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TEXTE ET VERSIONS DE L'ANCIEN TESTAMENT (3.)

III Langues.

1.

HEBREU.

1° Généralités. Sauf quelques pages, dont nous nous occuperons plus loin, l'A. T, est écrit en hébreu, idiome qui appartient au groupe des langues sémitiques. Ce groupe forme un tout à l'intérieur duquel la parenté des dialectes est si frappante que la question se pose de savoir si chacun d'eux s'est créé indépendamment des autres dès l'origine, ou si tous remontent à un idiome primitif dont ils ne seraient que des dérivés. Cette dernière hypothèse est la plus vraisemblable.

Le terme d'hébreu, appliqué à la langue d'Israël, ne se rencontre pas dans l'A.T. Dans les trois passages où celui-ci fait allusion à l'idiome parlé en Palestine, il le désigne, Esa 19:18, par le terme poétique de « langue de Canaan » (=sephath Kena'an), 2Ro 18:26,28 (cf. Esa 36:11,13) et Ne 13:24 par celui de « juif » (=yehoudith)  : à ce moment-là le royaume du nord a disparu et Juda est seul à représenter le peuple de Jacob.

Au point de vue ethnologique, les « Hébreux » (voir ce mot) sont, dans l'A.T., les Israélites par opposition aux étrangers, Égyptiens, Philistins, etc., et le mot est employé par les étrangers ou par les Israélites eux-mêmes pour se distinguer des étrangers. (cf. Ex 21:2) Jamais il ne sert, dans la littérature d'avant l'exil, à désigner le peuple élu, dont le vrai nom est : Bené-IsraH-- fils ou enfants d'Israël. Mais plus tard, pendant la période grecque, le vieux terme reparaît et désigne les Juifs dans la bouche des étrangers. C'est à ce fait que la langue de l'A. T, doit de s'appeler « langue hébraïque ». On trouve ce mot dans le prologue de l'Ecclésiastique (hébraïsti), puis dans la Mischna et dans le N.T., où les mots hébraïs dialekios (Ac 21:40, cf. Jn 10:13-30) s'appliquent également à l'hébreu lui-même et à l'araméen que parlait le peuple à ce moment-là. Le terme d'hébreu vient lui-même de l'aram, ebrav, d'où le grec hébraïos et le franc, hébreu (XVI e siècle, hébrieu)

L'hébreu n'était probablement pas l'idiome des plus anciennes familles israélites. Les chroniques de la Genèse nous montrent dans la tribu abrahamide un groupe araméen que ses migrations amenèrent un jour aux portes de la Palestine et qui finit par s'y installer (cf. De 26:5) en obligeant les habitants à lui faire une place. Ces premiers occupants que nous appelons les Cananéens étaient, eux aussi, des Sémites, établis depuis plusieurs siècles dans cette contrée où leur civilisation s'était considérablement développée, et qui parlaient un dialecte particulier. C'est ce dialecte que les envahisseurs israélites adoptèrent, avec beaucoup d'autres coutumes et traditions, et qui devint leur langue. (cf. Esa 19:18 : « langue de Canaan ») On a donc parlé hébreu dans ce pays avant l'arrivée d'Israël. Ce fait est confirmé par les documents de Tell el-Amarna (voir art.) : les lettres des gouverneurs de Palestine au Pharaon, rédigées en babylonien, sont parsemées de gloses cananéennes où l'on reconnaît sans peine l'idiome qui deviendra deux siècles plus tard la langue d'Israël (comp, encore les inscriptions phéniciennes de Byblos).

Si, selon Max Muller, les langues sémitiques se rangent aux côtés des langues indo-européennes dans la subdivision des langues à flexion, c'est à peu près le seul rapport que ces deux groupes ont entre eux : abstraction faite des emprunts réciproques, le vocabulaire est complètement différent, la grammaire et la syntaxe sont d'une autre structure et l'on ne retrouve pas le même génie à l'origine de ces dialectes.

Il semble par contre plus facile d'établir un rapport entre notre groupe et celui des idiomes chamitiques du N. de l'Afrique, égyptien, galla, berbère, etc. On a pu relever, dans les deux groupes, des éléments identiques et permanents, ainsi le pronom de la 1 re personne singulier : hébreu anôki, assyr. anâkou, égypt, anek, copte anok. Mais des différences profondes empêchent de pousser trop loin ce rapprochement. Tout au plus, ces constatations confèrent-elles quelque vraisemblance à l'hypothèse qui fait venir les Sémites du N. de l'Afrique : aux temps préhistoriques, ces tribus auraient passé en Arabie où un long séjour leur aurait donné leurs caractères distinctifs et d'où, à diverses reprises, leurs flots se seraient déversés sur les contrées voisines dont la richesse excitait la convoitise des nomades.

2° Lexicographie. Comparé aux trésors des littératures grecque, latine ou sanscrite, celui de la littérature hébraïque est très exigu : 1.320 pages in- 8° de l'édition Kittel suffisent à contenir les 30 livres de notre A.T. Il faut y ajouter les quelques chapitres du texte primitif du livre du Siracide (Ecclésiastique), retrouvés en Égypte en 1896, les inscriptions de Siloé, de Mésa roi de Moab et de quelques sceaux et monnaies. Nous ne parlons ici que de l'hébreu classique.

On peut évaluer à 5.700 environ la somme des mots de l'A.T. Ce vocabulaire est remarquablement homogène. La liste des termes étrangers, égyptiens, assyro-babyloniens, persans, grecs, latins ou autres est très courte. En empruntant à Canaan son idiome, Israël se l'est approprié d'une façon particulièrement intime : les vieux vocables cananéens sont, dans l'A.T., tout chargés de sens israélite. La pauvreté relative du dictionnaire, vide de tout terme scientifique, et d'où beaucoup de mots de la langue courante ont disparu, est rachetée par la qualité des termes : les nombreux mots de la piété et de la vie morale nous révèlent ce qu'il y a de plus original et de plus humain dans l'âme de ce peuple. Les notions spirituelles ont, en effet, à leur disposition beaucoup de termes qui expriment toutes les nuances de la puissance et de la sollicitude de Dieu, de la crainte et de la confiance, du péché et de la repentance, de la douleur et de l'espérance, de la joie du salut, etc.

D'autre part, ce vocabulaire reflète aussi l'existence matérielle et sociale d'Israël : celui-ci habite un pays hérissé de rochers, tailladé de ravins, aride et sauvage, où les ronces offrent une remarquable variété de types ; on a compté jusqu'à 19 mots pour désigner les épines dans l'A.T. ! Le peuple qui hante ces régions est un peuple de bergers et de chasseurs qui a quelque peine, semble-t-il, à se fixer et à devenir cultivateur.

Les emprunts aux langues étrangères se multiplient dans la dernière période de la littérature hébraïque, quand les rapports avec les voisins sont plus fréquents et que les colonies juives extrapalestiniennes, toujours plus considérables, finissent par imposer à leurs frères de Canaan leurs préoccupations, leurs conceptions et par conséquent aussi leur vocabulaire.

3° Grammaire. Comme les autres langues sémitiques, l'hébreu se distingue par une abondance de sons gutturaux dont les lettres françaises ont peine à rendre les nuances, puis de sons sifflants. Il se contente cependant de 22 signes, mais ces 22 lettres sont toutes des consonnes, qui seules constituent le mot et en déterminent le sens. Les voyelles, d'invention postérieure, ne peuvent que marquer les nuances diverses de ce sens fondamental, distinguer le substantif du verbe, dans ce dernier l'actif du passif, le mode intensif du mode simple, etc. Consonnes et voyelles sont donc inégales en valeur ou en puissance : les premières intéressent la lexicologie, les secondes la grammaire.

Autre trait caractéristique des langues sémitiques : ce squelette consonantique est presque toujours composé de trois lettres. Le trilittéralisme règne ici en maître, et le phénomène est si constant que les savants s'efforcent parfois de reconstituer une racine hypothétique de trois consonnes pour expliquer les mots qui semblent bien avoir eu, dès l'origine, deux lettres ou plus de trois. Il y a, en effet, tout un lot de mots de quatre ou même cinq consonnes et un bon nombre d'expressions, de prépositions par exemple, qui n'en ont que deux.

Tandis que le système des temps est très développé dans les langues indo-européennes, les langues sémitiques n'en connaissent que deux, le parfait et l'imparfait, qui ne correspondent pas aux temps désignés de cette façon en latin, par exemple, mais présentent l'action comme achevée ou comme inachevée dans le passé, le présent ou le futur. De là cette singularité que l'imparfait hébreu se traduit le plus souvent et le plus exactement par notre futur.

Par contre, les langues sémitiques attachent une importance très grande aux modes de l'action : de là des formes ou conjugaisons nombreuses que peut avoir le même verbe. L'hébreu est déjà plus décanté à cet égard que l'arabe classique ou l'éthiopien ; il connaît une conjugaison fondamentale et six conjugaisons dérivées, formées au moyen de particules ajoutées à la racine simple. De cette façon s'expriment le causatif, l'intensif, le déclaratif, le réfléchi, le réciproque, etc.

Tandis que l'arabe littéral possède encore les cas pour le nom, l'hébreu les a perdus : il n'en reste que des traces très effacées. Le génitif s'exprime autrement que dans nos langues occidentales : nous modifions le second terme de l'expression génitive, l'hébreu, lui, modifie le premier qu'il considère comme subordonné logiquement au second (état construit)

Plus frappante encore est la manière d'exprimer l'adjectif possessif : l'hébreu remplace nos adjectifs mon, ses, votre, etc. par l'expression génitive dans laquelle le second substantif est remplacé par un pronom personnel (ex. : mon cheval =cheval de moi), et ce pronom, abrégé, est accolé au nom sous forme de suffixe (ex. : soûs anî =le cheval de moi, devient soûsî) ; cf. le grec pater hêmôn =notre Père, litt, père de nous (Mt 6:9 1).

Le caractère fortement synthétique de la langue hébraïque apparaît surtout dans la possibilité qu'elle offre d'accoler à la forme verbale le complément direct qui en dépend, lorsque ce complément est un pronom personnel ; ainsi l'hébreu dira : qetâlanî =il m'a tué. Par contre, il est incapable de former des verbes nouveaux au moyen de prépositions préfixées à une racine simple, procédé dont le grec et le latin font un usage si abondant (ek-balleïn, pro-mittere). Ses noms composés assez nombreux sont surtout des noms propres, qui forment en réalité une petite phrase réduite à sa plus simple expression (voir Nom, III).

4° Syntaxe. Ici l'hébreu se distingue des autres langues sémitiques par son indigence, mais ce jugement peut être dû au fait que nous n'avons qu'une minime partie de sa littérature. La syntaxe ne connaît que la coordination et le discours direct. Très rares sont les cas de subordination. Par contre, la concision de la phrase va parfois jusqu'à l'obscurité ; le sens est seulement indiqué, ce qui permet des interprétations diverses et nous oblige, d'autre part, à employer sept ou huit mots pour rendre trois ou quatre termes de l'hébreu. Ce caractère lapidaire donne à la phrase une force remarquable et contribue à conserver aux mots une extraordinaire vitalité. La concision de la phrase exige une grande liberté pour la position des termes ; l'auteur met à la place qu'il juge la plus favorable le mot, sujet ou complément, sur lequel il veut attirer l'attention. L'emploi plus libre des temps et des modes permettait de donner à l'expression des nuances que nous n'apprécions qu'imparfaitement.

