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CANTIQUE DES CANTIQUES

Ce titre a le sens de « cantique par excellence » ; en hébr., en effet, cette construction désigne le superlatif (autres ex. : vanité des vanités, Saint des saints).

Le Cantique des Cantiques était le premier des cinq petits « rouleaux » lus aux grandes fêtes juives. On en donnait lecture le huitième jour de la Pâque, parce que l'amour réciproque de Yahvé et de la nation israélite, qu'il passait pour figurer, était en harmonie avec l'alliance conclue entre eux à la sortie d'Egypte. Ce fut cette interprétation allégorique, ajoutée à la croyance qu'il provenait de Salomon lui-même, qui fit admettre dans le canon hébreu, après une longue résistance qui semble avoir duré jusqu'à l'ère chrétienne, ces chants d'amour--appelés à tort « cantique » --de caractère areligieux et parfois choquant. Ce fut elle qui le fit aussi accepter par les chrétiens comme livre sacré.

Le célèbre docteur alexandrin, Origène, dans son grand commentaire sur le Cantique, présente le « bien-aimé » comme le symbole du Christ et la jeune fille comme l'image de l'Église et même de l'âme individuelle. Cette interprétation allégorique fut longtemps en faveur.

Bernard de Clairvaux prêcha quatre-vingts sermons sur les deux premiers chapitres. La Réforme la laissa subsister, malgré les observations de Sébastien Castellion (en 1544), et on la retrouve dans la version d'Ostervald et l'Authorized Version des Anglais (voir les titres mis aux chapitres). Elle a été maintenue par certains exégètes modernes, tels qu'Adolphe Franck (Études orientales, 1861), et F. Godet (Et. bibl., 1 re série, 2 e éd. 1863), mais elle a perdu tout crédit. Rien, en effet, dans notre livre, n'autorise à y voir une allégorie, et, selon la remarque du professeur Lucien Gautier, le réalisme de quelques-unes de ses peintures empêche de penser que son auteur ait cherché à figurer des relations religieuses. Comment croire que l'autocrate possesseur d'un harem considérable (cf. 1Ro 11:3) ait pu être choisi comme symbole de Dieu ?

Les progrès du sens historique ont, d'ailleurs, amené les critiques à prendre le Cantique pour ce qu'il est : une collection de chants d'amour, d'une gracieuse et brillante poésie (qu'on se reporte, en particulier, à la jolie description du printemps : Ca 2:11,13).

--Quel est le genre de ce recueil ? Ses chants sont-ils des morceaux indépendants, ou forment-ils un ensemble suivi ? En dépit de Herder qui, dans ses Chants d'amour de Salomon (1778), optait pour la première hypothèse, ils sont, en général, en relation les uns avec les autres. On le voit à la présence des mêmes personnages (la Sulamite, les filles de Jérusalem, etc.), à la répétition de certains mots et de quelques refrains (Ca 2:7 et Ca 3:5). Mais, si ces chants forment une suite, à quel genre littéraire se rattachent-ils, et quel en est le sens ? C'est là une question difficile et très discutée.

Le savant allemand Delitzsch y a vu un poème, chantant le mariage de Salomon avec la Sulamite. Mais comment concilier cette hypothèse avec la conclusion du livre, qui célèbre la victoire de la jeune fille ? (Ca 8:10) Comment identifier Salomon avec le berger qui vient frapper, la chevelure trempée de rosée, à la porte de la bergère ? (Ca 5:2) Enfin, comme l'a fait observer le professeur Ch. Bruston, le langage du roi ne contient-il pas « des crudités incompatibles avec le sérieux d'un jour de mariage » ? Une meilleure explication, proposée en 1771 par le pasteur hanovrien Jacobi, a été développée par Ewald en 1826 (voir aussi ses Poètes de l'A.T., 1867). Voici, d'après lui, le sujet du poème.

Une belle jeune fille de Sulem (c-à-d. Sunem, aujourd'hui Soulem, à environ 9 km. au Nord de Jizréel), surprise par Salomon qui voyageait dans le nord du pays, a été amenée au harem (Ca 1:4), où les femmes chantent les louanges du maître. Le roi fait de grands efforts pour gagner son coeur (Ca 1:9 et suivants), mais elle reste fidèle à son berger (Ca 1:7 et suivants), qui finit par se montrer et obtient la permission de la ramener à Sulem (Ca 8:6 et suivants). Ce poème célébrerait donc le triomphe de l'amour fidèle, « fort comme la mort » (Ca 8:6 et suivant).

