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TEXTE ET VERSIONS DE L'ANCIEN TESTAMENT (3.)

III Langues.

1.

HEBREU.

1° Généralités. Sauf quelques pages, dont nous nous occuperons plus loin, l'A. T, est écrit en hébreu, idiome qui appartient au groupe des langues sémitiques. Ce groupe forme un tout à l'intérieur duquel la parenté des dialectes est si frappante que la question se pose de savoir si chacun d'eux s'est créé indépendamment des autres dès l'origine, ou si tous remontent à un idiome primitif dont ils ne seraient que des dérivés. Cette dernière hypothèse est la plus vraisemblable.

Le terme d'hébreu, appliqué à la langue d'Israël, ne se rencontre pas dans l'A.T. Dans les trois passages où celui-ci fait allusion à l'idiome parlé en Palestine, il le désigne, Esa 19:18, par le terme poétique de « langue de Canaan » (=sephath Kena'an), 2Ro 18:26,28 (cf. Esa 36:11,13) et Ne 13:24 par celui de « juif » (=yehoudith)  : à ce moment-là le royaume du nord a disparu et Juda est seul à représenter le peuple de Jacob.

Au point de vue ethnologique, les « Hébreux » (voir ce mot) sont, dans l'A.T., les Israélites par opposition aux étrangers, Égyptiens, Philistins, etc., et le mot est employé par les étrangers ou par les Israélites eux-mêmes pour se distinguer des étrangers. (cf. Ex 21:2) Jamais il ne sert, dans la littérature d'avant l'exil, à désigner le peuple élu, dont le vrai nom est : Bené-IsraH-- fils ou enfants d'Israël. Mais plus tard, pendant la période grecque, le vieux terme reparaît et désigne les Juifs dans la bouche des étrangers. C'est à ce fait que la langue de l'A. T, doit de s'appeler « langue hébraïque ». On trouve ce mot dans le prologue de l'Ecclésiastique (hébraïsti), puis dans la Mischna et dans le N.T., où les mots hébraïs dialekios (Ac 21:40, cf. Jn 10:13-30) s'appliquent également à l'hébreu lui-même et à l'araméen que parlait le peuple à ce moment-là. Le terme d'hébreu vient lui-même de l'aram, ebrav, d'où le grec hébraïos et le franc, hébreu (XVI e siècle, hébrieu)

L'hébreu n'était probablement pas l'idiome des plus anciennes familles israélites. Les chroniques de la Genèse nous montrent dans la tribu abrahamide un groupe araméen que ses migrations amenèrent un jour aux portes de la Palestine et qui finit par s'y installer (cf. De 26:5) en obligeant les habitants à lui faire une place. Ces premiers occupants que nous appelons les Cananéens étaient, eux aussi, des Sémites, établis depuis plusieurs siècles dans cette contrée où leur civilisation s'était considérablement développée, et qui parlaient un dialecte particulier. C'est ce dialecte que les envahisseurs israélites adoptèrent, avec beaucoup d'autres coutumes et traditions, et qui devint leur langue. (cf. Esa 19:18 : « langue de Canaan ») On a donc parlé hébreu dans ce pays avant l'arrivée d'Israël. Ce fait est confirmé par les documents de Tell el-Amarna (voir art.) : les lettres des gouverneurs de Palestine au Pharaon, rédigées en babylonien, sont parsemées de gloses cananéennes où l'on reconnaît sans peine l'idiome qui deviendra deux siècles plus tard la langue d'Israël (comp, encore les inscriptions phéniciennes de Byblos).

Si, selon Max Muller, les langues sémitiques se rangent aux côtés des langues indo-européennes dans la subdivision des langues à flexion, c'est à peu près le seul rapport que ces deux groupes ont entre eux : abstraction faite des emprunts réciproques, le vocabulaire est complètement différent, la grammaire et la syntaxe sont d'une autre structure et l'on ne retrouve pas le même génie à l'origine de ces dialectes.

Il semble par contre plus facile d'établir un rapport entre notre groupe et celui des idiomes chamitiques du N. de l'Afrique, égyptien, galla, berbère, etc. On a pu relever, dans les deux groupes, des éléments identiques et permanents, ainsi le pronom de la 1 re personne singulier : hébreu anôki, assyr. anâkou, égypt, anek, copte anok. Mais des différences profondes empêchent de pousser trop loin ce rapprochement. Tout au plus, ces constatations confèrent-elles quelque vraisemblance à l'hypothèse qui fait venir les Sémites du N. de l'Afrique : aux temps préhistoriques, ces tribus auraient passé en Arabie où un long séjour leur aurait donné leurs caractères distinctifs et d'où, à diverses reprises, leurs flots se seraient déversés sur les contrées voisines dont la richesse excitait la convoitise des nomades.

2° Lexicographie. Comparé aux trésors des littératures grecque, latine ou sanscrite, celui de la littérature hébraïque est très exigu : 1.320 pages in- 8° de l'édition Kittel suffisent à contenir les 30 livres de notre A.T. Il faut y ajouter les quelques chapitres du texte primitif du livre du Siracide (Ecclésiastique), retrouvés en Égypte en 1896, les inscriptions de Siloé, de Mésa roi de Moab et de quelques sceaux et monnaies. Nous ne parlons ici que de l'hébreu classique.

On peut évaluer à 5.700 environ la somme des mots de l'A.T. Ce vocabulaire est remarquablement homogène. La liste des termes étrangers, égyptiens, assyro-babyloniens, persans, grecs, latins ou autres est très courte. En empruntant à Canaan son idiome, Israël se l'est approprié d'une façon particulièrement intime : les vieux vocables cananéens sont, dans l'A.T., tout chargés de sens israélite. La pauvreté relative du dictionnaire, vide de tout terme scientifique, et d'où beaucoup de mots de la langue courante ont disparu, est rachetée par la qualité des termes : les nombreux mots de la piété et de la vie morale nous révèlent ce qu'il y a de plus original et de plus humain dans l'âme de ce peuple. Les notions spirituelles ont, en effet, à leur disposition beaucoup de termes qui expriment toutes les nuances de la puissance et de la sollicitude de Dieu, de la crainte et de la confiance, du péché et de la repentance, de la douleur et de l'espérance, de la joie du salut, etc.

D'autre part, ce vocabulaire reflète aussi l'existence matérielle et sociale d'Israël : celui-ci habite un pays hérissé de rochers, tailladé de ravins, aride et sauvage, où les ronces offrent une remarquable variété de types ; on a compté jusqu'à 19 mots pour désigner les épines dans l'A.T. ! Le peuple qui hante ces régions est un peuple de bergers et de chasseurs qui a quelque peine, semble-t-il, à se fixer et à devenir cultivateur.

Les emprunts aux langues étrangères se multiplient dans la dernière période de la littérature hébraïque, quand les rapports avec les voisins sont plus fréquents et que les colonies juives extrapalestiniennes, toujours plus considérables, finissent par imposer à leurs frères de Canaan leurs préoccupations, leurs conceptions et par conséquent aussi leur vocabulaire.

3° Grammaire. Comme les autres langues sémitiques, l'hébreu se distingue par une abondance de sons gutturaux dont les lettres françaises ont peine à rendre les nuances, puis de sons sifflants. Il se contente cependant de 22 signes, mais ces 22 lettres sont toutes des consonnes, qui seules constituent le mot et en déterminent le sens. Les voyelles, d'invention postérieure, ne peuvent que marquer les nuances diverses de ce sens fondamental, distinguer le substantif du verbe, dans ce dernier l'actif du passif, le mode intensif du mode simple, etc. Consonnes et voyelles sont donc inégales en valeur ou en puissance : les premières intéressent la lexicologie, les secondes la grammaire.

Autre trait caractéristique des langues sémitiques : ce squelette consonantique est presque toujours composé de trois lettres. Le trilittéralisme règne ici en maître, et le phénomène est si constant que les savants s'efforcent parfois de reconstituer une racine hypothétique de trois consonnes pour expliquer les mots qui semblent bien avoir eu, dès l'origine, deux lettres ou plus de trois. Il y a, en effet, tout un lot de mots de quatre ou même cinq consonnes et un bon nombre d'expressions, de prépositions par exemple, qui n'en ont que deux.

Tandis que le système des temps est très développé dans les langues indo-européennes, les langues sémitiques n'en connaissent que deux, le parfait et l'imparfait, qui ne correspondent pas aux temps désignés de cette façon en latin, par exemple, mais présentent l'action comme achevée ou comme inachevée dans le passé, le présent ou le futur. De là cette singularité que l'imparfait hébreu se traduit le plus souvent et le plus exactement par notre futur.

Par contre, les langues sémitiques attachent une importance très grande aux modes de l'action : de là des formes ou conjugaisons nombreuses que peut avoir le même verbe. L'hébreu est déjà plus décanté à cet égard que l'arabe classique ou l'éthiopien ; il connaît une conjugaison fondamentale et six conjugaisons dérivées, formées au moyen de particules ajoutées à la racine simple. De cette façon s'expriment le causatif, l'intensif, le déclaratif, le réfléchi, le réciproque, etc.

Tandis que l'arabe littéral possède encore les cas pour le nom, l'hébreu les a perdus : il n'en reste que des traces très effacées. Le génitif s'exprime autrement que dans nos langues occidentales : nous modifions le second terme de l'expression génitive, l'hébreu, lui, modifie le premier qu'il considère comme subordonné logiquement au second (état construit)

Plus frappante encore est la manière d'exprimer l'adjectif possessif : l'hébreu remplace nos adjectifs mon, ses, votre, etc. par l'expression génitive dans laquelle le second substantif est remplacé par un pronom personnel (ex. : mon cheval =cheval de moi), et ce pronom, abrégé, est accolé au nom sous forme de suffixe (ex. : soûs anî =le cheval de moi, devient soûsî) ; cf. le grec pater hêmôn =notre Père, litt, père de nous (Mt 6:9 1).

Le caractère fortement synthétique de la langue hébraïque apparaît surtout dans la possibilité qu'elle offre d'accoler à la forme verbale le complément direct qui en dépend, lorsque ce complément est un pronom personnel ; ainsi l'hébreu dira : qetâlanî =il m'a tué. Par contre, il est incapable de former des verbes nouveaux au moyen de prépositions préfixées à une racine simple, procédé dont le grec et le latin font un usage si abondant (ek-balleïn, pro-mittere). Ses noms composés assez nombreux sont surtout des noms propres, qui forment en réalité une petite phrase réduite à sa plus simple expression (voir Nom, III).

