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Dictionnaire Biblique de Top Bible

JACOB

(hébreu Yaaqôb)

1.

Les conteurs hébreux, toujours préoccupés d'étymologies parlantes, rattachent ce nom, soit au substantif âqéb =talon (Ge 25:26), soit au verbe âqab =tromper (Ge 27:36, cf. Os 12:4 ; dans Vers. Syn., supplanter, ce qui paraît fautif). On trouve dans les inscriptions égyptiennes et babyloniennes des noms qui peuvent se ramener à un original hébraïque tel que Jacob-el, mais rien ne prouve qu'il s'agisse là précisément du Jacob de la Genèse. D'après la tradition consignée dans Ge 32:28, (cf. Ge 35:10,22 46:1, etc., J) Jacob portait secondairement le nom d'Israël, qui y est interprété : lutteur avec Dieu, et pouvait signifier : Dieu lutte, ou : que Dieu lutte ! Inversement, dans la littérature postérieure, le peuple d'Israël (voir ce mot) sera souvent appelé Jacob, surtout en poésie (Ps 14:7, Am 6:8, Esa 14:1, Ro 9:13 etc.).

2.

La première partie de la vie de ce patriarche se passe au foyer de son père Isaac et de sa mère Rébecca. Les deux frères jumeaux, Ésaü et Jacob, sont rivaux, et dans leur rivalité se reflète à l'avance la tension qui existera en permanence entre Israël, le peuple paisible et pastoral, issu de Jacob, et Édom, le peuple aventureux et rude, issu d'Ésaù. Les conteurs israélites s'appliquent avec prédilection à élucider cette énigme : pourquoi Jacob, le dernier-né, est-il devenu le plus puissant ? (Ge 25:23) Et deux raisons sont indiquées : d'une part Jacob a acheté à son frère, du plein gré de celui-ci, son droit d'aînesse, moyennant un plat de lentilles (Ge 25:29,34) ; d'autre part Jacob, aidé de sa mère, a trouvé moyen de surprendre la confiance paternelle et de se faire donner la bénédiction de l'aîné (Ge 27:1-40). Nul ne peut juger équitablement un tel récit s'il se place au point de vue de la morale évoluée qui est la nôtre. Pour les conteurs qui nous ont transmis ce récit, Jacob, le héros national, n'a pas commis de faute. Il a très habilement conquis pour lui et ses descendants la première place, en utilisant ces deux moyens étroitement associés chez les peuples orientaux : l'achat et la tromperie. Cette absence de sensibilité morale comme aussi l'impossibilité pour Isaac, si peiné qu'il soit, de retirer sa bénédiction une fois donnée (l'opus operatum) attestent que nous avons ici affaire à un récit dont la forme actuelle elle-même remonte assez haut (cf. Gunkel, Genesis)

3.

Pour des raisons faciles à comprendre, Jacob quitte la demeure de ses parents (Béer-Séba) et se dirige vers le pays d'origine de sa mère (Paddan-Aram, selon P ; Caran, selon JE). En cours de route il a, de nuit, une vision demeurée célèbre (Ge 28:10,22). Dans cette vision paraît se refléter la vieille idée cosmologique d'un axe du monde qui unit le ciel au « nombril de la terre » et qui est figuré tantôt par un pieu sacré, tantôt par une tour élevée, tantôt, comme ici, par une échelle (voir ce mot). Les antiques notions cosmologiques se sont estompées, faisant place au symbole merveilleux des anges qui montent et descendent le long de l'échelle, représentant l'échange continuel des prières et des grâces entre la terre et le ciel. Deux textes très différents d'esprit suivent le récit de la vision proprement dite. Dans l'un (Ge 28:13-16 J) l'Éternel renouvelle à Jacob, d'une manière absolument inconditionnelle, les promesses accordées naguère à la foi d'Abraham. Dans l'autre (Ge 28:20,22 E) Jacob fait un marché avec Dieu : Si l'Éternel me protège, me nourrit, me ramène chez mon père, l'Éternel sera mon Dieu, et je lui donnerai la dîme de ce qu'il me donnera ! A côté de la religion de la grâce et de la foi, celle du « donnant donnant ». Béthel, l'endroit sacré où la tradition place la vision de Jacob et où (d'après E) le patriarche éleva une pierre sainte (matséba), fut jusqu'à la réforme de Josias un sanctuaire très réputé en Israël (Jug 20:18,26 et suivant, 1Sa 10:3, Am 4:4 7:10-13, Os 10:5,1Ro 12:29,2Ro 23:15, etc.).

