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JOSEPH (fils de Jacob)

Définition biblique de Joseph (fils de Jacob) :

Joseph est le onzième des fils de Jacob et l'aîné de Rachel. Dans la littérature hébraïque, le nom de Joseph désigne maintes fois les tribus issues de lui (Éphraïm et Manassé), parfois aussi le royaume du Nord, et, plus rarement, l'ensemble du peuple d'Israël.

Sommaire 

I. ÉTYMOLOGIE.

Le onzième des fils de Jacob et l'aîné de Rachel. Son nom est probablement une contraction de Yeoseph (forme de l'hébreu dans Ps 81:6). On trouve dans un texte égypt, le nom d'Y-sa-p'a-ra, qui se ramène peut-être à une forme hébraïque telle que Joseph-el. Ge 30:23 donne deux étym, artificielles du nom de Joseph : le verset 23 (E) le fait provenir du verbe âsaph--ôter ; le v. 24 (J) de yâsaph = augmenter, ajouter. Dans la littérature hébraïque, le nom de Joseph désigne maintes fois les tribus issues de lui (Éphraïm et Manassé), parfois aussi le royaume du Nord, et, plus rarement, l'ensemble du peuple d'Israël.

II. RÉFÉRENCES BIBLIQUES. 

Les récits concernant ce patriarche nous sont fournis, comme ceux qui ont trait à ses ascendants, par les deux sources soeurs et cependant distinctes J et E (l'apport de la source P est peu important). La distinction entre les deux sources principales saute aux yeux de quiconque examine de près, par exemple, l'histoire de Joseph vendu par ses frères (Ge 37). Les versets 18,19,22,24,28,29,32,33,34,36 (E) nous montrent les frères projetant de tuer leur cadet et Ruben suggérant de le jeter plutôt dans une certaine citerne (qu'il savait desséchée) avec l'arrière-pensée de le sauver ensuite ; mais des Madianites passent, tirent le jeune garçon de sa prison et l'emmènent en Egypte ; désespoir de Ruben et de Jacob. Les versets 18b, 21,23,25-27,28b, 31,32a, 32c, 33a, 33c, 34b, 35a (J) donnent également un récit à peu près suivi : les frères commencent par arracher (de colère) à leur cadet le vêtement qui symbolise les préférences paternelles, puis, sur l'initiative de Juda, ils vendent Joseph à des marchands, ismaélites. Dans la suite du récit, les deux sources ne sont pas aussi étroitement mélangées. Le rédacteur final a préféré souvent en suivre une à l'exclusion de l'autre pour de longs fragments ; mais il est facile de s'apercevoir que les songes, par exemple, sont caractéristiques de E, ainsi que les passages où le rôle principal appartient à Ruben (Ge 42:22-37), tandis que Juda a la première place dans ce qui vient de J (Ge 43:8-11 44:14,34).

Si réputée cependant et si nécessaire qu'elle soit, la distinction des sources ne nous apprend pas tout ce que nous aimerions savoir. Elle ne nous dit rien en particulier au sujet de la nature exacte des récits concernant Joseph. Pour les apprécier à leur juste valeur, il faut remarquer que, tout comme ceux qui ont trait à Abraham ou à Jacob, ils ne constituent ni de la fiction pure, ni de l'histoire proprement dite. Ce sont des traditions qui ont été mises par écrit après avoir été racontées de bouche en bouche pendant des siècles. Seulement, il est nécessaire d'observer que les traditions concernant Joseph étaient parvenues, lorsqu'on les a consignées par écrit, à un degré d'achèvement sensiblement plus avancé que celles qui mettent en scène ses prédécesseurs. Les diverses parties du récit sont mieux liées, les caractères sont mieux dépeints, le merveilleux s'estompe et n'apparaît plus que sous la forme atténuée des songes, la couleur locale est recherchée, le ton général est plus tendre, plus touchant, et surtout il y a, dans l'allure générale de la narration, un sens du dramatique, un art de faire croître l'intérêt, qui contrastent avec la facture plus fruste et en même temps plus grandiose des histoires sur Abraham. Nous avons affaire ici à une « nouvelle historique » d'exécution géniale, qui peut être comparée, mutatis mutandis, aux poèmes homériques, dans lesquels personne ne prétend trouver un procès-verbal ponctuel des événements évoqués, mais auxquels cependant les plus récentes recherches reconnaissent une valeur documentaire incontestable (sur cette caractéristique générale de l'histoire de Joseph, cf. Gunkel, Genesis)

Il est indispensable de noter aussi le caractère spécial du style de ces récits. C'est un modèle de narration familière, volontiers abondante, riche en répétitions, soutenant admirablement l'intérêt, dans le genre de celle qu'un Charles Péguy a essayé de réaliser dans ses derniers écrits. Aussi longtemps qu'il y aura des enfants, ils aimeront d'une affection spéciale cette passionnante histoire, et ils en préféreront la lecture dans le texte biblique intégral à tous les résumés et à toutes les paraphrases possibles.

L'histoire dramatique de Joseph comprend cinq épisodes essentiels et un épilogue.

III. Ier EPISODE.

Joseph est vendu par ses frères.

En tant que fils tardif de l'épouse préférée (Ge 30:22-24) Joseph est, lui aussi, préféré par son père (d'une manière qui nous choque, mais qui n'étonne pas le moins du monde les conteurs). Il reçoit de la main paternelle une tunique (bigarrée ou bariolée, disent la plupart des traductions, à manches longues, semble indiquer l'étym.), et une telle faveur excite contre lui la jalousie de ses frères (Ge 37:2,4). Cette animosité fraternelle est entretenue par l'inconscience avec laquelle Joseph raconte ses rêves orgueilleux (les gerbes et les étoiles qui s'inclinent). Jacob tente bien un semblant de résistance à cette vanité qui déborde, mais les conteurs lui donnent évidemment tort, car ils savent ce qui va arriver (Ge 37:5,11). Les frères profitent un jour d'une occasion favorable (à Sichem, J ; à Dothan, E) pour se débarrasser du « faiseur de songes ». Dans l'un et dans l'autre des deux récits qui s'entremêlent (cf. plus haut), apparaissent des notions très exactes sur la route des caravanes, sur leur chargement, etc. Mais la mention des Ismaélites et des Madianites est un anachronisme : les narrateurs ne se souviennent pas que, d'après Ge 16:15 et 25:1, Jacob est le neveu d'Ismaël et de Madian. La douleur du vieux père qui a perdu son fils est exprimée en termes émouvants.

