juste au-dessus de l’endroit où se tient Jésus et, par cette ouverture, font descendre le brancard avec le paralysé.
      5 Lorsque Jésus voit leur confiance en lui, il dit au paralysé : — Mon enfant, tes péchés te sont pardonnés.
      6 Or, il y a dans l’assistance quelques interprètes de la loi qui se disent en eux-mêmes : —
      7 Comment cet homme ose-t-il parler ainsi ? C’est du blasphème ! Qui d’autre que Dieu peut pardonner les péchés ?
      8 Instantanément, Jésus pénètre, par son esprit, les réflexions qu’ils se font à eux-mêmes : — Pourquoi raisonnez-vous ainsi en vous-mêmes ? leur dit-il.
      9 Qu’est-ce qui est plus facile de dire au paralysé : « Tes péchés te sont pardonnés » ou : « Lève-toi, prends ton lit et marche » ?
      10 Eh bien, vous saurez que le Fils de l’homme a les pleins pouvoirs sur la terre pour accorder le pardon des péchés.
      11 C’est pourquoi, poursuit-il en s’adressant au paralysé, je te l’ordonne : lève-toi, emporte ton brancard et rentre chez toi.
      12 Sur le champ, l’homme saute sur ses pieds, il saisit son brancard et sort de la maison devant tout le monde. Tous sont stupéfaits et comme hors d’eux-mêmes. Ils rendent gloire à Dieu disant : — Jamais nous n’avons rien vu de pareil !
      26 C’était à l’époque où Abiathar était grand-prêtre. David entra dans la maison de Dieu, mangea des pains consacrés à Dieu que seuls les prêtres avaient le droit de manger. Et il en donna aussi à ceux qui étaient avec lui.

      Marc 3

      5 Profond silence ! Jésus promena son regard sur eux. Il fut profondément attristé par tant d’aveuglement et indigné par la dureté de leurs cœurs. Il dit à l’homme : — Étends ton bras. Il le fit, et sa main fut guérie.
      20 Après cela, Jésus retourna dans une maison, et, de nouveau, la foule s’y pressa au point que lui et ses disciples n’arrivaient même plus à manger.
      31 La mère et les frères de Jésus arrivèrent. Ils restèrent dehors devant la maison et le firent appeler.

      Marc 4

      1 Un autre jour, Jésus était de nouveau en train d’enseigner au bord du lac. Autour de lui, la foule s’assembla si nombreuse qu’il fut obligé de s’installer dans une barque et d’aller vers le large pendant que les gens restaient face au lac, le long du rivage.
      2 Il leur apprenait bien des choses sous forme de paraboles. Pendant qu’il les enseignait, il raconta l’histoire suivante : —
      3 Écoutez bien, leur dit-il : le semeur vient de sortir pour aller semer.
      4 Pendant qu’il jette sa semence, il arrive que des grains tombent au bord du chemin ; les oiseaux viennent et les mangent.
      5 D’autres tombent sur un sol rocailleux où ils ne trouvent qu’une mince couche de terre ; ils ne tardent pas à lever, parce que la terre sur laquelle ils sont tombés n’est pas profonde.
      6 Mais quand le soleil monte haut dans le ciel et qu’il darde ses rayons, les petits plants sont vite brûlés et, comme ils n’ont guère de racines, ils dessèchent et meurent.
      7 D’autres grains tombent au milieu des ronces ; celles-ci grandissent et étouffent les jeunes pousses avant qu’elles n’aient produit leur fruit.
      8 D’autres encore tombent dans la bonne terre et forment des épis qui croissent et se développent jusqu’à maturité, avec un rendement de trente, soixante ou même cent pour un.
      9 Et Jésus d’ajouter : « Que celui qui est capable d’écouter s’efforce de bien comprendre ce que je viens de dire ».
      10 Lorsqu’ils furent seuls avec lui, ses intimes ainsi que les douze le questionnèrent sur le sens des paraboles qu’il venait de raconter.
      11 Il leur dit : — Vous avez reçu le privilège de comprendre les vérités cachées du règne de Dieu, mais pour les autres, pour ceux du dehors, tout cela n’est qu’histoires et images,
      12 de sorte qu’ils ont beau regarder de tous leurs yeux, ils ne saisissent pas ; ils ont beau écouter attentivement, ils ne comprennent pas ; de peur qu’un jour, ils ne se convertissent et ne reçoivent le pardon de leurs fautes.
      13 Puis il leur dit : — Vraiment, vous ne comprenez pas cette parabole ? Comment alors pourrez-vous comprendre toutes les autres paraboles ?
      14 Le semeur, c’est celui qui sème la parole.
      15 Certains hommes se trouvent « le long du chemin » où elle est semée : à peine l’ont-ils entendue que Satan vient arracher la parole que le semeur a déposée dans leur cœur.
      16 Puis il y a ceux qui reçoivent la semence « dans des endroits rocailleux » : quand ils entendent la parole, ils l’acceptent tout de suite avec joie,
      17 mais comme ils sont inconstants, ils ne lui permettent pas de s’enraciner en eux, de sorte qu’elle n’a qu’une influence éphémère. Si les difficultés surviennent, s’ils doivent souffrir ou subir la persécution à cause de cette parole, aussitôt ils vacillent dans leur foi et font défection.
      18 D’autres reçoivent la semence « parmi les ronces », ce sont ceux qui écoutent bien la parole,
      19 mais dans leur cœur s’insinuent, en même temps, les soucis de ce monde, l’attrait trompeur des richesses et toutes sortes d’autres désirs. Tout cela étouffe la parole entendue, qui ne porte aucun fruit dans leur vie.
      20 Enfin, il y a ceux qui reçoivent la semence « dans la bonne terre » : ce sont ceux qui écoutent la parole, qui l’assimilent et en qui elle porte du fruit. Un grain en donne trente, un autre soixante, un autre cent.
      21 Il leur dit aussi : — Est-ce qu’on apporte une lampe allumée pour la mettre sous une mesure à grains ou sous un lit ? Sa place n’est-elle pas sur son support ?
      22 Chaque mystère doit être dévoilé un jour. Si des choses ont été cachées, c’est pour être découvertes. Tout ce qui a été tenu secret est destiné à paraître au grand jour.
      23 Que celui qui est capable d’écouter s’efforce de bien comprendre ce que je viens de dire.
      24 Et il ajouta : — Faites bien attention à ce que vous entendez, car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous servez, et vous recevrez même un surplus.
      25 Car on donnera à celui qui sait conserver ce qu’il a, mais à celui qui ne garde rien, on ôtera même ce qu’il a reçu.
      26 Il dit aussi : — Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui a répandu de la semence dans son champ.
      27 À présent, qu’il dorme ou qu’il veille, au fil des jours et des nuits, le grain germe et la plante grandit sans qu’il s’en occupe. Il ne prend pas garde à la manière dont cela se passe.
      28 La terre travaille toute seule pour faire pousser le blé : d’abord la tige, puis l’épi vert et enfin les grains de blé.
      29 Et lorsque le grain est mûr, l’homme n’a plus qu’à y mettre la faucille, car la moisson est à point.
      30 Il continua en disant : — À quoi pourrions-nous encore comparer le règne de Dieu ? Par quelle nouvelle image pourrions-nous le représenter ?
      31 Tenez : il en est de lui comme d’un grain de moutarde : lorsque vous le jetez en terre, c’est la plus minuscule des semences du monde.
      32 Mais une fois semée, elle monte et devient plus grande que toutes les plantes du jardin. Elle pousse des rameaux si grands que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre.
      33 Par beaucoup de paraboles de ce genre, il annonçait à ses auditeurs la parole (de Dieu) en s’adaptant à leurs facultés de compréhension.
      34 C’est pourquoi il employait toujours des images en leur parlant et, lorsqu’il était seul avec ses disciples, il leur donnait l’explication de toutes ces paraboles.
      35 Ce même jour, à la tombée de la nuit, il leur dit : — Passons de l’autre côté du lac.
      36 Ils renvoyèrent la foule et emmenèrent Jésus dans la barque. D’autres bateaux les accompagnaient.
      37 Or, voilà que, soudain, un vent violent se déchaîne, les vagues se jettent contre la barque. L’eau commence à la remplir.
      38 Pendant ce temps, Jésus dort à l’arrière du bateau, la tête posée sur un coussin. Les disciples le secouent pour le réveiller : — Maître, lui crient-ils, tu ne vois pas que nous sommes en train de périr ? Tu ne t’en soucies pas ?
      39 Alors, il se lève, lance au vent un ordre impératif et crie à la mer : — Silence ! Tais-toi ! Le vent tombe, l’orage cesse. Un grand calme se répand sur les eaux.
      40 Puis il dit à ses disciples : — Pourquoi avez-vous eu si peur ? Qu’est-il arrivé à votre foi ? N’avez-vous pas encore confiance ?
      41 Mais eux sont saisis d’une grande crainte et ils chuchotent entre eux : « Qui peut bien être cet homme, pour que même le vent et les eaux du lac lui obéissent ? »

      Marc 5

      1 Ils arrivèrent de l’autre côté du lac, dans la région de Gérasa.
      2 Au moment même où Jésus débarquait, un homme qui était sous l’emprise d’un mauvais esprit sortit du cimetière et vint à sa rencontre.
      3 Cet homme habitait dans les tombeaux. Personne ne pouvait plus le lier, même avec une chaîne.
      4 Plusieurs fois, on l’avait enchaîné et on lui avait mis des fers aux pieds, mais il cassait les chaînes et mettait les fers en pièces : personne ne pouvait le maîtriser.
      5 Sans cesse, nuit et jour, il errait parmi les tombes et sur les montagnes en hurlant et en se jetant contre les rochers.
      6 Dès qu’il voit Jésus, il accourt de loin, se jette à terre devant lui
      7 et lui crie de toutes ses forces : — Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu très-haut ? Je t’en supplie, au nom de Dieu, laisse-moi tranquille, ne me tourmente pas !
      8 Car Jésus lui disait : — Esprit mauvais, sors de cet homme !
      9 Puis il demande au démon : — Quel est ton nom ? — Je m’appelle Légion, lui répond-il, car nous sommes toute une armée.
      10 Et il demande instamment à Jésus de ne pas les expulser du pays.
      11 Près d’eux, un grand troupeau de porcs est en train de paître sur la montagne.
      12 Les esprits mauvais supplient Jésus : — Envoie-nous dans ces cochons, laisse-nous entrer en eux !
      13 Il y consent. Ils sortent donc de cet homme pour entrer dans les porcs. Aussitôt, le troupeau, qui compte environ deux mille bêtes, s’élance impétueusement du haut de la falaise pour se précipiter dans le lac et s’y noyer.
      14 Leurs gardiens s’enfuient et vont raconter l’histoire dans la ville et dans les fermes. Les gens viennent pour se rendre compte de ce qui s’est passé.
      15 Arrivés auprès de Jésus, ils aperçoivent l’homme qui avait été tourmenté par cette légion de démons : il est assis là, correctement habillé et tout à fait normal. Alors, ils sont saisis d’un sentiment d’effroi.
      16 Les témoins de l’événement leur racontent en détail ce qui est arrivé à cet homme et aux porcs,
      17 et les gens se mettent à supplier Jésus de quitter leur contrée.
      18 Au moment où il remonte dans la barque, l’homme qui a été délivré des démons lui demande s’il peut rester avec lui.
      19 Mais Jésus ne le lui permet pas. Il lui dit : — Va, rentre chez toi, auprès des tiens, et raconte-leur ce que le Seigneur a fait pour toi et comment il a eu pitié de toi.
      20 Alors, cet homme s’en va et se met à annoncer dans la région des dix villes (à l’est du Jourdain) ce que Jésus a fait pour lui. Et tous ceux qui l’écoutent sont remplis d’admiration.
      41 Il lui prend la main en disant : — Talitha koumi, ce qui veut dire : jeune fille, lève-toi, je te l’ordonne.

      Marc 6

      38 Jésus reprit : — Allez voir combien vous avez de pains. Ils allèrent se renseigner et revinrent lui dire : — Il y a cinq pains et deux poissons.

      Marc 7

      24 En partant de là, Jésus se rendit dans la région de Tyr. Il entra dans une maison et ne voulut pas qu’on sache qu’il était là, mais il ne réussit pas à cacher sa présence.
      25 En effet, à peine était-il arrivé qu’une femme qui avait entendu parler de lui, et dont la fillette était sous l’emprise d’un mauvais esprit, vint se jeter à ses pieds.
      26 C’était une femme étrangère née dans la Syro-Phénicie. Elle le supplia de chasser le démon qui tourmentait sa fille.
      27 Jésus répondit : — Il faut permettre aux enfants de la maison de se rassasier d’abord : ce n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. —
      28 Sans doute, Seigneur, répliqua-t-elle, pourtant, les petits chiens peuvent manger sous la table quelques miettes de pain que les enfants laissent tomber.
      29 Et Jésus de répondre : — À cause de cette réponse, va, retourne chez toi, le démon vient de quitter ta fille.
      30 Elle rentra chez elle et trouva effectivement l’enfant reposant calmement sur son lit : le démon était parti.
      31 Jésus quitta la région de Tyr et, passant par Sidon, il regagna le lac de Galilée en traversant le territoire des dix villes.
      32 En chemin, on lui amena un sourd qui parlait difficilement et on le pria de lui imposer les mains.
      33 Jésus l’emmena seul avec lui loin de la foule, il lui mit ses doigts dans les oreilles et, après les avoir humectés avec sa propre salive, il lui toucha la langue.
      34 Puis il leva les yeux au ciel, poussa un profond soupir et dit : — Ephphatha, ce qui veut dire : ouvre-toi.
      35 Aussitôt, les oreilles de cet homme s’ouvrirent, sa langue se délia et il se mit à parler distinctement comme tout le monde.
      36 Jésus recommanda aux assistants de n’en rien dire à personne, mais plus il le leur défendait, plus ils en parlaient.
      37 Remplis d’une admiration sans bornes, ils s’écriaient : — Tout ce qu’il fait est magnifique. Il fait même entendre les sourds et parler les muets !

      Marc 8

      1 En ces jours-là, une grande foule s’assembla de nouveau autour de lui et, une fois de plus, elle n’avait rien à manger. Jésus fit approcher ses disciples et leur dit : —
      2 Ces gens me font pitié, voilà déjà trois jours qu’ils ne me quittent pas et ils n’ont rien à manger.
      3 Si je les renvoie maintenant chez eux à jeûn, ils vont tomber en défaillance en chemin, car certains d’entre eux sont venus de loin.
      4 Ses disciples lui répondirent : — Comment veux-tu qu’on trouve ici, dans cette solitude, assez de pain pour les faire manger à leur faim ? —
      5 Combien avez-vous de pains ? — Nous en avons sept, répondirent-ils.
      6 Alors, il pria tout le monde de s’asseoir par terre, il prit les sept pains et, après avoir prononcé la bénédiction, il les partagea et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Ce qu’ils firent.
      7 Ils avaient aussi quelques menus poissons à leur disposition. Jésus les bénit et les fit aussi distribuer.
      8 Tous mangèrent à leur faim. Finalement, on ramassa sept corbeilles pleines de restes.
      9 Or, environ quatre mille hommes (sans compter les femmes) avaient été nourris ainsi. Jésus leur dit ensuite de partir.
      10 Aussitôt après, il s’embarqua avec ses disciples et se rendit au pays de Dalmanoutha.
      11 Les pharisiens l’accostèrent et commencèrent à discuter avec lui et à lui poser toutes sortes de questions pour l’embarrasser. Ils voulaient lui tendre un piège et exigeaient qu’il leur fasse voir quelque signe miraculeux dans le ciel pour montrer que Dieu l’avait envoyé.
      12 Jésus poussa un profond soupir et dit : — Pourquoi ces gens de notre temps réclament-ils un miracle ? Vraiment, je vous assure qu’ils n’en auront aucun !
      13 Il les quitta, remonta dans la barque et regagna l’autre rive.
      14 En route, les disciples s’aperçurent qu’ils avaient oublié d’emporter des pains ; ils n’avaient qu’un seul pain pour tous ceux qui étaient dans la barque.
      15 Jésus les avertit : — Attention ! méfiez-vous du levain des pharisiens et de celui d’Hérode.
      16 Ils réfléchissaient au sens de cette parole et en discutaient entre eux : — Pourquoi a-t-il fait cette remarque ? Sans doute parce que nous n’avons pas pris (assez) de pains.
      17 Jésus se rendit compte de ce qu’ils pensaient : — Quelle idée ! leur dit-il. Comment pouvez-vous supposer qu’il s’agit des pains que vous n’avez pas ? Pourquoi vous faites-vous du souci à ce sujet ? Vous n’avez pas encore compris ? Vous ne réfléchissez donc pas ? Votre intelligence est-elle si aveuglée ?
      18 Vous avez des yeux, mais vous ne voyez pas ; vous avez des oreilles, mais vous n’entendez pas ! Avez-vous tout oublié ?
      19 Quand j’ai partagé les cinq pains entre les cinq mille hommes, combien de paniers pleins de restes avez-vous ramassés ? — Douze, lui répondirent-ils. —
      20 Et quand j’ai partagé les sept pains entre les quatre mille hommes, combien de corbeilles pleines de morceaux avez-vous emportées ? — Sept, dirent-ils.
      21 Alors, il ajouta : — Ne comprenez-vous pas encore ?
      22 Ils arrivèrent à Bethsaïda. On lui amena un aveugle en lui demandant de le toucher.
      23 Jésus prit l’aveugle par la main et le conduisit hors du village, puis il lui mouilla les yeux avec sa salive, lui imposa les mains et lui demanda : — Vois-tu quelque chose ?
      24 L’aveugle regarda et répondit : — J’aperçois des hommes. On dirait des arbres qui se déplacent.
      25 Alors, Jésus posa encore une fois ses mains sur les yeux de l’aveugle. Celui-ci regarda droit devant lui. À ce moment-là, il vit tout distinctement, même de loin.
      26 Jésus le renvoya chez lui en lui disant : — Ne passe pas par le village !
      31 À partir de ce moment, il commença à leur apprendre que le Fils de l’homme devait beaucoup souffrir, qu’il serait rejeté par les chefs des Juifs, les grands-prêtres et les interprètes de la loi, qu’on le ferait mourir et qu’il ressusciterait trois jours après.

      Marc 9

      21 Depuis combien de temps cela lui arrive-t-il ? demanda Jésus à son père. — Depuis qu’il est tout petit.
      31 car il voulait se consacrer à l’instruction de ses disciples. Il leur répétait : — Le Fils de l’homme va être livré entre les mains des hommes. Ils le feront mourir, mais trois jours après qu’il aura été mis à mort, il ressuscitera.
      36 Puis il prit un petit enfant par la main, le plaça au milieu d’eux et, après l’avoir serré dans ses bras, il leur dit : —
      43 Si ta main te fait tomber dans le péché, coupe-la : mieux vaut entrer dans la vie avec une seule main que d’aller avec les deux dans l’enfer où le feu ne s’éteint jamais.