4.

Arrivé au pays de sa mère et introduit au foyer de sa famille lointaine à la suite d'un épisode de vie pastorale qui ressemble à celui dont Moïse sera le héros (Ge 29:1,14, cf. Ex 2:16-21), Jacob devient l'hôte, puis l'employé de son oncle Laban. Et les conteurs nous font assister avec force détails au duel qui met aux prises le fils et le frère de la peu scrupuleuse Rébecca. La première passe d'armes tourne à l'avantage de l'oncle. Moyennant sept ans de service, celui-ci promet Rachel, sa fille cadette, à Jacob qui a noué avec elle une tendre idylle (Ge 29:20). Mais, le moment de l'échéance arrivé, la fille aînée, Léa, moins aimée et moins belle ( « les yeux délicats » de nos versions françaises sont un euphémisme ; il faut lire ; « les yeux ternes » ou « sans éclat ») est substituée a sa soeur. Pour que Laban lui donne aussi Rachel, Jacob est obligé de promettre sept nouvelles années de service (Ge 29:25,30). Le récit de la Genèse s'étend longuement sur la naissance des enfants de Jacob : des notions ethniques, du reste très anciennes, paraissent intervenir ici. En effet, les fils, moins directement légitimes, des servantes Zilpa et Bilha, portent les noms de celles des douze tribus qui apparaissent dans l'histoire comme les moins authentiquement et anciennement israélites, Gad et Asser, Dan et Nephthali (L. Gautier).

Il faut noter aussi le fait que Joseph, dont les descendants éphraïmites auront longtemps la prépondérance en Israël, apparaît ici comme le fils de Rachel, l'épouse préférée (Ge 29:31 30:24). Mais l'intérêt principal des conteurs est pour la revanche de Jacob sur Laban. Deux traditions, du reste étroitement apparentées, s'entremêlent dans le récit (très compliqué en son état actuel) des opérations au moyen desquelles le neveu réussit à augmenter considérablement son cheptel (Ge 30:25-43). La technique de Jacob, trop habile à nos yeux, ne suscite aucune réserve de la part des conteurs, qui se réjouissent, au contraire, en connaisseurs, du succès éclatant de l'ancêtre, et qui montrent le Dieu de Béthel bénissant en toutes choses son adorateur (Ge 31:1,13). Finalement, grâce à un « décrochage » savant, Jacob réussit à se séparer de Laban, emmenant avec lui non seulement ses femmes, ses servantes et ses troupeaux immenses, mais aussi les théraphim de son beau-père (ces théraphim sont des idoles domestiques dont l'usage se maintiendra longtemps en Israël et dont il est parlé ici avec une irrévérence qui témoigne d'une confiance ébranlée : Ge 31:14-44). Un accord et une alliance finissent par intervenir, mettant un terme à la compétition des deux rivaux (Ge 31:45,55).

5.

Ayant échappé à Laban, Jacob, qui se dirige vers la terre de Canaan, va se trouver nécessairement aux prises avec Ésaù dont il redoute, non sans raisons, le courroux. Il emploie divers moyens pour se tirer de cette situation difficile : messagers de paix (Ge 32:3-5), division de la caravane en deux camps (verset 73), envoi de présents échelonnés (verset 13-21). En fin de compte l'accueil de l'aîné est tout différent de ce qu'on pouvait en attendre et les deux frères se réconcilient. Cependant Jacob, toujours précautionneux et voulant se prémunir contre un changement d'humeur d'Ésaü, obtient que celui-ci le laisse cheminer seul, sans même lui imposer une escorte (Ge 33:1,16).

6.

