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TEXTE ET VERSIONS DE L'ANCIEN TESTAMENT (3.)

III Langues.

1.

HEBREU.

1° Généralités. Sauf quelques pages, dont nous nous occuperons plus loin, l'A. T, est écrit en hébreu, idiome qui appartient au groupe des langues sémitiques. Ce groupe forme un tout à l'intérieur duquel la parenté des dialectes est si frappante que la question se pose de savoir si chacun d'eux s'est créé indépendamment des autres dès l'origine, ou si tous remontent à un idiome primitif dont ils ne seraient que des dérivés. Cette dernière hypothèse est la plus vraisemblable.

Le terme d'hébreu, appliqué à la langue d'Israël, ne se rencontre pas dans l'A.T. Dans les trois passages où celui-ci fait allusion à l'idiome parlé en Palestine, il le désigne, Esa 19:18, par le terme poétique de « langue de Canaan » (=sephath Kena'an), 2Ro 18:26,28 (cf. Esa 36:11,13) et Ne 13:24 par celui de « juif » (=yehoudith)  : à ce moment-là le royaume du nord a disparu et Juda est seul à représenter le peuple de Jacob.

Au point de vue ethnologique, les « Hébreux » (voir ce mot) sont, dans l'A.T., les Israélites par opposition aux étrangers, Égyptiens, Philistins, etc., et le mot est employé par les étrangers ou par les Israélites eux-mêmes pour se distinguer des étrangers. (cf. Ex 21:2) Jamais il ne sert, dans la littérature d'avant l'exil, à désigner le peuple élu, dont le vrai nom est : Bené-IsraH-- fils ou enfants d'Israël. Mais plus tard, pendant la période grecque, le vieux terme reparaît et désigne les Juifs dans la bouche des étrangers. C'est à ce fait que la langue de l'A. T, doit de s'appeler « langue hébraïque ». On trouve ce mot dans le prologue de l'Ecclésiastique (hébraïsti), puis dans la Mischna et dans le N.T., où les mots hébraïs dialekios (Ac 21:40, cf. Jn 10:13-30) s'appliquent également à l'hébreu lui-même et à l'araméen que parlait le peuple à ce moment-là. Le terme d'hébreu vient lui-même de l'aram, ebrav, d'où le grec hébraïos et le franc, hébreu (XVI e siècle, hébrieu)

L'hébreu n'était probablement pas l'idiome des plus anciennes familles israélites. Les chroniques de la Genèse nous montrent dans la tribu abrahamide un groupe araméen que ses migrations amenèrent un jour aux portes de la Palestine et qui finit par s'y installer (cf. De 26:5) en obligeant les habitants à lui faire une place. Ces premiers occupants que nous appelons les Cananéens étaient, eux aussi, des Sémites, établis depuis plusieurs siècles dans cette contrée où leur civilisation s'était considérablement développée, et qui parlaient un dialecte particulier. C'est ce dialecte que les envahisseurs israélites adoptèrent, avec beaucoup d'autres coutumes et traditions, et qui devint leur langue. (cf. Esa 19:18 : « langue de Canaan ») On a donc parlé hébreu dans ce pays avant l'arrivée d'Israël. Ce fait est confirmé par les documents de Tell el-Amarna (voir art.) : les lettres des gouverneurs de Palestine au Pharaon, rédigées en babylonien, sont parsemées de gloses cananéennes où l'on reconnaît sans peine l'idiome qui deviendra deux siècles plus tard la langue d'Israël (comp, encore les inscriptions phéniciennes de Byblos).

Si, selon Max Muller, les langues sémitiques se rangent aux côtés des langues indo-européennes dans la subdivision des langues à flexion, c'est à peu près le seul rapport que ces deux groupes ont entre eux : abstraction faite des emprunts réciproques, le vocabulaire est complètement différent, la grammaire et la syntaxe sont d'une autre structure et l'on ne retrouve pas le même génie à l'origine de ces dialectes.

Il semble par contre plus facile d'établir un rapport entre notre groupe et celui des idiomes chamitiques du N. de l'Afrique, égyptien, galla, berbère, etc. On a pu relever, dans les deux groupes, des éléments identiques et permanents, ainsi le pronom de la 1 re personne singulier : hébreu anôki, assyr. anâkou, égypt, anek, copte anok. Mais des différences profondes empêchent de pousser trop loin ce rapprochement. Tout au plus, ces constatations confèrent-elles quelque vraisemblance à l'hypothèse qui fait venir les Sémites du N. de l'Afrique : aux temps préhistoriques, ces tribus auraient passé en Arabie où un long séjour leur aurait donné leurs caractères distinctifs et d'où, à diverses reprises, leurs flots se seraient déversés sur les contrées voisines dont la richesse excitait la convoitise des nomades.

2° Lexicographie. Comparé aux trésors des littératures grecque, latine ou sanscrite, celui de la littérature hébraïque est très exigu : 1.320 pages in- 8° de l'édition Kittel suffisent à contenir les 30 livres de notre A.T. Il faut y ajouter les quelques chapitres du texte primitif du livre du Siracide (Ecclésiastique), retrouvés en Égypte en 1896, les inscriptions de Siloé, de Mésa roi de Moab et de quelques sceaux et monnaies. Nous ne parlons ici que de l'hébreu classique.

On peut évaluer à 5.700 environ la somme des mots de l'A.T. Ce vocabulaire est remarquablement homogène. La liste des termes étrangers, égyptiens, assyro-babyloniens, persans, grecs, latins ou autres est très courte. En empruntant à Canaan son idiome, Israël se l'est approprié d'une façon particulièrement intime : les vieux vocables cananéens sont, dans l'A.T., tout chargés de sens israélite. La pauvreté relative du dictionnaire, vide de tout terme scientifique, et d'où beaucoup de mots de la langue courante ont disparu, est rachetée par la qualité des termes : les nombreux mots de la piété et de la vie morale nous révèlent ce qu'il y a de plus original et de plus humain dans l'âme de ce peuple. Les notions spirituelles ont, en effet, à leur disposition beaucoup de termes qui expriment toutes les nuances de la puissance et de la sollicitude de Dieu, de la crainte et de la confiance, du péché et de la repentance, de la douleur et de l'espérance, de la joie du salut, etc.

D'autre part, ce vocabulaire reflète aussi l'existence matérielle et sociale d'Israël : celui-ci habite un pays hérissé de rochers, tailladé de ravins, aride et sauvage, où les ronces offrent une remarquable variété de types ; on a compté jusqu'à 19 mots pour désigner les épines dans l'A.T. ! Le peuple qui hante ces régions est un peuple de bergers et de chasseurs qui a quelque peine, semble-t-il, à se fixer et à devenir cultivateur.

Les emprunts aux langues étrangères se multiplient dans la dernière période de la littérature hébraïque, quand les rapports avec les voisins sont plus fréquents et que les colonies juives extrapalestiniennes, toujours plus considérables, finissent par imposer à leurs frères de Canaan leurs préoccupations, leurs conceptions et par conséquent aussi leur vocabulaire.

3° Grammaire. Comme les autres langues sémitiques, l'hébreu se distingue par une abondance de sons gutturaux dont les lettres françaises ont peine à rendre les nuances, puis de sons sifflants. Il se contente cependant de 22 signes, mais ces 22 lettres sont toutes des consonnes, qui seules constituent le mot et en déterminent le sens. Les voyelles, d'invention postérieure, ne peuvent que marquer les nuances diverses de ce sens fondamental, distinguer le substantif du verbe, dans ce dernier l'actif du passif, le mode intensif du mode simple, etc. Consonnes et voyelles sont donc inégales en valeur ou en puissance : les premières intéressent la lexicologie, les secondes la grammaire.

Autre trait caractéristique des langues sémitiques : ce squelette consonantique est presque toujours composé de trois lettres. Le trilittéralisme règne ici en maître, et le phénomène est si constant que les savants s'efforcent parfois de reconstituer une racine hypothétique de trois consonnes pour expliquer les mots qui semblent bien avoir eu, dès l'origine, deux lettres ou plus de trois. Il y a, en effet, tout un lot de mots de quatre ou même cinq consonnes et un bon nombre d'expressions, de prépositions par exemple, qui n'en ont que deux.

Tandis que le système des temps est très développé dans les langues indo-européennes, les langues sémitiques n'en connaissent que deux, le parfait et l'imparfait, qui ne correspondent pas aux temps désignés de cette façon en latin, par exemple, mais présentent l'action comme achevée ou comme inachevée dans le passé, le présent ou le futur. De là cette singularité que l'imparfait hébreu se traduit le plus souvent et le plus exactement par notre futur.

Par contre, les langues sémitiques attachent une importance très grande aux modes de l'action : de là des formes ou conjugaisons nombreuses que peut avoir le même verbe. L'hébreu est déjà plus décanté à cet égard que l'arabe classique ou l'éthiopien ; il connaît une conjugaison fondamentale et six conjugaisons dérivées, formées au moyen de particules ajoutées à la racine simple. De cette façon s'expriment le causatif, l'intensif, le déclaratif, le réfléchi, le réciproque, etc.

Tandis que l'arabe littéral possède encore les cas pour le nom, l'hébreu les a perdus : il n'en reste que des traces très effacées. Le génitif s'exprime autrement que dans nos langues occidentales : nous modifions le second terme de l'expression génitive, l'hébreu, lui, modifie le premier qu'il considère comme subordonné logiquement au second (état construit)

Plus frappante encore est la manière d'exprimer l'adjectif possessif : l'hébreu remplace nos adjectifs mon, ses, votre, etc. par l'expression génitive dans laquelle le second substantif est remplacé par un pronom personnel (ex. : mon cheval =cheval de moi), et ce pronom, abrégé, est accolé au nom sous forme de suffixe (ex. : soûs anî =le cheval de moi, devient soûsî) ; cf. le grec pater hêmôn =notre Père, litt, père de nous (Mt 6:9 1).

Le caractère fortement synthétique de la langue hébraïque apparaît surtout dans la possibilité qu'elle offre d'accoler à la forme verbale le complément direct qui en dépend, lorsque ce complément est un pronom personnel ; ainsi l'hébreu dira : qetâlanî =il m'a tué. Par contre, il est incapable de former des verbes nouveaux au moyen de prépositions préfixées à une racine simple, procédé dont le grec et le latin font un usage si abondant (ek-balleïn, pro-mittere). Ses noms composés assez nombreux sont surtout des noms propres, qui forment en réalité une petite phrase réduite à sa plus simple expression (voir Nom, III).

4° Syntaxe. Ici l'hébreu se distingue des autres langues sémitiques par son indigence, mais ce jugement peut être dû au fait que nous n'avons qu'une minime partie de sa littérature. La syntaxe ne connaît que la coordination et le discours direct. Très rares sont les cas de subordination. Par contre, la concision de la phrase va parfois jusqu'à l'obscurité ; le sens est seulement indiqué, ce qui permet des interprétations diverses et nous oblige, d'autre part, à employer sept ou huit mots pour rendre trois ou quatre termes de l'hébreu. Ce caractère lapidaire donne à la phrase une force remarquable et contribue à conserver aux mots une extraordinaire vitalité. La concision de la phrase exige une grande liberté pour la position des termes ; l'auteur met à la place qu'il juge la plus favorable le mot, sujet ou complément, sur lequel il veut attirer l'attention. L'emploi plus libre des temps et des modes permettait de donner à l'expression des nuances que nous n'apprécions qu'imparfaitement.