Dans sa structure générale, l'hébreu est assez impropre à exprimer une pensée abstraite, à servir de véhicule à un système de philosophie. Très concrète, avec ses termes qui semblent à peine détachés des objets qui les ont suggérés, cette langue est admirablement propre à la narration, à laquelle elle donne une sobriété et une vie puissantes : elle fournit aux poètes et aux prophètes un merveilleux instrument par l'abondance et la plasticité de ses images. Si les pages de l'A. T, doivent leur célébrité à leur contenu, la langue dans laquelle elles ont été rédigées a aussi puissamment contribué à leur autorité et à leur action.

5° Écriture. Avec la langue, les Israélites empruntèrent aux Cananéens les caractères dans lesquels elle s'écrivait. Ce ne sont pas ceux de nos Bibles actuelles, qu'un Ésaïe, par exemple, ne saurait probablement pas lire ! L'alphabet hébreu ancien nous est conservé dans l'inscription de Mésa roi de Moab, et surtout dans celle de Siloé, qui date de l'époque d'Achaz ou d'Ézéchias (VIII e siècle). Il est proche parent des alphabets phénicien et samaritain et se retrouve jusque sur les sceaux et monnaies de l'époque des Macchabées (fig. 168-170).

Son origine est encore très discutée. Les Grecs en ont attribué l'invention aux Phéniciens, desquels ils tenaient leur propre alphabet, et ceux-ci s'en sont certainement servi très tôt (cf. l'inscription d'Ahiram de Byblos, d'environ 1300 av. J. -C). Il est plus probable qu'ils en furent les propagateurs et qu'ils le tenaient d'ailleurs, mais non de Babylone, comme le pensait Delitzsch. En effet l'alphabet phénicien et hébreu est phonétique, chaque signe représentant un son. Or, au moment où il s'élabore (2000-1500 av. J. -C), l'écriture cunéiforme est encore nettement idéographique, chaque groupe de coins représentant une idée ou un mot entier. En outre l'assyro-babvlonien s'écrit de gauche à droite, le phénicien et l'hébreu, par contre, de droite à gauche. On le croirait plus volontiers venu d'Egypte car l'égyptien s'écrit, lui aussi, de droite à gauche et n'a que les consonnes comme l'hébreu ; très tôt les hiéroglyphes idéographiques donnèrent naissance à l'écriture hiératique, laquelle est presque phonétique. Cette origine égyptienne semble confirmée par la découverte des inscriptions du Sinaï (Serabît-el-Khadîm), dont le contenu n'est pas encore exactement déterminé, mais dont les signes constituent bien une première manière de l'alphabet sémitique. Les Israélites ont-ils déjà connu cet alphabet dans le désert, avant d'entrer en Canaan, ou bien l'ont-ils adopté dans ce dernier pays ? Il est impossible de se prononcer définitivement sur ce point.

Cet alphabet était encore lu par le peuple de Palestine au II e siècle ap. J. -C. Il avait été aussi adopté pour leur langue par les Araméens, chez lesquels il se modifia, comme en Canaan, et finit par prendre une forme particulière. Dès le V e siècle av. J. -C, l'araméen devenu langue internationale pénétra en Palestine où il fut employé parallèlement à l'hébreu, et, avec la langue, l'écriture araméenne. Celle-ci y subit d'autres modifications et finit par donner l'écriture dite carrée (appelée aussi écriture assyrienne, celle de nos éditions de la Bible hébraïque) qui supplanta définitivement, mais vers le II e siècle de notre ère seulement, l'ancienne écriture hébraïque. Cette substitution étrange au premier abord s'explique de plusieurs manières. Employer pour la Parole de Dieu l'écriture qui servait aux usages courants parut aux scribes une profanation. Les caractères araméens, plus rares et utilisés pour les édits royaux sous la domination perse, leur semblaient plus dignes de ce rôle. Ensuite les Samaritains ayant gardé, comme nous l'avons vu, l'ancien alphabet pour leurs livres sacrés, les Juifs, qui les haïssaient cordialement, adoptèrent volontiers une autre écriture pour leurs propres livres. Enfin, dès le II e siècle de notre ère, on attribua l'introduction de cette écriture à Esdras qui l'aurait apportée de Babylone. Cette affirmation, inexacte sous cette forme, exprime pourtant cette vérité que, dès l'époque de ce scribe, c'est-à-dire dès le dernier tiers du V e siècle, on se mit à copier les manuscrits de la Loi avec cet alphabet-là.

En tout cas, dès le II e siècle ap. J. -C, les Juifs n'utilisent plus dans leurs livres sacrés que l'écriture carrée, qui est celle des plus anciens manuscrits complets de l'A.T., reproduits par toutes les éditions imprimées de la Bible hébraïque. Voir Écriture.

6° Histoire de la langue et de la littérature hébraïques. Les Israélites adoptèrent très probablement l'hébreu comme idiome national dès leur conquête de Canaan, et il le resta dix siècles durant, soit jusque vers 100 avant notre ère. Dès le IV e siècle sinon plus tôt, il commença à perdre du terrain devant l'araméen, langue du commerce et de la diplomatie. Celui-ci finit par pénétrer même dans le recueil sacré : les livres d'Esdras (IV e siècle) et de Daniel (II e et suivant) renferment chacun un fragment d'une source araméenne plus ancienne, que le dernier rédacteur a tout simplement transcrit. Cependant l'hébreu se maintint jusqu'au I er siècle, et les livres des Macchabées, du Siracide, d'Hénoch, les Psaumes de Salomon et d'autres dont nous n'avons plus que des traductions ont été rédigés en hébreu ; l'ouvrage canonique le plus récent est celui d'Esther, qui date d'environ 130 av. J. -C. Dès ce moment l'hébreu n'est plus que la langue de l'école et des savants, comme le latin à partir du XVI e siècle. Au temps de Jésus le peuple comprenait peut-être encore l'hébreu mais parlait l'araméen, et les scribes se virent obligés de faire suivre la lecture du texte de la Loi et des Prophètes d'une traduction ou paraphrase araméenne (voir Langue parlée par Jésus).

Faire une histoire de la langue hébraïque est difficile, d'abord parce que le trésor de la littérature est singulièrement réduit ; ensuite parce que l'incertitude règne sur la date de composition de plusieurs de ces livres ; enfin et surtout parce que notre A.T., livre de piété et destiné à nourrir la piété, a été sans cesse révisé et adapté aux convictions du jour, de telle sorte que dans chacun des ouvrages qui le composent nous retrouvons, à côté des parties très anciennes, des fragments plus récents harmonisés tant bien que mal au reste de la composition. En outre, les voyelles de ce texte nous ont transmis la prononciation de l'hébreu tel que les Massorètes la concevaient d'après une tradition sans doute très rigide, mais qui ne pouvait prétendre reproduire la prononciation primitive. Malgré toute leur conscience, le danger d'altération subsistait, preuve en soit justement l'invention des signes destinés à fixer une fois pour toutes cette prononciation. Ils ont vocalisé ce texte uniformément, sans s'inquiéter des divergences qui pouvaient avoir distingué, à cet égard, celui d'Ésaïe, par exemple, de celui de 2 Samuel d'une part, des Psaumes d'autre part. Or, cela nous prive d'un élément important dans la détermination de la date de composition de tel ouvrage, par conséquent aussi de l'état véritable de la langue à une époque donnée.

Ainsi s'explique aussi, en partie tout au moins, le phénomène frappant de l'homogénéité de la langue. Les textes les plus récents ne diffèrent guère des textes anciens et aucune étude spéciale n'est nécessaire pour aborder la lecture des uns en partant des autres. Cela ne saurait provenir de l'autorité qu'aurait exercée en cette matière un ouvrage considéré par tous comme la norme infaillible. Cette opinion, plausible quand on croyait à la composition du Pentateuque par Moïse, n'a plus de valeur aujourd'hui que l'on sait que ce monument est lui-même un ouvrage composite où s'accusent de frappantes divergences de style et de vocabulaire. Cette uniformisation vient sans doute en bonne part de cette incessante adaptation des textes plus anciens aux besoins religieux du jour, à ce rajeunissement constant des vieilles pages dont on voulait faire goûter toute la puissance d'édification. En donnant à tout le texte de l'A. T, la même vocalisation et la même prononciation, les Massorètes n'ont fait que poursuivre l'oeuvre de leurs devanciers.

Cette homogénéité n'est cependant pas absolue au point d'interdire toute histoire de la langue, mais cette histoire est forcément superficielle.

On peut distinguer deux périodes dans la formation et l'évolution de l'hébreu :

(a) Avant l'exil (des origines à 570). Cette période, qui embrasse tout le temps de l'indépendance nationale d'Israël, a vu paraître les ouvrages les plus importants : les documents J, E et D du Pentateuque et de Josué, les livres historiques Juges-Rois, Amos, Osée, Ésaïe, Michée, Sophonie, Nahum, Habacuc, Jérémie, Ézéchiel, le second Ésaïe, peut-être Abdias, un certain nombre de Psaumes, une partie des Proverbes. L'âge d'or de cette littérature, à la fin du VIII e siècle, s'incarne en Ésaïe, le plus grand écrivain de l'A.T. La langue de la poésie diffère naturellement de celle de la prose, non seulement par l'emploi de certains termes plus rares, mais aussi par le rythme, par la syntaxe plus concise et par le parallélisme des membres.

(b) Après l'exil (de 570 à l'époque des Macchabées). La langue, encore très pure dans quantité de pages, finit par s'altérer au contact de l'araméen ; elle tend à devenir plus analytique ; le complément direct pronominal est moins souvent attaché au verbe sous forme de suffixe ; le vav consécutif est moins employé, et la simple coordination par vav copulatif plus fréquente. L'orthographe se modifie aussi : elle est plus souvent pleine (emploi fréquent des consonnes semi-vocaliques, assez rares dans l'ancien hébreu dont l'orthographe est défective) Ouvrages de cette période : les fragments les plus récents du Pentateuque, document P et successeurs, les livres d'Aggée, Zacharie, Malachie, peut-être Joël ; la plus grande partie des Psaumes et des Proverbes, Tob, les Chroniques, Esdras, Néhémie, Ruth, Jonas, Lamentations, Cantique, Ecclésiaste, Daniel et Esther, ainsi que les dernières adjonctions aux livres historiques et aux discours des premiers prophètes. C'est en somme la plus grande partie des Ketoubim, dernière section du canon hébreu.

Mais l'hébreu, supplanté dans l'usage quotidien par l'araméen, survécut comme langue de la synagogue et de l'école et fut l'instrument d'expression de toute une littérature post-canonique considérable, dont le principal monument est la Mischna ou commentaire de la Loi, trésor des réflexions des rabbins dès l'époque d'Esdras. La Mischna a été définitivement close au début du III e siècle de notre ère, dans la dernière rédaction faite par R. Juda le Patriarche (Mort en environ 220). C'est aussi la langue des commentaires, ou Midraschim, qui n'ont pas trouvé accès dans la Mischna. Cet hébreu-là se fait remarquer par le grand nombre de vocables grecs, latins, persans, puis par les modifications infligées à la grammaire et à la syntaxe : usage plus fréquent du participe, de certaines formes verbales, des prépositions et des conjonctions, terminaison du pluriel en în au lieu de îm, changement de sens et parfois de genre des mots, etc.