C'est en plein milieu des récits narrant la rencontre des deux frères qu'apparaît la très mystérieuse histoire de la lutte entre Jacob et l'Éternel (Ge 32:24-32). Au passage du torrent du Jabbok, le patriarche nous est montré se mesurant avec un personnage qui n'est pas nommé, mais dans lequel il faut évidemment voir la divinité ou un de ses messagers. Divers indices (le texte hébr., par exemple, porte au verset 31 Péniel et au verset 32 Penouel) tendent à prouver qu'ici aussi deux textes sont mélangés. Mais cette constatation est loin d'effacer toutes les difficultés. Qui est ce Dieu qui engage le combat contre Jacob, qui ne peut le vaincre et qui, finalement, le bénit ? Avec juste raison, H. Gunkel souligne que nous avons ici affaire à une scène digne du pinceau de Rembrandt. D'une part nous y trouvons des notions tout à fait archaïques, qui nous reportent à une époque très lointaine (le Dieu lutte corporellement avec l'homme et il ne peut affronter la lumière du jour, etc.). Mais d'autre part le « Je ne te laisserai pas que tu ne m'aies béni » a toujours évoqué et il évoque encore invinciblement chez tout lecteur croyant des réflexions prenantes sur la prière qui persévère.

7.

Tandis qu'Ésaü retourne à Séir, Jacob s'établit à Succoth (Ge 33:17), à peu de distance à l'Ouest de Péniel ; puis il se transporte (verset 18) à Sichem, localité qui aura dans l'histoire d'Israël une grande importance (Jos 20:7, Jug 9:1 1Ro 12:1,25). L'histoire de Dina (Ge 34). qui nous est rapportée en deux recensions, mais qui aboutit, dans l'une et dans l'autre, au massacre des Sichémites par les fils de Jacob, paraît reposer sur un fond historique solide, mais se rapporter à des faits survenus au moment de la conquête de Canaan. Anxieux des représailles possibles (Ge 34:30), Jacob se remet en route avec sa smala, et se dirige vers Béthel, dont il renouvelle la consécration à l'Éternel par l'érection d'un autel (Ge 35:7). La pierre sainte dont il est parlé au verset 14 est considérée par quelques-uns comme un monument funéraire consacré au souvenir de Débora, la nourrice de Rébecca, ensevelie sous le chêne sacré de Béthel (Ge 35:8). Une nouvelle étape conduit encore les Jacobites à Éphrata, localité située vraisemblablement entre Béthel et Rama (1Sa 10:2, cf. Jer 31:15), et non aux environs de Bethléhem comme l'indique une glose postérieure. Là vient au jour le douzième fils, Benjamin, dont la naissance coûte la vie à sa mère Rachel. Sur la tombe de celle-ci est érigée également une « pierre du souvenir » (Ge 35:16,19).

8.

A partir de ce moment, la première place dans la tradition n'appartient plus à Jacob mais à Joseph. Le père est installé avec ses fils dans la région où Abraham et Isaac avaient séjourné (Ge 37:1), c'est-à-dire dans la Palestine méridionale (Hébron et Béer-Séba). Il manifeste une préférence marquée pour Joseph, le fils de sa vieillesse et le fils de Rachel (Ge 37:3 et suivant). Il n'intervient que mollement pour combattre la vanité du « faiseur de songes » (Ge 37:10) et lorsqu'il constate sa disparition il est en proie à une douleur inconsolable (Ge 37:31,35). Aux jours sombres de la famine, le patriarche envoie ses fils chercher en Egypte la nourriture nécessaire, ne gardant auprès de lui que Benjamin (Ge 42:1,5,13). Sollicité par la suite de laisser partir ce dernier, il ne s'y résigne que sous la pression inexorable du besoin (Ge 43:1-15). A la nouvelle que Joseph vit et gouverne l'Egypte, le père reste d'abord incrédule, puis il se décide à descendre à son tour vers le pays lointain pour voir encore son fils avant de mourir (Ge 45:25,28). Accueilli avec un grand respect par Joseph (Ge 46:28 et suivant), Jacob s'installe avec les siens au pays de Gossen, région très favorable à l'établissement d'une population pastorale, et que la tradition de J déclare avec insistance avoir été mise à la disposition des arrivants par le Pharaon lui-même (Ge 47:1-6). Dans un récit d'une sobriété majestueuse, P décrit la présentation de Jacob au Pharaon, et il ne craint pas de montrer le patriarche bénissant solennellement le roi (Ge 47:7,10). D'après J, sentant la mort approcher, Jacob fait promettre à Joseph de l'ensevelir au pays de ses pères (Ge 47:29,31) ; E semble indiquer qu'il pensait plutôt à être enseveli aux côtés de Rachel (Ge 48:7). Puis il adopte (Ge 48:5) et bénit spécialement (Ge 48:8-20) les deux fils de Joseph, donnant, contrairement au droit d'aînesse et malgré les avertissements de son fils, la première place à Éphraïm de préférence à Manassé : tentative évidente des conteurs pour expliquer l'hégémonie marquée d'Éphraïm dans les temps ultérieurs. Dans tous les entretiens suprêmes du patriarche comme dans ce qui nous est raconté de l'attitude de Joseph à l'égard de son père, retentit une note émue et émouvante.