Ce point de vue a été repris par Renan dans son étude sur le Cantique des Cantiques (1860) et par Ch. Bruston (La Sulamite, Paris, 2 e éd. 1894), sans parler de critiques tels que Dillmann et Driver. Bruston distingue cinq actes dans le poème. Le 1 er (Ca 1-2:7) peint la ferme attitude de la Sulamite, qui, en réponse aux compliments de Salomon, fait en termes des plus poétiques l'éloge de son bien-aimé. Après le départ du roi, elle raconte à ses compagnes (2e acte, Ca 2:8-3:5) une visite que son berger lui a faite et un rêve dont il a été le héros. Le 3e acte (Ca 3:6-5:1) raconte le mariage du monarque avec une princesse étrangère. Au 4 e acte (Ca 5:2-8:4), la Sulamite célèbre son berger, sans se laisser émouvoir par de nouveaux compliments de Salomon. Rendue à la liberté, elle retourne à Sulem, « appuyée sur son bien-aimé » (5e acte, Ca 8:5-14).

Cet essai d'explication, si ingénieux qu'il soit, est très contestable. Remarquons, avec le critique allemand Siegfried, que cette interprétation dramatique est peu naturelle et ne répond guère à l'histoire, car il semble que les Hébreux n'aient pas cultivé ce genre. On peut s'étonner qu'aucune indication de scènes ou de personnages ne vienne, dans le Cantique, guider les acteurs ou les simples lecteurs. Celles qu'on a proposées, d'ailleurs, sont très variées, comme Ed. Reuss l'a montré dans un tableau synoptique de six colonnes (La Bible : Poésie lyrique, le Cantique, 1879, p. 23-42). Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'élément subjectif joue un grand rôle dans les divers essais de solution dramatique.

Frappés de ces difficultés, divers savants sont revenus à l'hypothèse de Richard Simon, celle des chants d'amour. Ils sont, dit Reuss, l'oeuvre d'un poète qui a voulu peindre sa passion. Il parle seul : le langage qu'il prête à sa bien-aimée n'est qu'un procédé littéraire analogue à celui du poète Horace conversant avec Lydie (Odes, III, 9). Il n'a pas de rival, pas même Salomon, « ce loup ravisseur de l'opérette » ; il se borne à le mentionner sans lui attribuer de rôle précis. Dans ce poème, conclut Reuss, il n'y a ni acte ni action.

Ce point de vue a l'avantage d'être confirmé par certains traits de l'Orient contemporain, riche en pièces lyriques, l'Arabie surtout, qui les appelle des divans (recueils). On les chante en particulier pendant les fêtes nuptiales. Une vive lumière a été jetée sur ces coutumes en 1873, par les observations de Wetzstein, arabisant distingué, longtemps consul de Prusse à Damas. En Syrie, pendant les sept jours de réjouissances matrimoniales, l'époux et l'épouse sont qualifiés de roi et de reine et traités comme tels, et leurs mérites célébrés par des chants spéciaux. Dans la supposition très plausible que ces usages fussent déjà en vigueur avant l'ère chrétienne, le Cantique trouverait ainsi son explication, au dire du commentateur allemand K. Budde (Le Cantique, 1898), qui croit y discerner vingt-trois poèmes. Les titres de roi et de reine donnés aux mariés auraient un sens conventionnel. L'époux y est comparé à Salomon qui, aux yeux des Orientaux, incarnait le prestige royal. L'épouse, de son côté, est appelée « la Sulamite », par allusion sans doute à une femme célèbre par sa beauté (1Ro 1:3-15), Abisag la Sunamite. Tous ces chants ont dû former le répertoire de quelque musicien de profession.