      Marc 10

      1 Jésus se remit en route pour se rendre aux confins de la Judée, puis au-delà du Jourdain. De nouveau, les foules se rassemblèrent autour de lui et, une fois de plus, selon son habitude, il se mit à les enseigner.
      2 Survinrent des pharisiens qui lui posèrent cette question pour le prendre au piège : — Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ?
      3 Il leur demanda à son tour : — Qu’est-ce que Moïse vous a ordonné ? —
      4 Moïse, lui dirent-ils, a permis de renvoyer sa femme, à condition de lui donner un certificat de divorce.
      5 Et Jésus de répliquer : — Moïse vous a concédé cette réglementation parce que vous avez des cœurs de pierre.
      6 Mais à l’origine, au moment de la création du monde, les choses étaient différentes. Dieu a créé un homme et une femme.
      7 C’est pourquoi il est dit : L’homme quittera père et mère pour se lier à sa femme,
      8 et les deux ne feront plus qu’un, si bien qu’ils ne seront plus deux, mais un seul être.
      9 Que l’homme ne dissocie donc pas une unité que Dieu lui-même a créée.
      10 Une fois rentrés à la maison, les disciples lui posèrent de nouveau des questions à ce sujet.
      11 Il leur dit : — Celui qui divorce d’avec sa femme et en épouse une autre, commet un adultère vis-à-vis de la première.
      12 Et si une femme divorce d’avec son mari et épouse un autre homme, elle aussi commet un adultère.
      13 Alors, quelques personnes présentent à Jésus des petits enfants pour qu’il les touche, mais les disciples s’interposent et rabrouent ceux qui les amènent.
      14 Lorsque Jésus s’en aperçoit, il se fâche et leur dit : — Laissez donc ces petits enfants venir vers moi et n’essayez pas de les en empêcher, car le royaume de Dieu appartient à ceux qui leur ressemblent.
      15 Vraiment, je vous l’assure : celui qui n’accepte pas le royaume de Dieu avec la mentalité d’un petit enfant, n’y entrera jamais.
      16 Là-dessus, il les prend l’un après l’autre dans ses bras, pose ses mains sur eux et les bénit.
      17 Au moment de partir, un homme accourt, se jette à genoux devant lui et lui demande : — Ô Maître, toi qui es bon, dis-moi : que puis-je faire pour gagner la vie éternelle ? —
      18 Pourquoi m’appelles-tu bon ? lui demande Jésus. Nul n’est bon, sauf Dieu.
      19 Tu n’es pas sans connaître les commandements : Ne commets pas de meurtre, pas d’adultère, ne vole pas, ne rends pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne,
      20 respecte ton père et ta mère. — Mais, Maître, lui répond l’homme, tout cela je l’ai scrupuleusement observé dès ma prime jeunesse !
      21 Jésus pose sur cet homme un regard plein d’affection et lui dit : — Une chose te manque… Va ! Vends tout ce que tu possèdes, donnes-en le produit aux pauvres, cela te fera un trésor au ciel. Ensuite, viens faire route avec moi.
      22 À ces mots, l’homme s’assombrit, et il s’éloigne le cœur lourd… C’est qu’il est très riche.
      23 Jésus parcourt lentement du regard le cercle de ses disciples, puis il leur dit : — Qu’il est difficile à ceux qui ont des richesses, et qui y sont attachés, d’entrer dans le royaume de Dieu !
      24 Cette affirmation surprend les disciples, mais Jésus insiste : — Oui, mes enfants, vous ne savez à quel point il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu.
      25 Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.
      26 En entendant cela, les disciples sont de plus en plus étonnés. — Mais alors, se demandent-ils entre eux, qui donc peut être sauvé ?
      27 Jésus les regarde droit dans les yeux et leur dit : — Oui, c’est tout à fait impossible aux hommes, mais non pas à Dieu, car pour Dieu, tout est possible.
      28 Alors, Pierre lui fait remarquer : — Et nous alors, tu sais que nous avons tout laissé pour te suivre ?
      29 C’est vrai, lui répond Jésus, et je vous le promets : personne n’aura quitté maison, frères, sœurs, mère, père, enfants ou terres à cause de moi et de la Bonne Nouvelle
      30 sans recevoir cent fois plus à partir de maintenant, même pendant cette vie : maisons, frères, sœurs, enfants et terres – avec des persécutions en surplus – et dans l’âge à venir, la vie éternelle.
      31 Mais beaucoup de ceux qui sont maintenant les premiers seront alors parmi les derniers, et beaucoup de ceux qui sont maintenant les derniers seront parmi les premiers.
      32 Les voilà à présent en route pour monter à Jérusalem. Jésus marche en tête, ses disciples sont étonnés et consternés. Ceux qui le suivent encore le font avec crainte. De nouveau, Jésus prend les douze à part et leur annonce ce qui doit lui arriver : —
      33 Comme vous le voyez, nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands-prêtres et aux interprètes de la loi. Ils le condamneront à mort et le remettront entre les mains des étrangers
      34 qui le ridiculiseront, lui cracheront au visage, le feront battre à coups de fouet et le feront mourir. Mais au bout de trois jours, il ressuscitera.
      35 Alors, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de lui et lui disent : — Maître, nous avons une demande à t’adresser et nous voudrions que tu nous l’accordes, quelle qu’elle soit. —
      36 Et que voulez-vous que je fasse pour vous ? leur répond-il. —
      37 Promets-nous qu’au jour de ton triomphe dans ton royaume glorieux, nous siégerons I’un à ta droite et l’autre à ta gauche.
      38 Mais Jésus leur dit : — Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous demandez ! Est-ce que vous êtes capables de boire la coupe (de douleur) que je dois boire, ou de passer par le baptême (de souffrance) que j’aurai à subir ? —
      39 Oui, lui répondent-ils, nous en sommes capables. Alors, Jésus reprend : — C’est bien, vous boirez en effet la coupe que je dois boire, et vous subirez le baptême par lequel j’aurai à passer,
      40 mais quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de vous l’accorder : ces places appartiennent à ceux pour qui elles sont déjà réservées.
      41 Lorsque les dix autres surprennent cet entretien, ils se fâchent contre Jacques et Jean.
      42 Mais Jésus les appelle tous ensemble près de lui et leur dit : — Vous savez comment cela se passe dans le monde : ceux qui sont considérés comme chefs et maîtres exercent sur leurs peuples un pouvoir despotique, et les puissants d’entre eux les tyrannisent en abusant de leur autorité.
      43 Il ne faut pas qu’il en soit ainsi parmi vous. Au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, prendra la place d’un serviteur,
      44 et s’il veut être à la tête des autres, qu’il soit prêt à être l’esclave de tous.
      45 Car le Fils de l’homme lui-même n’est pas venu pour se faire servir, mais pour servir et donner sa vie pour payer la rançon de beaucoup d’hommes.
      46 Entre-temps, ils arrivent à Jéricho. Lorsque Jésus et ses disciples sortent de la ville, une foule nombreuse les accompagne. Le fils de Timée, Bartimée, un mendiant aveugle, est assis à sa place habituelle près de la route.
      47 Lorsqu’il entend dire que c’est Jésus de Nazareth, il se met à crier : — Jésus, Fils de David, aie pitié de moi !
      48 Beaucoup de gens le rabrouent et insistent avec menaces pour qu’il se taise. Mais il n’en continue pas moins à crier de plus belle : — Fils de David, aie pitié de moi !
      49 Jésus s’arrête et dit : — Faites-le venir. On appelle l’aveugle en lui disant : — Courage, lève-toi, il t’appelle.
      50 À ces mots, il se lève d’un bond, jette son manteau et s’élance vers Jésus.
      51 Jésus lui demande : — Que veux-tu que je fasse pour toi ? — Cher Maître, lui répond l’aveugle, fais que je puisse voir. —
      52 Va, lui dit Jésus, ta foi t’a guéri. À l’instant, il recouvre la vue et se joint à Jésus pour le suivre.

      Marc 12

      41 Puis Jésus s’assit en face du tronc et observa les gens qui y jetaient leur offrande. Beaucoup de riches y avaient déjà déposé de fortes sommes d’argent quand arriva une pauvre veuve.
      42 Elle y mit deux piécettes de cuivre valant quelques centimes.
      43 Alors, Jésus appela ses disciples et leur dit : — Vraiment, je vous l’assure : de tous ceux qui ont mis de l’argent dans le tronc, c’est cette pauvre veuve qui a donné le plus.
      44 Car tous les autres ont donné de leur superflu, mais elle, dans sa pauvreté, elle a sacrifié de son nécessaire, elle a donné tout ce qu’elle possédait pour vivre ; oui, en quelque sorte, c’est sa vie elle-même qu’elle a déposée dans le tronc.

      Marc 13

      1 Lorsque Jésus s’éloigna du temple, un de ses disciples s’exclama : — Regarde, Maître, quelles belles pierres ! Quel édifice magnifique !
      2 Jésus lui répondit : — Oui, regarde bien ces grandes constructions : il ne restera pas une pierre sur l’autre, tout sera démoli.
      3 Puis il alla s’asseoir sur les pentes du mont des Oliviers, en face du temple. Pierre, Jacques, Jean et André le prirent à part et lui demandèrent : —
      4 Quand cela arrivera-t-il ? Et quel signe nous permettra de savoir que tous ces événements seront près de s’accomplir ?
      5 Là-dessus, Jésus commença un discours : — Soyez sur vos gardes, leur dit-il, et faites bien attention que personne ne vous induise en erreur.
      6 En effet, plusieurs viendront et se présenteront sous mon nom en disant : « Je suis le Messie », et ils induiront en erreur bien des gens.
      7 Quand vous entendrez parler de guerres et de menaces de conflits au près et au loin, ne vous laissez pas troubler : toutes ces choses doivent nécessairement arriver, mais la fin (du monde) ne viendra que plus tard.
      8 En effet, on verra se dresser race contre race, État contre État. Il y aura, tantôt ici et tantôt là, des tremblements de terre, de terribles famines et des calamités de toutes sortes. Ce ne seront que les premières douleurs de l’enfantement (d’un monde nouveau).
      9 Quant à vous, soyez sur vos gardes : on vous traduira en justice, on vous fera fouetter dans les synagogues, vous comparaîtrez devant des gouverneurs et des souverains à cause de moi, pour être mes témoins devant eux.
      10 Il faut avant tout que la Bonne Nouvelle soit proclamée à toutes les nations.
      11 Quand on vous emmènera pour vous traîner devant les tribunaux, ne vous inquiétez pas de ce que vous aurez à dire, n’essayez pas de préparer vos réponses à l’avance, mais dites simplement ce qui vous sera inspiré au moment même : les paroles que vous prononcerez ne viendront pas de vous, mais de l’Esprit saint qui parlera par votre bouche.
      12 Les hommes livreront leurs propres frères à la mort, les pères dénonceront leurs enfants, les enfants se mettront à accuser leurs parents et les feront condamner à mort.
      13 Il viendra un temps où le monde entier vous haïra, parce que vous portez mon nom. Mais celui qui tiendra ferme jusqu’au bout sera sauvé.
      14 Quand vous verrez l’horrible profanation usurpant une place qui ne lui revient pas (attention ! lecteur, réfléchis bien à ce que cela signifie) alors, ce sera le moment pour les habitants de la Judée de s’enfuir dans les montagnes.
      15 Que celui qui sera sur le toit en terrasse ne perde pas de temps à rentrer dans sa maison pour emporter quelque bien,
      16 que celui qui se trouvera dans les champs ne retourne pas sur ses pas pour chercher son manteau.
      17 Oui, ces temps seront durs pour les femmes qui attendront un enfant et pour celles qui auront à nourrir un bébé !
      18 Priez Dieu pour que votre fuite n’ait pas lieu en hiver
      19 car, en ces jours-là, la détresse sera plus terrible que toutes celles qu’on a connues depuis que Dieu a créé le monde, et jamais plus on ne verra pareille souffrance.
      20 Vraiment, si le Seigneur n’avait fixé une limite à ces jours, personne n’en réchapperait, mais il a abrégé ce temps de calamité par amour pour ceux qu’il a choisis pour qu’ils soient à lui.
      21 Si alors quelqu’un vous dit : « Voyez, le Christ est ici ! », ou : « Tenez, il est là ! », ne le croyez pas.
      22 De faux christs se lèveront, ainsi que de faux prophètes. Ils feront de grands miracles et produiront des signes extraordinaires pour que, si la chose était possible, même ceux que Dieu a choisis soient induits en erreur.
      23 Vous voilà prévenus, je vous ai tout annoncé d’avance pour que vous soyez sur vos gardes.
      24 Cependant, à cette même époque, après ces jours d’angoisse, le soleil se couvrira de ténèbres, la lune perdra sa clarté,
      25 les étoiles quitteront leur cours et tomberont du firmament ; les forces qui agissent dans le ciel seront bouleversées et le cosmos entier sera désorganisé.
      26 Alors, on verra apparaître le Fils de l’homme revenant sur les nuées, dans toute sa puissance et sa gloire.
      27 Il enverra ses anges d’un bout de la terre à l’autre pour rassembler, des quatre points cardinaux, ceux que Dieu a choisis.
      28 Que le figuier vous serve d’enseignement. Retenez cette image : quand ses rameaux deviennent souples et que ses feuilles poussent, vous en concluez que l’été est proche.
      29 Ainsi, vous aussi, quand vous verrez se produire tous ces événements, vous pouvez être certains que le Fils de l’homme est proche, il est comme aux portes de la ville.
      30 Je vous déclare solennellement que cette race ne passera pas avant que toutes ces choses ne se réalisent.
      31 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront jamais.
      32 Personne ne sait quel jour et à quelle heure cela se produira : ni les anges du ciel ni même le Fils, non, personne sauf le Père.
      33 Ayez constamment les yeux ouverts, soyez vigilants et prêts, puisque vous ne savez pas quand viendra l’heure décisive.
      34 Tout se passera comme lorsqu’un homme part pour un long voyage : il quitte sa maison et en confie la responsabilité à ses serviteurs, il leur délègue son autorité et assigne à chacun sa tâche, il recommande à celui qui garde la porte d’être constamment vigilant à son poste.
      35 Veillez donc, vous de même, de peur qu’en arrivant à l’improviste, le maître de la maison ne vous trouve endormis.
      36 En effet, vous ne savez pas quand il reviendra : le soir, au milieu de la nuit, à l’aube ou dans la matinée.
      37 Je ne vous dis qu’une chose, et je la dis à tous : veillez !

      Marc 14

      30 Toi, lui répond Jésus, vraiment, je te l’assure : aujourd’hui, oui, cette nuit même, avant que le coq ne chante deux fois, tu m’auras déjà renié trois fois.
      36 Père, implore-t-il, pour toi, tout est possible. Détourne de moi cette coupe, écarte cette épreuve. Toutefois, ne fais pas ce que je désire, mais que ta volonté soit faite.
      51 Un jeune homme le suit pourtant, couvert seulement d’un morceau d’étoffe.

