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PROPHÈTE 6.

VI Les trois grands siècles de la prophétie.

Nous avons vu ce qu'était le milieu d'où le prophétisme est sorti et les deux mobiles de l'action des prophètes jéhovistes : la vocation et le patriotisme. Il nous faut maintenant examiner cette action elle-même dans le développement synthétique que nous présentent leurs écrits.

Avec les VIII e, VII e et VI e siècle av. J. -C, nous entrons dans une nouvelle période de l'activité des prophètes. Plus de massacres, plus de miracles. L'homme de Dieu se mêle sans doute encore à la vie politique de son peuple, mais c'est en exerçant sur lui une action purement morale et religieuse. Il parle et il écrit. Le rôle des prophètes comme écrivains a certainement été plus considérable qu'on ne le pense généralement. Déjà l'histoire sainte jéhoviste rédigée au IX e siècle appartenait au milieu des prophètes. La littérature deutéronomistique porte aussi le cachet de l'esprit prophétique. Le fait que les Chroniques nomment toute une série de prophètes comme ayant contribué aux annales d'Israël doit être pris aussi en considération. On ne prête qu'aux riches. L'important, pour ce qui nous concerne ici, c'est que le ministère des principaux hommes de l'Esprit a été consigné dans des ouvrages qu'ils écrivirent eux-mêmes, ou qu'ils firent rédiger par leurs disciples. Ce point est de grande conséquence pour nous, parce qu'il nous permet de prendre directement contact avec la pensée et l'action des chefs spirituels d'Israël. L'équivoque n'est plus possible, parce que nous ne sommes plus réduits à nous en remettre, pour eux, à la représentation d'historiens dont nous ignorerions les sources et la mentalité. Ces prophètes écrivains sont à eux-mêmes leurs témoins. Ce qui fait la valeur capitale de ces résumés de discours que l'on peut comparer pour leur composition aux sourates du Coran, c'est qu'ils sont l'héritage d'individualités comme le monde antique n'en connut ni dans l'Orient, ni en Grèce, ni à Rome, et qui se sont pressées dans l'espace de deux siècles, animées d'une même passion, éclairées d'un même esprit, se succédant les unes aux autres, apprenant les unes des autres et portant, par une évolution d'une rapidité foudroyante, la religion de l'élite d'Israël à une hauteur où elle atteignit à la clarté définitive de l'Évangile.

Par leurs ouvrages, écrits par eux ou par leurs disciples immédiats, nous pouvons savoir avec la plus grande précision ce qu'ils demandaient à leurs auditeurs, ce qu'ils supposaient connu des adorateurs de Jéhovah, quel fut le développement de leur théologie et comment ils se représentaient l'avenir religieux d'Israël.

On tient volontiers aujourd'hui pour démontré dans les milieux de la critique avancée que les prophètes des VIII e, VII° et VI e siècles--siècles classiques du prophétisme--furent les initiateurs du jéhovisme dans ses principes fondamentaux : moralisme, monothéisme, spiritualisme, universalisme. Cette conclusion répond admirablement aux prémisses de critiques qui conçoivent Jéhovah comme une divinité naturiste et qui pensent pouvoir expliquer l'histoire la moins naturelle du monde, celle d'Israël, avec les seules ressources ordinaires de l'évolution humaine. Mais la question est de savoir si cette conclusion correspond à l'attitude des prophètes qui nous ont laissé des écrits et dont nous avons, d'après ces écrits, à caractériser l'initiative.

1.

L'ACCUSATION.

Les quatre grands prophètes du VIII° siècle, Amos, Osée, Ésaïe et Michée, entrent en scène de la même façon. Ils se présentent, non en révélateurs, mais en accusateurs. Leurs discours sont des réquisitoires. Que reprochaient-ils à Israël ? D'avoir violé la justice. La justice ! On en parlait quelquefois dans les sociétés primitives, mais on ne l'apercevait que partiellement ; elle y était facultative et dépendait, dans le principe, du bon plaisir des rois. Plus tard, en Grèce et à Rome, on disserta sur la justice, on dit à son sujet des choses admirables. Mais tout cela était théorique et présenté parfois comme un idéal irréalisable ; le philosophe qui l'exaltait n'exigeait pas qu'elle fût accomplie au prix de n'importe quel sacrifice. Il y avait toujours des accommodements. Quand l'intérêt de la patrie était en jeu, son salut ou sa grandeur, c'était l'injustice que l'on glorifiait. Les Stoïciens eux-mêmes, qui proclamaient la fraternité de tous les hommes et voulaient que le Sage fût citoyen du monde, n'ont jamais, pas même lorsqu'ils tenaient le sceptre avec Marc-Aurèle, essayé d'établir une justice unique pour l'esclave et pour l'homme libre, pour le barbare et pour le civis romanus. Et voici que, soudain, dans les milieux gréco-romains, une société nouvelle parut, qui étonna le monde parce qu'elle avait pour loi la justice impérieuse, la même justice pour tous (Mt 23:8,12, Lu 22:25, Col 3:11), la justice du sermon sur la montagne (Mt 5-7). « Que s'est-il donc passé ? », écrit à ce sujet H. Bergson (Les deux sources de la Morale et de la Religion, p. 75). « Comment la justice a-t-elle émergé de la vie sociale à laquelle elle était vaguement intérieure, pour planer au-dessus d'elle et plus haut que tout, catégorique et transcendante ? Rappelons-nous le ton et l'accent des prophètes d'Israël. C'est leur voix même que nous entendons quand une grande injustice a été commise ou admise. Du fond des siècles, ils élèvent leur protestation. »

Amos : De Sion, Jéhovah rugit... Ainsi parle Jéhovah :

A cause de trois crimes de Juda, même de quatre, Je ne révoque pas mon arrêt... J'enverrai le feu dans Juda... A cause de trois crimes d'Israël, même de quatre, Je ne révoque pas mon arrêt... Voici, je vous écraserai, Comme écrase un chariot rempli de gerbes. (Am 1:2 2:4,5,6,13)

Osée : Écoutez Jéhovah, enfants d'Israël, Car Jéhovah a un procès Avec les habitants du pays... Puisque tu as oublié la loi de ton Dieu, Je te rejetterai (Os 4:1-6).

Esaïe : Cieux, écoutez ; terre, prête l'oreille, Car Jéhovah parle : J'ai nourri, j'ai élevé des enfants. Mais ils se sont révoltés contre moi... Cessez de faire le mal... Puis, venez et plaidons, dit Jéhovah (Esa 1:2,16,18).

Michée :

Ecoutez ce que dit Jéhovah,

Lève-toi, plaidons devant les montagnes !

Écoutez, montagnes, le procès de Jéhovah,

Car Jéhovah a un procès avec son peuple...

Ses habitants profèrent le mensonge...

C'est pourquoi je te frapperai par la souffrance,

Je te ravagerai à cause de tes péchés (Mic 6:1,2,12,13).

Toute cause au tribunal, même dans la chétive justice humaine, suppose que l'inculpé connaît le plaignant et sait quelle est la violation de contrat individuel ou social qui lui vaut sa peine. Quand il s'agit du procès de Dieu mené par les personnalités morales dont les siècles rediront la grandeur unique dans l'ordre de la justice, on peut considérer que cette condition d'équité a été respectée.

2.

LE CONTRAT VIOLÉ.

Quel est donc le contrat qu'Israël a connu et transgressé ? l'alliance qu'il a violée ? (Os 6:7 8:1,12) Cette loi, Amos en parle explicitement (Am 2:4) dans une strophe que la critique avancée tient pour une interpolation parce qu'elle ne cadre pas avec sa conception religieuse du jéhovisme, mais que rien n'oblige à supprimer, que tout, au contraire, invite à maintenir, pour la bonne raison qu'il serait fort étrange qu'Amos le Judéen, qui vient de déclarer que Jéhovah rugit de Sion, passe sous silence les fautes de sa patrie, dépositaire de la Loi, et les menaces contre Jérusalem. Osée s'y réfère aussi (Os 4:1 6:6 8:1) dans son premier discours, où il met en avant une formule qu'il affectionne : la « connaissance de Jéhovah » ou, ailleurs, « connaître Jéhovah », formules qui, dans sa bouche, n'ont pas trait seulement à la science intellectuelle, mais en premier lieu à l'expérience religieuse, à la morale pratique (Os 4:1-6 5:4 6:3-6 8:2 13:4). Cette loi, qu'Israël connaît, serait-ce le décalogue de Ex 34 rapporté par l'écrivain jéhoviste--le seul dont la critique avancée admette l'existence avant le VIII e siècle ? Mais s'imagine-t-on que la révolution opérée par Moïse se serait contentée d'un tel fondement, d'une brève liste de prescriptions cultuelles, qui sont précisément ce que le mosaïsme a de plus commun avec les religions des autres peuples ? Y avait-il là de quoi surprendre, émouvoir, retourner le peuple d'Israël, et engager le combat moral où il va se débattre pendant des siècles, porteur de la religion du vrai Dieu ? Était-ce là ce qui pouvait lui donner la « connaissance de Jéhovah » et justifier les diatribes enflammées d'Amos et d'Osée ? Aussi bien, il suffit de relire attentivement ces deux prophètes pour se rendre compte qu'ils ne font aucune allusion à ce décalogue-là ; il ne les intéresse pas, étant précisément l'élément du culte jéhovique par lequel celui-ci voisine le plus dangereusement avec les cultes idolâtres : fêtes de moissons, sacrifices de bétail, offrande des prémices des récoltes, autant de formes d'adoration qui pouvaient indifféremment servir pour honorer Jéhovah ou les Baals primitifs de la terre cananéenne. Les pratiques extérieures et les formes rituelles ont déjà fait tant de mal à Israël, l'ont déjà si souvent induit à éluder les exigences véritables de la religion de Jéhovah, qu'Amos et Osée vont jusqu'à s'emporter contre elles :

Amos :

Je hais, je méprise vos fêtes,

Je ne puis sentir vos assemblées.

Quand vous me présentez des holocaustes et des offrandes,

Je n'y prends aucun plaisir. (Am 5:21,22, cf. Esa 1).

Osée : Ephraïm a multiplié ses autels pour pécher, Et ses autels l'ont fait tomber dans le péché. Que j'écrive pour lui toutes les ordonnances de ma loi, Elles sont regardées comme une chose étrangère. Ils immolent des victimes qu'ils m'offrent... Jéhovah n'y prend point de plaisir (Os 8:11,13).

Amos va jusqu'à dire que tout ce cérémonial ne faisait pas partie du mosaïsme authentique :

M'avez-vous fait des sacrifices et des offrandes Pendant les quarante ans du désert, Maison d'Israël ?

(Am 5:25, cf. Esa 1:11-15, Mic 6:8, Ps 50:7-15, Jer 7:22).

Quel est donc, pour Amos et Osée, le contrat dont la violation dans la suite des générations passées va entraîner maintenant le châtiment et la ruine d'Israël ? L'alliance morale. En même temps qu'il déclare vain et d'institution humaine le culte rituel, Amos s'écrie :

Que la droiture soit comme un courant d'eau

Et la justice comme un torrent intarissable ! (Am 5:24)

Et cette déclaration est le leit-motiv de toute sa prédication.

Il n'y a que parjure et mensonge,

Assassinat, vol, adultère ;

On use de violence... (Os 4:2)

Dans ce passage qui introduit le ministère d'Osée, chaque terme vise un des commandements moraux du Décalogue de Ex 20 et de De 5. S'il y a une thora (=loi) dont l'existence et la valeur fondamentale pour la religion de Jéhovah soient démontrées par les allusions des deux premiers prophètes écrivains, c'est à coup sûr cette thora du Sinaï dont on nous dit aujourd'hui qu'elle ne fut que l'écho affaibli de la voix des prophètes des VIII° et VII e siècles.

Osée, qui suit Amos, va plus profond que lui. Après avoir dénoncé comme lui l'immoralité d'Israël, sa transgression du Décalogue, comme motif de sa condamnation et source de sa ruine, il fouille dans l'âme de l'Israélite et découvre la raison profonde de cette infidélité : une transgression intime, le mépris d'un commandement sur lequel tous les autres commandements s'appuient et sans lequel tous perdent leur force et s'écroulent : le commandement de l'amour. Trahi par sa femme (Os 1-3), dont les débordements sont venus de ce qu'elle n'aimait plus son mari, Osée dénonce à la nation élue son infidélité initiale :

Mon peuple consulte son idole de bois,

Et son bâton lui donne des avis !

Car l'esprit de prostitution les égare,

Et ils se prostituent loin de leur Dieu...

Insensé, le peuple court à sa perte !

Que te ferai-je, Ephraïm ?

Que te ferai-je, Juda ?

Votre amour est comme le brouillard du matin,

Comme la rosée qui bientôt se dissipe !

Malheur à eux,

Parce qu'ils m'ont fui !

Ruine sur eux,

Parce qu'ils m'ont trahi ! (Os 4:12-14 6:4 7:13)

Comparant la nation infidèle à une épouse adultère, à une mère dénaturée, Jéhovah dit par la bouche d'Osée :

Je la châtierai pour les jours où elle encensait les Baals, où elle allait après ses amants et m'oubliait ! Je veux l'attirer et la conduire au désert et je parlerai à son coeur... Et elle chantera comme au temps de sa jeunesse (Os 2:13,15).

Quand donc, et par le moyen de qui, le contrat d'amour entre Jéhovah et la nation élue avait-il été conclu ? Osée le rappelle avec précision à ses contemporains : ce fut le jour où Jéhovah fit sortir Israël du pays d'Egypte, maison de servitude (Os 11:1 2:17 13:4, cf. De 5:6), et le confia à Moïse. Par un prophète, Jéhovah

Fit monter Israël hors d'Egypte ;

Et par un prophète, Israël fut gardé (Os 12:14).

Osée vient de rappeler que Jacob était berger (Os 12:13). Il transporte l'image sur Moïse, qu'il présente ici comme le berger envoyé par Jéhovah à Israël pour le protéger et le conduire au pâturage.

Une étude objective des discours d'Amos et d'Osée--nous n'appelons ici en cause que ces deux premiers porte-parole de Jéhovah au VIII° siècle, parce que, de leur temps, notre livre actuel du Deutéronome n'existait pas--amène irrésistiblement à la conclusion que non seulement le Décalogue d'Ex 20 et de De 5 existait déjà sous sa forme primitive, mais aussi que le commandement « Tu aimeras l'Éternel ton Dieu... » (De 6:5), donné plus tard par Jésus comme le principe de toute la législation jéhovique, faisait partie de la révélation mosaïque.

Un siècle avant Osée, Israël, en rupture de contrat, courait après ses amants les Baals, divinités cananéennes auxquelles il attribuait le pouvoir de féconder le sol et de donner des récoltes abondantes. Élie se dresse au nom de l'alliance violée et obtient de Jéhovah le pouvoir de faire un exemple : à la parole de l'homme de Dieu, la sécheresse s'étend sur le pays et le désole par la famine. A sa parole, la pluie tombe de nouveau et la terre est fécondée (1Ro 17 et 18). Terrible leçon et révélation inattendue pour les contemporains du prophète qui avaient bien cru jusque-là que Jéhovah était leur dieu national, le dieu de leurs guerres et de leurs victoires, mais qui n'avaient pas cessé d'attribuer aux Baals de Canaan, politiquement dépossédés par Jéhovah, le pouvoir de féconder le sol qui leur appartenait dès les temps antiques. Le triomphe d'Elie et le massacre des prophètes du Baal phénicien introduits en Israël par Jézabel ne suffisent pas à ramener la nation élue à la fidélité à Jéhovah. Elle continue, par son adultère, de marcher à sa perte. C'est là ce que le prophète Osée rappelle dans son discours inaugural. Parlant des générations qui l'entourent, il dit :

Leur mère s'est prostituée, déshonorée, car elle a dit : J'irai après mes amants, qui me donneront mon pain et mon eau, ma laine et mon lin, mon huile et mon breuvage. Elle n'a pas reconnu que c'était moi qui lui donnais le blé, le moût et l'huile ; et l'on a consacré au service de Baal l'argent et l'or que je lui prodiguais (Os 2:5,8).

Osée, en nous expliquant l'acte d'Elie, témoigne que déjà, pour le prophète du IX e siècle, la faute de la nation élue était d'avoir trahi l'amour conjugal qui la liait à Jéhovah, le Dieu du Sinaï, le Dieu jaloux de la jalousie qu'éprouve un époux à l'égard de celle qui lui a engagé sa foi. C'est aussi le contrat moral du Sinaï qui explique l'attitude intransigeante d'Élie vis-à-vis d'Achab à l'occasion de la vigne de Naboth. Les confiscations, les meurtres, les compromissions judiciaires étaient d'usage courant chez les potentats dans le milieu où vivait Israël. En tout autre pays, la menace d'un censeur comme Elie à l'égard d'un monarque heureux, puissant et énergique comme Achab, eût paru simplement un crime de lèse-majesté ; on l'eût puni de mort. Mais ici, nous n'avons ni un monarque, ni un censeur ordinaires. Le monarque est l'oint de Jéhovah, le censeur est le prophète de Jéhovah ; l'un et l'autre connaissent les exigences du contrat sinaïtique ; ils savent'que tout effort moral aidant la justice est à l'honneur du Dieu qui a choisi Israël pour peuple.

Comme Élie fait pressentir Michée de Jimla (1Ro 22:1,28) et Amos de Thékoa, dans sa notion de la justice, il continue la tradition de son prédécesseur Ahija de Silo, qui provoque le schisme pour venger l'honneur de Jéhovah trahi par Salomon (1Ro 11:29,33), et Ahija continue Nathan reprochant à David d'avoir fait mourir son serviteur Urie pour pouvoir posséder sa femme (2Sa 12). Partout ailleurs qu'en Israël, un enlèvement comme celui-là n'aurait soulevé aucune surprise. Quidquid délirant reges..., mais ici il y a le contrat du Sinaï, la foi jurée ; c'est tout le passé contractuel qui se lève en témoignage dans cette parole par laquelle Jéhovah caractérise l'acte de David : « Tu m'as méprisé » (2Sa 12:10). Le vieux récit nous fait assister à une scène qui en dit long au sujet de l'emprise morale que Jéhovah avait sur son peuple à cette époque : l'illustre monarque chargé de gloire et parvenu au faîte de la puissance s'humilie devant le prophète et s'abîme dans le plus profond des repentirs. Nous rejoignons ici le XI e siècle où nous avons rencontré Samuel le prophète qui disait : « L'obéissance vaut mieux que les sacrifices... Jéhovah regarde au coeur » (1Sa 15:22 16:7). Avant lui, un homme de Dieu s'était levé pour déclarer au prêtre Héli de Silo : « J'honore qui m'honore, et celui qui me méprise sera méprisé » (1Sa 2:30). Le prophète, homme de réaction contre la religion relâchée où le culte n'exprime plus le contrat moral avec Jéhovah, apparaît ici pour la première fois (1Sa 2:22,25), aux derniers jours du temps des Juges.

Du temps des Juges, qui dura de 100 à 130 ans, nous ne savons que peu de chose, sinon que « la parole de Jéhovah était rare » (1Sa 3:1). Les événements qui se déroulent à cette époque montrent assez que ce fut un temps d'anarchie qui ne justifia que trop les appréhensions du vieillard Josué (Jos 24). La critique avancée ne fait pas une bonne presse à Josué et à ses conquêtes. Il est certain que la comparaison du livre de Josué (voir Josué) avec les premiers chapitres du livre suivant commande les plus grandes réserves sur la façon dont certains des documents qui le composent présentent l'établissement des Israélites dans la Terre Promise. Mais ce livre renferme des pages qui proviennent des plus vieilles annales hébraïques. Celles-là, du moins, devraient épargner à Josué le soupçon qu'il n'a peut-être jamais existé. De ces traditions anciennes rapportées par l'Écrit prophétique JE, et qui ne sont antérieures aux auteurs de JE que de deux siècles et demi à trois siècles, nous ne retiendrons ici que le renouvellement de l'alliance à Sichem. Josué, que JE nous présente comme le lieutenant de Moïse, le jeune homme qui, attaché au service de la Tente des rendez-vous de Jéhovah, vécut avec son maître les grandes heures du jéhovisme pendant le séjour au désert, a eu la lourde charge de succéder à Moïse. Il a entrepris l'installation des premières tribus sur la terre de Canaan, terre de vieille civilisation, toute pervertie par le culte sensuel de ses Baals. Au désert, il s'était rendu compte des exigences morales de Jéhovah et du terrible jugement que celui-ci exerçait contre les Israélites infidèles. En Canaan, il mesure les tentations que son peuple encore tout débandé va rencontrer sur une terre riche et peuplée de divinités naturistes. Il sait que les Israélites qui n'ont connu Jéhovah qu'au désert--et que Jéhovah ramènera au désert s'ils le trahissent et s'ils ont besoin de se retrouver face à face avec lui loin de toute séduction de prospérité pour rétablir avec lui l'alliance primitive (cf. Os 2:16 12:10 13:4) --vont avoir comme instructeurs, dans la culture du sol et dans le commerce, des populations qui leur transmettront les usages séculaires de leur agriculture, tous rattachés à l'adoration des Baals régionaux ou locaux, dont la protection immémoriale assure la fécondité du sol. Il prévoit que les Hébreux seront amenés immanquablement à faire deux parts dans leur culte, à unir deux religions : celle du Jéhovah national, le Dieu des armées victorieuses, et celle des Baals cananéens, pourvoyeurs des biens de la campagne. Cette dualité serait leur perte, car Jéhovah est un « Dieu jaloux » qui a dit : « Tu n'auras point d'autres dieux devant ma face. » Avant de déposer le pouvoir qu'il tient de Jéhovah, Josué veut placer Israël en présence de la situation tragique où les circonstances le mettent, et il convoque une grande assemblée à Sichem. Là, sous l'arbre rendu sacré par les autels d'Abraham et de Jacob (Ge 12:6 35:4, cf. De 11:26-32 27:1-14), il demande aux tribus d'Israël si elles se sentent la force et si elles ont le vouloir de confirmer le contrat du Sinaï et de maintenir pour leur seul Dieu : Jéhovah. L'importance de cette scène et de l'alternative qu'elle comporte n'a pas été assez aperçue. Quels que soient les remaniements deutéronomiques que l'on veut voir dans ce récit, on n'en saurait supprimer la question : Quel Dieu voulez-vous servir ? Cette question fait du jéhovisme un drame de liberté. Instruit par les premières épreuves de son commerce avec Jéhovah, Israël, à Sichem, renouvelle volontairement son alliance avec lui. Il s'offre librement à son Dieu qui fera sur lui l'expérience humaine de la régénération. Il n'a pas été pris en traître ; conscient de ce que coûte la désobéissance aux ordres de Jéhovah, il s'avance avec une confiance tenace vers les grands coups que le « divin sculpteur de l'âme » devra donner pour ciseler dans l'humanité de la chute une image à la ressemblance de Dieu. Il bronchera, il tombera, mais l'oeuvre s'accomplira. Par une série d'éliminations successives se dégagera peu à peu de la masse charnelle l'homme spirituel, l'Homme-Dieu. Cette nouvelle création a pour point de départ le contrat du Sinaï ratifié à Sichem, et pour ouvriers les prophètes. Sans ce contrat, Israël n'eût eu aucune raison de connaître un autre destin que celui des peuples de sa race, Édom ou Moab. Sans ce contrat, la réaction des voyants jéhovistes, de Samuel à Amos, ne se comprendrait pas. Si les premiers prophètes du VIII° siècle n'avaient pu s'en référer à lui, justifier par lui la sévérité de leur verdict, ce verdict, au lieu d'être drastique pour l'élite du peuple, n'eût pas manifesté plus d'équité que tant de verdicts où la justice humaine demande du coupable plus qu'elle ne serait en droit d'exiger de lui. Et les fervents jéhovistes groupés autour des prophètes, au lieu de considérer les malheurs de leur race comme le salutaire châtiment du Père céleste, n'auraient vu dans leur nation ruinée et déportée qu'une victime de l'arbitraire divin, semblable à celles dont Homère dans l'Iliade nous fournit d'abondants exemples. Le jéhovisme rédempteur inauguré par Amos et Osée eût été écrasé dans l'oeuf.

3.

LE DIEU OFFENSÉ.

(a) LES ORIGINES DE SON CULTE. Les prophètes ne se contentent pas de nommer Jéhovah comme la divinité offensée par la violation du contrat. Ils tiennent dans leurs discours pour un fait établi, une réalité hors de discussion, que Jéhovah avait le droit moral de punir Israël à cause de la violation du contrat. D'où lui venait ce droit ? Les plus vieux documents de la Bible nous l'expliquent en mettant en avant deux noms : Abraham et Moïse. Dans le premier cas, il s'agit d'un homme qui a dû quitter sa patrie et ses divinités patronales. Nous pouvons nous le représenter démoralisé, désorienté, mais de personnalité assez puissante et assez haute pour ne pas prendre son parti de sa destinée, et capable, si une voie s'ouvre devant lui, d'y entrer résolument et de refaire sa vie. Dieu l'appelle, se propose à sa foi sous la forme de l'élohim protecteur qui l'accompagnera et le bénira s'il se fie à lui avec intégrité. Abraham entreprend la marche par la foi ; les bénédictions de son élohim l'affermissent dans la certitude que son Dieu est puissant et bon. Il forme sa famille dans l'adoration du dieu puissant, El-Chaddaï. Par la grâce d'El-Chaddaï, la tribu des Abrahamides est sauvée de la famine et séjourne en Egypte dans une terre favorable.

Au bout de quelques siècles, Israël est de nouveau menacé de disparaître, non par la famine, mais par le massacre systématique ordonné par un pharaon. Et voici Moïse sauvé des eaux, élevé à la cour, compromis par son patriotisme, forcé de chercher son salut dans l'exil. Le voilà, comme Abraham, jeté hors de sa voie et méditant dans le désert madianite sur l'énigme de sa destinée. Il a du génie--la suite le prouvera--, il a des connaissances et un courage qui désignent en lui un chef. El-Chaddaï l'appelle et se révèle à lui comme le Dieu vivant--Jéhovah--capable de libérer ses tribus esclaves et d'en faire une grande nation si elles acceptent de marcher par la foi dans le désert et de constituer à sa voix un peuple de franche volonté. Moïse recule d'abord devant la tâche, puis accepte. Il eût pu dire alors comme plus tard Jérémie : « Jéhovah, tu m'as saisi, tu m'as vaincu ! » Le peuple est subjugué par l'ascendant du chef qui lui parle au nom du dieu des pères ; il tressaille à l'espoir que les promesses faites à Abraham vont enfin s'accomplir ; la délivrance au passage de la mer Rouge achève de le mettre dans les dispositions voulues pour accepter le contrat du Sinaï. Quand Jéhovah donne à Moïse les ordres qui devaient moraliser son peuple, et par ce peuple l'humanité, il a acquis par des grâces accordées de génération en génération le droit moral de commander à des hommes libres. Au Sinaï, la religion du vrai Dieu s'impose à la conscience humaine et entre dans l'histoire.

La façon dont le plus vieux document biblique raconte les origines du culte de Jéhovah présente des caractères qui le recommandent à toute notre attention, (1) Le témoignage primitif qu'il apporte est confirmé par tous les récits, par ailleurs fort divers, de l'histoire hébraïque. Les écrivains deuté-ronomistes, qui développent les anciens textes et leur donnent un caractère parénétique, les écrivains sacerdotaux, dont les conceptions sur d'autres points diffèrent absolument de la conception de JE, sont unanimes pour déclarer que la religion d'Israël a eu comme initiateurs deux hommes appelés de Dieu : Abraham l'ancêtre, Moïse le législateur. (2) Le mouvement religieux qui, dans ces deux étapes, a inauguré la reprise des rapports de Dieu avec l'homme, s'est produit, d'après le récit de JE, dans des conditions psychologiques auxquelles, certes, nos écrivains antiques étaient loin de songer, mais qui se trouvent être précisément les conditions par lesquelles, d'après la pensée chrétienne de notre temps, s'est constamment développé à travers les siècles le progrès spirituel de la société des croyants. A l'origine de tous les réveils de la pensée ou de l'action : un homme, une personnalité donnant l'impulsion, non de son initiative, mais parce que, de son propre aveu, Dieu l'a arrêtée sur le chemin, illuminée, convertie et contrainte de tout quitter pour entrer par la foi dans une voie nouvelle et délivrer à son entourage un message nouveau. « Dieu ne se révèle pas par des choses, par des objets sacrés, mais par des hommes, par des âmes consacrées » (Wilf. Monod). Tous ceux qui firent, en quelque temps que ce soit et à un degré quelconque, l'expérience divine, font partie de cette chaîne vivante des porte-flambeaux de Dieu. Ils sont légion et conduisent l'évolution spirituelle du monde. Parmi eux, Vinet, Wesley, Calvin, Luther, François d'Assise, Augustin, Paul, Jérémie, Moïse et, tout au fond, tel un sommet trop éloigné pour que les regards puissent en discerner les contours, mais dont une lueur montre la cime : Abraham, le père des croyants. Que les auteurs de nos premiers récits bibliques, au lieu de placer la théophanie originelle dans des circonstances extérieures, prodiges physiques frappant les foules et les courbant dans l'adoration, l'aient énoncée comme un drame intérieur dans une conscience d'homme, un acte d'obéissance, voilà qui montre qu'ils avaient bien vu et qui leur donne du crédit. Cent ans au moins avant la grande époque du prophétisme, dans le milieu cananéen où le paganisme étalait ce qu'il a de plus grossier et de plus sensuel, n'ayant à l'horizon que les cultes des grands empires qui imposaient par leurs temples, leurs statues, leur sacerdoce et leurs devins, les écrivains de JE savaient que la religion jéhoviste n'avait pas pris sa source dans les superstitions naturistes ni dans les opérations magiques, mais qu'elle avait été une initiative de Dieu et qu'elle avait pris conscience d'elle-même dans les rapports moraux de la personne divine avec la personne humaine ; rapports où se forma dans l'humanité de la Chute un premier germe de vie spirituelle. Quel qu'ait été le caractère rudimentaire des connaissances de ces Hébreux qui fixèrent la tradition primitive de leur peuple, et quelque naïves que puissent nous paraître leurs conceptions, les constatations que nous venons de faire suffisent pour interdire qu'on les confonde avec la foule des chroniqueurs antiques. Par leur orientation, ils appartiennent à une autre humanité : l'humanité qui a intégré la révélation dans l'histoire.

La science moderne, avec son merveilleux apport de connaissances nouvelles d'ordre archéologique, ethnique et géographique, ne pouvait pas ne pas exercer une influence profonde sur l'étude de l'Ancien Testament. Elle a pensé pouvoir expliquer par ses découvertes, non seulement l'histoire politique d'Israël, mais aussi son histoire religieuse. Toute une école de critiques s'est constituée, dont le propos est de situer « la Bible elle-même » sur le plan de l'histoire universelle (S.A. Cook).

A bien des égards, nous n'avons qu'à nous louer de son effort. La résurrection des anciens peuples du moyen Orient nous a appris à mieux connaître le milieu de la Bible, à mieux apprécier la valeur documentaire de l'Ancien Testament. L'étude des cultes primitifs, magiques ou naturistes, des religions sumérienne, babylonienne, assyrienne, égyptienne, égéenne, hittite et autres nous a donné une compréhension plus grande de ce que durent être les croyances pré-mosaïques des Hébreux, ainsi que de ce que la religion d'Israël avait en commun avec celles des nations voisines. Nous avons pu ainsi nous rendre mieux compte de ce qui appartenait en propre à son génie ou à la révélation. Les connaissances que l'on a acquises sur Canaan et sur le conflit qui s'y est rencontré entre la vie nomade et la vie sédentaire ont jeté beaucoup de lumière sur les moeurs d'Israël et les contrastes de son histoire qui s'expriment, d'une part dans le formalisme du temple et le luxe des rois, d'autre part dans les revendications des prophètes, les coutumes des naziréens et des récabites. Où la question se complique, c'est quand la nouvelle école critique veut nous expliquer l'origine du jéhovisme. Très impressionnée par le caractère ethnique de certains récits de l'époque patriarcale, elle estime que l'ensemble de ces récits est avant tout d'ordre explicatif (récits composés pour expliquer le nom des lieux, l'état présent du peuple, ses rapports avec ses voisins), en sorte que les personnages qu'ils mettent en scène n'ont qu'une attache très vague avec l'histoire. Il n'est pas impossible, nous dit-on, qu'Abraham ait existé... Dans ces conditions nul n'est autorisé à faire fond sur des récits racontant la vocation d'Abraham, le sacrifice d'Isaac, les promesses aux patriarches ; et quand Jéhovah se proposera à l'adoration des Israélites, il n'aura aucune qualité pour s'intituler le dieu de leurs pères.

Pour la période de Moïse, la théorie des récits explicatifs joue également un grand rôle. C'est ainsi que des épisodes comme la circoncision (Ex 4:24,26), la Pâque (Ex 12), la constitution des anciens (Ex 18) et peut-être le buisson ardent (Ex 3:1,6), les plaies d'Egypte (Ex 7-11 12:29,34), les promesses relatives à Canaan, l'intention de Moïse d'introduire son peuple dans une terre promise, passent de l'ordre des faits historiques dans celui des explications populaires ou sacerdotales destinées à légitimer des institutions postérieures ou des phénomènes observés dans la nature. D'autres épisodes, comme celui de Moïse sauvé des eaux, relèvent du folklore. 11 ne s'ensuit pas nécessairement que Moïse soit un être fictif, mais nous n'avons guère que sa légende. En tout cas, si les tribus israélites arrivèrent à se fixer en Canaan, ce n'est pas parce que Canaan était la terre que Jéhovah lui avait promise, mais simplement en vertu de la loi qui pousse les nomades à s'emparer des terres fécondes et cultivées. Israël arrive en Canaan comme avaient fait avant lui les Édomites et comme feront après lui les Araméens (cf. Ad. Lods, Israël, t. I, p. 205).

Une fois que le cadre historique donné par la Bible aux origines du jéhovisme a été ainsi supprimé, il reste un problème capital à résoudre : comment le Jéhovah des prophètes est-il entré dans la vie des Hébreux ? Car on ne saurait nier que, du temps de Débora, dont le cantique marque une date (Jug 5), Jéhovah est le Dieu d'Israël, l'élohim puissant qui conduit les guerres de son peuple et qui brise quiconque s'oppose aux destinées glorieuses de ses adorateurs. « Jéhovah et Israël sont indissolublement unis comme âme et corps » (Wellhausen). D'où vient Jéhovah ? Après Tiele et Stade, Budde en 1900, Valeton dans le Manuel de Chantepie de la Saussaye (traduction franc. 1904), plusieurs champions de la critique moderne ont proposé de voir dans Jéhovah le dieu des Kéniens nomades qui habitaient la presqu'île du Sinaï et avec qui Moïse s'allia par mariage.

Au dire de la tradition, Moïse séjourne parmi les tribus madianites avant d'entreprendre son oeuvre libératrice. Il devient le gendre d'un « prêtre de Madian », Hobab le Kénien, d'après J (Jug 4:11) ; ce beau-père, qui d'après une autre tradition (E) s'appelle Jéthro (Ex 3:1), vient visiter Moïse après la sortie d'Egypte et offrir à Jéhovah un sacrifice suivi d'un repas auquel prennent part Moïse, Aaron et les notables du peuple (Ex 18). Puis il conseille à Moïse de se faire aider dans sa tâche en mettant des anciens à la tête du peuple (Ex 18:14,26). Après quoi, Hobab (J), sur les instances de son gendre, accepte de prendre la tête de la colonne et de diriger la marche des tribus fugitives à travers le désert qu'il connaît bien (No 10:29,33). De ce fait, la tribu kénienne de Hobab accompagne Israël et partage son destin lors de la prise de Canaan (Jug 1:16,4:11-17 5:24,27) Les Hébreux gardèrent aux Kéniens une reconnaissance qui se manifesta lorsque Saül détruisit les Amalécites (1Sa 15:5 et suivant). S'il faut en croire le texte, très postérieur et du reste altéré : 1Ch 2:55, la famille de Récab, à laquelle appartenait le fameux Jonadab qui s'associa à l'équipée sanglante de Jéhu (2Ro 10:15, cf. Jer 35), était de la tribu des Kéniens. Voilà tout ce que nous savons sur une peuplade à qui tout à coup se trouve attribué un rôle de premier plan dans l'histoire de la religion biblique.

On peut s'étonner d'abord de voir les textes de JE relatifs aux Kéniens investis d'une valeur documentaire refusée à l'ensemble des témoignages qui, dans les mêmes sources, nous rapportent les traditions sur Moïse ; traditions que le reste de la Bible confirme, tandis qu'il n'est nulle part question, dans les prophètes ni ailleurs, d'une origine kénienne du jéhovisme. Ce jéhovisme kénien n'est du reste pas non plus dans les textes qui nous parlent des Kéniens. On l'infère du fait que Jéhovah aurait été le dieu du Sinaï, le dieu de la montagne près de laquelle, comme d'autres tribus, les Kéniens faisaient paître leurs troupeaux. Que Jéhovah se soit manifesté sur le mont Sinaï, c'est certain ; mais il ne faut pas oublier que les traditions, unanimes pour situer cette théophanie au Sinaï, sont unanimes aussi pour déclarer que Jéhovah n'était autre que l'Elohim des pères, le Dieu d'Abraham. Or, Dieu était apparu à Abraham dans la plaine de la Mésopotamie. Quant au sacrifice que Jéthro est censé avoir offert à Jéhovah, le texte hébreu dit simplement « il prit » et non « il offrit » ; peut-être devons-nous considérer que Jéthro se contenta de s'associer à un sacrifice. Que prouverait, d'ailleurs, relativement à sa religion personnelle, le fait qu'étant venu au bruit des merveilles accomplies par le dieu d'Israël, Jéthro ait offert en reconnaissance un sacrifice à ce dieu bienfaiteur, le dieu de la famille de son gendre ? Des actes de déférence de cet ordre ne sont-ils pas dans l'usage courant des religions de l'époque ? L'exclusivisme du dieu jaloux, tel que l'ont compris Moïse et les prophètes, n'avait aucune prise sur les adorateurs des Baals et autres dieux naturistes. Constatons encore que, dans le récit où il est question du sacrifice, il est dit explicitement que Jéthro était venu pour voir ce que Jéhovah avait fait en faveur de Moïse et d'Israël son peuple. Pour Jéthro, dans le texte, Jéhovah est le dieu d'Israël, et nullement celui des Kéniens. Et cette vérité nous paraît ressortir avec évidence du fait que, lorsque Moïse presse son beau-père de lui servir de guide à travers le désert, il emploie comme argument le fait que Hobab deviendra ainsi le bénéficiaire des faveurs que Jéhovah accordera à son peuple, conformément à ses promesses. Si Jéhovah avait été le dieu de Hobab avant d'être celui de Moïse, si c'étaient les Kéniens qui avaient procuré Jéhovah à Israël, Moïse parlerait-il ainsi à son beau-père ? Dans la pensée de Hobab comme dans celle des gens de son époque, la vérité n'eût-elle pas été, au contraire, que plus il s'éloignerait du Sinaï, séjour de son dieu ancestral, et plus s'affaiblirait la protection de ce dieu ?

Enfin, si le trait de génie de Moïse a consisté à choisir pour Israël le dieu de son beau-père, reste à expliquer comment Israël s'est laissé faire. La loi du point d'appui joue en histoire comme en mécanique. Pour manier le levier qui devait lui permettre d'élever Israël à une religion plus haute, il fallait à Moïse le point d'appui d'une tradition ; avec les Kéniens, il n'y en avait aucune. L'histoire ne fournit pas d'exemple de peuple ayant de plein gré abandonné sa religion pour adopter une religion étrangère. Les partisans de l'origine kénienne de Jéhovah ont bien senti la force de cet argument ; aussi suggèrent-ils l'idée que Jéhovah pouvait être déjà, outre le dieu des Kéniens, celui de quelques tribus hébraïques. Mais ici, tout indice manque. Et ce n'est pas le fait qu'on peut retrouver dans des documents cunéiformes prémosaïques des noms renfermant au commencement ou à la fin la syllabe ya qui nous apportera la lumière ; car le verbe d'où le nom Jéhovah dérive peut être entré dans la composition d'une foule de vocables qui n'ont rien à faire avec la divinité des Hébreux. Ne nous assure-t-on pas aujourd'hui dans certains milieux d'assyriologues que ya, à la fin des noms, est une désinence d'origine mitannite ? Aussi ne sommes-nous pas surpris de lire, dans l'Histoire de la Civilisation d'Israël d'Alf. Bertholet : « L'hypothèse des Kénites, très souvent invoquée, ne me paraît admissible qu'en reconnaissant que Yahvé fut aussi le dieu des Kénites ; mais qu'il ait été à l'origine le dieu des Kénites seuls, soulève à mon avis de fortes objections » (p. 154, n. 3).