Cette séduisante hypothèse a été confirmée, en 1901, par la publication du Paloestinischer Diwan de G. Dalman, qui donne six chants nuptiaux modernes de Syrie très semblables au Cantique. De leur côté, Lyall et W. M. Muller ont édité des chants parallèles, exécutés autrefois en Arabie et en Egypte. L'hypothèse, admise par Bertholet (Hist. Civ. Isr., p. 214), a été vigoureusement critiquée par le savant orientaliste français R. Dussaud (Le Cantique des Cantiques, Paris 1919). Il allègue que les anciens rabbins n'ont jamais parlé de cette interprétation, et que, en fait, dans notre livre, le titre de « reine » n'est jamais appliqué à la bien-aimée. Il en revient à l'idée de chants d'amour détachés. Il en distingue quatre, séparés à l'origine, puis juxtaposés ou entremêlés au cours de l'ouvrage. Il y a d'abord le « poème du roi », monarque réel recevant une jeune fille dans son, harem. Ce chant, qui se reconnaît à la mention de Salomon et de la Sulamite et à l'intervention des femmes, a été dispersé dans le Cantique, mais on peut le reconstituer à peu près. Quant aux trois autres poèmes, ceux du berger, analogues avec de légères différences, ils auraient été insérés à la suite l'un de l'autre. Cette interprétation n'explique pas, selon la remarque du professeur A. Lods, « à quel mobile a obéi le rédacteur en dispersant le poème du roi au milieu des autres pièces » (RHR, nov. -déc. 1920). Ce savant « incline à croire qu'une partie au moins des poésies du Cantique étaient des chants nuptiaux, les autres de simples poèmes d'amour, qui ont, du reste, pu être exécutés aussi dans les festins de noces ». En particulier, il lui semble difficile de contester que le cortège décrit Ca 3:6,11, où le roi apparaît ceint d'une couronne de noces, soit un cortège nuptial.

En définitive, l'hypothèse des chants nuptiaux, qui a l'avantage de donner un cadre à ces poésies, celui d'un événement de famille aussi important que le mariage, semble expliquer mieux que toute autre l'origine de cet énigmatique poème, surtout si l'on admet, avec un arabisant très érudit, Ed. Montet, que son caractère licencieux a été exagéré et qu'il contient simplement « des expressions et des images d'un goût risqué, mais conformes aux procédés littéraires de l'Orient sémitique en matière de chants d'amour ».

La date du Cantique est difficile à préciser. La présence dans le texte hébreu de termes empruntés au grec a poussé les critiques à songer aux temps de la domination hellénique, fondée sur les victoires d'Alexandre le Grand (donc au III e ou au IV e siècle). Le théâtre de ces scènes d'amour paraît avoir été la Judée, comme le suggère la mention des « filles de Jérusalem ». L'auteur est inconnu, comme le sont d'ordinaire les poètes qui composent les chants populaires. Sa connaissance du nord de la Palestine, dont il cite bien des lieux, fait penser qu'il y habitait. P. F.

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Versets relatifs

    • Lévitique 1

      1 L'Éternel appela Moïse ; de la tente d'assignation, il lui parla et dit :
      2 Parle aux enfants d'Israël, et dis-leur : Lorsque quelqu'un d'entre vous fera une offrande à l'Éternel, il offrira du bétail, du gros ou du menu bétail.
      3 Si son offrande est un holocauste de gros bétail, il offrira un mâle sans défaut ; il l'offrira à l'entrée de la tente d'assignation, devant l'Éternel, pour obtenir sa faveur.
      4 Il posera sa main sur la tête de l'holocauste, qui sera agréé de l'Éternel, pour lui servir d'expiation.
      5 Il égorgera le veau devant l'Éternel ; et les sacrificateurs, fils d'Aaron, offriront le sang, et le répandront tout autour sur l'autel qui est à l'entrée de la tente d'assignation.
      6 Il dépouillera l'holocauste, et le coupera par morceaux.
      7 Les fils du sacrificateur Aaron mettront du feu sur l'autel, et arrangeront du bois sur le feu.
      8 Les sacrificateurs, fils d'Aaron, poseront les morceaux, la tête et la graisse, sur le bois mis au feu sur l'autel.
      9 Il lavera avec de l'eau les entrailles et les jambes ; et le sacrificateur brûlera le tout sur l'autel. C'est un holocauste, un sacrifice consumé par le feu, d'une agréable odeur à l'Éternel.
      10 Si son offrande est un holocauste de menu bétail, d'agneaux ou de chèvres, il offrira un mâle sans défaut.
      11 Il l'égorgera au côté septentrional de l'autel, devant l'Éternel ; et les sacrificateurs, fils d'Aaron, en répandront le sang sur l'autel tout autour.
      12 Il le coupera par morceaux ; et le sacrificateur les posera, avec la tête et la graisse, sur le bois mis au feu sur l'autel.
      13 Il lavera avec de l'eau les entrailles et les jambes ; et le sacrificateur sacrifiera le tout, et le brûlera sur l'autel. C'est un holocauste, un sacrifice consumé par le feu, d'une agréable odeur à l'Éternel.
      14 Si son offrande à l'Éternel est un holocauste d'oiseaux, il offrira des tourterelles ou de jeunes pigeons.
      15 Le sacrificateur sacrifiera l'oiseau sur l'autel ; il lui ouvrira la tête avec l'ongle, et la brûlera sur l'autel, et il exprimera le sang contre un côté de l'autel.
      16 Il ôtera le jabot avec ses plumes, et le jettera près de l'autel, vers l'orient, dans le lieu où l'on met les cendres.
      17 Il déchirera les ailes, sans les détacher ; et le sacrificateur brûlera l'oiseau sur l'autel, sur le bois mis au feu. C'est un holocauste, un sacrifice consumé par le feu, d'une agréable odeur à l'Éternel.