Cet idiome de la Mischna n'est pas du tout un jargon artificiel, production de l'école, mais tout simplement la langue courante des derniers siècles de l'indépendance juive, plus proche, peut-être, de l'âme du peuple que le langage classique et plus noble des écrits bibliques. Elle n'a du reste point disparu, et nous assistons, aujourd'hui, à une émouvante tentative de la rétablir comme langue vivante en Palestine : les colonies juives installées là-bas ces dernières années parlent hébreu ; à l'Université de Jérusalem créée en 1922 l'enseignement se donne en hébreu ; des journaux paraissent dans cet idiome, farci naturellement de mots nouveaux pour exprimer les notions et désigner les choses nouvelles, et son trésor littéraire grandit tous les jours.

7° Histoire de l'étude de l'hébreu. En même temps qu'il écrivait son fameux manuscrit, monument définitif de la science massorétique, Aaron Ben-Asher (X e siècle, voir plus haut) rédigeait un autre ouvrage que l'on peut considérer comme l'ancêtre de tous les livres d'étude de l'hébreu, ses Diqdouqé hatte'amîm, ou Règles grammaticales des accents : c'est déjà presque une grammaire. Dans les oeuvres de son contemporain et coreligionnaire Saadja, la grammaire hébraïque s'affranchit de la massore et devient une science indépendante. Nouveau progrès dans les travaux de R. Juda Khayyoudj (Cordoue, fin du X e siècle), dont les remarques sur les formes verbales et les lois qui les régissent, surtout dans les verbes « faibles », sont encore mises à contribution aujourd'hui. Ces deux derniers savants ont rédigé leurs écrits en arabe. Par contre, Aben-Ezra (Mort en 1167) écrivit en hébreu une grammaire originale, quoiqu'on sente chez lui l'influence des savants arabes. La science philologique hébraïque doit beaucoup à la famille des Kimchi, dont le représentant le plus illustre, David Kimchi (Mort en 1235), écrivit une grammaire et un dictionnaire devenus classiques.

Au XV e siècle, sous l'impulsion de la Renaissance, l'étude de l'hébreu entre dans une nouvelle période : ce ne sont plus seulement les savants juifs qui s'y adonnent mais aussi les chrétiens. Il convient de rappeler ici le nom et l'oeuvre d'Élie Levita (mort en 1549), qui forme en quelque sorte la transition entre les grammairiens de la synagogue et ceux de l'Église.

Le vrai père de la philologie hébraïque moderne est Jean Reuchlin, dont les Rudimenta linguoe hebraïcoe parurent en 1506. Nous lui devons la prononciation de l'hébreu usuelle chez les chrétiens, celle des Juifs espagnols et portugais, assez différente de celle des Juifs allemands et polonais (qui prononcent, par ex., chôlaoum ou chôloyini au lieu de châlom =paix). Cependant ses travaux, comme ceux de Pellican, de Munster et d'autres, reproduisent sans grandes innovations les résultats des études des rabbins ; le dernier représentant de cette période est Jean Buxtorf le père, mort à Bâle en 1629. Dès le XVII° siècle, la science chrétienne s'affranchit de cette tradition, dans les travaux d'Erpenius, Louis de Dieu, Louis Cappel au XVII e siècle, de Michaëlis, Schultens, Schröder, etc. au XVIII e siècle.

Au XIX e siècle, de nouvelles méthodes lui font faire d'énormes progrès. Le maître le plus illustre dans ce domaine est sans contredit W. Gesenius (Mort en 1842), qui publia en 1813 une grammaire hébraïque dont 28 éditions rajeunies chaque fois par l'un ou l'autre des maîtres de cette science se sont succédé jusqu'à maintenant : la 29 e, refondue à son tour, était en cours de publication en 1930. Gesenius employait hardiment la méthode comparative qui lui permettait d'éclairer les phénomènes lexicographiques et grammaticaux de l'hébreu par ceux des idiomes parents, arabe, araméen, syriaque, etc., en attendant les révélations de l'assyro-babylonien. H. Ewald (Mort en 1875) ramenait tout le matériel linguistique à des lois qu'il s'efforçait d'expliquer de façon rationnelle, cependant que son contemporain J. Olshausen expliquait les mots et les formes de l'hébreu par un dialecte sémitique primitif qu'il tâchait de reconstituer. Dans sa grammaire parue en 1879, B. Stade combine ingénieusement les méthodes d'Ewald et d'Olshausen. Il faut encore mentionner l'ouvrage de proportions monumentales d'E. König, dont la valeur est moins grande que ne le ferait espérer l'étendue des matériaux accumulés.

La dernière étape dans ce domaine est marquée, dans la science allemande, par la Grammaire historique de la langue hébraïque de Bauer et Liander (1re p., 1922), dont les aperçus ingénieux demandent pourtant à être confirmés par de nouvelles recherches. Ouvrages français : Gramm. hébraïque de S. Preiswerk, Genève 1838, 4° ed. 1884 ; de J. Touzard, Paris 1905 ; de Strack, trad. Baumgartner. --Dictionnaires : celui de GESENIUS, paru d'abord en latin puis en allemand, 16° éd. 1915, est l'ouvrage classique indispensable. En anglais, le Hebrew and English Lexicon of the O.T. d'Oxford (1907).

2.

ARAMEEN.

1° textes araméens de la Bible sont de petite étendue ; en voici la liste : Ge 31:47 (deux mots), Jer 10:11 (un verset), Esd 4:8-6:18 7:12-26, et Da 2:4-7:2 et suivant. La présence de ces documents s'explique par l'importance qu'avait prise l'araméen en Orient dès le V e siècle av. J. -C. Il pénétra dans tous les pays de l'Asie Antérieure, supplanta l'assyro-babylonien, devint la langue internationale et, après la conquête perse, l'idiome des rapports officiels entre les nouveaux maîtres et leurs provinces de l'ouest. Bon gré, mal gré, les Juifs durent s'en servir pour leurs rapports avec leurs voisins ; d'autre part, l'habitude de beaucoup des leurs de parler araméen à leur retour de Babylone contribua sans doute à accréditer ce dialecte en Palestine, et l'autorité d'Esdras en consacra l'usage pour la rédaction de quelques pages de la Bible.

L'araméen, parlé des confins de la Perse aux bords du Nil et des oasis de l'Arabie aux plateaux de l'Asie Mineure, ne tarda pas à se modifier suivant les pays où il était en usage. Il se subdivise en deux grands rameaux :

(a) Celui de l'est, c'est-à-dire de la vallée de l'Euphrate, de la Mésopotamie supérieure avec Edesse comme centre de culture : c'est le syriaque, déjà langue littéraire avant l'apparition du christianisme, mais dont toute la littérature aujourd'hui conservée est d'inspiration chrétienne. Son importance réside pour nous en ce qu'il nous a donné la traduction appelée Peshîto (voir plus haut), de la fin du II e siècle de notre ère. C'est également à l'araméen de l'est que se rattachent le dialecte de la Gemara de Babylone (ou Talmud de Babylone), rédigée au V e siècle, et celui des Mandéens (voir ce mot), gnostiques de Mésopotamie.

(b) L'autre rameau, celui de l'ouest, est représenté par une littérature moins considérable mais de grand intérêt pour nous, parce qu'elle comprend les fragments de l'A. T, dont nous venons de parler, puis les livres religieux des chrétiens de Palestine, où nous trouvons un écho de la langue même de Jésus ; les écrits des Samaritains ; les Targums ou paraphrases du texte hébreu de l'A.T., ainsi que la Gemara ou Talmud de Palestine. Les plus anciens documents en cette langue sont probablement les inscriptions de Sendjirli (N. -O, de la Syrie), du VIII° siècle av. J. -C, mais l'araméen de ces vieux textes est antérieur à la formation des dialectes de l'est et de l'ouest.

Fait intéressant, jusqu'à ces dernières années l'araméen s'était maintenu dans le dialecte de quelques tribus des environs de Mossoul et des montagnes du Kourdistan, dans le voisinage du lac d'Ourmiah et dans le Liban. Les bouleversements ethnographiques consécutifs à la guerre risquent d'être funestes à ces témoins d'un lointain passé.

2° Traits caractéristiques de l'araméen. Comparé à l'hébreu au point de vue de la forme et de la sonorité, cet idiome paraît assez nettement inférieur ; on y constate un assourdissement prononcé : des voyelles disparaissent qui donnaient à l'hébreu une résonance caractéristique. La langue s'éclaircit, certaines formes nominales et verbales tombent en désuétude et la déclinaison comme la conjugaison se simplifient. La syntaxe est rendue plus aisée par l'emploi abondant des particules, et cette souplesse permet à l'araméen de serrer la pensée de plus près, mais il perd en concision ce qu'il gagne en netteté.

On a longtemps considéré cette pauvreté relative de l'araméen comme une preuve de la priorité de cette langue, qui serait ainsi l'idiome primitif dont l'hébreu présenterait un stade de développement plus avancé. C'est bien plutôt le contraire qui est vrai, et une langue décantée telle qu'apparaît l'araméen révèle par là même un long passé et un long frottement avec d'autres idiomes de même origine ou d'origine étrangère.

L'araméen de la Bible offre une ressemblance assez frappante avec l'hébreu, et l'on a parlé à ce propos de ses nombreux hébraismes Ce phénomène n'aurait rien de surprenant dans un livre presque entièrement écrit en hébreu. Il semble toutefois que nous ayons là bien plutôt des tournures archaïques remontant à la langue unique primitive et que notre araméen biblique soit un idiome plus pur qu'on n'était tenté de le croire.

Disons encore un mot du nom de cette langue. Elle est désignée expressément Esd 4:8, Da 2:4 par le mot aramith (adj. ou adv.). Seulement, comme le discours ainsi reproduit est placé (Da 2:4) dans la bouche des Caldéens, on en concluait prématurément que cette langue « araméenne » était celle des Caldéens, c'est-à-dire des habitants de la Caldée ; et comme ce dernier pays était plus connu et que ses habitants avaient joué un rôle plus considérable dans l'histoire d'Israël que les tribus araméennes, c'est ce nom de caldéen qui prévalut, à tort du reste, de l'aveu même du passage invoqué pour confirmer cette appellation. L'usage est maintenant établi parmi les savants de n'employer, pour désigner cet idiome, que l'appellation l'araméen

L'abréviation T.M., employée au cours de cet article, désigne le texte massorétique de l'A.T., défini dans I, 4° et 6°

Voir Bible, Critique, etc. E. G.

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      47 Et Laban l'appela Jégar-Sahadutha ; et Jacob l'appela Gal-hed.