Dans sa structure générale, l'hébreu est assez impropre à exprimer une pensée abstraite, à servir de véhicule à un système de philosophie. Très concrète, avec ses termes qui semblent à peine détachés des objets qui les ont suggérés, cette langue est admirablement propre à la narration, à laquelle elle donne une sobriété et une vie puissantes : elle fournit aux poètes et aux prophètes un merveilleux instrument par l'abondance et la plasticité de ses images. Si les pages de l'A. T, doivent leur célébrité à leur contenu, la langue dans laquelle elles ont été rédigées a aussi puissamment contribué à leur autorité et à leur action.

5° Écriture. Avec la langue, les Israélites empruntèrent aux Cananéens les caractères dans lesquels elle s'écrivait. Ce ne sont pas ceux de nos Bibles actuelles, qu'un Ésaïe, par exemple, ne saurait probablement pas lire ! L'alphabet hébreu ancien nous est conservé dans l'inscription de Mésa roi de Moab, et surtout dans celle de Siloé, qui date de l'époque d'Achaz ou d'Ézéchias (VIII e siècle). Il est proche parent des alphabets phénicien et samaritain et se retrouve jusque sur les sceaux et monnaies de l'époque des Macchabées (fig. 168-170).

Son origine est encore très discutée. Les Grecs en ont attribué l'invention aux Phéniciens, desquels ils tenaient leur propre alphabet, et ceux-ci s'en sont certainement servi très tôt (cf. l'inscription d'Ahiram de Byblos, d'environ 1300 av. J. -C). Il est plus probable qu'ils en furent les propagateurs et qu'ils le tenaient d'ailleurs, mais non de Babylone, comme le pensait Delitzsch. En effet l'alphabet phénicien et hébreu est phonétique, chaque signe représentant un son. Or, au moment où il s'élabore (2000-1500 av. J. -C), l'écriture cunéiforme est encore nettement idéographique, chaque groupe de coins représentant une idée ou un mot entier. En outre l'assyro-babvlonien s'écrit de gauche à droite, le phénicien et l'hébreu, par contre, de droite à gauche. On le croirait plus volontiers venu d'Egypte car l'égyptien s'écrit, lui aussi, de droite à gauche et n'a que les consonnes comme l'hébreu ; très tôt les hiéroglyphes idéographiques donnèrent naissance à l'écriture hiératique, laquelle est presque phonétique. Cette origine égyptienne semble confirmée par la découverte des inscriptions du Sinaï (Serabît-el-Khadîm), dont le contenu n'est pas encore exactement déterminé, mais dont les signes constituent bien une première manière de l'alphabet sémitique. Les Israélites ont-ils déjà connu cet alphabet dans le désert, avant d'entrer en Canaan, ou bien l'ont-ils adopté dans ce dernier pays ? Il est impossible de se prononcer définitivement sur ce point.

Cet alphabet était encore lu par le peuple de Palestine au II e siècle ap. J. -C. Il avait été aussi adopté pour leur langue par les Araméens, chez lesquels il se modifia, comme en Canaan, et finit par prendre une forme particulière. Dès le V e siècle av. J. -C, l'araméen devenu langue internationale pénétra en Palestine où il fut employé parallèlement à l'hébreu, et, avec la langue, l'écriture araméenne. Celle-ci y subit d'autres modifications et finit par donner l'écriture dite carrée (appelée aussi écriture assyrienne, celle de nos éditions de la Bible hébraïque) qui supplanta définitivement, mais vers le II e siècle de notre ère seulement, l'ancienne écriture hébraïque. Cette substitution étrange au premier abord s'explique de plusieurs manières. Employer pour la Parole de Dieu l'écriture qui servait aux usages courants parut aux scribes une profanation. Les caractères araméens, plus rares et utilisés pour les édits royaux sous la domination perse, leur semblaient plus dignes de ce rôle. Ensuite les Samaritains ayant gardé, comme nous l'avons vu, l'ancien alphabet pour leurs livres sacrés, les Juifs, qui les haïssaient cordialement, adoptèrent volontiers une autre écriture pour leurs propres livres. Enfin, dès le II e siècle de notre ère, on attribua l'introduction de cette écriture à Esdras qui l'aurait apportée de Babylone. Cette affirmation, inexacte sous cette forme, exprime pourtant cette vérité que, dès l'époque de ce scribe, c'est-à-dire dès le dernier tiers du V e siècle, on se mit à copier les manuscrits de la Loi avec cet alphabet-là.

En tout cas, dès le II e siècle ap. J. -C, les Juifs n'utilisent plus dans leurs livres sacrés que l'écriture carrée, qui est celle des plus anciens manuscrits complets de l'A.T., reproduits par toutes les éditions imprimées de la Bible hébraïque. Voir Écriture.

6° Histoire de la langue et de la littérature hébraïques. Les Israélites adoptèrent très probablement l'hébreu comme idiome national dès leur conquête de Canaan, et il le resta dix siècles durant, soit jusque vers 100 avant notre ère. Dès le IV e siècle sinon plus tôt, il commença à perdre du terrain devant l'araméen, langue du commerce et de la diplomatie. Celui-ci finit par pénétrer même dans le recueil sacré : les livres d'Esdras (IV e siècle) et de Daniel (II e et suivant) renferment chacun un fragment d'une source araméenne plus ancienne, que le dernier rédacteur a tout simplement transcrit. Cependant l'hébreu se maintint jusqu'au I er siècle, et les livres des Macchabées, du Siracide, d'Hénoch, les Psaumes de Salomon et d'autres dont nous n'avons plus que des traductions ont été rédigés en hébreu ; l'ouvrage canonique le plus récent est celui d'Esther, qui date d'environ 130 av. J. -C. Dès ce moment l'hébreu n'est plus que la langue de l'école et des savants, comme le latin à partir du XVI e siècle. Au temps de Jésus le peuple comprenait peut-être encore l'hébreu mais parlait l'araméen, et les scribes se virent obligés de faire suivre la lecture du texte de la Loi et des Prophètes d'une traduction ou paraphrase araméenne (voir Langue parlée par Jésus).

Faire une histoire de la langue hébraïque est difficile, d'abord parce que le trésor de la littérature est singulièrement réduit ; ensuite parce que l'incertitude règne sur la date de composition de plusieurs de ces livres ; enfin et surtout parce que notre A.T., livre de piété et destiné à nourrir la piété, a été sans cesse révisé et adapté aux convictions du jour, de telle sorte que dans chacun des ouvrages qui le composent nous retrouvons, à côté des parties très anciennes, des fragments plus récents harmonisés tant bien que mal au reste de la composition. En outre, les voyelles de ce texte nous ont transmis la prononciation de l'hébreu tel que les Massorètes la concevaient d'après une tradition sans doute très rigide, mais qui ne pouvait prétendre reproduire la prononciation primitive. Malgré toute leur conscience, le danger d'altération subsistait, preuve en soit justement l'invention des signes destinés à fixer une fois pour toutes cette prononciation. Ils ont vocalisé ce texte uniformément, sans s'inquiéter des divergences qui pouvaient avoir distingué, à cet égard, celui d'Ésaïe, par exemple, de celui de 2 Samuel d'une part, des Psaumes d'autre part. Or, cela nous prive d'un élément important dans la détermination de la date de composition de tel ouvrage, par conséquent aussi de l'état véritable de la langue à une époque donnée.

Ainsi s'explique aussi, en partie tout au moins, le phénomène frappant de l'homogénéité de la langue. Les textes les plus récents ne diffèrent guère des textes anciens et aucune étude spéciale n'est nécessaire pour aborder la lecture des uns en partant des autres. Cela ne saurait provenir de l'autorité qu'aurait exercée en cette matière un ouvrage considéré par tous comme la norme infaillible. Cette opinion, plausible quand on croyait à la composition du Pentateuque par Moïse, n'a plus de valeur aujourd'hui que l'on sait que ce monument est lui-même un ouvrage composite où s'accusent de frappantes divergences de style et de vocabulaire. Cette uniformisation vient sans doute en bonne part de cette incessante adaptation des textes plus anciens aux besoins religieux du jour, à ce rajeunissement constant des vieilles pages dont on voulait faire goûter toute la puissance d'édification. En donnant à tout le texte de l'A. T, la même vocalisation et la même prononciation, les Massorètes n'ont fait que poursuivre l'oeuvre de leurs devanciers.

Cette homogénéité n'est cependant pas absolue au point d'interdire toute histoire de la langue, mais cette histoire est forcément superficielle.

On peut distinguer deux périodes dans la formation et l'évolution de l'hébreu :

(a) Avant l'exil (des origines à 570). Cette période, qui embrasse tout le temps de l'indépendance nationale d'Israël, a vu paraître les ouvrages les plus importants : les documents J, E et D du Pentateuque et de Josué, les livres historiques Juges-Rois, Amos, Osée, Ésaïe, Michée, Sophonie, Nahum, Habacuc, Jérémie, Ézéchiel, le second Ésaïe, peut-être Abdias, un certain nombre de Psaumes, une partie des Proverbes. L'âge d'or de cette littérature, à la fin du VIII e siècle, s'incarne en Ésaïe, le plus grand écrivain de l'A.T. La langue de la poésie diffère naturellement de celle de la prose, non seulement par l'emploi de certains termes plus rares, mais aussi par le rythme, par la syntaxe plus concise et par le parallélisme des membres.

(b) Après l'exil (de 570 à l'époque des Macchabées). La langue, encore très pure dans quantité de pages, finit par s'altérer au contact de l'araméen ; elle tend à devenir plus analytique ; le complément direct pronominal est moins souvent attaché au verbe sous forme de suffixe ; le vav consécutif est moins employé, et la simple coordination par vav copulatif plus fréquente. L'orthographe se modifie aussi : elle est plus souvent pleine (emploi fréquent des consonnes semi-vocaliques, assez rares dans l'ancien hébreu dont l'orthographe est défective) Ouvrages de cette période : les fragments les plus récents du Pentateuque, document P et successeurs, les livres d'Aggée, Zacharie, Malachie, peut-être Joël ; la plus grande partie des Psaumes et des Proverbes, Tob, les Chroniques, Esdras, Néhémie, Ruth, Jonas, Lamentations, Cantique, Ecclésiaste, Daniel et Esther, ainsi que les dernières adjonctions aux livres historiques et aux discours des premiers prophètes. C'est en somme la plus grande partie des Ketoubim, dernière section du canon hébreu.