9.

Enfin intervient la fameuse « bénédiction de Jacob » (Ge 49). C'est un exemplaire d'une série probablement considérable de morceaux poétiques dans lesquels les Hébreux aimaient à retracer les destinées des divers groupes constituant la nation d'Israël (un morceau semblable se trouve dans De 33). Il ne s'agit pas à proprement parler ici de prophéties, mais de la description d'une situation historique donnée--ou de plusieurs--mise dans la bouche d'un grand ancêtre (cf. le tu Mar-cellus eris de Virgile). Ces poèmes, très hauts en couleur, se caractérisent par des jeux de mots intraduisibles, par des allusions dont beaucoup nous sont devenues incompréhensibles et par l'emploi d'images d'un caractère extrêmement réaliste. Dans la bénédiction de Jacob, chacune des douze tribus (Joseph ne compte encore que pour une) se voit consacrer quelques mots destinés à la caractériser. Mais tandis que la plupart de ces strophes sont très brèves, il en est trois qui tranchent sur l'ensemble : celle sur Siméon et Lévi, les deux tribus soeurs, qui sont positivement maudites, et à la disparition desquelles il est fait une allusion très nette ; celle sur Juda, truculente et enthousiaste, contenant le célèbre passage du chilô (v 10b, qui paraît devoir se traduire : « jusqu'à ce que vienne celui auquel il appartient » ; certains savants trouvent là la première trace d'eschatologie dans l'A.T.) ; celle enfin qui exalte Joseph, « le prince de ses frères », c-à-d, la tribu reine du Nord, rivale du méridional Juda. Ces divers « oracles » sont d'âges très différents ; le plus grand nombre remontent à la période des Juges ; quelques-uns, du moins sous leur forme actuelle, paraissent dater de l'époque royale.

10.

Les conteurs (aussi bien dans J que dans E) racontent avec admiration les funérailles solennelles du patriarche dans la terre de ses ancêtres. L'embaumement qui exige quarante jours, le deuil de soixante-dix jours (d'ordinaire il n'en durait que sept), les grands d'Egypte se joignant aux Israélites pour accompagner la dépouille, l'impression profonde produite sur les Cananéens, tout cela sert à souligner la grandeur de celui que la femme samaritaine, bien des siècles plus tard, appellera encore « notre père Jacob » (Jn 4:12).

11.

De la rapide analyse qui précède, il résulte que les récits concernant Jacob ne sont ni de l'histoire proprement dite, ni de la pure légende, mais qu'ils nous sont parvenus sous la forme de traditions populaires plus ou moins évoluées (voir Abraham). On a prétendu souvent que Jacob, tout comme son père et son aïeul, ne serait qu'une figure ethnique, une personnification du peuple hébreu. Il est incontestable que certains traits qui nous sont rapportés de lui s'expliqueraient fort bien de cette manière (notamment son identification avec Israël). Mais on ne saurait sans tours de force faire rentrer dans un tel cadre toute la tradition qui le concerne. Sous les alluvions multiples déposées par les âges, il semble bien possible de rencontrer en divers endroits le roc de l'histoire. Les traditions sur Jacob sont moins riches spirituellement que celles sur Abraham. Mais elles ont le mérite de nous faire connaître un aspect non négligeable de la mentalité israélite. Si la figure de ce nomade, voyageur courageux, croyant intéressé mais persévérant, travailleur, acharné et peu scrupuleux en affaires, fiancé tendre et veuf inconsolable, père aimant et faible, vieillard digne et respecté, manquait dans l'A.T., celui-ci ne serait pas enraciné comme il l'est dans le sol de la vérité humaine. A. JE