IV. 2e EPISODE.

Les pénibles débuts de Joseph en Egypte.

Les caravaniers vendent le jeune homme tombé en leur possession à Potiphar, eunuque (ou simplement homme de cour) du pharaon, et « tueur en chef » (ce qui est interprété par quelques-uns dans le sens de boucher du roi--nous trouverons plus loin le panetier et l'échanson--, par d'autres dans le sens de bourreau, par d'autres enfin dans le sens de chef des gardes du corps, Ge 39:1). La bénédiction de l'Éternel, qui a à la fois pour support et pour effet une conduite intègre, fait « réussir » Joseph. Il gagne la confiance de son maître, dont il devient le fondé de pouvoirs. Malheureusement, la femme de Potiphar jette les yeux sur ce jeune homme « beau de taille et de visage », et elle lui fait à deux reprises des avances coupables. Joseph, ayant refusé de pécher contre son maître et contre Dieu, se voit puni de sa résistance par une scandaleuse calomnie en suite de laquelle il est jeté en prison. Cet épisode, qui n'est pas sans analogies avec le conte égyptien des « Deux frères », sert au narrateur à préparer dramatiquement la suite de son récit. Pour la seconde fois la méchanceté humaine s'acharne sur Joseph, mais c'est afin de le conduire, par un chemin que Dieu connaît, aux destinées les plus hautes (Ge 39:2,20). Dans la prison, le mérite de Joseph lui vaut de nouveau un poste de confiance (Ge 39:23), mais surtout la présence a ses côtés du Dieu qui interprète les songes (Ge 40:8) lui permet de donner, des rêves survenus à l'échanson et au panetier du pharaon, une explication lumineuse, bientôt confirmée par les faits. Est-ce la revanche de la destinée ? Pas encore. L'échanson rentré en grâce oublie Joseph. L'intérêt des auditeurs reste en suspens (Ge 40).

V. 3e EPISODE.

L'élévation de Joseph.

C'est sur les marches mêmes du trône que Joseph va voir, tourner à sa gloire le mal qu'on a voulu lui faire. Le pharaon est dévoré d'inquiétude à la suite du songe des sept vaches grasses et des sept vaches maigres (doublé de celui, tout symétrique, des épis). Aucun magicien d'Egypte n'a pu lui donner une interprétation satisfaisante. Joseph, dont l'échanson se souvient enfin, est appelé, et il fournit l'explication demandée. La scène est tout entière menée de main de maître. Le pharaon répète (sans que l'auditoire du narrateur songe à s'en fatiguer) le récit du double rêve. Joseph rapporte à Dieu seul le mérite de son explication (Ge 41:16), mais ce modeste se montre aussi supérieurement habile en proposant, pour prévenir la famine prévue, un programme précis que, naturellement, le pharaon le charge d'exécuter lui-même. Et voici l'esclave, le calomnié, le prisonnier, mis à la tête du pays d'Egypte, comblé d'honneurs, marié à une riche héritière, pourvu du titre de Tsaphnath-Panéach (ce mot, transcrit de l'égypt., est diversement interprété ; Vulg, traduit : le Sauveur du monde ; Steindorff, suivi par un grand nombre de savants, propose : Dieu parle, et il vit [ou fait vivre] ; pour d'autres, il faut lire : Celui qui nourrit le pays ; enfin l'égyptologue Ed. Naville suggère : chef du collège des écrivains sacrés). Le récit passe rapidement sur l'activité gouvernementale et économique de Joseph (Ge 41:50-56). Les narrateurs ont hâte d'arriver au point culminant du drame.

VI. 4e EPISODE.

Le premier voyage des frères.

La famine qui règne sur l'Egypte après les sept années d'abondance sévit aussi sur les pays voisins (Ge 41:57). Et de ceux-ci affluent vers la terre du Nil des affamés venant chercher du blé. Parmi les arrivants se présentent, un jour, les frères de Joseph. Quelle va être à leur égard l'attitude du frère vendu et maintenant glorifié ? Pour que la justice et la générosité se trouvent conciliées, il y aura deux entrevues, la première de châtiment, la seconde de pardon. Joseph, qui reconnaît ses frères (lesquels, naturellement, ne le reconnaissent pas), leur parle brutalement : « Vous êtes des espions ! » Ils s'en défendent vigoureusement : « Nous sommes de braves gens ! » Mais Joseph, impitoyable, les emprisonne et ne les laisse aller qu'au bout de trois jours, exigeant qu'au prochain voyage ils amènent Benjamin, et gardant d'ici là Siméon comme otage (Ge 42:9,20). Ces mesures sévères font rentrer les frères en eux-mêmes : ils se rappellent leur faute ; et l'émotion de Joseph, qui assiste à la scène incognito, est si forte qu'il doit se retirer pour pleurer (Ge 42:21,24). En s'en allant, les voyageurs trouvent, avec le blé emporté dans leurs sacs, l'argent qu'ils avaient apporté pour le payer. Ils ne comprennent pas... mais les narrateurs, eux, et les auditeurs comprennent que Joseph peut bien mettre ses frères à l'épreuve, mais non pas recevoir de l'argent de leurs mains (Ge 42:27 et suivant).

VII. 5e EPISODE.

Le second voyage des frères.

Jacob refuse d'abord énergiquement de laisser partir Benjamin (Ge 42:29-38). La faim cependant le décide, et Juda ayant promis solennellement de veiller sur son jeune frère, les dix s'en vont vers le pays qui a du blé (Ge 43:1,15). Ils sont reçus cette fois dans le palais de Joseph. Un repas plantureux leur est offert, Joseph mangeant à une table spéciale, et Benjamin étant le plus choyé (Ge 43:26-34). Enfin vient l'heure du départ. Les provisions sont chargées et la caravane s'ébranle. Mais en chemin, les Égyptiens rattrapent les voyageurs, les accusant d'avoir volé la coupe de leur maître (coupe qui servait, selon l'usage antique, à la divination [v. ce mot], Ge 44:5). Forts de leur bonne conscience, les frères nient le vol avec imprécations. Tombant en plein dans le traquenard que leur a tendu Joseph, ils déclarent : « Que celui qui l'a, meure ! » Et la coupe est trouvée dans le sac de Benjamin ! Les frères sont au désespoir. Ils sentent peser sur eux le poids de la faute ancienne. Ils n'oseront jamais rentrer chez leur père sans Benjamin ! Alors Juda prend la parole, humblement mais avec énergie. Il évoque le vieux père qui a souffert. Et il supplie qu'on le garde, lui, à la place de Benjamin : « Je ne saurais voir l'affliction de mon père ! »