      Luc 1

      1 Plusieurs personnes ont entrepris de rédiger l’histoire des événements qui se sont déroulés parmi nous,
      2 d’après les rapports des témoins qui les ont vus de leurs propres yeux depuis le commencement (du ministère de Jésus), qui ont obéi à la parole de Dieu et l’ont répandue.
      3 J’ai donc décidé, cher ami de Dieu, de faire, à mon tour, une enquête exacte sur tout ce qui s’est passé. J’ai recueilli des informations précises sur tous les événements depuis leur origine, je les ai vérifiés soigneusement et je vais te les exposer par écrit d’une manière suivie.
      4 Ainsi, tu pourras constater que les enseignements qui t’ont été donnés de vive voix sont vrais et entièrement dignes de confiance.
      5 Tout a commencé à l’époque où Hérode était roi de Judée. En ce temps-là, il y avait un prêtre nommé Zacharie. Il faisait partie de la classe sacerdotale d’Abia. Sa femme Élisabeth appartenait (comme lui) à la descendance d’Aaron.
      6 Tous deux étaient pieux et vivaient sous le regard de Dieu. Ils observaient fidèlement tous les commandements du Seigneur et leur conduite était irréprochable.
      7 Ils vivaient sans enfant : Élisabeth ne pouvait pas en avoir et tous deux étaient déjà très âgés.
      8 Un jour, alors que la classe (d’Abia) était chargée des fonctions sacerdotales, Zacharie assurait son service devant Dieu.
      9 En effet, suivant la coutume des prêtres, il avait été désigné par le sort pour offrir l’encens dans le sanctuaire du Seigneur.
      10 C’était l’heure de l’offrande des parfums, toute la multitude des fidèles se tenait dehors (dans le parvis) pour prier.
      11 Tout à coup, un ange du Seigneur apparut, debout à la droite de l’autel des parfums.
      12 Quand Zacharie le vit, il fut troublé, et la peur s’empara de lui.
      13 Mais l’ange lui dit : — N’aie pas peur, Zacharie, car Dieu a entendu ta prière fervente. Ta femme Élisabeth te donnera un fils. Tu l’appelleras Jean.
      14 Il sera pour toi un sujet de joie et de bonheur ; beaucoup de gens se réjouiront de sa naissance.
      15 Il sera un grand homme, précieux aux yeux de Dieu. Il ne boira ni vin ni boisson alcoolisée. Dès avant sa naissance, il sera rempli de l’Esprit saint.
      16 Par son action, beaucoup d’Israélites se convertiront et reviendront au Seigneur, leur Dieu.
      17 Il marchera en précurseur sous le regard de Dieu, dans le même esprit et avec la même puissance que le prophète Élie, pour réconcilier les parents avec leurs enfants, pour amener ceux qui sont désobéissants à penser comme des hommes justes et pour former ainsi un peuple bien disposé, prêt à accueillir le Seigneur.
      18 Zacharie demanda à l’ange : — Comment reconnaîtrai-je que tu dis vrai ? Car je suis moi-même déjà vieux et ma femme est très âgée.
      19 L’ange lui répondit : — Je suis Gabriel. Je me tiens devant Dieu pour le servir, il m’a envoyé pour te parler et t’annoncer cette heureuse nouvelle.
      20 Mais, puisque tu n’as pas cru à mes paroles, tu vas devenir muet et tu ne pourras prononcer un seul mot jusqu’au jour où tout ce que je t’ai dit se réalisera, car, sois-en certain, mes paroles s’accompliront au temps prévu.
      21 Pendant ce temps, la foule attendait Zacharie et s’étonnait de le voir rester si longtemps dans le sanctuaire.
      22 Lorsqu’il sortit enfin, il fut incapable de leur parler, il pouvait seulement s’expliquer par gestes. Ils comprirent alors qu’il avait eu une vision dans le sanctuaire. Et il resta muet.
      23 Lorsqu’il eut terminé son temps de service au temple, il rentra chez lui.
      24 Quelque temps après, sa femme Élisabeth remarqua qu’elle était enceinte et, pendant cinq mois, elle vécut retirée dans sa maison. Elle se disait : —
      25 C’est l’œuvre du Seigneur ! Il a jeté un regard favorable sur moi, il a voulu effacer le déshonneur qui pesait sur moi aux yeux de tous.
      26 Six mois plus tard, Dieu envoya l’ange Gabriel dans une ville de Galilée appelée Nazareth
      27 chez une jeune fille fiancée à un homme appelé Joseph, un descendant du roi David. Cette jeune fille s’appelait Marie.
      28 En entrant dans sa chambre, l’ange lui dit : — Réjouis-toi ! Le Seigneur est avec toi et t’accorde sa faveur.
      29 Marie fut profondément troublée par ces paroles, elle se demanda ce que pouvait bien signifier cette salutation.
      30 L’ange lui dit alors : — N’aie pas peur, Marie, car Dieu t’a accordé sa faveur.
      31 Bientôt, tu seras enceinte et tu mettras au monde un fils ; tu le nommeras Jésus.
      32 Il sera grand. Il portera le titre de « Fils du Très-Haut », et le Seigneur Dieu lui donnera un pouvoir royal semblable à celui de David, son ancêtre.
      33 Il régnera éternellement sur la maison de Jacob et son règne ne cessera jamais.
      34 Marie dit à l’ange : — Comment est-ce possible, puisque je n’ai de relations avec aucun homme ?
      35 Mais l’ange lui répondit : — L’Esprit saint descendra en toi, et la puissance du Dieu très-haut t’enveloppera comme d’une ombre. C’est pourquoi l’enfant auquel tu donneras naissance sera saint, et on l’appellera Fils de Dieu.
      36 D’ailleurs, ta cousine Élisabeth, malgré son grand âge, attend, elle aussi, un fils. On disait qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfant, et voici qu’elle en est maintenant à son sixième mois,
      37 car pour Dieu, rien n’est impossible et aucune de ses promesses ne demeure sans accomplissement.
      38 Alors, Marie répondit : — J’appartiens au Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu viens de le dire. Et l’ange la quitta.
      39 Peu après, Marie s’empressa de partir pour la région montagneuse du territoire de Juda (où vivait sa cousine).
      40 Elle entra chez Zacharie et salua Élisabeth.
      41 Au moment où celle-ci entendit la salutation de Marie, elle sentit son enfant remuer en elle. Elle fut elle-même remplie du Saint-Esprit
      42 et s’écria à haute voix : — Bénie sois-tu entre toutes les femmes, et béni soit l’enfant que tu portes en toi !
      43 Comment ai-je mérité l’honneur d’une visite de la mère de mon Seigneur ?
      44 Car, vois-tu, au moment même où je t’ai entendue me saluer, mon enfant s’est mis à bondir de joie en moi.
      45 Tu es heureuse, toi qui as cru que la promesse du Seigneur s’accomplira.
      46 Alors, Marie se mit à chanter : Mon âme déborde de louanges et chante la grandeur du Seigneur.
      47 Mon esprit exulte de joie et triomphe en Dieu, mon Sauveur.
      48 Car il a bien voulu jeter les yeux sur son humble servante. C’est pourquoi, dans tous les âges à venir, on dira que je suis la plus heureuse des femmes.
      49 Car le Tout-Puissant a fait pour moi un grand miracle. Saint est son nom.
      50 Il témoigne sa bonté de génération en génération à tous ceux qui le révèrent.
      51 Il est intervenu avec toute sa puissance pour disperser ceux qui portent dans leur cœur des desseins orgueilleux.
      52 Il a précipité les puissants de leur trône, mais il a élevé les humbles au premier rang.
      53 Il a comblé de biens ceux qui étaient affamés et renvoyé les mains vides ceux qui étaient riches et satisfaits.
      54 Il a pris en main la cause d’Israël, du peuple qui le sert, et il est venu à son secours.
      55 Il s’est souvenu de sa bonté envers Abraham et il n’a pas oublié de la manifester à ses descendants. Il a tenu la promesse qu’il avait faite à nos ancêtres. Sa parole demeure à jamais.
      56 Marie resta environ trois mois avec Élisabeth, puis elle retourna chez elle.
      57 Le moment arriva où Élisabeth devait accoucher. Elle donna naissance à un fils.
      58 Ses voisins et les membres de sa famille avaient appris quelle faveur le Seigneur lui avait témoignée. Ils se réjouirent avec elle.
      59 Le huitième jour après la naissance, ils vinrent pour la circoncision du nouveau-né. On voulait l’appeler Zacharie comme son père,
      60 mais sa mère intervint et dit : — Non, il s’appellera Jean. —
      61 Mais, lui fit-on remarquer, personne dans ta famille ne porte ce nom-là !
      62 Alors, ils interrogèrent le père par des signes, pour savoir comment il voulait que l’enfant soit appelé.
      63 Zacharie se fit apporter une tablette à écrire. Au grand étonnement de tous, il y traça ces mots : — Son nom est Jean.
      64 Au même instant sa bouche et sa langue furent déliées, et il put de nouveau parler ; il se mit à louer Dieu.
      65 Tous les gens du voisinage furent remplis d’un saint respect, et l’on se racontait ces événements partout dans les montagnes de Judée.
      66 Tous ceux qui en entendaient parler étaient profondément impressionnés et se demandaient : — Que deviendra cet enfant ? Car, visiblement, le Seigneur le bénissait.
      67 Zacharie, son père, fut rempli de l’Esprit saint et prophétisa en ces termes :
      68 Loué et béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, car il est venu visiter et libérer son peuple !
      69 Il a fait naître pour nous, parmi les descendants du roi David, un puissant libérateur.
      70 Depuis le commencement des temps, il l’avait annoncé par la voix de ses saints prophètes et il vient d’accomplir sa promesse.
      71 Ce Sauveur nous délivrera de nos ennemis et de l’emprise de tous ceux qui nous haïssent.
      72 Il nous a témoigné ainsi sa compassion, comme à nos ancêtres, et il s’est souvenu de son alliance sainte,
      73 conformément à ce qu’il avait juré à Abraham, notre ancêtre,
      74 qu’après nous avoir délivrés du pouvoir de nos ennemis, il nous accorderait la grâce
      75 de le servir sans crainte et de marcher en sa présence dans la sainteté et la droiture tous les jours de notre vie.
      76 Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Dieu très-haut, car tu précéderas le Seigneur et tu prépareras le chemin pour sa venue.
      77 Tu feras savoir à son peuple qu’il peut être sauvé et tu lui diras que ses péchés lui seront pardonnés.
      78 Que la compassion de notre Dieu est merveilleuse ! Dans sa bonté paternelle, il a fait lever pour nous un jour nouveau sur lequel brille la lumière céleste, une lumière aussi éclatante que celle du soleil levant.
      79 Elle éclairera ceux qui vivent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, et elle guidera nos pas sur le chemin de la paix. Le petit enfant grandissait et se développait spirituellement. Plus tard, il vécut dans des endroits déserts, jusqu’au jour où il commença son ministère public au milieu du peuple d’Israël.

      Luc 2

      1 En ce temps-là, l’empereur Auguste publia un édit par lequel il ordonna d’inscrire sur la liste (des contribuables) tous les habitants de l’Empire romain.
      2 Ce recensement, le premier du genre, fut organisé à l’époque où Quirinius était gouverneur de la province de Syrie.
      3 Tout le monde allait se faire inscrire dans la localité d’où ses ancêtres étaient originaires.
      4 C’est ainsi que Joseph, lui aussi, partit de Nazareth et monta de la Galilée vers la Judée, à Bethléhem, la ville natale de David, parce qu’il était un descendant direct de David.
      5 Il allait se faire inscrire avec Marie, sa fiancée qui attendait un enfant.
      6 Or, durant leur séjour à Bethléhem, le moment de la naissance arriva.
      7 Marie mit au monde son premier-né : un fils. Elle l’emmaillota dans des langes et le coucha dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux à l’intérieur du caravansérail.
      8 Dans les champs environnants, des bergers passaient la nuit à la belle étoile et surveillaient tour à tour leurs troupeaux.
      9 Tout à coup, ils virent apparaître devant eux un ange du Seigneur resplendissant d’une gloire divine. La peur s’empara d’eux.
      10 Mais l’ange les rassura : — N’ayez pas peur, car je viens vous annoncer une heureuse nouvelle qui sera, pour tout le peuple (de Dieu), un très grand sujet de joie :
      11 cette nuit même, dans la ville de David, est né votre Sauveur, celui qui vous délivrera. C’est le Messie, le Seigneur.
      12 Et voici comment vous le reconnaîtrez : vous trouverez (dans le village) un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire.
      13 Et tout à coup, apparut aux côtés de l’ange une multitude d’anges de l’armée céleste qui chantaient les louanges de Dieu : —
      14 Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! Paix sur la terre aux hommes qu’il aime !
      15 Quand les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent l’un à l’autre : — Allons à Bethléhem pour voir ce qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître.
      16 Ils se dépêchèrent donc d’y aller et, après avoir cherché, ils découvrirent Marie et Joseph avec le nouveau-né couché dans une mangeoire.
      17 Quand ils le virent, ils racontèrent ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant.
      18 Tous ceux qui les entendaient étaient émerveillés du récit des bergers.
      19 Marie conservait précieusement, dans sa mémoire, le souvenir de ces événements et y repensait souvent.
      20 Les bergers s’en retournèrent en chantant la gloire et les louanges de Dieu, car tout ce qu’ils avaient vu et entendu correspondait parfaitement à ce que l’ange leur avait annoncé.
      21 Huit jours plus tard, l’enfant devait être circoncis. On lui donna le nom de Jésus, nom que l’ange avait indiqué avant qu’il n’ait été conçu.
      22 La loi de Moïse ordonne (que la mère vive retirée durant quarante jours après l’accouchement). Quand ce temps fut passé, les parents se rendirent à Jérusalem pour accomplir (en faveur de la mère) la cérémonie dite « de purification », et pour présenter l’enfant au Seigneur afin de le lui consacrer.
      23 En effet, il est écrit dans la loi divine : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur.
      24 Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi de Dieu : une paire de tourterelles ou deux jeunes pigeons.
      25 Il y avait alors, à Jérusalem, un homme appelé Siméon. C’était un homme droit, d’une piété profonde et sincère. Le Saint-Esprit reposait sur lui, et il vivait dans l’attente de celui qui devait sauver Israël.
      26 En effet, l’Esprit saint lui avait révélé qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Messie, l’envoyé du Seigneur.
      27 Poussé par l’Esprit, il vint donc au temple au moment où les parents de Jésus apportaient le petit enfant pour accomplir, à son sujet, les rites habituels ordonnés par la loi.
      28 Siméon le prit dans ses bras et loua Dieu en disant :
      29 Maintenant, Seigneur et Maître, tu peux rappeler ton serviteur. Je m’en vais en paix : tu as tenu ta promesse,
      30 car j’ai vu, de mes yeux, le Sauveur qui vient de toi,
      31 et que tu destines à tous les peuples.
      32 Il sera la lumière qui éclairera les nations et la gloire d’Israël, ton peuple.
      33 Le père et la mère de Jésus étaient émerveillés par ce qu’il disait de lui.
      34 Siméon les bénit et dit à Marie, sa mère : — Rappelle-toi que cet enfant est destiné à être, pour beaucoup de gens en Israël, une occasion de chute ou de relèvement. Il sera un sujet de contestation. Il provoquera la contradiction.
      35 Mais de cette manière, les pensées cachées et les mobiles profonds de bien des gens seront dévoilés. Quant à toi, Marie, tu le ressentiras comme si une épée te transperçait le cœur.
      36 Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très âgée. Dans sa jeunesse, elle avait été mariée durant sept années,
      37 puis elle était devenue veuve et avait vécu seule jusqu’à quatre-vingt-quatre ans. Elle demeurait au temple qu’elle ne quittait jamais, servant Dieu nuit et jour, en jeûnant et en priant.
      38 Elle aussi survint au même moment et se mit à louer Dieu. Elle parla de l’enfant à tous ceux qui, à Jérusalem, vivaient dans l’attente du Libérateur.
      39 Après avoir accompli tout ce que la loi du Seigneur ordonnait, Marie et Joseph retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur village.
      40 Le petit enfant grandissait et se développait. Il était très intelligent et il était évident que la faveur de Dieu reposait sur lui.
      41 Les parents avaient l’habitude de se rendre chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque.
      42 Quand Jésus eut douze ans, ils y montèrent comme de coutume pour la fête (et pour la première fois, Jésus les accompagnait).
      43 Après la fête, ils prirent le chemin du retour, mais Jésus, leur fils, resta à Jérusalem sans que ses parents l’aient remarqué.
      44 Ils supposèrent qu’il se trouvait avec les autres pèlerins de la caravane. Sans s’inquiéter, ils firent une journée de marche avant de se mettre à sa recherche parmi leurs parents et leurs connaissances.
      45 Comme ils ne le trouvèrent pas, ils retournèrent à Jérusalem, demandant partout si on ne l’avait pas vu.
      46 Au bout de trois jours enfin, ils le découvrirent dans la cour du temple, assis au milieu des rabbins, écoutant leurs explications et leur posant des questions.
      47 Tous ceux qui l’entendaient s’émerveillaient de son intelligence et de ses réponses.
      48 Quand ses parents le virent là, l’émotion les saisit, ils n’en croyaient pas leurs yeux. Sa mère lui dit : — Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Ton père et moi, nous t’avons cherché partout et nous étions très inquiets à ton sujet. —
      49 Pourquoi vous êtes-vous fait du souci ? leur répondit Jésus. Pourquoi m’avez-vous cherché ? Vous ne saviez donc pas que je dois être dans la maison de mon Père, que je dois m’occuper de ses affaires ?
      50 Mais ses parents ne comprirent pas sa réponse.
      51 Il revint avec eux et retourna à Nazareth, où il continuait à leur obéir. Sa mère gardait précieusement dans son cœur le souvenir de tout ce qui s’était passé.
      52 Et Jésus continuait à grandir. Son intelligence s’affinait. Il se rendait toujours plus agréable à Dieu et aux hommes.

      Luc 3

      8 Prouvez donc, par vos actes, que votre désir est sincère et que vous voulez réellement changer (de vie). Ne vous imaginez pas qu’il vous suffit de répéter : « Nous sommes les descendants d’Abraham ». En effet, regardez ces pierres, je vous déclare que Dieu pourrait en faire des enfants d’Abraham.
      9 Attention ! (le temps est court). La hache est sur le point d’attaquer la racine des arbres : tout arbre qui ne porte pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.
      16 Pour répondre à ces questions, Jean leur fit cette déclaration publique : — Il est vrai que je vous baptise, mais ce n’est que dans l’eau. Quelqu’un va venir, quelqu’un de plus puissant que moi. Je ne mérite même pas de dénouer les lanières de ses sandales. Lui, il vous baptisera dans l’Esprit saint et le feu.

      Luc 4

      1 En revenant du Jourdain, Jésus, rempli de l’Esprit saint, fut conduit par lui dans le désert,
      2 pour être mis à l’épreuve par le diable durant quarante jours. Pendant tout ce temps, il ne mangea rien. Aussi fut-il très affamé à la fin de cette période.
      3 C’est alors que le diable l’aborda en ces termes : — Si vraiment tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de se changer en miche de pain.
      4 Jésus répondit : — Il est écrit (dans la Bible) : L’homme n’a pas seulement besoin de pain pour vivre.
      5 Après cela, le diable l’entraîna sur une haute montagne.
      6 Il lui montra en un clin d’œil tous les royaumes de la terre et lui dit : — C’est à toi que je donnerai la domination universelle ainsi que les richesses et la gloire de ces royaumes. Car tout cela a été remis entre mes mains et m’appartient. Aussi j’en dispose à mon gré et je les donne à qui je veux.
      7 Si donc tu te prosternes devant moi, tout cela t’appartiendra.
      8 Jésus lui répondit : — Il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu le serviras, lui seul.
      9 Le diable le conduisit ensuite à Jérusalem, le plaça au bord de la terrasse du temple et lui dit : — Si réellement tu es le Fils de Dieu, saute d’ici et jette-toi dans le vide, car l’Écriture déclare :
      10 Dieu chargera ses anges de veiller sur toi
      11 ou encore : Ils te porteront dans leurs bras pour que ton pied ne se cogne à aucune pierre. —
      12 Oui, répliqua Jésus, mais il est aussi écrit : Tu n’essayeras pas de forcer la main au Seigneur, ton Dieu.
      13 Lorsque le diable eut épuisé tous ses moyens de tentation, il s’éloigna de lui et le laissa tranquille… en attendant le temps fixé pour revenir à la charge.
      38 En sortant de la synagogue, il se rendit à la maison de Simon. Or, la belle-mère de Simon souffrait d’une violente fièvre, et l’on demanda à Jésus de faire quelque chose pour elle.
      40 Au coucher du soleil, tous ceux qui avaient chez eux des malades atteints des maux les plus divers les amenèrent à Jésus. Il posa ses mains sur chacun d’eux et les guérit.

      Luc 5

      1 Un jour que Jésus se tenait sur les bords du lac de Génézareth, la foule se pressait autour de lui pour écouter la parole de Dieu.
      2 Il aperçut deux barques amarrées près du rivage. Les pêcheurs en étaient descendus et nettoyaient leurs filets.
      3 Il monta dans l’une de ces barques appartenant à Simon et lui demanda de s’éloigner un peu du bord, puis il s’assit dans la barque et se mit à enseigner la foule.
      4 À la fin de son discours, il dit à Simon : — Avance vers le large, là où l’eau est profonde, puis, toi et tes compagnons, vous jetterez vos filets pour pêcher. —
      5 Maître, lui répondit Simon, nous avons peiné toute la nuit et nous n’avons rien attrapé, mais puisque tu me le demandes, je vais encore une fois lancer les filets.
      6 Ils le firent, et prirent tant de poissons que leurs filets menaçaient de se déchirer.
      7 Alors, ils firent signe à leurs associés dans l’autre barque, leur demandant de venir les aider. Ceux-ci s’approchèrent, et l’on remplit les deux barques, au point qu’elles étaient près de couler.
      8 En voyant cela, Simon Pierre se jeta aux pieds de Jésus et lui dit : — Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme souillé par le péché.
      9 En effet, il se sentait envahi, lui et tous ses compagnons, par un sentiment d’effroi à cause de la pêche extraordinaire qu’ils venaient de faire.
      10 Il en était de même de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Alors, Jésus dit à Simon : — Rassure-toi, à partir de maintenant, tu seras pêcheur d’hommes.
      11 Dès qu’ils eurent ramené leurs barques au rivage, ils laissèrent tout et suivirent Jésus.
      12 Un autre jour, il était dans l’une des villes de la Galilée quand survint un homme entièrement couvert de lèpre. En voyant Jésus, il se prosterna devant lui, face contre terre, et lui adressa cette prière : — Seigneur, si tu le veux, tu peux me guérir et me rendre pur.
      13 Jésus étendit sa main et le toucha en disant : — Oui, je le veux : sois purifié. À l’instant même, la lèpre disparut.
      14 Il lui recommanda de ne rien dire à personne. — Va, lui dit-il, montre-toi au prêtre (pour qu’il te déclare guéri) et offre pour ta purification le sacrifice que Moïse a prescrit. Cela leur prouvera qui je suis.
      15 La réputation de Jésus se répandait de plus en plus ; partout, on parlait de lui. Les gens affluaient en masse pour l’entendre et pour se faire guérir de leurs maladies.
      16 Mais lui se retirait dans un endroit solitaire pour prier.
      17 Un jour, il était en train d’enseigner. Des pharisiens et des docteurs de la loi se mêlèrent à l’auditoire. Ils étaient venus de tous les villages de la Galilée et de la Judée ainsi que de Jérusalem. La puissance du Seigneur reposait sur Jésus et se manifestait par des guérisons.
      18 Voilà que survinrent des hommes portant un paralysé sur une civière. Ils cherchaient à le faire entrer dans la maison pour le déposer devant Jésus.
      19 Mais pas moyen de parvenir jusqu’à lui, tellement la foule était dense. Alors, ils montèrent sur la terrasse de la maison, enlevèrent quelques tuiles et, à travers l’ouverture, ils firent descendre le malade sur sa civière au milieu de l’assistance, juste devant Jésus.
      20 Lorsqu’il vit quelle confiance ils avaient en lui, Jésus dit au paralysé : — Mon ami, tes péchés te sont pardonnés.
      21 Les interprètes de la loi et les pharisiens se mirent à raisonner et à discuter entre eux : « Qui est donc cet homme qui se permet de prononcer des paroles aussi blasphématoires ? Est-il quelqu’un, en dehors de Dieu, qui puisse pardonner les péchés ? »
      22 Mais Jésus, qui savait ce qui se passait en eux, leur dit : — Pourquoi avez-vous de telles pensées dans vos cœurs ?
      23 Qu’est-ce qui est plus facile à dire : « Tes péchés te sont pardonnés », ou : « Lève-toi et marche » ?
      24 Eh bien ! pour vous convaincre que le Fils de l’homme a, sur la terre, les pleins pouvoirs pour pardonner les péchés… Lève-toi, dit-il, en s’adressant au paralysé, je te le commande, prends ta civière et rentre chez toi.
      25 Aussitôt, devant tout le monde, l’homme sauta sur ses pieds, prit le lit sur lequel il était couché, et partit pour rentrer chez lui, tout en célébrant la grandeur de Dieu.
      26 Les témoins de la scène furent tous saisis d’admiration et s’écrièrent : — Gloire à Dieu ! Pénétrés d’un saint respect, ils disaient : — C’est incroyable ! C’est extraordinaire ! Quelles choses merveilleuses nous avons vues s’accomplir sous nos yeux aujourd’hui !
      27 En sortant de la maison, Jésus remarqua, en passant, un collecteur d’impôts nommé Lévi, installé à son bureau de péage. Il l’appela en disant : « Viens, deviens mon disciple ».
      28 Là-dessus, l’homme se leva, quitta tout et suivit Jésus.
      29 Lévi organisa dans sa maison une grande réception en l’honneur de Jésus. Beaucoup de collecteurs d’impôts et d’autres amis assistaient au repas.
      30 Les pharisiens et les interprètes de la loi qui appartenaient à leur parti, s’indignaient et s’en prenaient aux disciples de Jésus : — Comment pouvez-vous manger et boire avec ces collecteurs d’impôts, ces gens qui vivent dans le péché ?
      31 Jésus répondit à leur place : — Ceux qui sont en bonne santé peuvent se passer de médecin, mais ce sont les malades qui en ont besoin.
      32 Je ne suis pas venu appeler les gens qui s’estiment pieux et respectables à changer de vie, mais tous ceux qui vivent dans le péché. —
      33 Comment se fait-il, lui demandèrent certains, que les disciples de Jean, tout comme ceux des pharisiens, d’ailleurs, se soumettent à des jeûnes fréquents et respectent des temps de prière, alors que les tiens ne font que festoyer et boire ? —
      34 Voyons, leur répondit-il, vous voudriez faire jeûner les invités de la noce pendant que le marié est avec eux ?
      35 Le temps viendra bien assez tôt où celui-ci leur sera enlevé. Ce sera pour eux le moment de jeûner.
      36 Pour illustrer ce qu’il voulait leur dire, il se servit encore de la comparaison suivante : — Personne ne songe à couper un morceau d’un habit neuf pour rapiécer de vieilles hardes. Sinon on abîme l’habit neuf, et la pièce d’étoffe qu’on y aura découpée jure avec le vieil habit.
      37 Personne, non plus, ne met du vin qui fermente encore dans de vieilles outres, sinon le vin nouveau fait éclater les outres ; il se répand et les récipients sont perdus.
      38 Mais non ! Pour du vin nouveau, il faut des outres neuves.
      39 Bien sûr, quand on a bu du vin vieux, on n’en désire pas du nouveau. En effet, on se dit : « Le vieux est excellent, et il me convient ».