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    • Genèse 25

      23 Et l'Éternel lui dit : Deux nations sont dans ton ventre, et deux peuples se sépareront au sortir de tes entrailles. Un de ces peuples sera plus fort que l'autre ; et le plus grand servira le plus petit.
      26 Et après cela sortit son frère, et sa main tenait le talon d'Ésaü ; et on l'appela Jacob (supplanteur). Et Isaac était âgé de soixante ans quand ils naquirent.
      29 Or, comme Jacob cuisait du potage, Ésaü vint des champs, et il était las.
      34 Et Jacob donna à Ésaü du pain et du potage de lentilles ; et il mangea, et but ; puis il se leva et s'en alla. Ainsi Ésaü méprisa le droit d'aînesse.

      Genèse 27

      1 Et il arriva, quand Isaac fut devenu vieux et que ses yeux furent trop faibles pour voir, qu'il appela Ésaü, son fils aîné, et lui dit : Mon fils ! et il lui répondit : Me voici !
      2 Et il dit : Voici je suis vieux, et je ne sais point le jour de ma mort.
      3 Maintenant donc, prends, je te prie, tes armes, ton carquois et ton arc, et va-t'en aux champs, et prends-moi du gibier.
      4 Et apprête-moi un mets appétissant, comme je les aime ; et apporte-le-moi, que je le mange, afin que mon âme te bénisse avant que je meure.
      5 Or, Rébecca écoutait, pendant qu'Isaac parlait à Ésaü, son fils. Ésaü s'en alla donc aux champs pour prendre du gibier et l'apporter.
      6 Et Rébecca parla à Jacob, son fils, et lui dit : Voici, j'ai entendu ton père, qui parlait à Ésaü, ton frère, et lui disait :
      7 Apporte-moi du gibier, et apprête-moi un mets appétissant, que je le mange, et que je te bénisse devant l'Éternel, avant de mourir.
      8 Maintenant donc, mon fils, obéis à ma voix, pour ce que je vais te commander.
      9 Va me prendre au troupeau deux bons chevreaux, et j'en apprêterai pour ton père un mets appétissant, comme il les aime.
      10 Et tu le porteras à ton père, pour qu'il le mange, afin qu'il te bénisse avant sa mort.
      11 Et Jacob répondit à Rébecca sa mère : Voici, Ésaü, mon frère, est velu, et je ne le suis pas.
      12 Peut-être que mon père me tâtera, et il me regardera comme un trompeur, et j'attirerai sur moi la malédiction, et non la bénédiction.
      13 Et sa mère lui dit : Que ta malédiction soit sur moi, mon fils ; obéis seulement à ma voix, et va me chercher ces chevreaux.
      14 Il alla donc les chercher et les apporta à sa mère, et sa mère en apprêta un mets appétissant, comme son père les aimait.
      15 Puis Rébecca prit les plus riches habits d'Ésaü, son fils aîné, qu'elle avait auprès d'elle dans la maison, et elle en revêtit Jacob, son fils cadet.
      16 Et elle couvrit des peaux de chevreaux ses mains et son cou, qui était sans poil.
      17 Ensuite elle mit le mets appétissant et le pain qu'elle avait apprêtés, dans la main de Jacob, son fils.
      18 Et il vint vers son père, et dit : Mon père ! Et il répondit : Me voici ; qui es-tu, mon fils ?
      19 Et Jacob dit à son père : Je suis Ésaü, ton fils aîné ; j'ai fait ce que tu m'as commandé. Lève-toi, je te prie, assieds-toi, et mange de ma chasse, afin que ton âme me bénisse.
      20 Et Isaac dit à son fils : Comment donc en as-tu trouvé si tôt mon fils ? Et il dit : C'est que l'Éternel ton Dieu me l'a fait rencontrer.
      21 Et Isaac dit à Jacob : Approche, que je te tâte, mon fils, pour savoir si tu es mon fils Ésaü, ou non.
      22 Jacob s'approcha donc d'Isaac, son père, qui le tâta, et dit : La voix est la voix de Jacob ; mais les mains sont les mains d'Ésaü.
      23 Il ne le reconnut pas ; car ses mains étaient velues, comme les mains d'Ésaü, son frère ; et il le bénit.
      24 Et il dit : C'est toi qui es mon fils Ésaü ? Et il répondit : C'est moi.