Cette fois, le récit peut finir, les frères ont montré qu'ils n'étaient plus les jaloux, les méchants d'autrefois. Joseph fait sortir tout le monde et se fait reconnaître : « Je suis Joseph ! » (les mots : « mon père vit-il encore ? » absolument inconciliables avec ce qui vient d'être raconté, ne seraient-ils pas une phrase stéréotypée par la tradition et remontant à une époque où l'histoire des fils de Jacob était moins développée ?). En présence de l'émotion de ses frères, Joseph maintenant se fait tendre et encourageant. « C'est Dieu qui a tout conduit. Si je suis ici c'est pour que vous subsistiez, vous et le vieux père que vous m'amènerez. » Le mal fait est effacé ; la réconciliation est complète. L'émotion des narrateurs et des auditeurs est à son comble (Ge 44 et Ge 45).

VIII. ÉPILOGUE.

Après avoir consulté l'Éternel (Ge 46:1,4), Jacob descend en Egypte avec tout son clan. Joseph reçoit son père avec une grande déférence et l'établit, avec les siens et leurs troupeaux, dans la terre de Gossen. Ge 47:13-26 contient une notice du plus haut intérêt sur les mesures administratives que prit Joseph à la fin des années de famine et qui eurent pour résultat de faire passer tout le sol de l'Egypte (sauf les propriétés sacerdotales) entre les mains du pharaon, le peuple ainsi réduit au servage étant soumis à une redevance de 20% sur tout l'ensemble de la récolte. Ce récit, qui fait allusion à une situation économique dans laquelle il semble bien que l'Egypte se soit effectivement trouvée, est raconté par les narrateurs, à la gloire du grand ancêtre, sans aucune réserve sur le procédé qui consiste à profiter du malheur d'un peuple pour l'asservir (Ilimporte toutefois, avant de stigmatiser le caractère usuraire de l'impôt du 20%, de se mettre au clair sur les habitudes et les conditions séculaires de la vie au pays des fellahs).

A la suite de la mort de Jacob, les conteurs reprennent leur thème favori et nous font assister à un nouvel entretien entre Joseph et ses frères, ceux-ci tremblant toujours, et celui-là persévérant à pardonner (Ge 50:15,21). Arrivé à l'âge de 110 ans, c'est-à-dire à ce que les Égyptiens considèrent comme l'extrême vieillesse (Ed. Naville), Joseph meurt et, selon son désir, sa dépouille est embaumée en vue de son transport ultérieur au pays de Canaan (Ge 50:25 et suivant, cf. Ex 1:8 13:19, Jos 24:32).

Au premier coup d'oeil, la substance morale et religieuse des récits concernant Joseph paraît assez mince. Un examen plus attentif y révèle cependant bien des richesses. Au point de vue moral, nous trouvons ici une illustration infiniment délicate du grand principe qu'à la longue le mal est puni et la fidélité récompensée, et surtout une très haute idée du pardon, lequel n'est pas contraire à la justice, mais se superpose à elle. Il y a, dans l'attitude de Joseph se réconciliant avec ses frères, quelque chose qui annonce la parabole de l'enfant prodigue. Au point de vue religieux, les expériences caractérisées, massives, sont il est vrai absentes, mais une grande pensée domine tout l'ensemble, celle du Dieu qui conduit les événements et qui fait servir toutes choses, même la méchanceté des hommes, à l'accomplissement de ses desseins. Le nom de Dieu est prononcé avec discrétion, mais la pensée de Dieu est toujours là, et c'est elle qui donne à ce récit, en sus de son charme, une indéniable grandeur.

Voir diverses allusions à Joseph dans Ps 105:17 et suivants, 1Ma 2:53, Sir 49:15, Sag 10:13, Ac 7:9-18, Heb 11:21 et suivant.

A. M

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Versets relatifs

    • Genèse 16

      15 Agar mit au monde un fils que son père Abram nomma Ismaël.

      Genèse 25

      1 Abraham prit une autre femme, nommée Quetoura.

      Genèse 30

      22 Alors Dieu pensa à Rachel. Il exauça son désir et la rendit féconde.
      23 Elle devint enceinte et mit au monde un fils. Elle déclara : « Dieu m’a délivrée de ma honte. »
      24 Elle appela son fils Joseph, en exprimant ce souhait : « Que le Seigneur me donne encore un fils ! »