      Luc 6

      17 En descendant avec eux de la colline, Jésus s’arrêta sur un plateau où de nombreux disciples l’attendaient. Une foule immense se pressait autour de lui, venue de toute la Judée, de Jérusalem et de la région littorale de Tyr et de Sidon.
      20 Alors, Jésus, se tournant vers ses disciples, dit : — Combien vous êtes heureux, vous qui ne possédez rien, car le royaume de Dieu vous appartient.
      26 Malheur à vous si tous les hommes chantent vos louanges, car c’est ainsi que leurs ancêtres ont agi à l’égard des faux prophètes. —
      43 Il est impossible qu’un bon arbre porte de mauvais fruits, ou qu’un mauvais arbre produise de bons fruits.
      49 Mais celui qui écoute seulement mes paroles, sans les mettre en pratique, ressemble à un homme qui aurait bâti sa maison directement sur la terre meuble, sans lui donner de fondations : dès que les eaux du fleuve se sont jetées contre elle, cette construction s’est écroulée, et il n’en est resté qu’un grand tas de ruines.

      Luc 7

      1 Après avoir dit au peuple tout ce qu’il avait à lui dire, Jésus se rendit à Capernaüm.
      2 L’esclave d’un officier romain était gravement malade, il était sur le point de mourir. Or, son maître l’estimait beaucoup et tenait à lui.
      3 Quand il entendit parler de Jésus, l’officier lui envoya quelques notables juifs pour lui demander de venir guérir son esclave.
      4 Quand ils arrivèrent auprès de lui, ils lui transmirent sa demande avec beaucoup d’insistance, disant : — Cet homme mérite vraiment que tu lui accordes cette faveur.
      5 En effet, il aime notre peuple : il a même fait bâtir notre synagogue à ses frais.
      6 Jésus se mit à les suivre. Lorsqu’il ne fut plus qu’à une faible distance de la maison de l’officier, celui-ci lui envoya dire par des amis : — Maître, ne te donne pas tant de peine, car je ne suis pas qualifié pour te recevoir dans ma maison.
      7 D’ailleurs, c’est pour cela que je n’ai pas osé venir personnellement te trouver. Mais prononce seulement un mot, et mon esclave sera guéri.
      8 Car moi-même qui ne suis qu’un officier subalterne, j’ai pourtant des soldats sous mes ordres. Et quand je dis à l’un : « Va ! », je sais qu’il ira. Quand je commande à un autre : « Viens ! », il vient. Quand je demande à mon esclave : « Fais ceci ! », il le fait.
      9 En entendant cela, Jésus fut rempli d’admiration pour cet officier et se tournant vers la foule qui le suivait, il dit : — Je vous l’assure : nulle part, même parmi les Juifs, je n’ai trouvé une telle foi !
      10 Quand les envoyés de l’officier rentrèrent à la maison, ils y trouvèrent l’esclave en parfaite santé.
      18 Lorsque Jean (dans sa prison) apprit par ses disciples tout ce qui se passait, il en appela deux d’entre eux
      19 et les envoya auprès du Seigneur pour demander : « Es-tu celui dont la venue a été annoncée d’avance, ou bien devons-nous en attendre un autre ? »
      20 Ces hommes se présentèrent à Jésus et lui dirent : — Jean-Baptiste nous envoie vers toi pour te demander : « Es-tu celui dont la venue a été annoncée d’avance, ou bien devons-nous en attendre un autre ? »
      21 Or, au moment où ils arrivaient, Jésus était en train de guérir plusieurs personnes de diverses maladies et infirmités. Il délivrait des gens qui étaient sous l’emprise de mauvais esprits et rendait la vue à plusieurs aveugles.
      22 Il répondit aux envoyés : — Retournez auprès de Jean et racontez-lui simplement ce que vous avez vu et entendu : les aveugles retrouvent la vue, les paralysés marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres et aux malheureux.
      23 Heureux l’homme pour qui je ne deviens pas une occasion de doute et de chute ! Heureux celui qui ne perd pas sa confiance en moi !
      24 Après le départ des messagers, Jésus saisit l’occasion pour parler à la foule au sujet de Jean : — Pourquoi êtes-vous allés au désert ? Qu’est-ce que vous avez vu ? Un roseau ballotté çà et là par le vent ? Certainement pas.
      25 Pourquoi donc y êtes-vous allés ? Pour voir un homme habillé avec élégance ? Généralement, ceux qui portent des habits somptueux et qui vivent dans le luxe habitent les palais royaux.
      26 Mais alors, qu’est-ce qui vous a donc poussés au désert ? (Était-ce pour) voir un prophète ? Oui, certes. Et plus qu’un prophète, c’est moi qui vous le dis.
      27 Car Jean est celui dont parle l’Écriture : Écoute, dit Dieu, je vais envoyer mon messager pour te préparer le chemin.
      28 Or, je vous l’assure : parmi tous les hommes qui ont été enfantés ici-bas, Jean est le plus grand ; pourtant, le plus humble dans le royaume de Dieu lui est encore supérieur.
      29 En se faisant baptiser par Jean après l’avoir écouté, tous les gens du peuple, y compris les collecteurs d’impôts, ont reconnu que Dieu est juste et ils ont agi d’après ses ordonnances.
      30 Mais les pharisiens et les docteurs de la loi, qui ont refusé de se faire baptiser par lui, ont méprisé la volonté de Dieu et ont fait échouer son plan à leur égard.
      31 À qui donc pourrais-je comparer les hommes de notre temps ? À qui ressemblent-ils ?
      32 Ils sont comme des gamins assis sur la place du marché qui se font des reproches les uns aux autres : — Quand nous avons joué de la flûte, vous n’avez pas dansé ! — Et quand nous avons chanté des airs d’enterrement, vous ne vous êtes pas mis à pleurer !
      33 En effet, Jean-Baptiste est venu, il ne mangeait pas de pain, il ne buvait pas de vin. Qu’avez-vous dit alors ? « Il n’est pas normal ! Il a un démon en lui ! »
      34 Le Fils de l’homme vient, il mange et boit comme tout le monde, et vous vous écriez : « Voyez-moi ça ! Il ne pense qu’à faire bonne chère et à boire du vin ; il est ami avec les collecteurs d’impôts et les pécheurs notoires ».
      35 Cependant, tous les enfants de Dieu ont reconnu que leur Père agissait de façon juste.
      36 Un pharisien invita Jésus à manger chez lui. Jésus accepta. Il se rendit dans sa maison et se mit à table.
      37 Survint une femme qui avait mauvaise réputation dans la ville. Elle avait appris que Jésus était invité.
      38 Elle se plaça derrière lui et se mit à pleurer. Ses larmes coulaient sur les pieds de Jésus qu’elle essuya avec ses cheveux, elle les couvrit de baisers et répandit sur eux un parfum précieux.
      39 En voyant cela, son hôte se dit : « Si cet homme était vraiment un prophète, il saurait quelle est cette femme qui le touche, et que c’est une personne de mauvaise réputation ».
      40 Jésus, devinant ses pensées, lui dit : — Simon, j’ai quelque chose à te dire. — Oui, Maître, parle, répondit le pharisien. —
      41 Il était une fois un prêteur à qui deux hommes devaient de l’argent. Le premier devait le salaire de cinq cents journées de travail, le second un salaire de cinquante journées.
      42 Comme ni l’un ni l’autre n’avaient de quoi rembourser leur dette, il en fit cadeau à tous les deux. À ton avis, lequel des deux aura le plus de reconnaissance envers lui ? —
      43 Je suppose, répondit Simon, que ce sera celui auquel il a fait le plus grand cadeau. — Tu as tout à fait raison, lui dit Jésus.
      44 Puis, montrant la femme, il continua : — Tu vois cette femme ? Eh bien, quand je suis entré dans ta maison, tu ne m’as pas apporté d’eau pour laver mes pieds ; elle, par contre, me les a arrosés de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux.
      45 Tu ne m’as pas embrassé, mais elle, depuis qu’elle est entrée, elle n’a cessé de couvrir mes pieds de baisers.
      46 Tu n’as pas versé d’huile parfumée sur ma tête, mais elle a répandu un parfum précieux sur mes pieds.
      47 Dans ces conditions, Simon, crois-moi : ses nombreux péchés lui ont été pardonnés. C’est pour cela qu’elle m’a témoigné tant d’amour. Mais celui qui pense avoir peu de choses à se faire pardonner ne manifeste que peu d’amour !
      48 Puis il dit à la femme : — Tes péchés te sont pardonnés.
      49 Les autres invités commencèrent à se demander : — Qui est donc cet homme qui ose pardonner les péchés ?
      50 Mais Jésus dit à la femme : — C’est ta foi en moi qui t’a sauvée ; rentre en paix chez toi.

      Luc 8

      16 Personne n’allume une lampe pour la cacher sous une mesure à grain, ou la mettre sous un lit ; on la place, au contraire, sur un pied de lampe pour que les visiteurs voient clair en entrant.
      24 Alors, les disciples s’approchèrent de Jésus et le réveillèrent en disant : — Maître ! Maître ! Nous sommes perdus ! Il se réveilla, se leva et commanda au vent et aux flots tumultueux. Immédiatement, ils s’apaisèrent. Un grand calme s’établit.
      26 Ils abordèrent au pays des Géraséniens, situé en face de la Galilée.
      39 Rentre chez toi et raconte tout ce que Dieu a fait pour toi ! Cet homme partit donc et publia dans la ville entière tout ce que Jésus avait fait pour lui.

      Luc 9

      22 Et il ajouta : — Il faut que le Fils de l’homme passe par beaucoup de souffrances, qu’il soit rejeté par les responsables du peuple, les chefs des prêtres et les interprètes de la loi. Il faut qu’il soit mis à mort et qu’il ressuscite le troisième jour.
      51 Lorsque le temps approcha où Jésus devait quitter ce monde pour être enlevé au ciel, il prit courageusement la ferme résolution de se rendre à Jérusalem.
      52 Il envoya devant lui quelques messagers. En cours de route, ils entrèrent dans un village de la Samarie pour lui préparer un logement.
      53 Mais les Samaritains lui refusèrent l’hospitalité, parce qu’il se rendait à Jérusalem.
      54 En voyant cela, ses disciples Jacques et Jean s’écrièrent : — Seigneur, veux-tu que nous fassions tomber la foudre du ciel (comme Élie) pour qu’elle réduise ces gens-là en cendres ?
      55 Mais Jésus, se tournant vers eux, les reprit sévèrement : — Vous ne savez pas quel esprit vous inspire de telles pensées ! Le Fils de l’homme n’est pas venu pour faire mourir les hommes, mais pour leur donner la vie.
      56 Ils se rendirent alors à un autre village.
      57 Pendant qu’ils étaient en chemin, un homme vint dire à Jésus : — Je suis prêt à te suivre partout où tu iras.
      58 Jésus lui répondit : — Les renards ont leurs tanières et les oiseaux du ciel ont leurs nids, mais le Fils de l’homme n’a pas un endroit à lui où il pourrait se coucher et se reposer.
      59 Jésus appela un autre : — Viens avec moi ! Mais cet homme lui dit : — Excuse-moi, Seigneur, il faut d’abord que j’aille enterrer mon père.
      60 Jésus lui répondit : — Laisse à ceux qui sont (spirituellement) morts le soin d’enterrer leurs morts. Quant à toi, va proclamer le règne de Dieu !
      61 Un autre encore lui dit : — Je veux devenir ton disciple, Seigneur, et te suivre, mais permets-moi d’abord de régler les affaires de ma maison et de faire mes adieux à ma famille.
      62 Jésus lui répondit : — Celui qui commence à labourer et regarde derrière lui n’est pas prêt pour le règne de Dieu.

      Luc 10

      1 Après cela, le Seigneur choisit encore soixante-dix autres disciples et les envoya deux à deux, pour le précéder dans toutes les villes et les localités où il devait se rendre lui-même.
      2 Il leur dit : — La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Demandez donc au Seigneur à qui appartient la moisson d’envoyer plus d’ouvriers pour rentrer sa récolte.
      3 Allez maintenant, et rappelez-vous que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.
      4 N’emportez ni bourse, ni sac de voyage, ni sandales, et ne vous attardez pas en chemin pour faire des visites de politesse.
      5 Lorsque vous entrerez dans une maison, dites d’abord : — Que la paix soit sur cette maison !
      6 Si un homme de paix y habite, votre paix descendra sur lui. Si ce n’est pas le cas, elle reviendra vers vous.
      7 Restez dans cette maison-là, prenez la nourriture et la boisson que l’on vous donnera, car celui qui travaille a droit à son salaire. Ne passez pas d’une maison à l’autre pour demander l’hospitalité.
      8 Dans toute ville où vous irez et où l’on vous accueillera, mangez ce qu’on vous offrira,
      9 guérissez les malades qui s’y trouveront et dites aux gens : « Le règne de Dieu est là, tout près de vous ».
      10 Si, par contre, on refuse de vous recevoir dans une ville, allez sur la place publique et dites : —
      11 En signe de protestation contre vous, nous secouons de nos pieds même la poussière de votre ville pour vous la rendre. Sachez pourtant ceci : le règne de Dieu est proche.
      12 Je vous assure qu’au jour du jugement, Sodome sera traitée moins sévèrement que cette ville-là. —
      13 Malheur à vous, Chorazin et Bethsaïda ! Car si les habitants de Tyr et de Sidon avaient vu les miracles de la puissance de Dieu qui ont été accomplis au milieu de vous, il y a longtemps qu’ils auraient changé de vie et qu’ils auraient revêtu des sacs et se seraient couverts de cendre (en signe de deuil).
      14 C’est pourquoi, au jour du jugement, le sort de Tyr et de Sidon sera plus supportable que le vôtre.
      15 Et toi, Capernaüm, crois-tu que tu seras élevée jusqu’au ciel ? Non, tu seras abaissée et tu descendras jusqu’au séjour des morts.
      16 Il dit encore à ses disciples : — Si quelqu’un vous écoute, c’est moi qu’il écoute, si quelqu’un vous méprise et vous rejette, c’est moi qu’il méprise et repousse. Or, celui qui me méprise et me repousse, méprise et repousse, en fait, celui qui m’a envoyé.
      17 À leur retour, les soixante-dix envoyés furent pleins de joie. — Maître, s’écriaient-ils, même les démons, lorsqu’ils entendent prononcer ton nom, nous obéissent ! —
      18 Oui, leur répondit-il, j’ai vu Satan succomber aussi rapidement que la foudre tombe du ciel.
      19 Écoutez bien ceci : il est vrai que je vous ai donné le pouvoir de marcher impunément sur les serpents et les scorpions, de dominer sur toutes les forces de l’ennemi, sans que rien ne puisse vous faire de mal.
      20 Toutefois, ce qui doit vous réjouir avant tout, ce n’est pas tant de voir que les esprits mauvais vous soient soumis, mais plutôt de savoir que vos noms sont inscrits dans les cieux.
      21 Au même moment, Jésus fut transporté de joie par le Saint-Esprit et s’écria : — Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces vérités aux savants et aux intelligents, et tu les as dévoilées à ceux qui sont tout petits. Oui, Père, il en est ainsi parce que tel a été ton bienveillant dessein, et je te loue pour cela.
      22 Mon Père a remis toutes choses entre mes mains. Personne ne connaît réellement le Fils, sauf le Père, et personne ne connaît réellement le Père, sauf le Fils et celui à qui il plaît au Fils de le faire connaître.
      23 Puis, se tournant vers ses disciples, il leur dit en particulier : — Vous êtes heureux de voir ce que vous voyez !
      24 Car, je vous l’assure : beaucoup de prophètes et de rois auraient bien aimé voir ce que vous voyez maintenant, mais ils ne l’ont pas vu ; ils auraient été heureux d’entendre ce que vous entendez, mais jamais, ils ne l’ont entendu.
      25 À ce moment-là, un docteur de la loi intervint et posa à Jésus une question pour l’embarrasser. — Maître, lui dit-il, qu’est-ce que je dois faire pour être sûr d’obtenir la vie éternelle ?
      26 Jésus lui répondit : — Qu’est-ce qui est écrit dans notre loi ?
      27 Que dit-elle à ce sujet ? Comment la comprends-tu ? — Aime le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, lui répondit-il. Et : Aime ton prochain comme toi-même.
      28 — Excellente réponse, lui dit Jésus, fais cela et tu auras la vie.
      29 Mais le docteur de la loi voulant montrer que sa question était justifiée, répliqua : — Oui, mais qui donc est mon prochain ?
      30 Pour répondre à cette question, Jésus lui dit : — Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, quand il fut attaqué par des brigands. Ils lui arrachent ses habits, le maltraitent et s’en vont, le laissant à moitié mort.
      31 Il se trouve qu’un prêtre descend par le même chemin. Il voit cet homme, passe de l’autre côté de la route et s’éloigne.
      32 Après lui, un lévite arrive, lui aussi, au même endroit. Il s’approche, voit le blessé, puis prend l’autre côté de la route et s’éloigne.
      33 Mais un Samaritain, voyageant par là, arrive près de l’homme. Lorsqu’il le voit, il est pris de pitié pour lui.
      34 Il s’approche, soigne ses plaies avec de l’huile et du vin, avant de les recouvrir de pansements, puis il le charge sur sa propre mule et le conduit dans un centre d’hébergement où il le soigne de son mieux.
      35 Le lendemain, il sort deux deniers de sa poche, les remet au tenancier et lui dit : « Voudrais-tu prendre soin de cet homme ? Au cas où tu dépenserais davantage pour lui, je te le rembourserai lorsque je repasserai ».
      36 Et Jésus ajouta : — À ton avis, lequel des trois s’est montré le prochain de l’homme qui fut victime des brigands ? —
      37 C’est celui qui a eu pitié de lui, lui répondit le docteur de la loi. — Eh bien, va et agis de même ! lui dit Jésus.
      38 Pendant qu’ils étaient en route, Jésus entra dans un certain village. Là, une femme, nommée Marthe, l’accueillit dans sa maison.
      39 Elle avait une sœur appelée Marie. Celle-ci s’assit aux pieds de Jésus, pour écouter ce qu’il disait.
      40 Pendant ce temps, Marthe s’affairait, elle se laissait absorber par les multiples travaux domestiques. Brusquement, elle vint dire à Jésus : — Maître, cela ne te dérange pas de voir que ma sœur me laisse faire le travail toute seule ? Dis-lui donc de m’aider.
      41 Mais le Seigneur lui répondit : — Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup trop de choses.
      42 Il y en a si peu qui soient vraiment nécessaires, une seule même suffit. Marie a choisi la meilleure part, celle que personne ne lui enlèvera.