4° Syntaxe. Ici l'hébreu se distingue des autres langues sémitiques par son indigence, mais ce jugement peut être dû au fait que nous n'avons qu'une minime partie de sa littérature. La syntaxe ne connaît que la coordination et le discours direct. Très rares sont les cas de subordination. Par contre, la concision de la phrase va parfois jusqu'à l'obscurité ; le sens est seulement indiqué, ce qui permet des interprétations diverses et nous oblige, d'autre part, à employer sept ou huit mots pour rendre trois ou quatre termes de l'hébreu. Ce caractère lapidaire donne à la phrase une force remarquable et contribue à conserver aux mots une extraordinaire vitalité. La concision de la phrase exige une grande liberté pour la position des termes ; l'auteur met à la place qu'il juge la plus favorable le mot, sujet ou complément, sur lequel il veut attirer l'attention. L'emploi plus libre des temps et des modes permettait de donner à l'expression des nuances que nous n'apprécions qu'imparfaitement.

Dans sa structure générale, l'hébreu est assez impropre à exprimer une pensée abstraite, à servir de véhicule à un système de philosophie. Très concrète, avec ses termes qui semblent à peine détachés des objets qui les ont suggérés, cette langue est admirablement propre à la narration, à laquelle elle donne une sobriété et une vie puissantes : elle fournit aux poètes et aux prophètes un merveilleux instrument par l'abondance et la plasticité de ses images. Si les pages de l'A. T, doivent leur célébrité à leur contenu, la langue dans laquelle elles ont été rédigées a aussi puissamment contribué à leur autorité et à leur action.

5° Écriture. Avec la langue, les Israélites empruntèrent aux Cananéens les caractères dans lesquels elle s'écrivait. Ce ne sont pas ceux de nos Bibles actuelles, qu'un Ésaïe, par exemple, ne saurait probablement pas lire ! L'alphabet hébreu ancien nous est conservé dans l'inscription de Mésa roi de Moab, et surtout dans celle de Siloé, qui date de l'époque d'Achaz ou d'Ézéchias (VIII e siècle). Il est proche parent des alphabets phénicien et samaritain et se retrouve jusque sur les sceaux et monnaies de l'époque des Macchabées (fig. 168-170).

Son origine est encore très discutée. Les Grecs en ont attribué l'invention aux Phéniciens, desquels ils tenaient leur propre alphabet, et ceux-ci s'en sont certainement servi très tôt (cf. l'inscription d'Ahiram de Byblos, d'environ 1300 av. J. -C). Il est plus probable qu'ils en furent les propagateurs et qu'ils le tenaient d'ailleurs, mais non de Babylone, comme le pensait Delitzsch. En effet l'alphabet phénicien et hébreu est phonétique, chaque signe représentant un son. Or, au moment où il s'élabore (2000-1500 av. J. -C), l'écriture cunéiforme est encore nettement idéographique, chaque groupe de coins représentant une idée ou un mot entier. En outre l'assyro-babvlonien s'écrit de gauche à droite, le phénicien et l'hébreu, par contre, de droite à gauche. On le croirait plus volontiers venu d'Egypte car l'égyptien s'écrit, lui aussi, de droite à gauche et n'a que les consonnes comme l'hébreu ; très tôt les hiéroglyphes idéographiques donnèrent naissance à l'écriture hiératique, laquelle est presque phonétique. Cette origine égyptienne semble confirmée par la découverte des inscriptions du Sinaï (Serabît-el-Khadîm), dont le contenu n'est pas encore exactement déterminé, mais dont les signes constituent bien une première manière de l'alphabet sémitique. Les Israélites ont-ils déjà connu cet alphabet dans le désert, avant d'entrer en Canaan, ou bien l'ont-ils adopté dans ce dernier pays ? Il est impossible de se prononcer définitivement sur ce point.

Cet alphabet était encore lu par le peuple de Palestine au II e siècle ap. J. -C. Il avait été aussi adopté pour leur langue par les Araméens, chez lesquels il se modifia, comme en Canaan, et finit par prendre une forme particulière. Dès le V e siècle av. J. -C, l'araméen devenu langue internationale pénétra en Palestine où il fut employé parallèlement à l'hébreu, et, avec la langue, l'écriture araméenne. Celle-ci y subit d'autres modifications et finit par donner l'écriture dite carrée (appelée aussi écriture assyrienne, celle de nos éditions de la Bible hébraïque) qui supplanta définitivement, mais vers le II e siècle de notre ère seulement, l'ancienne écriture hébraïque. Cette substitution étrange au premier abord s'explique de plusieurs manières. Employer pour la Parole de Dieu l'écriture qui servait aux usages courants parut aux scribes une profanation. Les caractères araméens, plus rares et utilisés pour les édits royaux sous la domination perse, leur semblaient plus dignes de ce rôle. Ensuite les Samaritains ayant gardé, comme nous l'avons vu, l'ancien alphabet pour leurs livres sacrés, les Juifs, qui les haïssaient cordialement, adoptèrent volontiers une autre écriture pour leurs propres livres. Enfin, dès le II e siècle de notre ère, on attribua l'introduction de cette écriture à Esdras qui l'aurait apportée de Babylone. Cette affirmation, inexacte sous cette forme, exprime pourtant cette vérité que, dès l'époque de ce scribe, c'est-à-dire dès le dernier tiers du V e siècle, on se mit à copier les manuscrits de la Loi avec cet alphabet-là.

En tout cas, dès le II e siècle ap. J. -C, les Juifs n'utilisent plus dans leurs livres sacrés que l'écriture carrée, qui est celle des plus anciens manuscrits complets de l'A.T., reproduits par toutes les éditions imprimées de la Bible hébraïque. Voir Écriture.

6° Histoire de la langue et de la littérature hébraïques. Les Israélites adoptèrent très probablement l'hébreu comme idiome national dès leur conquête de Canaan, et il le resta dix siècles durant, soit jusque vers 100 avant notre ère. Dès le IV e siècle sinon plus tôt, il commença à perdre du terrain devant l'araméen, langue du commerce et de la diplomatie. Celui-ci finit par pénétrer même dans le recueil sacré : les livres d'Esdras (IV e siècle) et de Daniel (II e et suivant) renferment chacun un fragment d'une source araméenne plus ancienne, que le dernier rédacteur a tout simplement transcrit. Cependant l'hébreu se maintint jusqu'au I er siècle, et les livres des Macchabées, du Siracide, d'Hénoch, les Psaumes de Salomon et d'autres dont nous n'avons plus que des traductions ont été rédigés en hébreu ; l'ouvrage canonique le plus récent est celui d'Esther, qui date d'environ 130 av. J. -C. Dès ce moment l'hébreu n'est plus que la langue de l'école et des savants, comme le latin à partir du XVI e siècle. Au temps de Jésus le peuple comprenait peut-être encore l'hébreu mais parlait l'araméen, et les scribes se virent obligés de faire suivre la lecture du texte de la Loi et des Prophètes d'une traduction ou paraphrase araméenne (voir Langue parlée par Jésus).

Faire une histoire de la langue hébraïque est difficile, d'abord parce que le trésor de la littérature est singulièrement réduit ; ensuite parce que l'incertitude règne sur la date de composition de plusieurs de ces livres ; enfin et surtout parce que notre A.T., livre de piété et destiné à nourrir la piété, a été sans cesse révisé et adapté aux convictions du jour, de telle sorte que dans chacun des ouvrages qui le composent nous retrouvons, à côté des parties très anciennes, des fragments plus récents harmonisés tant bien que mal au reste de la composition. En outre, les voyelles de ce texte nous ont transmis la prononciation de l'hébreu tel que les Massorètes la concevaient d'après une tradition sans doute très rigide, mais qui ne pouvait prétendre reproduire la prononciation primitive. Malgré toute leur conscience, le danger d'altération subsistait, preuve en soit justement l'invention des signes destinés à fixer une fois pour toutes cette prononciation. Ils ont vocalisé ce texte uniformément, sans s'inquiéter des divergences qui pouvaient avoir distingué, à cet égard, celui d'Ésaïe, par exemple, de celui de 2 Samuel d'une part, des Psaumes d'autre part. Or, cela nous prive d'un élément important dans la détermination de la date de composition de tel ouvrage, par conséquent aussi de l'état véritable de la langue à une époque donnée.

Ainsi s'explique aussi, en partie tout au moins, le phénomène frappant de l'homogénéité de la langue. Les textes les plus récents ne diffèrent guère des textes anciens et aucune étude spéciale n'est nécessaire pour aborder la lecture des uns en partant des autres. Cela ne saurait provenir de l'autorité qu'aurait exercée en cette matière un ouvrage considéré par tous comme la norme infaillible. Cette opinion, plausible quand on croyait à la composition du Pentateuque par Moïse, n'a plus de valeur aujourd'hui que l'on sait que ce monument est lui-même un ouvrage composite où s'accusent de frappantes divergences de style et de vocabulaire. Cette uniformisation vient sans doute en bonne part de cette incessante adaptation des textes plus anciens aux besoins religieux du jour, à ce rajeunissement constant des vieilles pages dont on voulait faire goûter toute la puissance d'édification. En donnant à tout le texte de l'A. T, la même vocalisation et la même prononciation, les Massorètes n'ont fait que poursuivre l'oeuvre de leurs devanciers.

Cette homogénéité n'est cependant pas absolue au point d'interdire toute histoire de la langue, mais cette histoire est forcément superficielle.

On peut distinguer deux périodes dans la formation et l'évolution de l'hébreu :

(a) Avant l'exil (des origines à 570). Cette période, qui embrasse tout le temps de l'indépendance nationale d'Israël, a vu paraître les ouvrages les plus importants : les documents J, E et D du Pentateuque et de Josué, les livres historiques Juges-Rois, Amos, Osée, Ésaïe, Michée, Sophonie, Nahum, Habacuc, Jérémie, Ézéchiel, le second Ésaïe, peut-être Abdias, un certain nombre de Psaumes, une partie des Proverbes. L'âge d'or de cette littérature, à la fin du VIII e siècle, s'incarne en Ésaïe, le plus grand écrivain de l'A.T. La langue de la poésie diffère naturellement de celle de la prose, non seulement par l'emploi de certains termes plus rares, mais aussi par le rythme, par la syntaxe plus concise et par le parallélisme des membres.

(b) Après l'exil (de 570 à l'époque des Macchabées). La langue, encore très pure dans quantité de pages, finit par s'altérer au contact de l'araméen ; elle tend à devenir plus analytique ; le complément direct pronominal est moins souvent attaché au verbe sous forme de suffixe ; le vav consécutif est moins employé, et la simple coordination par vav copulatif plus fréquente. L'orthographe se modifie aussi : elle est plus souvent pleine (emploi fréquent des consonnes semi-vocaliques, assez rares dans l'ancien hébreu dont l'orthographe est défective) Ouvrages de cette période : les fragments les plus récents du Pentateuque, document P et successeurs, les livres d'Aggée, Zacharie, Malachie, peut-être Joël ; la plus grande partie des Psaumes et des Proverbes, Tob, les Chroniques, Esdras, Néhémie, Ruth, Jonas, Lamentations, Cantique, Ecclésiaste, Daniel et Esther, ainsi que les dernières adjonctions aux livres historiques et aux discours des premiers prophètes. C'est en somme la plus grande partie des Ketoubim, dernière section du canon hébreu.