      Genèse 37

      1 Jacob s’installa au pays de Canaan, dans la région où son père avait séjourné.
      2 Voici l’histoire des fils de Jacob. Joseph était un adolescent de dix-sept ans. Il gardait les moutons et les chèvres en compagnie de ses frères, les fils de Bila et de Zilpa, femmes de son père. Il rapportait à son père le mal qu’on disait d’eux.
      3 Jacob aimait Joseph plus que ses autres fils, car il l’avait eu dans sa vieillesse. Il lui avait donné une tunique de luxe.
      4 Les frères de Joseph virent que leur père le préférait à eux tous. Ils en vinrent à le détester tellement qu’ils ne pouvaient plus lui parler sans hostilité.
      5 Une fois, Joseph fit un rêve. Il le raconta à ses frères, qui le détestèrent encore davantage.
      6 « Écoutez mon rêve, leur avait-il dit :
      7 Nous étions tous à la moisson, en train de lier des gerbes de blé. Soudain ma gerbe se dressa et resta debout ; toutes vos gerbes vinrent alors l’entourer et s’incliner devant elle. » –
      8 « Est-ce que tu prétendrais devenir notre roi et dominer sur nous ? » lui demandèrent ses frères. Ils le détestèrent davantage, à cause de ses rêves et des récits qu’il en faisait.
      9 Joseph fit un autre rêve et le raconta également à ses frères. « J’ai de nouveau rêvé, dit-il : Le soleil, la lune et onze étoiles venaient s’incliner devant moi. »
      10 Il raconta aussi ce rêve à son père. Celui-ci le réprimanda en lui disant : « Qu’as-tu rêvé là ? Devrons-nous, tes frères, ta mère et moi-même, venir nous incliner jusqu’à terre devant toi ? »
      11 Ses frères étaient exaspérés par lui, mais son père repensait souvent à ces rêves.
      12 Les frères de Joseph se rendirent dans la région de Sichem, pour y faire paître les moutons et les chèvres de leur père.
      13 Un jour Jacob dit à Joseph : « Tes frères gardent le troupeau près de Sichem. Va les trouver de ma part. » – « Oui, père », répondit Joseph.
      14 Jacob reprit : « Va voir s’ils vont bien, ainsi que le troupeau. Puis tu m’en rapporteras des nouvelles. » Jacob l’envoya donc depuis la vallée d’Hébron. Quand Joseph arriva près de Sichem,
      15 un homme le rencontra tandis qu’il errait dans la campagne ; il l’interrogea : « Que cherches-tu ? » –
      16 « Je cherche mes frères, répondit Joseph ; peux-tu me dire où ils sont avec leur troupeau ? »
      17 L’homme déclara : « Ils sont partis d’ici. Je les ai entendus dire qu’ils allaient du côté de Dotan. » Joseph partit à la recherche de ses frères et les trouva à Dotan.
      18 Ceux-ci le virent de loin. Avant qu’il les ait rejoints, ils complotèrent de le faire mourir,
      19 se disant les uns aux autres : « Hé ! voici l’homme aux rêves !
      20 Profitons-en pour le tuer. Nous jetterons son cadavre dans une citerne et nous dirons qu’une bête féroce l’a dévoré. On verra bien alors si ses rêves se réalisent. »
      21 Ruben les entendit et décida de sauver Joseph. « Ne le tuons pas ! » dit-il.
      22 Puis il ajouta : « Ne commettez pas un meurtre ; jetez-le simplement dans cette citerne du désert, mais ne le tuez pas. » Il leur parlait ainsi afin de pouvoir le sauver et le ramener à son père.
      23 Dès que Joseph arriva près de ses frères, ils se saisirent de lui, le dépouillèrent de sa belle tunique et le jetèrent dans la citerne. – Cette citerne était à sec, complètement vide. –
      25 Puis ils s’assirent pour manger. Ils virent passer une caravane d’Ismaélites, qui venaient du pays de Galaad et se dirigeaient vers l’Égypte. Leurs chameaux transportaient diverses résines odoriférantes : gomme adragante, baume et ladanum.
      26 Juda dit à ses frères : « Quel intérêt avons-nous à tuer notre frère et à cacher sa mort ?
      27 Vendons-le plutôt à ces Ismaélites, mais ne touchons pas à sa vie. Malgré tout, il est de notre famille, il est notre frère. » Ils donnèrent leur accord.
      28 Mais des marchands madianites, qui passaient par là, tirèrent Joseph de la citerne. Ils le vendirent pour vingt pièces d’argent aux Ismaélites, qui l’emmenèrent en Égypte.
      29 Lorsque Ruben alla regarder dans la citerne, Joseph n’y était plus. Ruben, désespéré, déchira ses vêtements,
      30 revint vers ses frères et s’écria : « Joseph n’est plus là ! Que vais-je faire maintenant ? »
      31 Les frères égorgèrent un bouc, prirent la tunique de Joseph et la trempèrent dans le sang.
      32 Ensuite ils l’envoyèrent à leur père avec ce message : « Nous avons trouvé ceci. Examine donc si ce n’est pas la tunique de ton fils. »
      33 Jacob la reconnut et s’écria : « C’est bien la tunique de mon fils ! Une bête féroce a déchiqueté Joseph et l’a dévoré. »
      34 Alors il déchira ses vêtements, prit la tenue de deuil et pleura son fils pendant longtemps.
      35 Tous ses enfants tentèrent de le réconforter, mais il refusa de se laisser consoler ; il disait : « Je serai encore en deuil quand je rejoindrai mon fils dans le monde des morts. » Et il continua de le pleurer.
      36 Les Madianites emmenèrent Joseph en Égypte et le vendirent à Potifar, homme de confiance du Pharaon et chef de la garde royale.

      Genèse 39

      1 Les Ismaélites qui avaient emmené Joseph en Égypte le vendirent à un Égyptien nommé Potifar. Ce Potifar était l’homme de confiance du Pharaon et le chef de la garde royale.
      2 Le Seigneur était avec Joseph, si bien que tout lui réussissait. Joseph vint habiter la maison même de son maître égyptien.
      20 Il fit arrêter et enfermer Joseph dans la forteresse, où étaient détenus les prisonniers du roi. Joseph se retrouva donc en prison.
      23 Le commandant ne s’occupait plus de ce qu’il lui avait confié, parce que le Seigneur était avec Joseph et faisait réussir tout ce qu’il entreprenait.

      Genèse 40

      1 Le temps passa. Un jour deux hauts fonctionnaires du roi d’Égypte commirent une faute contre lui. C’étaient le chef des échansons, responsable des boissons du roi, et le chef des boulangers. Le Pharaon se mit en colère
      3 et les fit enfermer dans la forteresse, la prison du chef de la garde royale, là même où Joseph était détenu.
      4 Le chef de la garde les confia aux soins de Joseph, et ils furent maintenus quelque temps en prison.
      5 Une nuit, l’échanson et le boulanger du roi d’Égypte firent tous deux un rêve dans leur prison. Chacun de ces rêves avait son propre sens.
      6 Le matin, quand Joseph vint les voir, il les trouva d’humeur sombre.
      7 Il leur demanda : « Pourquoi avez-vous l’air si triste aujourd’hui ? » –
      8 « Chacun de nous a fait un rêve, répondirent-ils, et il n’y a personne ici pour nous en donner l’explication. » – « Dieu peut vous la donner, déclara Joseph. Racontez-moi donc ce que vous avez rêvé. »
      9 Le chef des échansons raconta son rêve : « Dans mon rêve, dit-il, il y avait un plant de vigne devant moi.
      10 Ce plant portait trois rameaux. Dès qu’il eut bourgeonné, il se couvrit de fleurs, puis de grappes mûres.
      11 J’avais en main la coupe du Pharaon. Je cueillis alors des raisins, j’en pressai le jus dans la coupe et je la lui tendis. »
      12 Joseph lui dit : « Voici ce que signifie ton rêve : Les trois rameaux représentent trois jours.
      13 Dans trois jours, le Pharaon t’offrira une haute situation : il te rétablira dans tes fonctions. Tu pourras de nouveau lui tendre la coupe, comme tu le faisais précédemment.
      14 Essaie de ne pas m’oublier, quand tout ira bien pour toi ; sois assez bon pour parler de moi au Pharaon et me faire sortir de cette prison.
      15 J’ai été amené de force du pays des Hébreux, et ici je n’ai rien fait qui mérite la prison. »
      16 Lorsque le chef des boulangers vit que Joseph avait donné une interprétation favorable du rêve, il lui dit : « Moi aussi j’ai fait un rêve. Dans ce rêve, je portais sur la tête trois corbeilles de gâteaux.
      17 La corbeille supérieure était pleine des pâtisseries préférées du Pharaon, mais des oiseaux venaient les picorer dans la corbeille, sur ma tête. »
      18 Joseph lui dit : « Voici ce que signifie ton rêve : Les trois corbeilles représentent trois jours.
      19 Dans trois jours le Pharaon t’offrira une haute situation, plus haute que tu ne voudrais : on te pendra à un arbre, et les oiseaux viendront picorer ta chair. »
      20 Trois jours après, le Pharaon fêtait son anniversaire ; il offrit un banquet à tous les gens de son entourage. En leur présence, il offrit de hautes situations au chef des échansons et au chef des boulangers :
      21 Il rétablit le premier dans ses fonctions, pour qu’il lui tende de nouveau la coupe,
      22 mais il fit pendre le second. Ainsi s’accomplit ce que Joseph avait annoncé.
      23 Pourtant le chef des échansons oublia tout à fait Joseph.