Mais l'hébreu, supplanté dans l'usage quotidien par l'araméen, survécut comme langue de la synagogue et de l'école et fut l'instrument d'expression de toute une littérature post-canonique considérable, dont le principal monument est la Mischna ou commentaire de la Loi, trésor des réflexions des rabbins dès l'époque d'Esdras. La Mischna a été définitivement close au début du III e siècle de notre ère, dans la dernière rédaction faite par R. Juda le Patriarche (Mort en environ 220). C'est aussi la langue des commentaires, ou Midraschim, qui n'ont pas trouvé accès dans la Mischna. Cet hébreu-là se fait remarquer par le grand nombre de vocables grecs, latins, persans, puis par les modifications infligées à la grammaire et à la syntaxe : usage plus fréquent du participe, de certaines formes verbales, des prépositions et des conjonctions, terminaison du pluriel en în au lieu de îm, changement de sens et parfois de genre des mots, etc.

Cet idiome de la Mischna n'est pas du tout un jargon artificiel, production de l'école, mais tout simplement la langue courante des derniers siècles de l'indépendance juive, plus proche, peut-être, de l'âme du peuple que le langage classique et plus noble des écrits bibliques. Elle n'a du reste point disparu, et nous assistons, aujourd'hui, à une émouvante tentative de la rétablir comme langue vivante en Palestine : les colonies juives installées là-bas ces dernières années parlent hébreu ; à l'Université de Jérusalem créée en 1922 l'enseignement se donne en hébreu ; des journaux paraissent dans cet idiome, farci naturellement de mots nouveaux pour exprimer les notions et désigner les choses nouvelles, et son trésor littéraire grandit tous les jours.

7° Histoire de l'étude de l'hébreu. En même temps qu'il écrivait son fameux manuscrit, monument définitif de la science massorétique, Aaron Ben-Asher (X e siècle, voir plus haut) rédigeait un autre ouvrage que l'on peut considérer comme l'ancêtre de tous les livres d'étude de l'hébreu, ses Diqdouqé hatte'amîm, ou Règles grammaticales des accents : c'est déjà presque une grammaire. Dans les oeuvres de son contemporain et coreligionnaire Saadja, la grammaire hébraïque s'affranchit de la massore et devient une science indépendante. Nouveau progrès dans les travaux de R. Juda Khayyoudj (Cordoue, fin du X e siècle), dont les remarques sur les formes verbales et les lois qui les régissent, surtout dans les verbes « faibles », sont encore mises à contribution aujourd'hui. Ces deux derniers savants ont rédigé leurs écrits en arabe. Par contre, Aben-Ezra (Mort en 1167) écrivit en hébreu une grammaire originale, quoiqu'on sente chez lui l'influence des savants arabes. La science philologique hébraïque doit beaucoup à la famille des Kimchi, dont le représentant le plus illustre, David Kimchi (Mort en 1235), écrivit une grammaire et un dictionnaire devenus classiques.

Au XV e siècle, sous l'impulsion de la Renaissance, l'étude de l'hébreu entre dans une nouvelle période : ce ne sont plus seulement les savants juifs qui s'y adonnent mais aussi les chrétiens. Il convient de rappeler ici le nom et l'oeuvre d'Élie Levita (mort en 1549), qui forme en quelque sorte la transition entre les grammairiens de la synagogue et ceux de l'Église.

Le vrai père de la philologie hébraïque moderne est Jean Reuchlin, dont les Rudimenta linguoe hebraïcoe parurent en 1506. Nous lui devons la prononciation de l'hébreu usuelle chez les chrétiens, celle des Juifs espagnols et portugais, assez différente de celle des Juifs allemands et polonais (qui prononcent, par ex., chôlaoum ou chôloyini au lieu de châlom =paix). Cependant ses travaux, comme ceux de Pellican, de Munster et d'autres, reproduisent sans grandes innovations les résultats des études des rabbins ; le dernier représentant de cette période est Jean Buxtorf le père, mort à Bâle en 1629. Dès le XVII° siècle, la science chrétienne s'affranchit de cette tradition, dans les travaux d'Erpenius, Louis de Dieu, Louis Cappel au XVII e siècle, de Michaëlis, Schultens, Schröder, etc. au XVIII e siècle.

Au XIX e siècle, de nouvelles méthodes lui font faire d'énormes progrès. Le maître le plus illustre dans ce domaine est sans contredit W. Gesenius (Mort en 1842), qui publia en 1813 une grammaire hébraïque dont 28 éditions rajeunies chaque fois par l'un ou l'autre des maîtres de cette science se sont succédé jusqu'à maintenant : la 29 e, refondue à son tour, était en cours de publication en 1930. Gesenius employait hardiment la méthode comparative qui lui permettait d'éclairer les phénomènes lexicographiques et grammaticaux de l'hébreu par ceux des idiomes parents, arabe, araméen, syriaque, etc., en attendant les révélations de l'assyro-babylonien. H. Ewald (Mort en 1875) ramenait tout le matériel linguistique à des lois qu'il s'efforçait d'expliquer de façon rationnelle, cependant que son contemporain J. Olshausen expliquait les mots et les formes de l'hébreu par un dialecte sémitique primitif qu'il tâchait de reconstituer. Dans sa grammaire parue en 1879, B. Stade combine ingénieusement les méthodes d'Ewald et d'Olshausen. Il faut encore mentionner l'ouvrage de proportions monumentales d'E. König, dont la valeur est moins grande que ne le ferait espérer l'étendue des matériaux accumulés.

La dernière étape dans ce domaine est marquée, dans la science allemande, par la Grammaire historique de la langue hébraïque de Bauer et Liander (1re p., 1922), dont les aperçus ingénieux demandent pourtant à être confirmés par de nouvelles recherches. Ouvrages français : Gramm. hébraïque de S. Preiswerk, Genève 1838, 4° ed. 1884 ; de J. Touzard, Paris 1905 ; de Strack, trad. Baumgartner. --Dictionnaires : celui de GESENIUS, paru d'abord en latin puis en allemand, 16° éd. 1915, est l'ouvrage classique indispensable. En anglais, le Hebrew and English Lexicon of the O.T. d'Oxford (1907).

2.

ARAMEEN.

1° textes araméens de la Bible sont de petite étendue ; en voici la liste : Ge 31:47 (deux mots), Jer 10:11 (un verset), Esd 4:8-6:18 7:12-26, et Da 2:4-7:2 et suivant. La présence de ces documents s'explique par l'importance qu'avait prise l'araméen en Orient dès le V e siècle av. J. -C. Il pénétra dans tous les pays de l'Asie Antérieure, supplanta l'assyro-babylonien, devint la langue internationale et, après la conquête perse, l'idiome des rapports officiels entre les nouveaux maîtres et leurs provinces de l'ouest. Bon gré, mal gré, les Juifs durent s'en servir pour leurs rapports avec leurs voisins ; d'autre part, l'habitude de beaucoup des leurs de parler araméen à leur retour de Babylone contribua sans doute à accréditer ce dialecte en Palestine, et l'autorité d'Esdras en consacra l'usage pour la rédaction de quelques pages de la Bible.

L'araméen, parlé des confins de la Perse aux bords du Nil et des oasis de l'Arabie aux plateaux de l'Asie Mineure, ne tarda pas à se modifier suivant les pays où il était en usage. Il se subdivise en deux grands rameaux :

(a) Celui de l'est, c'est-à-dire de la vallée de l'Euphrate, de la Mésopotamie supérieure avec Edesse comme centre de culture : c'est le syriaque, déjà langue littéraire avant l'apparition du christianisme, mais dont toute la littérature aujourd'hui conservée est d'inspiration chrétienne. Son importance réside pour nous en ce qu'il nous a donné la traduction appelée Peshîto (voir plus haut), de la fin du II e siècle de notre ère. C'est également à l'araméen de l'est que se rattachent le dialecte de la Gemara de Babylone (ou Talmud de Babylone), rédigée au V e siècle, et celui des Mandéens (voir ce mot), gnostiques de Mésopotamie.

(b) L'autre rameau, celui de l'ouest, est représenté par une littérature moins considérable mais de grand intérêt pour nous, parce qu'elle comprend les fragments de l'A. T, dont nous venons de parler, puis les livres religieux des chrétiens de Palestine, où nous trouvons un écho de la langue même de Jésus ; les écrits des Samaritains ; les Targums ou paraphrases du texte hébreu de l'A.T., ainsi que la Gemara ou Talmud de Palestine. Les plus anciens documents en cette langue sont probablement les inscriptions de Sendjirli (N. -O, de la Syrie), du VIII° siècle av. J. -C, mais l'araméen de ces vieux textes est antérieur à la formation des dialectes de l'est et de l'ouest.

Fait intéressant, jusqu'à ces dernières années l'araméen s'était maintenu dans le dialecte de quelques tribus des environs de Mossoul et des montagnes du Kourdistan, dans le voisinage du lac d'Ourmiah et dans le Liban. Les bouleversements ethnographiques consécutifs à la guerre risquent d'être funestes à ces témoins d'un lointain passé.

2° Traits caractéristiques de l'araméen. Comparé à l'hébreu au point de vue de la forme et de la sonorité, cet idiome paraît assez nettement inférieur ; on y constate un assourdissement prononcé : des voyelles disparaissent qui donnaient à l'hébreu une résonance caractéristique. La langue s'éclaircit, certaines formes nominales et verbales tombent en désuétude et la déclinaison comme la conjugaison se simplifient. La syntaxe est rendue plus aisée par l'emploi abondant des particules, et cette souplesse permet à l'araméen de serrer la pensée de plus près, mais il perd en concision ce qu'il gagne en netteté.

On a longtemps considéré cette pauvreté relative de l'araméen comme une preuve de la priorité de cette langue, qui serait ainsi l'idiome primitif dont l'hébreu présenterait un stade de développement plus avancé. C'est bien plutôt le contraire qui est vrai, et une langue décantée telle qu'apparaît l'araméen révèle par là même un long passé et un long frottement avec d'autres idiomes de même origine ou d'origine étrangère.

L'araméen de la Bible offre une ressemblance assez frappante avec l'hébreu, et l'on a parlé à ce propos de ses nombreux hébraismes Ce phénomène n'aurait rien de surprenant dans un livre presque entièrement écrit en hébreu. Il semble toutefois que nous ayons là bien plutôt des tournures archaïques remontant à la langue unique primitive et que notre araméen biblique soit un idiome plus pur qu'on n'était tenté de le croire.

Disons encore un mot du nom de cette langue. Elle est désignée expressément Esd 4:8, Da 2:4 par le mot aramith (adj. ou adv.). Seulement, comme le discours ainsi reproduit est placé (Da 2:4) dans la bouche des Caldéens, on en concluait prématurément que cette langue « araméenne » était celle des Caldéens, c'est-à-dire des habitants de la Caldée ; et comme ce dernier pays était plus connu et que ses habitants avaient joué un rôle plus considérable dans l'histoire d'Israël que les tribus araméennes, c'est ce nom de caldéen qui prévalut, à tort du reste, de l'aveu même du passage invoqué pour confirmer cette appellation. L'usage est maintenant établi parmi les savants de n'employer, pour désigner cet idiome, que l'appellation l'araméen

L'abréviation T.M., employée au cours de cet article, désigne le texte massorétique de l'A.T., défini dans I, 4° et 6°

Voir Bible, Critique, etc. E. G.