Mais l'hébreu, supplanté dans l'usage quotidien par l'araméen, survécut comme langue de la synagogue et de l'école et fut l'instrument d'expression de toute une littérature post-canonique considérable, dont le principal monument est la Mischna ou commentaire de la Loi, trésor des réflexions des rabbins dès l'époque d'Esdras. La Mischna a été définitivement close au début du III e siècle de notre ère, dans la dernière rédaction faite par R. Juda le Patriarche (Mort en environ 220). C'est aussi la langue des commentaires, ou Midraschim, qui n'ont pas trouvé accès dans la Mischna. Cet hébreu-là se fait remarquer par le grand nombre de vocables grecs, latins, persans, puis par les modifications infligées à la grammaire et à la syntaxe : usage plus fréquent du participe, de certaines formes verbales, des prépositions et des conjonctions, terminaison du pluriel en în au lieu de îm, changement de sens et parfois de genre des mots, etc.

Cet idiome de la Mischna n'est pas du tout un jargon artificiel, production de l'école, mais tout simplement la langue courante des derniers siècles de l'indépendance juive, plus proche, peut-être, de l'âme du peuple que le langage classique et plus noble des écrits bibliques. Elle n'a du reste point disparu, et nous assistons, aujourd'hui, à une émouvante tentative de la rétablir comme langue vivante en Palestine : les colonies juives installées là-bas ces dernières années parlent hébreu ; à l'Université de Jérusalem créée en 1922 l'enseignement se donne en hébreu ; des journaux paraissent dans cet idiome, farci naturellement de mots nouveaux pour exprimer les notions et désigner les choses nouvelles, et son trésor littéraire grandit tous les jours.

7° Histoire de l'étude de l'hébreu. En même temps qu'il écrivait son fameux manuscrit, monument définitif de la science massorétique, Aaron Ben-Asher (X e siècle, voir plus haut) rédigeait un autre ouvrage que l'on peut considérer comme l'ancêtre de tous les livres d'étude de l'hébreu, ses Diqdouqé hatte'amîm, ou Règles grammaticales des accents : c'est déjà presque une grammaire. Dans les oeuvres de son contemporain et coreligionnaire Saadja, la grammaire hébraïque s'affranchit de la massore et devient une science indépendante. Nouveau progrès dans les travaux de R. Juda Khayyoudj (Cordoue, fin du X e siècle), dont les remarques sur les formes verbales et les lois qui les régissent, surtout dans les verbes « faibles », sont encore mises à contribution aujourd'hui. Ces deux derniers savants ont rédigé leurs écrits en arabe. Par contre, Aben-Ezra (Mort en 1167) écrivit en hébreu une grammaire originale, quoiqu'on sente chez lui l'influence des savants arabes. La science philologique hébraïque doit beaucoup à la famille des Kimchi, dont le représentant le plus illustre, David Kimchi (Mort en 1235), écrivit une grammaire et un dictionnaire devenus classiques.

Au XV e siècle, sous l'impulsion de la Renaissance, l'étude de l'hébreu entre dans une nouvelle période : ce ne sont plus seulement les savants juifs qui s'y adonnent mais aussi les chrétiens. Il convient de rappeler ici le nom et l'oeuvre d'Élie Levita (mort en 1549), qui forme en quelque sorte la transition entre les grammairiens de la synagogue et ceux de l'Église.

Le vrai père de la philologie hébraïque moderne est Jean Reuchlin, dont les Rudimenta linguoe hebraïcoe parurent en 1506. Nous lui devons la prononciation de l'hébreu usuelle chez les chrétiens, celle des Juifs espagnols et portugais, assez différente de celle des Juifs allemands et polonais (qui prononcent, par ex., chôlaoum ou chôloyini au lieu de châlom =paix). Cependant ses travaux, comme ceux de Pellican, de Munster et d'autres, reproduisent sans grandes innovations les résultats des études des rabbins ; le dernier représentant de cette période est Jean Buxtorf le père, mort à Bâle en 1629. Dès le XVII° siècle, la science chrétienne s'affranchit de cette tradition, dans les travaux d'Erpenius, Louis de Dieu, Louis Cappel au XVII e siècle, de Michaëlis, Schultens, Schröder, etc. au XVIII e siècle.

Au XIX e siècle, de nouvelles méthodes lui font faire d'énormes progrès. Le maître le plus illustre dans ce domaine est sans contredit W. Gesenius (Mort en 1842), qui publia en 1813 une grammaire hébraïque dont 28 éditions rajeunies chaque fois par l'un ou l'autre des maîtres de cette science se sont succédé jusqu'à maintenant : la 29 e, refondue à son tour, était en cours de publication en 1930. Gesenius employait hardiment la méthode comparative qui lui permettait d'éclairer les phénomènes lexicographiques et grammaticaux de l'hébreu par ceux des idiomes parents, arabe, araméen, syriaque, etc., en attendant les révélations de l'assyro-babylonien. H. Ewald (Mort en 1875) ramenait tout le matériel linguistique à des lois qu'il s'efforçait d'expliquer de façon rationnelle, cependant que son contemporain J. Olshausen expliquait les mots et les formes de l'hébreu par un dialecte sémitique primitif qu'il tâchait de reconstituer. Dans sa grammaire parue en 1879, B. Stade combine ingénieusement les méthodes d'Ewald et d'Olshausen. Il faut encore mentionner l'ouvrage de proportions monumentales d'E. König, dont la valeur est moins grande que ne le ferait espérer l'étendue des matériaux accumulés.

La dernière étape dans ce domaine est marquée, dans la science allemande, par la Grammaire historique de la langue hébraïque de Bauer et Liander (1re p., 1922), dont les aperçus ingénieux demandent pourtant à être confirmés par de nouvelles recherches. Ouvrages français : Gramm. hébraïque de S. Preiswerk, Genève 1838, 4° ed. 1884 ; de J. Touzard, Paris 1905 ; de Strack, trad. Baumgartner. --Dictionnaires : celui de GESENIUS, paru d'abord en latin puis en allemand, 16° éd. 1915, est l'ouvrage classique indispensable. En anglais, le Hebrew and English Lexicon of the O.T. d'Oxford (1907).

2.

ARAMEEN.

1° textes araméens de la Bible sont de petite étendue ; en voici la liste : Ge 31:47 (deux mots), Jer 10:11 (un verset), Esd 4:8-6:18 7:12-26, et Da 2:4-7:2 et suivant. La présence de ces documents s'explique par l'importance qu'avait prise l'araméen en Orient dès le V e siècle av. J. -C. Il pénétra dans tous les pays de l'Asie Antérieure, supplanta l'assyro-babylonien, devint la langue internationale et, après la conquête perse, l'idiome des rapports officiels entre les nouveaux maîtres et leurs provinces de l'ouest. Bon gré, mal gré, les Juifs durent s'en servir pour leurs rapports avec leurs voisins ; d'autre part, l'habitude de beaucoup des leurs de parler araméen à leur retour de Babylone contribua sans doute à accréditer ce dialecte en Palestine, et l'autorité d'Esdras en consacra l'usage pour la rédaction de quelques pages de la Bible.

L'araméen, parlé des confins de la Perse aux bords du Nil et des oasis de l'Arabie aux plateaux de l'Asie Mineure, ne tarda pas à se modifier suivant les pays où il était en usage. Il se subdivise en deux grands rameaux :

(a) Celui de l'est, c'est-à-dire de la vallée de l'Euphrate, de la Mésopotamie supérieure avec Edesse comme centre de culture : c'est le syriaque, déjà langue littéraire avant l'apparition du christianisme, mais dont toute la littérature aujourd'hui conservée est d'inspiration chrétienne. Son importance réside pour nous en ce qu'il nous a donné la traduction appelée Peshîto (voir plus haut), de la fin du II e siècle de notre ère. C'est également à l'araméen de l'est que se rattachent le dialecte de la Gemara de Babylone (ou Talmud de Babylone), rédigée au V e siècle, et celui des Mandéens (voir ce mot), gnostiques de Mésopotamie.

(b) L'autre rameau, celui de l'ouest, est représenté par une littérature moins considérable mais de grand intérêt pour nous, parce qu'elle comprend les fragments de l'A. T, dont nous venons de parler, puis les livres religieux des chrétiens de Palestine, où nous trouvons un écho de la langue même de Jésus ; les écrits des Samaritains ; les Targums ou paraphrases du texte hébreu de l'A.T., ainsi que la Gemara ou Talmud de Palestine. Les plus anciens documents en cette langue sont probablement les inscriptions de Sendjirli (N. -O, de la Syrie), du VIII° siècle av. J. -C, mais l'araméen de ces vieux textes est antérieur à la formation des dialectes de l'est et de l'ouest.

Fait intéressant, jusqu'à ces dernières années l'araméen s'était maintenu dans le dialecte de quelques tribus des environs de Mossoul et des montagnes du Kourdistan, dans le voisinage du lac d'Ourmiah et dans le Liban. Les bouleversements ethnographiques consécutifs à la guerre risquent d'être funestes à ces témoins d'un lointain passé.

2° Traits caractéristiques de l'araméen. Comparé à l'hébreu au point de vue de la forme et de la sonorité, cet idiome paraît assez nettement inférieur ; on y constate un assourdissement prononcé : des voyelles disparaissent qui donnaient à l'hébreu une résonance caractéristique. La langue s'éclaircit, certaines formes nominales et verbales tombent en désuétude et la déclinaison comme la conjugaison se simplifient. La syntaxe est rendue plus aisée par l'emploi abondant des particules, et cette souplesse permet à l'araméen de serrer la pensée de plus près, mais il perd en concision ce qu'il gagne en netteté.

On a longtemps considéré cette pauvreté relative de l'araméen comme une preuve de la priorité de cette langue, qui serait ainsi l'idiome primitif dont l'hébreu présenterait un stade de développement plus avancé. C'est bien plutôt le contraire qui est vrai, et une langue décantée telle qu'apparaît l'araméen révèle par là même un long passé et un long frottement avec d'autres idiomes de même origine ou d'origine étrangère.