      25 Alors il dit : Sers-moi, que je mange de la chasse de mon fils, pour que mon âme te bénisse. Et il le servit, et il mangea. Il lui apporta aussi du vin, et il but.
      26 Puis Isaac, son père, lui dit : Approche, et baise-moi, mon fils.
      27 Et il s'approcha, et le baisa. Et Isaac sentit l'odeur de ses habits, et il le bénit, et dit : Voici, l'odeur de mon fils est comme l'odeur d'un champ que l'Éternel a béni.
      28 Que Dieu te donne de la rosée des cieux et de la graisse de la terre, et une abondance de froment et de moût !
      29 Que des peuples te servent, et que des nations se prosternent devant toi ! Sois le maître de tes frères, et que les fils de ta mère se prosternent devant toi ! Quiconque te maudira, soit maudit, et quiconque te bénira, soit béni !
      30 Et il arriva, aussitôt qu'Isaac eut achevé de bénir Jacob, et comme Jacob était à peine sorti de devant Isaac, son père, qu'Ésaü, son frère, revint de la chasse.
      31 Il apprêta, lui aussi, un mets appétissant, et l'apporta à son père, et il lui dit : Que mon père se lève, et mange de la chasse de son fils, afin que ton âme me bénisse.
      32 Et Isaac, son père, lui dit : Qui es-tu ? Et il dit : Je suis ton fils, ton premier-né, Ésaü.
      33 Et Isaac fut saisi d'une émotion extraordinaire ; et il dit : Qui est donc celui qui a pris du gibier, et m'en a apporté ? et j'ai mangé de tout, avant que tu vinsses, et je l'ai béni, et aussi sera-t-il béni.
      34 Dès qu'Ésaü eut entendu les paroles de son père, il jeta un cri très grand et très amer. Et il dit à son père : Bénis-moi, moi aussi, mon père !
      35 Mais il dit : Ton frère est venu avec ruse, et il a pris ta bénédiction.
      36 Et Ésaü dit : Est-ce parce qu'on l'a appelé Jacob, qu'il m'a déjà supplanté deux fois ? Il a pris mon droit d'aînesse, et voici, maintenant il a pris ma bénédiction. Ensuite il dit : N'as-tu point réservé de bénédiction pour moi ?
      37 Et Isaac répondit et dit à Ésaü : Voici, je l'ai établi ton maître et je lui ai donné tous ses frères pour serviteurs ; et je l'ai pourvu de froment et de moût. Et que ferais-je donc pour toi, mon fils ?
      38 Et Ésaü dit à son père : N'as-tu que cette bénédiction, mon père ? bénis-moi, moi aussi, mon père ! Et Ésaü éleva la voix, et pleura.
      39 Et Isaac son père répondit, et lui dit : Voici, ta demeure sera de la graisse de la terre, de la rosée des cieux d'en haut.
      40 Et tu vivras de ton épée, et tu serviras ton frère ; mais il arrivera, comme tu seras errant, que tu briseras son joug de dessus ton cou.

      Genèse 28

      10 Mais Jacob partit de Béer-Shéba, et s'en alla à Charan.
      13 Et voici, l'Éternel se tenait au-dessus d'elle, et il dit : Je suis l'Éternel, le Dieu d'Abraham, ton père, et le Dieu d'Isaac ; la terre sur laquelle tu es couché, je la donnerai à toi et à ta postérité.
      14 Et ta postérité sera comme la poussière de la terre ; et tu te répandras à l'Occident et à l'Orient, au Nord et au Midi ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta postérité.
      15 Et voici, je suis avec toi, et je te garderai partout où tu iras ; et je te ramènerai en ce pays ; car je ne t'abandonnerai point, que je n'aie fait ce que je t'ai dit.
      16 Et Jacob s'éveilla de son sommeil, et dit : Certainement, l'Éternel est en ce lieu-ci, et je n'en savais rien !
      20 Et Jacob fit un voeu, en disant : Si Dieu est avec moi, et me garde dans ce voyage que je fais, et me donne du pain pour manger, et des habits pour me vêtir,
      22 Et cette pierre, que j'ai dressée en monument, sera la maison de Dieu ; et tout ce que tu m'accorderas, je t'en donnerai fidèlement la dîme.