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      Genèse 31

      47 Laban appela cet endroit Yegar Sahadouta, tandis que Jacob le nomma Galed.

      Exode 21

      2 Quand vous achèterez un esclave hébreu, il sera esclave pour six ans ; la septième année il pourra s’en aller librement sans rien devoir à personne.

      Esdras 4

      8 Rehoum, gouverneur de la région, et Chimechaï, son adjoint, écrivirent également au roi Artaxerxès une lettre au sujet de Jérusalem. Cette lettre commençait ainsi :
      9 « De la part de Rehoum, gouverneur de la région, de Chimechaï, son adjoint, de leurs collègues des régions de Din, Afarsatak, Tarpel, Afaras, Érek, Babylone, Suse, Déha et Élam,
      10 et au nom des autres populations déportées par le grand et illustre Asnappar, installées dans les villes de la Samarie ou dans le reste de la province située à l’ouest de l’Euphrate, etc. »
      11 Et voici le texte de leur lettre : « Au roi Artaxerxès, de la part de ses serviteurs, les gens de la province située à l’ouest de l’Euphrate, etc.
      12 « Nous informons Sa Majesté le roi que les Juifs revenus de chez lui jusque chez nous sont arrivés à Jérusalem, avec l’intention de rebâtir cette cité rebelle et mauvaise. Ils relèvent les murailles après en avoir réparé les fondations.
      13 Il faut que le roi sache que, si cette ville est rebâtie et ses murailles relevées, les habitants cesseront de payer les taxes, les impôts et les droits de passage, et cela causera des dommages au trésor royal.
      14 C’est pourquoi, nous qui avons le privilège d’être au service du roi et qui ne pourrions pas supporter de voir qu’on le déshonore, nous lui suggérons
      15 de faire des recherches dans les documents d’archives de ses prédécesseurs. Il y trouvera la confirmation que cette ville a toujours été rebelle : elle n’a jamais cessé de causer des dommages aux rois et aux gouverneurs de provinces, et depuis toujours elle est secouée par des mouvements de révolte. C’est d’ailleurs pour ces raisons que la ville a été détruite.
      16 Nous tenons à en avertir Sa Majesté le roi : si la ville est rebâtie et ses murailles relevées, il ne sera plus le maître de ce côté-ci de l’Euphrate. »
      17 Le roi envoya la réponse suivante : « Au gouverneur Rehoum, à son adjoint Chimechaï et à leurs collègues établis en Samarie et dans le reste de la province située à l’ouest de l’Euphrate. « Je vous salue, etc.
      18 « La lettre que vous m’avez envoyée m’a été lue après avoir été traduite.
      19 J’ai donné l’ordre de faire des recherches, et l’on a effectivement trouvé que, depuis toujours, la ville de Jérusalem se soulève contre les rois et qu’elle est secouée par des insurrections et des révoltes.
      20 Il y a eu autrefois dans cette ville de puissants rois qui dominaient toute la région située à l’ouest de l’Euphrate et y prélevaient des taxes, des impôts et des droits de passage.
      21 Mais maintenant, vous devez ordonner aux Juifs de cesser leurs travaux : la ville ne doit pas être rebâtie, tant que je n’en aurai pas moi-même donné l’ordre.
      22 Veillez à ne rien négliger dans cette affaire, afin que le gouvernement royal ne subisse pas des dommages encore plus grands. »
      23 Aussitôt que le contenu de la lettre du roi Artaxerxès fut connu de Rehoum, de son adjoint Chimechaï et de leurs collègues, ils se rendirent en toute hâte à Jérusalem et utilisèrent la force pour obliger les Juifs à cesser la reconstruction.
      24 A Jérusalem, les travaux de reconstruction du temple de Dieu avaient cessé ; l’interruption dura jusqu’à la deuxième année du règne du roi de Perse, Darius.

      Esdras 5

      1 Mais un jour, le prophète Aggée et le prophète Zacharie fils d’Iddo parlèrent aux Juifs de Jérusalem et de Juda, de la part du Dieu d’Israël, leur Dieu.
      2 Alors Zorobabel, fils de Chéaltiel, et Yéchoua, fils de Yossadac, se mirent au travail pour reconstruire le temple de Dieu à Jérusalem, avec l’appui des prophètes de Dieu.
      3 Aussitôt Tattenaï, gouverneur de la province située à l’ouest de l’Euphrate, accompagné de Chetar-Boznaï et de leurs collègues, vinrent les trouver et leur demandèrent : « Qui vous a donné l’ordre de rebâtir le temple et d’en relever les murailles ?
      4 Nous exigeons que vous nous donniez les noms de ceux qui participent à cette reconstruction. »
      5 Mais Dieu veillait sur les responsables juifs, de sorte qu’on ne les empêcha pas de continuer, en attendant qu’un rapport parvienne à Darius et qu’on reçoive sa réponse à ce sujet.
      6 Voici le texte de la lettre envoyée au roi Darius par le gouverneur Tattenaï, par Chetar-Boznaï et ses collègues les préfets de la province située à l’ouest de l’Euphrate.
      7 Elle était rédigée en ces termes : « Au roi Darius, tous nos vœux de prospérité !
      8 « Nous informons Sa Majesté le roi que nous nous sommes rendus dans le district de Juda, au temple du grand Dieu. On est en train de reconstruire ce temple en pierres de taille, avec des poutres de bois placées dans les murs. Le travail est fait soigneusement et progresse rapidement.
      9 Nous avons interrogé les responsables ; nous leur avons demandé qui leur avait donné l’ordre de rebâtir le temple et d’en relever les murailles.
      10 Nous leur avons également demandé leurs noms, afin de pouvoir communiquer au roi la liste écrite de ceux qui dirigent les travaux.
      11 Ils nous ont répondu : “Nous sommes les serviteurs du Dieu du ciel et de la terre ; nous rebâtissons le temple qu’un grand roi d’Israël avait construit et achevé il y a fort longtemps.
      12 Mais nos ancêtres ont provoqué la colère du Dieu du ciel, qui les a alors livrés au pouvoir de Nabucodonosor, de Babylone, roi de la dynastie chaldéenne. C’est ce roi qui a détruit le temple et emmené le peuple en déportation à Babylone.
      13 Toutefois, la première année de son règne sur la Babylonie, le roi Cyrus a donné l’ordre de rebâtir le temple de Dieu.
      14 Le roi Nabucodonosor avait emporté les ustensiles d’or et d’argent qui se trouvaient dans le temple de Dieu à Jérusalem, pour les déposer dans le temple de Babylone. Le roi Cyrus les a repris du temple de Babylone et les a confiés au nommé Chèchebassar qu’il avait désigné comme gouverneur de Juda.
      15 Il lui a ordonné de les emporter pour aller les remettre dans le temple de Jérusalem, lorsque celui-ci serait rebâti sur son ancien emplacement.
      16 C’est alors que Chèchebassar est venu ici, à Jérusalem, et y a posé les nouvelles fondations du temple de Dieu. Depuis lors, les travaux ont continué, mais ils ne sont pas encore terminés.”
      17 Maintenant, si le roi le veut bien, que l’on fasse des recherches dans les archives royales de Babylone, pour savoir si le roi Cyrus a vraiment donné l’ordre de rebâtir le temple de Dieu à Jérusalem. Et qu’on nous communique ensuite la décision du roi à ce sujet. »

      Esdras 6

      1 Le roi Darius ordonna de faire des recherches à Babylone, dans les locaux où l’on déposait les archives et les objets précieux.
      2 Mais c’est à Ecbatane, ville fortifiée de la province de Médie, que l’on trouva un rouleau de parchemin portant le texte que voici : « Procès-verbal.
      3 « Durant la première année de son règne, le roi Cyrus a publié ce décret : Le temple de Dieu, à Jérusalem, doit être rebâti pour servir de lieu où l’on offre des sacrifices ; on utilisera ses anciennes fondations ; il aura trente mètres de haut et trente mètres de large.
      4 On fera alterner trois rangées de pierres de taille et une rangée de poutres de bois. Les dépenses seront couvertes par la trésorerie royale.
      5 Les ustensiles d’or et d’argent provenant du temple de Dieu, à Jérusalem, et déposés à Babylone par le roi Nabucodonosor, doivent être rendus et rapportés au temple de Jérusalem ; chacun d’eux sera remis à sa place. »
      6 En conséquence, Darius écrivit la lettre suivante à Tattenaï, gouverneur de la province située à l’ouest de l’Euphrate, à Chetar-Boznaï et à leurs collègues, les préfets de la province : « Cessez de vous occuper de cette affaire.
      7 Laissez les Juifs libres de reconstruire le temple de Dieu : le gouverneur et les responsables juifs doivent pouvoir le rebâtir sur son ancien emplacement.
      8 Je vous ordonne donc d’aider les responsables juifs dans la reconstruction du temple, en veillant à ce que les dépenses soient couvertes en tout temps et exactement par la trésorerie royale, alimentée par les impôts prélevés dans la province.
      9 Vous prendrez soin de fournir jour après jour aux prêtres de Jérusalem ce dont ils ont besoin, d’après leurs indications : les taureaux, les béliers et les agneaux pour les sacrifices complets offerts au Dieu du ciel, de même que le blé, le sel, le vin et l’huile.
      10 Ils pourront ainsi présenter au Dieu du ciel des offrandes à la fumée odorante, et ils prieront pour la vie du roi et de ses fils.
      11 Si quelqu’un désobéit à ces décisions, j’ordonne qu’on arrache une poutre de sa maison, qu’on la dresse pour l’empaler dessus, et qu’on transforme ensuite sa maison en un tas de décombres.
      12 Que le Dieu qui manifeste sa présence à Jérusalem punisse lui-même tout roi ou toute nation qui tenterait d’y détruire son temple, au mépris de mes décisions. C’est moi, Darius, qui donne ces ordres : qu’ils soient exécutés soigneusement ! »
      13 Tattenaï, gouverneur de la province située à l’ouest de l’Euphrate, Chetar-Boznaï et leurs collègues suivirent soigneusement les ordres donnés par le roi Darius.
      14 Les responsables juifs, encouragés par les messages du prophète Aggée et du prophète Zacharie fils d’Iddo, continuèrent avec succès la construction ; ils l’achevèrent conformément à l’ordre du Dieu d’Israël et aux décrets des rois de Perse, Cyrus, Darius et Artaxerxès.
      15 Le temple fut terminé le vingt-troisième jour du mois d’Adar, durant la sixième année du règne du roi Darius.
      16 Les Juifs, prêtres, lévites et autres gens revenus d’exil, célébrèrent dans la joie la dédicace du bâtiment.
      17 A cette occasion, on offrit en sacrifice cent taureaux, deux cents béliers et quatre cents agneaux, ainsi que douze boucs, un par tribu, pour obtenir le pardon de Dieu en faveur de tout le peuple d’Israël.
      18 On répartit aussi les prêtres et les lévites en groupes, selon leurs tâches respectives au service du Dieu de Jérusalem, conformément à ce qui figure dans le livre de Moïse.