L'araméen de la Bible offre une ressemblance assez frappante avec l'hébreu, et l'on a parlé à ce propos de ses nombreux hébraismes Ce phénomène n'aurait rien de surprenant dans un livre presque entièrement écrit en hébreu. Il semble toutefois que nous ayons là bien plutôt des tournures archaïques remontant à la langue unique primitive et que notre araméen biblique soit un idiome plus pur qu'on n'était tenté de le croire.

Disons encore un mot du nom de cette langue. Elle est désignée expressément Esd 4:8, Da 2:4 par le mot aramith (adj. ou adv.). Seulement, comme le discours ainsi reproduit est placé (Da 2:4) dans la bouche des Caldéens, on en concluait prématurément que cette langue « araméenne » était celle des Caldéens, c'est-à-dire des habitants de la Caldée ; et comme ce dernier pays était plus connu et que ses habitants avaient joué un rôle plus considérable dans l'histoire d'Israël que les tribus araméennes, c'est ce nom de caldéen qui prévalut, à tort du reste, de l'aveu même du passage invoqué pour confirmer cette appellation. L'usage est maintenant établi parmi les savants de n'employer, pour désigner cet idiome, que l'appellation l'araméen

L'abréviation T.M., employée au cours de cet article, désigne le texte massorétique de l'A.T., défini dans I, 4° et 6°

Voir Bible, Critique, etc. E. G.

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      Genèse 31

      47 Laban l'appela Jegar Sahadutha, et Jacob l'appela Galed.

      Exode 21

      2 Si tu achètes un esclave hébreu, il servira six années ; mais la septième, il sortira libre, sans rien payer.

      Esdras 4

      8 Rehum, gouverneur, et Schimschaï, secrétaire écrivirent au roi Artaxerxès la lettre suivante concernant Jérusalem :
      9 Rehum, gouverneur, Schimschaï, secrétaire, et le reste de leurs collègues, ceux de Din, d'Arpharsathac, de Tharpel, d'Apharas, d'Érec, de Babylone, de Suse, de Déha, d'Élam,
      10 et les autres peuples que le grand et illustre Osnappar a transportés et établis dans la ville de Samarie et autres lieux de ce côté du fleuve, etc.
      11 C'est ici la copie de la lettre qu'ils envoyèrent au roi Artaxerxès : Tes serviteurs, les gens de ce côté du fleuve, etc.
      12 Que le roi sache que les Juifs partis de chez toi et arrivés parmi nous à Jérusalem rebâtissent la ville rebelle et méchante, en relèvent les murs et en restaurent les fondements.
      13 Que le roi sache donc que, si cette ville est rebâtie et si ses murs sont relevés, ils ne paieront ni tribut, ni impôt, ni droit de passage, et que le trésor royal en souffrira.
      14 Or, comme nous mangeons le sel du palais et qu'il ne nous paraît pas convenable de voir mépriser le roi, nous envoyons au roi ces informations.
      15 Qu'on fasse des recherches dans le livre des mémoires de tes pères ; et tu trouveras et verras dans le livre des mémoires que cette ville est une ville rebelle, funeste aux rois et aux provinces, et qu'on s'y est livré à la révolte dès les temps anciens. C'est pourquoi cette ville a été détruite.
      16 Nous faisons savoir au roi que, si cette ville est rebâtie et si ses murs sont relevés, par cela même tu n'auras plus de possession de ce côté du fleuve.
      17 Réponse envoyée par le roi à Rehum, gouverneur, à Schimschaï, secrétaire, et au reste de leurs collègues, demeurant à Samarie et autres lieux de l'autre côté du fleuve : Salut, etc.
      18 La lettre que vous nous avez envoyée a été lue exactement devant moi.
      19 J'ai donné ordre de faire des recherches ; et l'on a trouvé que dès les temps anciens cette ville s'est soulevée contre les rois, et qu'on s'y est livré à la sédition et à la révolte.
      20 Il y eut à Jérusalem des rois puissants, maîtres de tout le pays de l'autre côté du fleuve, et auxquels on payait tribut, impôt, et droit de passage.
      21 En conséquence, ordonnez de faire cesser les travaux de ces gens, afin que cette ville ne se rebâtisse point avant une autorisation de ma part.
      22 Gardez-vous de mettre en cela de la négligence, de peur que le mal n'augmente au préjudice des rois.
      23 Aussitôt que la copie de la lettre du roi Artaxerxès eut été lue devant Rehum, Schimschaï, le secrétaire, et leurs collègues, ils allèrent en hâte à Jérusalem vers les Juifs, et firent cesser leurs travaux par violence et par force.
      24 Alors s'arrêta l'ouvrage de la maison de Dieu à Jérusalem, et il fut interrompu jusqu'à la seconde année du règne de Darius, roi de Perse.

      Esdras 5

      1 Aggée, le prophète, et Zacharie, fils d'Iddo, le prophète, prophétisèrent aux Juifs qui étaient en Juda et à Jérusalem, au nom du Dieu d'Israël.
      2 Alors Zorobabel, fils de Schealthiel, et Josué, fils de Jotsadak, se levèrent et commencèrent à bâtir la maison de Dieu à Jérusalem. Et avec eux étaient les prophètes de Dieu, qui les assistaient.
      3 Dans ce même temps, Thathnaï, gouverneur de ce côté du fleuve, Schethar Boznaï, et leurs collègues, vinrent auprès d'eux et leur parlèrent ainsi : Qui vous a donné l'autorisation de bâtir cette maison et de relever ces murs ?
      4 Ils leur dirent encore : Quels sont les noms des hommes qui construisent cet édifice ?
      5 Mais l'oeil de Dieu veillait sur les anciens des Juifs. Et on laissa continuer les travaux pendant l'envoi d'un rapport à Darius et jusqu'à la réception d'une lettre sur cet objet.
      6 Copie de la lettre envoyée au roi Darius par Thathnaï, gouverneur de ce côté du fleuve. Schethar Boznaï, et leurs collègues d'Apharsac, demeurant de ce côté du fleuve.
      7 Ils lui adressèrent un rapport ainsi conçu : Au roi Darius, salut !
      8 Que le roi sache que nous sommes allés dans la province de Juda, à la maison du grand Dieu. Elle se construit en pierres de taille, et le bois se pose dans les murs ; le travail marche rapidement et réussit entre leurs mains.
      9 Nous avons interrogé les anciens, et nous leur avons ainsi parlé : Qui vous a donné l'autorisation de bâtir cette maison et de relever ces murs ?
      10 Nous leur avons aussi demandé leurs noms pour te les faire connaître, et nous avons mis par écrit les noms des hommes qui sont à leur tête.
      11 Voici la réponse qu'ils nous ont faite : Nous sommes les serviteurs du Dieu des cieux et de la terre, et nous rebâtissons la maison qui avait été construite il y a bien des années ; un grand roi d'Israël l'avait bâtie et achevée.
      12 Mais après que nos pères eurent irrité le Dieu des cieux, il les livra entre les mains de Nebucadnetsar, roi de Babylone, le Chaldéen, qui détruisit cette maison et emmena le peuple captif à Babylone.
      13 Toutefois, la première année de Cyrus, roi de Babylone, le roi Cyrus donna l'ordre de rebâtir cette maison de Dieu.
      14 Et même le roi Cyrus ôta du temple de Babylone les ustensiles d'or et d'argent de la maison de Dieu, que Nebucadnetsar avait enlevés du temple de Jérusalem et transportés dans le temple de Babylone, il les fit remettre au nommé Scheschbatsar, qu'il établit gouverneur,
      15 et il lui dit : Prends ces ustensiles, va les déposer dans le temple de Jérusalem, et que la maison de Dieu soit rebâtie sur le lieu où elle était.
      16 Ce Scheschbatsar est donc venu, et il a posé les fondements de la maison de Dieu à Jérusalem ; depuis lors jusqu'à présent elle se construit, et elle n'est pas achevée.
      17 Maintenant, si le roi le trouve bon, que l'on fasse des recherches dans la maison des trésors du roi à Babylone, pour voir s'il y a eu de la part du roi Cyrus un ordre donné pour la construction de cette maison de Dieu à Jérusalem. Puis, que le roi nous transmette sa volonté sur cet objet.

      Esdras 6

      1 Alors le roi Darius donna ordre de faire des recherches dans la maison des archives où l'on déposait les trésors à Babylone.
      2 Et l'on trouva à Achmetha, capitale de la province de Médie, un rouleau sur lequel était écrit le mémoire suivant :
      3 La première année du roi Cyrus, le roi Cyrus a donné cet ordre au sujet de la maison de Dieu à Jérusalem : Que la maison soit rebâtie, pour être un lieu où l'on offre des sacrifices, et qu'elle ait des solides fondements. Elle aura soixante coudées de hauteur, soixante coudées de largeur,
      4 trois rangées de pierres de taille et une rangée de bois neuf. Les frais seront payés par la maison du roi.
      5 De plus, les ustensiles d'or et d'argent de la maison de Dieu, que Nebucadnetsar avait enlevés du temple de Jérusalem et transportés à Babylone, seront rendus, transportés au temple de Jérusalem à la place où ils étaient, et déposés dans la maison de Dieu.
      6 Maintenant, Thathnaï, gouverneur de l'autre côté du fleuve, Schethar Boznaï, et vos collègues d'Apharsac, qui demeurez de l'autre côté du fleuve, tenez-vous loin de ce lieu.
      7 Laissez continuer les travaux de cette maison de Dieu ; que le gouverneur des Juifs et les anciens des Juifs la rebâtissent sur l'emplacement qu'elle occupait.
      8 Voici l'ordre que je donne touchant ce que vous aurez à faire à l'égard de ces anciens des Juifs pour la construction de cette maison de Dieu : les frais, pris sur les biens du roi provenant des tributs de l'autre côté du fleuve, seront exactement payés à ces hommes, afin qu'il n'y ait pas d'interruption.
      9 Les choses nécessaires pour les holocaustes du Dieu des cieux, jeunes taureaux, béliers et agneaux, froment, sel, vin et huile, seront livrées, sur leur demande, aux sacrificateurs de Jérusalem, jour par jour et sans manquer,
      10 afin qu'ils offrent des sacrifices de bonne odeur au Dieu des cieux et qu'ils prient pour la vie du roi et de ses fils.
      11 Et voici l'ordre que je donne touchant quiconque transgressera cette parole : on arrachera de sa maison une pièce de bois, on la dressera pour qu'il y soit attaché, et l'on fera de sa maison un tas d'immondices.
      12 Que le Dieu qui fait résider en ce lieu son nom renverse tout roi et tout peuple qui étendraient la main pour transgresser ma parole, pour détruire cette maison de Dieu à Jérusalem ! Moi, Darius, j'ai donné cet ordre. Qu'il soit ponctuellement exécuté.
      13 Thathnaï, gouverneur de ce côté du fleuve, Schethar Boznaï, et leurs collègues, se conformèrent ponctuellement à cet ordre que leur envoya le roi Darius.
      14 Et les anciens des Juifs bâtirent avec succès, selon les prophéties d'Aggée, le prophète, et de Zacharie, fils d'Iddo ; ils bâtirent et achevèrent, d'après l'ordre du Dieu d'Israël, et d'après l'ordre de Cyrus, de Darius, et d'Artaxerxès, rois de Perse.
      15 La maison fut achevée le troisième jour du mois d'Adar, dans la sixième année du règne du roi Darius.
      16 Les enfants d'Israël, les sacrificateurs et les Lévites, et le reste des fils de la captivité, firent avec joie la dédicace de cette maison de Dieu.
      17 Ils offrirent, pour la dédicace de cette maison de Dieu, cent taureaux, deux cents béliers, quatre cents agneaux, et, comme victimes expiatoires pour tout Israël, douze boucs, d'après le nombre des tribus d'Israël.
      18 Ils établirent les sacrificateurs selon leurs classes et les Lévites selon leurs divisions pour le service de Dieu à Jérusalem, comme il est écrit dans le livre de Moïse.