      Exode 21

      2 Si tu achètes un esclave Hébreu, il te servira six ans, et au septième il sortira pour être libre, sans rien payer.

      Esdras 4

      8 Réhum donc, Président du conseil, et Simsaï, le Secrétaire, écrivirent une Lettre touchant Jérusalem au Roi Artaxerxes, comme il s'ensuit.
      9 Réhum Président du conseil, et Simsaï le Secrétaire, et les autres de leur compagnie, Diniens, Apharsatkiens, Tarpéliens, Arphasiens, Arkéviens, Babyloniens, Susankiens, Déhaviens, [et] Hélamites ;
      10 Et les autres peuples que le grand et glorieux Osnapar avait transportés, et fait habiter dans la ville de Samarie, et les autres qui étaient de deçà le fleuve ; de telle date.
      11 C'est donc ici la teneur de la Lettre qu'ils lui envoyèrent. Au Roi Artaxerxes. Tes serviteurs les gens de deçà le fleuve, et de telle date.
      12 Que le Roi soit averti, que les Juifs qui sont montés d'auprès de lui vers nous, sont venus à Jérusalem, [et] qu'ils bâtissent la ville rebelle et méchante, et posent les fondements des murailles, et les relèvent.
      13 Que maintenant donc le Roi soit averti, que si cette ville est rebâtie, et ses murailles fondées, ils ne paieront plus de taille, ni de gabelle, ni de péage, et elle causera ainsi une grande perte aux revenus du Roi.
      14 Et parce que nous sommes aux gages du Roi, il nous serait mal-séant, [de voir ce] mépris du Roi ; c'est pourquoi nous avons envoyé au Roi, et nous lui faisons savoir ;
      15 Qu'il cherche au Livre des Mémoires de ses pères, et qu'il trouvera écrit dans ce Livre des Mémoires, et y apprendra que cette ville est une ville rebelle, et pernicieuse aux Rois et aux provinces ; et que de tout temps on y a fait des complots, et qu'à cause de cela cette ville a été détruite.
      16 Nous faisons [donc] savoir au Roi, que si cette ville est rebâtie, et ses murailles fondées, il n'aura plus de part à ce qui est au deçà du fleuve.
      17 Et c'est ici la réponse que le Roi envoya à Réhum, Président du conseil, et à Simsaï le Secrétaire, et aux autres de leur compagnie qui demeuraient à Samarie, et aux autres de deçà le fleuve. Bien vous soit, et de telle date.
      18 La teneur des lettres que vous nous avez envoyées, a été exposée et lue devant moi.
      19 Et j'ai donné ordre, et on a cherché et trouvé, que de tout temps cette ville-là s'élève contre les Rois, et qu'on y a fait des rébellions et des complots.
      20 Et qu'aussi il y a eu à Jérusalem des Rois puissants, qui ont dominé sur tous ceux de delà le fleuve, et qu'on leur payait des tailles, des gabelles et des péages.
      21 Maintenant donc, donnez un ordre pour faire cesser ces gens-là, afin que cette ville ne soit point rebâtie, jusques à ce que je l'ordonne.
      22 Et gardez-vous de manquer en ceci ; [car] pourquoi croîtrait le dommage au préjudice des Rois ?
      23 Or quand la teneur des patentes du Roi Artaxerxes eut été lue en la présence de Réhum, et de Simsaï le Secrétaire, et de ceux de leur compagnie, ils s'en allèrent en diligence à Jérusalem vers les Juifs, et les firent cesser avec main forte.
      24 Alors le travail de la maison de Dieu, qui habite à Jérusalem, cessa, et elle demeura dans cet état, jusqu'à la seconde année du règne de Darius Roi de Perse.

      Esdras 5

      1 Alors Aggée le Prophète, et Zacharie, fils de Hiddo le Prophète, prophétisaient aux Juifs qui étaient en Juda et à Jérusalem, au Nom du Dieu d'Israël, [qui les avait envoyés] vers eux.
      2 Et Zorobabel fils de Salathiel, et Jésuah fils de Jotsadak, se levèrent et commencèrent à rebâtir la maison de Dieu, qui habite à Jérusalem ; et ils avaient avec eux les Prophètes de Dieu, qui les aidaient.
      3 En ce temps-là Tattenaï, Gouverneur de deçà le fleuve, et Sétharboznaï, et leurs compagnons vinrent à eux et leur parlèrent ainsi : Qui vous a donné ordre de rebâtir cette maison, et de fonder ces murailles ?
      4 Et ils leur parlèrent aussi en cette manière : Quels sont les noms des hommes qui bâtissent cet édifice ?
      5 Mais parce que sur les Anciens des Juifs était l'oeil de leur Dieu, on ne les fit point cesser, jusqu'à ce que l'affaire parvint à Darius, et qu'alors ils rapportassent des Lettres sur cela.
      6 La teneur des Lettres que Tattenaï Gouverneur de deçà le fleuve, et Sétharboznaï, et ses compagnons Apharsékiens, qui étaient de deçà le fleuve, envoyèrent au Roi Darius.
      7 Ils lui envoyèrent une relation du fait, et il y avait ainsi écrit : Toute paix soit au Roi Darius.
      8 Que le Roi soit averti que nous sommes allés en la province de Judée, vers la maison du grand Dieu, laquelle on bâtit de grosses pierres, et même la charpenterie est posée aux parois, et cet édifice se bâtit en diligence, et s'avance entre leurs mains.
      9 Et nous avons interrogé les Anciens qui étaient là, et nous leur avons parlé ainsi : Qui vous a donné ordre de rebâtir cette maison, et de fonder ces murailles ?
      10 Et nous leur avons aussi demandé leurs noms, pour les faire savoir au Roi, afin que nous écrivissions les noms des principaux d'entr'eux.
      11 Et ils nous ont répondu de cette manière, disant : Nous sommes les serviteurs du Dieu des cieux et de la terre, et nous rebâtissons la maison qui avait été bâtie ci-devant il y a longtemps, laquelle un grand Roi d'Israël avait bâtie et fondée.
      12 Mais après que nos pères eurent provoqué à la colère le Dieu des cieux, il les livra entre les mains de Nébucadnetsar Roi de Babylone, Caldéen, qui détruisit cette maison, et qui transporta le peuple à Babylone.
      13 Mais en la première année de Cyrus, Roi de Babylone, le Roi Cyrus commanda qu'on rebâtît cette maison de Dieu.
      14 Et même le Roi Cyrus tira hors du Temple de Babylone les vaisseaux d'or et d'argent de la maison de Dieu, que Nébucadnetsar avait emportés du Temple qui était à Jérusalem, et qu'il avait apportés au Temple de Babylone, et ils furent délivrés à un nommé Sesbatsar, lequel il avait établi Gouverneur.
      15 Et il lui dit : Prends ces ustensiles, et t'en va, et fais-les porter au Temple qui était à Jérusalem ; et que la maison de Dieu soit rebâtie en sa place.
      16 Alors ce Sesbatsar vint, et posa les fondements de la maison de Dieu, qui [habite] à Jérusalem ; et depuis ce temps-là jusqu'à présent, on la bâtit, et elle n'est point encore achevée.
      17 Maintenant donc, s'il semble bon au Roi, qu'on cherche dans la maison des trésors du Roi laquelle est à Babylone, s'il est vrai qu'il y ait eu un ordre donné par Cyrus de rebâtir cette maison de Dieu à Jérusalem ; et que le Roi nous fasse savoir sa volonté sur cela.

      Esdras 6

      1 Alors le Roi Darius donna ses ordres, et on rechercha dans le lieu où l'on tenait les registres, [et] où l'on mettait les trésors en Babylone.
      2 Et on trouva dans un coffre, au palais Royal, qui était dans la province de Mède, un rouleau ; et ce Mémoire y était ainsi couché par écrit.
      3 La première année du Roi Cyrus, le Roi Cyrus ordonna ; que quant à la maison de Dieu à Jérusalem, cette maison-là serait rebâtie, afin qu'elle fût le lieu où l'on fît les sacrifices, et que ses fondements seraient assez forts pour soutenir son faix, de laquelle la hauteur serait de soixante coudées, et la longueur de soixante coudées.
      4 Et [qu'on bâtirait] trois rangées de grosses pierres, et une rangée de bois neuf, et que la dépense serait fournie de l'hôtel du Roi.
      5 Et quant aux ustensiles d'or et d'argent de la maison de Dieu, lesquels Nébucadnetsar avait tirés du Temple qui était à Jérusalem, et apportés à Babylone, qu'on les rendrait, et qu'ils seraient remis au Temple qui était à Jérusalem, [chacun] en sa place, et qu'on les ferait conduire en la maison de Dieu.
      6 Maintenant donc, vous Tattenaï, Gouverneur de delà le fleuve, et Sétharboznaï, et vos compagnons Apharsékiens, [qui êtes] de delà le fleuve, retirez-vous de là ;
      7 Laissez faire l'ouvrage de cette maison de Dieu, [et] que le Gouverneur des Juifs et leurs Anciens rebâtissent cette maison de Dieu en sa place.
      8 Et cet ordre est fait de ma part touchant ce que vous aurez à faire, avec les Anciens de ces Juifs pour rebâtir cette maison de Dieu, c'est que des finances du Roi qui reviennent des tailles de delà le fleuve, les frais soient incontinent fournis à ces gens-là, afin qu'on ne les fasse point chômer.
      9 Et quant à ce qui sera nécessaire, soit veaux, soit moutons, ou agneaux pour les holocaustes [qu'il faut faire] au Dieu des cieux, soit blé, ou sel, ou vin et huile, ainsi que le diront les Sacrificateurs qui [sont] à Jérusalem, qu'on le leur donne chaque jour, sans y manquer.
      10 Afin qu'ils offrent des sacrifices de bonne odeur au Dieu des cieux, et qu'ils prient pour la vie du Roi et de ses enfants.
      11 J'ordonne aussi, que quiconque changera ceci, on arrache de sa maison un bois qui sera dressé, afin qu'il y soit exterminé, et qu'à cause de cela on fasse de sa maison une voirie.
      12 Et que Dieu, qui a fait habiter là son Nom, détruise tout Roi et tout peuple qui aura étendu sa main pour changer et détruire cette maison de Dieu qui [habite] à Jérusalem. Moi Darius ai donné cet ordre ; qu'il soit donc incontinent exécuté.
      13 Alors Tattenaï, Gouverneur de deçà le fleuve, et Sétharboznaï, et ses compagnons le firent incontinent exécuter, parce que le Roi Darius le leur avait ainsi écrit.
      14 Or les Anciens des Juifs bâtissaient, et ils prospéraient suivant la prophétie d'Aggée le Prophète, et de Zacharie, fils de Hiddo. Ils bâtirent donc ayant posé les fondements par le commandement du Dieu d'Israël, et par l'ordre de Cyrus et de Darius, et aussi d'Artaxerxes, Roi de Perse.
      15 Et cette maison de Dieu fut achevée le troisième jour du mois d'Adar, en la sixième année du règne du Roi Darius.
      16 Et les enfants d'Israël, les Sacrificateurs, les Lévites, et le reste de ceux qui étaient retournés de la captivité, célébrèrent la dédicace de cette maison de Dieu avec joie.
      17 Et ils offrirent pour la dédicace de cette maison de Dieu, cent veaux, deux cents béliers, quatre cents agneaux, et douze jeunes boucs pour le péché pour tout Israël, selon le nombre des Tribus d'Israël.
      18 Et ils établirent les Sacrificateurs en leurs rangs, [et] les Lévites en leurs départements, pour le service qui se fait à Dieu dans Jérusalem ; selon ce qui en est écrit au Livre de Moïse.

      Esdras 7

      12 Artaxerxes Roi des Rois, à Esdras Sacrificateur et Scribe de la Loi du Dieu des cieux, soit une parfaite santé ; et de telle date.

      Néhémie 13

      24 De sorte que leurs enfants parlaient en partie asdodien, et ne savaient point parler Juif ; mais ils parlaient la langue de divers peuples.

      Esaïe 19

      18 En ce jour-là il y aura cinq villes au pays d'Egypte qui parleront le langage de Chanaan, et qui jureront à l'Eternel des armées ; et l'une sera appelée Ville de destruction.