      Esdras 7

      12 « Artaxerxès, le roi des rois, au prêtre Esdras, spécialiste de la loi du Dieu du ciel, etc.

      Néhémie 13

      24 La moitié de leurs enfants parlaient la langue d’Asdod, d’autres parlaient la langue de tel ou tel peuple étranger, mais plus aucun d’eux ne savait parler la langue des Juifs.

      Esaïe 19

      18 Un jour, il y aura en Égypte cinq villes où l’on parlera l’hébreu, et où l’on aura fait serment d’appartenir au Seigneur de l’univers. Le nom de l’une d’elles sera Ville-du-Soleil.

      Esaïe 36

      11 Alors Éliaquim, Chebna et Yoa demandèrent à l’aide de camp assyrien : « Parle-nous en araméen s’il te plaît, nous le comprenons. Évite de t’adresser à nous en hébreu, à cause de tous les gens qui sont sur la muraille en train de nous écouter. »
      13 Puis l’aide de camp se dressa et cria de toutes ses forces en hébreu : « Écoutez le message du Grand Roi, le roi d’Assyrie :

      Jérémie 10

      11 Voici ce qu’il faut leur dire : ces dieux qui n’ont créé ni le ciel ni la terre seront balayés de la terre, il n’y aura plus de place pour eux sous le ciel.

      Lamentations 1

      1 Hélas ! la voilà toute seule, la cité autrefois si fréquentée ! Elle, si renommée parmi les nations, la voilà comme veuve. Hier princesse dominant les provinces, la voilà réduite au travail des esclaves.
      2 Elle passe la nuit à pleurer, ses joues ruissellent de larmes. Parmi tous ses amis, plus personne pour la réconforter. Tous ses amis l’ont abandonnée, ils sont maintenant des ennemis pour elle.
      3 Accablée de misère et du pire esclavage, la tribu de Juda part en déportation. Elle vit chez les païens, mais sans trouver où se fixer. Ceux qui la poursuivaient l’ont rejointe en la coinçant dans une impasse.
      4 Les chemins qui vont à Sion sont dans le deuil, délaissés par ceux qui venaient à la fête. Ses places publiques sont désertées, ses prêtres soupirent de découragement. Ses jeunes filles sont désespérées. Que tout cela est amer pour Sion !
      5 Ses ennemis ont eu le dessus, ses adversaires sont tranquilles. C’est le Seigneur qui l’afflige pour ses nombreuses désobéissances. Ses jeunes enfants, poussés par les vainqueurs, partent vers la captivité.
      6 Sion voit s’en aller tout ce qui faisait sa gloire. Ses ministres font penser à des cerfs qui n’ont rien trouvé à brouter, et s’enfuient à bout de forces devant le chasseur.
      7 En ces jours où elle est errante et humiliée, Jérusalem se rappelle tout ce qu’elle avait de précieux depuis si longtemps. Quand son peuple est tombé aux mains de l’ennemi, sans personne pour lui porter secours, ses vainqueurs ont trouvé amusant de la voir ainsi réduite à rien.
      8 Jérusalem a commis des fautes graves, c’est pourquoi elle provoque le dégoût. Ceux qui la respectaient la méprisent, maintenant qu’ils la voient toute nue. Elle n’a plus qu’à se retirer en poussant des soupirs.
      9 Sa robe porte les traces de sa souillure. Elle n’avait pas prévu ce qui arriverait, et la voilà surprise d’être ainsi déchue, sans personne pour la réconforter. « Seigneur, dit-elle, vois ma misère, vois comme mon ennemi est triomphant. »
      10 Les vainqueurs ont fait main basse sur tous ses trésors. Elle a même vu les païens pénétrer dans son sanctuaire. Tu avais pourtant interdit, Seigneur, qu’ils prennent place dans ton assemblée.
      11 Son peuple soupire, découragé, cherchant quelque chose à manger. Il a donné ce qu’il avait de plus précieux pour du pain, pour refaire ses forces. « Seigneur, prie-t-elle, regarde et vois à quel point je suis méprisée. »
      12 Vous tous qui passez par ici, ce malheur ne vous a pas touchés ; regardez et constatez : il n’y a pas de souffrance comparable à celle que je subis, à celle que le Seigneur m’a infligée, le jour où sa colère a éclaté.
      13 De là-haut, il a envoyé un feu et l’a fait pénétrer en moi. Il a tendu un piège sous mes pas et m’a renversée en arrière. Il m’a complètement isolée, j’en suis malade tous les jours.
      14 Il a l’œil sur mes fautes, elles forment comme un nœud dans sa main, elles montent jusqu’à mon cou. Le Seigneur a paralysé mes forces, il m’a livrée aux mains d’adversaires contre lesquels je ne peux rien.
      15 Le Seigneur a rejeté dans le mépris tous les vaillants soldats que j’avais chez moi. Il a mobilisé une armée contre moi, pour écraser mes jeunes gens. Il m’a écrasée, moi Sion de Juda, comme du raisin au pressoir.
      16 C’est sur ce malheur que je pleure toutes les larmes de mon corps. Il est loin, celui qui peut me réconforter et me rendre la force de vivre. Mes enfants sont perdus pour moi, l’ennemi était trop fort.
      17 Sion a beau tendre les mains en suppliant, personne pour la réconforter. Sur l’ordre du Seigneur, les voisins d’Israël sont devenus ses adversaires. Parmi eux, Jérusalem ne provoque plus que du dégoût.
      18 Le Seigneur a eu raison d’agir ainsi, car je m’étais opposée à ses ordres. Vous tous qui êtes ici, écoutez bien, et regardez ma souffrance : mes jeunes filles et mes jeunes gens partent vers la captivité.
      19 J’ai appelé ceux qui m’aimaient, pourtant ils m’ont laissée tomber. Mes prêtres et mes conseillers ont expiré dans la ville, alors qu’ils cherchaient quelque chose à manger pour refaire leurs forces.
      20 Seigneur, vois dans quelle détresse je suis, et quelle émotion me brûle. J’ai le cœur tout retourné de t’avoir été rebelle à ce point. Dans la rue, l’épée m’a privée de mes enfants, à la maison, on se croirait chez les morts.
      21 On m’entend soupirer : personne pour me réconforter. Mes ennemis ont tous appris mon malheur, ils sont ravis de ce que tu m’as infligé. Tu as fait lever le jour annoncé. Qu’ils aient le même sort que moi !
      22 Regarde bien leur méchanceté et traite-les comme tu m’as traitée pour toutes mes désobéissances. Tu vois, je ne fais que soupirer, j’en ai le cœur malade.

      Daniel 2

      4 Les enchanteurs répondirent au roi, en langue araméenne : « Longue vie au roi ! Qu’il nous communique ce qu’il a rêvé, et nous lui en donnerons la signification. »
      5 Le roi répondit : « Ma décision est fermement prise : si vous ne me révélez pas le contenu et la signification de mon rêve, vous serez coupés en morceaux et vos maisons seront transformées en tas de décombres.
      6 Si au contraire vous me les révélez, vous recevrez de moi de riches cadeaux et de grands honneurs. Alors, dites-moi le contenu et la signification de ce rêve. »
      7 Pour la seconde fois, les enchanteurs dirent au roi : « Que le roi nous communique ce qu’il a rêvé, et nous pourrons lui en donner la signification. »
      8 Le roi s’écria : « Je vois bien que vous essayez de gagner du temps, parce que vous constatez que ma décision est fermement prise.
      9 Mais si vous ne me révélez pas ce que j’ai rêvé, la sentence sera la même pour tous. Vous vous êtes concertés pour ne prononcer devant moi que des propos mensongers et trompeurs, en attendant que la situation ait changé. Eh bien, non ; dites-moi ce que j’ai rêvé, et je saurai ainsi que vous êtes capables de m’en donner la signification. »
      10 Les enchanteurs reprirent : « Majesté, aucun être humain au monde ne peut faire ce que tu exiges. D’ailleurs, aucun roi, même grand ou puissant, n’a jamais demandé une chose pareille à un devin, à un magicien ou à un enchanteur.
      11 Ce que tu exiges est excessif : personne ne peut te donner la réponse, sinon les dieux, mais ils n’habitent pas dans le monde des hommes. »
      12 Alors le roi entra dans une très violente colère et ordonna de mettre à mort tous les sages de Babylone.
      13 Cette décision fut publiée, et les sages allaient être exécutés. On chercha donc aussi Daniel et ses compagnons pour les faire mourir.
      14 Daniel s’adressa avec prudence et sagesse au capitaine Ariok, chef des gardes du roi, qui s’était mis en route pour aller mettre à mort les sages de Babylone.
      15 Il lui demanda pourquoi le roi avait prononcé une sentence si dure. Ariok lui exposa l’affaire.
      16 Aussitôt Daniel se rendit chez le roi pour le prier de lui accorder un délai, afin qu’il puisse lui communiquer la signification de son rêve.
      17 De retour chez lui, Daniel raconta toute l’affaire à ses compagnons Hanania, Michaël et Azaria ;
      18 il les invita à implorer la bienveillance du Dieu du ciel au sujet de ce rêve mystérieux, afin de ne pas être exécutés avec les autres sages de Babylone.
      19 Et le mystère fut révélé à Daniel pendant la nuit, au cours d’une vision. Alors Daniel se mit à louer le Dieu du ciel
      20 en ces termes : « Remercions Dieu en tout temps, car la sagesse et la puissance lui appartiennent.
      21 Il est le maître du temps et de l’Histoire, il renverse les rois ou les établit. C’est lui qui accorde la sagesse aux sages, qui donne le discernement aux intelligents,
      22 et qui révèle les secrets les plus mystérieux. Il sait ce qui se cache dans les ténèbres, car la lumière brille à ses côtés.
      23 Vers toi, Dieu de mes ancêtres, montent ma reconnaissance et mes louanges : tu m’as rempli de sagesse et de force. Tu m’as fait connaître ce que nous t’avons demandé, en nous révélant ce qui préoccupe le roi. »
      24 Là-dessus, Daniel se rendit chez Ariok, à qui le roi avait ordonné de tuer les sages de Babylone. Sitôt arrivé, il lui dit : « Ne fais pas mourir les sages de Babylone ! Introduis-moi auprès du roi et je lui indiquerai la signification de son rêve. »
      25 Sans tarder, Ariok amena Daniel chez le roi et dit à celui-ci : « Majesté, parmi les déportés de Juda, j’ai trouvé un homme capable de t’indiquer la signification de ton rêve. »
      26 Le roi s’adressa à Daniel, appelé aussi Beltassar, et lui demanda : « Es-tu vraiment capable de me révéler ce que j’ai rêvé et de m’en donner la signification ? »
      27 Daniel lui répondit : « Aucun sage, aucun magicien, aucun devin, aucun astrologue n’est en mesure de révéler au roi le mystère dont il parle.
      28 Mais il y a dans le ciel un Dieu qui révèle les mystères. C’est lui qui fait connaître au roi Nabucodonosor ce qui arrivera dans l’avenir. Eh bien, voici la vision que tu as eue durant ton sommeil :
      29 Lorsque tu t’es couché, tu t’es mis à penser à l’avenir. Alors celui qui révèle les mystères t’a montré ce qui arrivera.
      30 Pour ma part, ce mystère m’a été révélé, non pas parce que je serais plus sage que n’importe qui d’autre, mais pour que quelqu’un puisse te communiquer la signification de ton rêve et te faire connaître ce qui inquiète ton esprit.
      31 Voici donc ce que tu as vu : Devant toi se dressait une grande, très grande statue, d’une splendeur éblouissante et d’un aspect terrifiant.
      32 La tête de la statue était en or pur, sa poitrine et ses bras en argent, son ventre et ses cuisses en bronze,
      33 ses jambes en fer, et ses pieds moitié en fer et moitié en terre cuite.
      34 Tu as contemplé cette statue jusqu’au moment où une pierre s’est détachée de la montagne sans intervention humaine ; elle est venue frapper les pieds en fer et en terre cuite de la statue, et les a fracassés.
      35 Alors, d’un seul coup, le fer et la terre cuite, ainsi que le bronze, l’argent et l’or, furent réduits en poussière que le vent emporta, comme des brins de paille lorsqu’on vanne les céréales en été. Aucune trace n’en subsista. Quant à la pierre qui avait frappé la statue, elle devint une grande montagne remplissant toute la terre.
      36 « Tel fut le rêve du roi. Maintenant en voici la signification :
      37 Tu es le plus grand de tous les rois. Le Dieu du ciel t’a donné la royauté, la puissance, la force et l’honneur ;
      38 il a placé sous ton autorité les êtres humains, les animaux et les oiseaux : tu en es le maître, partout où ils demeurent. Eh bien, la tête en or, c’est toi !
      39 Un autre royaume, moins puissant que le tien, s’élèvera après toi. Ensuite un troisième royaume, représenté par le bronze, s’étendra à toute la terre.
      40 Un quatrième royaume, dur comme le fer, lui succédera. Comme le fer écrase, pulvérise et broie tout, ce royaume écrasera et broiera les royaumes précédents.
      41 Enfin, ainsi que tu l’as constaté, les pieds et les orteils de la statue étaient faits en partie de terre cuite et en partie de fer : cela signifie que ce royaume manquera d’unité. Il y aura en lui quelque chose de la solidité du fer, puisque tu as vu le fer mêlé à la terre cuite.
      42 Mais les orteils où le fer et la terre cuite étaient mélangés montrent qu’une partie de ce royaume sera forte et une autre partie fragile ;
      43 ils indiquent aussi que des rois s’allieront par des mariages, mais ces alliances ne seront pas solides, pas plus que l’alliage du fer et de la terre cuite.
      44 A l’époque de ces rois-là, le Dieu du ciel établira un royaume qui ne sera jamais détruit et dont la souveraineté ne passera jamais à une autre nation. Ce royaume écrasera tous les royaumes précédents et mettra fin à leur existence, puis il subsistera éternellement ;
      45 c’est ce qu’annonce la pierre que tu as vue se détacher de la montagne sans intervention humaine, pour venir broyer le fer, le bronze, la terre cuite, l’argent et l’or de la statue. Le grand Dieu t’a fait connaître ainsi ce qui arrivera par la suite. Ton rêve est une authentique révélation, et son interprétation est digne de confiance. »
      46 Alors le roi Nabucodonosor se jeta le visage contre terre, rendit hommage à Daniel et ordonna qu’on lui présente des sacrifices et des offrandes de parfums.
      47 Puis il dit à Daniel : « Votre Dieu est vraiment le plus grand de tous les dieux, et le maître des rois. Lui seul révèle les mystères, puisque tu as été capable de me dévoiler ce mystère-ci. »
      48 Ensuite le roi accorda à Daniel de grands honneurs et lui remit de nombreux et importants cadeaux. Il le nomma gouverneur de la province de Babylone et chef suprême des sages de Babylone.
      49 Sur une demande de Daniel, le roi confia à Chadrac, Méchak et Abed-Négo des postes dans l’administration de la province de Babylone. Quant à Daniel, il devint conseiller à la cour royale.