      Esdras 7

      12 Artaxerxès, roi des rois, à Esdras, sacrificateur et scribe, versé dans la loi du Dieu des cieux, etc.

      Néhémie 13

      24 La moitié de leurs fils parlaient l'asdodien, et ne savaient pas parler le juif ; ils ne connaissaient que la langue de tel ou tel peuple.

      Esaïe 19

      18 En ce temps-là, il y aura cinq villes au pays d'Égypte, Qui parleront la langue de Canaan, Et qui jureront par l'Éternel des armées : L'une d'elles sera appelée ville de la destruction.

      Esaïe 36

      11 Éliakim, Schebna et Joach dirent à Rabschaké : Parle à tes serviteurs en araméen, car nous le comprenons ; et ne nous parle pas en langue judaïque aux oreilles du peuple qui est sur la muraille.
      13 Puis Rabschaké s'avança et cria de toute sa force en langue judaïque : Écoutez les paroles du grand roi, du roi d'Assyrie !

      Jérémie 10

      11 Vous leur parlerez ainsi : Les dieux qui n'ont point fait les cieux et la terre Disparaîtront de la terre et de dessous les cieux.

      Lamentations 1

      1 Eh quoi ! elle est assise solitaire, cette ville si peuplée ! Elle est semblable à une veuve ! Grande entre les nations, souveraine parmi les états, Elle est réduite à la servitude !
      2 Elle pleure durant la nuit, et ses joues sont couvertes de larmes ; De tous ceux qui l'aimaient nul ne la console ; Tous ses amis lui sont devenus infidèles, Ils sont devenus ses ennemis.
      3 Juda est en exil, victime de l'oppression et d'une grande servitude ; Il habite au milieu des nations, Et il n'y trouve point de repos ; Tous ses persécuteurs l'ont surpris dans l'angoisse.
      4 Les chemins de Sion sont dans le deuil, car on ne va plus aux fêtes ; Toutes ses portes sont désertes, Ses sacrificateurs gémissent, Ses vierges sont affligées, et elle est remplie d'amertume.
      5 Ses oppresseurs triomphent, ses ennemis sont en paix ; Car l'Éternel l'a humiliée, A cause de la multitude de ses péchés ; Ses enfants ont marché captifs devant l'oppresseur.
      6 La fille de Sion a perdu toute sa gloire ; Ses chefs sont comme des cerfs Qui ne trouvent point de pâture, Et qui fuient sans force devant celui qui les chasse.
      7 Aux jours de sa détresse et de sa misère, Jérusalem s'est souvenue De tous les biens dès longtemps son partage, Quand son peuple est tombé sans secours sous la main de l'oppresseur ; Ses ennemis l'ont vue, et ils ont ri de sa chute.
      8 Jérusalem a multiplié ses péchés, C'est pourquoi elle est un objet d'aversion ; Tous ceux qui l'honoraient la méprisent, en voyant sa nudité ; Elle-même soupire, et détourne la face.
      9 La souillure était dans les pans de sa robe, et elle ne songeait pas à sa fin ; Elle est tombée d'une manière étonnante, et nul ne la console. -Vois ma misère, ô Éternel ! Quelle arrogance chez l'ennemi ! -
      10 L'oppresseur a étendu la main Sur tout ce qu'elle avait de précieux ; Elle a vu pénétrer dans son sanctuaire les nations Auxquelles tu avais défendu d'entrer dans ton assemblée.
      11 Tout son peuple soupire, il cherche du pain ; Ils ont donné leurs choses précieuses pour de la nourriture, Afin de ranimer leur vie. -Vois, Éternel, regarde comme je suis avilie !
      12 Je m'adresse à vous, à vous tous qui passez ici ! Regardez et voyez s'il est une douleur pareille à ma douleur, A celle dont j'ai été frappée ! L'Éternel m'a affligée au jour de son ardente colère.
      13 D'en haut il a lancé dans mes os un feu qui les dévore ; Il a tendu un filet sous mes pieds, Il m'a fait tomber en arrière ; Il m'a jetée dans la désolation, dans une langueur de tous les jours.
      14 Sa main a lié le joug de mes iniquités ; Elles se sont entrelacées, appliquées sur mon cou ; Il a brisé ma force ; Le Seigneur m'a livrée à des mains auxquelles je ne puis résister.
      15 Le Seigneur a terrassé tous mes guerriers au milieu de moi ; Il a rassemblé contre moi une armée, Pour détruire mes jeunes hommes ; Le Seigneur a foulé au pressoir la vierge, fille de Juda.
      16 C'est pour cela que je pleure, que mes yeux fondent en larmes ; Car il s'est éloigné de moi, celui qui me consolerait, Qui ranimerait ma vie. Mes fils sont dans la désolation, parce que l'ennemi a triomphé. -
      17 Sion a étendu les mains, Et personne ne l'a consolée ; L'Éternel a envoyé contre Jacob les ennemis d'alentour ; Jérusalem a été un objet d'horreur au milieu d'eux. -
      18 L'Éternel est juste, Car j'ai été rebelle à ses ordres. Écoutez, vous tous, peuples, et voyez ma douleur ! Mes vierges et mes jeunes hommes sont allés en captivité.
      19 J'ai appelé mes amis, et ils m'ont trompée. Mes sacrificateurs et mes anciens ont expiré dans la ville : Ils cherchaient de la nourriture, Afin de ranimer leur vie.
      20 Éternel, regarde ma détresse ! Mes entrailles bouillonnent, Mon coeur est bouleversé au dedans de moi, Car j'ai été rebelle. Au dehors l'épée a fait ses ravages, au dedans la mort.
      21 On a entendu mes soupirs, et personne ne m'a consolée ; Tous mes ennemis ont appris mon malheur, Ils se sont réjouis de ce que tu l'as causé ; Tu amèneras, tu publieras le jour où ils seront comme moi.
      22 Que toute leur méchanceté vienne devant toi, Et traite-les comme tu m'as traitée, A cause de toutes mes transgressions ! Car mes soupirs sont nombreux, et mon coeur est souffrant.