A la question : Quelle est l'origine de Jéhovah, le Dieu d'Israël ? la seule réponse appuyée par des textes demeure celle des historiens et des prophètes de l'Ancien Testament : Jéhovah est l'élohim d'Abraham, le Dieu des ancêtres d'Israël, qui s'est révélé à Moïse sous son nom : « Je suis » (Ex 3:14 et suivant), nom par lequel l'élohim d'Abraham donne à entendre que ce qui le distingue des autres élohim, c'est le fait qu'il existe. De là l'expression d'un vieux texte de Josué : « Jéhovah, le Dieu vivant, est au milieu de vous » (3:10), et l'exclamation de Gédéon : « Jéhovah est vivant ! » (Jug 8:19) formule qui se trouve vingt fois dans l'A.T. De là aussi l'expression : « Je suis vivant ! » (No 14:28), expression par laquelle Jéhovah en appelle au trait le plus distinctif et le plus décisif de sa nature ; de là enfin la déclaration explicite de Jérémie : « C'est Jéhovah qui est le vrai Elohim, le Dieu vivant, le Roi éternel » (Jer 10:10). Voir Yahvé.

Les circonstances de cette révélation du Sinaï ne peuvent être expliquées par le cours naturel de l'histoire, mais elles se justifient au point de vue historique et psychologique par le fait qu'en donnant à Jéhovah le double caractère de Dieu des pères et de Dieu vivant, elles fournissent la seule explication qui sauve la légalité du contrat sinaïtique et la moralité de la condamnation d'Israël prononcée au nom du Dieu offensé par les prophètes du VIII e siècle. Voir Exclusivisme.

(b) LES TYPES RELIGIEUX EN ISRAËL. Faut-il conclure de tout cela qu'à partir du premier des prophètes, Moïse, les Hébreux ont été une nation monothéiste ? Evidemment non. Aussi bien est-ce une façon simpliste de traiter l'histoire que de parler d'Israël en bloc et de dire : Israël était ceci ou était cela. Israël, comme toute société humaine, comme les Juifs du temps de Jésus, comme les chrétiens de notre temps, était constitué de groupes religieux aux types divers, types qu'il faut connaître si l'on veut se faire une idée exacte des circonstances dans lesquelles les prophètes du VIII e siècle ont été appelés à entreprendre leur croisade jéhoviste.

La masse d'Israël n'a su voir dans le Jéhovah du Sinaï que le protecteur de son exode et de la confédération de ses tribus. Elle a continué à le servir par les pratiques communes à tous les peuples qui l'entouraient. Jéhovah est pour elle un élohim de montagnes (c'était sur les montagnes que, d'après la cosmogonie antique, reposait la voûte du ciel) et, pour elle comme chez la plupart des Sémites occidentaux, (cf. De 12:2,3) les hauts-lieux sont les points de rencontre entre les adorateurs et le dieu qui dispose des phénomènes naturels pour détruire ou pour bénir : le tremblement de terre, les flammes dévorantes, les tonnerres, les ténèbres, la tempête (Ex 20, Jug 5 etc.). Par une alliance indissoluble et qui remonte à une antiquité immémoriale (Ge 15:18), Jéhovah est devenu le protecteur du peuple, celui qui mène ses batailles et qui disperse ses ennemis (Ex 15). Son arche est le palladium de la victoire (No 10:33). Pour collaborer à sa force, il faut affamer les autres élohim en les privant de sacrifices et, pour cela, détruire sans pitié leurs adorateurs : d'où le khérem, ou extermination par l'interdit. Son culte, comme celui des élohim voisins, sera champêtre et naturiste : autels, sacrifices, offrandes, libations, pierres plantées, éphod divinatoire, taureau d'or, achéras et bamoth (voir Colonne) ; il comportera même des sacrifices humains, qui étaient d'un usage courant chez les Cananéens, sacrifices de fondations ou sacrifices d'enfants, constatés par le Deutéronome et condamnés par lui (12:31, cf. Jug 11:31,1Ro 16:34, lire Ge 22). Les Israélites, d'une façon générale, croyaient fermement à l'existence des autres élohim, des Baals qui fécondent la terre et, plus souvent qu'on ne le croit, ils ont associé au culte de Jéhovah celui des autres nations. Salomon a élevé des sanctuaires à Moloch et à Kamos (1Ro 11:4-8). Astarté avait en Israël ses prêtres et ses courtisanes (1Ro 15:12, Am 2:7, Os 4:13,14). Sans cesser de tenir Jéhovah pour le Dieu officiel de leur peuple, la plupart des rois d'Israël ont adopté, à côté de lui, les divinités orientales dont ils recherchaient les faveurs. Puis il y avait le culte domestique, où l'ancien animisme se maintenait avec ses rites et ses théraphim. Les institutions de Moïse et les châtiments de Jéhovah ne parvinrent pas à purger l'ensemble d'Israël de toute cette idolâtrie. Il suffit pour s'en rendre compte de voir ce que comportèrent la réforme d'Ézéchias et celle de Josias, tout à la fin de l'histoire du royaume de Juda (2Ro 23). Même parmi les Israélites qui pratiquaient fidèlement la monolâtrie et ne servaient que Jéhovah seul, la notion du Dieu national était au point de vue moral bien rudimentaire et dénuée de toute spiritualité. Ils croyaient, certes, que Jéhovah était le plus puissant des dieux, mais sa sainteté ne leur apparaissait guère que sous l'angle de la terreur, car le pouvoir de Jéhovah était tout environné de mystère. La présence de l'arche, qu'ils considéraient comme la demeure de Jéhovah, les remplissait d'effroi (1Sa 6:20). Envisagé sous l'angle national, Jéhovah est un Dieu qui protège per fas et nefas, sans trop se soucier de la morale. Leurs historiens trouvent naturel que la faveur de Jéhovah soit accordée aux patriarches, même menteurs (Ge 12:10-20 20:1,18), et qu'il ait incité les Israélites à voler leurs voisins en Egypte au moment de l'exode (Ex 3:21-22). Pour eux, tout est dû et tout est permis au peuple élu. Tout est dû et tout est permis aussi à Jéhovah, qui n'a de compte à rendre à personne. Il punit les enfants pour les fautes des pères (No 16:32,2Sa 12:13 et suivant), frappe le peuple pour la transgression de son roi (2Sa 24). Comme les autres élohim, que les sacrifices restaurent, Jéhovah est favorablement impressionné et subitement apaisé par l'odeur des holocaustes (Ge 8:20 et suivant). Il a des sympathies et il met en disgrâce, sans que l'homme puisse reconnaître à ses manières d'être un motif moral. Il agit selon son bon plaisir (Ex 33:19) et les hommes n'ont pas d'autre jugement à porter sur ses actes que les compagnons de Jonas lorsqu'ils jetèrent celui-ci à la mer : « Ne nous charge pas du sang innocent, car toi, Jéhovah, tu fais ce que tu veux ! » (Jon 1:14). Ceux-ci avaient l'impression de commettre une mauvaise action pour gagner la faveur de Jéhovah. Tel annaliste hébreu n'hésite pas à aller plus loin et à attribuer à Jéhovah des actes moralement répréhensibles : une initiative où, plus tard, on reconnaîtra l'esprit de Satan, est attribuée à Jéhovah. (cf. 2Sa 24:1,1Ch 21:1) Quand Jéhovah veut perdre quelqu'un, il l'incite au péché (Jug 9:23, Ex 10:20 11:9,1Sa 2:25,1Ro 12:15,2Ro 24:19-20). Il dispose de l'esprit du mensonge comme de l'esprit de vérité (1Ro 22:19-23). « Avec les purs, dit David dans 2Sa 22:27, tu te montres pur, mais avec les fourbes, tu te montres fourbe » (trad. litt.). Cette notion du divin pédagogue auquel est attribué tout le mal et tout le bien qui se produisent dans le cours de l'éducation d'Israël ne manque pas de grandeur, mais elle est ruineuse pour la moralité. Associée au patriotisme du monolâtre farouche, elle lui représente que tout ce qui vit existe pour Jéhovah, et que la gloire de Jéhovah et la destinée d'Israël sont liées pour toujours ; en sorte qu'aucune catastrophe, ni politique ni morale, ne pourra entraîner la ruine d'Israël. Telle était la doctrine de l'ensemble du sacerdoce. L'arbitraire divin n'était pas rassurant pour l'Israélite ; il lui rappelait trop l'humeur ombrageuse des monarques ; aussi ne devait-il rien négliger pour connaître par des oracles les célestes décrets, pour s'assurer par des présents la faveur divine et pour effacer par des actes expiatoires l'impression fâcheuse que tel ou tel manquement, même involontaire, pouvait avoir faite sur Jéhovah. De là l'influence grandissante du clergé, intermédiaire entre Dieu et l'homme, de là le développement incessant des rites du temple et du cérémonial des sacrifices. D'autre part, cette notion du dieu national qui n'a pas de comptes à rendre à la morale et qui a lié sa grandeur à la prospérité de son peuple, faisait aussi la fortune des faux prophètes, toujours prêts à affirmer à la cour des rois que Jéhovah donnerait son appui aux desseins du monarque, assurerait la victoire de ses armes et tirerait bientôt vengeance des ennemis d'Israël en les vouant aux pires catastrophes. Entretenus dans leur orgueil et leurs illusions par leurs prêtres et leurs prophètes courtisans, ces monolâtres jéhovistes avaient, eux, des prétentions religieuses, des ambitions politiques ; ils se savaient, se voulaient le peuple de Jéhovah ; grisés par leur histoire, ils se considéraient comme les clients du plus puissant patron divin. Impatientés par la lenteur que mettait Jéhovah à confondre les nations hostiles, ils donnaient au jour qui devait exaucer leurs rancunes nationales et consommer leur félicité le nom caractéristique de « jour de Jéhovah » (voir Jour de l'Éternel).

A côté de ces monolâtres, jéhovistes de seconde zone, et en opposition avec eux, nous trouvons dès l'origine les hommes de Dieu, ceux qui sont en Israël comme le levain dans la pâte et qui peu à peu l'acheminent vers la théologie morale et spirituelle des grands siècles du prophétisme. Ceux-ci représentent, dès Moïse, le monothéisme. Jéhovah est le Dieu qui existe (Ex 3:14). Les autres, de ce chef, ne sauraient lui être associés (De 5:7) ; point de place non plus dans le culte pour les images taillées (De 5:8 ; cf. les passages relatifs au « péché de Jéroboam », 1Ro 12:25,33 15:34 16:2,2Ro 3:3, etc.), car Jéhovah est invisible (Ex 33:18,23) et ne se manifeste que dans sa personnalité morale. Il s'affirme en proclamant le bien (De 5:16,21). Si Israël veut entrer dans l'alliance de Jéhovah, il faut qu'il engage sa conscience par un contrat, une berîth. S'il observe la thora (De 5:6,21 6:1,9), il vivra et prospérera sans avoir à craindre personne, car Jéhovah est le Dieu vivant. Mais, s'il transgresse la thora, s'il fait le mal, il souffrira et il mourra. A aucun moment et sous aucun prétexte, la désobéissance et la prospérité ne peuvent marcher ensemble. Cette doctrine que l'on trouve explicitement enseignée dans la partie du Deutéronome où sont commentés les derniers discours de Moïse (cf. surtout De 30:15-20) se retrouve en général dans les plus vieilles traditions du temps mosaïque, lorsque Moïse se débat contre Jéhovah qui veut détruire son peuple infidèle. L'homme qui incarne avec le plus de relief l'austérité du jéhovisme intégral pour qui tout est secondaire et périssable sauf l'honneur de Jéhovah, c'est le prophète Élie. Son apparence, son verbe, son action sont autant de protestations contre les accommodements auxquels conduit la prospérité matérielle, autant de revendications passionnées des exigences morales de Jéhovah. Le patriote, chez lui, s'efface devant le jéhoviste. Qu'importe qu'Achab ait sauvé Israël des mains des Moabites et des Araméens ? Il a violé la morale jéhoviste, il doit périr (1Ro 21) ; et, s'il le faut, Israël tout entier périra par la famine s'il reste attaché aux Baals (1Ro 17:1-7). Les considérations politiques, les traditions cultuelles, le salut national ne comptent pour rien. Le tout est de savoir si l'on est pour Baal ou pour Jéhovah. Dans sa lutte contre l'idolâtrie et contre le jéhovisme corrompu dont la monolâtrie se défend mal de l'immoralisme baaliste, Élie se dresse comme le champion du Dieu unique dont la justice ne fléchit nulle part ni devant personne. « Le monothéisme universaliste a commencé là » (A. Causse, Les Prophètes..., p. 62). Quand Amos traitera de malédiction le luxe et l'incrédulité des grands, quand il défendra le droit des petits, il bâtira sur les fondements posés par Élie. Quand Osée présentera le désert comme le lieu le plus favorable à la communion entre Jéhovah et son peuple (Os 2:14), il parlera dans l'esprit d'Élie et dans l'esprit du groupe des fervents qui, depuis le temps de Moïse, n'ont cessé de considérer que la vie pastorale, avec ses moeurs simples, ses habitudes frugales et son appel constant aux directions et à la protection de Jéhovah, est la vie qui répond le mieux à ce que Jéhovah demandait à son peuple par la thora du Sinaï. Dans cette horreur de la civilisation et de ses entraînements, il y a déjà des éléments du culte spirituel, dont le rustique autel de pierres brutes, sur lequel on ne devait pas porter le ciseau de peur de le profaner (Ex 20:4), fait remonter l'origine aux temps mosaïques, et que les prophètes des VIII e, VIII° et VI° siècle ne feront, après Samuel et Élie, que développer et caractériser. Il faut mentionner ici, au point de, vue de la spiritualité, la page admirable où nous est contée la rencontre d'Elisée avec le général syrien Naaman. Son historicité nous est garantie par la notion de l'élohim géographique que l'on y retrouve (2Ro 5:17). Naaman, gagné à Jéhovah, pose devant Elisée un cas de conscience. Lorsque le roi son maître s'appuiera sur sa main au moment de se prosterner dans le temple devant la statue de son dieu Rimmon, lui, Naaman, se verra obligé par ses fonctions de s'incliner aussi. Sera-ce un péché aux yeux de Jéhovah ? Elisée lui répond : « Va en paix ! » (2Ro 5:18 et suivant). Impossible de caractériser plus nettement la spiritualité de la religion de Jéhovah, « L'homme, disait Samuel, regarde à ce qui frappe les yeux, mais Jéhovah regarde au coeur » (1Sa 16:7). Est-il besoin, après ces exemples, de dire que, dans le milieu des prophètes jéhovistes, le nom de Jéhovah est synonyme de justice ? Toute la thora de Moïse était destinée à instaurer cette justice parmi les hommes et à fixer les rapports de Jéhovah avec son peuple en prenant pour base le respect ou la violation de cette justice par ses adorateurs. Une page recueillie par le narrateur J prouve qu'au IX e siècle cette notion de justice est bien celle qui réglait la piété de l'élite en Israël : la page qui présente Abraham priant en faveur de Sodome. C'est un rappel aux principes de justice qu'Abraham ose risquer en s'adressant à Jéhovah : « Faire mourir le juste avec le méchant, en sorte qu'il en soit du juste comme du méchant ? Loin de toi cette manière d'agir, loin de toi ! Celui qui juge toute la terre n'exercerait-il pas la justice ? » (Ge 18:25). Il n'y a pas jusqu'à cette expression : « celui qui juge toute la terre » qui ne doive nous retenir. Elle prouve qu'au IX e siècle c'était bien dans le sens du monothéisme que les jéhovistes authentiques tranchaient la question de l'autorité de leur Dieu. Ils trouvaient naturel que le Dieu qui avait créé l'homme (Ge 2) exerçât ses jugements sur toute la terre, qu'il eût accompagne le patriarche Abraham sur le territoire d'autres dieux sans faire de ceux-ci aucun cas (Ge 12), accompagné Moïse en Egypte et triomphé des magiciens du pharaon (Ex 7 à 9), renversé chez les Philistins la statue du dieu Dagon de son piédestal (1Sa 5:3,5). C'est en vertu de ce même monothéisme que nous voyons, dans 1Ro 17:10,16, Jéhovah nourrir Élie dans la région de Sarepta, sur terre sidonienne, et, dans 2Ro 8:7 et suivants, le Dieu d'Israël mener les affaires dans le palais de Damas.

Nous croyons en avoir assez dit pour montrer que les notions de monothéisme, de moralité, de spiritualité et même d'universalisme existaient, tout au moins dans leurs éléments, avant le VIII e siècle, et que les prophètes Amos, Osée, Ésaïe, Michée, tout en faisant progresser la théologie jéhoviste que leurs successeurs devaient développer encore, ont pu faire allusion à ces notions fondamentales comme à des vérités déjà connues au sein de leur peuple. S'ils ont fait oeuvre de réformateurs religieux au sein de la nation élue, c'est précisément parce que leur accusation a trouvé dans les traditions d'Israël un point d'appui incontesté.

Il faut reconnaître cependant que, dans le milieu de fervents auquel ils appartenaient, la théologie présentait des lacunes graves. --1) Dans le jéhovisme primitif, la religion était toute tournée vers la collectivité. L'individu ne comptait que comme moyen d'assurer la faveur de Jéhovah à sa race. La loi du Sinaï ne disait pas : « Écoute, Israélite », mais : « Écoute, Israël ». Elle s'adressait au peuple en tant que peuple ; ainsi le service de Dieu se confondait avec un patriotisme bien entendu. Élie a vu le danger, mais son successeur Elisée n'a pas su maintenir l'action prophétique au-dessus de la confusion qui mêle à la religion la politique. Cette conception nationale du jéhovisme pouvait être au début de grande utilité pédagogique (cf. Westphal, Jéhovah, 4 e éd., pp. 198-203) ; mais, à durer, elle n'aurait pu qu'entraver le développement de la spiritualité naissante. --2) Le jéhovisme primitif n'avait aucune idée qu'une puissance mauvaise, une volonté infernale était agissante dans le monde et y contrecarrait les desseins de Dieu. Comme, d'autre part, les jéhovistes authentiques se refusaient à admettre qu'il y eût la moindre injustice en Dieu, ils en étaient réduits, devant le déploiement du mal, à une solution intermédiaire qui les troublait : le mal a pour cause, soit un être créé par Dieu et placé par lui dans l'entourage de l'homme, mais dont Dieu a réprouvé l'acte (le serpent, dans le récit de la Chute rapporté par J au IX e siècle), soit un fils de Dieu vivant dans l'entourage de Dieu, fils sceptique, accusateur, qui tend un piège au croyant intègre dans l'intention de le faire pécher. Dieu récompense finalement le croyant fidèle, mais il a permis ses injustes malheurs... (cadre en prose du livre de Job : Job 1 et Job 2, et Job 42:7,17 ; récit antérieur au poème philosophique en vers, Job 3-42:6, lequel est placé par les critiques, soit au VIII° siècle, soit après les temps de Jérémie et d'Ézéchiel). Cette notion ne pouvait qu'énerver le sentiment de la responsabilité individuelle. --3) Le jéhovisme primitif ignorait enfin la vie future et les rétributions de l'au-delà. Force lui était donc d'attribuer à la vie terrestre les récompenses des bons et les punitions des méchants (Ps 1). Mais cette notion simpliste ne le satisfaisait pas non plus, démentie qu'elle est chaque jour par les événements. Le croyant jéhoviste se débattait ainsi à cause de la souffrance des innocents dans des contradictions dont le poème de Job nous fait une description pathétique (cf. 3, 9:21 - 24) et dont Jérémie nous apporte encore un écho poignant lorsque, exaspéré par les persécutions dont il est victime, il accuse Jéhovah de l'avoir « séduit » (Jer 20:7 ; même verbe que dans Ge 3:13)...

Serais-tu pour moi comme une source trompeuse, Comme une eau dont on n'est pas sûr ? (Jer 15:18)

Les difficultés que rencontrait leur pensée religieuse, quelquefois même leur conscience de croyants, comme aussi les constatations qu'ils faisaient autour d'eux relativement au relâchement moral et aux illusions politiques de la masse de leur peuple, étaient bien propres à nourrir en eux le trouble à l'égard de l'avenir d'Israël et la jalousie

pour Jéhovah dont leur âme était pleine. Avec leur austérité de moeurs, leurs indignations sociales et leur sainte inquiétude, ceux-là constituaient le milieu étroit où se recrutaient les prophètes. Il faut voir en eux les ancêtres des anavîm, des ébionîm, des tsaddikîm, ces piétistes d'Israël par qui les oracles s'accompliront et qui exhaleront les aspirations de leur foi dans les Psaumes (cf. Westphal, Jéhovah, 4 e éd., pp. 440-446). C'est au sein de tout ce mouvement d'idées qui tantôt s'opposaient et tantôt s'enchevêtraient, que s'exerça le ministère des prophètes écrivains. Les divers types religieux que nous avons caractérisés nous permettent de mieux comprendre les difficultés que ces prophètes devaient rencontrer et les oppositions qu'ils allaient soulever. Nous serons mieux à même aussi de nous expliquer l'influence qu'ils eurent sur le groupe des jéhovistes fervents et d'apprécier comment, instruits par les circonstances, par leur génie et par l'inspiration divine, ils surent élever progressivement, non point le peuple d'Israël, (cf. Mt 5:12 13:57 23:37 etc.) mais son élite : les 7.000 qui n'avaient pas fléchi le genou devant Baal (1Ro 19:18), les fragments arrachés « à la gueule du lion » (Am 3:12), le « reste » destiné au salut (Esa 10:22 11:11, etc., cf. Jer 6:9 50:20, etc.), à une religion morale et spirituelle, capable d'accueillir le Messie et d'offrir un berceau au christianisme naissant.

4.

LA MARÉE DE L'ESPRIT.

A partir du VIII° siècle, l' ich harouakh, l'homme de l'Esprit, occupe dans l'histoire d'Israël le devant de la scène. C'est par lui que nous connaissons le mieux l'histoire du temps ou, pour mieux dire, le double drame qui mit fin aux destinées politiques du peuple élu. Pendant ce drame, qui dura un peu moins de deux siècles, neuf prophètes dont les écrits ont été conservés nous racontent comment, sous la contrainte divine, ils ont, dans la hardiesse de leur verbe, annoncé au peuple de Dieu la ruine des espérances temporelles et les principes au nom desquels il allait être châtié. Si nous parlons ici de marée, c'est que les révélations des principaux parmi ces hommes de l'Esprit se sont succédé dans une progression constante, faisant monter, monter toujours le niveau spirituel du groupe de croyants jusqu'au moment où il atteint, avec le 2 e Ésaïe, la hauteur des vérités morales et religieuses où devait baigner l'Évangile. On trouvera ailleurs, dans des articles à leurs noms, la biographie de ces prophètes et l'étude critique de leurs livres. Nous ne voulons caractériser ici que l'originalité de leur prédication et montrer l'enchaînement progressif qui les relie les uns aux autres.

Amos. Le premier de la pléiade, Amos, homme de la campagne, pris par Jéhovah « derrière le troupeau », déblaie le terrain. Il fait oeuvre de justicier. Par son attitude, il rappelle Élie et annonce Jean-Baptiste. C'est un réformateur qui tient du révolutionnaire.

Malheur à ceux qui souhaitent

Le « jour de Jéhovah » !

Qu'attendez-vous du jour de Jéhovah ?

Il sera ténèbres et non lumière.

Vous serez comme un homme

Qui fuit devant le lion

Et qui rencontre un ours,

Qui gagne sa demeure,

Appuie la main sur la muraille

Et que mord un serpent ! (Am 5:18)

Pourquoi ? Parce qu'Israël, en tant que peuple, a trompé l'attente de Jéhovah et que les jugements de Jéhovah vont l'atteindre. Israël, que les victoires de Jéroboam II avaient élevé au plus haut point de la puissance mondaine, a renversé les fondements de la justice. Or Dieu est justice. Il avait librement élu Israël et ne doit pas plus à Israël qu'aux autres peuples dont il dirige aussi les destinées :

N'êtes-vous pas pour moi Comme les enfants des Ethiopiens ? N'ai-je pas tiré Israël d'Egypte, Comme les Philistins de Caphtor, Et les Syriens de Kir ? (Am 9:7)

S'il est résolu à châtier les crimes des voisins d'Israël, les Syriens (Am 1:3,5), les Philistins (Am 1:6,8), Tyr (Am 1:9-10), et de ses parents : Édom (Am 1:11-12), Ammon (Am 1:13,15), Moab (Am 2:1-3), et cela pour des crimes de lèse-humanité, à plus forte raison tirera-t-il vengeance du peuple auquel il avait accordé sa faveur et ses lumières. Le peuple de Dieu, par sa vie immorale, a commis un crime de lèse-divinité :

Vous seuls je vous ai choisis

Parmi toutes les races de la terre ;

C'est pour cela que je vous châtierai ! (Am 3:2)

Quels sont donc les péchés d'Israël ? D'abord un matérialisme jouisseur, une mondanité effrénée :

Étendus sur des lits d'ivoire,

Vautrés sur leurs divans,

Ils mangent les agneaux du troupeau,

Les veaux gras de l'étable !

Chantonnant au son du nebel..

Ils boivent le vin aux lèvres des amphores,

Se parfument d'huiles de choix,

Insouciants de la plaie de Joseph !

C'est pourquoi ils iront en tête des captifs,

Alors la clameur de leurs orgies cessera ! (Am 6:4-7)

Ensuite une iniquité criante à l'égard du juste, du pauvre, des humbles qui vivent dans la piété jéhoviste :

Ils vendent le tsaddîk pour de l'argent,

L'ébion pour une paire de sandales,

Volent le droit des anavîm

Le fils et le père courent

Vers la même prostituée...

Ils dorment à côté des autels

Sur des vêtements pris à gage (Am 2:6-8).

Ecoutez-moi, mangeurs de pauvres,

Grugeurs des faibles du pays !

Quand [dites-vous] aura fini la nouvelle lune

Pour que nous reprenions les affaires sur le blé ?

Quand sera passé le sabbat

Pour que nous ouvrions nos magasins

Où nous ferons l'épha aussi petit

Et le sicle aussi grand que possible ?

Grâce à nos fausses balances,

Nous achèterons les pauvres...

Et nous arriverons à vendre

Jusqu'à la criblure de notre blé (Am 8:4).

Enfin, l'impudence de croire qu'on peut avec des cultes, des sacrifices, des offrandes et des litanies s'assurer l'indulgence plénière du Dieu juste :

Allez à Béthel, ce sera un péché de plus,

A Guilgal, un péché de plus encore !

Offrez chaque matin un sacrifice,

Tous les trois jours, venez payer vos dîmes...

Faites sonner bien haut vos dons volontaires ;

C'est là ce que vous aimez, enfants d'Israël !

Et moi..., je hais, j'ai en dégoût vos fêtes,

Je ne puis souffrir vos panégyres.

Quand vous m'immolez des holocaustes,

Je ne prends pas plaisir à vos offrandes ;

Je ne regarde pas vos boeufs gras.

Epargnez-moi le bruit de vos cantiques ! (Am 4:4 5:21,23)

Ainsi parlait le berger de Thékoa. Et cette parole était si neuve qu'elle résonnait aux oreilles des classes dirigeantes de son époque comme autant de blasphèmes : blasphème, que de prêter à un Dieu national la volonté d'anéantir son peuple ; blasphème, pour un homme de Dieu, que de se dresser contre la maison de Dieu et de déclarer aux dévots tout occupés d'exactitude rituelle : Vos cultes, voilà votre péché ! Et pourtant, ces blasphèmes étaient en réalité les vérités les plus hautes. Ils formulaient des doctrines qui ne devaient plus désormais quitter l'horizon des réformes religieuses, morales et sociales de tous les temps : devant la justice de Jéhovah, il n'y a ni race ni frontière ; les vrais adorateurs sont ceux qui fondent la religion, non sur les pratiques d'un culte, mais sur une morale vécue. Pour avoir écrit la première page humaine en faveur des opprimés, pour avoir flagellé dans des discours enflammés l'orgueil, la vénalité, l'hypocrisie, Amos s'est placé en tête de tous les prophètes de la conscience et, parce que son livre a été écrit sept cents ans av. J. -C, il se trouve qu'Amos est dans la littérature des hommes le premier prédicateur de la justice sociale en même temps que le premier héraut des droits de Dieu.

L'unité du livre d'Amos, qui prophétise contre le royaume du Nord, est toute dans le thème divin : « Je ne révoquerai pas mon arrêt. » On ne saurait donc être surpris que la plupart des savants attribuent à une main postérieure les cinq derniers versets du chap. 9 où il est parlé d'un rétablissement de « la maison de David », rétablissement que rien, dans le livre, n'annonce ni ne justifie. Cet oracle inattendu, dont la langue n'est pas tout à fait dans la manière du prophète, n'aurait pu que briser la pointe de l'argumentation d'Amos ; et ceci d'autant plus que c'est au royaume de Jéroboam II qu'il s'en prend. Aussi bien, l'histoire montre que le décret proclamé en Israël n'a pas été révoqué, puisque les deux royaumes ont disparu sans retour et que les revenants de l'exil, « le reste » qui devait être sauvé, n'ont pu que se constituer en communauté judéenne.

OSEE.

Dans le sol déchiré par le soc dur d'Amos, Osée jette une semence qui portera sa fleur dans l'Évangile. Les prophètes d'ordinaire sont sobres sur ce qui les concerne. C'est sur Dieu, non sur eux, qu'ils attirent les regards. Quand ils parlent de leurs expériences, c'est pour qu'on tire enseignement de leur état d'âme. L'état d'âme d'Osée sera générateur de révélation.

Au moment où il entreprend son ministère, la pression de l'Assyrie est aux frontières d'Israël. Mais Israël, qui a rejeté Amos, ne comprend pas. Son éphémère prospérité l'aveugle. Éphraïmite, Osée connaît mieux que personne le crime de la maison de Jéhu. Il annonce sa ruine comme son prédécesseur. Il tonne contre la luxure, contre toutes les formes de la corruption et de l'anarchie religieuse (Os 4:11,14 6:8 7:1,7 etc.), contre la transgression de l'alliance (Os 4:6-10 6:7) ; avec la même violence qu'Amos, il annonce à tous ceux qui, sans renier Jéhovah, servent les Baals, et qui cherchent leur appui en Egypte ou en Assyrie (Os 7:8 8:10, etc.), les terribles rétributions de Jéhovah :

Je serai pour eux comme un lion ;

Comme une panthère,

Je les épierai sur la route ;

Je les attaquerai comme une ourse

A laquelle on a dérobé ses petits (Os 13:7).

Comme Amos, il s'en prend aux prêtres qui égarent le peuple :

Ils se repaissent des péchés de mon peuple,

Ils sont avides de ses iniquités ;

Il en sera du prêtre comme du peuple :

Je le châtierai selon ses voies,

Je lui rendrai selon ses oeuvres...

Ecoutez ceci, prêtres :

Par leurs sacrifices

Les infidèles s'enfoncent dans le crime,

Mais je les châtierai tous.

Avec leurs brebis et leurs boeufs,

Ils iront chercher Jéhovah,

Mais ils ne le trouveront pas.

Il s'est retiré du milieu d'eux. (Os 4:8 5:1,6, etc.).

Cependant, non content de maudire ceux qui trafiquent des autels, Osée s'en prend maintenant aux autels eux-mêmes. Amos admettait encore les autels révérés par Élie (1Ro 19:14), les bamoth jéhovistes élevés pour contrebalancer les hauts-lieux cananéens et pour introniser Jéhovah comme le vrai baal du pays, le seul dispensateur des dons de la terre. (cf. Os 2:18) Osée--c'est un progrès très grand dans le sens de la spiritualité du culte--ne veut plus rien savoir des sanctuaires locaux. Béthel, avec son veau d'or représentant Jéhovah (Os 4:5-15 6:10), Sichem (Os 6:9) et par-dessus tout Guilgal (Os 9:15 12:12) lui font horreur. Le prophète voit dans ces autels un piège pour la religion véritable, une occasion de formalisme et d'idolâtrie :

Jéhovah a rejeté ton veau, Samarie !

Un ouvrier l'a fabriqué.

Ce n'est pas un dieu ;

Il sera mis en pièces...

Puisqu'ils ont semé le vent,

Ils moissonneront la tempête (Os 8:5,7).

Comme Salman détruisit Beth-Arbel,

Aux jours de la guerre

Où la mère fut écrasée sur les enfants,

Voilà ce que vous attirera Beth-El (Os 10:14).

N'allez pas à Guilgal !

Ne montez pas à Beth-Aven (Béthel)...

Les hauts-lieux de Beth-Aven,

Où Israël a péché,

Seront détruits.

Ils diront aux montagnes : Couvrez-nous !

Et aux collines : Tombez sur nous ! (Os 4:15 10:8)

Quand Jésus voudra parler des malheurs attirés sur les Juifs par le fait que leur culte avait transformé la maison de son Père en une « caverne de voleurs », il empruntera l'image d'Osée (Lu 19:46, cf. Ap 6:16).

Après avoir prophétisé contre les deux premiers types religieux que nous avons caractérisés au sein du peuple élu, Osée a aussi une révélation pour les jéhovistes intègres qui ont tremblé aux accents d'Amos. Malheureux par un de ces amours profonds qui, s'étant donnés tout entiers, ne peuvent se donner qu'une fois, monogame ne prenant pas son parti de l'abandon de l'infidèle, Osée n'hésite pas à déclarer que Dieu l'a fait passer par cette expérience pour lui montrer, du même coup, et la nature intime du péché de la nation élue, et la raison de la fidélité que Jéhovah lui garde et lui gardera toujours malgré tout (Os 1 à 3). Jéhovah a aimé la nation élue, il est son époux. Le péché d'Israël est le plus grand qui se puisse commettre : un adultère. Ce terme, employé pour la première fois par Osée, reviendra dans les prophètes qui suivront. Jésus le reprendra aussi (Mt 12:39). Constant dans sa foi à celle qu'il aime, l'époux trahi, le père outragé des enfants d'Israël ne songe en châtiant qu'à ramener à lui l'objet de son inaltérable amour. Ainsi c'est un drame de salut qui s'agite dans l'âme hautement humaine du prophète. A peine a-t-il fait dire à Jéhovah indigné : (Os 11:5 et suivant)

Parce qu'ils ont refusé de revenir à moi

L'épée fondra sur leurs villes,

Anéantira, dévorera leurs soutiens !

qu'il met dans sa bouche : (Os 11:8 et suivant)

Que te ferai-je, Ephraïm ?

Dois-je te livrer, Israël ?

Te traiterai-je comme Adma ?

Te rendrai-je semblable à Tseboïm ?

Mon coeur s'agite au dedans de moi ;

Toutes mes compassions sont émues.

Je n'agirai pas selon mon ardente fureur ;

Je renonce à détruire Ephraïm,

Car je suis Dieu et non pas homme.

Il y a toute une révolution théologique et téléologique dans le dénouement du débat pathétique auquel Osée nous fait assister au fond du coeur même de Dieu. On a remarqué qu'Osée s'en réfère constamment à l'histoire du passé. Les ouvrages J, E et le noyau primitif de D avaient éveillé en lui le sentiment que Jéhovah est l'animateur de l'histoire d'Israël et que tout le long de cette histoire

Jéhovah a fait éclater sa bonté, déployé son amour, amour incompris, bafoué. Ses successeurs s'empareront de cette doctrine, la développeront, y trouveront le principe moral de l'histoire universelle. Sa gloire à lui, c'est, à une époque où le jéhovisme fervent s'entendait mieux à craindre Jéhovah et à haïr ses adversaires qu'à l'aimer, d'avoir proclamé que ce qui différencie la personne divine de la manière d'être de l'homme, c'est la qualité du coeur. On ne triomphe point par des ruines ; l'amour seul est constructif : « Je renonce à détruire ! » C'est dans ce passage--on le verra plus loin--que le prophétisme messianique a pris sa source.

Comme Amos faisait penser à Jean-Baptiste, Osée fait penser à saint Jean. Le premier, il a entrevu la valeur rédemptrice de la miséricorde, qui sera le thème de l'Évangile johannique et dont Jésus manifestera la vertu souveraine en se laissant clouer sur une croix.

ÉSAÏE.

Tandis que l'on bâtissait Rome, qui devait devenir dans le monde le symbole de la force fondée sur la politique humaine, un prophète naissait, qui allait dénoncer le néant de la puissance humaine et donner pour fondement à l'histoire la politique de Dieu. Prince des prophètes par l'éclat de son style et l'envergure de son inspiration, Ésaïe remplit un demi-siècle de son activité. Il assiste à la ruine de Samarie annoncée par Amos et, par son influence sur Ézéchias, retarde la ruine de Jérusalem. Par les multiples ressources de son génie, il s'apparente aux plus illustres de ses prédécesseurs : à Élie, par l'attrait qu'exerçaient sur lui les phénomènes de la nature et par son courage devant les rois (cf. Esa 2:12) ; à Amos, par ses revendications sociales (Esa 1:21,23 3:14 5:8 10:1 28:1). à Osée, par la tendresse de ses accents (Esa 5:1,4 26:1) ; et il les domine tous. « Il fut le plus grand d'une série de géants » (Renan).

Sans doute, Ésaïe reprend après d'autres la lutte contre les élohistes idolâtres (Esa 1:24,28,31)

Oui, j'aurai ma revanche sur mes adversaires ;

Je me vengerai de mes ennemis !

Ceux qui ont abandonné Jéhovah périront...

Les riches seront comme l'étoupe,

Les idoles comme l'étincelle ;

Hommes et dieux périront ensemble,

Et personne ne sera là pour éteindre...

contre le formalisme et le ritualisme des prêtres et toutes les observances cultuelles par lesquelles on s'imagine éluder la religion de la conscience : (Esa 1:11-14)

Qu'ai-je à faire

De la multitude de vos sacrifices ?

Dit Jéhovah.

Je suis rassasié des holocaustes des béliers

Et de la graisse des veaux.

Je ne prends point de plaisir

Au sang des taureaux, des brebis et des boucs...

Qui vous demande de souiller mes parvis ?

Cessez d'apporter de vaines offrandes !

Vos lunaisons et vos solennités,

Mon âme les hait,

Elles me sont à charge ;

Je suis las de les supporter.

Mais sa vocation (Esa 6) lui a révélé que le jéhoviste même le plus sincère est un pécheur, un « homme aux lèvres impures », qui ne sait pas par lui-même faire le bien et réaliser une oeuvre de justice acceptable par Jéhovah. Ce qu'il faut à tous, c'est le contact purificateur de la « pierre ardente », c'est l'absolution du séraphin : « Ton iniquité est enlevée et ton péché expié » (Esa 6:1,7).

Jéhovah, qui avait dit par Osée : « Je renonce à détruire », dit maintenant par Ésaïe : (Esa 1:18)

Quand tes péchés seraient comme le cramoisi, Ils deviendront blancs comme la neige ; Quand ils seraient rouges comme la pourpre, Ils deviendront comme la laine.

La portée des événements politiques qui mettent

Juda à deux doigts de sa perte doit faire comprendre à la nation élue qu'elle est appelée tout entière, depuis le roi jusqu'au plus humble Israélite, à s'humilier et à se repentir devant Dieu : (Esa 22:12)

Ce à quoi le Seigneur

Vous appelle en ce jour,

C'est à pleurer,

A vous frapper la poitrine,

A vous raser la tête

Et à ceindre le sac.

Car Jéhovah n'est pas seulement le juge et le père de son peuple, il est le Dieu saint, saint, saint dont la gloire remplit toute la terre. « Le Saint d'Israël », voilà le terme de prédilection qu'Ésaïe emploie pour désigner Jéhovah ; on le compte douze fois dans ses discours (Esa 1:4 5:19-24 10:20 12:6 17:7 29:19 30:11,12-15 31:1 37:23) ; voir aussi les expressions : le Saint (Esa 5:16), son Saint (Esa 10:17), le Saint de Jacob (Esa 29:23). Le mot « Saint » n'indique pas seulement ici les notions de pureté et de vie (tout ce qui a trait à la mort et aux cadavres est impur), ou ce qui touche au culte (à ses objets, à son personnel, aux actes rituels) ; il ne vise pas seulement Jéhovah en tant qu'Être suprême (sa majesté, son immatérialité, son invisibilité, son inaccessibilité) ; il va droit au domaine éthique et désigne la perfection morale comme le caractère propre du Dieu d'Israël. Ceci, du coup, met un abîme entre Dieu et l'homme, un abîme entre Jéhovah et toutes les prétendues divinités. Jéhovah est saint, c'est pour cela qu'il n'y a de place pour aucun dieu à côté de lui, pour cela que sa gloire remplit toute la terre (Esa 6:3).