      Daniel 3

      1 Le roi Nabucodonosor fit construire une statue d’or, de trente mètres de haut et de trois mètres de large, et il ordonna qu’on la dresse sur la plaine de Doura, dans la province de Babylone.
      2 Ensuite il envoya des messagers convoquer les satrapes, les préfets, les gouverneurs, les conseillers, les trésoriers, les juges, les magistrats et tous les autres fonctionnaires des provinces. Ils devaient venir pour l’inauguration de la statue que le roi avait fait dresser.
      3 Tous ces hauts fonctionnaires se rassemblèrent donc et prirent place devant la statue, pour la cérémonie d’inauguration.
      4 Le maître de cérémonie cria d’une voix puissante : « Gens de tous peuples, de toutes nations et de toutes langues, écoutez l’ordre que voici :
      5 “Dès que vous entendrez jouer de la trompette, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse et de tous les genres d’instruments de musique, vous vous inclinerez jusqu’à terre pour adorer la statue d’or que le roi Nabucodonosor a fait dresser.
      6 Si quelqu’un refuse de s’incliner et de l’adorer, on le jettera immédiatement dans la fournaise où brûle un feu intense.” »
      7 Ainsi donc, dès que les gens de tous peuples, nations et langues entendirent jouer de la trompette, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion et de tous les genres d’instruments de musique, ils s’inclinèrent jusqu’à terre et adorèrent la statue d’or que le roi Nabucodonosor avait fait dresser.
      8 Aussitôt après, quelques Babyloniens vinrent accuser les Juifs.
      9 Ils s’adressèrent au roi Nabucodonosor et lui dirent : « Longue vie au roi !
      10 Sa Majesté le roi lui-même a donné l’ordre suivant : “Tout homme devra s’incliner jusqu’à terre pour adorer la statue d’or, dès qu’il entendra jouer de la trompette, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse et de tous les genres d’instruments de musique.
      11 Si quelqu’un refuse de s’incliner et d’adorer la statue, on le jettera dans la fournaise où brûle un feu intense.”
      12 Eh bien, Majesté, les Juifs Chadrac, Méchak et Abed-Négo, à qui tu as confié des postes dans l’administration de la province de Babylone, n’ont pas tenu compte de ton ordre : ils refusent de servir tes dieux et d’adorer la statue d’or que tu as fait dresser. »
      13 Très en colère, Nabucodonosor ordonna qu’on lui amène Chadrac, Méchak et Abed-Négo. Lorsqu’ils furent présents,
      14 le roi leur demanda : « Est-il vrai, Chadrac, Méchak et Abed-Négo, que vous refusez de servir mes dieux et d’adorer la statue d’or que j’ai fait dresser ?
      15 Vous allez entendre de nouveau jouer de la trompette, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse et de tous les genres d’instruments de musique. Êtes-vous prêts maintenant à vous incliner jusqu’à terre pour adorer la statue que j’ai faite ? Si vous refusez, vous serez jetés immédiatement dans la fournaise où brûle un feu intense. Quel dieu pourrait alors vous arracher à mon pouvoir ? »
      16 Chadrac, Méchak et Abed-Négo répondirent au roi : « Majesté, nous ne voulons pas essayer de nous justifier.
      17 Sache toutefois que notre Dieu, le Dieu que nous servons, est capable de nous sauver ; oui, il nous arrachera à la fournaise et à ton pouvoir.
      18 Et à supposer qu’il ne le fasse pas, sache bien que nous refuserons quand même de servir tes dieux et d’adorer la statue d’or que tu as fait dresser. »
      19 Nabucodonosor devint furieux ; il pâlit de rage face à Chadrac, Méchak et Abed-Négo. Il exigea qu’on chauffe la fournaise sept fois plus que d’habitude
      20 et il ordonna à quelques vigoureux soldats de son armée de ligoter Chadrac, Méchak et Abed-Négo pour les jeter dans la fournaise.
      21 Aussitôt on ligota ces trois hommes, vêtus de leur costume d’apparat, pantalons, tuniques et bonnets, et on les jeta dans la fournaise.
      22 Conformément à l’ordre catégorique du roi, on avait surchauffé la fournaise. Ainsi, lorsque les soldats allèrent jeter Chadrac, Méchak et Abed-Négo dans le feu, ils furent eux-mêmes tués par les flammes.
      23 Quant à Chadrac, Méchak et Abed-Négo, ils tombèrent tous les trois, ligotés, au cœur de la fournaise.
      24 Soudain, le roi Nabucodonosor se leva stupéfait et demanda à ses ministres : « N’avons-nous pas jeté trois hommes ligotés dans le feu ? » – « C’est exact, Majesté ! » répondirent-ils.
      25 « Et pourtant, reprit le roi, je vois quatre hommes, non ligotés, qui se déplacent en plein milieu du feu. Ils ne portent aucune trace de blessures. Et le quatrième ressemble tout à fait à un être divin. »
      26 Nabucodonosor s’approcha de l’ouverture de la fournaise et cria : « Chadrac, Méchak et Abed-Négo, serviteurs du Dieu très-haut, sortez de là et venez ! » Aussitôt, ils sortirent tous trois du milieu du feu.
      27 Les satrapes, les préfets, les gouverneurs et les ministres du roi s’attroupèrent pour les examiner : leurs corps n’avaient pas subi l’atteinte du feu, leurs cheveux n’étaient pas roussis, leurs vêtements n’étaient pas endommagés, ils ne portaient même aucune odeur de brûlé.
      28 Le roi s’écria : « Merci au Dieu de Chadrac, de Méchak et d’Abed-Négo ! Il a envoyé son ange délivrer ses serviteurs qui, pleins de confiance en lui, ont désobéi à mon ordre royal. Ils ont préféré s’exposer aux tortures plutôt que de servir et d’adorer d’autres dieux que le leur.
      29 C’est pourquoi je décrète ce qui suit : “Si une personne, quel que soit son peuple, sa nation ou sa langue d’origine, parle avec légèreté du Dieu de Chadrac, de Méchak et d’Abed-Négo, cette personne sera coupée en morceaux et sa maison sera transformée en un tas de décombres. En effet, aucun autre dieu n’est capable d’accomplir une telle délivrance.” »
      30 Ensuite le roi confia à Chadrac, à Méchak et à Abed-Négo des postes plus importants que précédemment, dans la province de Babylone.
      31 Le roi Nabucodonosor adressa le message suivant aux gens de tous peuples, de toutes nations et de toutes langues, habitant la terre entière : « Je vous souhaite une paix parfaite !
      32 « Il m’a paru bon de faire connaître les prodiges et les miracles que le Dieu très-haut a accomplis en ma faveur :
      33 Ses prodiges sont si grands ! Ses miracles sont si puissants ! Ce Dieu régnera éternellement, sa souveraineté n’aura pas de fin !