      Lévitique 3

      1 Lorsque quelqu'un offrira à l'Éternel un sacrifice d'actions de grâces : S'il offre du gros bétail, mâle ou femelle, il l'offrira sans défaut, devant l'Éternel.
      2 Il posera sa main sur la tête de la victime, qu'il égorgera à l'entrée de la tente d'assignation ; et les sacrificateurs, fils d'Aaron, répandront le sang sur l'autel tout autour.
      3 De ce sacrifice d'actions de grâces, il offrira en sacrifice consumé par le feu devant l'Éternel : la graisse qui couvre les entrailles et toute celle qui y est attachée ;
      4 les deux rognons, et la graisse qui les entoure, qui couvre les flancs, et le grand lobe du foie, qu'il détachera près des rognons.
      5 Les fils d'Aaron brûleront cela sur l'autel, par-dessus l'holocauste qui sera sur le bois mis au feu. C'est un sacrifice consumé par le feu, d'une agréable odeur à l'Éternel.
      6 S'il offre du menu bétail, mâle ou femelle, en sacrifice d'actions de grâces à l'Éternel, il l'offrira sans défaut.
      7 S'il offre en sacrifice un agneau, il le présentera devant l'Éternel.
      8 Il posera sa main sur la tête de la victime, qu'il égorgera devant la tente d'assignation ; et les fils d'Aaron en répandront le sang sur l'autel tout autour.
      9 De ce sacrifice d'actions de grâces, il offrira en sacrifice consumé par le feu devant l'Éternel : la graisse, la queue entière, qu'il séparera près de l'échine, la graisse qui couvre les entrailles et toute celle qui y est attachée,
      10 les deux rognons, et la graisse qui les entoure, qui couvre les flancs, et le grand lobe du foie, qu'il détachera près des rognons.
      11 Le sacrificateur brûlera cela sur l'autel. C'est l'aliment d'un sacrifice consumé par le feu devant l'Éternel.
      12 Si son offrande est une chèvre, il la présentera devant l'Éternel.
      13 Il posera sa main sur la tête de sa victime, qu'il égorgera devant la tente d'assignation ; et les fils d'Aaron en répandront le sang sur l'autel tout autour.
      14 De la victime, il offrira en sacrifice consumé par le feu devant l'Éternel : la graisse qui couvre les entrailles et toute celle qui y est attachée,
      15 les deux rognons, et la graisse qui les entoure, qui couvre les flancs, et le grand lobe du foie, qu'il détachera près des rognons.
      16 Le sacrificateur brûlera cela sur l'autel. Toute la graisse est l'aliment d'un sacrifice consumé par le feu, d'une agréable odeur à l'Éternel.
      17 C'est ici une loi perpétuelle pour vos descendants, dans tous les lieux où vous habiterez : vous ne mangerez ni graisse ni sang.