      Luc 11

      1 Un jour, Jésus s’était retiré pour prier. Quand il eut fini, un de ses disciples lui demanda : — Maître, apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples !
      2 Il leur répondit : — Quand vous priez, dites : Père, que tu sois reconnu pour Dieu. Que ton règne s’établisse.
      3 Donne-nous, chaque jour, la nourriture dont nous avons besoin.
      4 Pardonne-nous nos torts envers toi, car nous pardonnons nous-mêmes à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et garde-nous de céder à la tentation.
      5 Il ajouta : — Supposez que l’un de vous ait un ami et qu’il aille le réveiller en pleine nuit pour lui dire : « Mon ami, prête-moi trois pains,
      6 car un de mes amis, qui est en voyage, vient d’arriver chez moi et je n’ai absolument rien à lui offrir ».
      7 Admettons que l’autre, de l’intérieur de la maison, lui réponde : « Laisse-moi tranquille, ne me dérange pas, ma porte est fermée, mes enfants et moi nous sommes au lit, je ne peux pas me lever maintenant pour te donner ce que tu me demandes ».
      8 Mais le premier continue à frapper. Je vous assure que son ami se lèvera, même s’il n’a pas envie de se lever par amitié pour lui donner ces pains ; il le fera quand même, parce que l’autre, sans se gêner, continue à l’importuner. Et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.
      9 Ainsi, moi, je vous le dis : demandez, continuez à demander, et vous recevrez ; cherchez, persévérez dans votre recherche, et vous trouverez ; frappez, insistez, et la porte vous sera ouverte.
      10 Car celui qui demande finit toujours par recevoir ; celui qui cherche, finalement, trouve ; et à celui qui frappe avec insistance, la porte sera ouverte.
      11 Il y a des pères parmi vous. Lequel d’entre vous serait capable de donner une pierre à son fils quand il lui demande du pain ? Ou bien, s’il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent à la place ?
      12 Ou encore, s’il demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ?
      13 Si donc, tout mauvais que vous êtes, vous savez néanmoins donner à vos enfants ce qui est bon pour eux, à plus forte raison votre Père céleste donnera-t-il (les dons) de l’Esprit saint à ceux qui le lui demandent !
      14 Un autre jour, Jésus chassa un démon qui rendait un homme muet. Quand le démon fut sorti, le muet se mit à parler et la foule fut dans l’admiration.
      15 Mais quelques-uns dirent : — S’il peut chasser les démons, c’est parce qu’il a partie liée avec Béelzébul, le chef des démons.
      16 D’autres, pour le mettre à l’épreuve, lui réclamèrent un signe venant de Dieu.
      17 Mais, comme il connaissait parfaitement leurs pensées et leurs intentions, il leur dit : — Tout royaume intérieurement divisé où règne la guerre civile court à la ruine et finit par être dévasté. Une famille désunie s’effondre.
      18 Si donc Satan aussi était en proie aux divisions internes et s’il luttait contre lui-même, comment son royaume se maintiendrait-il, puisque vous prétendez que je chasse les démons avec la complicité de Béelzébul ?
      19 Et si moi je chasse les démons par Béelzébul, qui donne à vos disciples le pouvoir de les chasser ? Ils pourront peut-être vous répondre et résoudre la question à votre place. Un jour, ils seront eux-mêmes vos juges.
      20 Mais si, en réalité, c’est par la puissance de Dieu que je chasse les démons, cela signifie donc que le règne de Dieu est parvenu jusqu’à vous.
      21 Tant qu’un guerrier puissant et bien armé garde sa maison, ce qu’il possède est en sécurité,
      22 mais si un autre, plus fort que lui, l’attaque et arrive à le maîtriser, il lui enlève toutes les armes dans lesquelles le premier mettait sa confiance, il lui prend tous ses biens et les distribue.
      23 Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, et celui qui ne m’aide pas à rassembler (les enfants de Dieu) est en train de les disperser.
      24 Lorsqu’un mauvais esprit a été chassé d’un homme, il erre çà et là par les lieux déserts, à la recherche d’un lieu de repos. Mais quand il n’en trouve pas, il se dit : « Il vaut mieux regagner la maison que j’ai quittée ! »
      25 Et il s’y rend. À son arrivée, il la trouve mise en ordre, propre, meublée et… inoccupée.
      26 Alors, il s’en va ramener avec lui sept autres esprits, encore plus mauvais que lui. Ils envahissent la demeure et s’y installent pour de bon. Résultat ? La condition finale de cet homme est pire que la première.
      27 Pendant qu’il parlait ainsi, du milieu de la foule, une femme s’écria : — Combien la mère qui t’a mis au monde et qui t’a allaité doit être heureuse !
      28 Mais Jésus répondit : — Dites plutôt : « Heureux sont, et seront pour toujours, ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique ! »
      29 Comme la foule grossissait et se pressait en masse autour de lui, il dit : — Les gens de cette génération sont mauvais. Ils réclament un signe (qui leur prouve que Dieu m’a envoyé). Ils n’en auront pas, à part celui du prophète Jonas.
      30 Car de même que Jonas est devenu un signe pour les habitants de Ninive, de même aussi le Fils de l’homme sera ce signe pour les hommes de notre temps.
      31 Au jour du jugement, la reine du Midi se lèvera en accusatrice contre les hommes de ce temps ; elle les fera condamner, car elle est venue du bout du monde pour écouter les paroles de sagesse que prononçait Salomon. Or, il y a ici, sous vos yeux, quelqu’un de plus grand que Salomon !
      32 Au jour du jugement, les habitants de Ninive se lèveront pour témoigner contre les hommes de notre temps, ils les feront condamner, car lorsque Jonas a proclamé son message parmi eux, ils ont changé de vie. Or, il y a ici, sous vos yeux, quelqu’un de plus grand que Jonas. —
      33 Personne n’allume une lampe pour la cacher dans un recoin ou sous une mesure à grain. Non, on la place sur son support pour que ceux qui entrent voient la lumière.
      34 Les yeux sont comme une lampe pour le corps. Si tes yeux sont en bon état et accomplissent normalement leur fonction, toute ta vie est baignée de lumière. En revanche, s’ils sont malades, tout ton corps est plongé dans l’obscurité.
      35 Fais donc bien attention à ce que ta lumière intérieure ne soit pas obscurcie.
      36 Si ton être vit dans la lumière, sans aucun mélange d’obscurité, il jouira pleinement de la lumière, comme lorsque la lampe t’éclaire de sa brillante clarté.
      37 Quand Jésus eut fini de parler, un pharisien l’invita à venir manger chez lui. Jésus entra dans la maison et se mit à table.
      38 Le pharisien remarqua, avec surprise, qu’il n’avait pas fait les ablutions rituelles avant le repas. Il en fut choqué et manifesta son étonnement.
      39 Le Seigneur lui dit alors : — Vous autres pharisiens, vous nettoyez minutieusement l’extérieur de vos coupes et de vos plats, mais votre intérieur est rempli d’avarice, vous êtes des rapaces et des gens pervers !
      40 Fous que vous êtes ! Celui qui a créé le dehors, n’a-t-il pas aussi fait le dedans ?
      41 Donnez donc en offrande (à Dieu) votre être intérieur, et vous serez du même coup entièrement purs.
      42 Mais malheur à vous, pharisiens ! Vous vous acquittez scrupuleusement de la dîme sur toutes les petites herbes comme la menthe ou la rue, et sur le moindre légume, mais vous oubliez d’aimer Dieu et d’accomplir ce qui est juste à ses yeux ! C’est là ce qu’il fallait faire avant tout… sans négliger pour autant le reste.
      43 Malheur à vous, pharisiens ! Parce que vous tenez aux places d’honneur dans les synagogues. Vous aimez qu’on vous salue respectueusement en public et qu’on fasse des courbettes devant vous.
      44 Malheur à vous ! Vous ressemblez à ces tombes que rien ne signale au regard, et sur lesquelles les gens passent sans s’en douter.
      45 Là-dessus, un docteur de la loi se mit à protester et dit à Jésus : — Maître, en parlant ainsi, tu nous insultes, nous aussi ! —
      46 Oui, malheur à vous aussi, docteurs de la loi ! lui rétorqua-t-il. Vous imposez aux gens des fardeaux qu’ils sont incapables de porter, mais vous-mêmes, vous ne voudriez pas y toucher du petit doigt !
      47 Malheur à vous ! Parce que vous érigez des monuments funéraires pour les prophètes, ces mêmes prophètes que vos ancêtres ont tués !
      48 Vous montrez clairement par là que vous approuvez ce que vos ancêtres ont fait, et que vous êtes les continuateurs de leur œuvre. Eux, ils ont tué les prophètes, et vous, vous bâtissez leurs tombeaux !
      49 C’est bien pour cela que Dieu, dans sa sagesse, a déclaré : « Je leur enverrai des prophètes et des messagers ; ils tueront les uns, persécuteront les autres ».
      50 Par conséquent, on demandera compte aux hommes de ce temps du meurtre de tous les prophètes qui ont été tués depuis le commencement du monde,
      51 depuis le meurtre d’Abel, jusqu’à celui de Zacharie, assassiné entre l’autel du sacrifice et le temple. Oui, je vous l’affirme : les hommes d’aujourd’hui auront à répondre de tous ces crimes.
      52 Malheur à vous, docteurs de la loi ! Vous vous êtes emparés de la clé qui permet d’accéder à la connaissance (du salut). Non seulement vous n’y pénétrez pas vous-mêmes, mais si quelqu’un veut y entrer, vous l’en empêchez !
      53 Après que Jésus leur eut parlé ainsi, les interprètes de la loi et les pharisiens, très irrités par ses propos, se mirent à le harceler de questions avec acharnement pour le prendre au piège. Ils le firent parler sur toutes sortes de sujets,
      54 dans l’espoir de lui arracher enfin quelque parole compromettante qui puisse leur servir de prétexte pour l’accuser.

      Luc 12

      1 Pendant ce temps, des milliers de gens s’étaient rassemblés autour de la maison, au point qu’ils se marchaient sur les pieds les uns des autres. Jésus commença par s’adresser à ses disciples : — Avant tout, leur dit-il, gardez-vous de l’hypocrisie, de cette piété de façade des pharisiens qui, comme le levain, (aigrit toute la pâte).
      2 Car tout ce qui est dissimulé finira par être découvert, tout ce qui est secret sera finalement rendu public.
      3 Ainsi, tout ce que vous aurez dit en cachette, dans l’ombre, sera répété en plein jour, et tout ce que vous aurez murmuré à l’oreille, derrière des portes bien closes, sera crié du haut des toits en terrasses. —
      4 Mes chers amis, je vous le dis : n’ayez pas peur de ceux qui peuvent tuer le corps, mais dont la puissance ne va pas au-delà.
      5 Savez-vous qui vous devez craindre ? Je vais vous le dire : c’est celui qui, après la mort, a le pouvoir de vous jeter en enfer (c’est-à-dire Dieu). Oui, je vous l’assure : c’est lui seul que vous devez craindre.
      6 Quelle est la valeur d’un moineau ? On en vend cinq pour deux sous. Et pourtant, Dieu prend soin de chacun d’eux : pas un seul ne passe inaperçu à ses yeux.
      7 Bien plus, même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Bannissez donc toute crainte : vous avez plus de valeur que toute une volée de moineaux.
      8 De plus, je vous assure que tous ceux qui se déclareront publiquement pour moi, le Fils de l’homme aussi les reconnaîtra pour siens devant les anges de Dieu.
      9 Mais celui qui me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant les anges de Dieu.
      10 Si quelqu’un prend position contre le Fils de l’homme, s’il dit du mal de lui, cela lui sera pardonné, mais celui qui aura blasphémé contre l’Esprit saint n’obtiendra jamais de pardon.
      11 Quand on vous traînera dans les synagogues devant les juges ou devant les autorités du monde, ne vous préoccupez pas avec anxiété de ce que vous aurez à dire pour votre défense ni de la manière dont vous le présenterez.
      12 Au moment même de votre comparution, l’Esprit saint vous inspirera ce qu’il faudra dire.
      13 Du milieu de la foule, un homme appela Jésus : — Maître, tu ne pourrais pas dire à mon frère de partager avec moi l’héritage que notre père nous a laissé ?
      14 Mais Jésus lui répondit : — Mon ami, qui m’a chargé d’être votre juge ou votre arbitre en matière d’héritage ?
      15 Puis il dit à tous ceux qui étaient là : — Gardez-vous avec soin de l’avidité sous toutes ses formes. Ne cherchez pas à amasser des biens, car un homme a beau être riche, sa fortune ne lui assure pas la vie véritable, celle-ci ne dépend en aucune manière de ses biens.
      16 Il leur raconta alors cette parabole : — Le domaine d’un riche propriétaire avait rapporté de façon exceptionnelle.
      17 L’homme se met alors à réfléchir : — Que faire ? se demande-t-il. Je n’ai pas assez de place pour engranger toute ma récolte !
      18 Ah, se dit-il enfin, j’ai trouvé ! Je vais abattre mes greniers pour en construire de plus grands et j’y entasserai tout mon blé et tous mes autres biens.
      19 Puis je pourrai me dire : « Mon ami, te voilà pourvu ! Tu as là beaucoup de biens en réserve pour de longues années. Donne-toi un peu de bon temps, repose-toi, mange, bois et jouis de la vie ! »
      20 Mais Dieu lui dit : — Pauvre fou que tu es ! Cette nuit même, ton âme te sera redemandée, et tu devras rendre compte de ta vie. Pour qui seront alors tous les biens que tu as entassés ?
      21 Voilà quel sera le sort de tout homme qui amasse des richesses pour lui-même, au lieu de chercher à être riche auprès de Dieu.
      22 Jésus ajouta, en s’adressant aux disciples : — Ne vous tracassez pas sans cesse en vous demandant avec inquiétude : « Qu’allons-nous manger pour vivre ? Qu’allons-nous mettre pour être habillés ? »
      23 La vie est bien plus importante que la nourriture, et le corps plus précieux que le vêtement.
      24 Regardez ces corbeaux : jamais ils ne se préoccupent de semer ou de moissonner, ils n’ont ni cave ni grenier (pour amasser leurs provisions), et Dieu les nourrit pourtant. Ne valez-vous pas bien plus que ces oiseaux ?
      25 D’ailleurs, qui de vous peut, à force de soucis, prolonger son existence, ne fût-ce que de quelques minutes ?
      26 Si déjà vous n’avez pas de pouvoir sur ces petites choses, pourquoi vous tourmentez-vous pour les autres ?
      27 Observez les lis sauvages ! Regardez comment se forment leurs fleurs : ils poussent sans se fatiguer à filer de la laine ou à tisser des habits. Et pourtant, je vous assure que le roi Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a jamais été aussi bien vêtu que l’un d’eux.
      28 Si Dieu habille avec tant d’élégance cette plante des champs qui est là aujourd’hui et qui demain déjà sera jetée au feu, à combien plus forte raison s’occupera-t-il de votre habillement ! Ah ! votre foi est encore bien petite !
      29 Bannissez donc de votre vie les soucis au sujet du manger et du boire. Ne vous tourmentez pas l’esprit par ces vaines inquiétudes.
      30 Ce sont les gens de ce monde qui se préoccupent de tout cela. Les pensées de ceux qui ne connaissent pas Dieu gravitent sans cesse autour de ces choses. C’est le but de leur vie, mais vous, vous avez un Père (au ciel), et il sait bien que vous en avez besoin !
      31 Faites donc du règne de Dieu votre préoccupation première, et tout le reste vous sera donné en plus.
      32 Vous n’êtes qu’un petit troupeau ; mais n’ayez pas peur, il a plu à votre père, dans sa bienveillance, de vous donner le royaume.
      33 Vendez ce que vous possédez et distribuez le produit aux pauvres. Constituez-vous, dans les cieux, un trésor inaltérable et qui ne s’épuisera pas. Aucun voleur ne pourra le toucher, ni mites ni vers ne peuvent l’entamer. Amassez-vous un capital qui ne vous fera jamais défaut.
      34 Car soyez-en certains : là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. —
      35 Restez en tenue de travail. Gardez vos lampes allumées.
      36 Soyez comme des serviteurs qui attendent leur maître à son retour d’une noce. Dès qu’il arrive et qu’il frappe à la porte, ils sont prêts à l’accueillir.
      37 Heureux ces serviteurs que le maître, en arrivant, trouvera en train de veiller ! Vraiment, je vous l’assure : c’est lui qui se mettra en tenue de travail. Il les fera asseoir à table et, passant de l’un à l’autre, il les servira.
      38 Peu importe qu’il rentre à minuit ou vers trois heures du matin : s’il les trouve ainsi vigilants, ils peuvent se réjouir. Oui, heureux ces serviteurs-là !
      39 Soyez-en certains : si le père de famille savait à quel moment le voleur veut cambrioler sa maison, il se tiendrait certainement en alerte et ne le laisserait pas pénétrer dans sa demeure.
      40 Vous aussi, soyez ainsi sur vos gardes et veillez : le Fils de l’homme reviendra au moment où vous l’attendrez le moins !
      41 Pierre lui demanda : — Seigneur, cette comparaison s’applique-t-elle seulement à nous ou bien concerne-t-elle tout le monde ? —
      42 À ton avis, lui répondit le Seigneur, quel est le gérant fidèle et intelligent à qui le maître confiera le soin de veiller sur son personnel pour donner à chacun, au moment voulu, la ration de blé qui lui revient ?
      43 Heureux ce serviteur que le maître, à son retour, trouvera en train d’agir comme il le lui a demandé !
      44 Vraiment, je vous l’assure : il lui confiera la gérance de tout ce qu’il possède.
      45 Mais supposez que ce serviteur se dise : « Mon maître n’est pas près de rentrer », et qu’il se mette alors à maltraiter les autres serviteurs et servantes, à manger, à boire et à s’enivrer.
      46 Un jour, son maître reviendra à l’improviste et le surprendra. Ce sera le jour où le serviteur ne s’y attendra pas et à une heure tout à fait inopinée. Alors, le maître le punira très sévèrement. Il le traitera comme on traite les esclaves infidèles.
      47 Le serviteur qui sait parfaitement ce que son maître veut de lui, mais qui n’aura pas même essayé d’agir selon cette volonté et n’aura rien préparé, devra s’attendre à être sévèrement puni.
      48 Par contre, celui qui n’aura pas su ce que son maître voulait, et qui aura commis des actes méritant une punition, celui-là subira un châtiment moins rigoureux. Si quelqu’un a beaucoup reçu, on exigera beaucoup de lui ; et plus on vous aura confié, plus on demandera de vous. —
      49 Je suis venu porter un feu sur la terre ; comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !
      50 Mais il faut pour cela que je sois plongé auparavant (dans la souffrance et dans la mort). Avec quelle angoisse j’attends que ce soit accompli !
      51 Pensez-vous que je sois venu pour apporter la paix sur la terre ? Non certes, mais plutôt la division.
      52 En effet, à partir de maintenant, s’il y a cinq personnes dans une famille, elles seront divisées trois contre deux, ou deux contre trois.
      53 Le père sera contre le fils, et le fils contre son père ; la mère contre sa fille, et la fille contre sa mère ; la belle-mère contre sa belle-fille, et la belle-fille contre sa belle-mère.
      54 Puis, s’adressant de nouveau à la foule, Jésus dit : — Quand vous voyez apparaître un nuage du côté de l’ouest, vous dites aussitôt : « Il va pleuvoir ». Et c’est en effet ce qui arrive.
      55 Ou lorsque le vent du sud se met à souffler, vous dites : « Il va faire très chaud ». Et c’est ce qui arrive.
      56 Hypocrites que vous êtes ! Puisque vous êtes capables d’interpréter correctement les phénomènes de la terre et les aspects du ciel, comment se fait-il que vous ne puissiez pas comprendre en quel temps vous vivez ?
      57 Pourquoi aussi ne décidez-vous pas pour vous-mêmes ce qu’il serait juste de faire ?
      58 (Ainsi, lorsque tu es en dette envers quelqu’un ou que tu lui as causé un tort,) si vous allez ensemble en justice, fais tous tes efforts pour t’arranger à l’amiable avec ton adversaire pendant que vous êtes encore en chemin. Sinon, il te traînera devant le juge, et celui-ci te remettra entre les mains de l’huissier qui te fera jeter en prison.
      59 Or, je t’assure que tu ne sortiras pas de là avant de t’être acquitté de ta dette jusqu’au dernier centime.