Qu'il se lève pour effrayer la terre, et :

Toutes les idoles disparaîtront.

On entrera dans les fentes des rochers

Et dans les creux des pierres,

Pour éviter la terreur de Jéhovah

Et l'éclat de sa majesté (Esa 2:18,21).

Toutes ces pensées, qui font monter toujours plus haut le niveau spirituel de la prophétie, aboutissent logiquement à cette doctrine prêchée avec force par Esaïe, que Jéhovah est maître souverain de l'histoire et qu'il mène la destinée des hommes comme il lui plaît :

Ceux qui cachent leurs desseins

Et disent : « Qui nous voit ? Qui nous connaît ? »

Quelle folie !

Le potier serait-il donc tenu

Pour de l'argile ?

L'oeuvre dira-t-elle de l'ouvrier :

Il ne m'a pas faite ?

Et le vase dira-t-il du potier :

Il n'y entend rien ? (Esa 29:15)

Déjà, les annales de JE et les premiers prophètes avaient préparé le terrain en présentant Jéhovah comme le Dieu créateur qui protège ses élus sans être incommodé par les élohim qu'on lui oppose. Mais Ésaïe s'élève à un degré supérieur, il voit plus avant. Jéhovah règne sur toutes les nations et règle leurs rapports avec son peuple, comme leurs rapports entre elles, suivant les lois de sa justice souveraine. Il décide des événements, les accomplit au moment choisi par sa sagesse. Et les hommes vont, viennent, luttent sur le chemin qu'il leur a d'avance fixé. Il amène l'Assyrien, « verge de ma colère » (Esa 10:5), et le châtie ensuite de son orgueil par le Caldéen (Hab 1:6), « mon serviteur » (Jer 25:9), qui tombera à son tour sous les coups de Cyrus, « mon pasteur » (Esa 44:28), et si Juda se met en travers des vues du Tout-Puissant, lui aussi, il sera balayé comme Israël.

Ils ont méprisé la parole

Du Saint d'Israël.

C'est pourquoi la colère de Jéhovah

S'enflamme contre son peuple.

Il étend la main sur lui,

Il le frappe...

Les cadavres sont comme des balayures

Au milieu des rues (Esa 5:24).

Une seule chose importe : le triomphe du « Saint » dont la gloire « remplit toute la terre ».

Mes yeux ont vu le Roi !

dit Ésaïe en parlant de lui (Esa 6:5) ; et, comme un roi, il a un empire, le monde qu'il a seul créé, où il règne souverainement. Ce n'est pas un dieu myope ou soumis au destin comme les Olympiens, il connaît tout et il peut tout ; il est le maître de l'histoire, à laquelle il assigne marche et but ; sa vue et sa puissance sont à la mesure de l'univers et de l'éternité, car, ainsi que l'a magnifiquement exprimé Ésaïe, il prépare les choses « de loin » et dirige l'histoire « de toute éternité » (Esa 22:11 37:26). « Échappant aux voluptueux embrassements du mysticisme, aux incertitudes des audacieuses spéculations métaphysiques, aux risques même de l'expérience morale, la foi d'Israël a situé Dieu en pleine histoire, donnant à celle-ci un caractère nettement téléologique. » (P. Humbert.)

Ainsi, par Ésaïe, s'affirme dans la prédication des prophètes la doctrine que l'histoire universelle est un vaste poème de vie, de moralité et de salut, dont Dieu est le poète, et l'homme le héros. Héros tantôt voyant et tantôt aveugle, tantôt bénévole et tantôt récalcitrant, mais toujours ramené aux fins du drame par le divin metteur en scène.

On a dit que la religion d'Ésaïe était insuffisamment dégagée du sentiment patriotique et que, pour lui, Jérusalem demeurerait toujours l'intangible centre du monde. Ceci ne serait pas pour diminuer la valeur de ses oracles puisque effectivement c'est à Jérusalem que Jésus devait mourir sur la croix, vers laquelle convergent depuis les regards de toute la terre ; (cf. Jn 12:32) mais rien n'autorise à inférer des écrits d'Ésaïe qu'à la suite de la délivrance miraculeuse qu'il avait obtenue pour Jérusalem au temps d'Ézéchias, il avait enseigné que Sion ne devait jamais être prise ni ruinée. Le préjugé né de son exploit et contre lequel se heurteront Jérémie et Ézéchiel n'engage en rien sa responsabilité.

Une des faiblesses de la reconstruction de l'histoire d'Israël par la critique moderne, c'est qu'elle ne tient pas un compte suffisant de l'impression produite dans les deux royaumes par la prédication et par l'action des prophètes du VIII e siècle. Le réquisitoire d'Amos, la prédication de l'amour par Osée, la doctrine de sainteté développée par Ésaïe, et surtout son grand oracle messianique ne pouvaient pas ne pas donner à la politique religieuse et sociale des Hébreux plus qu'une secousse : une orientation nouvelle.

LES DISCIPLES D'ÉSAÏE ET LE DEUTERONOME.

Il est certain que le rôle d'Ésaïe, lors du siège de Jérusalem par Sanchérib, suppose qu'il obtint à ce moment critique une de ces unités de direction qui s'opèrent aux heures les plus fécondes de l'histoire et que nous appelons l'union sacrée. C'est non seulement la cour et ses conseillers, mais aussi le temple et son clergé qui durent lui prêter appui, se surpassant ainsi au point de vue spirituel. Que les dirigeants du sacerdoce acceptèrent alors de prendre une attitude qui faisait d'eux les collaborateurs du milieu des prophètes jéhovistes, c'est ce qui ressort de la réforme religieuse opérée par Ézéchias, réforme dont l'acte principal fut la suppression du nehustan, le serpent d'airain (voir art.) que les Israélites pieux révéraient comme l'antique symbole de la guérison par la foi et qui était la principale attraction du temple où l'on avait pris l'habitude de l'encenser comme une idole (2Ro 18:4).

En ce temps-là, le Dies iroe d'Amos et d'Osée, confirmé par les ruines fumantes de Samarie, avait impressionné profondément tous les coeurs qui avaient quelque, souci de l'avenir de Juda. Une page insérée dans le livre d'Ésaïe peut nous donner une idée de la consternation générale :

La malédiction dévore le pays,

Ses habitants expient leur crime...

La joie des tambourins a cessé,

La gaieté bruyante a pris fin...

On ne boit plus de vin en chantant...

L'allégresse est bannie du pays ! (Esa 24:6,9,11)

Que faire pour arrêter le glissement fatal qui mène toute la nation élue à sa ruine ? Par quelles mesures arrêter le jugement en marche ? La levée du siège de Jérusalem apparaît comme un délai de grâce au cours duquel s'agitent et se consultent tous ceux qui veulent relever la religion de Jéhovah.

Un morceau de caractère intime et de style obscur qui coupe en deux la sourate d'Emmanuel nous révèle que l'effervescence était grande dans l'entourage d'Ésaïe et qu'un travail de redressement se préparait autour de lui, plus ou moins en secret, loin de la masse du peuple qui manquait de vision religieuse et redoutait tout acte de foi jéhovique comme un danger pour la patrie.

Ainsi m'a parlé Jéhovah,

Quand sa main me saisit,

Et qu'il m'avertît de ne pas marcher

Dans la voie de ce peuple :

N'appelez pas conjuration

Tout ce qu'il appelle conjuration !

Ne craignez pas ce qu'il craint.

Car c'est Jéhovah Tsebaoth

Que vous devez sanctifier,

Lui que vous devez craindre et redouter.

Alors, il sera un sanctuaire...

Lie le témoignage,

Scelle la thora

Dans mes disciples !

A la loi et au témoignage !

Si l'on ne parle pas ainsi,

Il n'y aura point d'aurore pour le peuple !

(Esa 8:11-14,16,20)

L'interprétation courante qui rattache « lie le témoignage » et « scelle la thora » au tableau dont il est question dans Esa 8:1 réduit singulièrement la portée de tout ce passage d'Ésaïe et lui ôte son mordant spirituel. Qu'on entende par « lier et sceller » le devoir d'imprimer fortement le témoignage (c-à-d, le Décalogue ; voir Esa 8:20, cf. Ex 25:21) et la thora (c-à-d, l'enseignement jéhoviste ; cf. Esa 1:10) dans le coeur des disciples d'Ésaïe que Jéhovah appelle ses propres disciples, --ou qu'on traduise « lie » par : mets ensemble tout ce qui concerne le témoignage, et « scelle » par : mets le sceau à la thora (c-à-d. : donne-lui son couronnement ; cf. Eze 28:12) avec le concours de mes disciples, --dans un cas comme dans l'autre, le texte ramène à l'entourage d'Ésaïe, par lequel le prophète voulait provoquer un redressement religieux en Israël. « Comme le Deutéronome, les écrits d'Ésaïe semblent être le résultat d'un désir irrésistible de faire pénétrer dans Israël un nouvel idéal » (Siebens). L'idéal d'un culte spirituel d'où les images, les figures plaquées de métal et toutes les pratiques apparentées aux rites idolâtres auront disparu (Esa 30:22) ne pouvait que travailler l'ambition du milieu prophétique qui venait de se montrer assez fort pour obtenir la destruction du serpent d'airain, et que ses succès poussaient à de nouvelles réformes.

Amos a ébranlé l'autorité des hauts-lieux ; Osée les a condamnés ; Ésaïe proclame en Jéhovah le Dieu saint et en Jérusalem le sanctuaire de sa gloire, le lieu de sa résidence : (Esa 4:3 8:18 28:16 31:4,5,9) nous avons ici tout le processus des idées qui, à la faveur des événements, devaient aboutir à la composition du Deutéronome, c'est-à-dire d'une thora qui, en ramenant Juda au témoignage mosaïque, lui ferait entendre à nouveau la voix encore amplifiée du fondateur de la nation. En même temps qu'elle se rattachera au passé le plus sacré pour les coeurs israélites, cette thora devra tenir compte des habitudes prises durant les siècles écoulés et des expériences faites, et s'adapter aux circonstances, formulant en un code les obligations auxquelles le peuple judéen devra se conformer s'il veut conjurer les effets du jugement qui a déjà causé la ruine de Samarie.

Tandis que Manassé, vassal digne des férocités de son suzerain d'Assyrie, remplissait Jérusalem de sang innocent (2Ro 24:4, cf. Jer 15:4), le parti des prophètes préparait dans l'ombre la revanche de Jéhovah. Il connaissait le Décalogue et le code de l'Alliance (Ex 20 à 23), les lois de Sainteté (Le 18 à 20 et 24) et les dernières recommandations de Moïse que la tradition rattachait aux plaines de Moab. Il en reprit les principes : monothéisme intransigeant, alliance jéhovique fondée sur la morale, promesses et menaces conditionnées par l'attitude du peuple, unité du sanctuaire, fêtes religieuses, humanité, charité. Sur plus d'un point, il étendit ; pour répondre aux besoins nouveaux, il fit passer dans la loi les enseignements des récents prophètes : d'abord le commandement de l'amour développé par Osée et dans lequel s'accomplit, bien mieux que dans l'observance extérieure, le service agréable à Dieu : Parce que Dieu t'aime tu dois l'aimer (De 6:5,11:13 4:37 10:15 7:8, 13 23:5 30:6,16 7:9 10:12, etc.) ; puis, d'après Ésaïe, l'humilité (De 8:11,14 17:18-20 9:4), la foi mystique en la victoire donnée non par la supériorité de l'armée, mais par la protection agissante de Jéhovah (De 20:1 et suivants, cf. Esa 8:6 31:1 et suivants) ; enfin, de façon générale, les lois d'humanité. (cf. Am 5:11 6:4 7:10 et suivants, etc.) Le souci que le Deutéronome (ch. 10, 14, 16) prend de l'orphelin et de la veuve vient directement de Esa 1:17. La charte nouvelle ramenait les institutions de l'avenir autant que possible à la théocratie. Tout, jusqu'aux statuts de la propriété, qui donnaient le sol à Dieu, y était dominé par la notion de la majesté de Jéhovah qu'Ésaïe avait mise au premier plan et suivant laquelle ses disciples voulaient modeler Israël.

Les critiques qui veulent que le Deutéronome soit une fraude pieuse et qu'il ait pour origine une intrigue de sacristie du temps de Josias (Renan, Stade, Loisy, etc.) méconnaissent l'importance des traits que nous venons de signaler et le sérieux de l'A.T. Ils commettent en outre une grave faute de psychologie. S'imagine-t-on que si les éléments jéhovistes de Juda n'avaient pas retrouvé dans le statut qui leur était proposé les exhortations et le développement des doctrines que leurs traditions faisaient remonter au père de leur peuple, la découverte du Deutéronome et sa lecture auraient secoué le roi, les grands, le peuple au point de provoquer une nouvelle réforme et d'inspirer la prédication de Jérémie ? La fiction n'a jamais fait oeuvre de vie dans l'histoire, et c'est sous-estimer la dignité de l'homme que de supposer que le mensonge peut entrer parmi ses moyens de progrès.

La situation se présente tout différemment si l'on voit dans le Deutéronome, comme nous y invite Esa 8:16,20, l'oeuvre des disciples du fils d'Amots, exaltés dans leur zèle par la persécution et décidés à préparer, pour le moment où elle prendrait fin, une charte conçue dans l'esprit des prophètes, une constitution organisant le peuple suivant ce que leur maître avait appelé de la part de Dieu : le témoignage et la thora. Le danger de laisser trop de liberté aux pratiques cultuelles s'était manifesté par le baalisme populaire et le formalisme. Prêtres et prophètes venaient, au temps d'Ézéchias, d'accomplir ensemble une oeuvre courageuse de redressement, et d'obtenir par une commune foi le salut de Jérusalem. Le moment était bien choisi pour rétablir par des concessions mutuelles le statut religieux de Juda. Partant ensemble des institutions de Moïse, les prophètes s'accommodèrent aux pratiques d'un culte centralisé et surveillé ; les prêtres, de leur côté, renoncèrent aux autels jéhovistes de la province et concentrèrent les actes cultuels autour du temple de Jérusalem. Le droit au sacrifice retiré aux laïques n'est même plus accordé à l'ensemble de la tribu de Lévi : les prêtres de Jérusalem auront désormais tout le sacerdoce, ils veilleront aux exigences légales. Et ce sera le commencement du légalisme, dans l'atmosphère prophétique. Pour le moment, l'entreprise de concentration et de spiritualisation que résume le Deutéronome montre que la prédication d'Amos, d'Osée et d'Ésaïe a porté. Bien que cette entreprise réformatrice ait été dans sa forme une occasion d'éloigner Dieu de la terre et de séparer l'office sacerdotal des institutions patriarcales--ce qui aura pour résultat d'établir deux parts dans la vie : le sacré et le profane--, on peut voir dans le Deutéronome le dénouement du grand effort accompli par les prophètes au VIII e siècle avant notre ère. Sans Manassé, dont le long règne fit crouler toutes les espérances, on aurait peut-être assisté à un vrai renouveau de la vie spirituelle dans le sens antiritualiste. Et pourtant, les conditions mêmes dans lesquelles le Deutéronome était conçu annonçaient déjà la défaite du spiritualisme. Le parti des prêtres, entrés dans la coalition pour le redressement de la foi, avait marqué de légalisme la réforme à venir, en mettant tout ce qui concernait le réveil et la piété israélites sous le signe des statuts, des lois et des ordonnances. Le pont était ainsi jeté entre la thora de Jéhovah et la législation des scribes. En vain le parti des prophètes faisait-il inscrire dans la loi réformatrice des paroles de haute portée morale (De 20 : et suivants 30:15 et suivants), la voie était ouverte au prêtre qui voudrait matérialiser la parole vivante de Jéhovah et réduire le jéhovisme en formules et en actes ritualistes.

Les prophètes qui vont venir sauront signaler le danger, mais ils n'auront pas la force de le conjurer.

MICHEE.

C'est à proclamer les droits de l'Esprit que s'emploie Michée dans une page (ch. 6) que la critique moderne lui conteste, mais qu'il peut fort bien avoir écrite s'il a prolongé son ministère durant les premières années de Manassé. Michée, provincial comme Amos et Judéen comme lui, avait repris l'âpre combat de son compatriote. Après avoir fulminé contre le royaume du Nord dont l'exemple pernicieux avait contaminé Juda (19), il s'en prend aux iniquités sociales de Jérusalem avec une violence qui va jusqu'à prédire la ruine de la ville sainte :

Sion sera labourée comme un champ ; Jérusalem deviendra un monceau de pierres, Et la montagne du temple Une sommité boisée. (Mic 3:12, cf. Jer 26:11-19).

Cette prophétie, portée courageusement par Michée devant le peuple au temps du roi Ézéchias, provoqua un tel émoi qu'on en parlait encore au temps de Jérémie. Certains critiques modernes ont conclu de la prédication de Michée que celui-ci avait combattu l'optimisme de son contemporain Ésaïe relativement à l'inviolabilité de Sion. C'est aller un peu loin. Mais il est assez probable que le prophète campagnard ne partagea pas les espérances que fondait le prophète citadin sur la trêve obtenue entre les prophètes et le clergé de la capitale. L'intransigeance spiritualiste qui se dégageait de ses violentes paroles sur la ruine de Jérusalem ameuta contre Michée le parti des prophètes nationalistes qui n'avaient point trouvé leur compte aux catastrophes du royaume de Samarie et auxquels l'union sacrée de leurs alliés habituels les prêtres avec leurs constants adversaires, les prophètes jéhovistes, ne disait rien de bon. Déjà, au temps de Josaphat, un autre Michée, le fils de Jimla, avait eu affaire à eux (1Ro 22). Ils s'opposent de toutes leurs forces à Michée de Moréseth qui, dans sa lutte avec eux, nous révèle le néant de leurs entreprises et le secret de sa propre vigueur :

Ne prophétise pas ! disent-ils.

Mais qu'un homme de rien,

Qu'un prédicateur de mensonge

[Dise] : « Je vais prophétiser

Exalté par le vin

Ou par les boissons enivrantes »,

Celui-là sera pour ce peuple un prophète !

Ainsi parle Jéhovah

Sur ces prophètes d'égarement :

Vous aurez la nuit,

Plus de visions ;

Vous aurez les ténèbres,

Plus d'oracles !

Le soleil se couchera sur ces prophètes...

Les voyants seront confus,

Les devins rougiront...

Car Dieu ne répondra pas.

Tandis que moi, je suis rempli de force,

De l'Esprit de Jéhovah (Mic 2:6,11 3:5-8).

Voilà le grand mot lancé : le prophète authentique, c'est l'homme de l'Esprit. Devons-nous conclure que, lorsque les disciples d'Ésaïe se mirent à l'oeuvre avec les chefs du sacerdoce pour établir le statut du Deutéronome, Michée entrevit le danger que cette union pourrait faire courir au jéhovisme des temps futurs ? Sa lutte contre la fausse prophétie, les devins et les voyants établit une solidarité incontestable entre sa pensée et les préoccupations d'où le Deutéronome est sorti. (cf. De 18:10,22) Mais que, pour lui, dans la religion dont il appelle la restauration, le culte ne soit rien et que la morale soit tout, c'est ce que nous voyons non moins clairement par la sourate relative au temps de Manassé. Ce tyran, dont le règne fut aussi long que néfaste (698-643), avait ouvert le temple de Jérusalem à toutes les influences assyro-babyloniennes ; la déchéance morale avait suivi la déchéance religieuse :

On observe les coutumes d'Omri,

Toutes les moeurs de la maison d'Achab,

L'homme de bien a disparu du pays (Mic 6:16 7:2).

Tandis que le milieu réformateur, dont la persécution avait serré les rangs, prépare dans l'ombre la charte des temps nouveaux, les formalistes, qui cherchent la sécurité dans la stricte observance, se demandent tout éperdus :
Avec quoi me présenterai-je

Devant Jéhovah,

Pour m'humilier devant le Très-Haut ?

Me présenterai-je avec des holocaustes,

Avec des veaux âgés d'un an ?

Jéhovah agréera-t-il des milliers de béliers,

Des myriades de torrents d'huile ?

Donnerai-je pour mes transgressions

Mon premier-né ?

Pour mon péché

Le fruit de mes entrailles ?

Michée répond :

-On t'a fait connaître, -ô homme,

Ce qui est bien,

Et ce que Jéhovah demande de toi,

C'est que tu pratiques la justice,

Que tu aimes la miséricorde,

Et que tu marches humblement

Avec ton Dieu (Mic 6:6-8).

Le prophète auquel nous devons ce bref dialogue a surpassé tous ceux qui étaient venus avant lui : il a fixé la formule de la religion jéhovique dont Jésus dira un jour à la Samaritaine : « L'heure est venue où vous n'adorerez plus le Père, ni sur cette montagne, ni à Jérusalem... Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité » (Jn 4:21,24).

SOPHONIE.

Mais pour le moment, il faut en rabattre. Le long règne du monarque impie et persécuteur a ramené partout l'idolâtrie. Pendant un demi-siècle, la prophétie se tait. Sous Manassé vieillissant ou durant l'éphémère royauté de son fils Ammon, vers 640, elle rentre en scène avec Sophonie, prince du sang, prophète de la grande lignée des Amos, des Osée, des Ésaïe et des Michée. Dans ses brefs discours, la reprise de contact des nabis avec Juda démoralisé est terrible :

Je détruirai tout ! dit Jéhovah,

Les objets de scandale et les impies avec ;

J'exterminerai de ce lieu les restes de Baal...

Et ceux qui se prosternent sur les toits

Devant l'armée des cieux...

Je châtierai les princes

Et les fils du roi (Sop 1:2,8).

Josias venait de monter sur le trône à huit ans, et l'autorité était entre les mains des princes de la famille royale.

Cent ans après Amos qui parlait à Israël, Sophonie parle à Juda de ce que sera « le jour de Jéhovah » :

Il approche, il se hâte,

On l'entend venir, le jour de Jéhovah !

Jour de fureur, celui-là,

Jour de détresse et d'angoisse,

Jour de désolation et de ruines,

Jour de ténèbres et d'obscurité...

Au jour de la fureur de Jéhovah,

Par le feu de sa jalousie,

Toute la terre sera dévorée (Sop 1:14,18).

Solvet soeclutn in favilla... Tout le Moyen âge a frémi aux accents de Sophonie. L'effet sur Juda dut être foudroyant. Nul doute que le jeune roi, Josias, et le futur prophète, Jérémie, n'aient reçu de ces imprécations une secousse qui les mit sur la voie de la réforme.

HABACUC ET NAHUM.

Mais pour les jéhovistes, il y a encore un autre compte à régler. L'Assyrien, dont le joug détesté pesait sur Jérusalem depuis la campagne de Sanchérib, vers l'an 700, a reçu des Mèdes et des Scythes des coups qui menacent sa vie. Juda frémit d'impatience, et c'est Habacuc qui exprime en un style étincelant ses farouches espoirs. Habacuc est un révolté à la façon de Job :

Jusques à quand, ô Jéhovah ?

J'ai crié vers toi à la violence,

Et tu ne secours pas...

O Jéhovah, tu as établi ce peuple

Pour exercer tes jugements.

(Il s'agit de l'Assyrien, que Jéhovah avait appelé « verge de ma colère ») (Esa 10:5).

Tu l'as suscité pour infliger tes châtiments...

Tes yeux sont trop purs pour voir le mal :

Pourquoi regarderais-tu les perfides,

Et te tairais-tu,

Quand le méchant dévore

Un plus juste que lui ? (Hab 1:1,2,12,13)

A cette sommation, Jéhovah répond qu'il enverra les Caldéens pour châtier les Assyriens (Hab 1:5,11, qui doit nécessairement être transposé après 2:3, à cause de 1:5 et de 2:3), mais en même temps il exhorte Habacuc à la patience :

Ecris la prophétie,

Grave-la sur des tables ;

Son temps est déjà fixé...

Si elle tarde, attends-la,

Car elle s'accomplira (Hab 2:2).

Et il lui inspire une parole qui, pas plus que cette autre : « Tu as les yeux trop purs pour voir le mal », ne devait s'effacer de la mémoire des hommes : « Le juste vivra par sa foi » (Hab 2:4 ; cf. Ro 1:17, Ga 3:11, Heb 10:38).

Quand « la prophétie » sera réalisée, en 612, Nahum, dans un ardent écrit--où l'on doit sans doute retrouver une composition liturgique célébrant à Jérusalem l'exaucement accordé (P. Humbert, « Le problème du Livre de Nahum », Rev. Strasb., janv. -fév. 1932) plutôt qu'un oracle antérieur à la chute de Ninive--, exalte en Jéhovah celui qui a annoncé, préparé et accompli la destruction du colosse assyrien :

Jéhovah est bon ;

II a détruit la ville,

Il a poursuivi ses ennemis.

L'oppression ne s'appesantira pas deux fois ;

Ils ont été consumés comme la paille,

Entièrement (Na 1:7-10).

Voici sur les montagnes

Les pieds du messager qui annonce la paix.

Célèbre tes fêtes, ô Juda !

Accomplis tes voeux !

Le méchant ne te foulera plus ;

Il a été entièrement exterminé. (Na 1:15).

Tous ceux qui ouïssent la nouvelle

Applaudissent,

Car sur qui ne s'est pas acharnée

Ta méchanceté ? (Na 3:19)

La valeur religieuse du livre de Nahum, que ceux qui le considèrent comme une prophétie ont tendance à diminuer, à réduire presque à rien, est toute remise en lumière si on la considère comme une composition à intention cultuelle, une sorte de péan liturgique, où toutes les voix jéhovistes, celle de l'inspiration prophétique, celle du patriotisme sacerdotal et celle des « humbles du pays » s'unissent (comme on voit parfois dans les psaumes) pour célébrer à l'occasion de la catastrophe ninivite, qui libéra d'un joug odieux tout le moyen Orient, la toute-puissance de Jéhovah, sa fidélité dans les promesses et sa maîtrise sur l'histoire.

JEREMIE.

Dans les temps troublés qui s'écoulèrent entre Habacuc et Nahum, un grand événement religieux s'était accompli, celui que les disciples d'Ésaïe avaient souhaité, préparé, et auquel Jérémie, dans les premières années de son ministère, prêta l'appui de sa parole et de son action : la réforme deutéronomique

Nous avons vu qu'après le temps d'Ézéchias et d'Ésaïe, on avait, d'un commun effort, en gardant l'essentiel des traditions prophétiques et des traditions sacerdotales, rétabli et développé le testament de Moïse dans les exhortations du « Livre du Pacte », le Sepher habberith (2Ro 23,2Ch 34 ; allusion au pacte, berith, de De 5:2 29:1), appelé aussi le « Livre de la Loi » ou « de la doctrine », le Sepher hatthora (De 31:26,2Ro 22:8, cf. De 31:9,24). Ce livre devait être déposé dans le temple à côté de l'Arche d'alliance de Jéhovah (De 31:26). Mais qu'était devenue l'Arche de l'alliance au cours du règne de Manassé, le roi impie et sanguinaire qui, après avoir rebâti les hauts-lieux, avait livré le temple de Jéhovah aux cultes idolâtres ? (2Ro 21) On peut penser que les jéhovistes l'avaient mise à l'abri de la profanation dans quelque coin ignoré du sanctuaire et qu'on avait aussi caché le Livre de la Loi. Quand les temps d'obscurité et de persécution eurent disparu, la remise en état du temple fut sans doute commencée, d'abord timide, dans les premières années de Josias... Ainsi vint le jour (621) où Hilkija, le grand-prêtre, put donner au secrétaire Saphan la grande nouvelle : « J'ai trouvé le Livre de la Loi dans la maison de Jéhovah ! » (2Ro 22:8).

C'est à tort que certains critiques ont attribué à Jérémie une part dans la composition du Deutéronome et dans l'initiative de la réforme qui suivit sa découverte. Jérémie n'habitait pas Jérusalem. Il appartenait à une famille sacerdotale depuis longtemps éloignée de la cour. Or, tout semble prouver que la réforme de Josias, différente en ceci de celle d'Ézéchias, fut avant tout une entreprise des fonctionnaires qui entouraient le roi, tandis que Jérémie, par les termes mêmes de sa vocation (Jer 1:18), paraît avoir été envoyé par Dieu à Jérusalem pour représenter dans la réforme et au besoin pour défendre devant le roi l'intention première du Deutéronome : l'inspiration prophétique de la charte retrouvée. Aussi le verrons-nous fort sévère, non certes à l'égard du « Pacte », qu'il recommande de toutes ses forces, mais à l'égard des prêtres et des scribes qui, sans se soucier du côté moral et spirituel de la réforme, ne voient en elle qu'une occasion d'imposer une législation sacerdotale au nom de Jéhovah et d'acquérir par elle un accroissement d'autorité (Jer 8:7,5:1 6:6 7:25 9), Jérémie avait été appelé par Jéhovah en 626 (Jer 1:4,19). Dès ce moment, laissant tout pour obéir (Jer 17:16), il entreprit dans les bourgs et les villes des tournées de prédication. Il le fit dans l'esprit des prophètes du VIII° siècle, surtout dans celui d'Osée :

Par sa criante impudicité, Israël a souillé le pays ; elle a commis adultère avec la pierre et le bois. Malgré tout cela, la perfide Juda, sa soeur, n'est pas revenue à moi de tout son coeur, et c'est avec fausseté qu'elle l'a fait, dit Jéhovah.

L'infidèle Israël paraît innocente

Auprès de la perfide Juda... (Jer 3:9 et suivant)

Quand, en 621, la réforme éclata, Jérémie se donna à elle avec toute la flamme qui dévorait son âme sensible. Nous en avons la preuve, non seulement dans ses discours (ch. 4-6), mais dans l'influence que la langue même du Deutéronome exerça sur lui. Comme génie réformateur, il fut donc le continuateur d'Ésaïe. Cependant, tout est contraste entre ces deux hommes. L'un se donne joyeusement à l'apostolat, l'autre est contraint d'y entrer malgré sa résistance ; l'un commande aux événements, l'autre est victime des circonstances ; celui-là s'impose aux foules et à la cour, celui-ci reste incompris des masses et subit la disgrâce des rois ; Esaïe est entouré de disciples, Jérémie a Baruc, que l'isolement décourage. Le premier contemple la majesté divine et affermit l'ancienne alliance ; le second « découvre le coeur humain » et annonce la nouvelle alliance. En un sens, il la préfigure. Déjà, sa vocation lui apprend qu'il sera « une occasion de chute et de relèvement, un signe de contradiction » (rapprocher Jer 1:10 et Lu 2:34).

Autre trait qui marque non pas un déclin, comme on l'a dit, mais au contraire un progrès vers la compréhension de la pensée divine : Jérémie, chez qui l'inspiration, l'illumination intérieure ne sont pas moindres que chez son devancier Ésaïe (Jer 4:13 5:13 6:11 8:16 10:22 23:9), ne se présente pas comme lui avec l'impétuosité du prophète qui, subjugué par la possession divine, parle sans se soucier d'autre chose que d'annoncer les décrets du Dieu qui a fait irruption dans sa vie. L'origine du mandat ne lui suffit plus, il faut que le mandat soit légitimé par l'accomplissement de la prophétie (Jer 28:9, cf. De 18:21 et suivant). La réflexion rejoint l'inspiration et parfois la contrôle. En outre, le sentiment se fait jour, et la sympathie pour l'homme pénètre les paroles de Dieu et celles de son mandataire (Jer 8:18 9:1 13:17 21:10 13:9,14:17). Enfin les actes symboliques jouent un rôle plus accentué (Jer 27:2 28:10 32:6 43:9). D'un mot, la prophétie s'humanise, la religion s'individualise : Jérémie fraie la voie à l'Évangile (Jer 31:31) au point que les compatriotes de Jésus prendront celui-ci pour Jérémie ressuscité (Mt 16:14). Hölscher (Propheten, pp. 294-297) a bien entrevu les caractères distinctifs de Jérémie, mais le radicalisme de sa critique qui refuse au prophète d'Anathoth plusieurs chapitres essentiels Jer 7:15 11:1-14 31:31-37 le met dans l'impossibilité de pousser le portrait de Jérémie jusqu'à l'entière ressemblance.

Jéhovah avait, par Ésaïe, offert le pardon à Israël. (Esa 1:18) Le Deutéronome, continuant dans la même ligne, mettait comme condition à tout culte jéhovique : la circoncision du coeur. (De 10:16 30:6) Mais on sait que cela doit être entendu dans un sens collectif. Comme la loi avait dit : « Écoute, Israël », le repentir attendu, le pardon promis concernent Israël, la nation à qui, seule, est destiné un avenir glorieux, « Comme le dit Wellhausen : Il suffit que le peuple vive éternellement. Sur l'individu passe la roue de l'histoire ; pour lui, il ne reste que le sacrifice, mais point d'espérance. Sa seule récompense est dans la prospérité de la nation. » (A. Causse). Jérémie a commencé son ministère dans cette attitude héroïque ; c'est Israël, Juda, en tant que peuple élu, qu'il a traités d'adultères ; c'est à Juda maintenant qu'il demande la circoncision du coeur, condition du pacte deutéronomique :

Écoutez les paroles de ce Pacte...

Maudit soit qui n'écoute point

Les paroles de ce Pacte

Que j'ai prescrit à vos pères,

Le jour où je les fis sortir

Du pays d'Egypte,

De la fournaise de fer... (Jer 11:1-4, cf. De 29:1).

Jéhovah me dit :

Publie toutes ces paroles

Dans les villes de Juda

Et dans les rues de Jérusalem,

Et dis :

Ecoutez les paroles de ce Pacte

Et mettez-les en pratique ! (Jer 11:6)

Défrichez-vous un champ nouveau,

Et ne semez plus parmi les épines ;

Circoncisez vos coeurs,

De peur que ma colère

N'éclate comme un feu,

Et ne s'enflamme

Sans qu'on puisse l'éteindre ! (Jer 4:3 et suivant)

Mais il s'aperçut bientôt que le milieu qui avait lancé la réforme voyait les choses autrement. Le lien entre les prêtres et les prophètes nationalistes s'était renoué. (cf. Jer 26:7 et suivant) La masse du peuple, les castes sacerdotale et militaire, les faux prophètes, préoccupés par les événements politiques, supportaient malaisément l'intransigeance et les principes austères du prédicateur d'Anathoth. Ils le regardaient comme un patriote suspect... Tout à coup, la catastrophe de Méguiddo (609) achève de lui retirer tout crédit. Le roi réformateur est tué au cours d'une action de fidélité, puisqu'il tente d'arrêter le pharaon Néco qui vole au secours de l'Assyrien exécré (cf. Josèphe, Ant., X, 6). Que valent donc les promesses du Deutéronome ? Les parties prophétiques du Pacte furent rejetées dans l'ombre et l'on ne s'occupa plus que d'en renforcer la partie cultuelle, qui n'empêchait point la politique des alliances étrangères et des conjurations de suivre son cours.

Alors Jérémie rompt avec prêtres et prophètes et prononce devant les portes du temple son grand discours (Jer 7 à Jer 9, et Jer 10:17-25).

Ne vous livrez pas à des espérances trompeuses

En disant : C'est ici le temple de Jéhovah,

Le temple de Jéhovah, le temple de Jéhovah ! (Jer 7:4)

Mon peuple ne connaît pas

La thora de Jéhovah.

Comment pouvez-vous dire :

Nous sommes sages,

La thora de Jéhovah est avec nous ?

En vain s'est mise à l'oeuvre

La plume mensongère des scribes...

Ils ont méprisé la parole de Jéhovah.

Depuis le prophète jusqu'au prêtre,

Tous usent de tromperie...

Les prophètes prophétisent le mensonge...

Je ne les ai pas envoyés...

Je ne leur ai point parlé !

Fausses visions, vaines divinations,

Tromperies de leur propre esprit :

Voilà ce qu'ils vous prophétisent ! (Jer 8:7-10 14:14).

Jérémie reprend l'argument d'Amos : Jéhovah ne vous a jamais demandé de l'adorer par les cérémonies d'un culte.

Ajoutez holocaustes à sacrifices, Et mangez-en la chair !

Car je n'ai point parlé à vos pères Et je ne leur ai point donné d'ordres, Lorsque je les ai tirés d'Egypte, Au sujet d'holocaustes et de sacrifices. Voici l'ordre que je leur ai donné : Écoutez ma voix et je serai votre Dieu, Et vous serez mon peuple (Jer 7:21-23).

Ces dernières paroles sont le pendant de la déclaration de Mic 6. Le cadre historique de ce discours capital se trouve dans Jer 26. On y voit en toute clarté la collusion entre les prêtres et les prophètes nationalistes et la preuve qu'ils étaient ensemble les pires ennemis des prophètes jéhovistes (Jer 26:11). Sans le peuple et les chefs politiques, Jérémie aurait payé de sa tête la hardiesse de ses propos. (cf. Jer 7:14) Il fut heureux que ce jour-là le roi se trouvât absent, car Jéhojakim, sur l'insistance des prêtres et des prophètes, eût sans doute traité Jérémie comme le prophète Urie qu'il avait fait extrader d'Egypte et mis à mort, parce qu'il avait prédit, lui aussi, la ruine de Jérusalem (Jer 26:20-23). Espérant encore sauver son peuple, Jérémie, seul, entreprend une lutte de titan contre toutes les forces conjurées. Quand il tonne contre le formalisme religieux, prêtres et prophètes se liguent pour le perdre. Quand il recommande l'observation de la foi jurée au suzerain, les chefs politiques l'accusent d'être traître à la patrie. Quand il annonce à Sédécias que la justice de Jéhovah s'accomplira, non par des victoires sur le champ de bataille, mais par la ruine de Jérusalem punie pour ses péchés, on le jette dans un cachot. Sa conscience prophétique est mise en passion. Avec son roi sans force, sa politique sans parole et sa religion sans morale, le peuple de Dieu se précipite dans une impasse au fond de laquelle il va briser son destin. Mais Jéhovah ne peut être acculé à une impasse. Ne plus parler de lui serait avouer sa défaite. Jérémie ne le peut. Et c'est ainsi que par ses combats, par ses déceptions, par les obstacles accumulés devant lui, il est amené par Dieu au grand virage qui le détournera de la route suivie par l'Israël selon la chair et lui découvrira les horizons de l'Israël selon l'Esprit.

Un Éthiopien peut-il changer sa peau

Et un léopard ses taches ?

Alors, comment pourriez-vous faire le bien,

Vous qui n'avez appris qu'à mal faire ? (Jer 13:23)

On ne peut changer sa nature... Peut-être le récit de la Chute a-t-il éclairé à ce moment-là la conscience de Jérémie. Et, si le Ps 51 existait de son temps, du moins sous sa forme première en trois strophes (Ps 51:3,19), il a pu voir dans les versets 7et8 la vérité qu'il vient d'exprimer et la nécessité qui lui inspirera la prophétie par laquelle il couronne sa théologie. Puisque l'Israélite, comme tous les autres hommes, a été conçu dans le péché et puisque Jéhovah, qui l'aime « d'un amour éternel » (Jer 31:3), veut l'amener au salut, il faut que, par une initiative nouvelle, Dieu intervienne dans l'histoire et qu'il obtienne de l'individu ce qu'il n'a pu obtenir de la collectivité.

Voici, le jour vient,

Dit Jéhovah,

Où je ferai avec la maison d'Israël

Et avec la maison de Juda

Une alliance nouvelle,

Non comme l'alliance

Que je traitai avec leurs pères...

Alliance qu'ils ont violée,

Quoique je fusse leur maître, dit Jéhovah ;

Mais voici l'alliance que je ferai :

Je mettrai ma loi au dedans d'eux,

Je l'écrirai dans leur coeur.

Alors je serai leur Dieu,

Et ils seront mon peuple.

Celui-ci n'enseignera plus son prochain,

Ni celui-là son frère,

En disant : Connaissez Jéhovah !

Tous me connaîtront,

Depuis le plus petit jusqu'au plus grand,

Car je pardonnerai leur iniquité (Jer 31:31-34).