      Cantique 1

      1 Cantique des cantiques, de Salomon.
      2 Qu'il me baise des baisers de sa bouche ! Car ton amour vaut mieux que le vin,
      3 Tes parfums ont une odeur suave ; Ton nom est un parfum qui se répand ; C'est pourquoi les jeunes filles t'aiment.
      4 Entraîne-moi après toi ! Nous courrons ! Le roi m'introduit dans ses appartements... Nous nous égaierons, nous nous réjouirons à cause de toi ; Nous célébrerons ton amour plus que le vin. C'est avec raison que l'on t'aime.
      5 Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem, Comme les tentes de Kédar, comme les pavillons de Salomon.
      6 Ne prenez pas garde à mon teint noir : C'est le soleil qui m'a brûlée. Les fils de ma mère se sont irrités contre moi, Ils m'ont faite gardienne des vignes. Ma vigne, à moi, je ne l'ai pas gardée.
      7 Dis-moi, ô toi que mon coeur aime, Où tu fais paître tes brebis, Où tu les fais reposer à midi ; Car pourquoi serais-je comme une égarée Près des troupeaux de tes compagnons ? -
      8 Si tu ne le sais pas, ô la plus belle des femmes, Sors sur les traces des brebis, Et fais paître tes chevreaux Près des demeures des bergers. -
      9 A ma jument qu'on attelle aux chars de Pharaon Je te compare, ô mon amie.
      10 Tes joues sont belles au milieu des colliers, Ton cou est beau au milieu des rangées de perles.
      11 Nous te ferons des colliers d'or, Avec des points d'argent. -
      12 Tandis que le roi est dans son entourage, Mon nard exhale son parfum.
      13 Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe, Qui repose entre mes seins.
      14 Mon bien-aimé est pour moi une grappe de troëne Des vignes d'En Guédi. -
      15 Que tu es belle, mon amie, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes. -
      16 Que tu es beau, mon bien-aimé, que tu es aimable ! Notre lit, c'est la verdure. -
      17 Les solives de nos maisons sont des cèdres, Nos lambris sont des cyprès. -

      Cantique 2

      1 Je suis un narcisse de Saron, Un lis des vallées. -
      2 Comme un lis au milieu des épines, Telle est mon amie parmi les jeunes filles. -
      3 Comme un pommier au milieu des arbres de la forêt, Tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes. J'ai désiré m'asseoir à son ombre, Et son fruit est doux à mon palais.
      4 Il m'a fait entrer dans la maison du vin ; Et la bannière qu'il déploie sur moi, c'est l'amour.
      5 Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins, Fortifiez-moi avec des pommes ; Car je suis malade d'amour.
      6 Que sa main gauche soit sous ma tête, Et que sa droite m'embrasse ! -
      7 Je vous en conjure, filles de Jérusalem, Par les gazelles et les biches des champs, Ne réveillez pas, ne réveillez pas l'amour, Avant qu'elle le veuille. -
      8 C'est la voix de mon bien-aimé ! Le voici, il vient, Sautant sur les montagnes, Bondissant sur les collines.
      9 Mon bien-aimé est semblable à la gazelle Ou au faon des biches. Le voici, il est derrière notre mur, Il regarde par la fenêtre, Il regarde par le treillis.
      10 Mon bien-aimé parle et me dit : Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens !
      11 Car voici, l'hiver est passé ; La pluie a cessé, elle s'en est allée.
      12 Les fleurs paraissent sur la terre, Le temps de chanter est arrivé, Et la voix de la tourterelle se fait entendre dans nos campagnes.
      13 Le figuier embaume ses fruits, Et les vignes en fleur exhalent leur parfum. Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens !
      14 Ma colombe, qui te tiens dans les fentes du rocher, Qui te caches dans les parois escarpées, Fais-moi voir ta figure, Fais-moi entendre ta voix ; Car ta voix est douce, et ta figure est agréable.
      15 Prenez-nous les renards, Les petits renards qui ravagent les vignes ; Car nos vignes sont en fleur.
      16 Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui ; Il fait paître son troupeau parmi les lis.
      17 Avant que le jour se rafraîchisse, Et que les ombres fuient, Reviens !... sois semblable, mon bien-aimé, A la gazelle ou au faon des biches, Sur les montagnes qui nous séparent.