      Esaïe 36

      11 Alors Eliakim, et Sebna, et Joab dirent à Rabsaké ; nous te prions de parler en langue syriaque à tes serviteurs, car nous l'entendons ; mais ne parle point à nous en langue Judaïque, pendant que le peuple, qui est sur la muraille, l'écoute.
      13 Rabsaké donc se dressa, et s'écria à haute voix en langue Judaïque, et dit ; écoutez les paroles du grand Roi, le Roi des Assyriens.

      Jérémie 10

      11 Vous leur direz ainsi : les dieux qui n'ont point fait les cieux et la terre périront de la terre, et de dessous les cieux.

      Lamentations 1

      1 [Aleph. ] Comment est-il arrivé que la ville si peuplée se trouve si solitaire ? que celle qui était grande entre les nations est devenue comme veuve ? que celle qui était Dame entre les Provinces a été rendue tributaire ?
      2 [Beth. ] Elle ne cesse de pleurer pendant la nuit, et ses larmes sont sur ses joues ; il n'y a pas un de tous ses amis qui la console ; ses intimes amis ont agi perfidement contre elle, ils sont devenus ses ennemis.
      3 [Guimel. ] La Judée a été emmenée captive tant elle est affligée, et tant est grande sa servitude ; elle demeure maintenant entre les nations, et ne trouve point de repos ; tous ses persécuteurs l'ont attrapée entre ses détroits.
      4 [Daleth. ] Les chemins de Sion mènent deuil de ce qu'il n'y a plus personne qui vienne aux fêtes solennelles ; toutes ses portes sont désolées, ses Sacrificateurs sanglotent, ses vierges sont accablées de tristesse ; elle est remplie d'amertume.
      5 [He. ] Ses adversaires ont été établis pour chefs, ses ennemis ont prospéré ; car l'Eternel l'a plongée dans l'affliction à cause de la multitude de ses crimes, ses petits enfants ont marché captifs devant l'adversaire ;
      6 [Vau. ] Et tout l'honneur de la fille de Sion s'est retiré d'elle ; ses principaux sont devenus semblables à des cerfs qui ne trouvent point de pâture, et ils ont marché destitués de force, devant celui qui [les] poursuivait.
      7 [Zajin. ] Jérusalem dans les jours de son affliction et de son pauvre état s’est souvenue de toutes ses choses désirables qu’elle avait depuis si longtemps, lorsque son peuple est tombé par la main de l’ennemi, sans qu’aucun la secourût ; les ennemis l’ont vue, et se sont moqués de ses sabbats.
      8 [Heth. ] Jérusalem a grièvement péché ; c'est pourquoi on a branlé la tête contre elle ; tous ceux qui l'honoraient l'ont méprisée, parce qu'ils ont vu son ignominie ; elle en a aussi sangloté, et s'est retournée en arrière.
      9 [Teth. ] Sa souillure était dans les pans de sa robe, [et] elle ne s'est point souvenue de sa fin ; elle a été extraordinairement abaissée, et elle n'a point de consolateur. Regarde, ô Eternel ! mon affliction, car l'ennemi s'est élevé [avec orgueil].
      10 [Jod. ] L'ennemi a étendu sa main sur toutes ses choses désirables ; car elle a vu entrer dans son Sanctuaire les nations au sujet desquelles tu avais donné cet ordre : Elles n'entreront point dans ton assemblée.
      11 [Caph. ] Tout son peuple sanglote, cherchant du pain ; ils ont donné leurs choses désirables pour des aliments, afin de se faire revenir le coeur ; regarde, ô Eternel ! et contemple ; car je suis devenue méprisée.
      12 [Lamed. ] Cela ne vous touche-t-il point ? Vous tous passants, contemplez, et voyez s'il y a une douleur, comme ma douleur, qui m'a été faite, à moi que l'Eternel a accablée de douleur au jour de l'ardeur de sa colère.
      13 [Mem. ] Il a envoyé d'en haut le feu dans mes os, lequel les a tous gagnés ; il a tendu un rets à mes pieds, et m'a fait aller en arrière ; il m'a rendue désolée [et] languissante pendant tout le jour.
      14 [Nun. ] Le joug de mes iniquités est tenu serré par sa main ; ils sont entortillés, [et] appliqués sur mon cou ; il a fait déchoir ma force ; le Seigneur m’a livrée entre les mains [de ceux] dont je ne pourrai point me relever.
      15 [Samech. ] Le Seigneur a abattu tous les [hommes] forts que j'avais au milieu de moi ; il a appelé contre moi ses gens assignés, pour mettre en pièces mes gens d'élite. Le Seigneur a tiré le pressoir sur la vierge de la fille de Juda.
      16 [Hajin. ] A cause de ces choses je pleure, [et] mon oeil, mon oeil se fond en eau ; car le consolateur qui me faisait revenir le coeur est loin de moi ; mes enfants sont désolés, parce que l'ennemi a été le plus fort.
      17 [Pe. ] Sion se déchire de ses mains, et personne ne la console ; l'Eternel a mandé contre Jacob ses ennemis à l'entour de lui ; Jérusalem est devenue entre eux, comme une femme séparée à cause de sa souillure.
      18 [Tsadi. ] L'Eternel est juste, car je me suis rebellée contre son commandement. Ecoutez, je vous prie, vous tous peuples, et regardez ma douleur ; mes vierges et mes gens d'élite sont allés en captivité.
      19 [Koph. ] J'ai appelé mes amis, mais ils m'ont trompée. Mes Sacrificateurs, et mes Anciens sont morts dans la ville ; car ils ont cherché à manger pour eux, afin de se faire revenir le coeur.
      20 [Resch. ] Regarde, ô Eternel ! car je suis dans la détresse ; mes entrailles bruient, mon coeur palpite au dedans de moi, parce que je n'ai fait qu'être rebelle ; au dehors l’épée m’a privée d’enfants ; au dedans il y a comme la mort.
      21 [Scin. ] On m'a ouïe sangloter, [et] je n'ai personne qui me console ; tous mes ennemis ont appris mon malheur, et s’en sont réjouis, parce que tu l’as fait ; tu amèneras le jour que tu as assigné, et ils seront dans mon état.
      22 [Thau. ] Que toute leur malice vienne en ta présence, et fais-leur comme tu m'as fait à cause de tous mes péchés ; car mes sanglots sont en grand nombre, et mon coeur est languissant.

      Daniel 2

      4 Et les Caldéens répondirent au Roi en langue Syriaque : Roi, vis éternellement ! dis le songe à tes serviteurs, et nous en donnerons l'interprétation.
      5 [Mais] le Roi répondit, et dit aux Caldéens : La chose m'est échappée ; si vous ne me faites connaître le songe et son interprétation, vous serez mis en pièces, et vos maisons seront réduites en voirie.
      6 Mais si vous me manifestez le songe et son interprétation ; vous recevrez de moi des dons, des largesses, et un grand honneur ; quoi qu'il en soit, manifestez-moi le songe et son interprétation.
      7 Ils répondirent pour la seconde fois, et dirent : Que le Roi dise le songe à ses serviteurs, et nous en donnerons l'interprétation.
      8 Le Roi répondit, et dit : Je connais maintenant que vous ne cherchez qu'à gagner du temps, parce que vous voyez que la chose m'est échappée.
      9 Mais si vous ne me faites pas connaître le songe, il y a une même sentence contre vous ; car vous vous êtes préparés pour dire devant moi quelque parole fausse et perverse, en attendant que le temps soit changé. Quoi qu'il en soit, dites-moi le songe, et je saurai que vous m'en pouvez donner l'interprétation.
      10 Les Caldéens répondirent au Roi, et dirent : Il n'y a aucun homme sur la terre qui puisse exécuter ce que le Roi demande ; et aussi il n'y a ni Roi, ni Seigneur, ni Gouverneur qui ait jamais demandé une telle chose à quelque magicien, astrologue, ou Caldéen que ce soit.
      11 Car la chose que le Roi demande est extrêmement difficile et il n'y a que les dieux, lesquels n'ont aucune fréquentation avec la chair, qui la puissent déclarer au Roi.
      12 C'est pourquoi le Roi commanda avec grande colère et indignation qu'on mît à mort tous les sages de Babylone.
      13 La sentence donc fut publiée, et on tuait les sages ; et on cherchait Daniel et ses compagnons, pour les tuer.
      14 Alors Daniel détourna [l'exécution] du conseil, et de l'arrêt donné à Arioc, prévôt de l'hôtel du Roi, qui était sorti pour tuer les sages de Babylone.
      15 Et il demanda et dit à Arioc, commissaire du Roi : Pourquoi la sentence est-elle si pressante de par le Roi ? Et Arioc déclara le fait à Daniel.
      16 Et Daniel entra, et pria le Roi de lui donner du temps, et qu'il donnerait l'interprétation au Roi.
      17 Alors Daniel alla en sa maison, et déclara l'affaire à Hanania, à Misaël, et à Hazaria, ses compagnons ;
      18 Qui implorèrent la miséricorde du Dieu des cieux sur ce secret, afin qu'on ne mît point à mort Daniel et ses compagnons, avec le reste des sages de Babylone.
      19 Et le secret fut révélé à Daniel dans une vision de nuit, et là-dessus Daniel bénit le Dieu des cieux.
      20 Daniel [donc] prenant la parole, dit : Béni soit le nom de Dieu, depuis un siècle jusqu'à l'autre ; car à lui est la sagesse et la force.
      21 Et c'est lui qui change les temps et les saisons, qui ôte les Rois, et qui établit les Rois, qui donne la sagesse aux sages, et la connaissance à ceux qui ont de l'intelligence.
      22 C'est lui qui découvre les choses profondes et cachées, il connaît les choses qui sont dans les ténèbres, et la lumière demeure avec lui.
      23 Ô Dieu de nos pères ! je te célèbre et te loue de ce que tu m'as donné de la sagesse et de la force, et de ce que tu m'as maintenant fait savoir ce que nous t'avons demandé, en nous ayant fait connaître la parole du Roi.
      24 C'est pourquoi Daniel alla vers Arioc, que le Roi avait commis pour faire mourir les sages de Babylone, et étant arrivé, il lui parla ainsi : Ne fais point mettre à mort les sages de Babylone, [mais] fais-moi entrer devant le Roi, et je donnerai au Roi l'interprétation [qu'il souhaite].
      25 Alors Arioc fit promptement entrer Daniel devant le Roi, et lui parla ainsi : J'ai trouvé un homme d'entre ceux qui ont été emmenés captifs de Juda qui donnera au Roi l'interprétation [de son songe. ]
      26 Et le Roi prenant la parole, dit à Daniel, qui avait nom Beltesatsar : Me pourras-tu faire connaître le songe que j'ai vu, et son interprétation ?
      27 Et Daniel répondit en la présence du Roi, et dit : Le secret que le Roi demande [est tel], que ni les astrologues, ni les magiciens, ni les devins, ne le peuvent point découvrir au Roi.
      28 Mais il y a un Dieu aux cieux qui révèle les secrets, et qui a fait connaître au Roi Nébucadnetsar ce qui doit arriver aux derniers temps. Ton songe, et les visions de ta tête [que tu as eues] sur ton lit, sont telles.
      29 Tes pensées, ô Roi ! te sont montées dans ton lit, touchant ce qui arriverait ci-après, et celui qui révèle les secrets t'a déclaré ce qui doit arriver.
      30 Et ce secret m'a été révélé, non point par quelque sagesse qui soit en moi, plus qu'en aucun des vivants, mais afin de donner au Roi l'interprétation [de son songe], et afin que tu connaisses les pensées de ton coeur.
      31 Tu contemplais, ô Roi ! et voici une grande statue, et cette grande statue, dont la splendeur était excellente, était debout devant toi, et elle était terrible à voir.
      32 La tête de cette statue était d'un or très-fin, sa poitrine et ses bras [étaient] d'argent ; son ventre et ses hanches [étaient] d'airain.
      33 Ses jambes étaient de fer, et ses pieds étaient en partie de fer, et en partie de terre.
      34 Tu contemplais cela jusqu'à ce qu'une pierre fût coupée sans main, laquelle frappa la statue en ses pieds de fer et de terre, et les brisa.
      35 Alors furent brisés ensemble le fer, la terre, l'airain, l'argent et l'or, et ils devinrent comme la paille de l'aire d'Eté, que le vent transporte çà et là ; et il ne fut plus trouvé aucun lieu pour eux, mais cette pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et remplit toute la terre.
      36 C'est là le songe ; nous dirons maintenant son interprétation en la présence du Roi.
      37 Toi ô Roi ! qui es le Roi des Rois ; parce que le Dieu des cieux t'a donné le Royaume, la puissance, la force et la gloire,
      38 Et qu'en quelque lieu qu'habitent les enfants des hommes, les bêtes des champs, et les oiseaux des cieux, il les a donnés en ta main, et t'a fait dominer sur eux tous, tu es la tête d'or.
      39 Mais après toi il s'élèvera un autre Royaume, moindre que le tien, et ensuite un autre troisième Royaume qui sera d'airain, lequel dominera sur toute la terre.
      40 Puis il y aura un quatrième Royaume, fort comme du fer, parce que le fer brise, et met en pièces toutes choses ; et comme le fer met en pièces toutes ces choses, ainsi il brisera et mettra tout en pièces.
      41 Et quant à ce que tu as vu que les pieds et les orteils étaient en partie de terre de potier, et en partie de fer, c'est que le Royaume sera divisé, et il y aura en lui de la force du fer, selon que tu as vu le fer mêlé avec la terre de potier.
      42 Et ce que les orteils des pieds étaient en partie de fer, et en partie de terre, c'est que ce Royaume sera en partie fort, et en partie frêle.
      43 Mais ce que tu as vu le fer mêlé avec la terre de potier, c'est qu'ils se mêleront par semence humaine, mais ils ne se joindront point l'un avec l'autre, ainsi que le fer ne peut point se mêler avec la terre.
      44 Et au temps de ces Rois le Dieu des cieux suscitera un Royaume qui ne sera jamais dissipé, et ce Royaume ne sera point laissé à un autre peuple, mais il brisera et consumera tous ces Royaumes, et il sera établi éternellement.
      45 Selon que tu as vu que de la montagne une pierre a été coupée sans main, et qu'elle a brisé le fer, l'airain, la terre, l'argent, et l'or. Le grand Dieu a fait connaître au Roi ce qui arrivera ci-après ; or le songe est véritable, et son interprétation est certaine.
      46 Alors le Roi Nébucadnetsar tomba sur sa face, et se prosterna devant Daniel, et dit qu'on lui donnât de quoi faire des oblations et des offrandes de bonne odeur.
      47 [Aussi] le Roi parla à Daniel, et lui dit : Certainement votre Dieu est le Dieu des dieux, et le Seigneur des Rois, et c'est lui qui révèle les secrets, puisque tu as pu déclarer ce secret.
      48 Alors le Roi éleva en honneur Daniel, et lui donna beaucoup de grands présents ; il l'établit Gouverneur sur toute la Province de Babylone, et le fit plus grand Seigneur que tous ceux qui avaient la surintendance sur tous les sages de Babylone.
      49 Et Daniel fit une requête au Roi ; et [le roi] établit sur les affaires de la Province de Babylone, Sadrac, Mésac, et Habed-négo, mais Daniel était à la porte du Roi.