      Genèse 29

      1 Puis Jacob se mit en chemin, et s'en alla au pays des Orientaux.
      14 Et Laban lui dit : Certainement, tu es mon os et ma chair ; et il demeura avec lui un mois de temps.
      20 Jacob servit donc sept ans pour Rachel ; et ils ne lui semblèrent que quelques jours, parce qu'il l'aimait.
      25 Et le matin, voici, c'était Léa ; et Jacob dit à Laban : Qu'est-ce que tu m'as fait ? N'est-ce pas pour Rachel que j'ai servi chez toi ? Et pourquoi m'as-tu trompé ?
      30 Il vint donc aussi vers Rachel, et il aima Rachel plus que Léa, et il servit chez Laban encore sept autres années.
      31 Et l'Éternel, voyant que Léa était haïe, la rendit féconde ; mais Rachel était stérile.

      Genèse 30

      24 Et elle l'appela Joseph (il ôte ou il ajoute), en disant : Que l'Éternel m'ajoute encore un autre fils !
      25 Et lorsque Rachel eut enfanté Joseph, Jacob dit à Laban : Donne-moi mon congé, que je m'en aille en mon lieu, dans mon pays.
      26 Donne-moi mes femmes et mes enfants, pour lesquels je t'ai servi, et que je m'en aille ; car tu sais le service que j'ai fait pour toi.
      27 Et Laban lui répondit : Puissé-je avoir trouvé grâce à tes yeux ; car j'ai deviné que l'Éternel m'a béni à cause de toi.
      28 Puis il dit : Fixe-moi ton salaire, et je te le donnerai.
      29 Et il lui répondit : Tu sais comment je t'ai servi, et ce qu'est devenu ton bétail avec moi.
      30 Car ce que tu avais avant moi était peu de chose ; mais depuis il s'est fort accru, et l'Éternel t'a béni depuis que j'ai mis le pied chez toi ; et maintenant, quand travaillerai-je aussi pour ma maison ?
      31 Et Laban lui dit : Que te donnerai-je ? Et Jacob répondit : Tu ne me donneras rien. Je paîtrai encore tes troupeaux, et je les garderai, si tu fais ceci pour moi :
      32 Je passerai aujourd'hui parmi tous tes troupeaux ; ôtes-en toute bête picotée et tachetée, et toute bête noire parmi les agneaux, et ce qui est tacheté et picoté parmi les chèvres ; et ce sera mon salaire.
      33 Et ma justice me rendra témoignage à l'avenir devant toi, quand tu viendras reconnaître mon salaire. Tout ce qui ne sera point picoté ou tacheté parmi les chèvres, et noir parmi les agneaux, aura été volé, s'il est trouvé chez moi.
      34 Alors Laban dit : Eh bien ! qu'il en soit comme tu dis.
      35 Et le jour même il sépara les boucs rayés et tachetés, et toutes les chèvres picotées et tachetées, tout ce qui avait du blanc, et tout ce qui était noir parmi les agneaux ; et il les confia à ses fils.
      36 Et il mit l'espace de trois jours de chemin entre lui et Jacob. Et Jacob paissait le reste des troupeaux de Laban.
      37 Alors Jacob prit des branches vertes de peuplier, d'amandier et de platane, et y fit des raies blanches, en découvrant le blanc qui était aux branches.
      38 Et il mit les branches qu'il avait pelées, dans les auges, dans les abreuvoirs où les brebis venaient boire, en face des brebis ; et elles entraient en chaleur, quand elles venaient boire.
      39 Les brebis entraient donc en chaleur à la vue des branches, et elles faisaient des agneaux rayés, picotés et tachetés.
      40 Et Jacob partageait les agneaux, et mettait les brebis du troupeau de Laban en face de ce qui était rayé, et de tout ce qui était noir ; et il mit ses troupeaux à part, et ne les mit point auprès des troupeaux de Laban.
      41 Et il arrivait que toutes les fois que les brebis vigoureuses entraient en chaleur, Jacob mettait les branches sous les yeux du troupeau dans les auges, afin qu'elles entrassent en chaleur auprès des branches.
      42 Mais quand les brebis étaient chétives, il ne les mettait point. En sorte que les agneaux chétifs étaient pour Laban, et les vigoureux pour Jacob.
      43 Et cet homme devint extrêmement riche, et il eut de nombreux troupeaux, des servantes et des serviteurs, des chameaux et des ânes.