      Cantique 3

      1 Sur ma couche, pendant les nuits, J'ai cherché celui que mon coeur aime ; Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé...
      2 Je me lèverai, et je ferai le tour de la ville, Dans les rues et sur les places ; Je chercherai celui que mon coeur aime... Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé.
      3 Les gardes qui font la ronde dans la ville m'ont rencontrée : Avez-vous vu celui que mon coeur aime ?
      4 A peine les avais-je passés, Que j'ai trouvé celui que mon coeur aime ; Je l'ai saisi, et je ne l'ai point lâché Jusqu'à ce que je l'aie amené dans la maison de ma mère, Dans la chambre de celle qui m'a conçue. -
      5 Je vous en conjure, filles de Jérusalem, Par les gazelles et les biches des champs, Ne réveillez pas, ne réveillez pas l'amour, Avant qu'elle le veuille. -
      6 Qui est celle qui monte du désert, Comme des colonnes de fumée, Au milieu des vapeurs de myrrhe et d'encens Et de tous les aromates des marchands ? -
      7 Voici la litière de Salomon, Et autour d'elle soixante vaillants hommes, Des plus vaillants d'Israël.
      8 Tous sont armés de l'épée, Sont exercés au combat ; Chacun porte l'épée sur sa hanche, En vue des alarmes nocturnes.
      9 Le roi Salomon s'est fait une litière De bois du Liban.
      10 Il en a fait les colonnes d'argent, Le dossier d'or, Le siège de pourpre ; Au milieu est une broderie, oeuvre d'amour Des filles de Jérusalem.
      11 Sortez, filles de Sion, regardez Le roi Salomon, Avec la couronne dont sa mère l'a couronné Le jour de ses fiançailles, Le jour de la joie de son coeur. -

      Cantique 4

      1 Que tu es belle, mon amie, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes, Derrière ton voile. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres, Suspendues aux flancs de la montagne de Galaad.
      2 Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues, Qui remontent de l'abreuvoir ; Toutes portent des jumeaux, Aucune d'elles n'est stérile.
      3 Tes lèvres sont comme un fil cramoisi, Et ta bouche est charmante ; Ta joue est comme une moitié de grenade, Derrière ton voile.
      4 Ton cou est comme la tour de David, Bâtie pour être un arsenal ; Mille boucliers y sont suspendus, Tous les boucliers des héros.
      5 Tes deux seins sont comme deux faons, Comme les jumeaux d'une gazelle, Qui paissent au milieu des lis.
      6 Avant que le jour se rafraîchisse, Et que les ombres fuient, J'irai à la montagne de la myrrhe Et à la colline de l'encens.
      7 Tu es toute belle, mon amie, Et il n'y a point en toi de défaut.
      8 Viens avec moi du Liban, ma fiancée, Viens avec moi du Liban ! Regarde du sommet de l'Amana, Du sommet du Senir et de l'Hermon, Des tanières des lions, Des montagnes des léopards.
      9 Tu me ravis le coeur, ma soeur, ma fiancée, Tu me ravis le coeur par l'un de tes regards, Par l'un des colliers de ton cou.
      10 Que de charmes dans ton amour, ma soeur, ma fiancée ! Comme ton amour vaut mieux que le vin, Et combien tes parfums sont plus suaves que tous les aromates !
      11 Tes lèvres distillent le miel, ma fiancée ; Il y a sous ta langue du miel et du lait, Et l'odeur de tes vêtements est comme l'odeur du Liban.
      12 Tu es un jardin fermé, ma soeur, ma fiancée, Une source fermée, une fontaine scellée.
      13 Tes jets forment un jardin, où sont des grenadiers, Avec les fruits les plus excellents, Les troënes avec le nard ;
      14 Le nard et le safran, le roseau aromatique et le cinnamome, Avec tous les arbres qui donnent l'encens ; La myrrhe et l'aloès, Avec tous les principaux aromates ;
      15 Une fontaine des jardins, Une source d'eaux vives, Des ruisseaux du Liban.
      16 Lève-toi, aquilon ! viens, autan ! Soufflez sur mon jardin, et que les parfums s'en exhalent ! -Que mon bien-aimé entre dans son jardin, Et qu'il mange de ses fruits excellents ! -