Jérémie s'est-il représenté ce que serait cette alliance ? En a-t-il entrevu le drame historique ? Mystère. Et pourtant la révélation est là. Avant d'être entraîné de force en Egypte où, dit la tradition, ses compatriotes le lapidèrent pour se venger de ses prédictions, le vieux prophète a donné au inonde le principe même de l'Évangile : par l'initiative de la miséricorde divine, une nouvelle alliance, non plus une alliance extérieure, collective, envisagée sous l'angle de la solidarité nationale et conditionnée par un statut social, mais une alliance intérieure, individuelle, réalisant par la libre adhésion du coeur la communion spirituelle avec Dieu.

EZECHIEL.

Jeune prêtre appartenant sans doute à la famille aristocratique des Tsadokides, vouée depuis des siècles au service du temple, Ézéchiel a connu Jérémie, il l'a entendu. Son âme droite et croyante a dû en être troublée. Quand vinrent la prise de Jérusalem et l'exil qui sanctionnaient les prédictions du terrible censeur d'Anathoth, Ézéchiel, certainement, emporta en Caldée le sentiment que la cause du prophète était juste. Mais il ne devint lui-même prophète que sur terre étrangère, au milieu des dispersés de Juda. Plus de temple, plus de sacrifices ; une élite éplorée qui « suspend ses harpes aux saules de Babylone » et qui supplée à l'absence de culte par la ferveur de la pensée. Le milieu était propice au développement de l'individualisme inauguré par Jérémie. Ézéchiel ne sera plus un prophète qui s'oppose à un peuple, mais un apôtre qui fait de la cure d'âme :

Fils de l'homme, fils de l'homme, je t'établis comme sentinelle... Quand je dirai au méchant : « Tu mourras ! » si tu ne l'avertis pas, si tu ne parles pas pour détourner le méchant de sa mauvaise voie et pour lui sauver la vie, ce méchant mourra dans son iniquité, et je te redemanderai son sang. Mais si tu avertis le méchant et qu'il ne se détourne pas..., il mourra dans son iniquité, et toi, tu sauveras ton âme. (Eze 3:17,19 33:15).

Développant une parole de Jérémie (Jer 31:29), il polémise contre la vieille notion de solidarité nationale qui faisait porter aux innocents la peine des coupables. Ézéchiel est le prophète de la responsabilité individuelle et des conséquences qui en découlent :

Pourquoi dites-vous ce proverbe : « Les pères ont mangé des raisins verts et les dents des enfants en ont été agacées » ? Je suis vivant ! dit le Seigneur Jéhovah, vous n'aurez plus lieu de le dire. Voici, toutes les âmes sont à moi, l'âme du fils comme l'âme du père ; l'une et l'autre m'appartiennent ; l'âme qui pèche, c'est celle qui mourra... Si un homme a un fils qui voie tous les péchés que commet son père, qui les voie et n'agisse pas de la même façon..., celui-ci ne mourra pas pour l'iniquité de son père, il vivra. L'âme qui pèche, c'est celle qui mourra. (Eze 18:1,4,14,17,20, cf. chap. 5).

Il ne s'agit plus, avec Ézéchiel, du salut d'Israël en tant que nation, mais du salut de l'Israélite en tant que pécheur repentant :

Si le méchant revient de tous les péchés qu'il a commis,... toutes les transgressions qu'il a commises seront oubliées, il vivra... Ce que je désire, est-ce que le méchant meure ? dit le Seigneur Jéhovah. N'est-ce pas qu'il change de conduite et qu'il vive ? Revenez, détournez-vous de vos transgressions, afin que l'iniquité ne cause pas votre ruine... Faites-vous un coeur nouveau et un esprit nouveau... Je ne désire pas la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur Jéhovah. Convertissez-vous et vous vivrez. (Eze 18:21,23,30-32 voir verset 10-20).

Israël ne vivra que par la fidélité d'individualités attachées de coeur à Jéhovah ; en ce sens, Ézéchiel continue le Deutéronome sans le nommer. (cf. De 30:15-20) Mais, où il le dépasse, c'est quand, reprenant l'idée de la nouvelle alliance lancée par Jérémie, il en précise la condition dans sa vision des ossements desséchés. L'Israël selon la chair est mort. Mais les desseins d'amour de Jéhovah ne sont pas anéantis pour cela. La puissance créatrice de l'Esprit qui vivifia jadis le chaos et qui, depuis, anima les hommes de Dieu, peut, sur l'initiative de Jéhovah, rendre la vie aux ossements desséchés :

La main de l'Éternel fut sur moi, il me transporta en esprit et me déposa dans le milieu d'une vallée remplie d'ossements... Ils étaient fort nombreux à la surface de la vallée et ils étaient complètement secs. Il me dit ; « Fils de l'homme, ces os pourront-ils revivre ? » Je répondis : « Seigneur Jéhovah, tu le sais. »

Il me dit : « Prophétise et parle à l'Esprit. Prophétise, fils de l'homme, et dis à l'Esprit : Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : Esprit, viens des quatre vents, souffle sur ces morts et qu'ils revivent ! » Je prophétisai selon l'ordre donné. L'Esprit entra en eus, ils reprirent vie et se tinrent sur leurs pieds. C'était une armée, une grande armée.

Il me dit : « Fils de l'homme, ces os sont toute la maison d'Israël... Je mettrai mon Esprit en vous, et vous vivrez. » (Eze 37:1-14).

Mais ici s'avère entre Ézéchiel et ses prédécesseurs une différence qu'il faut noter et caractériser. Quand les prophètes parlaient de renaissance dans les jours mauvais d'Israël, ils faisaient dépendre cette résurrection d'un changement dans les dispositions du peuple : « Repentez-vous, et alors... » Tandis que le pasteur des exilés annonce cette résurrection comme une initiative commandée à Dieu par son honneur. La gloire de Jéhovah est liée à la vie de son peuple. Il faut donc qu'il sauve celle-ci pour exalter celle-là. La grâce de Jéhovah aura pour effet et non pour cause le repentir d'Israël (Eze 36:22-38). Israël sera restauré ; Jérusalem, qui vient d'être détruite, sera relevée, et la nouvelle capitale, autour de laquelle les douze tribus seront groupées, s'appellera « Jéhovah est ici » (Eze 48:35). Cette prédication ramena à Ézéchiel la faveur des exilés. Le « faiseur de paraboles » (Eze 21:5) est devenu « le chanteur agréable » (Eze 33:32), et la critique moderne a raison de voir en Ézéchiel le précurseur du judaïsme. Mais il en est du Juif Ézéchiel comme du chrétien Augustin que protestants et catholiques revendiquent à bon droit, mais pour des raisons différentes, comme leur docteur. En taisant l'universalisme jéhovique, en développant le culte et la thora, en donnant une valeur aux sacrifices, Ézéchiel a ouvert la voie au particularisme, au légalisme, au ritualisme juifs ; mais en proclamant la miséricorde de Jéhovah, en réclamant de l'Israël nouveau des coeurs humiliés, convertis, pleins d'amour pour Jéhovah, en mettant comme condition à la vie future d'Israël la résurrection par l'Esprit, Ézéchiel ne s'est-il pas tenu dans la ligne des prophètes, ne l'a-t-il pas prolongée dans le sens de l'Évangile ? Car enfin, si les grâces du royaume de Christ sont conditionnées par le repentir et la conversion, la venue de Christ n'a pas dépendu d'un changement dans le coeur des hommes, Christ est venu à l'heure marquée par Dieu, et le changement des coeurs a été la conséquence, non la condition préalable de son incarnation sur la terre. Or, c'est bien cette réalité-là qui a été entrevue par Ézéchiel. C'est vers cette réalité où s'unissent la souveraine liberté de Dieu et sa miséricorde rédemptrice que nous orientent ensemble les paraboles, les prédications et les visions apocalyptiques du prophète de Tel-Abib. Certes, il avait été prêtre à Jérusalem, et son amour pour le temple, que remplissait à ses yeux la présence divine, a dominé toute sa vie... N'oublions pas, pour être justes, que la religion jéhovique, jusqu'à la Pentecôte, ne pouvait être conçue par le peuple de Dieu ni vécue par la masse des adorateurs en dehors des pratiques du culte ; tant que l'Esprit a été extérieur à l'homme, l'adoration ne pouvait, sauf en quelques individualités privilégiées, s'exprimer qu'avec le secours des pratiques extérieures--et c'est là ce qui fait encore aujourd'hui, en plein christianisme, la force du catholicisme. Ce qu'il y a d'admirable, ce qui fait que, tout bien considéré, on ne peut regarder Ézéchiel comme un prophète en qui la prophétie a rétrogradé ou s'est égarée, c'est que, malgré sa formation sacerdotale, il a compris que la restauration d'Israël n'aurait de valeur, que temple et culte n'auraient à l'avenir d'efficace, que si Jéhovah remplissait la cité nouvelle de sa grâce et si, du sanctuaire renouvelé par l'Esprit, découlait une source fertilisante, purifiante, vivifiante, destinée à muer la patrie juive en paradis (Eze 47:1-12). Que cette source n'ait été pour Ézéchiel qu'un symbole, ou qu'il ait vu en elle la transfiguration du filet d'eau qui s'échappait effectivement des murs de l'ancien sanctuaire : fons perennis aquoe (Tacite), nous ne pouvons autrement que d'y voir une lointaine mais claire prédiction de la « source d'eau vive » (cf. Jn 4:14 7:37, cf. Esa 58:11, Za 14:8).

ÉSAÏE II L'homme à qui il devait être donné de couronner l'oeuvre des grands prophètes et de faire monter la marée de l'Esprit jusqu'au niveau de l'Évangile, vivait au temps de l'exil. Mais rien, dans ses écrits, ne parle des événements de Babylonie ni ne fait allusion aux circonstances des dispersés qui vivaient dans l'entourage d'Ézéchiel. C'est un vrai contresens que de placer dans les plaines de la lointaine Caldée le prophète qui écrit : « Qu'ils sont beaux sur les montagnes, les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles ! » (Esa 52:7 cf. Na 2:1), qui se sert couramment du verbe « ramener » (Esa 49:22 43:5 et suivant, etc). pour désigner le retour des Juifs dans leur patrie « à travers le désert » (Esa 40:3 43:9), fait des allusions constantes à la mer et aux îles (Esa 41, Esa 42, Esa 49, Esa 51) et nomme l'Egypte, Couch (Cus) et les Sabéens contre lesquels il fulmine (Esa 43:3 45:14 et suivants). A ne considérer que ses écrits, dans lesquels nous voyons qu'il avait des horizons beaucoup plus étendus que ses prédécesseurs, et sa théologie, qui culmine dans l'Homme de douleur, il nous paraît qu'Ésaïe II dut faire partie tout enfant de la fuite en Egypte (Jer 43), avoir connu là le vieillard Jérémie et assisté à son martyre. Après quoi, il sera revenu sur les ruines de Sion pour soutenir le peuple désemparé par ses infortunes et par la misère où l'avait laissé l'élite des Juifs transplantée au pays euphratique :

Consolez, consolez mon peuple, Dit votre Dieu... (Esa 40:1)

Une preuve encore qu'Ézéchiel et Ésaïe II n'exerçaient pas sur le même terrain, c'est le contraste de leurs attitudes. Tandis qu'Ézéchiel, dans son milieu d'exil que l'éloignement rend inoffensif, va à visage découvert, prêche, se raconte et se mêle à la vie des déportés qui l'entourent, Ésaïe II ne paraît pas ; ses écrits ne livrent rien de ce qui le concerne. On dirait qu'il se tient volontairement en dehors des circonstances qui pourraient trahir sa présence. C'est qu'il se trouve au foyer des anciennes révoltes. La main du tyran caldéen pesait lourdement sur Juda. Les complots successifs l'avaient rendu ombrageux. Il ne s'agissait plus, en Palestine, de propagande ouverte, mais seulement d'appels et d'encouragements plus ou moins clandestins, rédigés sous forme de sourates (voir ce mot) que les fidèles se passaient l'un à l'autre et envoyaient avec précaution dans les colonies de Juifs déportés. Ces sourates d'Ésaïe II ont été réunies après coup ; l'ordre en a souffert et, de-ci, de-là, des adjonctions post-exiliques ont pu y introduire quelque flottement dans le détail. Mais la pensée générale qui inspirait le ministère d'Ésaïe II ne s'en dégage pas moins de l'ensemble avec une netteté souveraine.

La connaissance qu'il a de la politique contemporaine révèle en Ésaïe II l'homme instruit, informé et génialement doué pour la philosophie de l'histoire. Jéhoviste fervent, il constate que les dieux des grandes nations, de celles qui passent et repassent sur les petits peuples du moyen Orient comme la, meule écrase les gerbes sur l'aire, les divinités égyptiennes et hittites, surtout les dieux de Ninive et de Babylone, Ashour, Bel, Nébo, dieux de sang et d'orgie, ont échoué dans leur oeuvre de force ; et voici maintenant que le plus grand de tous, la divinité des vieux Akkadiens qui, depuis 2.000 ans, réussissait toujours à ramener sa souveraineté sur les peuples conquis et les divinités rivales, Mardouk, est menacé. Il tombe, renversé par qui ? par un prince achéménide Cyrus, qui ne croit qu'à un Dieu unique et vivant, adoré sans image, un dieu qui interdit le meurtre, le vol, le mensonge. Ne nous laissons pas tromper par le cylindre de Cyrus, aux expressions hyperboliques, quand il nous présente Mardouk comme introduisant lui-même le conquérant perse à Babylone. Le but de cette inscription est de nous apprendre que Cyrus, à l'encontre des vainqueurs sémites, massacreurs de peuples et briseurs de dieux, entendait se présenter en bienfaiteur, en libérateur, respectueux des biens, des moeurs et des croyances des peuples qu'il annexait à son empire. Qu'est-ce à dire, sinon que l'on retrouve en lui les qualités d'un adorateur du Dieu juste et bon, soucieux de mettre partout la vie : le « dieu des cieux » ou dieu suprême des Achéménides (Esd 1:2 7:12), Ahura-Mazda, prêché par le prophète aryen Zoroastre. « ... Alors vint le second Ésaïe, qui marque l'apogée de la religion d'Israël ; il appartient à cette époque merveilleuse qu'ont rendue célèbre Zoroastre, Mahavira, le fondateur du djaïnisme, Bouddha, Lao-Tse, Confucius et les cultes orphiques » (S.A. Cook ; cf. Moore, Hist, of Relig., I, p. IX). Si, ainsi qu'il ressort des perspectives de son livre, le second Ésaïe n'a pas été confiné comme les prophètes du VIII e siècle dans les montagnes de la Palestine (Duhm pense même qu'il habitait les côtes de la Phénicie), rien ne s'oppose à ce qu'il ait connu au moins les plus proches éléments des grands courants religieux que l'Orient vit naître à son époque, et dont la propagande s'étendait jusqu'aux îles de la Méditerranée (par ex. le renouvellement de toutes choses, (Esa 65:17) et suivants, rappelle de façon frappante la frashôkéréti mazdéenne). On comprend dès lors qu'il ait salué de loin les premiers triomphes de l'Achéménide et proclamé en Cyrus l'exécuteur des volontés, le « pasteur », le « messie » de Jéhovah. Ce n'est plus ici l' imperator farouche qui sert à son insu la colère de Jéhovah irrité contre son peuple, c'est le prince bienfaiteur qui apporte la délivrance aux fidèles jéhovistes et qui a conscience, en brisant les chaînes d'Israël, d'exécuter la volonté divine (Esa 45:1,6 41:25).

Apportée aux populations juives qui végétaient abandonnées parmi les ruines de Sion, cette nouvelle était propre à ranimer leur espérance, mais aussi à l'alarmer : Cyrus aurait-il supplanté David ? Les tribus de Jacob ne seraient-elles plus le peuple élu ? Jéhovah aurait-il oublié le destin d'Israël et le droit qu'il tenait du contrat d'Abraham ?

Par son prophète, Jéhovah, d'abord, les rassure :

Pourquoi dis-tu, Jacob,

Pourquoi dis-tu, Israël :

Mon destin est caché devant Jéhovah,

Mon droit passe inaperçu devant Dieu ?

Israël mon serviteur,

Jacob, que j'ai choisi,

A qui j'ai dit : « Tu es mon serviteur ;

Je t'ai choisi et ne te rejette point, »

Ne crains rien, car je suis avec toi (Esa 40:27 41:25).

S'il a appelé Cyrus, s'il l'a provoqué à l'action, c'est pour démontrer à tous le néant des idoles et pour consommer la ruine des faux dieux auxquels Israël a tant sacrifié.

Je l'ai suscité du septentrion,

Et il est venu.

De l'orient, il invoque mon nom,

Il foule les puissants comme de la boue,

Comme l'argile que foule un potier (Esa 41:25).

Ils sont tous honteux et confus,

Ils s'en vont tous avec ignominie,

Les fabricants d'idoles...

Leurs oeuvres ne sont que néant,

Leurs idoles ne sont qu'un vain souffle (Esa 45:16 41:29).

Bel s'écroule, Nébo tombe ; Leurs idoles que vous portiez en procession Sont chargées sur des bêtes de somme, Deviennent un fardeau pour l'animal fatigué. Ils tombent, ils s'écroulent ensemble,

[Bel, Nébo] n'ont pu sauver le fardeau,

[Les idoles qui les représentent, ] Et ils s'en vont eux-mêmes en captivité (Esa 46 : 1).

Dans son enthousiasme, Ésaïe II compare les victoires de Jéhovah sur les divinités qui avaient usurpé sa gloire à la victoire qu'il remporta jadis sur les monstres du chaos (Esa 51:9 et suivant ; voir Cosmogonie) :

Réveille-toi, réveille-toi,

Revêts-toi de force, bras de Jéhovah !

Réveille-toi, comme aux jours d'autrefois,

Dans les anciens âges !

N'est-ce pas toi qui taillas en pièces Rahab,

Qui perças le monstre marin ?

N'est-ce pas toi qui desséchas la mer,

Les eaux de la grande Tehom ?

Comme il avait, ensuite de son triomphe sur les puissances de désordre, organisé par l'Esprit qui planait sur l'abîme l'harmonie lumineuse de la création matérielle, Dieu va maintenant, par Israël, grâce à l'anéantissement des fausses divinités, entreprendre au sein de l'humanité la création spirituelle :

Je suis Jéhovah, ton Dieu,

Qui soulève la mer et fais mugir les flots...

Je mets mes paroles dans ta bouche,

Je te couvre de l'ombre de ma main,

Pour étendre de nouveaux cieux

Et fonder une nouvelle terre,

Et pour dire à Sion : « Tu es mon peuple ! » (Esa 51:15).

Mais revenons au « serviteur » de Jéhovah (Esa 41:8). Dans la première sourate qui y fait allusion, apparaît l'idée, déjà émise par Ésaïe I, que le secours de Jéhovah ne pourra atteindre qu'une partie du peuple élu :

Ne crains rien, vermisseau de Jacob,

Faible reste d'Israël !

Je viens à ton secours, dit Jéhovah,

Le Saint d'Israël est ton Sauveur (Esa 41:14),.

Pourquoi ? A cause de l'aveuglement de la masse, qui a trahi l'alliance :

Sourds, écoutez ! Aveugles, regardez et voyez !

Qui est aveugle, sinon mon serviteur,

Et sourd, comme mon messager que j'envoie ?

Qui est aveugle comme l'ami de Dieu,

Aveugle comme le serviteur de Jéhovah ?

Tu as vu beaucoup de choses,

Mais tu n'y as point pris garde...

Jéhovah a voulu pour le bonheur d'Israël

Publier une loi grande et magnifique.

Ils n'ont point écouté sa loi ;

Aussi a-t-il versé sur Israël

L'ardeur de sa colère (Esa 42:18-21,24,25).

Quant à la partie restée fidèle à l'élection, les anavîm, les ébionîm, les tsaddiqîm, disciples des prophètes, elle n'a rien à craindre de ses ennemis malgré sa faiblesse :

Ne crains rien, car je te rachète,

Je t'appelle par ton nom : tu es à moi.

Si tu traverses les eaux, je serai avec toi,

Et les fleuves ne te submergeront pas ;

Si tu marches dans le feu...,

La flamme ne t'embrasera pas.

Car je suis Jéhovah, ton Dieu,

Le Saint d'Israël, ton Sauveur (Esa 43:1,3).

Je répandrai des eaux sur le sol altéré,

Des ruisseaux sur la terre desséchée,

Je répandrai mon Esprit sur ta race (Esa 44:3).

Sa première tâche--tâche splendide et périlleuse--

sera d'agir comme un levain dans la pâte ; il devra évangéliser la masse-- « maison de rebelles » (Eze 17:12) --, il devra prêcher de la part de Jéhovah :

Souviens-toi de ces choses, ô Jacob :

Je t'ai formé, tu es mon serviteur...

Reviens à moi, car je t'ai racheté ! (Esa 44:21 et suivant)

Je confirme la parole de mon serviteur,

J'accomplis ce que prédisent mes envoyés (Esa 44:26).

Ce serviteur, envoyé à la masse avec la force de l'Esprit pour réduire à néant les faux miracles des prophètes de mensonge (Esa 44:25) et pour prêcher la conversion avec la force de l'Esprit (Esa 48:13,16) sera appelé à souffrir de la part de ses compatriotes.

Jéhovah m'a parlé dès ma naissance,

Il m'a nommé dès la sortie

Des entrailles maternelles.

Il a rendu ma bouche

Semblable à un glaive tranchant...

Il m'a dit : « Tu es mon serviteur,

Israël en qui je me glorifierai. »

Et moi, j'ai dit :

« C'est en vain que j'ai travaillé,

C'est pour le vide et le néant

Que j'ai consumé ma force. »

Mais mon droit est auprès de Jéhovah (Esa 49:1,4).

Ne dirait-on pas qu'en écrivant ces lignes, Ésaïe II pense à Jérémie, évoque ses désillusions et ses débats avec son Dieu ? (cf. Jer 1:4,6 20:7,13) Et pourtant, c'est bien encore le noyau des fidèles jéhovistes groupés autour des prophètes que Fauteur envisage ici, et c'est à lui qu'il assigne maintenant une tâche magnifique : non seulement il est appelé à évangéliser son peuple, mais, par son rôle de médiateur dans la souffrance, il sera élevé à la dignité de missionnaire au sein de tous les peuples :

Maintenant, Jéhovah parle,

Lui qui m'a forme dès ma naissance

Pour être son serviteur,

Pour ramener à lui Jacob...

Car je suis honoré aux yeux de Jéhovah

Et mon Dieu est ma force.

Il dit : « C'est peu que tu sois mon serviteur

Pour relever les tribus de Jacob...

Je t'établis pour être la lumière des nations,

Pour porter mon salut jusqu'aux extrémités de la terre. »

Ainsi parle Jéhovah...

A celui qu'on méprise

Et qui est en horreur au peuple (Esa 49:5,7).

Ces dernières lignes, qui rappellent le sort de Jérémie, introduisent les discours missionnaires de Jésus : « Allez et évangélisez toutes les nations... Vous serez mes témoins jusqu'aux extrémités de la terre. » Elles fixent à jamais le rôle glorieux d'Israël dans l'histoire de l'humanité ; elles marquent le couronnement de son élection. Mais la tâche de « porter le salut » pourra-t-elle vraiment être accomplie par une collectivité ? Ne renferme-t-elle pas un élément expiatoire qui demeurera un mystère incompréhensible aux hommes, même les meilleurs, jusqu'à ce qu'une personnalité divino-humaine ait pris sur elle de l'incarner dans le monde, de souffrir et de mourir pour le salut de tous ? Ésaïe II a compris cette nécessité. Il en a entrevu la révélation ; mais sa révélation de 1' « Homme de douleur » appartient à la prophétie messianique, qui sera étudiée plus loin dans son ensemble.

Arrivons donc immédiatement aux conséquences de cet acte rédempteur dont le héros incarnera les privilèges, les vertus et la mission de sa race. Israël par lui aura appelé tous les peuples au salut :

Vous tous qui avez soif,

Venez, voici de l'eau.

Venez, achetez et mangez...

Sans argent, sans rien payer.

Écoutez, et votre âme vivra (Esa 55:1,3).

L'alliance avec David sera étendue à tous les hommes de bonne volonté :

Je traiterai avec vous une alliance éternelle

Pour rendre durables mes faveurs envers David.

Voici, je t'ai établi

Comme témoin auprès des peuples...

Tu appelleras des nations que tu ne connais pas,

Et les nations qui ne te connaissent pas

Accourront vers toi,

A cause de l'Éternel, ton Dieu...

Qui ne se lasse pas de pardonner... (Esa 55:3,5,7)

Les étrangers qui s'attacheront à Jéhovah...

Pour aimer le nom de l'Éternel,

Pour être ses serviteurs...,

Je les amènerai sur ma montagne sainte,

Je les réjouirai dans ma maison de prière... (Esa 56:6)

Jérusalem demeure bien le centre de l'humanité renouvelée, mais combien moral et spirituel sera le culte qu'on y célébrera ! Voici un passage qui suffirait à lui seul pour prouver que l'ensemble des sourates Esa 60 à 66, à part les adjonctions dont nous avons parlé (les critiques qui attribuent Esa 56 à 66 à l'époque d'Esdras considèrent souvent que ces chapitres appartiennent à des auteurs différents, disciples d'Ésaïe II), ne saurait appartenir à l'époque des scribes et porte le plus authentique cachet des temps prophétiques :

Que nous sert de jeûner,

Si tu ne le vois pas ?

De mortifier notre âme,

Si tu n'y as point égard ?

-Vous ne jeûnez pas comme le veut ce jour...

Courber la tête comme un jonc,

Se coucher sur le sac et la cendre,

Est-ce là ce que tu appelleras un jeûne,

Un jour agréable à Jéhovah ?

Détache les chaînes de la méchanceté,

Dénoue les liens de la servitude,

Renvoie libres les opprimés,

Partage ton pain avec celui qui a faim,

Fais entrer chez toi le malheureux sans asile,

Si tu vois un homme nu, couvre-le,

Et ne te détourne pas de ton semblable.

Alors ta lumière poindra comme l'aurore...

Tu appelleras, et Jéhovah répondra,

Tu crieras, et il dira : « Me voici ! » (Esa 58:3,8).

Le règne de Jéhovah glorifié par un culte spirituel rayonnera de la cité de lumière que le prophète aperçoit maintenant bien au-dessus de la Jérusalem qu'il chantait d'abord comme le sanctuaire d'Israël reconstitué. L'horizon deutéronomique, avec ses perspectives nationales, est dépassé. La ville apocalyptique d'Ézéchiel : Jéhovah-Chammah, voit aussi ses cadres éclater et doit reporter ses limites jusqu'aux extrémités du monde afin de pouvoir englober dans la gloire de Jéhovah des représentants de l'humanité tout entière. Les portes de cette cité, qui s'appellera « ville de Jéhovah », seront toujours ouvertes afin que de toutes parts et en tout temps les peuples réconciliés puissent venir y célébrer tout ensemble l'accomplissement des promesses faites à Jacob et le salut de toutes les nations.

Lève-toi, sois illuminée,

La gloire de Jéhovah se lève sur toi...

Je glorifierai la maison de ma gloire.

Qui sont ceux-là, qui volent comme des nuées,

Comme des colombes vers leur colombier ?

Car les îles espèrent en moi...

Tes portes seront toujours ouvertes,

Elles ne seront fermées ni jour, ni nuit,

Afin de laisser entrer chez toi

Les trésors des nations,

Les rois avec leur suite...

Les fils de tes oppresseurs

Viendront s'humilier devant toi ;

Ils t'appelleront « ville de Jéhovah »,

« Sion du Saint d'Israël » -..

Tu donneras à tes murs le nom de « Salut »,

A tes portes celui de « gloire ».

Ce ne sera plus le soleil

Qui t'éclairera pendant le jour ;

De sa lueur, la lune ne t'éclairera plus,

Car Jéhovah sera ta lumière à jamais,

Ton Dieu sera ta gloire. (Esa 60, cf. Ap 21).

Une dernière fois, l'horizon s'élargit à l'infini. Le triomphe de Jéhovah « dont le ciel est le trône et la terre le marchepied » (Esa 66:1) exige plus que la régénération des âmes : il lui faut la transfiguration de la nature tout entière, afin que l'hymne universel glorifie le Créateur (Esa 65:17,25). Ici le prophète rejoint les espérances du premier Ésaïe (Esa 11) et la doctrine mazdéenne sur le renouvellement du monde :

Voici, je vais créer de nouveaux cieux

Et une nouvelle terre.

On ne se rappellera plus les choses passées...

Soyez à toujours dans l'allégresse

A cause de ce que je vais créer...

Mes élus jouiront de l'oeuvre de leurs mains...

Ils n'auront pas des enfants

Pour les voir périr...

Avant qu'ils m'invoquent, j'exaucerai...

Le loup et l'agneau paîtront ensemble,

Le lion comme le boeuf mangera de la paille,

Le serpent aura la poussière pour nourriture.

Il ne se fera ni tort ni dommage

Sur toute ma montagne sainte,

Dit Jéhovah. (Esa 65:17,22,25, cf. Eze 47).

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      Genèse 2

      1 Ainsi furent achevés les cieux et la terre, et toute leur armée.
      2 Dieu acheva au septième jour son oeuvre, qu'il avait faite : et il se reposa au septième jour de toute son oeuvre, qu'il avait faite.
      3 Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu'en ce jour il se reposa de toute son oeuvre qu'il avait créée en la faisant.
      4 Voici les origines des cieux et de la terre, quand ils furent créés.
      5 Lorsque l'Éternel Dieu fit une terre et des cieux, aucun arbuste des champs n'était encore sur la terre, et aucune herbe des champs ne germait encore : car l'Éternel Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre, et il n'y avait point d'homme pour cultiver le sol.
      6 Mais une vapeur s'éleva de la terre, et arrosa toute la surface du sol.
      7 L'Éternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant.
      8 Puis l'Éternel Dieu planta un jardin en Éden, du côté de l'orient, et il y mit l'homme qu'il avait formé.
      9 L'Éternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l'arbre de la vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal.
      10 Un fleuve sortait d'Éden pour arroser le jardin, et de là il se divisait en quatre bras.
      11 Le nom du premier est Pischon ; c'est celui qui entoure tout le pays de Havila, où se trouve l'or.
      12 L'or de ce pays est pur ; on y trouve aussi le bdellium et la pierre d'onyx.
      13 Le nom du second fleuve est Guihon ; c'est celui qui entoure tout le pays de Cusch.
      14 Le nom du troisième est Hiddékel ; c'est celui qui coule à l'orient de l'Assyrie. Le quatrième fleuve, c'est l'Euphrate.
      15 L'Éternel Dieu prit l'homme, et le plaça dans le jardin d'Éden pour le cultiver et pour le garder.
      16 L'Éternel Dieu donna cet ordre à l'homme : Tu pourras manger de tous les arbres du jardin ;
      17 mais tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras.
      18 L'Éternel Dieu dit : Il n'est pas bon que l'homme soit seul ; je lui ferai une aide semblable à lui.
      19 L'Éternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit venir vers l'homme, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l'homme.
      20 Et l'homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs ; mais, pour l'homme, il ne trouva point d'aide semblable à lui.
      21 Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place.
      22 L'Éternel Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise de l'homme, et il l'amena vers l'homme.
      23 Et l'homme dit : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! on l'appellera femme, parce qu'elle a été prise de l'homme.
      24 C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair.
      25 L'homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n'en avaient point honte.

      Genèse 3

      13 Et l'Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit : Le serpent m'a séduite, et j'en ai mangé.

      Genèse 8

      20 Noé bâtit un autel à l'Éternel ; il prit de toutes les bêtes pures et de tous les oiseaux purs, et il offrit des holocaustes sur l'autel.

      Genèse 12

      1 L'Éternel dit à Abram : Va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai.
      2 Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction.
      3 Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi.
      4 Abram partit, comme l'Éternel le lui avait dit, et Lot partit avec lui. Abram était âgé de soixante-quinze ans, lorsqu'il sortit de Charan.
      5 Abram prit Saraï, sa femme, et Lot, fils de son frère, avec tous les biens qu'ils possédaient et les serviteurs qu'ils avaient acquis à Charan. Ils partirent pour aller dans le pays de Canaan, et ils arrivèrent au pays de Canaan.
      6 Abram parcourut le pays jusqu'au lieu nommé Sichem, jusqu'aux chênes de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays.
      7 L'Éternel apparut à Abram, et dit : Je donnerai ce pays à ta postérité. Et Abram bâtit là un autel à l'Éternel, qui lui était apparu.
      8 Il se transporta de là vers la montagne, à l'orient de Béthel, et il dressa ses tentes, ayant Béthel à l'occident et Aï à l'orient. Il bâtit encore là un autel à l'Éternel, et il invoqua le nom de l'Éternel.
      9 Abram continua ses marches, en s'avançant vers le midi.
      10 Il y eut une famine dans le pays ; et Abram descendit en Égypte pour y séjourner, car la famine était grande dans le pays.
      11 Comme il était près d'entrer en Égypte, il dit à Saraï, sa femme : Voici, je sais que tu es une femme belle de figure.
      12 Quand les Égyptiens te verront, ils diront : C'est sa femme ! Et ils me tueront, et te laisseront la vie.
      13 Dis, je te prie, que tu es ma soeur, afin que je sois bien traité à cause de toi, et que mon âme vive grâce à toi.
      14 Lorsque Abram fut arrivé en Égypte, les Égyptiens virent que la femme était fort belle.
      15 Les grands de Pharaon la virent aussi et la vantèrent à Pharaon ; et la femme fut emmenée dans la maison de Pharaon.
      16 Il traita bien Abram à cause d'elle ; et Abram reçut des brebis, des boeufs, des ânes, des serviteurs et des servantes, des ânesses, et des chameaux.
      17 Mais l'Éternel frappa de grandes plaies Pharaon et sa maison, au sujet de Saraï, femme d'Abram.
      18 Alors Pharaon appela Abram, et dit : Qu'est-ce que tu m'as fait ? Pourquoi ne m'as-tu pas déclaré que c'est ta femme ?
      19 Pourquoi as-tu dit : C'est ma soeur ? Aussi l'ai-je prise pour ma femme. Maintenant, voici ta femme, prends-la, et va-t-en !
      20 Et Pharaon donna ordre à ses gens de le renvoyer, lui et sa femme, avec tout ce qui lui appartenait.

      Genèse 15

      18 En ce jour-là, l'Éternel fit alliance avec Abram, et dit : Je donne ce pays à ta postérité, depuis le fleuve d'Égypte jusqu'au grand fleuve, au fleuve d'Euphrate,

      Genèse 18

      25 Faire mourir le juste avec le méchant, en sorte qu'il en soit du juste comme du méchant, loin de toi cette manière d'agir ! loin de toi ! Celui qui juge toute la terre n'exercera-t-il pas la justice ?

      Genèse 20

      1 Abraham partit de là pour la contrée du midi ; il s'établit entre Kadès et Schur, et fit un séjour à Guérar.
      18 Car l'Éternel avait frappé de stérilité toute la maison d'Abimélec, à cause de Sara, femme d'Abraham.

      Genèse 22

      1 Après ces choses, Dieu mit Abraham à l'épreuve, et lui dit : Abraham ! Et il répondit : Me voici !
      2 Dieu dit : Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va-t'en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste sur l'une des montagnes que je te dirai.
      3 Abraham se leva de bon matin, sella son âne, et prit avec lui deux serviteurs et son fils Isaac. Il fendit du bois pour l'holocauste, et partit pour aller au lieu que Dieu lui avait dit.
      4 Le troisième jour, Abraham, levant les yeux, vit le lieu de loin.
      5 Et Abraham dit à ses serviteurs : Restez ici avec l'âne ; moi et le jeune homme, nous irons jusque-là pour adorer, et nous reviendrons auprès de vous.
      6 Abraham prit le bois pour l'holocauste, le chargea sur son fils Isaac, et porta dans sa main le feu et le couteau. Et il marchèrent tous deux ensemble.
      7 Alors Isaac, parlant à Abraham, son père, dit : Mon père ! Et il répondit : Me voici, mon fils ! Isaac reprit : Voici le feu et le bois ; mais où est l'agneau pour l'holocauste ?
      8 Abraham répondit : Mon fils, Dieu se pourvoira lui-même de l'agneau pour l'holocauste. Et ils marchèrent tous deux ensemble.
      9 Lorsqu'ils furent arrivés au lieu que Dieu lui avait dit, Abraham y éleva un autel, et rangea le bois. Il lia son fils Isaac, et le mit sur l'autel, par-dessus le bois.
      10 Puis Abraham étendit la main, et prit le couteau, pour égorger son fils.
      11 Alors l'ange de l'Éternel l'appela des cieux, et dit : Abraham ! Abraham ! Et il répondit : Me voici !
      12 L'ange dit : N'avance pas ta main sur l'enfant, et ne lui fais rien ; car je sais maintenant que tu crains Dieu, et que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique.
      13 Abraham leva les yeux, et vit derrière lui un bélier retenu dans un buisson par les cornes ; et Abraham alla prendre le bélier, et l'offrit en holocauste à la place de son fils.
      14 Abraham donna à ce lieu le nom de Jehova Jiré. C'est pourquoi l'on dit aujourd'hui : A la montagne de l'Éternel il sera pourvu.
      15 L'ange de l'Éternel appela une seconde fois Abraham des cieux,
      16 et dit : Je le jure par moi-même, parole de l'Éternel ! parce que tu as fais cela, et que tu n'as pas refusé ton fils, ton unique,
      17 je te bénirai et je multiplierai ta postérité, comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est sur le bord de la mer ; et ta postérité possédera la porte de ses ennemis.
      18 Toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité, parce que tu as obéi à ma voix.
      19 Abraham étant retourné vers ses serviteurs, ils se levèrent et s'en allèrent ensemble à Beer Schéba ; car Abraham demeurait à Beer Schéba.
      20 Après ces choses, on fit à Abraham un rapport, en disant : Voici, Milca a aussi enfanté des fils à Nachor, ton frère :
      21 Uts, son premier-né, Buz, son frère, Kemuel, père d'Aram,
      22 Késed, Hazo, Pildasch, Jidlaph et Bethuel.
      23 Bethuel a engendré Rebecca. Ce sont là les huit fils que Milca a enfantés à Nachor, frère d'Abraham.
      24 Sa concubine, nommée Réuma, a aussi enfanté Thébach, Gaham, Tahasch et Maaca.

      Genèse 35

      4 Ils donnèrent à Jacob tous les dieux étrangers qui étaient entre leurs mains, et les anneaux qui étaient à leurs oreilles. Jacob les enfouit sous le térébinthe qui est près de Sichem.

      Exode 3

      1 Moïse faisait paître le troupeau de Jéthro, son beau-père, sacrificateur de Madian ; et il mena le troupeau derrière le désert, et vint à la montagne de Dieu, à Horeb.
      6 Et il ajouta : Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. Moïse se cacha le visage, car il craignait de regarder Dieu.
      14 Dieu dit à Moïse : Je suis celui qui suis. Et il ajouta : C'est ainsi que tu répondras aux enfants d'Israël : Celui qui s'appelle'je suis'm'a envoyé vers vous.
      21 Je ferai même trouver grâce à ce peuple aux yeux des Égyptiens, et quand vous partirez, vous ne partirez point à vide.
      22 Chaque femme demandera à sa voisine et à celle qui demeure dans sa maison des vases d'argent, des vases d'or, et des vêtements, que vous mettrez sur vos fils et vos filles. Et vous dépouillerez les Égyptiens.

      Exode 4

      24 Pendant le voyage, en un lieu où Moïse passa la nuit, l'Éternel l'attaqua et voulut le faire mourir.
      26 Et l'Éternel le laissa. C'est alors qu'elle dit : Époux de sang ! à cause de la circoncision.