      Luc 13

      1 À ce moment-là, survinrent quelques personnes qui racontèrent à Jésus que Pilate avait fait tuer des Galiléens pendant qu’ils offraient leurs sacrifices.
      2 Jésus leur dit : — Croyez-vous que ces Galiléens ont subi un sort si cruel parce qu’ils étaient de plus grands pécheurs que tous leurs compatriotes ?
      3 Non, pas du tout, mais vous, si vous ne changez pas, vous périrez tous.
      4 Rappelez-vous ces dix-huit personnes tuées quand la tour de Siloé s’est écroulée sur elles. Croyez-vous qu’elles aient été plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ?
      5 Non, pas du tout, mais vous, si vous ne changez pas, vous périrez tous.
      6 Là-dessus, il leur raconta cette parabole : — Un homme avait un figuier dans sa vigne. Un jour, il voulut cueillir des figues, mais n’en trouva pas une seule.
      7 Alors, il dit à celui qui s’occupait de sa vigne : — Cela fait trois ans que je viens chercher des figues à cet arbre, et il ne m’en a pas encore donné une seule. Arrache-le, je ne vois pas pourquoi il occupe la place inutilement. —
      8 Maître, lui répondit l’homme, laisse-le encore une année ! Je bêcherai la terre tout autour et j’y mettrai du fumier.
      9 Peut-être qu’il portera du fruit à la saison prochaine. Sinon, il sera toujours temps de l’arracher.
      10 Un jour de sabbat, Jésus enseignait dans une synagogue.
      11 Il s’y trouvait une femme sous l’emprise d’un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans : elle était toute voûtée et ne pouvait jamais se redresser complètement.
      12 Lorsque Jésus la vit, il l’appela et lui dit : — Femme, tu es délivrée de ton infirmité !
      13 Il posa ses mains sur elle. Immédiatement, elle se redressa, et se mit à louer Dieu.
      14 Mais le chef de la synagogue fut fâché de ce que Jésus ait fait cette guérison le jour du sabbat. Il s’adressa à la foule et lui dit : — Il y a six jours pour travailler, venez donc vous faire guérir ces jours-là, mais pas précisément le jour du sabbat !
      15 Le Seigneur lui répondit en disant : — Hypocrites que vous êtes ! Chacun de vous détache bien son bœuf ou son âne de la mangeoire pour le mener à l’abreuvoir, même le jour du sabbat, pas vrai ?
      16 Mais voilà une femme, de la descendance d’Abraham, que Satan tenait attachée depuis dix-huit ans ; alors, parce que c’est le jour du sabbat, il n’aurait pas fallu la délivrer de sa chaîne ?
      17 Cette réponse de Jésus fit rougir tous ceux qui avaient pris parti contre lui, tandis que le peuple fut enthousiasmé de le voir accomplir tant d’actions merveilleuses.
      18 Jésus dit alors : — À quoi ressemble le règne de Dieu ? Quelle comparaison pourrai-je utiliser pour vous le faire comprendre ?
      19 Tenez, il ressemble à une graine de moutarde qu’un homme aurait recueillie pour la semer dans son jardin : la graine germe, elle grandit jusqu’à devenir un arbuste, et les oiseaux du ciel viennent nicher dans ses branches.
      20 Puis il ajouta : — À quoi comparerai-je encore le règne de Dieu ?
      21 Il est pareil à un peu de levain qu’une femme a pris et mélangé à vingt kilos de farine. Elle pétrit le tout ensemble jusqu’à ce que la pâte entière ait levé.
      22 Jésus passait ainsi à travers villes et villages, répandant partout son enseignement et se dirigeant vers Jérusalem.
      23 Quelqu’un vint lui demander : — Seigneur, est-il vrai que peu de gens seulement seront sauvés ?
      24 Il répondit en s’adressant à tous ceux qui l’écoutaient : — Faites tous vos efforts pour entrer par la porte étroite, car je vous assure que beaucoup de gens chercheront à pénétrer « dans la maison » et n’y parviendront pas.
      25 Quand le Maître de la maison sera entré et qu’il aura fermé la porte à clé, si vous êtes restés dehors, vous aurez beau frapper à la porte et insister en suppliant « Seigneur, Seigneur, s’il te plaît, ouvre-nous ! », il vous répondra : — Je ne sais ni qui vous êtes ni d’où vous venez.
      26 Alors, vous direz : — Mais nous étions à table avec toi, nous avons mangé et bu sous tes yeux. Tu as enseigné dans nos rues…
      27 Il vous répondra : — Je vous le répète : je ne sais vraiment pas d’où vous êtes. Allez-vous en, vous tous qui commettez le mal.
      28 C’est là qu’il y aura des lamentations et d’amers regrets, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, tandis que vous-mêmes en serez exclus.
      29 Des hommes viendront de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Midi, et ils se mettront à table dans le royaume de Dieu.
      30 Et notez bien : parmi ceux qui, maintenant, sont encore considérés comme les derniers, certains seront les premiers, et d’autres, qui comptent parmi les premiers, seront les derniers.
      31 À ce moment-là, quelques pharisiens s’approchèrent de Jésus et l’avertirent : — Tu devrais quitter cette contrée et aller loin d’ici, car Hérode est décidé à te faire mourir.
      32 Mais Jésus leur répondit : — Allez, vous pouvez dire de ma part à ce renard : « Aujourd’hui, je chasse des démons et je guéris des malades. Demain, je ferai de même et après-demain, j’aurai achevé ma tâche.
      33 Mais il faut que je poursuive ma route aujourd’hui, demain et après-demain, car il est impensable qu’un prophète soit mis à mort ailleurs qu’à Jérusalem ! »
      34 Ah, Jérusalem ! Jérusalem ! Toi qui fais mourir les prophètes et qui tues à coups de pierres ceux que Dieu t’envoie ! Combien de fois j’ai voulu rassembler tes habitants auprès de moi, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes ? Mais vous ne l’avez pas voulu !
      35 Eh bien, maintenant je vous laisse à vous-mêmes : l’heure approche où va se réaliser (ce que Jérémie a prédit) : votre temple va être complètement abandonné et restera désert. Oui, je vous le déclare : dorénavant, vous ne me reverrez plus, jusqu’à ce que le temps soit arrivé où vous direz : Béni soit celui qui nous vient de la part du Seigneur !

      Luc 14

      1 Un jour de sabbat, Jésus était invité pour un repas chez l’un des dirigeants du parti pharisien. Ceux qui étaient à table avec lui l’observaient attentivement.
      2 Tout à coup, un homme souffrant d’oedèmes sur tout son corps se présenta devant lui.
      3 Jésus, prévenant leurs pensées, s’adressa aux docteurs de la loi et aux pharisiens : — D’après la loi, est-il permis ou non de faire une guérison le jour du sabbat ?
      4 Profond silence. Alors, Jésus posa sa main sur le malade, lui rendit la santé et lui dit de rentrer chez lui.
      5 Puis, se tournant vers les assistants, il leur demanda : — Si votre fils, ou même votre bœuf, venait à tomber dans un puits, qui de vous ne s’empresserait pas de l’en retirer aussitôt… même si c’était le jour du sabbat ?
      6 Là encore, ils ne surent quoi lui répondre.
      7 Ayant remarqué que les invités cherchaient tous à s’asseoir aux places d’honneur, il en tira cette comparaison : —
      8 Si quelqu’un t’invite à un repas de noces, ne va pas t’installer à la meilleure place. Il se pourrait qu’un personnage plus important que toi se trouve parmi les invités.
      9 Votre hôte viendrait te dire : « Cède-lui cette place ». Tu serais bien humilié si tu devais alors t’asseoir au bout de la table !
      10 Non, quand tu es invité, va, au contraire, te mettre tout de suite à la dernière place. Lorsque ton hôte entrera dans la salle, il te dira : « Mon ami, il y a une place bien meilleure pour toi, viens t’asseoir là-haut ! » Tu seras ainsi honoré devant tous les convives.
      11 En effet, celui qui cherche à se mettre en avant, sera humilié, mais celui qui consent à s’abaisser, sera honoré.
      12 Jésus dit aussi à son hôte : — Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, tes frères, ta parenté ou tes riches voisins : ils se sentiraient obligés de t’inviter à leur tour pour te rendre la politesse, et tu serais amplement payé de ta peine.
      13 Non, si tu donnes une réception, prends l’habitude d’inviter les pauvres, les estropiés, les infirmes, les aveugles.
      14 Si tu fais cela, tu connaîtras le vrai bonheur, précisément parce que ces gens-là n’ont pas la possibilité de te rendre la pareille. Dieu te récompensera lorsque les justes ressusciteront.
      15 À ces mots, l’un des convives dit à Jésus : — Qu’il est heureux celui qui sera de la fête au banquet dans le royaume de Dieu !
      16 Jésus lui répondit : — Un jour, un homme avait organisé une grande réception. Il avait invité beaucoup de monde.
      17 Lorsque le moment du festin arriva, il envoya son serviteur dire aux invités : — Venez maintenant, tout est prêt.
      18 Mais ceux-ci, comme d’un commun accord, s’excusèrent l’un après l’autre. Le premier lui fit dire : — J’ai acheté un terrain, il faut absolument que j’aille le voir. Excuse-moi, je te prie.
      19 Un autre dit : — Je viens d’acquérir cinq paires de bœufs, et il faudrait que je les essaie. Excuse-moi, je te prie.
      20 Un autre encore dit : — Je viens de me marier, il m’est donc impossible de venir.
      21 Quand le serviteur fut de retour auprès de son maître, il lui rapporta toutes les excuses qu’on lui avait données. Alors, le maître de la maison se fâcha et dit à son serviteur : — Va, parcours les places publiques et les rues de la ville. Amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles, les infirmes… !
      22 Au bout d’un moment, le serviteur fut de retour : — Maître, dit-il, j’ai fait ce que tu m’as dit, mais il y a encore de la place. —
      23 Eh bien, lui dit le maître, va plus loin sur les chemins, le long des haies, insiste pour que les gens viennent. Il faut que ma maison soit remplie.
      24 Une chose est sûre : pas un seul des premiers invités ne goûtera à mon dîner.
      25 Comme de grandes foules marchaient avec Jésus, il se retourna vers ceux qui le suivaient et leur dit : —
      26 Si quelqu’un vient à moi et n’est pas prêt à renoncer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et jusqu’à lui-même, il ne peut être mon disciple.
      27 Celui qui refuse de porter sa croix pour marcher sur mes traces ne peut être mon disciple.
      28 En effet, si l’un de vous veut bâtir une tour, est-ce qu’il ne se met pas d’abord à réfléchir en toute tranquillité ? Il calcule à combien elle lui reviendra et s’il a les moyens de mener son entreprise à bonne fin.
      29 Sans quoi, s’il n’arrive pas à terminer sa construction après avoir posé les fondations, tous les passants se moqueront de lui : «
      30 Regardez, diront-ils, c’est celui qui a commencé à construire et qui n’a pas pu terminer ! »
      31 Ou bien supposez qu’un roi soit sur le point de déclarer la guerre à un autre. Ne commencera-t-il pas à tenir conseil afin d’examiner s’il peut, avec dix mille hommes, affronter celui qui est sur le point de marcher contre lui avec vingt mille ?
      32 S’il se rend compte qu’il en est incapable, il lui envoie à temps une délégation, pendant que l’ennemi est encore loin, pour s’informer sur ses conditions de paix et engager des négociations avec lui.
      33 Et Jésus de conclure : — Il en est de même pour vous : celui qui n’est pas prêt à abandonner tout ce qu’il possède ne peut pas être mon disciple.
      34 Le sel est certainement une bonne chose, mais s’il devient insipide, comment lui rendra-t-on sa saveur ?
      35 On ne peut plus l’utiliser, ni pour le sol ni pour le fumier. Il n’y a plus qu’à le jeter. Que celui qui est capable d’écouter s’efforce de bien comprendre ce que je viens de dire.

      Luc 15

      1 Tous les collecteurs d’impôts et les gens mal famés se pressaient autour de Jésus, avides d’écouter ses paroles.
      2 Cela fâchait les pharisiens et les interprètes de la loi. Ils s’en plaignaient et disaient : — Le voilà qui fréquente des gens sans foi ni loi ; il accueille des pécheurs notoires et s’attable avec eux !
      3 Alors, Jésus leur répondit par cette parabole : —
      4 Si l’un de vous possède cent brebis, et que l’une d’elles vienne à s’égarer, n’abandonnera-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres au pâturage pour aller à la recherche de celle qui s’est perdue ? Ne cherchera-t-il pas jusqu’à ce qu’il l’ait découverte ?
      5 Et quand il l’a retrouvée, avec quelle joie il la charge sur ses épaules pour la ramener !
      6 Sitôt rentré chez lui, il appelle ses amis et ses voisins et leur dit : — Venez partager ma joie, car j’ai retrouvé ma brebis qui était perdue.
      7 Je vous assure qu’il en est de même au ciel : il y aura plus de joie pour un seul pécheur qui change de vie, que pour quatre-vingt-dix-neuf gens de bien qui estiment n’avoir pas besoin de changer.
      8 Ou bien supposez qu’une femme ait dix pièces d’argent et qu’elle en perde une : ne s’empressera-t-elle pas d’allumer une lampe, de balayer sa maison et de chercher soigneusement dans tous les coins jusqu’à ce qu’elle ait remis la main sur sa pièce ?
      9 Et quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines et leur dit : — Réjouissez-vous avec moi, j’ai retrouvé la pièce que j’avais perdue.
      10 Je vous le répète, il en est de même au ciel : il y aura de la joie parmi les anges de Dieu pour un seul pécheur qui change de vie.
      11 Puis il poursuivit : — Un homme avait deux fils.
      12 Le plus jeune lui dit : — Mon père, donne-moi ma part d’héritage, celle qui doit me revenir un jour. Et le père fait le partage de ses biens entre ses fils.
      13 Quelques jours plus tard, le cadet vend tout ce qui est à lui et part au loin dans un pays étranger. Là, il gaspille sa fortune en menant grande vie.
      14 Quand il n’a plus un sou vaillant, une grande famine survient dans ce pays-là, et il commence à connaître les privations.
      15 Alors, il va se faire embaucher par l’un des propriétaires de la contrée. Celui-ci l’envoie dans sa ferme garder les cochons.
      16 Le jeune homme aurait bien voulu apaiser sa faim avec les cosses des caroubes que mangeaient les bêtes, mais personne ne lui en donnait.
      17 Alors, il fait un retour sur lui-même et se met à réfléchir à sa situation. Il se dit : « Tous les travailleurs agricoles de mon père peuvent manger autant qu’ils veulent, alors que moi, je suis ici à mourir de faim !
      18 Je vais me mettre en route, j’irai trouver mon père et je lui dirai : “Mon père, j’ai péché envers Dieu et envers toi.
      19 Je ne mérite plus d’être considéré comme ton fils. Accepte-moi comme l’un de tes ouvriers” ».
      20 Il se met donc en route pour se rendre chez son père. Comme il se trouve encore à une bonne distance de la maison, son père l’aperçoit. Il est pris d’une profonde pitié pour lui. Il court à la rencontre de son enfant, se jette à son cou et l’embrasse longuement.
      21 Le fils lui dit : — Mon père, j’ai péché envers Dieu et envers toi, je ne mérite plus d’être considéré comme ton fils.
      22 Mais le père dit à ses serviteurs : — Allez vite chercher un habit, le meilleur que vous trouverez, et mettez-le-lui. Passez-lui une bague au doigt et chaussez-le de sandales.
      23 Amenez le veau que nous avons engraissé et tuez-le. Nous allons faire un grand festin et nous réjouir,
      24 car voici, pour moi, mon fils était mort, et voilà qu’il est revenu à la vie ; il était perdu, et voici, je l’ai retrouvé. Et ils commencent à se réjouir et à festoyer.
      25 Pendant ce temps, le fils aîné travaillait aux champs. À son retour, à mesure qu’il se rapproche de la maison, il entend des gens qui chantent et qui dansent.
      26 Il appelle un jeune serviteur et lui demande ce qui se passe.
      27 Le garçon lui répond : — C’est ton frère qui est de retour. Parce que ton père l’a retrouvé sain et sauf, il a tué le veau gras en son honneur.
      28 Alors, le fils aîné se met en colère et refuse de franchir le seuil de la porte. Finalement, son père sort et insiste pour qu’il entre.
      29 Mais lui, explose : — Cela fait tant et tant d’années que je travaille pour toi comme un esclave ; jamais je n’ai désobéi à tes ordres. Avec ça, pas une seule fois tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.
      30 Mais quand celui-là revient, « ton fils » qui a mangé ta fortune avec des filles de joie, pour lui, tu tues le veau gras ! —
      31 Mon garçon, lui dit le père, tu es constamment avec moi et tout ce que je possède t’appartient,
      32 mais il fallait bien faire une fête et se réjouir, car ton frère est là : il était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu, et le voilà retrouvé !