      Genèse 41

      16 « Ce n’est pas moi, c’est Dieu qui peut t’en donner une explication favorable », répondit Joseph.
      50 Avant le début de la famine, Asnath, la femme de Joseph, mit au monde deux fils.
      51 Joseph appela l’aîné Manassé, et il déclara : « Dieu m’a permis d’oublier toutes mes souffrances et ma séparation d’avec les miens. »
      52 Il appela le cadet Éfraïm, et il expliqua : « Dieu m’a accordé des enfants dans ce pays où j’ai été si malheureux. »
      53 En Égypte les sept années d’abondance prirent fin.
      54 Alors commencèrent les sept années de famine, comme Joseph l’avait annoncé. La famine s’étendit à tous les pays, mais en Égypte il y avait des réserves de vivres.
      55 Quand les Égyptiens commencèrent à souffrir de la faim, ils réclamèrent au Pharaon de quoi manger. Celui-ci répondit à l’ensemble de la population : « Adressez-vous à Joseph et faites ce qu’il vous dira. »
      56 La famine devint générale dans le pays. Joseph fit alors ouvrir les entrepôts et vendre du blé aux Égyptiens. Puis la famine s’aggrava encore en Égypte.
      57 On y venait aussi de tous les pays pour acheter du blé à Joseph, car la famine sévissait durement partout.

      Genèse 42

      9 Joseph se souvint alors des rêves qu’il avait faits à leur sujet. Il reprit : « Vous êtes des espions ! C’est pour repérer les points faibles du pays que vous êtes venus ici. » –
      20 Ensuite vous me ramènerez votre plus jeune frère. J’aurai ainsi la preuve que vous avez dit la vérité, et vous éviterez la mort. » Les frères acceptèrent cette proposition.
      21 Mais, entre eux, ils se disaient : « Ah ! nous sommes bien punis à cause de notre frère : nous avons vu son angoisse quand il nous implorait, et nous ne l’avons pas écouté. Maintenant nous connaissons la même angoisse. »
      22 Et Ruben ajouta : « Je vous l’avais bien dit : “Ne commettez pas ce crime à l’égard de Joseph.” Mais vous n’avez pas voulu m’écouter. Eh bien, nous devons maintenant payer le prix de sa mort ! »
      23 Les frères ne se doutaient pas que Joseph les comprenait, parce qu’il se servait d’un interprète pour parler avec eux.
      24 Joseph s’éloigna d’eux pour pleurer. Lorsque Joseph revint, il leur annonça qu’il retenait Siméon et le fit enchaîner sous leurs yeux.
      25 Ensuite il fit remplir leurs sacs de blé, et replacer l’argent de chacun dans son sac, puis il ordonna de leur fournir des provisions de voyage ; ce qui fut fait.
      26 Les frères chargèrent leurs sacs de blé sur leurs ânes et s’en allèrent.
      27 Lorsqu’ils s’arrêtèrent pour la nuit, l’un d’eux ouvrit son sac pour donner à manger à son âne et trouva son argent déposé à l’entrée du sac.
      28 Il cria à ses frères : « On m’a rendu mon argent ! Il est ici, dans mon sac ! » Déconcertés et effrayés ils se demandaient l’un à l’autre : « Qu’est-ce que Dieu nous a fait là ? »
      29 Lorsqu’ils arrivèrent en Canaan auprès de leur père Jacob, ils lui racontèrent tout ce qui s’était passé :
      30 « L’homme qui est gouverneur du pays nous a parlé durement, dirent-ils. Il nous a traités comme des espions.
      31 Nous lui avons répondu : “Nous ne sommes pas des espions, mais d’honnêtes gens.
      32 Nous étions douze fils d’un même père, mais l’un de nos frères a disparu, et le plus jeune est resté au pays de Canaan avec notre père.”
      33 Cet homme nous a répondu qu’il voulait savoir si nous étions vraiment honnêtes. “Laissez-moi l’un de vous ici, a-t-il dit, et allez porter ce qu’il faut à vos familles affamées.
      34 Ensuite vous me ramènerez votre plus jeune frère. Je saurai ainsi que vous n’êtes pas des espions mais d’honnêtes gens. Alors je vous rendrai votre frère Siméon, et je vous laisserai circuler dans le pays pour vos affaires.” »
      35 Ils vidèrent ensuite leurs sacs, et chacun trouva dans le sien une bourse avec son argent. Lorsqu’ils virent cet argent, ils eurent tous peur, même Jacob, leur père.
      36 Celui-ci leur dit : « Vous m’avez déjà privé de deux enfants : je n’ai plus Joseph et je n’ai plus Siméon. Et vous voudriez me prendre Benjamin ! C’est sur moi que tout cela retombe ! »
      37 Ruben lui dit : « Si je ne te ramène pas Benjamin, tu pourras faire mourir mes deux fils. Confie-le-moi, je te le ramènerai. » –
      38 « Non, répondit Jacob, mon fils ne partira pas avec vous. Son frère est mort, lui seul me reste. Si un malheur lui arrivait au cours de votre voyage, âgé comme je suis, je mourrais de douleur par votre faute. »