      Exode 7

      1 L'Éternel dit à Moïse : Vois, je te fais Dieu pour Pharaon : et Aaron, ton frère, sera ton prophète.
      2 Toi, tu diras tout ce que je t'ordonnerai ; et Aaron, ton frère, parlera à Pharaon, pour qu'il laisse aller les enfants d'Israël hors de son pays.
      3 Et moi, j'endurcirai le coeur de Pharaon, et je multiplierai mes signes et mes miracles dans le pays d'Égypte.
      4 Pharaon ne vous écoutera point. Je mettrai ma main sur l'Égypte, et je ferai sortir du pays d'Égypte mes armées, mon peuple, les enfants d'Israël, par de grands jugements.
      5 Les Égyptiens connaîtront que je suis l'Éternel, lorsque j'étendrai ma main sur l'Égypte, et que je ferai sortir du milieu d'eux les enfants d'Israël.
      6 Moïse et Aaron firent ce que l'Éternel leur avait ordonné ; ils firent ainsi.
      7 Moïse était âgé de quatre-vingts ans, et Aaron de quatre-vingt-trois ans, lorsqu'ils parlèrent à Pharaon.
      8 L'Éternel dit à Moïse et à Aaron :
      9 Si Pharaon vous parle, et vous dit : Faites un miracle ! tu diras à Aaron : Prends ta verge, et jette-la devant Pharaon. Elle deviendra un serpent.
      10 Moïse et Aaron allèrent auprès de Pharaon, et ils firent ce que l'Éternel avait ordonné. Aaron jeta sa verge devant Pharaon et devant ses serviteurs ; et elle devint un serpent.
      11 Mais Pharaon appela des sages et des enchanteurs ; et les magiciens d'Égypte, eux aussi, en firent autant par leurs enchantements.
      12 Ils jetèrent tous leurs verges, et elles devinrent des serpents. Et la verge d'Aaron engloutit leurs verges.
      13 Le coeur de Pharaon s'endurcit, et il n'écouta point Moïse et Aaron selon ce que l'Éternel avait dit.
      14 L'Éternel dit à Moïse : Pharaon a le coeur endurci ; il refuse de laisser aller le peuple.
      15 Va vers Pharaon dès le matin ; il sortira pour aller près de l'eau, et tu te présenteras devant lui au bord du fleuve. Tu prendras à ta main la verge qui a été changée en serpent,
      16 et tu diras à Pharaon : L'Éternel, le Dieu des Hébreux, m'a envoyé auprès de toi, pour te dire : Laisse aller mon peuple, afin qu'il me serve dans le désert. Et voici, jusqu'à présent tu n'as point écouté.
      17 Ainsi parle l'Éternel : A ceci tu connaîtras que je suis l'Éternel. Je vais frapper les eaux du fleuve avec la verge qui est dans ma main ; et elles seront changées en sang.
      18 Les poissons qui sont dans le fleuve périront, le fleuve se corrompra, et les Égyptiens s'efforceront en vain de boire l'eau du fleuve.
      19 L'Éternel dit à Moïse : Dis à Aaron : Prends ta verge, et étends ta main sur les eaux des Égyptiens, sur leurs rivières, sur leurs ruisseaux, sur leurs étangs, et sur tous leurs amas d'eaux. Elles deviendront du sang : et il y aura du sang dans tout le pays d'Égypte, dans les vases de bois et dans les vases de pierre.
      20 Moïse et Aaron firent ce que l'Éternel avait ordonné. Aaron leva la verge, et il frappa les eaux qui étaient dans le fleuve, sous les yeux de Pharaon et sous les yeux de ses serviteurs ; et toutes les eaux du fleuve furent changées en sang.
      21 Les poissons qui étaient dans le fleuve périrent, le fleuve se corrompit, les Égyptiens ne pouvaient plus boire l'eau du fleuve, et il y eut du sang dans tout le pays d'Égypte.
      22 Mais les magiciens d'Égypte en firent autant par leurs enchantements. Le coeur de Pharaon s'endurcit, et il n'écouta point Moïse et Aaron, selon ce que l'Éternel avait dit.
      23 Pharaon s'en retourna, et alla dans sa maison ; et il ne prit pas même à coeur ces choses.
      24 Tous les Égyptiens creusèrent aux environs du fleuve, pour trouver de l'eau à boire ; car ils ne pouvaient boire de l'eau du fleuve.
      25 Il s'écoula sept jours, après que l'Éternel eut frappé le fleuve.

      Exode 8

      1 (7 : 26) L'Éternel dit à Moïse : Va vers Pharaon, et tu lui diras : Ainsi parle l'Éternel : Laisse aller mon peuple, afin qu'il me serve.
      2 (7 : 27) Si tu refuses de le laisser aller, je vais frapper par des grenouilles toute l'étendue de ton pays.
      3 (7 : 28) Le fleuve fourmillera de grenouilles ; elles monteront, et elles entreront dans ta maison, dans ta chambre à coucher et dans ton lit, dans la maison de tes serviteurs et dans celles de ton peuple, dans tes fours et dans tes pétrins.
      4 (7 : 29) Les grenouilles monteront sur toi, sur ton peuple, et sur tous tes serviteurs.
      5 (8 : 1) L'Éternel dit à Moïse : Dis à Aaron : Étends ta main avec ta verge sur les rivières, sur les ruisseaux et sur les étangs, et fais monter les grenouilles sur le pays d'Égypte.
      6 (8 : 2) Aaron étendit sa main sur les eaux de l'Égypte ; et les grenouilles montèrent et couvrirent le pays d'Égypte.
      7 (8 : 3) Mais les magiciens en firent autant par leurs enchantements. Ils firent monter les grenouilles sur le pays d'Égypte.
      8 (8 : 4) Pharaon appela Moïse et Aaron, et dit : Priez l'Éternel, afin qu'il éloigne les grenouilles de moi et de mon peuple ; et je laisserai aller le peuple, pour qu'il offre des sacrifices à l'Éternel.
      9 (8 : 5) Moïse dit à Pharaon : Glorifie-toi sur moi ! Pour quand prierai-je l'Éternel en ta faveur, en faveur de tes serviteurs et de ton peuple, afin qu'il retire les grenouilles loin de toi et de tes maisons ? Il n'en restera que dans le fleuve.
      10 (8 : 6) Il répondit : Pour demain. Et Moïse dit : Il en sera ainsi, afin que tu saches que nul n'est semblable à l'Éternel, notre Dieu.
      11 (8 : 7) Les grenouilles s'éloigneront de toi et de tes maisons, de tes serviteurs et de ton peuple ; il n'en restera que dans le fleuve.
      12 (8 : 8) Moïse et Aaron sortirent de chez Pharaon. Et Moïse cria à l'Éternel au sujet des grenouilles dont il avait frappé Pharaon.
      13 (8 : 9) L'Éternel fit ce que demandait Moïse ; et les grenouilles périrent dans les maisons, dans les cours et dans les champs.
      14 (8 : 10) On les entassa par monceaux, et le pays fut infecté.
      15 (8 : 11) Pharaon, voyant qu'il y avait du relâche, endurcit son coeur, et il n'écouta point Moïse et Aaron, selon ce que l'Éternel avait dit.
      16 (8 : 12) L'Éternel dit à Moïse : Dis à Aaron : Étends ta verge, et frappe la poussière de la terre. Elle se changera en poux, dans tout le pays d'Égypte.
      17 (8 : 13) Ils firent ainsi. Aaron étendit sa main, avec sa verge, et il frappa la poussière de la terre ; et elle fut changée en poux sur les hommes et sur les animaux. Toute la poussière de la terre fut changée en poux, dans tout le pays d'Égypte.
      18 (8 : 14) Les magiciens employèrent leurs enchantements pour produire les poux ; mais ils ne purent pas. Les poux étaient sur les hommes et sur les animaux.
      19 (8 : 15) Et les magiciens dirent à Pharaon : C'est le doigt de Dieu ! Le coeur de Pharaon s'endurcit, et il n'écouta point Moïse et Aaron, selon ce que l'Éternel avait dit.
      20 (8 : 16) L'Éternel dit à Moïse : Lève-toi de bon matin, et présente-toi devant Pharaon ; il sortira pour aller près de l'eau. Tu lui diras : Ainsi parle l'Éternel : Laisse aller mon peuple, afin qu'il me serve.
      21 (8 : 17) Si tu ne laisses pas aller mon peuple, je vais envoyer les mouches venimeuses contre toi, contre tes serviteurs, contre ton peuple et contre tes maisons ; les maisons des Égyptiens seront remplies de mouches, et le sol en sera couvert.
      22 (8 : 18) Mais, en ce jour-là, je distinguerai le pays de Gosen où habite mon peuple, et là il n'y aura point de mouches, afin que tu saches que moi, l'Éternel, je suis au milieu de ce pays.
      23 (8 : 19) J'établirai une distinction entre mon peuple et ton peuple. Ce signe sera pour demain.
      24 (8 : 20) L'Éternel fit ainsi. Il vint une quantité de mouches venimeuses dans la maison de Pharaon et de ses serviteurs, et tout le pays d'Égypte fut dévasté par les mouches.
      25 (8 : 21) Pharaon appela Moïse et Aaron et dit : Allez, offrez des sacrifices à votre Dieu dans le pays.
      26 (8 : 22) Moïse répondit : Il n'est point convenable de faire ainsi ; car nous offririons à l'Éternel, notre Dieu, des sacrifices qui sont en abomination aux Égyptiens. Et si nous offrons, sous leurs yeux, des sacrifices qui sont en abomination aux Égyptiens, ne nous lapideront-ils pas ?
      27 (8 : 23) Nous ferons trois journées de marche dans le désert, et nous offrirons des sacrifices à l'Éternel, notre Dieu, selon ce qu'il nous dira.
      28 (8 : 24) Pharaon dit : Je vous laisserai aller, pour offrir à l'Éternel, votre Dieu, des sacrifices dans le désert : seulement, vous ne vous éloignerez pas, en y allant. Priez pour moi.
      29 (8 : 25) Moïse répondit : Je vais sortir de chez toi, et je prierai l'Éternel. Demain, les mouches s'éloigneront de Pharaon, de ses serviteurs et de son peuple. Mais, que Pharaon ne trompe plus, en refusant de laisser aller le peuple, pour offrir des sacrifices à l'Éternel.
      30 (8 : 26) Moïse sortit de chez Pharaon, et il pria l'Éternel.
      31 (8 : 27) L'Éternel fit ce que demandait Moïse ; et les mouches s'éloignèrent de Pharaon, de ses serviteurs et de son peuple. Il n'en resta pas une.
      32 (8 : 28) Mais Pharaon, cette fois encore, endurcit son coeur, et il ne laissa point aller le peuple.

      Exode 9

      1 L'Éternel dit à Moïse : Va vers Pharaon, et tu lui diras : Ainsi parle l'Éternel, le Dieu des Hébreux : Laisse aller mon peuple, afin qu'il me serve.
      2 Si tu refuses de le laisser aller, et si tu le retiens encore,
      3 voici, la main de l'Éternel sera sur tes troupeaux qui sont dans les champs, sur les chevaux, sur les ânes, sur les chameaux, sur les boeufs et sur les brebis ; il y aura une mortalité très grande.
      4 L'Éternel distinguera entre les troupeaux d'Israël et les troupeaux des Égyptiens, et il ne périra rien de tout ce qui est aux enfants d'Israël.
      5 L'Éternel fixa le temps, et dit : Demain, l'Éternel fera cela dans le pays.
      6 Et l'Éternel fit ainsi, dès le lendemain. Tous les troupeaux des Égyptiens périrent, et il ne périt pas une bête des troupeaux des enfants d'Israël.
      7 Pharaon s'informa de ce qui était arrivé ; et voici, pas une bête des troupeaux d'Israël n'avait péri. Mais le coeur de Pharaon s'endurcit, et il ne laissa point aller le peuple.
      8 L'Éternel dit à Moïse et à Aaron : Remplissez vos mains de cendre de fournaise, et que Moïse la jette vers le ciel, sous les yeux de Pharaon.
      9 Elle deviendra une poussière qui couvrira tout le pays d'Égypte ; et elle produira, dans tout le pays d'Égypte, sur les hommes et sur les animaux, des ulcères formés par une éruption de pustules.
      10 Ils prirent de la cendre de fournaise, et se présentèrent devant Pharaon ; Moïse la jeta vers le ciel, et elle produisit sur les hommes et sur les animaux des ulcères formés par une éruption de pustules.
      11 Les magiciens ne purent paraître devant Moïse, à cause des ulcères ; car les ulcères étaient sur les magiciens, comme sur tous les Égyptiens.
      12 L'Éternel endurcit le coeur de Pharaon, et Pharaon n'écouta point Moïse et Aaron, selon ce que l'Éternel avait dit à Moïse.
      13 L'Éternel dit à Moïse : Lève-toi de bon matin, et présente-toi devant Pharaon. Tu lui diras : Ainsi parle l'Éternel, le Dieu des Hébreux : Laisse aller mon peuple, afin qu'il me serve.
      14 Car, cette fois, je vais envoyer toutes mes plaies contre ton coeur, contre tes serviteurs et contre ton peuple, afin que tu saches que nul n'est semblable à moi sur toute la terre.
      15 Si j'avais étendu ma main, et que je t'eusse frappé par la mortalité, toi et ton peuple, tu aurais disparu de la terre.
      16 Mais, je t'ai laissé subsister, afin que tu voies ma puissance, et que l'on publie mon nom par toute la terre.
      17 Si tu t'élèves encore contre mon peuple, et si tu ne le laisses point aller,
      18 voici, je ferai pleuvoir demain, à cette heure, une grêle tellement forte, qu'il n'y en a point eu de semblable en Égypte depuis le jour où elle a été fondée jusqu'à présent.
      19 Fais donc mettre en sûreté tes troupeaux et tout ce qui est à toi dans les champs. La grêle tombera sur tous les hommes et sur tous les animaux qui se trouveront dans les champs et qui n'auront pas été recueillis dans les maisons, et ils périront.
      20 Ceux des serviteurs de Pharaon qui craignirent la parole de l'Éternel firent retirer dans les maisons leurs serviteurs et leurs troupeaux.
      21 Mais ceux qui ne prirent point à coeur la parole de l'Éternel laissèrent leurs serviteurs et leurs troupeaux dans les champs.
      22 L'Éternel dit à Moïse : Étends ta main vers le ciel ; et qu'il tombe de la grêle dans tout le pays d'Égypte sur les hommes, sur les animaux, et sur toutes les herbes des champs, dans le pays d'Égypte.
      23 Moïse étendit sa verge vers le ciel ; et l'Éternel envoya des tonnerres et de la grêle, et le feu se promenait sur la terre. L'Éternel fit pleuvoir de la grêle sur le pays d'Égypte.
      24 Il tomba de la grêle, et le feu se mêlait avec la grêle ; elle était tellement forte qu'il n'y en avait point eu de semblable dans tout le pays d'Égypte depuis qu'il existe comme nation.
      25 La grêle frappa, dans tout le pays d'Égypte, tout ce qui était dans les champs, depuis les hommes jusqu'aux animaux ; la grêle frappa aussi toutes les herbes des champs, et brisa tous les arbres des champs.
      26 Ce fut seulement dans le pays de Gosen, où étaient les enfants d'Israël, qu'il n'y eut point de grêle.
      27 Pharaon fit appeler Moïse et Aaron, et leur dit : Cette fois, j'ai péché ; c'est l'Éternel qui est le juste, et moi et mon peuple nous sommes les coupables.
      28 Priez l'Éternel, pour qu'il n'y ait plus de tonnerres ni de grêle ; et je vous laisserai aller, et l'on ne vous retiendra plus.
      29 Moïse lui dit : Quand je sortirai de la ville, je lèverai mes mains vers l'Éternel, les tonnerres cesseront et il n'y aura plus de grêle, afin que tu saches que la terre est à l'Éternel.
      30 Mais je sais que toi et tes serviteurs, vous ne craindrez pas encore l'Éternel Dieu.
      31 Le lin et l'orge avaient été frappés, parce que l'orge était en épis et que c'était la floraison du lin ;
      32 le froment et l'épeautre n'avaient point été frappés, parce qu'ils sont tardifs.
      33 Moïse sortit de chez Pharaon, pour aller hors de la ville ; il leva ses mains vers l'Éternel, les tonnerres et la grêle cessèrent, et la pluie ne tomba plus sur la terre.
      34 Pharaon, voyant que la pluie, la grêle et les tonnerres avaient cessé, continua de pécher, et il endurcit son coeur, lui et ses serviteurs.
      35 Le coeur de Pharaon s'endurcit, et il ne laissa point aller les enfants d'Israël, selon ce que l'Éternel avait dit par l'intermédiaire de Moïse.

      Exode 10

      1 L'Éternel dit à Moïse : Va vers Pharaon, car j'ai endurci son coeur et le coeur de ses serviteurs, pour faire éclater mes signes au milieu d'eux.
      2 C'est aussi pour que tu racontes à ton fils et au fils de ton fils comment j'ai traité les Égyptiens, et quels signes j'ai fait éclater au milieu d'eux. Et vous saurez que je suis l'Éternel.
      3 Moïse et Aaron allèrent vers Pharaon, et lui dirent : Ainsi parle l'Éternel, le Dieu des Hébreux : Jusqu'à quand refuseras-tu de t'humilier devant moi ? Laisse aller mon peuple, afin qu'il me serve.
      4 Si tu refuses de laisser aller mon peuple, voici, je ferai venir demain des sauterelles dans toute l'étendue de ton pays.
      5 Elles couvriront la surface de la terre, et l'on ne pourra plus voir la terre ; elles dévoreront le reste de ce qui est échappé, ce que vous a laissé la grêle, elles dévoreront tous les arbres qui croissent dans vos champs ;
      6 elles rempliront tes maisons, les maisons de tous tes serviteurs et les maisons de tous les Égyptiens. Tes pères et les pères de tes pères n'auront rien vu de pareil depuis qu'ils existent sur la terre jusqu'à ce jour. Moïse se retira, et sortit de chez Pharaon.
      7 Les serviteurs de Pharaon lui dirent : Jusqu'à quand cet homme sera-t-il pour nous un piège ? Laisse aller ces gens, et qu'ils servent l'Éternel, leur Dieu. Ne vois-tu pas encore que l'Égypte périt ?
      8 On fit revenir vers Pharaon Moïse et Aaron : Allez, leur dit-il, servez l'Éternel, votre Dieu. Qui sont ceux qui iront ?
      9 Moïse répondit : Nous irons avec nos enfants et nos vieillards, avec nos fils et nos filles, avec nos brebis et nos boeufs ; car c'est pour nous une fête en l'honneur de l'Éternel.
      10 Pharaon leur dit : Que l'Éternel soit avec vous, tout comme je vais vous laisser aller, vous et vos enfants ! Prenez garde, car le malheur est devant vous !
      11 Non, non : allez, vous les hommes, et servez l'Éternel, car c'est là ce que vous avez demandé. Et on les chassa de la présence de Pharaon.
      12 L'Éternel dit à Moïse : Étends ta main sur le pays d'Égypte, et que les sauterelles montent sur le pays d'Égypte ; qu'elles dévorent toute l'herbe de la terre, tout ce que la grêle a laissé.
      13 Moïse étendit sa verge sur le pays d'Égypte ; et l'Éternel fit souffler un vent d'orient sur le pays toute cette journée et toute la nuit. Quand ce fut le matin, le vent d'orient avait apporté les sauterelles.
      14 Les sauterelles montèrent sur le pays d'Égypte, et se posèrent dans toute l'étendue de l'Égypte ; elles étaient en si grande quantité qu'il n'y avait jamais eu et qu'il n'y aura jamais rien de semblable.
      15 Elles couvrirent la surface de toute la terre, et la terre fut dans l'obscurité ; elles dévorèrent toute l'herbe de la terre et tout le fruit des arbres, tout ce que la grêle avait laissé ; et il ne resta aucune verdure aux arbres ni à l'herbe des champs, dans tout le pays d'Égypte.
      16 Aussitôt Pharaon appela Moïse et Aaron, et dit : J'ai péché contre l'Éternel, votre Dieu, et contre vous.
      17 Mais pardonne mon péché pour cette fois seulement ; et priez l'Éternel, votre Dieu, afin qu'il éloigne de moi encore cette plaie mortelle.
      18 Moïse sortit de chez Pharaon, et il pria l'Éternel.
      19 L'Éternel fit souffler un vent d'occident très fort, qui emporta les sauterelles, et les précipita dans la mer Rouge ; il ne resta pas une seule sauterelle dans toute l'étendue de l'Égypte.
      20 L'Éternel endurcit le coeur de Pharaon, et Pharaon ne laissa point aller les enfants d'Israël.
      21 L'Éternel dit à Moïse : Étends ta main vers le ciel, et qu'il y ait des ténèbres sur le pays d'Égypte, et que l'on puisse les toucher.
      22 Moïse étendit sa main vers le ciel ; et il y eut d'épaisses ténèbres dans tout le pays d'Égypte, pendant trois jours.
      23 On ne se voyait pas les uns les autres, et personne ne se leva de sa place pendant trois jours. Mais il y avait de la lumière dans les lieux où habitaient tous les enfants d'Israël.
      24 Pharaon appela Moïse, et dit : Allez, servez l'Éternel. Il n'y aura que vos brebis et vos boeufs qui resteront, et vos enfants pourront aller avec vous.
      25 Moïse répondit : Tu mettras toi-même entre nos mains de quoi faire les sacrifices et les holocaustes que nous offrirons à l'Éternel, notre Dieu.
      26 Nos troupeaux iront avec nous, et il ne restera pas un ongle ; car c'est là que nous prendrons pour servir l'Éternel, notre Dieu ; et jusqu'à ce que nous soyons arrivés, nous ne savons pas ce que nous choisirons pour offrir à l'Éternel.
      27 L'Éternel endurcit le coeur de Pharaon, et Pharaon ne voulut point les laisser aller.
      28 Pharaon dit à Moïse : Sors de chez moi ! Garde-toi de paraître encore en ma présence, car le jour où tu paraîtras en ma présence, tu mourras.
      29 Tu l'as dit ! répliqua Moïse, je ne paraîtrai plus en ta présence.

      Exode 11

      1 L'Éternel dit à Moïse : Je ferai venir encore une plaie sur Pharaon et sur l'Égypte. Après cela, il vous laissera partir d'ici. Lorsqu'il vous laissera tout à fait aller, il vous chassera même d'ici.
      2 Parle au peuple, pour que chacun demande à son voisin et chacune à sa voisine des vases d'argent et des vases d'or.
      3 L'Éternel fit trouver grâce au peuple aux yeux des Égyptiens ; Moïse lui-même était très considéré dans le pays d'Égypte, aux yeux des serviteurs de Pharaon et aux yeux du peuple.
      4 Moïse dit : Ainsi parle l'Éternel : Vers le milieu de la nuit, je passerai au travers de l'Égypte ;
      5 et tous les premiers-nés mourront dans le pays d'Égypte, depuis le premier-né de Pharaon assis sur son trône, jusqu'au premier-né de la servante qui est derrière la meule, et jusqu'à tous les premiers-nés des animaux.
      6 Il y aura dans tout le pays d'Égypte de grands cris, tels qu'il n'y en a point eu et qu'il n'y en aura plus de semblables.
      7 Mais parmi tous les enfants d'Israël, depuis les hommes jusqu'aux animaux, pas même un chien ne remuera sa langue, afin que vous sachiez quelle différence l'Éternel fait entre l'Égypte et Israël.
      8 Alors tous tes serviteurs que voici descendront vers moi et se prosterneront devant moi, en disant : Sors, toi et tout le peuple qui s'attache à tes pas ! Après cela, je sortirai. Moïse sortit de chez Pharaon, dans une ardente colère.
      9 L'Éternel dit à Moïse : Pharaon ne vous écoutera point, afin que mes miracles se multiplient dans le pays d'Égypte.
      10 Moïse et Aaron firent tous ces miracles devant Pharaon, et ne Pharaon ne laissa point aller les enfants d'Israël hors de son pays.

      Exode 12

      1 L'Éternel dit à Moïse et à Aaron dans le pays d'Égypte :
      2 Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois ; il sera pour vous le premier des mois de l'année.
      3 Parlez à toute l'assemblée d'Israël, et dites : Le dixième jour de ce mois, on prendra un agneau pour chaque famille, un agneau pour chaque maison.
      4 Si la maison est trop peu nombreuse pour un agneau, on le prendra avec son plus proche voisin, selon le nombre des personnes ; vous compterez pour cet agneau d'après ce que chacun peut manger.
      5 Ce sera un agneau sans défaut, mâle, âgé d'un an ; vous pourrez prendre un agneau ou un chevreau.
      6 Vous le garderez jusqu'au quatorzième jour de ce mois ; et toute l'assemblée d'Israël l'immolera entre les deux soirs.
      7 On prendra de son sang, et on en mettra sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte des maisons où on le mangera.
      8 Cette même nuit, on en mangera la chair, rôtie au feu ; on la mangera avec des pains sans levain et des herbes amères.
      9 Vous ne le mangerez point à demi cuit et bouilli dans l'eau ; mais il sera rôti au feu, avec la tête, les jambes et l'intérieur.
      10 Vous n'en laisserez rien jusqu'au matin ; et, s'il en reste quelque chose le matin, vous le brûlerez au feu.
      11 Quand vous le mangerez, vous aurez vos reins ceints, vos souliers aux pieds, et votre bâton à la main ; et vous le mangerez à la hâte. C'est la Pâque de l'Éternel.
      12 Cette nuit-là, je passerai dans le pays d'Égypte, et je frapperai tous les premiers-nés du pays d'Égypte, depuis les hommes jusqu'aux animaux, et j'exercerai des jugements contre tous les dieux de l'Égypte. Je suis l'Éternel.
      13 Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez ; je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n'y aura point de plaie qui vous détruise, quand je frapperai le pays d'Égypte.
      14 Vous conserverez le souvenir de ce jour, et vous le célébrerez par une fête en l'honneur de l'Éternel ; vous le célébrerez comme une loi perpétuelle pour vos descendants.
      15 Pendant sept jours, vous mangerez des pains sans levain. Dès le premier jour, il n'y aura plus de levain dans vos maisons ; car toute personne qui mangera du pain levé, du premier jour au septième jour, sera retranchée d'Israël.
      16 Le premier jour, vous aurez une sainte convocation ; et le septième jour, vous aurez une sainte convocation. On ne fera aucun travail ces jours-là ; vous pourrez seulement préparer la nourriture de chaque personne.
      17 Vous observerez la fête des pains sans levain, car c'est en ce jour même que j'aurai fait sortir vos armées du pays d'Égypte ; vous observerez ce jour comme une loi perpétuelle pour vos descendants.
      18 Le premier mois, le quatorzième jour du mois, au soir, vous mangerez des pains sans levain jusqu'au soir du vingt et unième jour.
      19 Pendant sept jours, il ne se trouvera point de levain dans vos maisons ; car toute personne qui mangera du pain levé sera retranchée de l'assemblée d'Israël, que ce soit un étranger ou un indigène.
      20 Vous ne mangerez point de pain levé ; dans toutes vos demeures, vous mangerez des pains sans levain.
      21 Moïse appela tous les anciens d'Israël, et leur dit : Allez prendre du bétail pour vos familles, et immolez la Pâque.
      22 Vous prendrez ensuite un bouquet d'hysope, vous le tremperez dans le sang qui sera dans le bassin, et vous toucherez le linteau et les deux poteaux de la porte avec le sang qui sera dans le bassin. Nul de vous ne sortira de sa maison jusqu'au matin.
      23 Quand l'Éternel passera pour frapper l'Égypte, et verra le sang sur le linteau et sur les deux poteaux, l'Éternel passera par-dessus la porte, et il ne permettra pas au destructeur d'entrer dans vos maisons pour frapper.
      24 Vous observerez cela comme une loi pour vous et pour vos enfants à perpétuité.
      25 Quand vous serez entrés dans le pays que l'Éternel vous donnera, selon sa promesse, vous observerez cet usage sacré.
      26 Et lorsque vos enfants vous diront : Que signifie pour vous cet usage ?
      27 vous répondrez : C'est le sacrifice de Pâque en l'honneur de l'Éternel, qui a passé par-dessus les maisons des enfants d'Israël en Égypte, lorsqu'il frappa l'Égypte et qu'il sauva nos maisons. Le peuple s'inclina et se prosterna.
      28 Et les enfants d'Israël s'en allèrent, et firent ce que l'Éternel avait ordonné à Moïse et à Aaron ; ils firent ainsi.
      29 Au milieu de la nuit, l'Éternel frappa tous les premiers-nés dans le pays d'Égypte, depuis le premier-né de Pharaon assis sur son trône, jusqu'au premier-né du captif dans sa prison, et jusqu'à tous les premiers-nés des animaux.
      30 Pharaon se leva de nuit, lui et tous ses serviteurs, et tous les Égyptiens ; et il y eut de grands cris en Égypte, car il n'y avait point de maison où il n'y eût un mort.
      31 Dans la nuit même, Pharaon appela Moïse et Aaron, et leur dit : Levez-vous, sortez du milieu de mon peuple, vous et les enfants d'Israël. Allez, servez l'Éternel, comme vous l'avez dit.
      32 Prenez vos brebis et vos boeufs, comme vous l'avez dit ; allez, et bénissez-moi.
      33 Les Égyptiens pressaient le peuple, et avaient hâte de le renvoyer du pays, car ils disaient : Nous périrons tous.
      34 Le peuple emporta sa pâte avant qu'elle fût levée. Ils enveloppèrent les pétrins dans leurs vêtements, et les mirent sur leurs épaules.
      35 Les enfants d'Israël firent ce que Moïse avait dit, et ils demandèrent aux Égyptiens des vases d'argent, des vases d'or et des vêtements.
      36 L'Éternel fit trouver grâce au peuple aux yeux des Égyptiens, qui se rendirent à leur demande. Et ils dépouillèrent les Égyptiens.
      37 Les enfants d'Israël partirent de Ramsès pour Succoth au nombre d'environ six cent mille hommes de pied, sans les enfants.
      38 Une multitude de gens de toute espèce montèrent avec eux ; ils avaient aussi des troupeaux considérables de brebis et de boeufs.
      39 Ils firent des gâteaux cuits sans levain avec la pâte qu'ils avaient emportée d'Égypte, et qui n'était pas levée ; car ils avaient été chassés d'Égypte, sans pouvoir tarder, et sans prendre des provisions avec eux.
      40 Le séjour des enfants d'Israël en Égypte fut de quatre cent trente ans.
      41 Et au bout de quatre cent trente ans, le jour même, toutes les armées de l'Éternel sortirent du pays d'Égypte.
      42 Cette nuit sera célébrée en l'honneur de l'Éternel, parce qu'il les fit sortir du pays d'Égypte ; cette nuit sera célébrée en l'honneur de l'Éternel par tous les enfants d'Israël et par leurs descendants.
      43 L'Éternel dit à Moïse et à Aaron : Voici une ordonnance au sujet de la Pâque : Aucun étranger n'en mangera.
      44 Tu circonciras tout esclave acquis à prix d'argent ; alors il en mangera.
      45 L'habitant et le mercenaire n'en mangeront point.
      46 On ne la mangera que dans la maison ; vous n'emporterez point de chair hors de la maison, et vous ne briserez aucun os.
      47 Toute l'assemblée d'Israël fera la Pâque.
      48 Si un étranger en séjour chez toi veut faire la Pâque de l'Éternel, tout mâle de sa maison devra être circoncis ; alors il s'approchera pour la faire, et il sera comme l'indigène ; mais aucun incirconcis n'en mangera.
      49 La même loi existera pour l'indigène comme pour l'étranger en séjour au milieu de vous.
      50 Tous les enfants d'Israël firent ce que l'Éternel avait ordonné à Moïse et à Aaron ; ils firent ainsi.
      51 Et ce même jour l'Éternel fit sortir du pays d'Égypte les enfants d'Israël, selon leurs armées.

      Exode 15

      1 Alors Moïse et les enfants d'Israël chantèrent ce cantique à l'Éternel. Ils dirent : Je chanterai à l'Éternel, car il a fait éclater sa gloire ; Il a précipité dans la mer le cheval et son cavalier.
      2 L'Éternel est ma force et le sujet de mes louanges ; C'est lui qui m'a sauvé. Il est mon Dieu : je le célébrerai ; Il est le Dieu de mon père : je l'exalterai.
      3 L'Éternel est un vaillant guerrier ; L'Éternel est son nom.
      4 Il a lancé dans la mer les chars de Pharaon et son armée ; Ses combattants d'élite ont été engloutis dans la mer Rouge.
      5 Les flots les ont couverts : Ils sont descendus au fond des eaux, comme une pierre.
      6 Ta droite, ô Éternel ! a signalé sa force ; Ta droite, ô Éternel ! a écrasé l'ennemi.
      7 Par la grandeur de ta majesté Tu renverses tes adversaires ; Tu déchaînes ta colère : Elle les consume comme du chaume.
      8 Au souffle de tes narines, les eaux se sont amoncelées, Les courants se sont dressés comme une muraille, Les flots se sont durcis au milieu de la mer.
      9 L'ennemi disait : Je poursuivrai, j'atteindrai, Je partagerai le butin ; Ma vengeance sera assouvie, Je tirerai l'épée, ma main les détruira.
      10 Tu as soufflé de ton haleine : La mer les a couverts ; Ils se sont enfoncés comme du plomb, Dans la profondeur des eaux.
      11 Qui est comme toi parmi les dieux, ô Éternel ? Qui est comme toi magnifique en sainteté, Digne de louanges, Opérant des prodiges ?
      12 Tu as étendu ta droite : La terre les a engloutis.
      13 Par ta miséricorde tu as conduit, Tu as délivré ce peuple ; Par ta puissance tu le diriges Vers la demeure de ta sainteté.
      14 Les peuples l'apprennent, et ils tremblent : La terreur s'empare des Philistins ;
      15 Les chefs d'Édom s'épouvantent ; Un tremblement saisit les guerriers de Moab ; Tous les habitants de Canaan tombent en défaillance.
      16 La crainte et la frayeur les surprendront ; Par la grandeur de ton bras Ils deviendront muets comme une pierre, Jusqu'à ce que ton peuple soit passé, ô Éternel ! Jusqu'à ce qu'il soit passé, Le peuple que tu as acquis.
      17 Tu les amèneras et tu les établiras sur la montagne de ton héritage, Au lieu que tu as préparé pour ta demeure, ô Éternel ! Au sanctuaire, Seigneur ! que tes mains ont fondé.
      18 L'Éternel régnera éternellement et à toujours.
      19 Car les chevaux de Pharaon, ses chars et ses cavaliers sont entrés dans la mer, Et l'Éternel a ramené sur eux les eaux de la mer ; Mais les enfants d'Israël ont marché à sec au milieu de la mer.
      20 Marie, la prophétesse, soeur d'Aaron, prit à la main un tambourin, et toutes les femmes vinrent après elle, avec des tambourins et en dansant.
      21 Marie répondait aux enfants d'Israël : Chantez à l'Éternel, car il a fait éclater sa gloire ; Il a précipité dans la mer le cheval et son cavalier.
      22 Moïse fit partir Israël de la mer Rouge. Ils prirent la direction du désert de Schur ; et, après trois journées de marche dans le désert, ils ne trouvèrent point d'eau.
      23 Ils arrivèrent à Mara ; mais ils ne purent pas boire l'eau de Mara parce qu'elle était amère. C'est pourquoi ce lieu fut appelé Mara.
      24 Le peuple murmura contre Moïse, en disant : Que boirons-nous ?
      25 Moïse cria à l'Éternel ; et l'Éternel lui indiqua un bois, qu'il jeta dans l'eau. Et l'eau devint douce. Ce fut là que l'Éternel donna au peuple des lois et des ordonnances, et ce fut là qu'il le mit à l'épreuve.
      26 Il dit : Si tu écoutes attentivement la voix de l'Éternel, ton Dieu, si tu fais ce qui est droit à ses yeux, si tu prêtes l'oreille à ses commandements, et si tu observes toutes ses lois, je ne te frapperai d'aucune des maladies dont j'ai frappé les Égyptiens ; car je suis l'Éternel, qui te guérit.
      27 Ils arrivèrent à Élim, où il y avait douze sources d'eau et soixante-dix palmiers. Ils campèrent là, près de l'eau.

      Exode 18

      1 Jéthro, sacrificateur de Madian, beau-père de Moïse, apprit tout ce que Dieu avait fait en faveur de Moïse et d'Israël, son peuple ; il apprit que l'Éternel avait fait sortir Israël d'Égypte.
      2 Jéthro, beau-père de Moïse, prit Séphora, femme de Moïse, qui avait été renvoyée.
      3 Il prit aussi les deux fils de Séphora ; l'un se nommait Guerschom, car Moïse avait dit : J'habite un pays étranger ;
      4 l'autre se nommait Éliézer, car il avait dit : Le Dieu de mon père m'a secouru, et il m'a délivré de l'épée de Pharaon.
      5 Jéthro, beau-père de Moïse, avec les fils et la femme de Moïse, vint au désert où il campait, à la montagne de Dieu.
      6 Il fit dire à Moïse : Moi, ton beau-père Jéthro, je viens vers toi, avec ta femme et ses deux fils.
      7 Moïse sortit au-devant de son beau-père, il se prosterna, et il le baisa. Ils s'informèrent réciproquement de leur santé, et ils entrèrent dans la tente de Moïse.
      8 Moïse raconta à son beau-père tout ce que l'Éternel avait fait à Pharaon et à l'Égypte à cause d'Israël, toutes les souffrances qui leur étaient survenues en chemin, et comment l'Éternel les avait délivrés.
      9 Jéthro se réjouit de tout le bien que l'Éternel avait fait à Israël, et de ce qu'il l'avait délivré de la main des Égyptiens.
      10 Et Jéthro dit : Béni soit l'Éternel, qui vous a délivrés de la main des Égyptiens et de la main de Pharaon ; qui a délivré le peuple de la main des Égyptiens !
      11 Je reconnais maintenant que l'Éternel est plus grand que tous les dieux ; car la méchanceté des Égyptiens est retombée sur eux.
      12 Jéthro, beau-père de Moïse, offrit à Dieu un holocauste et des sacrifices. Aaron et tous les anciens d'Israël vinrent participer au repas avec le beau-père de Moïse, en présence de Dieu.
      13 Le lendemain, Moïse s'assit pour juger le peuple, et le peuple se tint devant lui depuis le matin jusqu'au soir.
      14 Le beau-père de Moïse vit tout ce qu'il faisait pour le peuple, et il dit : Que fais-tu là avec ce peuple ? Pourquoi sièges-tu seul, et tout le peuple se tient-il devant toi, depuis le matin jusqu'au soir ?
      15 Moïse répondit à son beau-père : C'est que le peuple vient à moi pour consulter Dieu.
      16 Quand ils ont quelque affaire, ils viennent à moi ; je prononce entre eux, et je fais connaître les ordonnances de Dieu et ses lois.
      17 Le beau-père de Moïse lui dit : Ce que tu fais n'est pas bien.
      18 Tu t'épuiseras toi-même, et tu épuiseras ce peuple qui est avec toi ; car la chose est au-dessus de tes forces, tu ne pourras pas y suffire seul.
      19 Maintenant écoute ma voix ; je vais te donner un conseil, et que Dieu soit avec toi ! Sois l'interprète du peuple auprès de Dieu, et porte les affaires devant Dieu.
      20 Enseigne-leur les ordonnances et les lois ; et fais-leur connaître le chemin qu'ils doivent suivre, et ce qu'ils doivent faire.
      21 Choisis parmi tout le peuple des hommes capables, craignant Dieu, des hommes intègres, ennemis de la cupidité ; établis-les sur eux comme chefs de mille, chefs de cent, chefs de cinquante et chefs de dix.
      22 Qu'ils jugent le peuple en tout temps ; qu'ils portent devant toi toutes les affaires importantes, et qu'ils prononcent eux-mêmes sur les petites causes. Allège ta charge, et qu'ils la portent avec toi.
      23 Si tu fais cela, et que Dieu te donne des ordres, tu pourras y suffire, et tout ce peuple parviendra heureusement à sa destination.
      24 Moïse écouta la voix de son beau-père, et fit tout ce qu'il avait dit.
      25 Moïse choisit des hommes capables parmi tout Israël, et il les établit chefs du peuple, chefs de mille, chefs de cent, chefs de cinquante et chefs de dix.
      26 Ils jugeaient le peuple en tout temps ; ils portaient devant Moïse les affaires difficiles, et ils prononçaient eux-mêmes sur toutes les petites causes.
      27 Moïse laissa partir son beau-père, et Jéthro s'en alla dans son pays.