      Cantique 5

      1 J'entre dans mon jardin, ma soeur, ma fiancée ; Je cueille ma myrrhe avec mes aromates, Je mange mon rayon de miel avec mon miel, Je bois mon vin avec mon lait... -Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d'amour ! -
      2 J'étais endormie, mais mon coeur veillait... C'est la voix de mon bien-aimé, qui frappe : -Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, Ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est couverte de rosée, Mes boucles sont pleines des gouttes de la nuit. -
      3 J'ai ôté ma tunique ; comment la remettrais-je ? J'ai lavé mes pieds ; comment les salirais-je ?
      4 Mon bien-aimé a passé la main par la fenêtre, Et mes entrailles se sont émues pour lui.
      5 Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé ; Et de mes mains a dégoutté la myrrhe, De mes doigts, la myrrhe répandue Sur la poignée du verrou.
      6 J'ai ouvert à mon bien-aimé ; Mais mon bien-aimé s'en était allé, il avait disparu. J'étais hors de moi, quand il me parlait. Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé ; Je l'ai appelé, et il ne m'a point répondu.
      7 Les gardes qui font la ronde dans la ville m'ont rencontrée ; Ils m'ont frappée, ils m'ont blessée ; Ils m'ont enlevé mon voile, les gardes des murs.
      8 Je vous en conjure, filles de Jérusalem, Si vous trouvez mon bien-aimé, Que lui direz-vous ?... Que je suis malade d'amour. -
      9 Qu'a ton bien-aimé de plus qu'un autre, O la plus belle des femmes ? Qu'a ton bien-aimé de plus qu'un autre, Pour que tu nous conjures ainsi ? -
      10 Mon bien-aimé est blanc et vermeil ; Il se distingue entre dix mille.
      11 Sa tête est de l'or pur ; Ses boucles sont flottantes, Noires comme le corbeau.
      12 Ses yeux sont comme des colombes au bord des ruisseaux, Se baignant dans le lait, Reposant au sein de l'abondance.
      13 Ses joues sont comme un parterre d'aromates, Une couche de plantes odorantes ; Ses lèvres sont des lis, D'où découle la myrrhe.
      14 Ses mains sont des anneaux d'or, Garnis de chrysolithes ; Son corps est de l'ivoire poli, Couvert de saphirs ;
      15 Ses jambes sont des colonnes de marbre blanc, Posées sur des bases d'or pur. Son aspect est comme le Liban, Distingué comme les cèdres.
      16 Son palais n'est que douceur, Et toute sa personne est pleine de charme. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, Filles de Jérusalem ! -

      Cantique 6

      1 Où est allé ton bien-aimé, O la plus belle des femmes ? De quel côté ton bien-aimé s'est-il dirigé ? Nous le chercherons avec toi.
      2 Mon bien-aimé est descendu à son jardin, Au parterre d'aromates, Pour faire paître son troupeau dans les jardins, Et pour cueillir des lis.
      3 Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ; Il fait paître son troupeau parmi les lis. -
      4 Tu es belle, mon amie, comme Thirtsa, Agréable comme Jérusalem, Mais terrible comme des troupes sous leurs bannières.
      5 Détourne de moi tes yeux, car ils me troublent. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres, Suspendues aux flancs de Galaad.
      6 Tes dents sont comme un troupeau de brebis, Qui remontent de l'abreuvoir ; Toutes portent des jumeaux, Aucune d'elles n'est stérile.
      7 Ta joue est comme une moitié de grenade, Derrière ton voile...
      8 Il y a soixante reines, quatre-vingts concubines, Et des jeunes filles sans nombre.
      9 Une seule est ma colombe, ma parfaite ; Elle est l'unique de sa mère, La préférée de celle qui lui donna le jour. Les jeunes filles la voient, et la disent heureuse ; Les reines et les concubines aussi, et elles la louent. -
      10 Qui est celle qui apparaît comme l'aurore, Belle comme la lune, pure comme le soleil, Mais terrible comme des troupes sous leurs bannières ? -
      11 Je suis descendue au jardin des noyers, Pour voir la verdure de la vallée, Pour voir si la vigne pousse, Si les grenadiers fleurissent.
      12 Je ne sais, mais mon désir m'a rendue semblable Aux chars de mon noble peuple. -
      13 (7 : 1) Reviens, reviens, Sulamithe ! Reviens, reviens, afin que nous te regardions. -Qu'avez-vous à regarder la Sulamithe Comme une danse de deux choeurs ?