      Daniel 2

      4 Les Chaldéens répondirent au roi en langue araméenne : O roi, vis éternellement ! dis le songe à tes serviteurs, et nous en donnerons l'explication.
      5 Le roi reprit la parole et dit aux Chaldéens : La chose m'a échappé ; si vous ne me faites connaître le songe et son explication, vous serez mis en pièces, et vos maisons seront réduites en un tas d'immondices.
      6 Mais si vous me dites le songe et son explication, vous recevrez de moi des dons et des présents, et de grands honneurs. C'est pourquoi dites-moi le songe et son explication.
      7 Ils répondirent pour la seconde fois : Que le roi dise le songe à ses serviteurs, et nous en donnerons l'explication.
      8 Le roi reprit la parole et dit : Je m'aperçois, en vérité, que vous voulez gagner du temps, parce que vous voyez que la chose m'a échappé.
      9 Si donc vous ne me faites pas connaître le songe, la même sentence vous enveloppera tous ; vous voulez vous préparez à me dire des mensonges et des faussetés, en attendant que les temps soient changés. C'est pourquoi dites-moi le songe, et je saurai si vous êtes capables de m'en donner l'explication.
      10 Les Chaldéens répondirent au roi : Il n'est personne sur la terre qui puisse dire ce que demande le roi ; aussi jamais roi, quelque grand et puissant qu'il ait été, n'a exigé une pareille chose d'aucun magicien, astrologue ou Chaldéen.
      11 Ce que le roi demande est difficile ; il n'y a personne qui puisse le dire au roi, excepté les dieux, dont la demeure n'est pas parmi les hommes.
      12 Là-dessus le roi se mit en colère, et s'irrita violemment. Il ordonna qu'on fasse périr tous les sages de Babylone.
      13 La sentence fut publiée, les sages étaient mis à mort, et l'on cherchait Daniel et ses compagnons pour les faire périr.
      14 Alors Daniel s'adressa d'une manière prudente et sensée à Arjoc, chef des gardes du roi, qui était sorti pour mettre à mort les sages de Babylone.
      15 Il prit la parole et dit à Arjoc, commandant du roi : Pourquoi la sentence du roi est-elle si sévère ? Arjoc exposa la chose à Daniel.
      16 Et Daniel se rendit vers le roi, et le pria de lui accorder du temps pour donner au roi l'explication.
      17 Ensuite Daniel alla dans sa maison, et il instruisit de cette affaire Hanania, Mischaël et Azaria, ses compagnons,
      18 les engageant à implorer la miséricorde du Dieu des cieux, afin qu'on ne fît pas périr Daniel et ses compagnons avec le reste des sages de Babylone.
      19 Alors le secret fut révélé à Daniel dans une vision pendant la nuit. Et Daniel bénit le Dieu des cieux.
      20 Daniel prit la parole et dit : Béni soit le nom de Dieu, d'éternité en éternité ! A lui appartiennent la sagesse et la force.
      21 C'est lui qui change les temps et les circonstances, qui renverse et qui établit les rois, qui donne la sagesse aux sages et la science à ceux qui ont de l'intelligence.
      22 Il révèle ce qui est profond et caché, il connaît ce qui est dans les ténèbres, et la lumière demeure avec lui.
      23 Dieu de mes pères, je te glorifie et je te loue de ce que tu m'as donné la sagesse et la force, et de ce que tu m'as fait connaître ce que nous t'avons demandé, de ce que tu nous as révélé le secret du roi.
      24 Après cela, Daniel se rendit auprès d'Arjoc, à qui le roi avait ordonné de faire périr les sages de Babylone ; il alla, et lui parla ainsi : Ne fais pas périr les sages de Babylone ! Conduis-moi devant le roi, et je donnerai au roi l'explication.
      25 Arjoc conduisit promptement Daniel devant le roi, et lui parla ainsi : J'ai trouvé parmi les captifs de Juda un homme qui donnera l'explication au roi.
      26 Le roi prit la parole et dit à Daniel, qu'on nommait Beltschatsar : Es-tu capable de me faire connaître le songe que j'ai eu et son explication ?
      27 Daniel répondit en présence du roi et dit : Ce que le roi demande est un secret que les sages, les astrologues, les magiciens et les devins, ne sont pas capables de découvrir au roi.
      28 Mais il y a dans les cieux un Dieu qui révèle les secrets, et qui a fait connaître au roi Nebucadnetsar ce qui arrivera dans la suite des temps. Voici ton songe et les visions que tu as eues sur ta couche.
      29 Sur ta couche, ô roi, il t'est monté des pensées touchant ce qui sera après ce temps-ci ; et celui qui révèle les secrets t'a fait connaître ce qui arrivera.
      30 Si ce secret m'a été révélé, ce n'est point qu'il y ait en moi une sagesse supérieure à celle de tous les vivants ; mais c'est afin que l'explication soit donnée au roi, et que tu connaisses les pensées de ton coeur.
      31 O roi, tu regardais, et tu voyais une grande statue ; cette statue était immense, et d'une splendeur extraordinaire ; elle était debout devant toi, et son aspect était terrible.
      32 La tête de cette statue était d'or pur ; sa poitrine et ses bras étaient d'argent ; son ventre et ses cuisses étaient d'airain ;
      33 ses jambes, de fer ; ses pieds, en partie de fer et en partie d'argile.
      34 Tu regardais, lorsqu'une pierre se détacha sans le secours d'aucune main, frappa les pieds de fer et d'argile de la statue, et les mit en pièces.
      35 Alors le fer, l'argile, l'airain, l'argent et l'or, furent brisés ensemble, et devinrent comme la balle qui s'échappe d'une aire en été ; le vent les emporta, et nulle trace n'en fut retrouvée. Mais la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et remplit toute la terre.
      36 Voilà le songe. Nous en donnerons l'explication devant le roi.
      37 O roi, tu es le roi des rois, car le Dieu des cieux t'a donné l'empire, la puissance, la force et la gloire ;
      38 il a remis entre tes mains, en quelque lieu qu'ils habitent, les enfants des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux du ciel, et il t'a fait dominer sur eux tous : c'est toi qui es la tête d'or.
      39 Après toi, il s'élèvera un autre royaume, moindre que le tien ; puis un troisième royaume, qui sera d'airain, et qui dominera sur toute la terre.
      40 Il y aura un quatrième royaume, fort comme du fer ; de même que le fer brise et rompt tout, il brisera et rompra tout, comme le fer qui met tout en pièces.
      41 Et comme tu as vu les pieds et les orteils en partie d'argile de potier et en partie de fer, ce royaume sera divisé ; mais il y aura en lui quelque chose de la force du fer, parce que tu as vu le fer mêlé avec l'argile.
      42 Et comme les doigts des pieds étaient en partie de fer et en partie d'argile, ce royaume sera en partie fort et en partie fragile.
      43 Tu as vu le fer mêlé avec l'argile, parce qu'ils se mêleront par des alliances humaines ; mais ils ne seront point unis l'un à l'autre, de même que le fer ne s'allie point avec l'argile.
      44 Dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d'un autre peuple ; il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement.
      45 C'est ce qu'indique la pierre que tu as vue se détacher de la montagne sans le secours d'aucune main, et qui a brisé le fer, l'airain, l'argile, l'argent et l'or. Le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver après cela. Le songe est véritable, et son explication est certaine.
      46 Alors le roi Nebucadnetsar tomba sur sa face et se prosterna devant Daniel, et il ordonna qu'on lui offrît des sacrifices et des parfums.
      47 Le roi adressa la parole à Daniel et dit : En vérité, votre Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des rois, et il révèle les secrets, puisque tu as pu découvrir ce secret.
      48 Ensuite le roi éleva Daniel, et lui fit de nombreux et riches présents ; il lui donna le commandement de toute la province de Babylone, et l'établit chef suprême de tous les sages de Babylone.
      49 Daniel pria le roi de remettre l'intendance de la province de Babylone à Schadrac, Méschac et Abed Nego. Et Daniel était à la cour du roi.

      Daniel 3

      1 Le roi Nebucadnetsar fit une statue d'or, haute de soixante coudées et large de six coudées. Il la dressa dans la vallée de Dura, dans la province de Babylone.
      2 Le roi Nebucadnetsar fit convoquer les satrapes, les intendants et les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les jurisconsultes, les juges, et tous les magistrats des provinces, pour qu'ils se rendissent à la dédicace de la statue qu'avait élevée le roi Nebucadnetsar.
      3 Alors les satrapes, les intendants et les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les jurisconsultes, les juges, et tous les magistrats des provinces, s'assemblèrent pour la dédicace de la statue qu'avait élevée le roi Nebucadnetsar. Ils se placèrent devant la statue qu'avait élevée Nebucadnetsar.
      4 Un héraut cria à haute voix : Voici ce qu'on vous ordonne, peuples, nations, hommes de toutes langues !
      5 Au moment où vous entendrez le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse, et de toutes sortes d'instruments de musique, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue d'or qu'a élevée le roi Nebucadnetsar.
      6 Quiconque ne se prosternera pas et n'adorera pas sera jeté à l'instant même au milieu d'une fournaise ardente.
      7 C'est pourquoi, au moment où tous les peuples entendirent le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, et de toutes sortes d'instruments de musique, tous les peuples, les nations, les hommes de toutes langues se prosternèrent et adorèrent la statue d'or qu'avait élevée le roi Nebucadnetsar.
      8 A cette occasion, et dans le même temps, quelques Chaldéens s'approchèrent et accusèrent les Juifs.
      9 Ils prirent la parole et dirent au roi Nebucadnetsar : O roi, vis éternellement !
      10 Tu as donné un ordre d'après lequel tous ceux qui entendraient le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse, et de toutes sortes d'instruments, devraient se prosterner et adorer la statue d'or,
      11 et d'après lequel quiconque ne se prosternerait pas et n'adorerait pas serait jeté au milieu d'une fournaise ardente.
      12 Or, il y a des Juifs à qui tu as remis l'intendance de la province de Babylone, Schadrac, Méschac et Abed Nego, hommes qui ne tiennent aucun compte de toi, ô roi ; ils ne servent pas tes dieux, et ils n'adorent point la statue d'or que tu as élevée.
      13 Alors Nebucadnetsar, irrité et furieux, donna l'ordre qu'on amenât Schadrac, Méschac et Abed Nego. Et ces hommes furent amenés devant le roi.
      14 Nebucadnetsar prit la parole et leur dit : Est-ce de propos délibéré, Schadrac, Méschac et Abed Nego, que vous ne servez pas mes dieux, et que vous n'adorez pas la statue d'or que j'ai élevée ?
      15 Maintenant tenez-vous prêts, et au moment où vous entendrez le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse, et de toutes sortes d'instruments, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue que j'ai faite ; si vous ne l'adorez pas, vous serez jetés à l'instant même au milieu d'une fournaise ardente. Et quel est le dieu qui vous délivrera de ma main ?
      16 Schadrac, Méschac et Abed Nego répliquèrent au roi Nebucadnetsar : Nous n'avons pas besoin de te répondre là-dessus.
      17 Voici, notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise ardente, et il nous délivrera de ta main, ô roi.
      18 Sinon, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux, et que nous n'adorerons pas la statue d'or que tu as élevée.
      19 Sur quoi Nebucadnetsar fut rempli de fureur, et il changea de visage en tournant ses regards contre Schadrac, Méschac et Abed Nego. Il reprit la parole et ordonna de chauffer la fournaise sept fois plus qu'il ne convenait de la chauffer.
      20 Puis il commanda à quelques-uns des plus vigoureux soldats de son armée de lier Schadrac, Méschac et Abed Nego, et de les jeter dans la fournaise ardente.
      21 Ces hommes furent liés avec leurs caleçons, leurs tuniques, leurs manteaux et leurs autres vêtements, et jetés au milieu de la fournaise ardente.
      22 Comme l'ordre du roi était sévère, et que la fournaise était extraordinairement chauffée, la flamme tua les hommes qui y avaient jeté Schadrac, Méschac et Abed Nego.
      23 Et ces trois hommes, Schadrac, Méschac et Abed Nego, tombèrent liés au milieu de la fournaise ardente.
      24 Alors le roi Nebucadnetsar fut effrayé, et se leva précipitamment. Il prit la parole, et dit à ses conseillers : N'avons-nous pas jeté au milieu du feu trois hommes liés ? Ils répondirent au roi : Certainement, ô roi !
      25 Il reprit et dit : Eh bien, je vois quatre hommes sans liens, qui marchent au milieu du feu, et qui n'ont point de mal ; et la figure du quatrième ressemble à celle d'un fils des dieux.
      26 Ensuite Nebucadnetsar s'approcha de l'entrée de la fournaise ardente, et prenant la parole, il dit : Schadrac, Méschac et Abed Nego, serviteurs du Dieu suprême, sortez et venez ! Et Schadrac, Méschac et Abed Nego sortirent du milieu du feu.
      27 Les satrapes, les intendants, les gouverneurs, et les conseillers du roi s'assemblèrent ; ils virent que le feu n'avait eu aucun pouvoir sur le corps de ces hommes, que les cheveux de leur tête n'avaient pas été brûlés, que leurs caleçons n'étaient point endommagés, et que l'odeur du feu ne les avait pas atteints.
      28 Nebucadnetsar prit la parole et dit : Béni soit le Dieu de Schadrac, de Méschac et d'Abed Nego, lequel a envoyé son ange et délivré ses serviteurs qui ont eu confiance en lui, et qui ont violé l'ordre du roi et livré leur corps plutôt que de servir et d'adorer aucun autre dieu que leur Dieu !
      29 Voici maintenant l'ordre que je donne : tout homme, à quelque peuple, nation ou langue qu'il appartienne, qui parlera mal du Dieu de Schadrac, de Méschac et d'Abed Nego, sera mis en pièces, et sa maison sera réduite en un tas d'immondices, parce qu'il n'y a aucun autre dieu qui puisse délivrer comme lui.
      30 Après cela, le roi fit prospérer Schadrac, Méschac et Abed Nego, dans la province de Babylone.