      Exode 20

      1 Alors Dieu prononça toutes ces paroles, en disant :
      2 Je suis l'Éternel, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude.
      3 Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face.
      4 Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre.
      5 Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent,
      6 et qui fais miséricorde jusqu'en mille générations à ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements.
      7 Tu ne prendras point le nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain ; car l'Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain.
      8 Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier.
      9 Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage.
      10 Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes.
      11 Car en six jours l'Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s'est reposé le septième jour : c'est pourquoi l'Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié.
      12 Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne.
      13 Tu ne tueras point.
      14 Tu ne commettras point d'adultère.
      15 Tu ne déroberas point.
      16 Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
      17 Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.
      18 Tout le peuple entendait les tonnerres et le son de la trompette ; il voyait les flammes de la montagne fumante. A ce spectacle, le peuple tremblait, et se tenait dans l'éloignement.
      19 Ils dirent à Moïse : Parle-nous toi-même, et nous écouterons ; mais que Dieu ne nous parle point, de peur que nous ne mourions.
      20 Moïse dit au peuple : Ne vous effrayez pas ; car c'est pour vous mettre à l'épreuve que Dieu est venu, et c'est pour que vous ayez sa crainte devant les yeux, afin que vous ne péchiez point.
      21 Le peuple restait dans l'éloignement ; mais Moïse s'approcha de la nuée où était Dieu.
      22 L'Éternel dit à Moïse : Tu parleras ainsi aux enfants d'Israël : Vous avez vu que je vous ai parlé depuis les cieux.
      23 Vous ne ferez point des dieux d'argent et des dieux d'or, pour me les associer ; vous ne vous en ferez point.
      24 Tu m'élèveras un autel de terre, sur lequel tu offriras tes holocaustes et tes sacrifices d'actions de grâces, tes brebis et tes boeufs. Partout où je rappellerai mon nom, je viendrai à toi, et je te bénirai.
      25 Si tu m'élèves un autel de pierre, tu ne le bâtiras point en pierres taillées ; car en passant ton ciseau sur la pierre, tu la profanerais.
      26 Tu ne monteras point à mon autel par des degrés, afin que ta nudité ne soit pas découverte.

      Exode 25

      21 Tu mettras le propitiatoire sur l'arche, et tu mettras dans l'arche le témoignage, que je te donnerai.

      Exode 33

      18 Moïse dit : Fais-moi voir ta gloire !
      19 L'Éternel répondit : Je ferai passer devant toi toute ma bonté, et je proclamerai devant toi le nom de l'Éternel ; je fais grâce à qui je fais grâce, et miséricorde à qui je fais miséricorde.
      23 Et lorsque je retournerai ma main, tu me verras par derrière, mais ma face ne pourra pas être vue.

      Exode 34

      1 L'Éternel dit à Moïse : Taille deux tables de pierre comme les premières, et j'y écrirai les paroles qui étaient sur les premières tables que tu as brisées.
      2 Sois prêt de bonne heure, et tu monteras dès le matin sur la montagne de Sinaï ; tu te tiendras là devant moi, sur le sommet de la montagne.
      3 Que personne ne monte avec toi, et que personne ne paraisse sur toute la montagne ; et même que ni brebis ni boeufs ne paissent près de cette montagne.
      4 Moïse tailla deux tables de pierre comme les premières ; il se leva de bon matin, et monta sur la montagne de Sinaï, selon l'ordre que l'Éternel lui avait donné, et il prit dans sa main les deux tables de pierre.
      5 L'Éternel descendit dans une nuée, se tint là auprès de lui, et proclama le nom de l'Éternel.
      6 Et l'Éternel passa devant lui, et s'écria : L'Éternel, l'Éternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité,
      7 qui conserve son amour jusqu'à mille générations, qui pardonne l'iniquité, la rébellion et le péché, mais qui ne tient point le coupable pour innocent, et qui punit l'iniquité des pères sur les enfants et sur les enfants des enfants jusqu'à la troisième et à la quatrième génération !
      8 Aussitôt Moïse s'inclina à terre et se prosterna.
      9 Il dit : Seigneur, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, que le Seigneur marche au milieu de nous, car c'est un peuple au cou roide ; pardonne nos iniquités et nos péchés, et prends-nous pour ta possession.
      10 L'Éternel répondit : Voici, je traite une alliance. Je ferai, en présence de tout ton peuple, des prodiges qui n'ont eu lieu dans aucun pays et chez aucune nation ; tout le peuple qui t'environne verra l'oeuvre de l'Éternel, et c'est par toi que j'accomplirai des choses terribles.
      11 Prends garde à ce que je t'ordonne aujourd'hui. Voici, je chasserai devant toi les Amoréens, les Cananéens, les Héthiens, les Phéréziens, les Héviens et les Jébusiens.
      12 Garde-toi de faire alliance avec les habitants du pays où tu dois entrer, de peur qu'ils ne soient un piège pour toi.
      13 Au contraire, vous renverserez leurs autels, vous briserez leurs statues, et vous abattrez leurs idoles.
      14 Tu ne te prosterneras point devant un autre dieu ; car l'Éternel porte le nom de jaloux, il est un Dieu jaloux.
      15 Garde-toi de faire alliance avec les habitants du pays, de peur que, se prostituant à leurs dieux et leur offrant des sacrifices, ils ne t'invitent, et que tu ne manges de leurs victimes ;
      16 de peur que tu ne prennes de leurs filles pour tes fils, et que leurs filles, se prostituant à leurs dieux, n'entraînent tes fils à se prostituer à leurs dieux.
      17 Tu ne te feras point de dieu en fonte.
      18 Tu observeras la fête des pains sans levain ; pendant sept jours, au temps fixé dans le mois des épis, tu mangeras des pains sans levain, comme je t'en ai donné l'ordre, car c'est dans le mois des épis que tu es sorti d'Égypte.
      19 Tout premier-né m'appartient, même tout mâle premier-né dans les troupeaux de gros et de menu bétail.
      20 Tu rachèteras avec un agneau le premier-né de l'âne ; et si tu ne le rachètes pas, tu lui briseras la nuque. Tu rachèteras tout premier-né de tes fils ; et l'on ne se présentera point à vide devant ma face.
      21 Tu travailleras six jours, et tu te reposeras le septième jour ; tu te reposeras, même au temps du labourage et de la moisson.
      22 Tu célébreras la fête des semaines, des prémices de la moisson du froment, et la fête de la récolte, à la fin de l'année.
      23 Trois fois par an, tous les mâles se présenteront devant le Seigneur, l'Éternel, Dieu d'Israël.
      24 Car je chasserai les nations devant toi, et j'étendrai tes frontières ; et personne ne convoitera ton pays, pendant que tu monteras pour te présenter devant l'Éternel, ton Dieu, trois fois par an.
      25 Tu n'offriras point avec du pain levé le sang de la victime immolée en mon honneur ; et le sacrifice de la fête de Pâque ne sera point gardé pendant la nuit jusqu'au matin.
      26 Tu apporteras à la maison de L'Éternel, ton Dieu, les prémices des premiers fruits de la terre. Tu ne feras point cuire un chevreau dans le lait de sa mère.
      27 L'Éternel dit à Moïse : Écris ces paroles ; car c'est conformément à ces paroles que je traite alliance avec toi et avec Israël.
      28 Moïse fut là avec l'Éternel quarante jours et quarante nuits. Il ne mangea point de pain, et il ne but point d'eau. Et l'Éternel écrivit sur les tables les paroles de l'alliance, les dix paroles.
      29 Moïse descendit de la montagne de Sinaï, ayant les deux tables du témoignage dans sa main, en descendant de la montagne ; et il ne savait pas que la peau de son visage rayonnait, parce qu'il avait parlé avec l'Éternel.
      30 Aaron et tous les enfants d'Israël regardèrent Moïse, et voici la peau de son visage rayonnait ; et ils craignaient de s'approcher de lui.
      31 Moïse les appela ; Aaron et tous les principaux de l'assemblée vinrent auprès de lui, et il leur parla.
      32 Après cela, tous les enfants d'Israël s'approchèrent, et il leur donna tous les ordres qu'il avait reçus de l'Éternel, sur la montagne de Sinaï.
      33 Lorsque Moïse eut achevé de leur parler, il mit un voile sur son visage.
      34 Quand Moïse entrait devant l'Éternel, pour lui parler, il ôtait le voile, jusqu'à ce qu'il sortît ; et quand il sortait, il disait aux enfants d'Israël ce qui lui avait été ordonné.
      35 Les enfants d'Israël regardaient le visage de Moïse, et voyait que la peau de son visage rayonnait ; et Moïse remettait le voile sur son visage jusqu'à ce qu'il entrât, pour parler avec l'Éternel.

      Lévitique 2

      1 Lorsque quelqu'un fera à l'Éternel une offrande en don, son offrande sera de fleur de farine ; il versera de l'huile dessus, et il y ajoutera de l'encens.
      2 Il l'apportera aux sacrificateurs, fils d'Aaron ; le sacrificateur prendra une poignée de cette fleur de farine, arrosée d'huile, avec tout l'encens, et il brûlera cela sur l'autel comme souvenir. C'est une offrande d'une agréable odeur à l'Éternel.
      3 Ce qui restera de l'offrande sera pour Aaron et pour ses fils ; c'est une chose très sainte parmi les offrandes consumées par le feu devant l'Éternel.
      4 Si tu fais une offrande de ce qui est cuit au four, qu'on se serve de fleur de farine, et que ce soient des gâteaux sans levain pétris à l'huile et des galettes sans levain arrosées d'huile.
      5 Si ton offrande est un gâteau cuit à la poêle, il sera de fleur de farine pétrie à l'huile, sans levain.
      6 Tu le rompras en morceaux, et tu verseras de l'huile dessus ; c'est une offrande.
      7 Si ton offrande est un gâteau cuit sur le gril, il sera fait de fleur de farine pétrie à l'huile.
      8 Tu apporteras l'offrande qui sera faite à l'Éternel avec ces choses-là ; elle sera remise au sacrificateur, qui la présentera sur l'autel.
      9 Le sacrificateur en prélèvera ce qui doit être offert comme souvenir, et le brûlera sur l'autel. C'est une offrande d'une agréable odeur à l'Éternel.
      10 Ce qui restera de l'offrande sera pour Aaron et pour ses fils ; c'est une chose très sainte parmi les offrandes consumées par le feu devant l'Éternel.
      11 Aucune des offrandes que vous présenterez à l'Éternel ne sera faite avec du levain ; car vous ne brûlerez rien qui contienne du levain ou du miel parmi les offrandes consumées par le feu devant l'Éternel.
      12 Vous pourrez en offrir à l'Éternel comme offrande des prémices ; mais il n'en sera point présenté sur l'autel comme offrande d'une agréable odeur.
      13 Tu mettras du sel sur toutes tes offrandes ; tu ne laisseras point ton offrande manquer de sel, signe de l'alliance de ton Dieu ; sur toutes tes offrandes tu mettras du sel.
      14 Si tu fais à l'Éternel une offrande des prémices, tu présenteras des épis nouveaux, rôtis au feu et broyés, comme offrande de tes prémices.
      15 Tu verseras de l'huile dessus, et tu y ajouteras de l'encens ; c'est une offrande.
      16 Le sacrificateur brûlera comme souvenir une portion des épis broyés et de l'huile, avec tout l'encens. C'est une offrande consumée par le feu devant l'Éternel.

      Lévitique 18

      1 L'Éternel parla à Moïse, et dit :
      2 Parle aux enfants d'Israël, et tu leur diras : Je suis l'Éternel, votre Dieu.
      3 Vous ne ferez point ce qui se fait dans le pays d'Égypte où vous avez habité, et vous ne ferez point ce qui se fait dans le pays de Canaan où je vous mène : vous ne suivrez point leurs usages.
      4 Vous pratiquerez mes ordonnances, et vous observerez mes lois : vous les suivrez. Je suis l'Éternel, votre Dieu.
      5 Vous observerez mes lois et mes ordonnances : l'homme qui les mettra en pratique vivra par elles. Je suis l'Éternel.
      6 Nul de vous ne s'approchera de sa parente, pour découvrir sa nudité. Je suis l'Éternel.
      7 Tu ne découvriras point la nudité de ton père, ni la nudité de ta mère. C'est ta mère : tu ne découvriras point sa nudité.
      8 Tu ne découvriras point la nudité de la femme de ton père. C'est la nudité de ton père.
      9 Tu ne découvriras point la nudité de ta soeur, fille de ton père ou fille de ta mère, née dans la maison ou née hors de la maison.
      10 Tu ne découvriras point la nudité de la fille de ton fils ou de la fille de ta fille. Car c'est ta nudité.
      11 Tu ne découvriras point la nudité de la fille de la femme de ton père, née de ton père. C'est ta soeur.
      12 Tu ne découvriras point la nudité de la soeur de ton père. C'est la proche parente de ton père.
      13 Tu ne découvriras point la nudité de la soeur de ta mère. Car c'est la proche parente de ta mère.
      14 Tu ne découvriras point la nudité du frère de ton père. Tu ne t'approcheras point de sa femme. C'est ta tante.
      15 Tu ne découvriras point la nudité de ta belle-fille. C'est la femme de ton fils : tu ne découvriras point sa nudité.
      16 Tu ne découvriras point la nudité de la femme de ton frère. C'est la nudité de ton frère.
      17 Tu ne découvriras point la nudité d'une femme et de sa fille. Tu ne prendras point la fille de son fils, ni la fille de sa fille, pour découvrir leur nudité. Ce sont tes proches parentes : c'est un crime.
      18 Tu ne prendras point la soeur de ta femme, pour exciter une rivalité, en découvrant sa nudité à côté de ta femme pendant sa vie.
      19 Tu ne t'approcheras point d'une femme pendant son impureté menstruelle, pour découvrir sa nudité.
      20 Tu n'auras point commerce avec la femme de ton prochain, pour te souiller avec elle.
      21 Tu ne livreras aucun de tes enfants pour le faire passer à Moloc, et tu ne profaneras point le nom de ton Dieu. Je suis l'Éternel.
      22 Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C'est une abomination.
      23 Tu ne coucheras point avec une bête, pour te souiller avec elle. La femme ne s'approchera point d'une bête, pour se prostituer à elle. C'est une confusion.
      24 Ne vous souillez par aucune de ces choses, car c'est par toutes ces choses que se sont souillées les nations que je vais chasser devant vous.
      25 Le pays en a été souillé ; je punirai son iniquité, et le pays vomira ses habitants.
      26 Vous observerez donc mes lois et mes ordonnances, et vous ne commettrez aucune de ces abominations, ni l'indigène, ni l'étranger qui séjourne au milieu de vous.
      27 Car ce sont là toutes les abominations qu'ont commises les hommes du pays, qui y ont été avant vous ; et le pays en a été souillé.
      28 Prenez garde que le pays ne vous vomisse, si vous le souillez, comme il aura vomi les nations qui y étaient avant vous.
      29 Car tous ceux qui commettront quelqu'une de ces abominations seront retranchés du milieu de leur peuple.
      30 Vous observerez mes commandements, et vous ne pratiquerez aucun des usages abominables qui se pratiquaient avant vous, vous ne vous en souillerez pas. Je suis l'Éternel, votre Dieu.

      Nombres 10

      29 Moïse dit à Hobab, fils de Réuel, le Madianite, beau-père de Moïse : Nous partons pour le lieu dont l'Éternel a dit : Je vous le donnerai. Viens avec nous, et nous te ferons du bien, car l'Éternel a promis de faire du bien à Israël.
      33 Ils partirent de la montagne de l'Éternel, et marchèrent trois jours ; l'arche de l'alliance de l'Éternel partit devant eux, et fit une marche de trois jours, pour leur chercher un lieu de repos.

      Nombres 14

      28 Dis-leur : Je suis vivant ! dit l'Éternel, je vous ferai ainsi que vous avez parlé à mes oreilles.

      Nombres 16

      32 La terre ouvrit sa bouche, et les engloutit, eux et leurs maisons, avec tous les gens de Koré et tous leurs biens.

      Josué 24

      1 Josué assembla toutes les tribus d'Israël à Sichem, et il convoqua les anciens d'Israël, ses chefs, ses juges et ses officiers. Et ils se présentèrent devant Dieu.
      2 Josué dit à tout le peuple : Ainsi parle l'Éternel, le Dieu d'Israël : Vos pères, Térach, père d'Abraham et père de Nachor, habitaient anciennement de l'autre côté du fleuve, et ils servaient d'autres dieux.
      3 Je pris votre père Abraham de l'autre côté du fleuve, et je lui fis parcourir tout le pays de Canaan ; je multipliai sa postérité, et je lui donnai Isaac.
      4 Je donnai à Isaac Jacob et Ésaü, et je donnai en propriété à Ésaü la montagne de Séir, mais Jacob et ses fils descendirent en Égypte.
      5 J'envoyai Moïse et Aaron, et je frappai l'Égypte par les prodiges que j'opérai au milieu d'elle ; puis je vous en fis sortir.
      6 Je fis sortir vos pères de l'Égypte, et vous arrivâtes à la mer. Les Égyptiens poursuivirent vos pères jusqu'à la mer Rouge, avec des chars et des cavaliers.
      7 Vos pères crièrent à l'Éternel. Et l'Éternel mit des ténèbres entre vous et les Égyptiens, il ramena sur eux la mer, et elle les couvrit. Vos yeux ont vu ce que j'ai fait aux Égyptiens. Et vous restâtes longtemps dans le désert.
      8 Je vous conduisis dans le pays des Amoréens, qui habitaient de l'autre côté du Jourdain, et ils combattirent contre vous. Je les livrai entre vos mains ; vous prîtes possession de leur pays, et je les détruisis devant vous.
      9 Balak, fils de Tsippor, roi de Moab, se leva et combattit Israël. Il fit appeler Balaam, fils de Beor, pour qu'il vous maudît.
      10 Mais je ne voulus point écouter Balaam ; il vous bénit, et je vous délivrai de la main de Balak.
      11 Vous passâtes le Jourdain, et vous arrivâtes à Jéricho. Les habitants de Jéricho combattirent contre vous, les Amoréens, les Phéréziens, les Cananéens, les Héthiens, les Guirgasiens, les Héviens et les Jébusiens. Je les livrai entre vos mains,
      12 et j'envoyai devant vous les frelons, qui les chassèrent loin de votre face, comme les deux rois des Amoréens : ce ne fut ni par ton épée, ni par ton arc.
      13 Je vous donnai un pays que vous n'aviez point cultivé, des villes que vous n'aviez point bâties et que vous habitez, des vignes et des oliviers que vous n'aviez point plantés et qui vous servent de nourriture.
      14 Maintenant, craignez l'Éternel, et servez-le avec intégrité et fidélité. Faites disparaître les dieux qu'ont servis vos pères de l'autre côté du fleuve et en Égypte, et servez l'Éternel.
      15 Et si vous ne trouvez pas bon de servir l'Éternel, choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir, ou les dieux que servaient vos pères au delà du fleuve, ou les dieux des Amoréens dans le pays desquels vous habitez. Moi et ma maison, nous servirons l'Éternel.
      16 Le peuple répondit, et dit : Loin de nous la pensée d'abandonner l'Éternel, et de servir d'autres dieux !
      17 Car l'Éternel est notre Dieu ; c'est lui qui nous a fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude, nous et nos pères ; c'est lui qui a opéré sous nos yeux ces grands prodiges, et qui nous a gardés pendant toute la route que nous avons suivie et parmi tous les peuples au milieu desquels nous avons passé.
      18 Il a chassé devant nous tous les peuples, et les Amoréens qui habitaient ce pays. Nous aussi, nous servirons l'Éternel, car il est notre Dieu.
      19 Josué dit au peuple : Vous n'aurez pas la force de servir l'Éternel, car c'est un Dieu saint, c'est un Dieu jaloux ; il ne pardonnera point vos transgressions et vos péchés.
      20 Lorsque vous abandonnerez l'Éternel et que vous servirez des dieux étrangers, il reviendra vous faire du mal, et il vous consumera après vous avoir fait du bien.
      21 Le peuple dit à Josué : Non ! car nous servirons l'Éternel.
      22 Josué dit au peuple : Vous êtes témoins contre vous-mêmes que c'est vous qui avez choisi l'Éternel pour le servir. Ils répondirent : Nous en sommes témoins.
      23 Otez donc les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, et tournez votre coeur vers l'Éternel, le Dieu d'Israël.
      24 Et le peuple dit à Josué : Nous servirons l'Éternel, notre Dieu, et nous obéirons à sa voix.
      25 Josué fit en ce jour une alliance avec le peuple, et lui donna des lois et des ordonnances, à Sichem.
      26 Josué écrivit ces choses dans le livre de la loi de Dieu. Il prit une grande pierre, qu'il dressa là sous le chêne qui était dans le lieu consacré à l'Éternel.
      27 Et Josué dit à tout le peuple : Voici, cette pierre servira de témoin contre nous, car elle a entendu toutes les paroles que l'Éternel nous a dites ; elle servira de témoin contre vous, afin que vous ne soyez pas infidèles à votre Dieu.
      28 Puis Josué renvoya le peuple, chacun dans son héritage.
      29 Après ces choses, Josué, fils de Nun, serviteur de l'Éternel, mourut, âgé de cent dix ans.
      30 On l'ensevelit dans le territoire qu'il avait eu en partage, à Thimnath Sérach, dans la montagne d'Éphraïm, au nord de la montagne de Gaasch.
      31 Israël servit l'Éternel pendant toute la vie de Josué, et pendant toute la vie des anciens qui survécurent à Josué et qui connaissaient tout ce que l'Éternel avait fait en faveur d'Israël.
      32 Les os de Joseph, que les enfants d'Israël avaient rapportés d'Égypte, furent enterrés à Sichem, dans la portion du champ que Jacob avait achetée des fils de Hamor, père de Sichem, pour cent kesita, et qui appartint à l'héritage des fils de Joseph.
      33 Éléazar, fils d'Aaron, mourut, et on l'enterra à Guibeath Phinées, qui avait été donné à son fils Phinées, dans la montagne d'Éphraïm.

      Juges 1

      16 Les fils du Kénien, beau-père de Moïse, montèrent de la ville des palmiers, avec les fils de Juda, dans le désert de Juda au midi d'Arad, et ils allèrent s'établir parmi le peuple.

      Juges 4

      11 Héber, le Kénien, s'était séparé des Kéniens, des fils de Hobab, beau-père de Moïse, et il avait dressé sa tente jusqu'au chêne de Tsaannaïm, près de Kédesch.

      Juges 5

      1 En ce jour-là, Débora chanta ce cantique, avec Barak, fils d'Abinoam :
      2 Des chefs se sont mis à la tête du peuple en Israël, Et le peuple s'est montré prêt à combattre : Bénissez-en l'Éternel !
      3 Rois, écoutez ! Princes, prêtez l'oreille ! Je chanterai, oui, je chanterai à l'Éternel, Je chanterai à l'Éternel, le Dieu d'Israël.
      4 O Éternel ! quand tu sortis de Séir, Quand tu t'avanças des champs d'Édom, La terre trembla, et les cieux se fondirent Et les nuées se fondirent en eaux ;
      5 Les montagnes s'ébranlèrent devant l'Éternel, Ce Sinaï devant l'Éternel, le Dieu d'Israël.
      6 Au temps de Schamgar, fils d'Anath, Au temps de Jaël, les routes étaient abandonnées, Et ceux qui voyageaient prenaient des chemins détournés.
      7 Les chefs étaient sans force en Israël, sans force, Quand je me suis levée, moi, Débora, Quand je me suis levée comme une mère en Israël.
      8 Il avait choisi de nouveaux dieux : Alors la guerre était aux portes ; On ne voyait ni bouclier ni lance Chez quarante milliers en Israël.
      9 Mon coeur est aux chefs d'Israël, A ceux du peuple qui se sont montrés prêts à combattre. Bénissez l'Éternel !
      10 Vous qui montez de blanches ânesses, Vous qui avez pour sièges des tapis, Et vous qui marchez sur la route, chantez !
      11 Que de leur voix les archers, du milieu des abreuvoirs, Célèbrent les bienfaits de l'Éternel, Les bienfaits de son conducteur en Israël ! Alors le peuple de l'Éternel descendit aux portes.
      12 Réveille-toi, réveille-toi, Débora ! Réveille-toi, réveille-toi, dis un cantique ! Lève-toi, Barak, et emmène tes captifs, fils d'Abinoam !
      13 Alors un reste du peuple triompha des puissants, L'Éternel me donna la victoire sur les héros.
      14 D'Éphraïm arrivèrent les habitants d'Amalek. A ta suite marcha Benjamin parmi ta troupe. De Makir vinrent des chefs, Et de Zabulon des commandants.
      15 Les princes d'Issacar furent avec Débora, Et Issacar suivit Barak, Il fut envoyé sur ses pas dans la vallée. Près des ruisseaux de Ruben, Grandes furent les résolutions du coeur !
      16 Pourquoi es-tu resté au milieu des étables A écouter le bêlement des troupeaux ? Aux ruisseaux de Ruben, Grandes furent les délibérations du coeur !
      17 Galaad au delà du Jourdain n'a pas quitté sa demeure. Pourquoi Dan s'est-il tenu sur les navires ? Aser s'est assis sur le rivage de la mer, Et s'est reposé dans ses ports.
      18 Zabulon est un peuple qui affronta la mort, Et Nephthali de même, Sur les hauteurs des champs.
      19 Les rois vinrent, ils combattirent, Alors combattirent les rois de Canaan, A Thaanac, aux eaux de Meguiddo ; Ils ne remportèrent nul butin, nul argent.
      20 Des cieux on combattit, De leurs sentiers les étoiles combattirent contre Sisera.
      21 Le torrent de Kison les a entraînés, Le torrent des anciens temps, le torrent de Kison. Mon âme, foule aux pieds les héros !
      22 Alors les talons des chevaux retentirent, A la fuite, à la fuite précipitée de leurs guerriers.
      23 Maudissez Méroz, dit l'ange de l'Éternel, Maudissez, maudissez ses habitants, Car ils ne vinrent pas au secours de l'Éternel, Au secours de l'Éternel, parmi les hommes vaillants.
      24 Bénie soit entre les femmes Jaël, Femme de Héber, le Kénien ! Bénie soit-elle entre les femmes qui habitent sous les tentes !
      25 Il demanda de l'eau, elle a donné du lait, Dans la coupe d'honneur elle a présenté de la crème.
      26 D'une main elle a saisi le pieu, Et de sa droite le marteau des travailleurs ; Elle a frappé Sisera, lui a fendu la tête, Fracassé et transpercé la tempe.
      27 Aux pieds de Jaël il s'est affaissé, il est tombé, il s'est couché ; A ses pieds il s'est affaissé, il est tombé ; Là où il s'est affaissé, là il est tombé sans vie.
      28 Par la fenêtre, à travers le treillis, La mère de Sisera regarde, et s'écrie : Pourquoi son char tarde-t-il à venir ? Pourquoi ses chars vont-ils si lentement ?
      29 Les plus sages d'entre ses femmes lui répondent, Et elle se répond à elle-même :
      30 Ne trouvent-ils pas du butin ? ne le partagent-ils pas ? Une jeune fille, deux jeunes filles par homme, Du butin en vêtements de couleur pour Sisera, Du butin en vêtements de couleur, brodés, Un vêtement de couleur, deux vêtements brodés, Pour le cou du vainqueur.
      31 Périssent ainsi tous tes ennemis, ô Éternel ! Ceux qui l'aiment sont comme le soleil, Quand il paraît dans sa force. Le pays fut en repos pendant quarante ans.

      Juges 8

      19 Il dit : C'étaient mes frères, fils de ma mère. L'Éternel est vivant ! si vous les eussiez laissés vivre, je ne vous tuerais pas.

      Juges 9

      23 Alors Dieu envoya un mauvais esprit entre Abimélec et les habitants de Sichem, et les habitants de Sichem furent infidèles à Abimélec,

      Juges 11

      1 Jephthé, le Galaadite, était un vaillant héros. Il était fils d'une femme prostituée ; et c'est Galaad qui avait engendré Jephthé.
      31 quiconque sortira des portes de ma maison au-devant de moi, à mon heureux retour de chez les fils d'Ammon, sera consacré à l'Éternel, et je l'offrirai en holocauste.

      1 Samuel 2

      22 Éli était fort âgé et il apprit comment ses fils agissaient à l'égard de tout Israël ; il apprit aussi qu'ils couchaient avec les femmes qui s'assemblaient à l'entrée de la tente d'assignation.
      25 Si un homme pèche contre un autre homme, Dieu le jugera ; mais s'il pèche contre l'Éternel, qui intercédera pour lui ? Et ils n'écoutèrent point la voix de leur père, car l'Éternel voulait les faire mourir.
      30 C'est pourquoi voici ce que dit l'Éternel, le Dieu d'Israël : J'avais déclaré que ta maison et la maison de ton père marcheraient devant moi à perpétuité. Et maintenant, dit l'Éternel, loin de moi ! Car j'honorerai celui qui m'honore, mais ceux qui me méprisent seront méprisés.

      1 Samuel 3

      1 Le jeune Samuel était au service de l'Éternel devant Éli. La parole de l'Éternel était rare en ce temps-là, les visions n'étaient pas fréquentes.

      1 Samuel 5

      3 Le lendemain, les Asdodiens, qui s'étaient levés de bon matin, trouvèrent Dagon étendu la face contre terre, devant l'arche de l'Éternel. Ils prirent Dagon, et le remirent à sa place.

      1 Samuel 6

      20 Les gens de Beth Schémesch dirent : Qui peut subsister en présence de l'Éternel, de ce Dieu saint ? Et vers qui l'arche doit-elle monter, en s'éloignant de nous ?

      1 Samuel 15

      5 Saül marcha jusqu'à la ville d'Amalek, et mit une embuscade dans la vallée.
      22 Samuel dit : L'Éternel trouve-t-il du plaisir dans les holocaustes et les sacrifices, comme dans l'obéissance à la voix de l'Éternel ? Voici, l'obéissance vaut mieux que les sacrifices, et l'observation de sa parole vaut mieux que la graisse des béliers.

      1 Samuel 16

      7 Et l'Éternel dit à Samuel : Ne prends point garde à son apparence et à la hauteur de sa taille, car je l'ai rejeté. L'Éternel ne considère pas ce que l'homme considère ; l'homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l'Éternel regarde au coeur.

      2 Samuel 12

      1 L'Éternel envoya Nathan vers David. Et Nathan vint à lui, et lui dit : Il y avait dans une ville deux hommes, l'un riche et l'autre pauvre.
      2 Le riche avait des brebis et des boeufs en très grand nombre.
      3 Le pauvre n'avait rien du tout qu'une petite brebis, qu'il avait achetée ; il la nourrissait, et elle grandissait chez lui avec ses enfants ; elle mangeait de son pain, buvait dans sa coupe, dormait sur son sein, et il la regardait comme sa fille.
      4 Un voyageur arriva chez l'homme riche. Et le riche n'a pas voulu toucher à ses brebis ou à ses boeufs, pour préparer un repas au voyageur qui était venu chez lui ; il a pris la brebis du pauvre, et l'a apprêtée pour l'homme qui était venu chez lui.
      5 La colère de David s'enflamma violemment contre cet homme, et il dit à Nathan : L'Éternel est vivant ! L'homme qui a fait cela mérite la mort.
      6 Et il rendra quatre brebis, pour avoir commis cette action et pour avoir été sans pitié.
      7 Et Nathan dit à David : Tu es cet homme-là ! Ainsi parle l'Éternel, le Dieu d'Israël : Je t'ai oint pour roi sur Israël, et je t'ai délivré de la main de Saül ;
      8 je t'ai mis en possession de la maison de ton maître, j'ai placé dans ton sein les femmes de ton maître, et je t'ai donné la maison d'Israël et de Juda. Et si cela eût été peu, j'y aurais encore ajouté.
      9 Pourquoi donc as-tu méprisé la parole de l'Éternel, en faisant ce qui est mal à ses yeux ? Tu as frappé de l'épée Urie, le Héthien ; tu as pris sa femme pour en faire ta femme, et lui, tu l'as tué par l'épée des fils d'Ammon.
      10 Maintenant, l'épée ne s'éloignera jamais de ta maison, parce que tu m'as méprisé, et parce que tu as pris la femme d'Urie, le Héthien, pour en faire ta femme.
      11 Ainsi parle l'Éternel : Voici, je vais faire sortir de ta maison le malheur contre toi, et je vais prendre sous tes yeux tes propres femmes pour les donner à un autre, qui couchera avec elles à la vue de ce soleil.
      12 Car tu as agi en secret ; et moi, je ferai cela en présence de tout Israël et à la face du soleil.
      13 David dit à Nathan : J'ai péché contre l'Éternel ! Et Nathan dit à David : L'Éternel pardonne ton péché, tu ne mourras point.
      14 Mais, parce que tu as fait blasphémer les ennemis de l'Éternel, en commettant cette action, le fils qui t'est né mourra.
      15 Et Nathan s'en alla dans sa maison. L'Éternel frappa l'enfant que la femme d'Urie avait enfanté à David, et il fut dangereusement malade.
      16 David pria Dieu pour l'enfant, et jeûna ; et quand il rentra, il passa la nuit couché par terre.
      17 Les anciens de sa maison insistèrent auprès de lui pour le faire lever de terre ; mais il ne voulut point, et il ne mangea rien avec eux.
      18 Le septième jour, l'enfant mourut. Les serviteurs de David craignaient de lui annoncer que l'enfant était mort. Car ils disaient : Voici, lorsque l'enfant vivait encore, nous lui avons parlé, et il ne nous a pas écoutés ; comment oserons-nous lui dire : L'enfant est mort ? Il s'affligera bien davantage.
      19 David aperçut que ses serviteurs parlaient tout bas entre eux, et il comprit que l'enfant était mort. Il dit à ses serviteurs : L'enfant est-il mort ? Et ils répondirent : Il est mort.
      20 Alors David se leva de terre. Il se lava, s'oignit, et changea de vêtements ; puis il alla dans la maison de l'Éternel, et se prosterna. De retour chez lui, il demanda qu'on lui servît à manger, et il mangea.
      21 Ses serviteurs lui dirent : Que signifie ce que tu fais ? Tandis que l'enfant vivait, tu jeûnais et tu pleurais ; et maintenant que l'enfant est mort, tu te lèves et tu manges !
      22 Il répondit : Lorsque l'enfant vivait encore, je jeûnais et je pleurais, car je disais : Qui sait si l'Éternel n'aura pas pitié de moi et si l'enfant ne vivra pas ?
      23 Maintenant qu'il est mort, pourquoi jeûnerais-je ? Puis-je le faire revenir ? J'irai vers lui, mais il ne reviendra pas vers moi.
      24 David consola Bath Schéba, sa femme, et il alla auprès d'elle et coucha avec elle. Elle enfanta un fils qu'il appela Salomon, et qui fut aimé de l'Éternel.
      25 Il le remit entre les mains de Nathan le prophète, et Nathan lui donna le nom de Jedidja, à cause de l'Éternel.
      26 Joab, qui assiégeait Rabba des fils d'Ammon, s'empara de la ville royale,
      27 et envoya des messagers à David pour lui dire : J'ai attaqué Rabba, et je me suis déjà emparé de la ville des eaux ;
      28 rassemble maintenant le reste du peuple, campe contre la ville, et prends-la, de peur que je ne la prenne moi-même et que la gloire ne m'en soit attribuée.
      29 David rassembla tout le peuple, et marcha sur Rabba ; il l'attaqua, et s'en rendit maître.
      30 Il enleva la couronne de dessus la tête de son roi : elle pesait un talent d'or et était garnie de pierres précieuses. On la mit sur la tête de David, qui emporta de la ville un très grand butin.
      31 Il fit sortir les habitants, et il les plaça sous des scies, des herses de fer et des haches de fer, et les fit passer par des fours à briques ; il traita de même toutes les villes des fils d'Ammon. David retourna à Jérusalem avec tout le peuple.

      2 Samuel 22

      27 Avec celui qui est pur tu te montres pur, Et avec le pervers tu agis selon sa perversité.

      2 Samuel 24

      1 La colère de l'Éternel s'enflamma de nouveau contre Israël, et il excita David contre eux, en disant : Va, fais le dénombrement d'Israël et de Juda.
      2 Et le roi dit à Joab, qui était chef de l'armée et qui se trouvait près de lui : Parcours toutes les tribus d'Israël, depuis Dan jusqu'à Beer Schéba ; qu'on fasse le dénombrement du peuple, et que je sache à combien il s'élève.
      3 Joab dit au roi : Que l'Éternel, ton Dieu, rende le peuple cent fois plus nombreux, et que les yeux du roi mon seigneur le voient ! Mais pourquoi le roi mon seigneur veut-il faire cela ?
      4 Le roi persista dans l'ordre qu'il donnait à Joab et aux chefs de l'armée ; et Joab et les chefs de l'armée quittèrent le roi pour faire le dénombrement du peuple d'Israël.
      5 Ils passèrent le Jourdain, et ils campèrent à Aroër, à droite de la ville qui est au milieu de la vallée de Gad, et près de Jaezer.
      6 Ils allèrent en Galaad et dans le pays de Thachthim Hodschi. Ils allèrent à Dan Jaan, et aux environs de Sidon.
      7 Ils allèrent à la forteresse de Tyr, et dans toutes les villes des Héviens et des Cananéens. Ils terminèrent par le midi de Juda, à Beer Schéba.
      8 Ils parcoururent ainsi tout le pays, et ils arrivèrent à Jérusalem au bout de neuf mois et vingt jours.
      9 Joab remit au roi le rôle du dénombrement du peuple : il y avait en Israël huit cent mille hommes de guerre tirant l'épée, et en Juda cinq cent mille hommes.
      10 David sentit battre son coeur, après qu'il eut ainsi fait le dénombrement du peuple. Et il dit à l'Éternel : J'ai commis un grand péché en faisant cela ! Maintenant, ô Éternel, daigne pardonner l'iniquité de ton serviteur, car j'ai complètement agi en insensé !
      11 Le lendemain, quand David se leva, la parole de l'Éternel fut ainsi adressée à Gad le prophète, le voyant de David :
      12 Va dire à David : Ainsi parle l'Éternel : Je te propose trois fléaux ; choisis-en un, et je t'en frapperai.
      13 Gad alla vers David, et lui fit connaître la chose, en disant : Veux-tu sept années de famine dans ton pays, ou bien trois mois de fuite devant tes ennemis qui te poursuivront, ou bien trois jours de peste dans ton pays ? Maintenant choisis, et vois ce que je dois répondre à celui qui m'envoie.
      14 David répondit à Gad : Je suis dans une grande angoisse ! Oh ! tombons entre les mains de l'Éternel, car ses compassions sont immenses ; mais que je ne tombe pas entre les mains des hommes !
      15 L'Éternel envoya la peste en Israël, depuis le matin jusqu'au temps fixé ; et, de Dan à Beer Schéba, il mourut soixante-dix mille hommes parmi le peuple.
      16 Comme l'ange étendait la main sur Jérusalem pour la détruire, l'Éternel se repentit de ce mal, et il dit à l'ange qui faisait périr le peuple : Assez ! Retire maintenant ta main. L'ange de l'Éternel était près de l'aire d'Aravna, le Jébusien.
      17 David, voyant l'ange qui frappait parmi le peuple, dit à l'Éternel : Voici, j'ai péché ! C'est moi qui suis coupable ; mais ces brebis, qu'ont-elles fait ? Que ta main soit donc sur moi et sur la maison de mon père !
      18 Ce jour-là, Gad vint auprès de David, et lui dit : Monte, élève un autel à l'Éternel dans l'aire d'Aravna, le Jébusien.
      19 David monta, selon la parole de Gad, comme l'Éternel l'avait ordonné.
      20 Aravna regarda, et il vit le roi et ses serviteurs qui se dirigeaient vers lui ; et Aravna sortit, et se prosterna devant le roi, le visage contre terre.
      21 Aravna dit : Pourquoi mon seigneur le roi vient-il vers son serviteur ? Et David répondit : Pour acheter de toi l'aire et pour y bâtir un autel à l'Éternel, afin que la plaie se retire de dessus le peuple.
      22 Aravna dit à David : Que mon seigneur le roi prenne l'aire, et qu'il y offre les sacrifices qu'il lui plaira ; vois, les boeufs seront pour l'holocauste, et les chars avec l'attelage serviront de bois.
      23 Aravna donna le tout au roi. Et Aravna dit au roi : Que l'Éternel, ton Dieu, te soit favorable !
      24 Mais le roi dit à Aravna : Non ! Je veux l'acheter de toi à prix d'argent, et je n'offrirai point à l'Éternel, mon Dieu, des holocaustes qui ne me coûtent rien. Et David acheta l'aire et les boeufs pour cinquante sicles d'argent.
      25 David bâtit là un autel à l'Éternel, et il offrit des holocaustes et des sacrifices d'actions de grâces. Alors l'Éternel fut apaisé envers le pays, et la plaie se retira d'Israël.