      Genèse 43

      1 La famine continuait à peser sur le pays de Canaan.
      8 Juda ajouta : « Père, laisse Benjamin venir avec moi. Il faut que nous partions, si nous voulons survivre, toi, nous et nos familles. Nous ne tenons pas à mourir.
      9 Je me déclare responsable de lui ; tu pourras me le réclamer. Si je ne te le ramène pas, je serai pour toujours coupable à ton égard.
      10 Et maintenant, si nous n’avions pas tellement tardé, nous aurions pu faire deux fois le voyage aller et retour. »
      11 Jacob leur répondit : « Eh bien, puisqu’il le faut, faites donc ceci : emportez dans vos sacs quelques bons produits de notre pays, pour en faire cadeau à cet Égyptien. Prenez un peu de résines précieuses : baume, gomme adragante, ladanum, un peu de miel, des pistaches et des amandes.
      15 Les frères préparèrent les cadeaux et la double somme d’argent. Ils se rendirent avec Benjamin en Égypte et vinrent se présenter devant Joseph.
      26 Dès que Joseph entra chez lui, ils lui offrirent leurs cadeaux, puis s’inclinèrent jusqu’à terre devant lui.
      27 Joseph leur demanda comment ils allaient, puis il ajouta : « Et comment va votre vieux père, dont vous m’aviez parlé ? Est-il toujours en vie ? » –
      28 « Oui, répondirent-ils, ton humble serviteur est encore en vie et se porte bien. » Ils s’inclinèrent à nouveau profondément.
      29 Joseph aperçut Benjamin, son propre frère, le fils de sa mère, et dit : « C’est donc là le jeune frère dont vous m’avez parlé. » Et il ajouta : « Que Dieu te soit favorable, mon enfant ! »
      30 Joseph était si ému de voir son frère que les larmes lui vinrent aux yeux. Il se retira précipitamment dans sa chambre pour y pleurer.
      31 Après s’être lavé le visage, il revint. Il domina son émotion et ordonna de servir le repas.
      32 Joseph fut servi seul à une table, tandis que ses frères l’étaient à une autre. Les Égyptiens invités chez lui mangèrent aussi à part, car ils ne pouvaient pas partager un repas avec des Hébreux : leur religion l’interdisait.
      33 Les frères, installés en face de Joseph, avaient été placés par rang d’âge, de l’aîné au plus jeune. Ils se regardaient les uns les autres avec étonnement.
      34 Joseph leur fit servir les plats qui étaient sur sa table. A Benjamin, il fit porter une ration cinq fois plus copieuse que celles de tous ses frères. Ils burent du vin ensemble jusqu’à en être gais.

      Genèse 44

      1 Plus tard Joseph donna cet ordre à son intendant : « Remplis les sacs de ces gens, donne-leur autant de vivres qu’ils peuvent en emporter. Remets aussi l’argent de chacun à l’entrée de son sac.
      2 Dans le sac du plus jeune tu placeras non seulement la somme qu’il voulait payer mais aussi ma coupe d’argent. » L’homme exécuta les ordres de Joseph.
      3 Le lendemain, dès qu’il fit jour, on laissa les fils de Jacob partir avec leurs ânes.
      4 Ils quittèrent la ville, mais ils n’étaient pas encore bien loin quand Joseph dit à son intendant : « Poursuis ces gens, rattrape-les. Tu leur demanderas : “Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien ?
      5 Pourquoi avez-vous volé la coupe que mon maître utilise pour boire et pratiquer la divination ? C’est mal, ce que vous avez fait là !” »
      6 L’homme rattrapa les frères et leur répéta ces paroles.
      7 Les frères répondirent : « Comment Monsieur l’Intendant peut-il nous accuser ainsi ? Jamais nous n’aurions osé faire une chose pareille !
      8 Nous avions rapporté de Canaan l’argent retrouvé dans nos sacs. Pourquoi aurions-nous donc volé de l’argent ou de l’or dans la maison de ton maître ?
      9 Si l’on trouve cette coupe dans les bagages de l’un d’entre nous, eh bien, qu’on le mette à mort ! Et nous deviendrons nous-mêmes tes esclaves. »
      10 L’homme répondit : « Eh bien, je vous prends au mot. Toutefois le coupable seul deviendra mon esclave ; les autres seront libres. »
      11 Les frères déchargèrent rapidement leurs sacs et ouvrirent chacun le sien.
      12 L’homme fouilla tous les sacs, en commençant par celui de l’aîné et en finissant par celui du plus jeune. On trouva la coupe dans le sac de Benjamin.
      13 Les frères, consternés, déchirèrent leurs vêtements. Chacun rechargea son âne, et ils retournèrent à la ville.
      14 Juda et ses frères arrivèrent chez Joseph ; il était encore là. Ils se jetèrent à terre devant lui.
      15 Joseph leur dit : « Pourquoi avez-vous fait cela ? Ne savez-vous pas qu’un homme tel que moi a le pouvoir de tout deviner ? » –
      16 « Que pourrions-nous dire, Monsieur l’Administrateur ? répondit Juda. Que pourrions-nous dire pour prouver notre innocence ? Dieu nous a démasqués : nous sommes coupables. Nous serons donc tes esclaves, avec celui qui avait la coupe dans son sac. »
      17 Joseph reprit : « Non, il n’est pas question que j’agisse ainsi. Je ne prendrai pour esclave que celui qui avait la coupe. Quant à vous, rentrez tranquillement chez votre père. »
      18 Juda s’avança vers Joseph et dit : « Qu’il me soit permis de dire encore quelques mots à l’adresse de Monsieur l’Administrateur, sans provoquer sa colère, alors même qu’il est l’égal du Pharaon.
      19 La première fois, tu nous as demandé si nous avions encore notre père, ou un autre frère.
      20 Nous avons répondu : “Nous avons encore notre vieux père, ainsi qu’un jeune frère, qui lui est né dans sa vieillesse. Notre père l’aime particulièrement, car c’est le seul enfant qui lui reste de son épouse préférée ; l’autre fils est mort.”
      21 Tu nous as dit : “Amenez-le-moi, je désire le voir.”
      22 Nous t’avons expliqué alors que cet enfant ne pouvait pas quitter son père ; que, s’il le quittait, le père en mourrait.
      23 Mais tu nous as déclaré que tu ne nous recevrais plus si notre jeune frère ne venait pas avec nous.
      24 Nous sommes donc retournés auprès de notre père, ton humble serviteur, et nous lui avons rapporté ce que tu avais dit.
      25 Lorsqu’il nous a chargés de revenir acheter quelques vivres,
      26 nous lui avons dit : “Nous ne pouvons pas y aller, à moins que notre jeune frère nous accompagne. S’il n’est pas avec nous, l’administrateur du pays ne nous recevra pas.”
      27 Notre père nous a répondu : “Vous le savez bien, mon épouse Rachel ne m’a donné que deux fils.
      28 L’un d’eux a disparu ; je pense qu’il a été dévoré par une bête sauvage, car je ne l’ai jamais revu.
      29 Et vous voulez me prendre aussi l’autre ! Si un malheur lui arrive, âgé comme je suis, je mourrai de tristesse par votre faute.”
      30 Maintenant donc, Monsieur l’Administrateur, comment pourrais-je retourner auprès de mon père sans que l’enfant soit avec nous ? La vie de mon père dépend tellement du sort de cet enfant
      31 qu’il mourra s’il ne le voit pas revenir. Nous serons alors coupables de l’avoir fait mourir de douleur dans sa vieillesse.
      32 De plus, je me suis déclaré responsable de l’enfant devant mon père ; je lui ai dit : “Si je ne te le ramène pas, je serai pour toujours coupable à ton égard.”
      33 Je t’en supplie, permets-moi donc de rester ici comme esclave à ton service, à la place de l’enfant, pour qu’il puisse repartir avec ses autres frères.
      34 Je ne pourrais jamais retourner chez mon père sans être accompagné de l’enfant. Je ne supporterais pas de voir le malheur qui atteindrait mon père. »