      Daniel 4

      1 Nebucadnetsar, roi, à tous les peuples, aux nations, aux hommes de toutes langues, qui habitent sur toute la terre. Que la paix vous soit donnée avec abondance !
      2 Il m'a semblé bon de faire connaître les signes et les prodiges que le Dieu suprême a opérés à mon égard.
      3 Que ses signes sont grands ! que ses prodiges sont puissants ! Son règne est un règne éternel, et sa domination subsiste de génération en génération.
      4 Moi, Nebucadnetsar, je vivais tranquille dans ma maison, et heureux dans mon palais.
      5 J'ai eu un songe qui m'a effrayé ; les pensées dont j'étais poursuivi sur ma couche et les visions de mon esprit me remplissaient d'épouvante.
      6 J'ordonnai qu'on fît venir devant moi tous les sages de Babylone, afin qu'ils me donnassent l'explication du songe.
      7 Alors vinrent les magiciens, les astrologues, les Chaldéens et les devins. Je leur dis le songe, et ils ne m'en donnèrent point l'explication.
      8 En dernier lieu, se présenta devant moi Daniel, nommé Beltschatsar d'après le nom de mon dieu, et qui a en lui l'esprit des dieux saints. Je lui dis le songe :
      9 Beltschatsar, chef des magiciens, qui as en toi, je le sais, l'esprit des dieux saints, et pour qui aucun secret n'est difficile, donne-moi l'explication des visions que j'ai eues en songe.
      10 Voici les visions de mon esprit, pendant que j'étais sur ma couche. Je regardais, et voici, il y avait au milieu de la terre un arbre d'une grande hauteur.
      11 Cet arbre était devenu grand et fort, sa cime s'élevait jusqu'aux cieux, et on le voyait des extrémités de toute la terre.
      12 Son feuillage était beau, et ses fruits abondants ; il portait de la nourriture pour tous ; les bêtes des champs s'abritaient sous son ombre, les oiseaux du ciel faisaient leur demeure parmi ses branches, et tout être vivant tirait de lui sa nourriture.
      13 Dans les visions de mon esprit, que j'avais sur ma couche, je regardais, et voici, un de ceux qui veillent et qui sont saints descendit des cieux.
      14 Il cria avec force et parla ainsi : Abattez l'arbre, et coupez ses branches ; secouez le feuillage, et dispersez les fruits ; que les bêtes fuient de dessous, et les oiseaux du milieu de ses branches !
      15 Mais laissez en terre le tronc où se trouvent les racines, et liez-le avec des chaînes de fer et d'airain, parmi l'herbe des champs. Qu'il soit trempé de la rosée du ciel, et qu'il ait, comme les bêtes, l'herbe de la terre pour partage.
      16 Son coeur d'homme lui sera ôté, et un coeur de bête lui sera donné ; et sept temps passeront sur lui.
      17 Cette sentence est un décret de ceux qui veillent, cette résolution est un ordre des saints, afin que les vivants sachent que le Très Haut domine sur le règne des hommes, qu'il le donne à qui il lui plaît, et qu'il y élève le plus vil des hommes.
      18 Voilà le songe que j'ai eu, moi, le roi Nebucadnetsar. Toi, Beltschatsar, donnes-en l'explication, puisque tous les sages de mon royaume ne peuvent me la donner ; toi, tu le peux, car tu as en toi l'esprit des dieux saints.
      19 Alors Daniel, nommé Beltschatsar, fut un moment stupéfait, et ses pensées le troublaient. Le roi reprit et dit : Beltschatsar, que le songe et l'explication ne te troublent pas ! Et Beltschatsar répondit : Mon seigneur, que le songe soit pour tes ennemis, et son explication pour tes adversaires !
      20 L'arbre que tu as vu, qui était devenu grand et fort, dont la cime s'élevait jusqu'aux cieux, et qu'on voyait de tous les points de la terre ;
      21 cet arbre, dont le feuillage était beau et les fruits abondants, qui portait de la nourriture pour tous, sous lequel s'abritaient les bêtes des champs, et parmi les branches duquel les oiseaux du ciel faisaient leur demeure,
      22 c'est toi, ô roi, qui es devenu grand et fort, dont la grandeur s'est accrue et s'est élevée jusqu'aux cieux, et dont la domination s'étend jusqu'aux extrémités de la terre.
      23 Le roi a vu l'un de ceux qui veillent et qui sont saints descendre des cieux et dire : Abattez l'arbre, et détruisez-le ; mais laissez en terre le tronc où se trouvent les racines, et liez-le avec des chaînes de fer et d'airain, parmi l'herbe des champs ; qu'il soit trempé de la rosée du ciel, et que son partage soit avec les bêtes des champs, jusqu'à ce que sept temps soient passés sur lui.
      24 Voici l'explication, ô roi, voici le décret du Très Haut, qui s'accomplira sur mon seigneur le roi.
      25 On te chassera du milieu des hommes, tu auras ta demeure avec les bêtes des champs, et l'on te donnera comme aux boeufs de l'herbe à manger ; tu seras trempé de la rosée du ciel, et sept temps passeront sur toi, jusqu'à ce que tu saches que le Très Haut domine sur le règne des hommes et qu'il le donne à qui il lui plaît.
      26 L'ordre de laisser le tronc où se trouvent les racines de l'arbre signifie que ton royaume te restera quand tu reconnaîtras que celui qui domine est dans les cieux.
      27 C'est pourquoi, ô roi, puisse mon conseil te plaire ! mets un terme à tes péchés en pratiquant la justice, et à tes iniquités en usant de compassion envers les malheureux, et ton bonheur pourra se prolonger.
      28 Toutes ces choses se sont accomplies sur le roi Nebucadnetsar.
      29 Au bout de douze mois, comme il se promenait dans le palais royal à Babylone,
      30 le roi prit la parole et dit : N'est-ce pas ici Babylone la grande, que j'ai bâtie, comme résidence royale, par la puissance de ma force et pour la gloire de ma magnificence ?
      31 La parole était encore dans la bouche du roi, qu'une voix descendit du ciel : Apprends, roi Nebucadnetsar, qu'on va t'enlever le royaume.
      32 On te chassera du milieu des hommes, tu auras ta demeure avec les bêtes des champs, on te donnera comme aux boeufs de l'herbe à manger ; et sept temps passeront sur toi, jusqu'à ce que tu saches que le Très Haut domine sur le règne des hommes et qu'il le donne à qui il lui plaît.
      33 Au même instant la parole s'accomplit sur Nebucadnetsar. Il fut chassé du milieu des hommes, il mangea de l'herbe comme les boeufs, son corps fut trempé de la rosée du ciel ; jusqu'à ce que ses cheveux crussent comme les plumes des aigles, et ses ongles comme ceux des oiseaux.
      34 Après le temps marqué, moi, Nebucadnetsar, je levai les yeux vers le ciel, et la raison me revint. J'ai béni le Très Haut, j'ai loué et glorifié celui qui vit éternellement, celui dont la domination est une domination éternelle, et dont le règne subsiste de génération en génération.
      35 Tous les habitants de la terre ne sont à ses yeux que néant : il agit comme il lui plaît avec l'armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n'y a personne qui résiste à sa main et qui lui dise : Que fais-tu ?
      36 En ce temps, la raison me revint ; la gloire de mon royaume, ma magnificence et ma splendeur me furent rendues ; mes conseillers et mes grands me redemandèrent ; je fus rétabli dans mon royaume, et ma puissance ne fit que s'accroître.
      37 Maintenant, moi, Nebucadnetsar, je loue, j'exalte et je glorifie le roi des cieux, dont toutes les oeuvres sont vraies et les voies justes, et qui peut abaisser ceux qui marchent avec orgueil.

      Daniel 5

      1 Le roi Belschatsar donna un grand festin à ses grands au nombre de mille, et il but du vin en leur présence.
      2 Belschatsar, quand il eut goûté au vin, fit apporter les vases d'or et d'argent que son père Nebucadnetsar avait enlevés du temple de Jérusalem, afin que le roi et ses grands, ses femmes et ses concubines, s'en servissent pour boire.
      3 Alors on apporta les vases d'or qui avaient été enlevés du temple, de la maison de Dieu à Jérusalem ; et le roi et ses grands, ses femmes et ses concubines, s'en servirent pour boire.
      4 Ils burent du vin, et ils louèrent les dieux d'or, d'argent, d'airain, de fer, de bois et de pierre.
      5 En ce moment, apparurent les doigts d'une main d'homme, et ils écrivirent, en face du chandelier, sur la chaux de la muraille du palais royal. Le roi vit cette extrémité de main qui écrivait.
      6 Alors le roi changea de couleur, et ses pensées le troublèrent ; les jointures de ses reins se relâchèrent, et ses genoux se heurtèrent l'un contre l'autre.
      7 Le roi cria avec force qu'on fît venir les astrologues, les Chaldéens et les devins ; et le roi prit la parole et dit aux sages de Babylone : Quiconque lira cette écriture et m'en donnera l'explication sera revêtu de pourpre, portera un collier d'or à son cou, et aura la troisième place dans le gouvernement du royaume.
      8 Tous les sages du roi entrèrent ; mais ils ne purent pas lire l'écriture et en donner au roi l'explication.
      9 Sur quoi le roi Belschatsar, fut très effrayé, il changea de couleur, et ses grands furent consternés.
      10 La reine, à cause des paroles du roi et de ses grands, entra dans la salle du festin, et prit ainsi la parole : O roi, vis éternellement ! Que tes pensées ne te troublent pas, et que ton visage ne change pas de couleur !
      11 Il y a dans ton royaume un homme qui a en lui l'esprit des dieux saints ; et du temps de ton père, on trouva chez lui des lumières, de l'intelligence, et une sagesse semblable à la sagesse des dieux. Aussi le roi Nebucadnetsar, ton père, le roi, ton père, l'établit chef des magiciens, des astrologues, des Chaldéens, des devins,
      12 parce qu'on trouva chez lui, chez Daniel, nommé par le roi Beltschatsar, un esprit supérieur, de la science et de l'intelligence, la faculté d'interpréter les songes, d'expliquer les énigmes, et de résoudre les questions difficiles. Que Daniel soit donc appelé, et il donnera l'explication.
      13 Alors Daniel fut introduit devant le roi. Le roi prit la parole et dit à Daniel : Es-tu ce Daniel, l'un des captifs de Juda, que le roi, mon père, a amenés de Juda ?
      14 J'ai appris sur ton compte que tu as en toi l'esprit des dieux, et qu'on trouve chez toi des lumières, de l'intelligence, et une sagesse extraordinaire.
      15 On vient d'amener devant moi les sages et les astrologues, afin qu'ils lussent cette écriture et m'en donnassent l'explication ; mais ils n'ont pas pu donner l'explication des mots.
      16 J'ai appris que tu peux donner des explications et résoudre des questions difficiles ; maintenant, si tu peux lire cette écriture et m'en donner l'explication, tu seras revêtu de pourpre, tu porteras un collier d'or à ton cou, et tu auras la troisième place dans le gouvernement du royaume.
      17 Daniel répondit en présence du roi : Garde tes dons, et accorde à un autre tes présents ; je lirai néanmoins l'écriture au roi, et je lui en donnerai l'explication.
      18 O roi, le Dieu suprême avait donné à Nebucadnetsar, ton père, l'empire, la grandeur, la gloire et la magnificence ;
      19 et à cause de la grandeur qu'il lui avait donnée, tous les peuples, les nations, les hommes de toutes langues étaient dans la crainte et tremblaient devant lui. Le roi faisait mourir ceux qu'il voulait, et il laissait la vie à ceux qu'il voulait ; il élevait ceux qu'il voulait, et il abaissait ceux qu'il voulait.
      20 Mais lorsque son coeur s'éleva et que son esprit s'endurcit jusqu'à l'arrogance, il fut précipité de son trône royal et dépouillé de sa gloire ;
      21 il fut chassé du milieu des enfants des hommes, son coeur devint semblable à celui des bêtes, et sa demeure fut avec les ânes sauvages ; on lui donna comme aux boeufs de l'herbe à manger, et son corps fut trempé de la rosée du ciel, jusqu'à ce qu'il reconnût que le Dieu suprême domine sur le règne des hommes et qu'il le donne à qui il lui plaît.
      22 Et toi, Belschatsar, son fils, tu n'as pas humilié ton coeur, quoique tu susses toutes ces choses.
      23 Tu t'es élevé contre le Seigneur des cieux ; les vases de sa maison ont été apportés devant toi, et vous vous en êtes servis pour boire du vin, toi et tes grands, tes femmes et tes concubines ; tu as loué les dieux d'argent, d'or, d'airain, de fer, de bois et de pierre, qui ne voient point, qui n'entendent point, et qui ne savent rien, et tu n'as pas glorifié le Dieu qui a dans sa main ton souffle et toutes tes voies.
      24 C'est pourquoi il a envoyé cette extrémité de main qui a tracé cette écriture.
      25 Voici l'écriture qui a été tracée : Compté, compté, pesé, et divisé.
      26 Et voici l'explication de ces mots. Compté : Dieu a compté ton règne, et y a mis fin.
      27 Pesé : Tu as été pesé dans la balance, et tu as été trouvé léger.
      28 Divisé : Ton royaume sera divisé, et donne aux Mèdes et aux Perses.
      29 Aussitôt Belschatsar donna des ordres, et l'on revêtit Daniel de pourpre, on lui mit au cou un collier d'or, et on publia qu'il aurait la troisième place dans le gouvernement du royaume.
      30 Cette même nuit, Belschatsar, roi des Chaldéens, fut tué.
      31 Et Darius, le Mède, s'empara du royaume, étant âgé de soixante-deux ans.