      1 Chroniques 2

      55 et les familles des scribes demeurant à Jaebets, les Thireathiens, les Schimeathiens et les Sucathiens. Ce sont les Kéniens, issus de Hamath, père de la maison de Récab.

      1 Chroniques 21

      1 Satan se leva contre Israël, et il excita David à faire le dénombrement d'Israël.

      2 Chroniques 34

      1 Josias avait huit ans lorsqu'il devint roi, et il régna trente et un ans à Jérusalem.
      2 Il fit ce qui est droit aux yeux de l'Éternel, et il marcha dans les voies de David, son père ; il ne s'en détourna ni à droite ni à gauche.
      3 La huitième année de son règne, comme il était encore jeune, il commença à rechercher le Dieu de David, son père ; et la douzième année, il commença à purifier Juda et Jérusalem des hauts lieux, des idoles, des images taillées et des images en fonte.
      4 On renversa devant lui les autels des Baals, et il abattit les statues consacrées au soleil qui étaient dessus ; il brisa les idoles, les images taillées et les images en fonte, et les réduisit en poussière, et il répandit la poussière sur les sépulcres de ceux qui leur avaient sacrifié ;
      5 et il brûla les ossements des prêtres sur leurs autels. C'est ainsi qu'il purifia Juda et Jérusalem.
      6 Dans les villes de Manassé, d'Éphraïm, de Siméon, et même de Nephthali, partout au milieu de leurs ruines,
      7 il renversa les autels, il mit en pièces les idoles et les images taillées et les réduisit en poussière, et il abattit toutes les statues consacrées au soleil dans tout le pays d'Israël. Puis il retourna à Jérusalem.
      8 La dix-huitième année de son règne, après qu'il eut purifié le pays et la maison, il envoya Schaphan, fils d'Atsalia, Maaséja, chef de la ville, et Joach, fils de Joachaz, l'archiviste, pour réparer la maison de l'Éternel, son Dieu.
      9 Ils se rendirent auprès du souverain sacrificateur Hilkija, et on livra l'argent qui avait été apporté dans la maison de Dieu, et que les Lévites gardiens du seuil avaient recueilli de Manassé et d'Éphraïm et de tout le reste d'Israël, et de tout Juda et Benjamin et des habitants de Jérusalem.
      10 On le remit entre les mains de ceux qui étaient chargés de faire exécuter l'ouvrage dans la maison de l'Éternel. Et ils l'employèrent pour ceux qui travaillaient aux réparations de la maison de l'Éternel,
      11 pour les charpentiers et les maçons, pour les achats de pierres de taille et de bois destiné aux poutres et à la charpente des bâtiments qu'avaient détruits les rois de Juda.
      12 Ces hommes agirent avec probité dans leur travail. Ils étaient placés sous l'inspection de Jachath et Abdias, Lévites d'entre les fils de Merari, et de Zacharie et Meschullam, d'entre les fils des Kehathites ; tous ceux des Lévites qui étaient habiles musiciens surveillaient les manoeuvres
      13 et dirigeaient tous les ouvriers occupés aux divers travaux ; il y avait encore d'autres Lévites secrétaires, commissaires et portiers.
      14 Au moment où l'on sortit l'argent qui avait été apporté dans la maison de l'Éternel, le sacrificateur Hilkija trouva le livre de la loi de l'Éternel donnée par Moïse.
      15 Alors Hilkija prit la parole et dit à Schaphan, le secrétaire : J'ai trouvé le livre de la loi dans la maison de l'Éternel. Et Hilkija donna le livre à Schaphan.
      16 Schaphan apporta le livre au roi, et lui rendit aussi compte, en disant : Tes serviteurs ont fait tout ce qui leur a été commandé ;
      17 ils ont amassé l'argent qui se trouvait dans la maison de l'Éternel, et l'ont remis entre les mains des inspecteurs et des ouvriers.
      18 Schaphan, le secrétaire, dit encore au roi : Le sacrificateur Hilkija m'a donné un livre. Et Schaphan le lut devant le roi.
      19 Lorsque le roi entendit les paroles de la loi, il déchira ses vêtements.
      20 Et le roi donna cet ordre à Hilkija, à Achikam, fils de Schaphan, à Abdon, fils de Michée, à Schaphan, le secrétaire, et à Asaja, serviteur du roi :
      21 Allez, consultez l'Éternel pour moi et pour ce qui reste en Israël et en Juda, au sujet des paroles de ce livre qu'on a trouvé ; car grande est la colère de l'Éternel qui s'est répandue sur nous, parce que nos pères n'ont point observé la parole de l'Éternel et n'ont point mis en pratique tout ce qui est écrit dans ce livre.
      22 Hilkija et ceux qu'avait désignés le roi allèrent auprès de la prophétesse Hulda, femme de Schallum, fils de Thokehath, fils de Hasra, gardien des vêtements. Elle habitait à Jérusalem, dans l'autre quartier de la ville. Après qu'ils eurent exprimé ce qu'ils avaient à lui dire,
      23 elle leur répondit : Ainsi parle l'Éternel, le Dieu d'Israël : Dites à l'homme qui vous a envoyés vers moi :
      24 Ainsi parle l'Éternel : Voici, je vais faire venir des malheurs sur ce lieu et sur ses habitants, toutes les malédictions écrites dans le livre qu'on a lu devant le roi de Juda.
      25 Parce qu'ils m'ont abandonné et qu'ils ont offert des parfums à d'autres dieux, afin de m'irriter par tous les ouvrages de leurs mains, ma colère s'est répandue sur ce lieu, et elle ne s'éteindra point.
      26 Mais vous direz au roi de Juda qui vous a envoyés pour consulter l'Éternel : Ainsi parle l'Éternel, le Dieu d'Israël, au sujet des paroles que tu as entendues :
      27 Parce que ton coeur a été touché, parce que tu t'es humilié devant Dieu en entendant ses paroles contre ce lieu et contre ses habitants, parce que tu t'es humilié devant moi, parce que tu as déchiré tes vêtements et que tu as pleuré devant moi, moi aussi, j'ai entendu, dit l'Éternel.
      28 Voici, je te recueillerai auprès de tes pères, tu seras recueilli en paix dans ton sépulcre, et tes yeux ne verront pas tous les malheurs que je ferai venir sur ce lieu et sur ses habitants. Ils rapportèrent au roi cette réponse.
      29 Le roi fit assembler tous les anciens de Juda et de Jérusalem.
      30 Puis il monta à la maison de l'Éternel avec tous les hommes de Juda et les habitants de Jérusalem, les sacrificateurs et les Lévites, et tout le peuple, depuis le plus grand jusqu'au plus petit. Il lut devant eux toutes les paroles du livre de l'alliance, qu'on avait trouvé dans la maison de l'Éternel.
      31 Le roi se tenait sur son estrade, et il traita alliance devant l'Éternel, s'engageant à suivre l'Éternel, et à observer ses ordonnances, ses préceptes et ses lois, de tout son coeur et de toute son âme, afin de mettre en pratique les paroles de l'alliance écrites dans ce livre.
      32 Et il fit entrer dans l'alliance tous ceux qui se trouvaient à Jérusalem et en Benjamin ; et les habitants de Jérusalem agirent selon l'alliance de Dieu, du Dieu de leurs pères.
      33 Josias fit disparaître toutes les abominations de tous les pays appartenant aux enfants d'Israël, et il obligea tous ceux qui se trouvaient en Israël à servir l'Éternel, leur Dieu. Pendant toute sa vie, ils ne se détournèrent point de l'Éternel, le Dieu de leurs pères.

      Esdras 1

      2 Ainsi parle Cyrus, roi des Perses : L'Éternel, le Dieu des cieux, m'a donné tous les royaumes de la terre, et il m'a commandé de lui bâtir une maison à Jérusalem en Juda.

      Esdras 7

      12 Artaxerxès, roi des rois, à Esdras, sacrificateur et scribe, versé dans la loi du Dieu des cieux, etc.

      Job 1

      1 Il y avait dans le pays d'Uts un homme qui s'appelait Job. Et cet homme était intègre et droit ; il craignait Dieu, et se détournait du mal.
      2 Il lui naquit sept fils et trois filles.
      3 Il possédait sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de boeufs, cinq cents ânesses, et un très grand nombre de serviteurs. Et cet homme était le plus considérable de tous les fils de l'Orient.
      4 Ses fils allaient les uns chez les autres et donnaient tour à tour un festin, et ils invitaient leurs trois soeurs à manger et à boire avec eux.
      5 Et quand les jours de festin étaient passés, Job appelait et sanctifiait ses fils, puis il se levait de bon matin et offrait pour chacun d'eux un holocauste ; car Job disait : Peut-être mes fils ont-ils péché et ont-ils offensé Dieu dans leur coeur. C'est ainsi que Job avait coutume d'agir.
      6 Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l'Éternel, et Satan vint aussi au milieu d'eux.
      7 L'Éternel dit à Satan : D'où viens-tu ? Et Satan répondit à l'Éternel : De parcourir la terre et de m'y promener.
      8 L'Éternel dit à Satan : As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n'y a personne comme lui sur la terre ; c'est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal.
      9 Et Satan répondit à l'Éternel : Est-ce d'une manière désintéressée que Job craint Dieu ?
      10 Ne l'as-tu pas protégé, lui, sa maison, et tout ce qui est à lui ? Tu as béni l'oeuvre de ses mains, et ses troupeaux couvrent le pays.
      11 Mais étends ta main, touche à tout ce qui lui appartient, et je suis sûr qu'il te maudit en face.
      12 L'Éternel dit à Satan : Voici, tout ce qui lui appartient, je te le livre ; seulement, ne porte pas la main sur lui. Et Satan se retira de devant la face de l'Éternel.
      13 Un jour que les fils et les filles de Job mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné,
      14 il arriva auprès de Job un messager qui dit : Les boeufs labouraient et les ânesses paissaient à côté d'eux ;
      15 des Sabéens se sont jetés dessus, les ont enlevés, et ont passé les serviteurs au fil de l'épée. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle.
      16 Il parlait encore, lorsqu'un autre vint et dit : Le feu de Dieu est tombé du ciel, a embrasé les brebis et les serviteurs, et les a consumés. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle.
      17 Il parlait encore, lorsqu'un autre vint et dit : Des Chaldéens, formés en trois bandes, se sont jetés sur les chameaux, les ont enlevés, et ont passé les serviteurs au fil de l'épée. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle.
      18 Il parlait encore, lorsqu'un autre vint et dit : Tes fils et tes filles mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné ;
      19 et voici, un grand vent est venu de l'autre côté du désert, et a frappé contre les quatre coins de la maison ; elle s'est écroulée sur les jeunes gens, et ils sont morts. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle.
      20 Alors Job se leva, déchira son manteau, et se rasa la tête ; puis, se jetant par terre, il se prosterna,
      21 et dit : Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. L'Éternel a donné, et l'Éternel a ôté ; que le nom de l'Éternel soit béni !
      22 En tout cela, Job ne pécha point et n'attribua rien d'injuste à Dieu.

      Job 2

      1 Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l'Éternel, et Satan vint aussi au milieu d'eux se présenter devant l'Éternel.
      2 L'Éternel dit à Satan : D'où viens-tu ? Et Satan répondit à l'Éternel : De parcourir la terre et de m'y promener.
      3 L'Éternel dit à Satan : As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n'y a personne comme lui sur la terre ; c'est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal. Il demeure ferme dans son intégrité, et tu m'excites à le perdre sans motif.
      4 Et Satan répondit à l'Éternel : Peau pour peau ! tout ce que possède un homme, il le donne pour sa vie.
      5 Mais étends ta main, touche à ses os et à sa chair, et je suis sûr qu'il te maudit en face.
      6 L'Éternel dit à Satan : Voici, je te le livre : seulement, épargne sa vie.
      7 Et Satan se retira de devant la face de l'Éternel. Puis il frappa Job d'un ulcère malin, depuis la plante du pied jusqu'au sommet de la tête.
      8 Et Job prit un tesson pour se gratter et s'assit sur la cendre.
      9 Sa femme lui dit : Tu demeures ferme dans ton intégrité ! Maudis Dieu, et meurs !
      10 Mais Job lui répondit : Tu parles comme une femme insensée. Quoi ! nous recevons de Dieu le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal ! En tout cela Job ne pécha point par ses lèvres.
      11 Trois amis de Job, Éliphaz de Théman, Bildad de Schuach, et Tsophar de Naama, apprirent tous les malheurs qui lui étaient arrivés. Ils se concertèrent et partirent de chez eux pour aller le plaindre et le consoler !
      12 Ayant de loin porté les regards sur lui, ils ne le reconnurent pas, et ils élevèrent la voix et pleurèrent. Ils déchirèrent leurs manteaux, et ils jetèrent de la poussière en l'air au-dessus de leur tête.
      13 Et ils se tinrent assis à terre auprès de lui sept jours et sept nuits, sans lui dire une parole, car ils voyaient combien sa douleur était grande.

      Job 3

      1 Après cela, Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance.
      2 Il prit la parole et dit :
      3 Périsse le jour où je suis né, Et la nuit qui dit : Un enfant mâle est conçu !
      4 Ce jour ! qu'il se change en ténèbres, Que Dieu n'en ait point souci dans le ciel, Et que la lumière ne rayonne plus sur lui !
      5 Que l'obscurité et l'ombre de la mort s'en emparent, Que des nuées établissent leur demeure au-dessus de lui, Et que de noirs phénomènes l'épouvantent !
      6 Cette nuit ! que les ténèbres en fassent leur proie, Qu'elle disparaisse de l'année, Qu'elle ne soit plus comptée parmi les mois !
      7 Que cette nuit devienne stérile, Que l'allégresse en soit bannie !
      8 Qu'elle soit maudite par ceux qui maudissent les jours, Par ceux qui savent exciter le léviathan !
      9 Que les étoiles de son crépuscule s'obscurcissent, Qu'elle attende en vain la lumière, Et qu'elle ne voie point les paupières de l'aurore !
      10 Car elle n'a pas fermé le sein qui me conçut, Ni dérobé la souffrance à mes regards.
      11 Pourquoi ne suis-je pas mort dans le ventre de ma mère ? Pourquoi n'ai-je pas expiré au sortir de ses entrailles ?
      12 Pourquoi ai-je trouvé des genoux pour me recevoir, Et des mamelles pour m'allaiter ?
      13 Je serais couché maintenant, je serais tranquille, Je dormirais, je reposerais,
      14 Avec les rois et les grands de la terre, Qui se bâtirent des mausolées,
      15 Avec les princes qui avaient de l'or, Et qui remplirent d'argent leurs demeures.
      16 Ou je n'existerais pas, je serais comme un avorton caché, Comme des enfants qui n'ont pas vu la lumière.
      17 Là ne s'agitent plus les méchants, Et là se reposent ceux qui sont fatigués et sans force ;
      18 Les captifs sont tous en paix, Ils n'entendent pas la voix de l'oppresseur ;
      19 Le petit et le grand sont là, Et l'esclave n'est plus soumis à son maître.
      20 Pourquoi donne-t-il la lumière à celui qui souffre, Et la vie à ceux qui ont l'amertume dans l'âme,
      21 Qui espèrent en vain la mort, Et qui la convoitent plus qu'un trésor,
      22 Qui seraient transportés de joie Et saisis d'allégresse, s'ils trouvaient le tombeau ?
      23 A l'homme qui ne sait où aller, Et que Dieu cerne de toutes parts ?
      24 Mes soupirs sont ma nourriture, Et mes cris se répandent comme l'eau.
      25 Ce que je crains, c'est ce qui m'arrive ; Ce que je redoute, c'est ce qui m'atteint.
      26 Je n'ai ni tranquillité, ni paix, ni repos, Et le trouble s'est emparé de moi.

      Job 4

      1 Éliphaz de Théman prit la parole et dit :
      2 Si nous osons ouvrir la bouche, en seras-tu peiné ? Mais qui pourrait garder le silence ?
      3 Voici, tu as souvent enseigné les autres, Tu as fortifié les mains languissantes,
      4 Tes paroles ont relevé ceux qui chancelaient, Tu as affermi les genoux qui pliaient.
      5 Et maintenant qu'il s'agit de toi, tu faiblis ! Maintenant que tu es atteint, tu te troubles !
      6 Ta crainte de Dieu n'est-elle pas ton soutien ? Ton espérance, n'est-ce pas ton intégrité ?
      7 Cherche dans ton souvenir : quel est l'innocent qui a péri ? Quels sont les justes qui ont été exterminés ?
      8 Pour moi, je l'ai vu, ceux qui labourent l'iniquité Et qui sèment l'injustice en moissonnent les fruits ;
      9 Ils périssent par le souffle de Dieu, Ils sont consumés par le vent de sa colère,
      10 Le rugissement des lions prend fin, Les dents des lionceaux sont brisées ;
      11 Le lion périt faute de proie, Et les petits de la lionne se dispersent.
      12 Une parole est arrivée furtivement jusqu'à moi, Et mon oreille en a recueilli les sons légers.
      13 Au moment où les visions de la nuit agitent la pensée, Quand les hommes sont livrés à un profond sommeil,
      14 Je fus saisi de frayeur et d'épouvante, Et tous mes os tremblèrent.
      15 Un esprit passa près de moi... Tous mes cheveux se hérissèrent...
      16 Une figure d'un aspect inconnu était devant mes yeux, Et j'entendis une voix qui murmurait doucement :
      17 L'homme serait-il juste devant Dieu ? Serait-il pur devant celui qui l'a fait ?
      18 Si Dieu n'a pas confiance en ses serviteurs, S'il trouve de la folie chez ses anges,
      19 Combien plus chez ceux qui habitent des maisons d'argile, Qui tirent leur origine de la poussière, Et qui peuvent être écrasés comme un vermisseau !
      20 Du matin au soir ils sont brisés, Ils périssent pour toujours, et nul n'y prend garde ;
      21 Le fil de leur vie est coupé, Ils meurent, et ils n'ont pas acquis la sagesse.

      Job 5

      1 Crie maintenant ! Qui te répondra ? Auquel des saints t'adresseras-tu ?
      2 L'insensé périt dans sa colère, Le fou meurt dans ses emportements.
      3 J'ai vu l'insensé prendre racine ; Puis soudain j'ai maudit sa demeure.
      4 Plus de prospérité pour ses fils ; Ils sont foulés à la porte, et personne qui les délivre !
      5 Sa moisson est dévorée par des affamés, Qui viennent l'enlever jusque dans les épines, Et ses biens sont engloutis par des hommes altérés.
      6 Le malheur ne sort pas de la poussière, Et la souffrance ne germe pas du sol ;
      7 L'homme naît pour souffrir, Comme l'étincelle pour voler.
      8 Pour moi, j'aurais recours à Dieu, Et c'est à Dieu que j'exposerais ma cause.
      9 Il fait des choses grandes et insondables, Des merveilles sans nombre ;
      10 Il répand la pluie sur la terre, Et envoie l'eau sur les campagnes ;
      11 Il relève les humbles, Et délivre les affligés ;
      12 Il anéantit les projets des hommes rusés, Et leurs mains ne peuvent les accomplir ;
      13 Il prend les sages dans leur propre ruse, Et les desseins des hommes artificieux sont renversés :
      14 Ils rencontrent les ténèbres au milieu du jour, Ils tâtonnent en plein midi comme dans la nuit.
      15 Ainsi Dieu protège le faible contre leurs menaces, Et le sauve de la main des puissants ;
      16 Et l'espérance soutient le malheureux, Mais l'iniquité ferme la bouche.
      17 Heureux l'homme que Dieu châtie ! Ne méprise pas la correction du Tout Puissant.
      18 Il fait la plaie, et il la bande ; Il blesse, et sa main guérit.
      19 Six fois il te délivrera de l'angoisse, Et sept fois le mal ne t'atteindra pas.
      20 Il te sauvera de la mort pendant la famine, Et des coups du glaive pendant la guerre.
      21 Tu seras à l'abri du fléau de la langue, Tu seras sans crainte quand viendra la dévastation.
      22 Tu te riras de la dévastation comme de la famine, Et tu n'auras pas à redouter les bêtes de la terre ;
      23 Car tu feras alliance avec les pierres des champs, Et les bêtes de la terre seront en paix avec toi.
      24 Tu jouiras du bonheur sous ta tente, Tu retrouveras tes troupeaux au complet,
      25 Tu verras ta postérité s'accroître, Et tes rejetons se multiplier comme l'herbe des champs.
      26 Tu entreras au sépulcre dans la vieillesse, Comme on emporte une gerbe en son temps.
      27 Voilà ce que nous avons reconnu, voilà ce qui est ; A toi d'entendre et de mettre à profit.

      Job 6

      1 Job prit la parole et dit :
      2 Oh ! s'il était possible de peser ma douleur, Et si toutes mes calamités étaient sur la balance,
      3 Elles seraient plus pesantes que le sable de la mer ; Voilà pourquoi mes paroles vont jusqu'à la folie !
      4 Car les flèches du Tout Puissant m'ont percé, Et mon âme en suce le venin ; Les terreurs de Dieu se rangent en bataille contre moi.
      5 L'âne sauvage crie-t-il auprès de l'herbe tendre ? Le boeuf mugit-il auprès de son fourrage ?
      6 Peut-on manger ce qui est fade et sans sel ? Y a-t-il de la saveur dans le blanc d'un oeuf ?
      7 Ce que je voudrais ne pas toucher, C'est là ma nourriture, si dégoûtante soit-elle !
      8 Puisse mon voeu s'accomplir, Et Dieu veuille réaliser mon espérance !
      9 Qu'il plaise à Dieu de m'écraser, Qu'il étende sa main et qu'il m'achève !
      10 Il me restera du moins une consolation, Une joie dans les maux dont il m'accable : Jamais je n'ai transgressé les ordres du Saint.
      11 Pourquoi espérer quand je n'ai plus de force ? Pourquoi attendre quand ma fin est certaine ?
      12 Ma force est-elle une force de pierre ? Mon corps est-il d'airain ?
      13 Ne suis-je pas sans ressource, Et le salut n'est-il pas loin de moi ?
      14 Celui qui souffre a droit à la compassion de son ami, Même quand il abandonnerait la crainte du Tout Puissant.
      15 Mes frères sont perfides comme un torrent, Comme le lit des torrents qui disparaissent.
      16 Les glaçons en troublent le cours, La neige s'y précipite ;
      17 Viennent les chaleurs, et ils tarissent, Les feux du soleil, et leur lit demeure à sec.
      18 Les caravanes se détournent de leur chemin, S'enfoncent dans le désert, et périssent.
      19 Les caravanes de Théma fixent le regard, Les voyageurs de Séba sont pleins d'espoir ;
      20 Ils sont honteux d'avoir eu confiance, Ils restent confondus quand ils arrivent.
      21 Ainsi, vous êtes comme si vous n'existiez pas ; Vous voyez mon angoisse, et vous en avez horreur !
      22 Vous ai-je dit : Donnez-moi quelque chose, Faites en ma faveur des présents avec vos biens,
      23 Délivrez-moi de la main de l'ennemi, Rachetez-moi de la main des méchants ?
      24 Instruisez-moi, et je me tairai ; Faites-moi comprendre en quoi j'ai péché.
      25 Que les paroles vraies sont persuasives ! Mais que prouvent vos remontrances ?
      26 Voulez-vous donc blâmer ce que j'ai dit, Et ne voir que du vent dans les discours d'un désespéré ?
      27 Vous accablez un orphelin, Vous persécutez votre ami.
      28 Regardez-moi, je vous prie ! Vous mentirais-je en face ?
      29 Revenez, ne soyez pas injustes ; Revenez, et reconnaissez mon innocence.
      30 Y a-t-il de l'iniquité sur ma langue, Et ma bouche ne discerne-t-elle pas le mal ?

      Job 7

      1 Le sort de l'homme sur la terre est celui d'un soldat, Et ses jours sont ceux d'un mercenaire.
      2 Comme l'esclave soupire après l'ombre, Comme l'ouvrier attend son salaire,
      3 Ainsi j'ai pour partage des mois de douleur, J'ai pour mon lot des nuits de souffrance.
      4 Je me couche, et je dis : Quand me lèverai-je ? quand finira la nuit ? Et je suis rassasié d'agitations jusqu'au point du jour.
      5 Mon corps se couvre de vers et d'une croûte terreuse, Ma peau se crevasse et se dissout.
      6 Mes jours sont plus rapides que la navette du tisserand, Ils s'évanouissent : plus d'espérance !
      7 Souviens-toi que ma vie est un souffle ! Mes yeux ne reverront pas le bonheur.
      8 L'oeil qui me regarde ne me regardera plus ; Ton oeil me cherchera, et je ne serai plus.
      9 Comme la nuée se dissipe et s'en va, Celui qui descend au séjour des morts ne remontera pas ;
      10 Il ne reviendra plus dans sa maison, Et le lieu qu'il habitait ne le connaîtra plus.
      11 C'est pourquoi je ne retiendrai point ma bouche, Je parlerai dans l'angoisse de mon coeur, Je me plaindrai dans l'amertume de mon âme.
      12 Suis-je une mer, ou un monstre marin, Pour que tu établisses des gardes autour de moi ?
      13 Quand je dis : Mon lit me soulagera, Ma couche calmera mes douleurs,
      14 C'est alors que tu m'effraies par des songes, Que tu m'épouvantes par des visions.
      15 Ah ! je voudrais être étranglé ! Je voudrais la mort plutôt que ces os !
      16 Je les méprise !... je ne vivrai pas toujours... Laisse-moi, car ma vie n'est qu'un souffle.
      17 Qu'est-ce que l'homme, pour que tu en fasses tant de cas, Pour que tu daignes prendre garde à lui,
      18 Pour que tu le visites tous les matins, Pour que tu l'éprouves à tous les instants ?
      19 Quand cesseras-tu d'avoir le regard sur moi ? Quand me laisseras-tu le temps d'avaler ma salive ?
      20 Si j'ai péché, qu'ai-je pu te faire, gardien des hommes ? Pourquoi me mettre en butte à tes traits ? Pourquoi me rendre à charge à moi-même ?
      21 Que ne pardonnes-tu mon péché, Et que n'oublies-tu mon iniquité ? Car je vais me coucher dans la poussière ; Tu me chercheras, et je ne serai plus.

      Job 8

      1 Bildad de Schuach prit la parole et dit :
      2 Jusqu'à quand veux-tu discourir de la sorte, Et les paroles de ta bouche seront-elles un vent impétueux ?
      3 Dieu renverserait-il le droit ? Le Tout Puissant renverserait-il la justice ?
      4 Si tes fils ont péché contre lui, Il les a livrés à leur péché.
      5 Mais toi, si tu as recours à Dieu, Si tu implores le Tout Puissant ;
      6 Si tu es juste et droit, Certainement alors il veillera sur toi, Et rendra le bonheur à ton innocente demeure ;
      7 Ton ancienne prospérité semblera peu de chose, Celle qui t'est réservée sera bien plus grande.
      8 Interroge ceux des générations passées, Sois attentif à l'expérience de leurs pères.
      9 Car nous sommes d'hier, et nous ne savons rien, Nos jours sur la terre ne sont qu'une ombre.
      10 Ils t'instruiront, ils te parleront, Ils tireront de leur coeur ces sentences :
      11 Le jonc croît-il sans marais ? Le roseau croît-il sans humidité ?
      12 Encore vert et sans qu'on le coupe, Il sèche plus vite que toutes les herbes.
      13 Ainsi arrive-t-il à tous ceux qui oublient Dieu, Et l'espérance de l'impie périra.
      14 Son assurance est brisée, Son soutien est une toile d'araignée.
      15 Il s'appuie sur sa maison, et elle n'est pas ferme ; Il s'y cramponne, et elle ne résiste pas.
      16 Dans toute sa vigueur, en plein soleil, Il étend ses rameaux sur son jardin,
      17 Il entrelace ses racines parmi les pierres, Il pénètre jusque dans les murailles ;
      18 L'arrache-t-on du lieu qu'il occupe, Ce lieu le renie : Je ne t'ai point connu !
      19 Telles sont les délices que ses voies lui procurent. Puis sur le même sol d'autres s'élèvent après lui.
      20 Non, Dieu ne rejette point l'homme intègre, Et il ne protège point les méchants.
      21 Il remplira ta bouche de cris de joie, Et tes lèvres de chants d'allégresse.
      22 Tes ennemis seront couverts de honte ; La tente des méchants disparaîtra.

      Job 9

      1 Job prit la parole et dit :
      2 Je sais bien qu'il en est ainsi ; Comment l'homme serait-il juste devant Dieu ?
      3 S'il voulait contester avec lui, Sur mille choses il ne pourrait répondre à une seule.
      4 A lui la sagesse et la toute-puissance : Qui lui résisterait impunément ?
      5 Il transporte soudain les montagnes, Il les renverse dans sa colère.
      6 Il secoue la terre sur sa base, Et ses colonnes sont ébranlées.
      7 Il commande au soleil, et le soleil ne paraît pas ; Il met un sceau sur les étoiles.
      8 Seul, il étend les cieux, Il marche sur les hauteurs de la mer.
      9 Il a créé la Grande Ourse, l'Orion et les Pléiades, Et les étoiles des régions australes.
      10 Il fait des choses grandes et insondables, Des merveilles sans nombre.
      11 Voici, il passe près de moi, et je ne le vois pas, Il s'en va, et je ne l'aperçois pas.
      12 S'il enlève, qui s'y opposera ? Qui lui dira : Que fais-tu ?
      13 Dieu ne retire point sa colère ; Sous lui s'inclinent les appuis de l'orgueil.
      14 Et moi, comment lui répondre ? Quelles paroles choisir ?
      15 Quand je serais juste, je ne répondrais pas ; Je ne puis qu'implorer mon juge.
      16 Et quand il m'exaucerait, si je l'invoque, Je ne croirais pas qu'il eût écouté ma voix,
      17 Lui qui m'assaille comme par une tempête, Qui multiplie sans raison mes blessures,
      18 Qui ne me laisse pas respirer, Qui me rassasie d'amertume.
      19 Recourir à la force ? Il est Tout Puissant. A la justice ? Qui me fera comparaître ?
      20 Suis-je juste, ma bouche me condamnera ; Suis-je innocent, il me déclarera coupable.
      21 Innocent ! Je le suis ; mais je ne tiens pas à la vie, Je méprise mon existence.
      22 Qu'importe après tout ? Car, j'ose le dire, Il détruit l'innocent comme le coupable.
      23 Si du moins le fléau donnait soudain la mort !... Mais il se rit des épreuves de l'innocent.
      24 La terre est livrée aux mains de l'impie ; Il voile la face des juges. Si ce n'est pas lui, qui est-ce donc ?
      25 Mes jours sont plus rapides qu'un courrier ; Ils fuient sans avoir vu le bonheur ;
      26 Ils passent comme les navires de jonc, Comme l'aigle qui fond sur sa proie.
      27 Si je dis : Je veux oublier mes souffrances, Laisser ma tristesse, reprendre courage,
      28 Je suis effrayé de toutes mes douleurs. Je sais que tu ne me tiendras pas pour innocent.
      29 Je serai jugé coupable ; Pourquoi me fatiguer en vain ?
      30 Quand je me laverais dans la neige, Quand je purifierais mes mains avec du savon,
      31 Tu me plongerais dans la fange, Et mes vêtements m'auraient en horreur.
      32 Il n'est pas un homme comme moi, pour que je lui réponde, Pour que nous allions ensemble en justice.
      33 Il n'y a pas entre nous d'arbitre, Qui pose sa main sur nous deux.
      34 Qu'il retire sa verge de dessus moi, Que ses terreurs ne me troublent plus ;
      35 Alors je parlerai et je ne le craindrai pas. Autrement, je ne suis point à moi-même.

      Job 10

      1 Mon âme est dégoûtée de la vie ! Je donnerai cours à ma plainte, Je parlerai dans l'amertume de mon âme.
      2 Je dis à Dieu : Ne me condamne pas ! Fais-moi savoir pourquoi tu me prends à partie !
      3 Te paraît-il bien de maltraiter, De repousser l'ouvrage de tes mains, Et de faire briller ta faveur sur le conseil des méchants ?
      4 As-tu des yeux de chair, Vois-tu comme voit un homme ?
      5 Tes jours sont-ils comme les jours de l'homme, Et tes années comme ses années,
      6 Pour que tu recherches mon iniquité, Pour que tu t'enquières de mon péché,
      7 Sachant bien que je ne suis pas coupable, Et que nul ne peut me délivrer de ta main ?
      8 Tes mains m'ont formé, elles m'ont créé, Elles m'ont fait tout entier... Et tu me détruirais !
      9 Souviens-toi que tu m'as façonné comme de l'argile ; Voudrais-tu de nouveau me réduire en poussière ?
      10 Ne m'as-tu pas coulé comme du lait ? Ne m'as-tu pas caillé comme du fromage ?
      11 Tu m'as revêtu de peau et de chair, Tu m'as tissé d'os et de nerfs ;
      12 Tu m'as accordé ta grâce avec la vie, Tu m'as conservé par tes soins et sous ta garde.
      13 Voici néanmoins ce que tu cachais dans ton coeur, Voici, je le sais, ce que tu as résolu en toi-même.
      14 Si je pèche, tu m'observes, Tu ne pardonnes pas mon iniquité.
      15 Suis-je coupable, malheur à moi ! Suis-je innocent, je n'ose lever la tête, Rassasié de honte et absorbé dans ma misère.
      16 Et si j'ose la lever, tu me poursuis comme un lion, Tu me frappes encore par des prodiges.
      17 Tu m'opposes de nouveaux témoins, Tu multiplies tes fureurs contre moi, Tu m'assailles d'une succession de calamités.
      18 Pourquoi m'as-tu fait sortir du sein de ma mère ? Je serais mort, et aucun oeil ne m'aurait vu ;
      19 Je serais comme si je n'eusse pas existé, Et j'aurais passé du ventre de ma mère au sépulcre.
      20 Mes jours ne sont-ils pas en petit nombre ? Qu'il me laisse, Qu'il se retire de moi, et que je respire un peu,
      21 Avant que je m'en aille, pour ne plus revenir, Dans le pays des ténèbres et de l'ombre de la mort,
      22 Pays d'une obscurité profonde, Où règnent l'ombre de la mort et la confusion, Et où la lumière est semblable aux ténèbres.

      Job 11

      1 Tsophar de Naama prit la parole et dit :
      2 Cette multitude de paroles ne trouvera-t-elle point de réponse, Et suffira-t-il d'être un discoureur pour avoir raison ?
      3 Tes vains propos feront-ils taire les gens ? Te moqueras-tu, sans que personne te confonde ?
      4 Tu dis : Ma manière de voir est juste, Et je suis pur à tes yeux.
      5 Oh ! si Dieu voulait parler, S'il ouvrait les lèvres pour te répondre,
      6 Et s'il te révélait les secrets de sa sagesse, De son immense sagesse, Tu verrais alors qu'il ne te traite pas selon ton iniquité.
      7 Prétends-tu sonder les pensées de Dieu, Parvenir à la connaissance parfaite du Tout Puissant ?
      8 Elle est aussi haute que les cieux : que feras-tu ? Plus profonde que le séjour des morts : que sauras-tu ?
      9 La mesure en est plus longue que la terre, Elle est plus large que la mer.
      10 S'il passe, s'il saisit, S'il traîne à son tribunal, qui s'y opposera ?
      11 Car il connaît les vicieux, Il voit facilement les coupables.
      12 L'homme, au contraire, a l'intelligence d'un fou, Il est né comme le petit d'un âne sauvage.
      13 Pour toi, dirige ton coeur vers Dieu, Étends vers lui tes mains,
      14 Éloigne-toi de l'iniquité, Et ne laisse pas habiter l'injustice sous ta tente.
      15 Alors tu lèveras ton front sans tache, Tu seras ferme et sans crainte ;
      16 Tu oublieras tes souffrances, Tu t'en souviendras comme des eaux écoulées.
      17 Tes jours auront plus d'éclat que le soleil à son midi, Tes ténèbres seront comme la lumière du matin,
      18 Tu seras plein de confiance, et ton attente ne sera plus vaine ; Tu regarderas autour de toi, et tu reposeras en sûreté.
      19 Tu te coucheras sans que personne ne trouble, Et plusieurs caresseront ton visage.
      20 Mais les yeux des méchants seront consumés ; Pour eux point de refuge ; La mort, voilà leur espérance !

      Job 12

      1 Job prit la parole et dit :
      2 On dirait, en vérité, que le genre humain c'est vous, Et qu'avec vous doit mourir la sagesse.
      3 J'ai tout aussi bien que vous de l'intelligence, moi, Je ne vous suis point inférieur ; Et qui ne sait les choses que vous dites ?
      4 Je suis pour mes amis un objet de raillerie, Quand j'implore le secours de Dieu ; Le juste, l'innocent, un objet de raillerie !
      5 Au malheur le mépris ! c'est la devise des heureux ; A celui dont le pied chancelle est réservé le mépris.
      6 Il y a paix sous la tente des pillards, Sécurité pour ceux qui offensent Dieu, Pour quiconque se fait un dieu de sa force.
      7 Interroge les bêtes, elles t'instruiront, Les oiseaux du ciel, ils te l'apprendront ;
      8 Parle à la terre, elle t'instruira ; Et les poissons de la mer te le raconteront.
      9 Qui ne reconnaît chez eux la preuve Que la main de l'Éternel a fait toutes choses ?
      10 Il tient dans sa main l'âme de tout ce qui vit, Le souffle de toute chair d'homme.
      11 L'oreille ne discerne-t-elle pas les paroles, Comme le palais savoure les aliments ?
      12 Dans les vieillards se trouve la sagesse, Et dans une longue vie l'intelligence.
      13 En Dieu résident la sagesse et la puissance. Le conseil et l'intelligence lui appartiennent.
      14 Ce qu'il renverse ne sera point rebâti, Celui qu'il enferme ne sera point délivré.
      15 Il retient les eaux et tout se dessèche ; Il les lâche, et la terre en est dévastée.
      16 Il possède la force et la prudence ; Il maîtrise celui qui s'égare ou fait égarer les autres.
      17 Il emmène captifs les conseillers ; Il trouble la raison des juges.
      18 Il délie la ceinture des rois, Il met une corde autour de leurs reins.
      19 Il emmène captifs les sacrificateurs ; Il fait tomber les puissants.
      20 Il ôte la parole à ceux qui ont de l'assurance ; Il prive de jugement les vieillards.
      21 Il verse le mépris sur les grands ; Il relâche la ceinture des forts.
      22 Il met à découvert ce qui est caché dans les ténèbres, Il produit à la lumière l'ombre de la mort.
      23 Il donne de l'accroissement aux nations, et il les anéantit ; Il les étend au loin, et il les ramène dans leurs limites.
      24 Il enlève l'intelligence aux chefs des peuples, Il les fait errer dans les déserts sans chemin ;
      25 Ils tâtonnent dans les ténèbres, et ne voient pas clair ; Il les fait errer comme des gens ivres.

      Job 13

      1 Voici, mon oeil a vu tout cela, Mon oreille l'a entendu et y a pris garde.
      2 Ce que vous savez, je le sais aussi, Je ne vous suis point inférieur.
      3 Mais je veux parler au Tout Puissant, Je veux plaider ma cause devant Dieu ;
      4 Car vous, vous n'imaginez que des faussetés, Vous êtes tous des médecins de néant.
      5 Que n'avez-vous gardé le silence ? Vous auriez passé pour avoir de la sagesse.
      6 Écoutez, je vous prie, ma défense, Et soyez attentifs à la réplique de mes lèvres.
      7 Direz-vous en faveur de Dieu ce qui est injuste, Et pour le soutenir alléguerez-vous des faussetés ?
      8 Voulez-vous avoir égard à sa personne ? Voulez-vous plaider pour Dieu ?
      9 S'il vous sonde, vous approuvera-t-il ? Ou le tromperez-vous comme on trompe un homme ?
      10 Certainement il vous condamnera, Si vous n'agissez en secret que par égard pour sa personne.
      11 Sa majesté ne vous épouvantera-t-elle pas ? Sa terreur ne tombera-t-elle pas sur vous ?
      12 Vos sentences sont des sentences de cendre, Vos retranchements sont des retranchements de boue.
      13 Taisez-vous, laissez-moi, je veux parler ! Il m'en arrivera ce qu'il pourra.
      14 Pourquoi saisirais-je ma chair entre les dents ? J'exposerai plutôt ma vie.
      15 Voici, il me tuera ; je n'ai rien à espérer ; Mais devant lui je défendrai ma conduite.
      16 Cela même peut servir à mon salut, Car un impie n'ose paraître en sa présence.
      17 Écoutez, écoutez mes paroles, Prêtez l'oreille à ce que je vais dire.
      18 Me voici prêt à plaider ma cause ; Je sais que j'ai raison.
      19 Quelqu'un disputera-t-il contre moi ? Alors je me tais, et je veux mourir.
      20 Seulement, accorde-moi deux choses Et je ne me cacherai pas de loin de ta face :
      21 Retire ta main de dessus moi, Et que tes terreurs ne me troublent plus.
      22 Puis appelle, et je répondrai, Ou si je parle, réponds-moi !
      23 Quel est le nombre de mes iniquités et de mes péchés ? Fais-moi connaître mes transgressions et mes péchés.
      24 Pourquoi caches-tu ton visage, Et me prends-tu pour ton ennemi ?
      25 Veux-tu frapper une feuille agitée ? Veux-tu poursuivre une paille desséchée ?
      26 Pourquoi m'infliger d'amères souffrances, Me punir pour des fautes de jeunesse ?
      27 Pourquoi mettre mes pieds dans les ceps, Surveiller tous mes mouvements, Tracer une limite à mes pas,
      28 Quand mon corps tombe en pourriture, Comme un vêtement que dévore la teigne ?