      Genèse 31

      1 Or Jacob entendit les discours des enfants de Laban, qui disaient : Jacob a pris tout ce qui appartenait à notre père ; et c'est de ce qui était à notre père, qu'il s'est acquis toute cette richesse.
      13 Je suis le Dieu de Béthel, où tu oignis un monument, où tu me fis un voeu. Maintenant, lève-toi, sors de ce pays, et retourne au pays de ta parenté.
      14 Alors Rachel et Léa répondirent et lui dirent : Avons-nous encore une part ou un héritage dans la maison de notre père ?
      15 Ne nous a-t-il pas traitées comme des étrangères, puisqu'il nous a vendues, et qu'il a même mangé notre argent ?
      16 Car toutes les richesses que Dieu a ôtées à notre père, sont à nous et à nos enfants. Maintenant donc, fais tout ce que Dieu t'a dit.
      17 Alors Jacob se leva, et fit monter ses enfants et ses femmes sur les chameaux.
      18 Et il emmena tout son bétail et tout le bien qu'il avait acquis, son bétail particulier, qu'il avait acquis à Paddan-Aram, pour venir vers Isaac, son père, au pays de Canaan.
      19 Or Laban était allé tondre ses brebis ; et Rachel déroba les théraphim de son père.
      20 Et Jacob trompa Laban l'Araméen, en ne lui disant point qu'il voulait s'enfuir.
      21 Il s'enfuit donc, lui et tout ce qui lui appartenait ; et il se leva, et passa le fleuve, et s'avança vers la montagne de Galaad.
      22 Et le troisième jour on rapporta à Laban que Jacob s'était enfui.
      23 Alors il prit ses frères avec lui, et le poursuivit sept journées de marche, et le rejoignit à la montagne de Galaad.
      24 Mais Dieu vint vers Laban, l'Araméen, dans un songe de la nuit, et lui dit : Garde-toi de rien dire à Jacob, ni en bien, ni en mal.
      25 Laban atteignit donc Jacob. Et Jacob avait planté sa tente sur la montagne. Et Laban tendit la sienne avec ses frères sur la montagne de Galaad.
      26 Et Laban dit à Jacob : Qu'as-tu fait ? Tu m'as trompé, et tu as emmené mes filles comme des prisonnières de guerre.
      27 Pourquoi t'es-tu enfui secrètement, et m'as-tu trompé, et ne m'en as-tu pas donné avis ? et je t'eusse reconduit avec joie et avec des chants, au son du tambourin et de la harpe.
      28 Et tu ne m'as pas laissé baiser mes fils et mes filles ! Tu as agi follement.
      29 J'ai en main le pouvoir de vous faire du mal ; mais le Dieu de votre père m'a parlé la nuit passée, en disant : Garde-toi de rien dire à Jacob, ni en bien, ni en mal.
      30 Et maintenant, tu es parti, parce que tu languissais après la maison de ton père ; mais pourquoi as-tu dérobé mes dieux ?
      31 Et Jacob répondit, et dit à Laban : C'est que je craignais en moi-même que tu ne me ravisses tes filles.
      32 Mais celui chez qui tu trouveras tes dieux, ne vivra point ; en présence de nos frères, examine ce qui est chez moi, et prends-les. Or Jacob ignorait que Rachel les eût dérobés.
      33 Alors Laban entra dans la tente de Jacob, et dans la tente de Léa, et dans la tente des deux servantes, et il ne les trouva point. Puis il sortit de la tente de Léa, et entra dans la tente de Rachel.
      34 Mais Rachel avait pris les théraphim, les avait mis dans le bât du chameau, et s'était assise dessus. Et Laban fouilla toute la tente, et ne les trouva point.
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