      Daniel 3

      1 Le Roi Nébucadnetsar fit une statue d'or, dont la hauteur était de soixante coudées, et la largeur de six coudées ; et il la dressa dans la campagne de Dura, en la Province de Babylone.
      2 Puis le Roi Nébucadnetsar envoya pour assembler les Satrapes, les Lieutenants, les Ducs, les Baillifs, les Receveurs, les Conseillers, les Prévôts, et tous les Gouverneurs des Provinces, afin qu'ils vinssent à la dédicace de la statue que le Roi Nébucadnetsar avait dressée.
      3 Ainsi furent assemblés les Satrapes, les Lieutenants, les Ducs, les Baillifs, les Receveurs, les Conseillers, les Prévôts, et tous les Gouverneurs des Provinces, pour la dédicace de la statue que le Roi Nébucadnetsar avait dressée ; et ils se tenaient debout devant la statue que le Roi Nébucadnetsar avait dressée.
      4 Alors un héraut cria à haute voix, [en disant] : On vous fait savoir, ô peuples, nations, et Langues !
      5 Qu'à l'heure que vous entendrez le son du cor, du clairon, de la harpe, de la saquebute, du psaltérion, de la symphonie, et de toute sorte de musique, vous ayez à vous jeter à terre, et à vous prosterner devant la statue d'or que le Roi Nébucadnetsar a dressée.
      6 Et quiconque ne se jettera pas à terre et ne se prosternera point, sera jeté à cette même heure-là au milieu de la fournaise de feu ardent.
      7 C'est pourquoi au même instant et sitôt que tous les peuples entendirent le son du cor, du clairon, de la harpe, de la saquebute, du psaltérion, et de toute sorte de musique, tous les peuples, les nations, et les Langues, se jetèrent à terre, et se prosternèrent devant la statue d'or que le Roi avait dressée.
      8 Sur quoi certains Caldéens s'approchèrent en même temps, et accusèrent les Juifs.
      9 Et ils parlèrent et dirent au Roi Nébucadnetsar : Roi, vis éternellement !
      10 Toi Roi, tu as fait un Edit, que tout homme qui aurait ouï le son du cor, du clairon, de la harpe, de la saquebute, du psaltérion, de la symphonie, et de toute sorte de musique, se jetât à terre, et se prosternât devant la statue d'or ;
      11 Et que quiconque ne se jetterait pas à terre, et ne se prosternerait point, serait jeté au milieu de la fournaise de feu ardent.
      12 Or il y a de certains Juifs que tu as établis sur les affaires de la Province de Babylone, [savoir] Sadrac, Mésac, et Habed-négo, et ces hommes-là, ô roi ! n'ont point tenu compte de toi ; ils ne servent point tes dieux, et ne se prosternent point devant la statue d'or que tu as dressée.
      13 Alors le Roi Nébucadnetsar saisi de colère et de fureur, commanda qu'on amenât Sadrac, Mésac, et Habed-négo, et ces hommes-là furent amenés devant le Roi.
      14 Et le Roi Nébucadnetsar prenant la parole leur dit : Est-il vrai, Sadrac, Mésac, et Habed-négo, que vous ne servez point mes dieux, et que vous ne vous prosternez point devant la statue d'or que j'ai dressée ?
      15 Maintenant n'êtes-vous pas prêts, au temps que vous entendrez le son du cor, du clairon, de la harpe, de la saquebute, du psaltérion, de la symphonie, et de toute sorte de musique, de vous jeter à terre, et de vous prosterner devant la statue que j'ai faite ? Que si vous ne vous prosternez pas, vous serez jetés à cette même heure au milieu de la fournaise de feu ardent. Et qui est le Dieu qui vous délivrera de mes mains ?
      16 Sadrac, Mésac et Habed-négo répondirent, et dirent au Roi Nébucadnetsar : Il n'est pas besoin, que nous te répondions sur ce sujet.
      17 Voici, notre Dieu, que nous servons, nous peut délivrer de la fournaise de feu ardent, et il nous délivrera de ta main, ô Roi !
      18 Sinon, sache, ô Roi ! que nous ne servirons point tes dieux, et que nous ne nous prosternerons point devant la statue d'or que tu as dressée.
      19 Alors Nébucadnetsar fut rempli de fureur, et l'air de son visage fut changé contre Sadrac, Mésac, et Habed-négo ; et prenant la parole, il commanda qu'on échauffât la fournaise sept fois autant qu'elle avait accoutumé d'être échauffée.
      20 Puis il commanda aux hommes les plus forts et les plus vaillants qui fussent dans son armée, de lier Sadrac, Mésac, et Habed-négo, pour les jeter en la fournaise de feu ardent.
      21 Et en même temps ces personnages-là furent liés avec leurs caleçons, leurs chaussures, leurs tiares, et leurs vêtements, et furent jetés au milieu de la fournaise de feu ardent.
      22 Et parce que la parole du Roi était pressante, et que la fournaise était extraordinairement embrasée, la flamme du feu tua les hommes qui y avaient jeté Sadrac, Mésac, et Habed-négo.
      23 Et ces trois personnages, Sadrac, Mésac, et Habed-négo, tombèrent tous liés au milieu de la fournaise de feu ardent.
      24 Alors le Roi Nébucadnetsar fut tout étonné, et se leva promptement, et prenant la parole, il dit à ses Conseillers : N'avons-nous pas jeté trois hommes au milieu du feu tout liés ? Et ils répondirent, et dirent au Roi : Il est vrai, ô Roi !
      25 Il répondit, et dit : Voici, je vois quatre hommes déliés qui marchent au milieu du feu, et il n'y a en eux aucun dommage, et la forme du quatrième est semblable à un fils de Dieu.
      26 Alors Nébucadnetsar s'approcha vers la porte de la fournaise de feu ardent ; et prenant la parole, il dit : Sadrac, Mésac, et Habed-négo, serviteurs du Dieu souverain, sortez, et venez. Alors Sadrac, Mésac, et Habed-négo sortirent du milieu du feu.
      27 Puis les Satrapes, les Lieutenants, les Gouverneurs, et les Conseillers du Roi, s'assemblèrent pour contempler ces personnages-là, et le feu n'avait eu aucune puissance sur leurs corps, et un cheveu de leur tête n'était point grillé, et leurs caleçons n'étaient en rien changés, et l'odeur du feu n'avait point passé sur eux.
      28 [Alors] Nébucadnetsar prit la parole, et dit : Béni soit le Dieu de Sadrac, Mésac, et Habed-négo qui a envoyé son Ange, et a délivré ses serviteurs qui ont eu espérance en lui, et qui ont violé la parole du Roi, et ont abandonné leurs corps, pour ne servir aucun dieu que leur Dieu, et ne se prosterner point devant aucun autre.
      29 De par moi donc est fait un Edit, que tout homme de quelque nation et Langue qu'il soit, qui dira quelque chose de mal convenable contre le Dieu de Sadrac, Mésac, et Habed-négo, soit mis en pièces, et que sa maison soit réduite en voirie, parce qu'il n'y a aucun autre Dieu qui puisse délivrer comme lui.
      30 Alors le Roi avança Sadrac, Mésac, et Habed-négo dans la Province de Babylone.