      Genèse 45

      1 Alors Joseph, incapable de contenir son émotion devant les gens de son entourage, leur ordonna de sortir. Ainsi était-il seul avec ses frères quand il se fit reconnaître d’eux.
      2 Mais il pleurait si fort que les Égyptiens l’entendirent, et que la nouvelle en parvint au palais du Pharaon.
      3 Joseph dit à ses frères : « C’est moi Joseph ! Mon père est-il encore en vie ? » Mais ses frères furent tellement saisis qu’ils furent incapables de lui répondre.
      4 « Approchez-vous de moi », leur dit-il. Ils s’approchèrent. Joseph reprit : « C’est moi Joseph, votre frère, que vous avez vendu pour être emmené en Égypte.
      5 Ne vous tourmentez pas et ne vous faites pas de reproches pour m’avoir vendu ainsi. C’est Dieu qui m’a envoyé ici à l’avance, pour que je puisse vous sauver la vie.
      6 Il y a déjà eu deux années de famine dans le pays, mais pendant cinq années encore on ne pourra ni labourer la terre ni récolter les moissons.
      7 Dieu m’a donc envoyé dans ce pays avant vous, pour que vous puissiez y avoir des descendants et y survivre ; c’est une merveilleuse délivrance.
      8 Ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, mais Dieu. Et c’est encore lui qui a fait de moi le ministre le plus puissant du Pharaon, responsable du palais royal et administrateur de toute l’Égypte.
      9 Maintenant dépêchez-vous d’aller dire à mon père : “Voici le message que t’adresse ton fils Joseph : Dieu a fait de moi le maître de toute l’Égypte. Viens chez moi sans tarder.
      10 Tu t’installeras dans la région de Gochen avec tes enfants, tes petits-enfants, ton bétail, moutons, chèvres et bœufs, et tous tes biens. Tu seras ainsi tout près de moi.
      11 Ici je te fournirai des vivres, pour toi, ta famille et tes troupeaux, afin que vous ne manquiez de rien, car il y aura encore cinq années de famine.” »
      12 Et Joseph ajouta : « Vous voyez bien, et toi en particulier, Benjamin, que c’est moi qui vous parle.
      13 Allez donc dire à mon père quelle importante situation j’occupe en Égypte, et racontez-lui tout ce que vous avez vu. Ensuite dépêchez-vous de l’amener ici. »
      14 Joseph se jeta au cou de Benjamin, et tous deux s’embrassèrent en pleurant.
      15 Joseph pleurait aussi en embrassant ses autres frères. Alors seulement ils osèrent lui parler.
      16 Au palais royal on apprit que les frères de Joseph étaient arrivés en Égypte. Le Pharaon fut heureux de cette nouvelle, ainsi que son entourage.
      17 Il dit à Joseph : « Dis à tes frères de charger leurs bêtes et de repartir au pays de Canaan,
      18 pour aller y chercher leur père et leurs familles et pour les ramener ici. Je les installerai dans la région la plus prospère d’Égypte, où ils disposeront des meilleurs produits du pays.
      19 Tu diras aussi à tes frères de se procurer ici des chariots pour ramener leurs femmes et leurs enfants, ainsi que leur père.
      20 Ils ne doivent pas regretter ce qu’ils laisseront là-bas, car ils viendront s’installer dans la région la plus prospère de l’Égypte. »
      21 Les fils de Jacob firent ce qu’on leur proposait. Joseph leur fournit des chariots, selon l’ordre du Pharaon, ainsi que des provisions de voyage.
      22 Il fit cadeau d’un habit de fête à chacun d’eux, mais à Benjamin il en donna cinq, ainsi que trois cents pièces d’argent.
      23 En outre il envoya à son père, pour le voyage, dix ânes chargés des meilleurs produits d’Égypte et dix ânesses chargées de blé, de pain et d’autre nourriture.
      24 Il recommanda à ses frères de ne pas se disputer en cours de route, puis les laissa partir.
      25 Ceux-ci quittèrent l’Égypte, gagnèrent le pays de Canaan et arrivèrent auprès de leur père Jacob.
      26 Ils lui annoncèrent : « Joseph est toujours en vie ! Il est même administrateur de toute l’Égypte. » Jacob ne réagit pas, car il ne les croyait pas.
      27 Mais ils lui rapportèrent tout ce que Joseph leur avait dit, ils lui montrèrent les chariots que son fils avait envoyés pour le voyage. Alors Jacob se ranima.
      28 Il déclara : « Je n’en demande pas plus. Mon fils Joseph est toujours en vie. Je veux aller le revoir avant de mourir. »

      Genèse 46

      1 Jacob se mit en route avec tout ce qui lui appartenait. Lorsqu’il arriva à Berchéba, il offrit des sacrifices au Dieu de son père Isaac.
      4 Je t’y accompagnerai moi-même, et je t’en ferai aussi revenir. A ta mort, c’est Joseph qui te fermera les yeux. »