      Daniel 6

      1 Darius trouva bon d'établir sur le royaume cent vingt satrapes, qui devaient être dans tout le royaume.
      2 Il mit à leur tête trois chefs, au nombre desquels était Daniel, afin que ces satrapes leur rendissent compte, et que le roi ne souffrît aucun dommage.
      3 Daniel surpassait les chefs et les satrapes, parce qu'il y avait en lui un esprit supérieur ; et le roi pensait à l'établir sur tout le royaume.
      4 Alors les chefs et les satrapes cherchèrent une occasion d'accuser Daniel en ce qui concernait les affaires du royaume. Mais ils ne purent trouver aucune occasion, ni aucune chose à reprendre, parce qu'il était fidèle, et qu'on apercevait chez lui ni faute, ni rien de mauvais.
      5 Et ces hommes dirent : Nous ne trouverons aucune occasion contre ce Daniel, à moins que nous n'en trouvions une dans la loi de son Dieu.
      6 Puis ces chefs et ces satrapes se rendirent tumultueusement auprès du roi, et lui parlèrent ainsi : Roi Darius, vis éternellement !
      7 Tous les chefs du royaume, les intendants, les satrapes, les conseillers, et les gouverneurs sont d'avis qu'il soit publié un édit royal, avec une défense sévère, portant que quiconque, dans l'espace de trente jours, adressera des prières à quelque dieu ou à quelque homme, excepté à toi, ô roi, sera jeté dans la fosse aux lions.
      8 Maintenant, ô roi, confirme la défense, et écris le décret, afin qu'il soit irrévocable, selon la loi des Mèdes et des Perses, qui est immuable.
      9 Là-dessus le roi Darius écrivit le décret et la défense.
      10 Lorsque Daniel sut que le décret était écrit, il se retira dans sa maison, où les fenêtres de la chambre supérieure étaient ouvertes dans la direction de Jérusalem ; et trois fois le jour il se mettait à genoux, il priait, et il louait son Dieu, comme il le faisait auparavant.
      11 Alors ces hommes entrèrent tumultueusement, et ils trouvèrent Daniel qui priait et invoquait son Dieu.
      12 Puis ils se présentèrent devant le roi, et lui dirent au sujet de la défense royale : N'as-tu pas écrit une défense portant que quiconque dans l'espace de trente jours adresserait des prières à quelque dieu ou à quelque homme, excepté à toi, ô roi, serait jeté dans la fosse aux lions ? Le roi répondit : La chose est certaine, selon la loi des Mèdes et des Perses, qui est immuable.
      13 Ils prirent de nouveau la parole et dirent au roi : Daniel, l'un des captifs de Juda, n'a tenu aucun compte de toi, ô roi, ni de la défense que tu as écrite, et il fait sa prière trois fois le jour.
      14 Le roi fut très affligé quand il entendit cela ; il prit à coeur de délivrer Daniel, et jusqu'au coucher du soleil il s'efforça de le sauver.
      15 Mais ces hommes insistèrent auprès du roi, et lui dirent : Sache, ô roi, que la loi des Mèdes et des Perses exige que toute défense ou tout décret confirmé par le roi soit irrévocable.
      16 Alors le roi donna l'ordre qu'on amenât Daniel, et qu'on le jetât dans la fosse aux lions. Le roi prit la parole et dit à Daniel : Puisse ton Dieu, que tu sers avec persévérance, te délivrer !
      17 On apporta une pierre, et on la mit sur l'ouverture de la fosse ; le roi la scella de son anneau et de l'anneau de ses grands, afin que rien ne fût changé à l'égard de Daniel.
      18 Le roi se rendit ensuite dans son palais ; il passa la nuit à jeun, il ne fit point venir de concubine auprès de lui, et il ne put se livrer au sommeil.
      19 Le roi se leva au point du jour, avec l'aurore, et il alla précipitamment à la fosse aux lions.
      20 En s'approchant de la fosse, il appela Daniel d'une voix triste. Le roi prit la parole et dit à Daniel : Daniel, serviteur du Dieu vivant, ton Dieu, que tu sers avec persévérance, a-t-il pu te délivrer des lions ?
      21 Et Daniel dit au roi : Roi, vis éternellement ?
      22 Mon Dieu a envoyé son ange et fermé la gueule des lions, qui ne m'ont fait aucun mal, parce que j'ai été trouvé innocent devant lui ; et devant toi non plus, ô roi, je n'ai rien fait de mauvais.
      23 Alors le roi fut très joyeux, et il ordonna qu'on fît sortir Daniel de la fosse. Daniel fut retiré de la fosse, et on ne trouva sur lui aucune blessure, parce qu'il avait eu confiance en son Dieu.
      24 Le roi ordonna que ces hommes qui avaient accusé Daniel fussent amenés et jetés dans la fosse aux lions, eux, leurs enfants et leurs femmes ; et avant qu'ils fussent parvenus au fond de la fosse, les lions les saisirent et brisèrent tous leur os.
      25 Après cela, le roi Darius écrivit à tous les peuples, à toutes les nations, aux hommes de toutes langues, qui habitaient sur toute la terre : Que la paix vous soit donnée avec abondance !
      26 J'ordonne que, dans toute l'étendue de mon royaume, on ait de la crainte et de la frayeur pour le Dieu de Daniel. Car il est le Dieu vivant, et il subsiste éternellement ; son royaume ne sera jamais détruit, et sa domination durera jusqu'à la fin.
      27 C'est lui qui délivre et qui sauve, qui opère des signes et des prodiges dans les cieux et sur la terre. C'est lui qui a délivré Daniel de la puissance des lions.
      28 Daniel prospéra sous le règne de Darius, et sous le règne de Cyrus, le Perse.

      Daniel 7

      1 La première année de Belschatsar, roi de Babylone, Daniel eut un songe et des visions se présentèrent à son esprit, pendant qu'il était sur sa couche. Ensuite il écrivit le songe, et raconta les principales choses.
      2 Daniel commença et dit : Je regardais pendant ma vision nocturne, et voici, les quatre vents des cieux firent irruption sur la grande mer.

      Matthieu 6

      1 Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus ; autrement, vous n'aurez point de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux.
      9 Voici donc comment vous devez prier : Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié ;

      Jean 10

      13 Le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est mercenaire, et qu'il ne se met point en peine des brebis. Je suis le bon berger.
      14 Je connais mes brebis, et elles me connaissent,
      15 comme le Père me connaît et comme je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.
      16 J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, il faut que je les amène ; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger.
      17 Le Père m'aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre.
      18 Personne ne me l'ôte, mais je la donne de moi-même ; j'ai le pouvoir de la donner, et j'ai le pouvoir de la reprendre : tel est l'ordre que j'ai reçu de mon Père.
      19 Il y eut de nouveau, à cause de ces paroles, division parmi les Juifs.
      20 Plusieurs d'entre eux disaient : Il a un démon, il est fou ; pourquoi l'écoutez-vous ?
      21 D'autres disaient : Ce ne sont pas les paroles d'un démoniaque ; un démon peut-il ouvrir les yeux des aveugles ?
      22 On célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace. C'était l'hiver.
      23 Et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon.
      24 Les Juifs l'entourèrent, et lui dirent : Jusques à quand tiendras-tu notre esprit en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le nous franchement.
      25 Jésus leur répondit : Je vous l'ai dit, et vous ne croyez pas. Les oeuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi.
      26 Mais vous ne croyez pas, parce que vous n'êtes pas de mes brebis.
      27 Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent.
      28 Je leur donne la vie éternelle ; et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main.
      29 Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous ; et personne ne peut les ravir de la main de mon Père.
      30 Moi et le Père nous sommes un.

      Actes 21

      40 Le tribun le lui ayant permis, Paul, debout sur les degrés, fit signe de la main au peuple. Un profond silence s'établit, et Paul, parlant en langue hébraïque, dit :
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