      Daniel 4

      1 Le Roi Nébucadnetsar, à tous peuples, nations, et Langues qui habitent en toute la terre : Que votre paix soit multipliée !
      2 Il m'a semblé bon de vous déclarer les signes et les merveilles que le Dieu souverain a faites envers moi.
      3 Ô ! que ses signes sont grands, et ses merveilles pleines de force ! Son règne est un règne éternel, et sa puissance est de génération en génération.
      4 Moi Nébucadnetsar j'étais tranquille dans ma maison, et dans un état florissant au milieu de mon palais ;
      5 Lorsque je vis un songe qui m'épouvanta ; et les pensées que j'eus dans mon lit, et les visions de ma tête me troublèrent.
      6 Et de par moi fut fait un Edit, qu'on fît venir devant moi tous les sages de Babylone, afin qu'ils me déclarassent l'interprétation du songe.
      7 Alors vinrent les magiciens, les astrologues, les Caldéens, et les devins, et je récitai le songe devant eux, mais ils ne m'en purent point donner l'interprétation.
      8 Mais à la fin Daniel, qui a nom Beltesatsar, selon le nom de mon Dieu, et auquel est l'Esprit des dieux saints, entra devant moi, et je récitai le songe devant lui, en [disant] :
      9 Beltesatsar Chef des Mages, comme je connais que l'Esprit des dieux saints est en toi, et que nul secret ne t'est difficile, [écoute] les visions de mon songe que j'ai vues, et dis son interprétation.
      10 Les visions donc de ma tête sur mon lit étaient telles. Voici, je voyais un arbre au milieu de la terre, la hauteur duquel était fort grande.
      11 Cet arbre était devenu grand et fort, son sommet touchait les cieux, et il se faisait voir jusqu'au bout de toute la terre.
      12 Son branchage était beau, et son fruit abondant, et il y avait de quoi manger pour tous ; les bêtes des champs se mettaient à l'ombre au-dessous de lui, et les oiseaux des cieux habitaient dans ses branches, et toute chair en était nourrie.
      13 Je regardais dans les visions de ma tête sur mon lit, et voici, un Veillant et Saint descendit des cieux ;
      14 Il cria à haute voix, et parla ainsi : Coupez l'arbre, et l'ébranchez ; jetez çà et là son branchage, et répandez son fruit ; que les bêtes s'écartent de dessous lui, et les oiseaux d'entre ses branches.
      15 Toutefois laissez le tronc de ses racines dans la terre, et l'ayant lié avec des chaînes de fer et d'airain, qu'il soit parmi l'herbe des champs, qu'il soit arrosé de la rosée des cieux, et qu'il ait sa portion avec les bêtes en l'herbe de la terre.
      16 Que son coeur soit changé pour n'être plus un coeur d'homme, et qu'il lui soit donné un coeur de bête ; et que sept temps passent sur lui.
      17 La chose est par le décret des Veillants, et la demande avec parole des Saints ; afin que les vivants connaissent que le Souverain domine sur le Royaume des hommes, et qu'il le donne à qui il lui plaît, et y établit le plus abject des hommes.
      18 Moi Nébucadnetsar Roi, j'ai vu ce songe, toi donc Beltesatsar, dis son interprétation ; car aucun des sages de mon royaume ne m'en peut déclarer l'interprétation, mais toi, tu le peux ; parce que l'Esprit des dieux saints est en toi.
      19 Alors Daniel, dont le nom était Beltesatsar, demeura tout étonné environ une heure, et ses pensées le troublaient ; [et] le Roi [lui] parla, et dit : Beltesatsar, que le songe ni son interprétation ne te trouble point ; [et] Beltesatsar répondit, et dit : Mon Seigneur, que le songe arrive à ceux qui t'ont en haine, et son interprétation à tes ennemis !
      20 L'arbre que tu as vu, qui était devenu grand et fort, dont le sommet touchait les cieux, et qui se faisait voir par toute la terre ;
      21 Et dont le branchage était beau, et le fruit abondant, et auquel il y avait de quoi manger pour tous, sous lequel demeuraient les bêtes des champs, et aux branches duquel habitaient les oiseaux des cieux.
      22 C'est toi-même, ô Roi ! qui es devenu grand et fort, tellement que ta grandeur s'est accrue, et est parvenue jusqu'aux cieux, et ta domination jusqu'au bout de la terre.
      23 Mais, quant à ce que le Roi a vu le Veillant et le Saint qui descendait des cieux, et qui disait : Coupez l'arbre, et l'ébranchez, toutefois laissez le tronc de ses racines dans la terre, et [qu'il soit lié] avec des liens de fer et d'airain parmi l'herbe des champs, qu'il soit arrosé de la rosée des cieux, et qu'il ait sa portion avec les bêtes des champs, jusqu'à ce que sept temps soient passés sur lui ;
      24 C'en est ici l'interprétation, ô Roi ! et c'est ici le décret du Souverain, lequel est venu sur le Roi mon Seigneur ;
      25 C'est qu'on te chassera d'entre les hommes, ton habitation sera avec les bêtes des champs, et on te paîtra d'herbe comme les boeufs, et tu seras arrosé de la rosée des cieux ; et sept temps passeront sur toi, jusques à ce que tu connaisses que le Souverain domine sur le Royaume des hommes, et qu'il le donne à qui il lui plaît.
      26 Mais, quant à ce qui a été dit qu'on laissât le tronc des racines de cet arbre-là, c'est que ton Royaume te sera rendu, dès que tu auras connu que les Cieux dominent.
      27 C'est pourquoi ; ô Roi ! que mon conseil te soit agréable, et rachète tes péchés par la justice, et tes iniquités en faisant miséricorde aux pauvres ; voici, ce sera une prolongation à ta prospérité.
      28 Toutes ces choses arrivèrent au Roi Nébucadnetsar.
      29 Au bout de douze mois, il se promenait dans le palais Royal de Babylone ;
      30 Et le Roi prenant la parole, dit : N'est-ce pas ici Babylone la grande, que j'ai bâtie pour être la demeure Royale par le pouvoir de ma force, et pour la gloire de ma magnificence ?
      31 [La] parole était encore dans la bouche du Roi quand une voix vint des cieux, [disant] : Roi Nébucadnetsar, on t'annonce que ton Royaume te va être ôté.
      32 Et on va te chasser d'entre les hommes, et ton habitation sera avec les bêtes des champs ; on te paîtra d'herbe comme les boeufs, et sept temps passeront sur toi, jusques à ce que tu connaisses que le Souverain domine sur le Royaume des hommes, et qu'il le donne à qui il lui plaît.
      33 A cette même heure-là cette parole fut accomplie sur Nébucadnetsar, et il fut chassé d'entre les hommes, il mangea l'herbe comme les boeufs, et son corps fut arrosé de la rosée des cieux jusqu'à ce que son poil crût comme celui de l'aigle, et ses ongles comme ceux des oiseaux.
      34 Mais à la fin de ces jours-là moi Nébucadnetsar je levai mes yeux vers les cieux ; mon sens me revint, je bénis le Souverain, je louai et j'honorai celui qui vit éternellement, duquel la puissance est une puissance éternelle, et le règne de génération en génération.
      35 Et au prix duquel tous les habitants de la terre ne sont rien estimés ; il fait ce qui lui plaît tant dans l'armée des cieux, que parmi les habitants de la terre ; et il n'y a personne qui empêche sa main, et qui lui dise : Qu'as-tu fait ?
      36 En ce temps-là mon sens me revint, et [je retournai] à la gloire de mon Royaume, ma magnificence et ma splendeur me fut rendue, et mes conseillers et mes gentilshommes me redemandèrent, je fus rétabli dans mon Royaume, et ma gloire fut augmentée.
      37 Maintenant donc moi Nébucadnetsar je loue, j'exalte, et je glorifie le Roi des cieux, duquel toutes les oeuvres sont véritables, ses voies justes, et qui peut abaisser ceux qui marchent avec orgueil.

      Daniel 5

      1 Le Roi Belsatsar fit un grand festin à mille de ses gentilshommes, et il buvait le vin devant ces mille [courtisans. ]
      2 Et ayant un peu bu, il commanda qu'on apportât les vaisseaux d'or et d'argent que Nébucadnetsar son père avait tirés du Temple qui était à Jérusalem ; afin que le Roi et ses gentilshommes, ses femmes et ses concubines y bussent.
      3 Alors furent apportés les vaisseaux d'or qu'on avait tirés du Temple de la maison de Dieu qui était à Jérusalem, et le Roi, et ses gentilshommes, ses femmes, et ses concubines y burent.
      4 Ils y burent [donc] du vin, et louèrent leurs dieux d'or, d'argent, d'airain, de fer, de bois et de pierre.
      5 Et à cette même heure-là sortirent [de la muraille] des doigts d'une main d'homme, qui écrivaient à l'endroit du chandelier, sur l'enduit de la muraille du palais royal ; et le Roi voyait cette partie de main qui écrivait.
      6 Alors le visage du Roi fut changé, et ses pensées le troublèrent, et les jointures de ses reins se desserraient, et ses genoux heurtaient l'un contre l'autre.
      7 Puis le Roi cria à haute voix qu'on amenât les astrologues, les Caldéens, et les devins ; et le Roi parla et dit aux sages de Babylone : Quiconque lira cette écriture, et me déclarera son interprétation, sera vêtu d'écarlate, et il aura un collier d'or à son cou, et sera le troisième dans le Royaume.
      8 Alors tous les sages du Roi entrèrent, mais ils ne purent point lire l'écriture, ni en donner au Roi l'interprétation.
      9 Dont le Roi Belsatsar fut fort troublé, et son visage en fut tout changé ; ses gentilshommes aussi en furent épouvantés.
      10 [Or] la Reine entra dans la maison du festin, à cause de ce qui était arrivé au Roi et à ses gentilshommes ; et la Reine parla, et dit : Roi, vis éternellement ! que tes pensées ne te troublent point, et que ton visage ne se change point.
      11 Il y a dans ton Royaume un homme en qui est l'Esprit des dieux saints, et au temps de ton père l'on trouva en lui une lumière, une intelligence, et une sagesse telle qu'est la sagesse des dieux ; et le Roi Nébucadnetsar ton père, ton père [lui-même], ô Roi ! l'établit chef des Mages, des astrologues, des Caldéens et des devins,
      12 Parce qu'un plus grand esprit, et plus de connaissance et d'intelligence, pour interpréter les songes, et pour expliquer les questions obscures, et résoudre les choses difficiles, fut trouvé en lui, et [cet homme c'est] Daniel, à qui le Roi avait donné le nom de Beltesatsar. Maintenant donc que Daniel soit appelé, et il donnera l'interprétation, [que tu souhaites. ]
      13 Alors Daniel fut amené devant le Roi, et le Roi prenant la parole dit à Daniel : Es-tu ce Daniel qui es d'entre ceux qui ont été emmenés captifs de Juda, que le Roi mon père a fait emmener de Juda ?
      14 Or j'ai ouï dire de toi que l'Esprit des dieux est en toi, et qu'il s'est trouvé en toi une lumière, une intelligence, et une sagesse singulière ;
      15 Et maintenant les sages et les astrologues ont été amenés devant moi, afin qu'ils lussent cette écriture, et m'en donnassent l'interprétation, mais ils n'en peuvent point donner l'interprétation.
      16 Mais j'ai ouï dire de toi que tu peux interpréter et résoudre les choses difficiles ; maintenant [donc] si tu peux lire cette écriture, et m'en donner l'interprétation, tu seras vêtu d'écarlate, et tu [porteras] à ton cou un collier d'or, et tu seras le troisième dans le Royaume.
      17 Alors Daniel répondit et dit devant le Roi : Que tes dons te demeurent, et donne tes présents à un autre ; toutefois je lirai l'écriture au Roi, et je lui en donnerai l'interprétation.
      18 Ô Roi ! le Dieu souverain avait donné à Nébucadnetsar ton père, le Royaume, la magnificence, la gloire et l'honneur.
      19 Et à cause de la grandeur qu'il lui avait donnée, tous les peuples, les nations, et les Langues tremblaient devant lui, et le redoutaient ; car il faisait mourir ceux qu'il voulait, et sauvait la vie à ceux qu'il voulait ; il élevait ceux qu'il voulait, et abaissait ceux qu'il voulait.
      20 Mais après que son coeur se fut élevé, et que son esprit se fut affermi dans son orgueil, il fut déposé de son siège royal, et on le dépouilla de sa gloire ;
      21 Et il fut chassé d'entre les hommes, et son coeur fut rendu semblable à celui des bêtes, et sa demeure fut avec les ânes sauvages ; on le paissait d'herbe comme les boeufs, et son corps fut arrosé de la rosée des cieux, jusqu'à ce qu'il connût que le Dieu souverain a puissance sur les Royaumes des hommes, et qu'il y établit ceux qu'il lui plaît.
      22 Toi aussi Belsatsar son fils, tu n'as point humilié ton coeur, quoique tu susses toutes ces choses.
      23 Mais tu t'es élevé contre le Seigneur des cieux, et on a apporté devant toi les vaisseaux de sa maison, et vous y avez bu du vin, toi et tes gentilshommes, tes femmes et tes concubines ; et tu as loué les dieux d'argent, d'or, d'airain, de fer, de bois, et de pierre, qui ne voient, ni n'entendent, ni ne connaissent, et tu n'as point glorifié le Dieu dans la main duquel est ton souffle, et toutes tes voies.
      24 Alors de sa part a été envoyée cette partie de main, et cette écriture a été écrite.
      25 Or c'est ici l'écriture qui a été écrite : MÉNÉ, MÉNÉ, THÉKEL, UPHARSIN.
      26 [Et] c'est ici l'interprétation de ces paroles ; MÉNÉ : Dieu a calculé ton règne, et y a mis la fin.
      27 THÉKEL : Tu as été pesé en la balance, et tu as été trouvé léger.
      28 PÉRÈS : Ton Royaume a été divisé, et il a été donné aux Mèdes et aux Perses.
      29 Alors par le commandement de Belsatsar on vêtit Daniel d'écarlate, et on mit un collier d'or à son cou, et on publia de lui, qu'il serait le troisième dans le Royaume.
      30 En cette même nuit Belsatsar, Roi de Caldée, fut tué ;
      31 Et Darius le Mède prit le Royaume, étant âgé d'environ soixante-deux ans.