      Genèse 47

      13 La famine était si grave qu’il n’y avait plus rien à manger dans tout le pays. En Égypte, comme en Canaan, la population dépérissait à cause de cette famine.
      14 Joseph amassa tout l’argent d’Égypte et de Canaan avec lequel les gens lui achetaient du blé et il le fit déposer dans le palais du Pharaon.
      15 Lorsqu’il n’y eut plus d’argent, ni en Égypte ni en Canaan, les Égyptiens vinrent dire à Joseph : « Donne-nous à manger. Faudrait-il que nous mourions sous tes yeux, parce que nous n’avons plus d’argent ? » –
      16 « Si vous n’avez plus d’argent, donnez-moi vos troupeaux, répondit Joseph, et moi, en échange, je vous donnerai à manger. »
      17 Ils amenèrent donc leurs troupeaux à Joseph qui leur procura de la nourriture en échange de leurs chevaux, moutons, chèvres, bœufs et ânes. Cette année-là il leur assura de quoi manger en échange de tout leur bétail.
      18 Au bout d’une année, ils revinrent et dirent à Joseph : « Monsieur l’Administrateur, nous ne pouvons pas cacher que nous n’avons plus d’argent et que nos troupeaux t’appartiennent déjà. Nous n’avons plus rien d’autre à te proposer que nos personnes et nos terres.
      19 Faudrait-il que nous mourions sous tes yeux et que nos terres soient abandonnées ? Achète-nous avec nos terres, et fournis-nous de quoi manger. Nous serons, nous et nos terres, au service du Pharaon. Nous ne tenons pas à mourir. Procure-nous des semences pour que nous puissions survivre et que les terres ne soient pas réduites en désert. »
      20 Joseph acheta toutes les terres d’Égypte pour le compte du Pharaon, parce que la famine s’était aggravée et que chaque Égyptien vendait son champ. De cette manière, le pays tout entier devint la propriété du Pharaon
      21 et Joseph réduisit le peuple en esclavage d’un bout à l’autre du pays.
      22 Les seules terres que Joseph n’acheta pas furent celles des prêtres, parce qu’il existait un décret du Pharaon en leur faveur. En effet, ils vivaient de ce que le Pharaon leur attribuait, c’est pourquoi ils n’eurent pas à vendre leurs terres.
      23 Joseph s’adressa au peuple : « Maintenant que je vous ai achetés, vous et vos terres, pour le compte du Pharaon, je vais vous procurer du blé à semer dans les champs.
      24 Mais au moment de la moisson, vous donnerez un cinquième des récoltes au Pharaon. Les quatre autres cinquièmes vous appartiendront. Vous vous en servirez pour ensemencer les champs et pour vous nourrir, vous, vos enfants et tous ceux qui habitent dans vos maisons. »
      25 Ils répondirent : « Tu nous sauves la vie. Puisque tu nous manifestes ta bienveillance, nous acceptons d’être les esclaves du Pharaon. »
      26 C’est ainsi que Joseph promulgua une loi, qui est encore en vigueur aujourd’hui : en Égypte, un cinquième des récoltes revient au Pharaon. Seules les terres des prêtres ne devinrent pas la propriété du Pharaon.

      Genèse 50

      15 Les frères de Joseph se dirent : « Maintenant que notre père est mort, Joseph pourrait bien se tourner contre nous et nous rendre tout le mal que nous lui avons fait. »
      21 N’ayez donc aucune crainte : je prendrai soin de vous et de vos familles. » Par ces paroles affectueuses il les réconforta.
      25 Jurez-moi donc d’emporter mon corps avec vous, lorsque Dieu interviendra ainsi pour vous. »

      Exode 1

      8 Un nouveau roi commença à régner sur l’Égypte, mais il ne savait rien de Joseph.

      Exode 13

      19 Moïse emportait le corps de Joseph, car celui-ci avait dit à ses frères : « Dieu vous viendra certainement en aide. Jurez-moi d’emporter alors mon corps avec vous. »

      Josué 24

      32 Les Israélites enterrèrent à Sichem les restes de Joseph qu’ils avaient ramenés d’Égypte. Ils les mirent dans la parcelle de terrain que Jacob avait achetée pour cent pièces d’argent aux descendants de Hamor, le fondateur de Sichem, et qui était devenue la propriété des descendants de Joseph.

      Psaumes 81

      6 la règle qu’il a prescrite à la famille de Joseph, quand il s’attaqua à l’Égypte. – J’entends une voix inconnue me dire :

      Psaumes 105

      17 Mais il envoya un homme pour précéder ses protégés : c’était Joseph, qui fut vendu comme esclave.

      Actes 7

      9 « Les patriarches furent jaloux de Joseph et le vendirent pour être esclave en Égypte. Mais Dieu était avec lui ;
      10 il le délivra de toutes ses peines. Il donna la sagesse à Joseph et le rendit agréable aux yeux du Pharaon, roi d’Égypte. Celui-ci établit Joseph comme gouverneur sur l’Égypte et sur toute la maison royale.
      11 La famine survint alors partout en Égypte et dans le pays de Canaan. La détresse était grande et nos ancêtres ne trouvaient plus rien à manger.
      12 Quand Jacob apprit qu’il y avait du blé en Égypte, il y envoya nos ancêtres une première fois.
      13 La seconde fois qu’ils y allèrent, Joseph se fit reconnaître par ses frères et le Pharaon apprit ainsi quelle était la famille de Joseph.
      14 Alors Joseph envoya chercher Jacob, son père, et toute la famille qui comprenait soixante-quinze personnes.
      15 Jacob se rendit donc en Égypte où il mourut, ainsi que nos autres ancêtres.
      16 On transporta leurs corps à Sichem et on les enterra dans la tombe qu’Abraham avait achetée pour une somme d’argent aux fils de Hamor, à Sichem.
      17 « Lorsque le temps approcha où Dieu devait accomplir la promesse qu’il avait faite à Abraham, notre peuple s’accrut et devint de plus en plus nombreux en Égypte.
      18 Puis un nouveau roi, qui n’avait pas connu Joseph, se mit à régner sur l’Égypte.

      Hébreux 11

      21 Par la foi, Jacob bénit chacun des fils de Joseph, peu avant de mourir ; il s’appuya sur l’extrémité de son bâton et adora Dieu.
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