      Daniel 4

      1 « Moi, Nabucodonosor, je passais des jours tranquilles et heureux dans ma résidence royale.
      2 Une nuit, couché sur mon lit, je fis un rêve qui me tourmenta : en effet, ce que j’avais vu était effrayant.
      3 J’ordonnai de rassembler auprès de moi tous les sages de Babylone, afin qu’on m’indique la signification de ce rêve.
      4 Dès que les devins, les magiciens, les enchanteurs et les astrologues furent arrivés, je leur racontai mon rêve, mais ils furent incapables de m’en donner la signification.
      5 Le dernier à se présenter devant moi fut Daniel. Cet homme, qui porte aussi le nom de Beltassar, dérivé du nom de mon dieu, est animé de l’esprit des dieux saints. Je lui racontai mon rêve :
      6 “Beltassar, chef des devins, lui dis-je, je sais que tu es animé de l’esprit des dieux saints, de sorte qu’aucun mystère ne t’embarrasse. Indique-moi donc la signification de ce que j’ai vu en rêve.
      7 Pendant que j’étais couché sur mon lit, voici ce que j’ai vu : Au milieu de la terre se dressait un arbre immense.
      8 Cet arbre devenait toujours plus grand et plus puissant ; son sommet atteignait le ciel. Il était visible jusqu’aux extrémités du monde.
      9 Son feuillage était magnifique ; il portait des fruits si abondants que tout être y trouvait de quoi se nourrir. Les bêtes des champs s’abritaient sous son ombre, les oiseaux faisaient leurs nids dans ses branches. Toute créature tirait de lui sa subsistance.
      10 “Couché sur mon lit, je vis ensuite un ange de Dieu, un être toujours vigilant, descendre du ciel.
      11 Il cria d’une voix puissante : Abattez cet arbre, coupez ses branches, dépouillez-le de ses feuilles et dispersez ses fruits ! Que les bêtes s’enfuient loin de lui et que les oiseaux abandonnent ses branches !
      12 Mais laissez en terre la souche avec les racines, au milieu de l’herbe des champs, entourez-la d’une chaîne de fer et de bronze. Qu’elle soit trempée par la rosée, qu’elle se nourrisse d’herbe, comme les animaux ;
      13 que sa raison cesse d’être celle d’un homme et soit remplacée par l’instinct d’une bête. Qu’elle demeure dans cet état pendant sept ans !
      14 “Cette décision est transmise par les anges de Dieu, les êtres toujours vigilants, afin que tous les vivants reconnaissent que le Dieu très-haut est le maître de toute royauté humaine : il la donne à qui il veut, il peut même y élever le plus humble des hommes.
      15 “Tel est le rêve que j’ai fait, moi, le roi Nabucodonosor. A toi, Beltassar, de m’en indiquer la signification. Aucun des sages de mon royaume n’a pu me la communiquer, mais toi tu en es capable, car tu es animé de l’esprit des dieux saints.” »
      16 Durant un moment Daniel, appelé aussi Beltassar, fut épouvanté, terrifié même par ses pensées. Le roi lui dit : « Beltassar, ne te laisse pas effrayer par ce rêve et sa signification ! » – « Majesté, répondit Beltassar, si seulement ce rêve et sa signification s’appliquaient à tes ennemis !
      17 Tu as vu un arbre, grand et puissant, dont le sommet atteignait le ciel et qui était visible du monde entier.
      18 Cet arbre au feuillage magnifique portait des fruits si abondants que tout être y trouvait de quoi se nourrir ; les bêtes des champs venaient se mettre à l’abri sous lui et les oiseaux faisaient leurs nids dans ses branches.
      19 Eh bien, cet arbre, c’est toi ! Tu es devenu grand et puissant, toi aussi ; ta grandeur a atteint le ciel et ta souveraineté s’est étendue jusqu’aux extrémités du monde.
      20 Tu as vu ensuite un ange de Dieu, un être toujours vigilant, descendre du ciel et donner l’ordre suivant : “Abattez l’arbre et détruisez-le ! Mais laissez en terre la souche avec les racines, au milieu de l’herbe des champs, et entourez-la d’une chaîne de fer et de bronze. Qu’elle soit trempée par la rosée et partage le sort des animaux durant sept ans.”
      21 « Majesté, voici ce que cela signifie, conformément à la décision prise par le Dieu très-haut à ton égard :
      22 Tu vas être chassé d’entre les humains ! Tu vivras parmi les animaux sauvages, tu te nourriras d’herbe comme les bœufs, tu seras trempé par la rosée ! Tu demeureras dans cet état pendant sept ans, jusqu’à ce que tu reconnaisses que le Dieu très-haut est le maître de toute royauté humaine et qu’il la donne à qui il veut.
      23 Enfin, l’ordre de laisser subsister la souche de l’arbre avec ses racines signifie ceci : La royauté te sera rendue dès que tu auras reconnu que le Dieu du ciel est le maître.
      24 Alors, que sa Majesté le roi daigne accueillir favorablement mon conseil : qu’il renonce à ses péchés et à ses fautes, qu’il pratique la justice et soit bon envers les pauvres ; peut-être qu’ainsi le temps de sa prospérité se prolongera. »
      25 Tous les événements prédits au roi Nabucodonosor s’accomplirent.
      26 En effet, un an plus tard, le roi se promenait sur la terrasse du palais royal de Babylone.
      27 Il s’écria : « Voilà Babylone, la grande ville que j’ai bâtie comme résidence royale. Elle montre combien ma puissance est grande, combien mon pouvoir est glorieux ! »
      28 A l’instant même où le roi prononçait ces mots, une voix venant du ciel déclara : « Roi Nabucodonosor, écoute cette proclamation : Le pouvoir royal t’est retiré !
      29 Tu vas être chassé d’entre les humains ! Tu vivras parmi les animaux sauvages et tu te nourriras d’herbe comme les bœufs ! Tu demeureras dans cet état pendant sept ans, jusqu’à ce que tu reconnaisses que le Dieu très-haut est le maître de toute royauté humaine et qu’il la donne à qui il veut. »
      30 Aussitôt cette parole se réalisa : Nabucodonosor fut chassé d’entre les humains, il se mit à manger de l’herbe comme les bœufs, et son corps fut trempé par la rosée. Sa chevelure devint aussi longue que des plumes d’aigles, et ses ongles aussi grands que des griffes d’oiseaux.
      31 « A la fin des sept années, déclara Nabucodonosor, je levai les yeux vers le ciel et ma raison humaine me fut rendue. Je remerciai le Dieu très-haut qui vit éternellement, je me mis à le louer et à proclamer sa gloire : Sa souveraineté n’a pas de fin, sa royauté dure à jamais.
      32 Les habitants de la terre, aussi nombreux soient-ils, ne comptent pour rien devant lui ; il traite comme il lui plaît tant les êtres célestes que les humains. Personne ne peut s’opposer à son pouvoir ou lui reprocher ce qu’il fait.
      33 La raison humaine me fut donc rendue à ce moment-là. Pour la gloire de mon règne, la dignité et la splendeur royales me furent rendues également. Mes ministres et mes hauts fonctionnaires s’empressèrent de venir me chercher. Je fus rétabli dans ma royauté et je reçus plus d’honneur encore qu’auparavant.
      34 C’est pourquoi maintenant moi, Nabucodonosor, je loue, j’exalte, je glorifie le Roi du ciel ! Tout ce qu’il entreprend est droit, toutes ses actions sont justes. Il a même le pouvoir d’humilier ceux qui se conduisent avec orgueil. »

      Daniel 5

      1 Un jour, le roi Baltazar offrit un grand banquet à ses hauts fonctionnaires, au nombre de mille, et il se mit à boire du vin en leur présence.
      2 Sous l’influence de l’alcool, il ordonna qu’on apporte les coupes d’or et d’argent que son père Nabucodonosor avait prises au temple de Jérusalem. Il voulait s’en servir pour boire en compagnie de ses hauts fonctionnaires, de ses femmes et de ses épouses de second rang.
      3 On apporta donc les coupes d’or qui provenaient du temple de Jérusalem, la maison de Dieu, et le roi les utilisa pour boire en compagnie de tous ses invités.
      4 Après avoir bien bu, ils se mirent à chanter les louanges des dieux d’or et d’argent, de bronze et de fer, de bois et de pierre.
      5 A ce moment précis, une main humaine apparut, à proximité du porte-lampes. Elle écrivit quelque chose sur la paroi blanchie à la chaux du palais royal. Lorsque le roi vit cette main qui écrivait,
      6 il devint tout pâle et fut terrifié par ses pensées ; il perdit sa belle assurance et ses genoux s’entrechoquèrent.
      7 Il ordonna à grands cris de faire venir les sages de Babylone, magiciens, enchanteurs ou astrologues, et il leur dit : « Celui qui déchiffrera cette inscription et m’en donnera la signification sera revêtu d’habits d’apparat, on passera un collier d’or autour de son cou, et il sera un des principaux ministres du royaume. »
      8 Tous les sages au service du roi s’avancèrent, mais aucun d’eux ne put déchiffrer l’inscription pour en donner la signification au roi.
      9 Baltazar en fut terrifié et devint encore plus pâle ; ses hauts fonctionnaires eux-mêmes étaient bouleversés.
      10 La reine mère entendit les cris poussés par le roi et par ses hauts fonctionnaires. Elle entra dans la salle du banquet et déclara : « Longue vie au roi ! Il ne faut pas te laisser terrifier par tes pensées et en perdre toute couleur.
      11 Dans ton royaume, il y a un homme qui est animé de l’esprit des dieux saints. A l’époque de ton père, on a découvert en lui une clairvoyance, une intelligence et une sagesse pareilles à la sagesse des dieux. C’est pourquoi ton père, le roi Nabucodonosor, l’avait nommé chef des devins, magiciens, enchanteurs et astrologues.
      12 Il possède un esprit exceptionnel, du discernement, de l’intelligence, et la capacité d’expliquer les rêves, de déchiffrer les énigmes et de résoudre les problèmes. Eh bien, qu’on fasse venir cet homme, ce Daniel à qui le roi avait donné le nom de Beltassar : il révélera la signification de cette inscription. »
      13 On conduisit donc Daniel devant le roi, qui lui demanda : « Es-tu bien Daniel, ce déporté judéen, que le roi mon père a ramené du pays de Juda ?
      14 J’ai entendu dire que tu es animé de l’esprit des dieux et que tu possèdes de la clairvoyance, de l’intelligence et une sagesse exceptionnelle.
      15 On vient de m’amener les sages et les magiciens pour qu’ils déchiffrent l’inscription que voici et m’en donnent la signification, mais ils n’en ont pas été capables.
      16 Or j’ai appris que toi, tu es capable d’expliquer les énigmes et de résoudre les problèmes. Si tu parviens à déchiffrer cette inscription et à m’en donner la signification, tu seras revêtu d’habits d’apparat, on passera un collier d’or autour de ton cou, et tu seras l’un des principaux ministres du royaume. »
      17 Daniel répondit au roi : « Tu peux garder pour toi tes cadeaux et tes présents, ou les donner à d’autres. Pourtant, je déchiffrerai l’inscription et je t’en expliquerai la signification.
      18 Majesté, le Dieu très-haut avait fait de ton père Nabucodonosor un grand roi, couvert de gloire et de dignité.
      19 A cause de cette grandeur reçue de Dieu, les populations de tous pays, de toutes nations et de toutes langues tremblaient de peur devant lui. Il condamnait à mort qui il voulait, il laissait vivre qui il voulait ; il honorait ou humiliait qui il voulait.
      20 Mais il devint orgueilleux et plein d’arrogance ; alors il fut renversé de son trône royal et privé de sa gloire.
      21 Il fut chassé d’entre les humains et réduit à vivre comme les bêtes : il eut sa demeure parmi les ânes sauvages, se nourrit d’herbe comme les bœufs, et son corps fut trempé par la rosée. Cela dura jusqu’au jour où il reconnut que le Dieu très-haut est le maître de toute royauté humaine et qu’il y élève qui il veut.
      22 Toi Baltazar, son fils, tu savais fort bien tout cela, et pourtant tu n’as pas adopté une attitude plus humble.
      23 Tu as défié le Dieu du ciel lorsque tu as fait apporter les coupes sacrées venant de son temple, et que vous vous en êtes servis pour boire du vin, toi, tes hauts fonctionnaires, tes femmes et tes épouses de second rang. De plus tu as chanté les louanges des dieux d’argent et d’or, de bronze et de fer, de bois et de pierre, des dieux qui ne voient rien, n’entendent rien et ne savent rien ; et tu as refusé de rendre gloire au Dieu qui tient dans sa main ta vie présente et ta destinée.
      24 Alors Dieu a envoyé une main tracer cette inscription.
      25 Voici ce qui est écrit : MENÉ, MENÉ, TEKEL et PARSIN.
      26 Et en voici le sens : MENÉ signifie compté : Dieu a fait les comptes au sujet de ton règne, et il y met fin ;
      27 TEKEL signifie pesé : tu as été pesé sur une balance, et l’on a jugé que tu ne fais pas le poids ;
      28 PERÈS signifie divisé : ton royaume a été divisé pour être donné aux Mèdes et aux Perses. »
      29 Aussitôt, Baltazar ordonna à ses serviteurs de revêtir Daniel d’habits d’apparat et de lui passer un collier d’or autour du cou. Il fit aussi proclamer que Daniel devenait un des principaux ministres du royaume.
      30 Au cours de la nuit suivante, Baltazar, roi de Babylone, fut tué