      Daniel 6

      1 Or il plut à Darius d'établir sur le Royaume six-vingts Satrapes pour être sur tout le Royaume.
      2 Et au-dessus d'eux trois Gouverneurs, dont Daniel était l'un, auxquels ces Satrapes devaient rendre compte, afin que le Roi ne souffrît aucun préjudice.
      3 Mais Daniel excellait par-dessus les autres Gouverneurs et Satrapes, parce qu'il avait plus d'esprit qu'eux ; et le Roi pensait à l'établir sur tout le Royaume.
      4 Alors les Gouverneurs et les Satrapes cherchaient à trouver quelque occasion d'accuser Daniel touchant les affaires du Royaume ; mais ils ne pouvaient trouver en lui aucune occasion ni aucun vice, parce qu'il était fidèle, et qu'il ne se trouvait en lui ni faute, ni vice.
      5 Ces hommes donc dirent : Nous ne trouverons point d'occasion d'accuser ce Daniel, si nous ne la trouvons dans ce qui regarde la Loi de son Dieu.
      6 Alors ces Gouverneurs et ces Satrapes s'assemblèrent vers le Roi, et lui parlèrent ainsi : Roi Darius, vis éternellement !
      7 Tous les Gouverneurs de ton Royaume, les Lieutenants, les Satrapes, les Conseillers, et les Capitaines sont d'avis d'établir une ordonnance royale, et de faire un décret ferme, que quiconque fera aucune requête à quelque Dieu, ou à quelque homme que ce soit, d'ici à trente jours, sinon à toi, ô Roi ! qu'il soit jeté dans la fosse des lions.
      8 Maintenant donc, ô Roi ! établis ce décret, et fais en écrire des Lettres afin qu'on ne le change point, selon que la Loi des Mèdes et des Perses est irrévocable.
      9 C'est pourquoi le Roi Darius écrivit la lettre et le décret.
      10 Or quand Daniel eut appris que les Lettres en étaient écrites, il entra dans sa maison, et les fenêtres de sa chambre étant ouvertes du côté de Jérusalem, il se mettait trois fois le jour à genoux, et il priait et célébrait son Dieu, comme il avait fait auparavant.
      11 Alors ces hommes s'assemblèrent, et trouvèrent Daniel priant, et faisant requête à son Dieu.
      12 Ils s'approchèrent et dirent au Roi touchant le décret royal : N'as-tu pas écrit ce décret, que tout homme qui ferait requête à quelque Dieu, ou à quelque homme que ce fût, d'ici à trente jours, sinon à toi, ô Roi ! serait jeté dans la fosse des lions ? [Et] le Roi répondit, et dit : La chose est constante, selon la Loi des Mèdes et des Perses, laquelle est irrévocable.
      13 Alors ils répondirent, et dirent au Roi : Daniel, qui est un de ceux qui ont été emmenés captifs de Juda, n'a tenu compte de toi, ô Roi ! ni du décret que tu as écrit ; mais il prie, faisant requête trois fois le jour.
      14 Ce que le Roi ayant entendu, il en eut en lui-même un grand déplaisir, et il prit à coeur Daniel pour le délivrer, et s'appliqua fortement jusqu'au soleil couchant à le délivrer.
      15 Mais ces hommes-là s'assemblèrent vers le Roi, et lui dirent : Ô Roi ! sache que la Loi des Mèdes et des Perses est, que tout décret et toute ordonnance que le Roi aura établie, ne se doit point changer.
      16 Alors le Roi commanda qu'on amenât Daniel, et qu'on le jetât dans la fosse des lions. Et le Roi prenant la parole dit à Daniel : Ton Dieu, lequel tu sers incessamment, sera celui qui te délivrera.
      17 Et on apporta une pierre, qui fut mise sur l'ouverture de la fosse, et le Roi la scella de son anneau, et de l'anneau de ses gentilshommes, afin que rien ne fût changé touchant Daniel.
      18 Après quoi le Roi s'en alla dans son palais, et passa la nuit sans souper, et on ne lui fit point venir les instruments de musique, il ne put même point dormir.
      19 Puis le Roi se leva de grand matin, lorsque le jour commençait à luire, et s'en alla en diligence vers la fosse des lions.
      20 Et comme il approchait de la fosse, il cria d'une voix triste : Daniel, [et] le Roi prenant la parole dit à Daniel : Daniel, serviteur du Dieu vivant, ton Dieu, lequel tu sers incessamment, aurait-il bien pu te délivrer des lions ?
      21 Alors Daniel dit au Roi : Ô Roi, vis éternellement.
      22 Mon Dieu a envoyé son Ange, et a fermé la gueule des lions, tellement qu'ils ne m'ont fait aucun mal, parce que j'ai été trouvé innocent devant lui ; et même à ton égard, ô Roi ! je n'ai commis aucune faute.
      23 Alors le Roi eut en lui-même une grande joie, et il commanda qu'on tirât Daniel hors de la fosse. Ainsi Daniel fut tiré hors de la fosse, et on ne trouva en lui aucune blessure, parce qu'il avait cru en son Dieu.
      24 Et par le commandement du Roi, ces hommes qui avaient accusé Daniel, furent amenés, et jetés, eux, leurs enfants, et leurs femmes, dans la fosse des lions, et avant qu'ils fussent parvenus au bas de la fosse, les lions se saisirent d'eux, et leur brisèrent tous les os.
      25 Alors le Roi Darius écrivit [des Lettres de telle teneur] : A tous peuples, nations et Langues, qui habitent en toute la terre ; que votre paix soit multipliée !
      26 De par moi est fait un Edit, que dans toute l'étendue de mon Royaume on ait de la crainte et de la frayeur pour le Dieu de Daniel, car c'est le Dieu vivant, et permanent à toujours ; et son Royaume ne sera point dissipé, et sa domination sera jusqu'à la fin.
      27 Il sauve et délivre, il fait des prodiges et des merveilles dans les cieux et sur la terre, et il a délivré Daniel de la puissance des lions.
      28 Ainsi Daniel prospéra au temps du règne de Darius, et au temps du règne de Cyrus de Perse.

      Daniel 7

      1 La première année de Belsatsar, Roi de Babylone, Daniel vit un songe, et étant dans son lit il eut des visions en sa tête ; puis il écrivit le songe, et il en dit le sommaire.
      2 Daniel [donc] parla, et dit : Je regardais de nuit en ma vision, et voici, les quatre vents des cieux se levèrent avec impétuosité sur la grande mer.

      Matthieu 6

      1 Prenez garde de ne faire point votre aumône devant les hommes, pour en être regardés ; autrement vous n'en recevrez point la récompense de votre Père qui est aux cieux.
      9 Vous donc priez ainsi : notre Père qui es aux cieux, ton Nom soit sanctifié.

      Jean 10

      13 Ainsi le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est mercenaire, et qu'il ne se soucie point des brebis.
      14 Je suis le bon berger, et je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent.
      15 Comme le Père me connaît, je connais aussi le Père, et je donne ma vie pour mes brebis.
      16 J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; et il me les faut aussi amener, et elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, [et] un seul berger.
      17 A cause de ceci le Père m'aime, c'est que je laisse ma vie, afin que je la reprenne.
      18 Personne ne me l'ôte, mais je la laisse de moi-même ; j'ai la puissance de la laisser, et la puissance de la reprendre ; j'ai reçu ce commandement de mon Père.
      19 Il y eut encore de la division parmi les Juifs à cause de ces discours.
      20 Car plusieurs disaient : il a un démon, et il est hors du sens ; pourquoi l'écoutez-vous ?
      21 Et les autres disaient : ces paroles ne sont point d'un démoniaque ; le démon peut-il ouvrir les yeux des aveugles ?
      22 Or la [Fête de la] Dédicace se fit à Jérusalem, et c'était en hiver.
      23 Et Jésus se promenait dans le Temple, au portique de Salomon.
      24 Et les Juifs l'environnèrent, et lui dirent : jusques à quand tiens-tu notre âme en suspens ? si tu es le Christ, dis-le nous franchement.
      25 Jésus leur répondit : je vous l'ai dit, et vous ne le croyez point ; les oeuvres que je fais au Nom de mon Père, rendent témoignage de moi.
      26 Mais vous ne croyez point : parce que vous n'êtes point de mes brebis, comme je vous l'ai dit.
      27 Mes brebis entendent ma voix, et je les connais, et elles me suivent.
      28 Et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main.
      29 Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous ; et personne ne les peut ravir des mains de mon Père.
      30 Moi et le Père sommes un.

      Actes 21

      40 Et quand il le lui eut permis, Paul se tenant sur les degrés fit signe de la main au peuple, et s'étant fait un grand silence, il leur parla en Langue Hébraïque, disant :
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