      Cantique 7

      1 (7 : 2) Que tes pieds sont beaux dans ta chaussure, fille de prince ! Les contours de ta hanche sont comme des colliers, Oeuvre des mains d'un artiste.
      2 (7 : 3) Ton sein est une coupe arrondie, Où le vin parfumé ne manque pas ; Ton corps est un tas de froment, Entouré de lis.
      3 (7 : 4) Tes deux seins sont comme deux faons, Comme les jumeaux d'une gazelle.
      4 (7 : 5) Ton cou est comme une tour d'ivoire ; Tes yeux sont comme les étangs de Hesbon, Près de la porte de Bath Rabbim ; Ton nez est comme la tour du Liban, Qui regarde du côté de Damas.
      5 (7 : 6) Ta tête est élevée comme le Carmel, Et les cheveux de ta tête sont comme la pourpre ; Un roi est enchaîné par des boucles !...
      6 (7 : 7) Que tu es belle, que tu es agréable, O mon amour, au milieu des délices !
      7 (7 : 8) Ta taille ressemble au palmier, Et tes seins à des grappes.
      8 (7 : 9) Je me dis : Je monterai sur le palmier, J'en saisirai les rameaux ! Que tes seins soient comme les grappes de la vigne, Le parfum de ton souffle comme celui des pommes,
      9 (7 : 10) Et ta bouche comme un vin excellent,... -Qui coule aisément pour mon bien-aimé, Et glisse sur les lèvres de ceux qui s'endorment !
      10 (7 : 11) Je suis à mon bien-aimé, Et ses désirs se portent vers moi.
      11 (7 : 12) Viens, mon bien-aimé, sortons dans les champs, Demeurons dans les villages !
      12 (7 : 13) Dès le matin nous irons aux vignes, Nous verrons si la vigne pousse, si la fleur s'ouvre, Si les grenadiers fleurissent. Là je te donnerai mon amour.
      13 (7 : 14) Les mandragores répandent leur parfum, Et nous avons à nos portes tous les meilleurs fruits, Nouveaux et anciens : Mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi.

      Cantique 8

      1 Oh ! Que n'es-tu mon frère, Allaité des mamelles de ma mère ! Je te rencontrerais dehors, je t'embrasserais, Et l'on ne me mépriserait pas.
      2 Je veux te conduire, t'amener à la maison de ma mère ; Tu me donneras tes instructions, Et je te ferai boire du vin parfumé, Du moût de mes grenades.
      3 Que sa main gauche soit sous ma tête, Et que sa droite m'embrasse ! -
      4 Je vous en conjure, filles de Jérusalem, Ne réveillez pas, ne réveillez pas l'amour, Avant qu'elle le veuille. -
      5 Qui est celle qui monte du désert, Appuyée sur son bien-aimé ? -Je t'ai réveillée sous le pommier ; Là ta mère t'a enfantée, C'est là qu'elle t'a enfantée, qu'elle t'a donné le jour. -
      6 Mets-moi comme un sceau sur ton coeur, Comme un sceau sur ton bras ; Car l'amour est fort comme la mort, La jalousie est inflexible comme le séjour des morts ; Ses ardeurs sont des ardeurs de feu, Une flamme de l'Éternel.
      7 Les grandes eaux ne peuvent éteindre l'amour, Et les fleuves ne le submergeraient pas ; Quand un homme offrirait tous les biens de sa maison contre l'amour, Il ne s'attirerait que le mépris.
      8 Nous avons une petite soeur, Qui n'a point encore de mamelles ; Que ferons-nous de notre soeur, Le jour où on la recherchera ?
      9 Si elle est un mur, Nous bâtirons sur elle des créneaux d'argent ; Si elle est une porte, Nous la fermerons avec une planche de cèdre. -
      10 Je suis un mur, Et mes seins sont comme des tours ; J'ai été à ses yeux comme celle qui trouve la paix.
      11 Salomon avait une vigne à Baal Hamon ; Il remit la vigne à des gardiens ; Chacun apportait pour son fruit mille sicles d'argent.
      12 Ma vigne, qui est à moi, je la garde. A toi, Salomon, les mille sicles, Et deux cents à ceux qui gardent le fruit ! -
      13 Habitante des jardins ! Des amis prêtent l'oreille à ta voix. Daigne me la faire entendre ! -
      14 Fuis, mon bien-aimé ! Sois semblable à la gazelle ou au faon des biches, Sur les montagnes des aromates !
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