      Luc 16

      1 Et voici une autre parabole que Jésus raconta à ses disciples : — Un grand propriétaire avait un gérant. On vint rapporter au maître qu’il gaspillait sa fortune.
      2 Celui-ci le fit appeler : — Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ? lui dit-il. Tu vas me présenter tes livres et me rendre compte de ta gestion, car c’est bien fini : tu ne peux plus rester à mon service.
      3 Le gérant se dit : « Qu’est-ce que je vais faire, puisque mon maître m’enlève la gérance de ses biens ? Travailler comme ouvrier agricole ? Je n’en ai pas la force. Me mettre à mendier ? J’en aurais honte.
      4 Ah ! je sais ce que je vais faire pour trouver des gens qui me recevront chez eux lorsque j’aurai perdu ma place ».
      5 Là-dessus, il fait venir séparément tous les fermiers de son maître. Il dit au premier : — À combien se monte le fermage que tu dois à mon maître ? —
      6 Quarante hectolitres d’huile d’olive, lui répond celui-ci. — Voici ton contrat de fermage, lui dit le gérant, assieds-toi là, dépêche-toi et inscris vingt hectolitres.
      7 Ensuite, il dit à un autre. — Et toi, combien dois-tu ? — Cinq cents sacs de blé. — Prends ton contrat, reprend le gérant, et inscris-en quatre cents.
      8 Le maître admira l’habileté de ce filou de gérant, car le malin s’y était bien pris. En effet, ceux qui vivent pour ce monde sont généralement plus avisés que les enfants de la lumière ; ils agissent de façon plus conséquente dans la conduite de leurs affaires et dans les relations avec leurs semblables. —
      9 Eh bien, moi je vous conseille ceci : si vous avez de ces richesses toujours plus ou moins entachées d’injustice, utilisez-les pour vous faire des amis. Ainsi, le jour où tout glissera de vos doigts, ils vous accueilleront dans la patrie éternelle.
      10 Si quelqu’un est fidèle dans les petites choses, on peut aussi lui faire confiance pour ce qui est important. Mais si quelqu’un n’est pas fidèle dans les petites choses, il ne l’est pas non plus pour ce qui est important.
      11 Si donc vous n’avez pas été fidèles dans la gestion des richesses injustes, qui voudrait vous confier les véritables ?
      12 Si vous n’avez pas été fidèles dans la gestion du bien d’autrui, qui vous confiera celui qui vous est destiné comme propriété personnelle ?
      13 Aucun serviteur ne peut servir en même temps deux maîtres. En effet, ou bien il détestera l’un et il aimera l’autre, ou bien il sera entièrement dévoué au premier et il méprisera le second. Vous ne pouvez servir en même temps Dieu et l’Argent.
      14 En entendant toutes ces recommandations, les pharisiens, qui étaient très attachés à l’argent, ricanaient et tournaient Jésus en ridicule.
      15 Mais il leur dit : — Vous autres, vous êtes des gens qui veulent se faire passer pour des saints aux yeux de tout le monde, mais Dieu connaît le fond de vos cœurs. Ce qui est en haute estime parmi les hommes, Dieu l’a en horreur.
      16 Jusqu’à la venue de Jean-Baptiste, tout était régi par la loi et les prophètes. Depuis lors, la Bonne Nouvelle du royaume de Dieu est annoncée, et chacun s’efforce d’entrer dans ce royaume.
      17 Le ciel et la terre disparaîtront plus facilement qu’un seul trait de la loi.
      18 Tout homme qui divorce et se remarie avec une autre femme commet un adultère. Il en est de même de celui qui épouse une femme séparée de son mari. —
      19 (Pour en revenir aux questions d’argent :) il y avait une fois un homme riche, toujours élégamment vêtu d’habits coûteux et raffinés. Tous les jours, ce n’étaient que festins et plaisirs.
      20 Un pauvre, appelé Lazare, vivait à côté de lui, couché devant la porte de sa villa. Son corps était couvert de plaies purulentes.
      21 Il aurait bien voulu calmer sa faim avec les miettes qui tombaient de la table du riche, mais personne ne lui en donnait. De plus, les chiens s’approchaient constamment de lui et venaient lécher ses plaies.
      22 Un jour, le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent au ciel auprès d’Abraham. Le riche mourut à son tour, et on lui fit de (grandes) funérailles.
      23 Du fond du séjour des morts, où il souffrait cruellement, il leva les yeux et aperçut, de très loin, Abraham, et Lazare tout à côté de lui.
      24 Alors, il s’écria : — Abraham, mon père, aie pitié de moi ! Envoie donc Lazare, qu’il trempe le bout de son doigt dans l’eau et me rafraîchisse la langue, car je souffre horriblement dans ces flammes.
      25 Mais Abraham répondit : — Mon fils, souviens-toi de combien de bonnes choses tu as joui pendant ta vie ; tu as eu ta part de bonheur, tandis que Lazare était dans la misère. À présent, ici, c’est lui qui est consolé, tandis que toi, tu es dans les tourments.
      26 D’ailleurs, il y a maintenant un immense abîme entre nous et vous, si bien qu’il serait impossible, même si on le voulait, soit d’aller d’ici vers vous, soit de venir de votre côté jusqu’à nous. —
      27 Dans ce cas, dit alors le riche, je t’en conjure, mon Père, envoie au moins Lazare dans ma maison paternelle,
      28 car j’ai cinq frères. Qu’il les avertisse pour qu’ils n’aboutissent pas, eux aussi, dans ce lieu de tourments. —
      29 Tes frères ont les écrits de Moïse et des prophètes, lui répondit Abraham, qu’ils les écoutent. —
      30 Non, Père Abraham, reprit l’autre, (cela ne suffit pas). Si, par contre, quelqu’un revenait du séjour des morts et allait les trouver, ils changeraient.
      31 Mais Abraham répliqua : — Du moment qu’ils n’écoutent ni Moïse ni les prophètes, ils ne se laisseront pas davantage convaincre par un mort revenant à la vie !

      Luc 17

      1 Jésus dit à ses disciples : — Il arrivera toujours que des gens incitent d’autres à pécher ; c’est inévitable, mais malheur à celui qui en est responsable.
      2 Mieux vaudrait, pour lui, être précipité dans la mer avec une pierre de meule à son cou que de faire tomber dans le péché l’un de ces humbles croyants.
      3 Veillez donc sur vous-mêmes et sur votre manière de vivre. Si ton frère s’est rendu coupable à ton égard, fais-lui des reproches en conséquence : s’il change d’attitude, pardonne-lui.
      4 Même s’il revient te trouver sept fois de suite le même jour en disant : « Je me repens de ce que j’ai fait », pardonne-lui.
      5 Les apôtres dirent au Seigneur : — Fortifie notre foi. —
      6 Fortifier votre foi ? dit le Seigneur. Si vraiment vous aviez la foi, même si elle n’était pas plus grosse qu’un grain de moutarde, vous pourriez commander à ce mûrier-là : « Arrache tes racines du sol et va te transplanter dans la mer ». Immédiatement, il vous obéirait. —
      7 Supposons que l’un de vous ait un esclave occupé à labourer ou à garder le troupeau. Lorsque vous le voyez rentrer des champs, est-ce que vous allez lui dire : « Viens vite, assieds-toi à table » ?
      8 Ne lui dites-vous pas plutôt : « Prépare-moi mon dîner, mets-toi en tenue pour me servir, jusqu’à ce que j’aie fini de manger et de boire ; ensuite, tu mangeras et tu boiras à ton tour » ?
      9 Le maître doit-il une reconnaissance particulière à cet esclave parce qu’il a fait ce qui lui était commandé ? Je ne le pense pas.
      10 Qu’il en soit de même pour vous ! Quand vous aurez fait tout ce qui vous est commandé, dites : « Nous ne sommes que des serviteurs, nous n’avons aucun mérite particulier : nous n’avons fait que notre devoir ».
      11 Au cours de son voyage à Jérusalem, Jésus longea la frontière entre la Samarie et la Galilée.
      12 À l’entrée d’un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre, puis ils s’arrêtèrent à la distance (prescrite).
      13 Ils se mirent à le supplier à haute voix : — Jésus, Maître, aie pitié de nous !
      14 En les voyant, Jésus leur dit : — Allez vous montrer aux prêtres ! Pendant qu’ils y allèrent, ils furent guéris de leur lèpre.
      15 L’un d’eux, constatant qu’il avait recouvré la santé, revint sur ses pas, chantant bien haut les louanges de Dieu.
      16 Il se prosterna aux pieds de Jésus, le visage contre terre, pour lui témoigner sa gratitude. Or, c’était un Samaritain.
      17 Alors, Jésus lui demanda : — Tous les dix n’ont-ils pas été guéris ? Où sont donc les neuf autres ?
      18 Il ne s’est donc trouvé personne, sauf cet étranger, pour revenir louer Dieu et le remercier pour ce qu’il a fait ?
      19 Puis s’adressant à ce Samaritain, il lui dit : — Relève-toi et va, poursuis ton chemin : ta foi en moi t’a sauvé.
      20 Un jour, les pharisiens lui demandèrent quand le règne de Dieu arriverait. Jésus leur répondit : — Le règne de Dieu ne viendra pas d’une façon spectaculaire, comme un événement extérieur que l’on pourrait observer.
      21 Les gens ne pourront pas dire : « Venez, il est ici », ou : « Il est là », car notez-le bien, le règne de Dieu a déjà commencé : il est en vous.
      22 Puis il continua en s’adressant à ses disciples : — Le temps viendra où vous désirerez ardemment être avec le Fils de l’homme, ne fût-ce qu’un seul jour, mais vous ne le pourrez pas.
      23 Alors, des gens vous diront : « Voyez, il est ici ! », ou : « Non, il est là ! ». N’y allez pas ! Ne suivez pas ces gens !
      24 En effet, quand le Fils de l’homme reviendra, il sera comme l’éclair qui jaillit d’un point du ciel et illumine tout l’horizon d’un bout à l’autre.
      25 Mais il faut d’abord qu’il endure beaucoup de souffrances et qu’il soit rejeté par les hommes de cette génération.
      26 Le jour où le Fils de l’homme reviendra, tout se passera comme au temps de Noé :
      27 les gens mangeaient, buvaient, se mariaient et étaient donnés en mariage, et cela, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. Alors, vint le Déluge qui les fit tous périr.
      28 C’est encore ce qui est arrivé du temps de Loth : les gens mangeaient, buvaient, achetaient, vendaient, plantaient et bâtissaient.
      29 Mais le jour où Loth quitta Sodome, Dieu fit tomber du ciel une pluie de feu et de soufre qui les fit tous périr.
      30 Il en sera de même le jour où le Fils de l’homme apparaîtra.
      31 En ce jour-là, si quelqu’un est sur la terrasse de sa maison, qu’il n’en descende pas pour prendre les affaires qu’il aura laissées en bas. De même, si quelqu’un se trouve en rase campagne, qu’il ne revienne pas chez lui.
      32 Rappelez-vous ce qui est arrivé à la femme de Loth.
      33 Celui qui cherchera à préserver sa vie, la perdra, mais celui qui sera prêt à la perdre la conservera.
      34 Cette nuit-là, je vous le dis, deux personnes seront couchées dans un même lit : l’une sera emmenée, l’autre sera laissée.
      35 Deux femmes tourneront ensemble la pierre de meule : l’une sera emmenée, l’autre sera laissée.
      36 Deux hommes seront dans un champ : l’un sera emmené, l’autre sera laissé.
      37 Alors, les disciples lui demandèrent : — Où cela se passera-t-il, Seigneur ? Il leur répondit : — S’il y a quelque part un cadavre, c’est là que se rassemblent les vautours.

      Luc 18

      1 Pour montrer qu’il est nécessaire de prier constamment, sans jamais se décourager, Jésus raconta à ses disciples la parabole suivante : —
      2 Dans une certaine ville, il y avait un juge qui ne révérait pas Dieu et n’avait d’égards pour personne.
      3 Il y avait aussi, dans cette même ville, une veuve qui venait constamment le trouver pour lui dire : « Défends mon droit contre celui qui m’attaque ».
      4 Pendant longtemps, il s’y refusa. Mais à la longue, il finit par se dire : « J’ai beau ne pas révérer Dieu et me moquer de ce que peuvent penser les hommes,
      5 cette veuve m’ennuie quand même. C’est pourquoi je vais défendre son droit pour qu’elle ne vienne pas sans cesse me casser les oreilles ».
      6 Le Seigneur ajouta : — Notez bien comment ce mauvais juge a réagi.
      7 Alors, pouvez-vous supposer que Dieu ne défendrait pas le droit de ceux qu’il a choisis et qui crient à lui jour et nuit, même s’il tarde à les écouter et à leur venir en aide ?
      8 Moi, je vous dis que c’est par une intervention soudaine qu’il défendra leur droit. Seulement, lorsque le Fils de l’homme reviendra, trouvera-t-il encore, sur la terre, des hommes qui ont confiance en lui ?
      9 Il raconta aussi cette autre parabole pour certains qui étaient convaincus d’être en règle avec Dieu et méprisaient tous les autres : —
      10 Deux hommes montèrent au temple pour prier : un pharisien et un collecteur d’impôts.
      11 Le pharisien se tenait la tête haute et faisait intérieurement cette prière : — Ô Dieu, je te remercie de ce que je ne suis pas avare, malhonnête et adultère comme les autres hommes ; en particulier de ce que je ne suis pas comme ce collecteur d’impôts là-bas.
      12 Moi, je jeûne deux jours par semaine, je donne dix pour cent de tous mes revenus.
      13 Le collecteur d’impôts se tenait dans un coin retiré, il n’osait pas même lever les yeux au ciel. Il se frappait la poitrine et murmurait : — Ô Dieu, aie pitié du pécheur que je suis !
      14 Je vous l’assure : lorsque ce dernier rentra chez lui, il était déclaré juste aux yeux de Dieu, mais pas l’autre. Car celui qui se met lui-même au-dessus des autres se verra rabaissé, et celui qui se fait petit, sera élevé.
      33 Et après l’avoir battu à coups de fouet, on l’exécutera. Mais trois jours plus tard, il ressuscitera.

      Luc 19

      1 Jésus entra dans la ville de Jéricho et la traversa.
      2 Or, il y avait là un nommé Zachée, un chef des collecteurs d’impôts. Il était très riche.
      3 Il aurait bien aimé voir qui était Jésus, mais cela lui était impossible à cause de la foule, car il était petit.
      4 Alors, il courut en avant et grimpa sur un figuier sauvage pour apercevoir Jésus qui devait passer par là.
      5 Lorsque Jésus fut parvenu à cet endroit, il leva les yeux et l’interpella : — Zachée, dépêche-toi de descendre, car c’est chez toi que je dois aller loger aujourd’hui.
      6 Zachée descendit rapidement et, tout heureux, accueillit Jésus dans son foyer.
      7 Quand les gens virent cela, il y eut un murmure général de désapprobation. Tous s’indignèrent, disant : — Voilà qu’il s’en va loger chez un pécheur notoire !
      8 Mais Zachée se présenta devant le Seigneur et lui dit : — Écoute, Maître, je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres, et si j’ai pris trop d’argent à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois autant.
      9 Jésus lui dit alors : — Aujourd’hui, le salut est entré dans cette maison, car cet homme est, lui aussi, un vrai fils d’Abraham.
      10 Car le Fils de l’homme est venu pour chercher et amener au salut ce qui était perdu.
      12 Voici donc ce qu’il dit : — Un homme de famille noble était sur le point de partir pour un pays lointain afin d’y être officiellement nommé roi. Ensuite, il devait revenir dans ses états.
      13 Il convoqua dix de ses serviteurs et leur remit, à chacun, une pièce d’or de grande valeur. Puis il leur recommanda : — Faites fructifier cet argent jusqu’à mon retour.
      14 Mais les gens de son pays détestaient cet homme. Aussi, dès qu’il fut parti, ils envoyèrent, derrière son dos, une délégation chargée de dire : — Nous ne voulons pas que cet homme-là règne sur nous.
      15 Après avoir été nommé roi, il revint dans son pays et fit convoquer les serviteurs auxquels il avait confié l’argent. Il voulait savoir comment chacun d’eux l’avait fait fructifier, et quel profit il avait réalisé.
      16 Le premier se présenta et dit : — Seigneur, ta pièce d’or en a produit dix autres. —
      17 Bravo, lui dit le maître, tu es un bon serviteur ! Tu t’es montré digne de confiance dans une toute petite affaire. Je te nomme gouverneur de dix villes.
      18 Le deuxième s’approcha et dit : — Seigneur, ta pièce d’or en a produit cinq autres.
      19 Le maître dit aussi à celui-là : — Eh bien, je te confie le gouvernement de cinq villes !
      20 Finalement, un autre vint et dit : — Seigneur, voici ta pièce d’or. Je l’ai soigneusement enveloppée dans un mouchoir et cachée dans un endroit secret.
      21 En effet, j’avais peur de toi, parce que tu es un homme exigeant : tu retires de l’argent là où tu n’as rien placé, tu moissonnes sur des terres où tu n’as rien semé. —
      22 Quel propre-à-rien ! dit le maître. Tu viens de prononcer ta propre condamnation. Tu prétends avoir su que je suis un homme exigeant, qui retire de l’argent là où je n’ai rien placé et qui moissonne sur des terres où je n’ai rien semé.
      23 Pourquoi, alors, n’as-tu pas au moins déposé mon argent à la banque ? À mon retour, je l’aurais retiré avec ses intérêts.
      24 Puis, s’adressant à ses gardes qui assistaient à la scène, il commanda : — Retirez-lui cette pièce d’or et donnez-la à celui qui en a dix. —
      25 Mais Seigneur, lui firent-ils remarquer, il a déjà dix pièces. —
      26 Eh bien, je vous le déclare : à celui qui a, on donnera davantage, mais à celui qui n’a rien, on enlèvera même ce rien qu’il possède.
      27 D’autre part, amenez-moi ici mes ennemis, ceux qui n’ont pas voulu que je règne sur eux, et tuez-les devant moi.