      Daniel 6

      1 et Darius, le Mède, accéda à la royauté, à l’âge de soixante-deux ans.
      2 Darius décida de créer cent vingt postes de satrapes afin de placer dans tout l’empire des hommes qui représentent son autorité.
      3 Il nomma à leur tête trois surintendants à qui les satrapes devraient rendre compte de leur administration, de telle manière que personne ne puisse nuire aux intérêts du roi. Daniel était l’un des surintendants ;
      4 il surpassait les deux autres et tous les satrapes par ses capacités exceptionnelles, si bien que le roi avait l’intention de lui confier une responsabilité relative à l’empire tout entier.
      5 Alors les autres surintendants et les satrapes se mirent à chercher si Daniel avait commis des erreurs au préjudice de l’empire, mais ils ne purent trouver aucune faute ni aucun manquement, car il était parfaitement honnête : il n’y avait vraiment rien à lui reprocher.
      6 Ces hommes se dirent donc : « Nous n’aurons aucun motif pour accuser Daniel, à moins de trouver quelque chose en relation avec la loi de son Dieu. »
      7 Sans tarder, les deux surintendants et les satrapes se rendirent chez le roi et lui dirent : « Longue vie au roi Darius !
      8 Les surintendants de l’empire, les préfets, les satrapes, les ministres et les gouverneurs ont tenu conseil et proposent au roi de promulguer et publier un décret impérial de la teneur suivante : “Durant une période de trente jours, quiconque adressera une prière à un dieu ou à un être humain autre que le roi lui-même devra être jeté dans la fosse aux lions.”
      9 Que le roi promulgue donc ce décret et le signe, de telle sorte qu’il ne puisse pas être modifié, conformément à la loi des Mèdes et des Perses, qui est irrévocable. »
      10 Là-dessus, le roi Darius signa le document du décret.
      11 Lorsque Daniel apprit qu’un tel décret avait été signé, il regagna sa maison. A l’étage supérieur, il ouvrit les fenêtres orientées vers Jérusalem. C’est là que, trois fois par jour, il se mettait à genoux pour prier et louer son Dieu. Il le fit comme d’habitude.
      12 Ses adversaires arrivèrent en hâte et le trouvèrent en train de prier et d’implorer son Dieu.
      13 Ils se rendirent donc chez le roi et lui dirent : « Le roi n’a-t-il pas signé un décret prévoyant que, durant une période de trente jours, quiconque adresserait une prière à un dieu ou à un être humain autre que le roi lui-même, devrait être jeté dans la fosse aux lions ? » – « C’est effectivement la décision qui a été prise, répondit le roi, conformément à la loi des Mèdes et des Perses, qui est irrévocable. » –
      14 « Eh bien, Majesté, reprirent ces hommes, Daniel, l’un des déportés du pays de Juda, n’a de respect ni pour toi ni pour le décret que tu as signé : trois fois par jour il prie son Dieu. »
      15 Lorsque le roi entendit ces paroles, il en fut profondément chagriné et se mit en tête d’épargner Daniel. Jusqu’au coucher du soleil, il chercha un moyen de le sauver.
      16 Mais les adversaires de Daniel ne tardèrent pas à revenir et dirent au roi : « Le roi sait bien que, selon la loi des Mèdes et des Perses, un décret ou un règlement promulgué par lui ne peut pas être modifié. »
      17 Alors, sur un ordre du roi, on amena Daniel et on le jeta dans la fosse aux lions. Le roi lui dit : « Seul ton Dieu, que tu sers avec tant de persévérance, pourra te sauver. »
      18 On apporta une pierre qu’on plaça sur l’ouverture de la fosse. Le roi y appliqua son cachet personnel, de même que le cachet de ses hauts fonctionnaires, afin que personne ne puisse modifier la situation de Daniel.
      19 Le roi regagna ensuite son palais pour la nuit. Il refusa toute nourriture et, bien qu’il n’arrivât pas à dormir, il refusa aussi tout divertissement.
      20 Dès les premières lueurs de l’aube, le roi se leva et se rendit en hâte à la fosse aux lions.
      21 Tandis qu’il en approchait, il appela Daniel d’une voix affligée : « Daniel, serviteur du Dieu vivant, est-ce que ton Dieu, que tu sers avec tant de persévérance, a pu t’arracher aux griffes des lions ? »
      22 Daniel lui répondit : « Longue vie au roi !
      23 Oui, mon Dieu a envoyé son ange fermer la gueule des lions, et ils ne m’ont fait aucun mal. En effet, je n’étais pas coupable envers Dieu, et je n’avais commis aucune faute non plus à l’égard du roi ! »
      24 Rempli de joie, le roi donna l’ordre de remonter Daniel de la fosse. Dès qu’il en fut sorti, on constata qu’il ne portait aucune blessure, parce qu’il avait eu confiance en son Dieu.
      25 Le roi ordonna ensuite d’arrêter les hommes qui avaient dénoncé Daniel, et on les jeta dans la fosse aux lions, avec leurs femmes et leurs enfants. Les lions les attaquèrent et leur broyèrent les os avant même qu’ils aient atteint le fond de la fosse.
      26 Ensuite le roi Darius adressa le message suivant aux gens de tous peuples, de toutes nations et de toutes langues, habitant la terre entière : « Je vous souhaite une paix parfaite !
      27 « Je décrète ce qui suit : Dans tout l’empire placé sous mon autorité, chacun doit manifester un respect absolu envers le Dieu de Daniel. Il est le Dieu vivant, celui qui subsistera toujours. Son règne ne cessera jamais, sa souveraineté durera éternellement.
      28 Il délivre et il sauve, il accomplit des prodiges et des miracles dans le ciel et sur la terre. C’est lui en effet qui a arraché Daniel aux griffes des lions. »
      29 Par la suite, Daniel occupa un poste important sous le règne de Darius, puis sous le règne de Cyrus, roi de Perse.

      Daniel 7

      1 Pendant la première année du règne de Baltazar à Babylone, Daniel fit un rêve et son esprit fut assailli par des visions, alors qu’il était couché sur son lit. Plus tard, il mit par écrit son rêve. Voici, en substance,
      2 ce qu’il a raconté : « Durant la nuit, j’ai vu, en vision, le vent se déchaîner des quatre coins de l’horizon sur la mer immense.

      Matthieu 6

      1 « Gardez-vous d’accomplir vos devoirs religieux en public, pour que tout le monde vous remarque. Sinon, vous ne recevrez pas de récompense de votre Père qui est dans les cieux.
      9 Voici comment vous devez prier : “Notre Père qui es dans les cieux, que chacun reconnaisse que tu es le Dieu saint,

      Jean 10

      13 Voilà ce qui arrive parce que cet homme ne travaille que pour de l’argent et ne se soucie pas des brebis.
      14 Je suis le bon berger. Je connais mes brebis et elles me connaissent,
      15 de même que le Père me connaît et que je connais le Père. Et je donne ma vie pour mes brebis.
      16 J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas dans cet enclos. Je dois aussi les conduire ; elles écouteront ma voix, et elles deviendront un seul troupeau avec un seul berger.
      17 Le Père m’aime parce que je donne ma vie, pour ensuite l’obtenir à nouveau.
      18 Personne ne me prend la vie, mais je la donne volontairement. J’ai le pouvoir de la donner et j’ai le pouvoir de l’obtenir à nouveau. Cela correspond à l’ordre que mon Père m’a donné. »
      19 Les Juifs furent de nouveau divisés à cause de ces paroles.
      20 Beaucoup d’entre eux disaient : « Il est possédé d’un esprit mauvais ! Il est fou ! Pourquoi l’écoutez-vous ? »
      21 D’autres disaient : « Un possédé ne parlerait pas ainsi. Un esprit mauvais peut-il rendre la vue aux aveugles ? »
      22 C’était l’hiver et l’on célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace.
      23 Jésus allait et venait dans la galerie à colonnes de Salomon, au temple.
      24 Les Juifs se rassemblèrent alors autour de lui et lui dirent : « Jusqu’à quand vas-tu nous maintenir dans l’incertitude ? Si tu es le Messie, dis-le-nous franchement. »
      25 Jésus leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, mais vous ne me croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père témoignent en ma faveur.
      26 Mais vous ne croyez pas, parce que vous ne faites pas partie de mes brebis.
      27 Mes brebis écoutent ma voix ; je les connais et elles me suivent.
      28 Je leur donne la vie éternelle, elles ne seront jamais perdues et personne ne les arrachera de ma main.
      29 Ce que mon Père m’a donné est plus grand que tout et personne ne peut rien arracher de la main du Père.
      30 Le Père et moi, nous sommes un. »

      Actes 21

      40 Le commandant le lui permit. Paul, debout sur les marches, fit au peuple un signe de la main pour obtenir le silence. Tous se turent et Paul leur adressa la parole en araméen :
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