      Luc 21

      1 En regardant autour de lui, Jésus vit des riches qui mettaient leurs offrandes dans le tronc.
      2 Il aperçut aussi une pauvre veuve qui y glissait deux petits sous.
      3 Alors, il dit : — Vraiment, je vous l’assure : cette pauvre veuve a donné plus que tous les autres.
      4 En effet, ces gens-là ont seulement offert à Dieu une partie de leur superflu. Elle, par contre, dans sa pauvreté, a pris sur son nécessaire, elle a donné tout ce qui lui restait pour vivre.
      5 En parlant du temple, certains (disciples) faisaient remarquer combien il était beau avec ses pierres magnifiques et les nombreux objets apportés en offrande à Dieu. —
      6 Est-ce là ce que vous regardez ? leur dit Jésus. Il viendra un temps où tout cela sera détruit : pas une pierre ne restera sur l’autre. —
      7 Maître, lui demandèrent-ils alors, quand est-ce que cela se passera, et à quel signe reconnaîtra-t-on que tous ces événements seront sur le point de s’accomplir ? —
      8 Faites attention, leur dit-il, ne vous laissez pas égarer. En effet, plusieurs viendront sous mon nom et vous diront : « Le Messie, c’est moi ! » et encore : « Le temps est venu ! L’heure est arrivée ! » Ne suivez pas de tels gens !
      9 Quand vous entendrez parler de guerres et de révolutions, ne vous laissez pas effrayer. En effet, il faut que tout cela arrive d’abord ; cela ne signifie pas encore que la fin (du monde) viendra aussitôt après.
      10 Puis il ajouta : — On verra se dresser race contre race, État contre État.
      11 Partout, il y aura de graves tremblements de terre, et dans différentes régions, des épidémies et des famines séviront. Des phénomènes terrifiants se produiront et, dans le ciel, des signes extraordinaires apparaîtront.
      12 Mais auparavant, on se saisira de vous, on vous persécutera, on vous fera comparaître devant les autorités religieuses et vous serez jetés en prison. Parce que vous portez mon nom, et que vous voudrez me rester fidèles, vous serez traînés devant des souverains et des gouverneurs.
      13 Ces choses vous arriveront pour vous donner l’occasion de témoigner pour moi.
      14 Et voilà ce qu’il vous faudra bien graver dans vos cœurs : vous n’aurez pas besoin de réfléchir d’avance à ce que vous devrez dire pour votre défense,
      15 car c’est moi qui vous inspirerai les paroles qui conviennent. Vous parlerez avec une telle sagesse que tous vos adversaires réunis ne pourront vous résister ou vous contredire.
      16 Vous serez trahis et dénoncés, même par vos parents, vos frères, vos proches et vos amis. Plusieurs d’entre vous seront condamnés à mort.
      17 Tout le monde vous détestera parce que vous m’appartenez.
      18 Mais pas un seul cheveu ne tombera de votre tête (sans la volonté de Dieu).
      19 En tenant ferme, vous parviendrez au salut. —
      20 Donc, lorsque vous verrez des armées ennemies encercler Jérusalem, sachez que son heure a sonné et qu’elle sera bientôt dévastée.
      21 Que les habitants de la Judée s’enfuient alors dans les montagnes. Que ceux qui se trouveront dans Jérusalem s’empressent d’en sortir. Que ceux qui seront dans les champs ne rentrent pas dans la ville !
      22 Ces jours-là, en effet, seront des jours de châtiment où tout ce qui est écrit dans la Bible s’accomplira.
      23 Malheur aux femmes qui, à ce moment-là, attendront un enfant ou allaiteront leur bébé ! Car ce pays passera par une grande misère et un terrible jugement s’abattra sur ce peuple.
      24 Ses habitants seront passés au fil de l’épée ou déportés dans tous les pays, Jérusalem sera occupée par les étrangers, leurs pieds fouleront son sol jusqu’à l’époque où le temps de leur domination sera révolu. —
      25 Des phénomènes extraordinaires se produiront sur le soleil, la lune et les étoiles. Sur la terre, les peuples seront saisis d’angoisse. Quand la mer se déchaînera avec un bruit effroyable et que ses flots déferleront avec puissance, personne ne saura plus que faire.
      26 Des gens mourront de peur dans l’attente anxieuse des malheurs qui menacent le monde entier, car les lois qui régissent le ciel seront déréglées et les forces qui maintiennent l’univers seront déchaînées.
      27 C’est alors que l’on verra, dans une nuée, le Fils de l’homme revenir dans la plénitude de la puissance et de la gloire divines.
      28 Quand ces événements commenceront à se produire, levez la tête et prenez courage : bientôt vous serez délivrés.
      29 Pour illustrer son enseignement, il ajouta cette comparaison : — Voyez le figuier, ou n’importe quel autre arbre.
      30 Une fois que les bourgeons commencent à pousser, il suffit de les regarder pour savoir que l’été n’est désormais plus très loin.
      31 De même, quand vous verrez tout cela se produire, vous pourrez en conclure avec certitude que Dieu établira bientôt son règne.
      32 Oui, vraiment, je vous l’assure : cette génération ne disparaîtra pas avant que toutes ces choses ne se soient réalisées.
      33 Ciel et terre peuvent passer, mais mes paroles ne passeront jamais.
      34 Faites donc bien attention, veillez sur vous-mêmes pour que vos esprits ne s’alourdissent pas à force de bien manger, de trop boire et de vous tracasser pour votre vie de tous les jours, sinon ce grand jour vous surprendra tout à coup.
      35 Vous serez pris au piège, car il s’abattra comme un filet sur tous les habitants de la terre.
      36 Tenez-vous donc en éveil et priez sans vous relâcher pour que Dieu vous donne la force d’échapper à tous ces malheurs futurs et pour que vous puissiez vous présenter debout avec assurance en présence du Fils de l’homme.
      37 Jésus passait ses journées à enseigner dans la cour du temple, mais le soir, il sortait de la ville et se retirait pour la nuit sur la colline appelée mont des Oliviers.
      38 Dès le point du jour, tout le peuple affluait vers lui, dans la cour du temple, pour l’écouter.

      Luc 22

      34 Pierre, reprit Jésus, je te préviens : aujourd’hui même, avant que le coq ait fini de chanter, trois fois déjà tu auras déclaré que tu ne me connais pas.

      Luc 23

      39 L’un des deux bandits crucifiés avec lui l’insultait. Il lui lança ironiquement : — Tu es le Messie, toi ? Alors, tire-toi de là, et nous avec !
      40 Mais l’autre l’interrompit et le fit taire en disant : — Tu n’as aucun respect de Dieu, toi, et pourtant tu subis la même peine !
      41 Pour nous, c’est régulier : nous payons pour ce que nous avons fait ; mais celui-là n’a rien fait d’irrégulier.
      42 Puis se tournant vers Jésus, il ajouta : — Jésus, souviens-toi de moi quand tu reviendras pour régner.
      43 Et Jésus lui répondit : — Vraiment, je te l’assure : aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis.

      Luc 24

      13 Or, précisément ce même jour, deux disciples se rendaient à un village nommé Emmaüs, à une dizaine de kilomètres de Jérusalem.
      14 Ils s’entretenaient de tout ce qui venait de se passer.
      15 Pendant qu’ils étaient absorbés dans leur discussion et qu’ils se communiquaient leurs réflexions, Jésus lui-même s’approcha d’eux et se mit à marcher à leurs côtés.
      16 Mais ils étaient comme frappés d’aveuglement et ne le reconnaissaient pas.
      17 Il leur dit : — De quoi discutez-vous en marchant ? Qu’est-ce qui vous préoccupe ainsi pour que vous ayez l’air si triste ?
      18 L’un d’eux, nommé Cléopas, lui répondit : — Serais-tu le seul parmi ceux qui séjournent à Jérusalem qui ne sache pas ce qui s’y est passé ces jours-ci ? —
      19 Quoi donc ? leur demanda-t-il. — Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth. C’était un puissant prophète de Dieu. Il a accompli devant tout le peuple des actes extraordinaires, il parlait avec autorité aux foules.
      20 Nos grands-prêtres et nos magistrats l’ont livré aux Romains pour le faire condamner à mort et clouer sur une croix.
      21 Nous avions espéré que ce serait lui le libérateur d’Israël. Mais hélas ! voilà déjà trois jours que tout cela est arrivé.
      22 Il est vrai que quelques femmes qui font partie de notre groupe nous ont fort étonnés. Elles sont allées au tombeau ce matin, avant l’aube,
      23 et n’ont plus trouvé son corps. Elles sont même venues raconter qu’elles ont vu apparaître des anges qui leur ont assuré qu’il est vivant.
      24 Là-dessus, quelques-uns des nôtres se sont aussi rendus au tombeau. Ils ont bien trouvé les choses telles que les femmes les ont décrites, mais lui, ils ne l’ont pas vu. —
      25 Ah ! vous n’avez pas compris grand-chose, leur dit Jésus, et vous êtes bien lents à croire tout ce que les prophètes ont prédit depuis longtemps !
      26 Le Christ ne devait-il pas nécessairement souffrir toutes ces choses avant d’entrer dans sa gloire ?
      27 Alors, commençant par les livres de Moïse et parcourant tous ceux des prophètes, Jésus leur expliqua ce qui se rapportait à lui dans toutes les Écritures.
      28 Entre-temps, ils arrivèrent près du village où ils voulaient se rendre. Jésus fit semblant de vouloir continuer sa route.
      29 Mais ils le retinrent avec insistance en disant : — Reste donc avec nous. Tu vois : le jour baisse et le soir approche. Alors, il entra dans le village pour demeurer avec eux.
      30 Il se mit à table avec eux, prit le pain et, après avoir prononcé la prière de bénédiction, il le partagea et le leur donna.
      31 Au même moment, des écailles tombèrent de leurs yeux et ils le reconnurent… mais il avait déjà disparu.
      32 Alors, ils se dirent l’un à l’autre : — N’avons-nous pas senti comme un feu dans notre cœur pendant qu’il nous parlait en chemin et lorsqu’il nous découvrait le sens des Écritures ?
      33 Ils se levèrent de table et repartirent sur l’heure à Jérusalem. Ils y trouvèrent les onze, réunis avec d’autres disciples.
      34 Tous les accueillirent par ces paroles : — C’est vrai ! le Seigneur est réellement ressuscité, il s’est montré à Simon.
      35 Alors, les deux disciples racontèrent à leur tour ce qui leur était arrivé en chemin et comment ils avaient reconnu Jésus au moment où il avait partagé le pain.
      36 Pendant qu’ils s’entretenaient ainsi, tout à coup, Jésus lui-même se trouva au milieu d’eux et leur dit : — La paix soit avec vous. N’ayez pas peur, c’est moi !

      Actes 2

      22 Écoutez-moi bien, hommes d’Israël : vous connaissez Jésus de Nazareth, cet homme que Dieu lui-même a accrédité auprès de vous par les miracles, les signes et les actes extraordinaires qu’il a accomplis par la puissance divine. Vous le savez tous parfaitement.
      23 Eh bien, cet homme a été livré entre vos mains. Notez bien que Dieu en avait décidé ainsi dans son plan et qu’il avait prévu que cela arriverait. Une fois qu’il était en votre pouvoir, qu’en avez-vous fait ? Vous l’avez tué en le faisant crucifier par la main des hommes qui ne connaissent pas Dieu.
      24 Mais Dieu a brisé les chaînes de la mort : il l’a ressuscité, parce qu’il était impossible que la mort le retienne captif.

      Actes 3

      13 C’est notre Dieu, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos ancêtres qui vient ici de manifester la gloire de son serviteur Jésus, de ce Jésus même que vous avez livré aux Romains, et que vous avez renié devant Pilate au moment même où celui-ci s’était décidé à le remettre en liberté.

      Actes 7

      38 Lorsque le peuple était rassemblé au désert, ce fut encore lui qui servit d’intermédiaire entre nos ancêtres et l’ange qui parlait sur le mont Sinaï. Il reçut de Dieu les paroles de vie pour nous les transmettre.

      Actes 8

      1 Saul avait donné son approbation à l’exécution d’Étienne. Ce meurtre fut le signal d’une violente persécution qui, à partir de ce jour-là, se déchaîna contre l’Église de Jérusalem : tous les chrétiens se dispersèrent à travers la Judée et la Samarie. Les apôtres seuls restèrent à Jérusalem.
      2 Quelques hommes pieux allèrent chercher le corps d’Étienne et l’enterrèrent en pleurant publiquement sa mort.
      3 Quant à Saul, il faisait autant de mal que possible à l’Église : il pourchassait et malmenait ses membres, allant de maison en maison pour en arracher les croyants, hommes et femmes, et les jeter en prison.
      4 Les chrétiens qui s’étaient dispersés parcouraient le pays, pour annoncer de-ci de-là la bonne nouvelle de la parole (de Dieu).
      5 C’est ainsi que Philippe, par exemple, se rendit au chef-lieu de la Samarie et se mit à prêcher le Christ, le Messie promis.
      6 La population tout entière se montra très réceptive à ce qu’il disait, car elle entendait parler des miracles qu’il accomplissait et pouvait même les voir de ses yeux :
      7 en effet, beaucoup de personnes qui avaient des démons en elles furent délivrées des esprits impurs qui sortaient d’elles en poussant de grands cris ; de nombreux paralysés et des infirmes furent guéris.
      8 Aussi, toute la ville était-elle en joie.
      9 Or, depuis quelque temps, un nommé Simon s’y était établi pour exercer la magie. Il émerveillait le peuple samaritain par ses enchantements et jouissait d’un grand crédit (auprès d’eux). Il se prenait pour un grand personnage et se faisait passer pour tel.
      10 Aussi, la population entière était-elle comme fascinée par lui, et tous, du simple particulier au dirigeant, allaient le consulter : « Cet homme, disaient-ils, possède la puissance même de Dieu, la toute grande puissance vit en lui ».
      11 S’il exerçait une si profonde influence, c’était parce que, depuis assez longtemps, il séduisait les gens par sa sorcellerie et les tenait envoûtés par ses dons magiques.
      12 Quand ils eurent accepté avec foi le message que Philippe leur annonçait au sujet du règne de Dieu et de la personne de Jésus-Christ, ils se firent baptiser, tant les hommes que les femmes.
      13 Simon lui-même devint croyant et se fit baptiser. Par la suite, il accompagnait constamment Philippe ; il s’émerveillait devant les miracles et les prodiges extraordinaires qui s’accomplissaient sous ses yeux.
      14 Quand les apôtres, restés à Jérusalem, apprirent que les Samaritains avaient accepté la parole de Dieu, ils y déléguèrent Pierre et Jean
      15 qui, dès leur arrivée, prièrent pour les nouveaux disciples afin qu’ils reçoivent le Saint-Esprit.
      16 En effet, il n’était encore descendu sur aucun d’eux : ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus.
      17 Pierre et Jean se mirent donc à leur imposer les mains, et ils reçurent l’Esprit saint.
      18 Lorsque Simon vit que l’Esprit saint était donné par l’imposition des mains des apôtres, il leur proposa de l’argent
      19 en disant : — Donnez-moi aussi ce pouvoir pour que ceux à qui j’imposerai les mains reçoivent l’Esprit saint. —
      20 Maudit sois-tu avec ton argent ! lui dit Pierre. Comment as-tu pu t’imaginer que le don de Dieu était une marchandise que l’on puisse acquérir à prix d’argent ?
      21 Tu n’as rien compris et tu n’auras aucune part à cette faveur. Tu t’es exclu toi-même du droit à l’héritage (divin), car ton cœur n’est pas sincère devant Dieu.
      22 Détourne-toi donc de tes mauvais desseins. Demande au Seigneur de te pardonner, si c’est possible, d’avoir eu de telles intentions dans ton cœur.
      23 Car, à ce que je vois, tu es rempli d’amertume et de méchanceté et tu en récolteras les fruits amers : tu es enlisé dans le mal et ligoté par le péché.
      24 Alors, Simon demanda à Pierre et à Jean : — Intercédez vous-mêmes pour moi auprès du Seigneur, pour que votre malédiction ne se réalise pas, et qu’il ne m’arrive aucun des malheurs dont vous venez de parler.
      25 Pierre et Jean continuèrent à rendre témoignage à Jésus-Christ en annonçant la parole du Seigneur, puis ils s’en retournèrent à Jérusalem, tout en prêchant la Bonne Nouvelle dans les différents villages samaritains qu’ils traversèrent.
      26 À cette même époque, un ange du Seigneur apparut à Philippe et lui dit : — Lève-toi, pars dans la direction du sud, prends la route qui descend de Jérusalem à Gaza, celle qui est déserte.
      27 Immédiatement, il se leva et se mit en route. Au même moment arrivait un haut dignitaire éthiopien. Il était venu à Jérusalem pour adorer Dieu.
      28 Sur le chemin du retour, assis dans son char, il lisait à haute voix dans le livre du prophète Ésaïe.
      29 L’Esprit de Dieu dit à Philippe : — Avance, rattrape ce char et marche à côté de lui.
      30 Philippe courut et entendit l’Éthiopien lire dans le prophète Ésaïe. Alors, il l’aborda pour lui demander : — Comprends-tu ce que tu lis ? —
      31 Comment veux-tu que je comprenne, reconnut l’autre, si je n’ai personne pour me guider et m’expliquer ? Il fit signe à Philippe de monter dans la voiture et de s’asseoir à côté de lui.
      32 Or, il était en train de lire ce passage de l’Écriture : Comme un mouton, il a été conduit à l’abattoir ; comme l’agneau qui se laisse tondre sans un cri, il n’a pas ouvert la bouche.
      33 Il a été humilié, il fut injustement traité, mais par son abaissement, il a fait lever la condamnation qu’il aurait pu prononcer (contre nous). Qui peut comprendre les hommes de sa génération ? Qui racontera son destin ? Qui comptera sa descendance ? car sa vie sur la terre a été supprimée.
      34 L’Éthiopien demanda à Philippe : — Dis-moi, s’il te plaît : de qui est-il question ? Le prophète parle-t-il de lui-même ou de quelqu’un d’autre ?
      35 Alors, Philippe prit la parole et, en partant de ce texte, il lui annonça la Bonne Nouvelle de Jésus.
      36 En continuant leur route, ils passèrent près d’un point d’eau. Le ministre s’écria : — Voici de l’eau : qu’est-ce qui m’empêche d’être baptisé ? —
      37 Si tu crois de tout ton cœur, tu peux l’être, lui répondit Philippe. — Oui, déclara le ministre, je crois que Jésus est le Fils de Dieu.
      38 Aussitôt, il donna l’ordre d’arrêter le char ; Philippe et le ministre descendirent tous deux dans l’eau et Philippe le baptisa.
      39 Quand ils remontèrent de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, qui disparut aux yeux du ministre. Mais celui-ci poursuivit sa route, le cœur rempli de joie.
      40 Philippe se retrouva dans la bourgade d’Asdod, d’où il se rendit à Césarée en annonçant la Bonne Nouvelle dans toutes les localités qu’il traversait.

      Actes 10

      39 Nous avons vu de nos yeux, et nous attestons tout ce qu’il a fait, tant au pays des Juifs qu’à Jérusalem, où ils l’ont mis à mort en le pendant au gibet.

      Actes 13

      27 En effet, les habitants de Jérusalem et leurs chefs n’ont compris ni les paroles des prophètes ni qui était ce Jésus : ils l’ont condamné, mais par là-même, ils ont accompli sans le savoir les prophéties qui sont lues chaque sabbat.

      Actes 21

      8 Dès le lendemain, nous sommes repartis à pied vers Césarée ; nous nous sommes rendus chez Philippe, l’évangéliste, qui avait fait partie des sept hommes que l’on avait élus à Jérusalem. C’est chez lui que nous avons logé.

      Galates 3

      1 Ah ! mes pauvres amis galates ! Que vous êtes donc insensés ! Qui vous a fascinés ainsi ? On dirait que vous avez été ensorcelés ! Ne vous ai-je pas dépeint Jésus-Christ, le crucifié, comme s’il avait été cloué à la croix sous vos yeux ? Où est restée votre compréhension de sa mort ?

      1 Thessaloniciens 4

      13 Chers frères, nous aimerions vous dire encore quelques mots au sujet de ceux qui se sont endormis de leur dernier sommeil. Nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance ou l’incertitude à leur sujet afin que vous ne vous désoliez pas comme le reste des hommes qui n’ont pas d’espérance.

      Hébreux 5

      12 Dire que vous êtes convertis depuis tant d’années ! Il y a longtemps que vous devriez être en train d’en enseigner d’autres et pourtant vous en êtes encore à l’ABC de la révélation, vous avez vous-mêmes besoin de quelqu’un qui vous réapprenne les premiers rudiments des paroles de Dieu. Vous ne supportez que le lait, non la nourriture solide.

      1 Pierre 4

      11 Avez-vous reçu le don de parler ? Annoncez le message de Dieu selon sa parole et transmettez aux autres ce qui vient de Dieu. Exercez-vous un ministère diaconal ? Accomplissez votre tâche avec la force que Dieu vous donne. Dans tous les cas, agissez de manière à ce que la gloire revienne à Dieu par Jésus-Christ, car à lui sont dues la gloire et la puissance aux siècles des siècles. Qu’il en soit ainsi !
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