      Job 14

      1 L'homme né de la femme ! Sa vie est courte, sans cesse agitée.
      2 Il naît, il est coupé comme une fleur ; Il fuit et disparaît comme une ombre.
      3 Et c'est sur lui que tu as l'oeil ouvert ! Et tu me fais aller en justice avec toi !
      4 Comment d'un être souillé sortira-t-il un homme pur ? Il n'en peut sortir aucun.
      5 Si ses jours sont fixés, si tu as compté ses mois, Si tu en as marqué le terme qu'il ne saurait franchir,
      6 Détourne de lui les regards, et donne-lui du relâche, Pour qu'il ait au moins la joie du mercenaire à la fin de sa journée.
      7 Un arbre a de l'espérance : Quand on le coupe, il repousse, Il produit encore des rejetons ;
      8 Quand sa racine a vieilli dans la terre, Quand son tronc meurt dans la poussière,
      9 Il reverdit à l'approche de l'eau, Il pousse des branches comme une jeune plante.
      10 Mais l'homme meurt, et il perd sa force ; L'homme expire, et où est-il ?
      11 Les eaux des lacs s'évanouissent, Les fleuves tarissent et se dessèchent ;
      12 Ainsi l'homme se couche et ne se relèvera plus, Il ne se réveillera pas tant que les cieux subsisteront, Il ne sortira pas de son sommeil.
      13 Oh ! si tu voulais me cacher dans le séjour des morts, M'y tenir à couvert jusqu'à ce que ta colère fût passée, Et me fixer un terme auquel tu te souviendras de moi !
      14 Si l'homme une fois mort pouvait revivre, J'aurais de l'espoir tout le temps de mes souffrances, Jusqu'à ce que mon état vînt à changer.
      15 Tu appellerais alors, et je te répondrais, Tu languirais après l'ouvrage de tes mains.
      16 Mais aujourd'hui tu comptes mes pas, Tu as l'oeil sur mes péchés ;
      17 Mes transgressions sont scellées en un faisceau, Et tu imagines des iniquités à ma charge.
      18 La montagne s'écroule et périt, Le rocher disparaît de sa place,
      19 La pierre est broyée par les eaux, Et la terre emportée par leur courant ; Ainsi tu détruis l'espérance de l'homme.
      20 Tu es sans cesse à l'assaillir, et il s'en va ; Tu le défigures, puis tu le renvoies.
      21 Que ses fils soient honorés, il n'en sait rien ; Qu'ils soient dans l'abaissement, il l'ignore.
      22 C'est pour lui seul qu'il éprouve de la douleur en son corps, C'est pour lui seul qu'il ressent de la tristesse en son âme.

      Job 15

      1 Éliphaz de Théman prit la parole et dit :
      2 Le sage répond-il par un vain savoir ? Se gonfle-t-il la poitrine du vent d'orient ?
      3 Est-ce par d'inutiles propos qu'il se défend ? Est-ce par des discours qui ne servent à rien ?
      4 Toi, tu détruis même la crainte de Dieu, Tu anéantis tout mouvement de piété devant Dieu.
      5 Ton iniquité dirige ta bouche, Et tu prends le langage des hommes rusés.
      6 Ce n'est pas moi, c'est ta bouche qui te condamne. Ce sont tes lèvres qui déposent contre toi.
      7 Es-tu né le premier des hommes ? As-tu été enfanté avant les collines ?
      8 As-tu reçu les confidences de Dieu ? As-tu dérobé la sagesse à ton profit ?
      9 Que sais-tu que nous ne sachions pas ? Quelle connaissance as-tu que nous n'ayons pas ?
      10 Il y a parmi nous des cheveux blancs, des vieillards, Plus riches de jours que ton père.
      11 Tiens-tu pour peu de chose les consolations de Dieu, Et les paroles qui doucement se font entendre à toi ?...
      12 Où ton coeur t'entraîne-t-il, Et que signifie ce roulement de tes yeux ?
      13 Quoi ! c'est contre Dieu que tu tournes ta colère Et que ta bouche exhale de pareils discours !
      14 Qu'est-ce que l'homme, pour qu'il soit pur ? Celui qui est né de la femme peut-il être juste ?
      15 Si Dieu n'a pas confiance en ses saints, Si les cieux ne sont pas purs devant lui,
      16 Combien moins l'être abominable et pervers, L'homme qui boit l'iniquité comme l'eau !
      17 Je vais te parler, écoute-moi ! Je raconterai ce que j'ai vu,
      18 Ce que les sages ont fait connaître, Ce qu'ils ont révélé, l'ayant appris de leurs pères.
      19 A eux seuls appartenait le pays, Et parmi eux nul étranger n'était encore venu.
      20 Le méchant passe dans l'angoisse tous les jours de sa vie, Toutes les années qui sont le partage de l'impie.
      21 La voix de la terreur retentit à ses oreilles ; Au sein de la paix, le dévastateur va fondre sur lui ;
      22 Il n'espère pas échapper aux ténèbres, Il voit l'épée qui le menace ;
      23 Il court çà et là pour chercher du pain, Il sait que le jour des ténèbres l'attend.
      24 La détresse et l'angoisse l'épouvantent, Elles l'assaillent comme un roi prêt à combattre ;
      25 Car il a levé la main contre Dieu, Il a bravé le Tout Puissant,
      26 Il a eu l'audace de courir à lui Sous le dos épais de ses boucliers.
      27 Il avait le visage couvert de graisse, Les flancs chargés d'embonpoint ;
      28 Et il habite des villes détruites, Des maisons abandonnées, Sur le point de tomber en ruines.
      29 Il ne s'enrichira plus, sa fortune ne se relèvera pas, Sa prospérité ne s'étendra plus sur la terre.
      30 Il ne pourra se dérober aux ténèbres, La flamme consumera ses rejetons, Et Dieu le fera périr par le souffle de sa bouche.
      31 S'il a confiance dans le mal, il se trompe, Car le mal sera sa récompense.
      32 Elle arrivera avant le terme de ses jours, Et son rameau ne verdira plus.
      33 Il sera comme une vigne dépouillée de ses fruits encore verts, Comme un olivier dont on a fait tomber les fleurs.
      34 La maison de l'impie deviendra stérile, Et le feu dévorera la tente de l'homme corrompu.
      35 Il conçoit le mal et il enfante le mal, Il mûrit dans son sein des fruits qui le trompent.

      Job 16

      1 Job prit la parole et dit :
      2 J'ai souvent entendu pareilles choses ; Vous êtes tous des consolateurs fâcheux.
      3 Quand finiront ces discours en l'air ? Pourquoi cette irritation dans tes réponses ?
      4 Moi aussi, je pourrais parler comme vous, Si vous étiez à ma place : Je vous accablerais de paroles, Je secouerais sur vous la tête,
      5 Je vous fortifierais de la bouche, Je remuerais les lèvres pour vous soulager.
      6 Si je parle, mes souffrances ne seront point calmées, Si je me tais, en quoi seront-elles moindres ?
      7 Maintenant, hélas ! il m'a épuisé... Tu as ravagé toute ma maison ;
      8 Tu m'as saisi, pour témoigner contre moi ; Ma maigreur se lève, et m'accuse en face.
      9 Il me déchire et me poursuit dans sa fureur, Il grince des dents contre moi, Il m'attaque et me perce de son regard.
      10 Ils ouvrent la bouche pour me dévorer, Ils m'insultent et me frappent les joues, Ils s'acharnent tous après moi.
      11 Dieu me livre à la merci des impies, Il me précipite entre les mains des méchants.
      12 J'étais tranquille, et il m'a secoué, Il m'a saisi par la nuque et m'a brisé, Il a tiré sur moi comme à un but.
      13 Ses traits m'environnent de toutes parts ; Il me perce les reins sans pitié, Il répand ma bile sur la terre.
      14 Il me fait brèche sur brèche, Il fond sur moi comme un guerrier.
      15 J'ai cousu un sac sur ma peau ; J'ai roulé ma tête dans la poussière.
      16 Les pleurs ont altéré mon visage ; L'ombre de la mort est sur mes paupières.
      17 Je n'ai pourtant commis aucune violence, Et ma prière fut toujours pure.
      18 O terre, ne couvre point mon sang, Et que mes cris prennent librement leur essor !
      19 Déjà maintenant, mon témoin est dans le ciel, Mon témoin est dans les lieux élevés.
      20 Mes amis se jouent de moi ; C'est Dieu que j'implore avec larmes.
      21 Puisse-t-il donner à l'homme raison contre Dieu, Et au fils de l'homme contre ses amis !
      22 Car le nombre de mes années touche à son terme, Et je m'en irai par un sentier d'où je ne reviendrai pas.

      Job 17

      1 Mon souffle se perd, Mes jours s'éteignent, Le sépulcre m'attend.
      2 Je suis environné de moqueurs, Et mon oeil doit contempler leurs insultes.
      3 Sois auprès de toi-même ma caution ; Autrement, qui répondrait pour moi ?
      4 Car tu as fermé leur coeur à l'intelligence ; Aussi ne les laisseras-tu pas triompher.
      5 On invite ses amis au partage du butin, Et l'on a des enfants dont les yeux se consument.
      6 Il m'a rendu la fable des peuples, Et ma personne est un objet de mépris.
      7 Mon oeil est obscurci par la douleur ; Tous mes membres sont comme une ombre.
      8 Les hommes droits en sont stupéfaits, Et l'innocent se soulève contre l'impie.
      9 Le juste néanmoins demeure ferme dans sa voie, Celui qui a les mains pures se fortifie de plus en plus.
      10 Mais vous tous, revenez à vos mêmes discours, Et je ne trouverai pas un sage parmi vous.
      11 Quoi ! mes jours sont passés, mes projets sont anéantis, Les projets qui remplissaient mon coeur...
      12 Et ils prétendent que la nuit c'est le jour, Que la lumière est proche quand les ténèbres sont là !
      13 C'est le séjour des morts que j'attends pour demeure, C'est dans les ténèbres que je dresserai ma couche ;
      14 Je crie à la fosse : Tu es mon père ! Et aux vers : Vous êtes ma mère et ma soeur !
      15 Mon espérance, où donc est-elle ? Mon espérance, qui peut la voir ?
      16 Elle descendra vers les portes du séjour des morts, Quand nous irons ensemble reposer dans la poussière.

      Job 18

      1 Bildad de Schuach prit la parole et dit :
      2 Quand mettrez-vous un terme à ces discours ? Ayez de l'intelligence, puis nous parlerons.
      3 Pourquoi sommes-nous regardés comme des bêtes ? Pourquoi ne sommes-nous à vos yeux que des brutes ?
      4 O toi qui te déchires dans ta fureur, Faut-il, à cause de toi, que la terre devienne déserte ? Faut-il que les rochers disparaissent de leur place ?
      5 La lumière du méchant s'éteindra, Et la flamme qui en jaillit cessera de briller.
      6 La lumière s'obscurcira sous sa tente, Et sa lampe au-dessus de lui s'éteindra.
      7 Ses pas assurés seront à l'étroit ; Malgré ses efforts, il tombera.
      8 Car il met les pieds sur un filet, Il marche dans les mailles,
      9 Il est saisi au piège par le talon, Et le filet s'empare de lui ;
      10 Le cordeau est caché dans la terre, Et la trappe est sur son sentier.
      11 Des terreurs l'assiègent, l'entourent, Le poursuivent par derrière.
      12 La faim consume ses forces, La misère est à ses côtés.
      13 Les parties de sa peau sont l'une après l'autre dévorées, Ses membres sont dévorés par le premier-né de la mort.
      14 Il est arraché de sa tente où il se croyait en sûreté, Il se traîne vers le roi des épouvantements.
      15 Nul des siens n'habite sa tente, Le soufre est répandu sur sa demeure.
      16 En bas, ses racines se dessèchent ; En haut, ses branches sont coupées.
      17 Sa mémoire disparaît de la terre, Son nom n'est plus sur la face des champs.
      18 Il est poussé de la lumière dans les ténèbres, Il est chassé du monde.
      19 Il ne laisse ni descendants ni postérité parmi son peuple, Ni survivant dans les lieux qu'il habitait.
      20 Les générations à venir seront étonnées de sa ruine, Et la génération présente sera saisie d'effroi.
      21 Point d'autre destinée pour le méchant, Point d'autre sort pour qui ne connaît pas Dieu !

      Job 19

      1 Job prit la parole et dit :
      2 Jusques à quand affligerez-vous mon âme, Et m'écraserez-vous de vos discours ?
      3 Voilà dix fois que vous m'outragez ; N'avez-vous pas honte de m'étourdir ainsi ?
      4 Si réellement j'ai péché, Seul j'en suis responsable.
      5 Pensez-vous me traiter avec hauteur ? Pensez-vous démontrer que je suis coupable ?
      6 Sachez alors que c'est Dieu qui me poursuit, Et qui m'enveloppe de son filet.
      7 Voici, je crie à la violence, et nul ne répond ; J'implore justice, et point de justice !
      8 Il m'a fermé toute issue, et je ne puis passer ; Il a répandu des ténèbres sur mes sentiers.
      9 Il m'a dépouillé de ma gloire, Il a enlevé la couronne de ma tête.
      10 Il m'a brisé de toutes parts, et je m'en vais ; Il a arraché mon espérance comme un arbre.
      11 Il s'est enflammé de colère contre moi, Il m'a traité comme l'un de ses ennemis.
      12 Ses troupes se sont de concert mises en marche, Elles se sont frayé leur chemin jusqu'à moi, Elles ont campées autour de ma tente.
      13 Il a éloigné de moi mes frères, Et mes amis se sont détournés de moi ;
      14 Je suis abandonné de mes proches, Je suis oublié de mes intimes.
      15 Je suis un étranger pour mes serviteurs et mes servantes, Je ne suis plus à leurs yeux qu'un inconnu.
      16 J'appelle mon serviteur, et il ne répond pas ; Je le supplie de ma bouche, et c'est en vain.
      17 Mon humeur est à charge à ma femme, Et ma plainte aux fils de mes entrailles.
      18 Je suis méprisé même par des enfants ; Si je me lève, je reçois leurs insultes.
      19 Ceux que j'avais pour confidents m'ont en horreur, Ceux que j'aimais se sont tournés contre moi.
      20 Mes os sont attachés à ma peau et à ma chair ; Il ne me reste que la peau des dents.
      21 Ayez pitié, ayez pitié de moi, vous, mes amis ! Car la main de Dieu m'a frappé.
      22 Pourquoi me poursuivre comme Dieu me poursuit ? Pourquoi vous montrer insatiables de ma chair ?
      23 Oh ! je voudrais que mes paroles fussent écrites, Qu'elles fussent écrites dans un livre ;
      24 Je voudrais qu'avec un burin de fer et avec du plomb Elles fussent pour toujours gravées dans le roc...
      25 Mais je sais que mon Rédempteur est vivant, Et qu'il se lèvera le dernier sur la terre.
      26 Quand ma peau sera détruite, il se lèvera ; Quand je n'aurai plus de chair, je verrai Dieu.
      27 Je le verrai, et il me sera favorable ; Mes yeux le verront, et non ceux d'un autre ; Mon âme languit d'attente au dedans de moi.
      28 Vous direz alors : Pourquoi le poursuivions-nous ? Car la justice de ma cause sera reconnue.
      29 Craignez pour vous le glaive : Les châtiments par le glaive sont terribles ! Et sachez qu'il y a un jugement.

      Job 20

      1 Tsophar de Naama prit la parole et dit :
      2 Mes pensées me forcent à répondre, Et mon agitation ne peut se contenir.
      3 J'ai entendu des reproches qui m'outragent ; Le souffle de mon intelligence donnera la réplique.
      4 Ne sais-tu pas que, de tout temps, Depuis que l'homme a été placé sur la terre,
      5 Le triomphe des méchants a été court, Et la joie de l'impie momentanée ?
      6 Quand il s'élèverait jusqu'aux cieux, Et que sa tête toucherait aux nues,
      7 Il périra pour toujours comme son ordure, Et ceux qui le voyaient diront : Où est-il ?
      8 Il s'envolera comme un songe, et on ne le trouvera plus ; Il disparaîtra comme une vision nocturne ;
      9 L'oeil qui le regardait ne le regardera plus, Le lieu qu'il habitait ne l'apercevra plus.
      10 Ses fils seront assaillis par les pauvres, Et ses mains restitueront ce qu'il a pris par violence.
      11 La vigueur de la jeunesse, qui remplissait ses membres, Aura sa couche avec lui dans la poussière.
      12 Le mal était doux à sa bouche, Il le cachait sous sa langue,
      13 Il le savourait sans l'abandonner, Il le retenait au milieu de son palais ;
      14 Mais sa nourriture se transformera dans ses entrailles, Elle deviendra dans son corps un venin d'aspic.
      15 Il a englouti des richesses, il les vomira ; Dieu les chassera de son ventre.
      16 Il a sucé du venin d'aspic, La langue de la vipère le tuera.
      17 Il ne reposera plus ses regards sur les ruisseaux, Sur les torrents, sur les fleuves de miel et de lait.
      18 Il rendra ce qu'il a gagné, et n'en profitera plus ; Il restituera tout ce qu'il a pris, et n'en jouira plus.
      19 Car il a opprimé, délaissé les pauvres, Il a ruiné des maisons et ne les a pas rétablies.
      20 Son avidité n'a point connu de bornes ; Mais il ne sauvera pas ce qu'il avait de plus cher.
      21 Rien n'échappait à sa voracité ; Mais son bien-être ne durera pas.
      22 Au milieu de l'abondance il sera dans la détresse ; La main de tous les misérables se lèvera sur lui.
      23 Et voici, pour lui remplir le ventre, Dieu enverra sur lui le feu de sa colère, Et le rassasiera par une pluie de traits.
      24 S'il échappe aux armes de fer, L'arc d'airain le transpercera.
      25 Il arrache de son corps le trait, Qui étincelle au sortir de ses entrailles, Et il est en proie aux terreurs de la mort.
      26 Toutes les calamités sont réservées à ses trésors ; Il sera consumé par un feu que n'allumera point l'homme, Et ce qui restera dans sa tente en deviendra la pâture.
      27 Les cieux dévoileront son iniquité, Et la terre s'élèvera contre lui.
      28 Les revenus de sa maison seront emportés, Ils disparaîtront au jour de la colère de Dieu.
      29 Telle est la part que Dieu réserve au méchant, Tel est l'héritage que Dieu lui destine.

      Job 21

      1 Job prit la parole et dit :
      2 Écoutez, écoutez mes paroles, Donnez-moi seulement cette consolation.
      3 Laissez-moi parler, je vous prie ; Et, quand j'aurai parlé, tu pourras te moquer.
      4 Est-ce contre un homme que se dirige ma plainte ? Et pourquoi mon âme ne serait-elle pas impatiente ?
      5 Regardez-moi, soyez étonnés, Et mettez la main sur la bouche.
      6 Quand j'y pense, cela m'épouvante, Et un tremblement saisit mon corps.
      7 Pourquoi les méchants vivent-ils ? Pourquoi les voit-on vieillir et accroître leur force ?
      8 Leur postérité s'affermit avec eux et en leur présence, Leurs rejetons prospèrent sous leurs yeux.
      9 Dans leurs maisons règne la paix, sans mélange de crainte ; La verge de Dieu ne vient pas les frapper.
      10 Leurs taureaux sont vigoureux et féconds, Leurs génisses conçoivent et n'avortent point.
      11 Ils laissent courir leurs enfants comme des brebis, Et les enfants prennent leurs ébats.
      12 Ils chantent au son du tambourin et de la harpe, Ils se réjouissent au son du chalumeau.
      13 Ils passent leurs jours dans le bonheur, Et ils descendent en un instant au séjour des morts.
      14 Ils disaient pourtant à Dieu : Retire-toi de nous ; Nous ne voulons pas connaître tes voies.
      15 Qu'est-ce que le Tout Puissant, pour que nous le servions ? Que gagnerions-nous à lui adresser nos prières ?
      16 Quoi donc ! ne sont-ils pas en possession du bonheur ? -Loin de moi le conseil des méchants !
      17 Mais arrive-t-il souvent que leur lampe s'éteigne, Que la misère fonde sur eux, Que Dieu leur distribue leur part dans sa colère,
      18 Qu'ils soient comme la paille emportée par le vent, Comme la balle enlevée par le tourbillon ?
      19 Est-ce pour les fils que Dieu réserve le châtiment du père ? Mais c'est lui que Dieu devrait punir, pour qu'il le sente ;
      20 C'est lui qui devrait contempler sa propre ruine, C'est lui qui devrait boire la colère du Tout Puissant.
      21 Car, que lui importe sa maison après lui, Quand le nombre de ses mois est achevé ?
      22 Est-ce à Dieu qu'on donnera de la science, A lui qui gouverne les esprits célestes ?
      23 L'un meurt au sein du bien-être, De la paix et du bonheur,
      24 Les flancs chargés de graisse Et la moelle des os remplie de sève ;
      25 L'autre meurt, l'amertume dans l'âme, Sans avoir joui d'aucun bien.
      26 Et tous deux se couchent dans la poussière, Tous deux deviennent la pâture des vers.
      27 Je sais bien quelles sont vos pensées, Quels jugements iniques vous portez sur moi.
      28 Vous dites : Où est la maison de l'homme puissant ? Où est la tente qu'habitaient les impies ?
      29 Mais quoi ! n'avez-vous point interrogé les voyageurs, Et voulez-vous méconnaître ce qu'ils prouvent ?
      30 Au jour du malheur, le méchant est épargné ; Au jour de la colère, il échappe.
      31 Qui lui reproche en face sa conduite ? Qui lui rend ce qu'il a fait ?
      32 Il est porté dans un sépulcre, Et il veille encore sur sa tombe.
      33 Les mottes de la vallée lui sont légères ; Et tous après lui suivront la même voie, Comme une multitude l'a déjà suivie.
      34 Pourquoi donc m'offrir de vaines consolations ? Ce qui reste de vos réponses n'est que perfidie.

      Job 22

      1 Éliphaz de Théman prit la parole et dit :
      2 Un homme peut-il être utile à Dieu ? Non ; le sage n'est utile qu'à lui-même.
      3 Si tu es juste, est-ce à l'avantage du Tout Puissant ? Si tu es intègre dans tes voies, qu'y gagne-t-il ?
      4 Est-ce par crainte de toi qu'il te châtie, Qu'il entre en jugement avec toi ?
      5 Ta méchanceté n'est-elle pas grande ? Tes iniquités ne sont-elles pas infinies ?
      6 Tu enlevais sans motif des gages à tes frères, Tu privais de leurs vêtements ceux qui étaient nus ;
      7 Tu ne donnais point d'eau à l'homme altéré, Tu refusais du pain à l'homme affamé.
      8 Le pays était au plus fort, Et le puissant s'y établissait.
      9 Tu renvoyais les veuves à vide ; Les bras des orphelins étaient brisés.
      10 C'est pour cela que tu es entouré de pièges, Et que la terreur t'a saisi tout à coup.
      11 Ne vois-tu donc pas ces ténèbres, Ces eaux débordées qui t'envahissent ?
      12 Dieu n'est-il pas en haut dans les cieux ? Regarde le sommet des étoiles, comme il est élevé !
      13 Et tu dis : Qu'est-ce que Dieu sait ? Peut-il juger à travers l'obscurité ?
      14 Les nuées l'enveloppent, et il ne voit rien ; Il ne parcourt que la voûte des cieux.
      15 Eh quoi ! tu voudrais prendre l'ancienne route Qu'ont suivie les hommes d'iniquité ?
      16 Ils ont été emportés avant le temps, Ils ont eu la durée d'un torrent qui s'écoule.
      17 Ils disaient à Dieu : Retire-toi de nous ; Que peut faire pour nous le Tout Puissant ?
      18 Dieu cependant avait rempli de biens leurs maisons. -Loin de moi le conseil des méchants !
      19 Les justes, témoins de leur chute, se réjouiront, Et l'innocent se moquera d'eux :
      20 Voilà nos adversaires anéantis ! Voilà leurs richesses dévorées par le feu !
      21 Attache-toi donc à Dieu, et tu auras la paix ; Tu jouiras ainsi du bonheur.
      22 Reçois de sa bouche l'instruction, Et mets dans ton coeur ses paroles.
      23 Tu seras rétabli, si tu reviens au Tout Puissant, Si tu éloignes l'iniquité de ta tente.
      24 Jette l'or dans la poussière, L'or d'Ophir parmi les cailloux des torrents ;
      25 Et le Tout Puissant sera ton or, Ton argent, ta richesse.
      26 Alors tu feras du Tout Puissant tes délices, Tu élèveras vers Dieu ta face ;
      27 Tu le prieras, et il t'exaucera, Et tu accompliras tes voeux.
      28 A tes résolutions répondra le succès ; Sur tes sentiers brillera la lumière.
      29 Vienne l'humiliation, tu prieras pour ton relèvement : Dieu secourt celui dont le regard est abattu.
      30 Il délivrera même le coupable, Qui devra son salut à la pureté de tes mains.

      Job 23

      1 Job prit la parole et dit :
      2 Maintenant encore ma plainte est une révolte, Mais la souffrance étouffe mes soupirs.
      3 Oh ! si je savais où le trouver, Si je pouvais arriver jusqu'à son trône,
      4 Je plaiderais ma cause devant lui, Je remplirais ma bouche d'arguments,
      5 Je connaîtrais ce qu'il peut avoir à répondre, Je verrais ce qu'il peut avoir à me dire.
      6 Emploierait-il toute sa force à me combattre ? Ne daignerait-il pas au moins m'écouter ?
      7 Ce serait un homme droit qui plaiderait avec lui, Et je serais pour toujours absous par mon juge.
      8 Mais, si je vais à l'orient, il n'y est pas ; Si je vais à l'occident, je ne le trouve pas ;
      9 Est-il occupé au nord, je ne puis le voir ; Se cache-t-il au midi, je ne puis le découvrir.
      10 Il sait néanmoins quelle voie j'ai suivie ; Et, s'il m'éprouvait, je sortirais pur comme l'or.
      11 Mon pied s'est attaché à ses pas ; J'ai gardé sa voie, et je ne m'en suis point détourné.
      12 Je n'ai pas abandonné les commandements de ses lèvres ; J'ai fait plier ma volonté aux paroles de sa bouche.
      13 Mais sa résolution est arrêtée ; qui s'y opposera ? Ce que son âme désire, il l'exécute.
      14 Il accomplira donc ses desseins à mon égard, Et il en concevra bien d'autres encore.
      15 Voilà pourquoi sa présence m'épouvante ; Quand j'y pense, j'ai peur de lui.
      16 Dieu a brisé mon courage, Le Tout Puissant m'a rempli d'effroi.
      17 Car ce ne sont pas les ténèbres qui m'anéantissent, Ce n'est pas l'obscurité dont je suis couvert.

      Job 24

      1 Pourquoi le Tout Puissant ne met-il pas des temps en réserve, Et pourquoi ceux qui le connaissent ne voient-ils pas ses jours ?
      2 On déplace les bornes, On vole des troupeaux, et on les fait paître ;
      3 On enlève l'âne de l'orphelin, On prend pour gage le boeuf de la veuve ;
      4 On repousse du chemin les indigents, On force tous les malheureux du pays à se cacher.
      5 Et voici, comme les ânes sauvages du désert, Ils sortent le matin pour chercher de la nourriture, Ils n'ont que le désert pour trouver le pain de leurs enfants ;
      6 Ils coupent le fourrage qui reste dans les champs, Ils grappillent dans la vigne de l'impie ;
      7 Ils passent la nuit dans la nudité, sans vêtement, Sans couverture contre le froid ;
      8 Ils sont percés par la pluie des montagnes, Et ils embrassent les rochers comme unique refuge.
      9 On arrache l'orphelin à la mamelle, On prend des gages sur le pauvre.
      10 Ils vont tout nus, sans vêtement, Ils sont affamés, et ils portent les gerbes ;
      11 Dans les enclos de l'impie ils font de l'huile, Ils foulent le pressoir, et ils ont soif ;
      12 Dans les villes s'exhalent les soupirs des mourants, L'âme des blessés jette des cris... Et Dieu ne prend pas garde à ces infamies !
      13 D'autres sont ennemis de la lumière, Ils n'en connaissent pas les voies, Ils n'en pratiquent pas les sentiers.
      14 L'assassin se lève au point du jour, Tue le pauvre et l'indigent, Et il dérobe pendant la nuit.
      15 L'oeil de l'adultère épie le crépuscule ; Personne ne me verra, dit-il, Et il met un voile sur sa figure.
      16 La nuit ils forcent les maisons, Le jour ils se tiennent enfermés ; Ils ne connaissent pas la lumière.
      17 Pour eux, le matin c'est l'ombre de la mort, Ils en éprouvent toutes les terreurs.
      18 Eh quoi ! l'impie est d'un poids léger sur la face des eaux, Il n'a sur la terre qu'une part maudite, Il ne prend jamais le chemin des vignes !
      19 Comme la sécheresse et la chaleur absorbent les eaux de la neige, Ainsi le séjour des morts engloutit ceux qui pèchent !
      20 Quoi ! le sein maternel l'oublie, Les vers en font leurs délices, On ne se souvient plus de lui ! L'impie est brisé comme un arbre,
      21 Lui qui dépouille la femme stérile et sans enfants, Lui qui ne répand aucun bienfait sur la veuve !...
      22 Non ! Dieu par sa force prolonge les jours des violents, Et les voilà debout quand ils désespéraient de la vie ;
      23 Il leur donne de la sécurité et de la confiance, Il a les regards sur leurs voies.
      24 Ils se sont élevés ; et en un instant ils ne sont plus, Ils tombent, ils meurent comme tous les hommes, Ils sont coupés comme la tête des épis.
      25 S'il n'en est pas ainsi, qui me démentira, Qui réduira mes paroles à néant ?

      Job 25

      1 Bildad de Schuach prit la parole et dit :
      2 La puissance et la terreur appartiennent à Dieu ; Il fait régner la paix dans ses hautes régions.
      3 Ses armées ne sont-elles pas innombrables ? Sur qui sa lumière ne se lève-t-elle pas ?
      4 Comment l'homme serait-il juste devant Dieu ? Comment celui qui est né de la femme serait-il pur ?
      5 Voici, la lune même n'est pas brillante, Et les étoiles ne sont pas pures à ses yeux ;
      6 Combien moins l'homme, qui n'est qu'un ver, Le fils de l'homme, qui n'est qu'un vermisseau !

      Job 26

      1 Job prit la parole et dit :
      2 Comme tu sais bien venir en aide à la faiblesse ! Comme tu prêtes secours au bras sans force !
      3 Quels bons conseils tu donnes à celui qui manque d'intelligence ! Quelle abondance de sagesse tu fais paraître !
      4 A qui s'adressent tes paroles ? Et qui est-ce qui t'inspire ?
      5 Devant Dieu les ombres tremblent Au-dessous des eaux et de leurs habitants ;
      6 Devant lui le séjour des morts est nu, L'abîme n'a point de voile.
      7 Il étend le septentrion sur le vide, Il suspend la terre sur le néant.
      8 Il renferme les eaux dans ses nuages, Et les nuages n'éclatent pas sous leur poids.
      9 Il couvre la face de son trône, Il répand sur lui sa nuée.
      10 Il a tracé un cercle à la surface des eaux, Comme limite entre la lumière et les ténèbres.
      11 Les colonnes du ciel s'ébranlent, Et s'étonnent à sa menace.
      12 Par sa force il soulève la mer, Par son intelligence il en brise l'orgueil.
      13 Son souffle donne au ciel la sérénité, Sa main transperce le serpent fuyard.
      14 Ce sont là les bords de ses voies, C'est le bruit léger qui nous en parvient ; Mais qui entendra le tonnerre de sa puissance ?

      Job 27

      1 Job prit de nouveau la parole sous forme sentencieuse et dit :
      2 Dieu qui me refuse justice est vivant ! Le Tout Puissant qui remplit mon âme d'amertume est vivant !
      3 Aussi longtemps que j'aurai ma respiration, Et que le souffle de Dieu sera dans mes narines,
      4 Mes lèvres ne prononceront rien d'injuste, Ma langue ne dira rien de faux.
      5 Loin de moi la pensée de vous donner raison ! Jusqu'à mon dernier soupir je défendrai mon innocence ;
      6 Je tiens à me justifier, et je ne faiblirai pas ; Mon coeur ne me fait de reproche sur aucun de mes jours.
      7 Que mon ennemi soit comme le méchant, Et mon adversaire comme l'impie !
      8 Quelle espérance reste-t-il à l'impie, Quand Dieu coupe le fil de sa vie, Quand il lui retire son âme ?
      9 Est-ce que Dieu écoute ses cris, Quand l'angoisse vient l'assaillir ?
      10 Fait-il du Tout Puissant ses délices ? Adresse-t-il en tout temps ses prières à Dieu ?
      11 Je vous enseignerai les voies de Dieu, Je ne vous cacherai pas les desseins du Tout Puissant.
      12 Mais vous les connaissez, et vous êtes d'accord ; Pourquoi donc vous laisser aller à de vaines pensées ?
      13 Voici la part que Dieu réserve au méchant, L'héritage que le Tout Puissant destine à l'impie.
      14 S'il a des fils en grand nombre, c'est pour le glaive, Et ses rejetons manquent de pain ;
      15 Ceux qui échappent sont enterrés par la peste, Et leurs veuves ne les pleurent pas.
      16 S'il amasse l'argent comme la poussière, S'il entasse les vêtements comme la boue,
      17 C'est lui qui entasse, mais c'est le juste qui se revêt, C'est l'homme intègre qui a l'argent en partage.
      18 Sa maison est comme celle que bâtit la teigne, Comme la cabane que fait un gardien.
      19 Il se couche riche, et il meurt dépouillé ; Il ouvre les yeux, et tout a disparu.
      20 Les terreurs le surprennent comme des eaux ; Un tourbillon l'enlève au milieu de la nuit.
      21 Le vent d'orient l'emporte, et il s'en va ; Il l'arrache violemment de sa demeure.
      22 Dieu lance sans pitié des traits contre lui, Et le méchant voudrait fuir pour les éviter.
      23 On bat des mains à sa chute, Et on le siffle à son départ.

      Job 28

      1 Il y a pour l'argent une mine d'où on le fait sortir, Et pour l'or un lieu d'où on l'extrait pour l'affiner ;
      2 Le fer se tire de la poussière, Et la pierre se fond pour produire l'airain.
      3 L'homme fait cesser les ténèbres ; Il explore, jusque dans les endroits les plus profonds, Les pierres cachées dans l'obscurité et dans l'ombre de la mort.
      4 Il creuse un puits loin des lieux habités ; Ses pieds ne lui sont plus en aide, Et il est suspendu, balancé, loin des humains.
      5 La terre, d'où sort le pain, Est bouleversée dans ses entrailles comme par le feu.
      6 Ses pierres contiennent du saphir, Et l'on y trouve de la poudre d'or.
      7 L'oiseau de proie n'en connaît pas le sentier, L'oeil du vautour ne l'a point aperçu ;
      8 Les plus fiers animaux ne l'ont point foulé, Le lion n'y a jamais passé.
      9 L'homme porte sa main sur le roc, Il renverse les montagnes depuis la racine ;
      10 Il ouvre des tranchées dans les rochers, Et son oeil contemple tout ce qu'il y a de précieux ;
      11 Il arrête l'écoulement des eaux, Et il produit à la lumière ce qui est caché.
      12 Mais la sagesse, où se trouve-t-elle ? Où est la demeure de l'intelligence ?
      13 L'homme n'en connaît point le prix ; Elle ne se trouve pas dans la terre des vivants.
      14 L'abîme dit : Elle n'est point en moi ; Et la mer dit : Elle n'est point avec moi.
      15 Elle ne se donne pas contre de l'or pur, Elle ne s'achète pas au poids de l'argent ;
      16 Elle ne se pèse pas contre l'or d'Ophir, Ni contre le précieux onyx, ni contre le saphir ;
      17 Elle ne peut se comparer à l'or ni au verre, Elle ne peut s'échanger pour un vase d'or fin.
      18 Le corail et le cristal ne sont rien auprès d'elle : La sagesse vaut plus que les perles.
      19 La topaze d'Éthiopie n'est point son égale, Et l'or pur n'entre pas en balance avec elle.
      20 D'où vient donc la sagesse ? Où est la demeure de l'intelligence ?
      21 Elle est cachée aux yeux de tout vivant, Elle est cachée aux oiseaux du ciel.
      22 Le gouffre et la mort disent : Nous en avons entendu parler.
      23 C'est Dieu qui en sait le chemin, C'est lui qui en connaît la demeure ;
      24 Car il voit jusqu'aux extrémités de la terre, Il aperçoit tout sous les cieux.
      25 Quand il régla le poids du vent, Et qu'il fixa la mesure des eaux,
      26 Quand il donna des lois à la pluie, Et qu'il traça la route de l'éclair et du tonnerre,
      27 Alors il vit la sagesse et la manifesta, Il en posa les fondements et la mit à l'épreuve.
      28 Puis il dit à l'homme : Voici, la crainte du Seigneur, c'est la sagesse ; S'éloigner du mal, c'est l'intelligence.

      Job 29

      1 Job prit de nouveau la parole sous forme sentencieuse et dit :
      2 Oh ! que ne puis-je être comme aux mois du passé, Comme aux jours où Dieu me gardait,
      3 Quand sa lampe brillait sur ma tête, Et que sa lumière me guidait dans les ténèbres !
      4 Que ne suis-je comme aux jours de ma vigueur, Où Dieu veillait en ami sur ma tente,
      5 Quand le Tout Puissant était encore avec moi, Et que mes enfants m'entouraient ;
      6 Quand mes pieds se baignaient dans la crème Et que le rocher répandait près de moi des ruisseaux d'huile !
      7 Si je sortais pour aller à la porte de la ville, Et si je me faisais préparer un siège dans la place,
      8 Les jeunes gens se retiraient à mon approche, Les vieillards se levaient et se tenaient debout.
      9 Les princes arrêtaient leurs discours, Et mettaient la main sur leur bouche ;
      10 La voix des chefs se taisait, Et leur langue s'attachait à leur palais.
      11 L'oreille qui m'entendait me disait heureux, L'oeil qui me voyait me rendait témoignage ;
      12 Car je sauvais le pauvre qui implorait du secours, Et l'orphelin qui manquait d'appui.
      13 La bénédiction du malheureux venait sur moi ; Je remplissais de joie le coeur de la veuve.
      14 Je me revêtais de la justice et je lui servais de vêtement, J'avais ma droiture pour manteau et pour turban.
      15 J'étais l'oeil de l'aveugle Et le pied du boiteux.
      16 J'étais le père des misérables, J'examinais la cause de l'inconnu ;
      17 Je brisais la mâchoire de l'injuste, Et j'arrachais de ses dents la proie.
      18 Alors je disais : Je mourrai dans mon nid, Mes jours seront abondants comme le sable ;
      19 L'eau pénétrera dans mes racines, La rosée passera la nuit sur mes branches ;
      20 Ma gloire reverdira sans cesse, Et mon arc rajeunira dans ma main.
      21 On m'écoutait et l'on restait dans l'attente, On gardait le silence devant mes conseils.
      22 Après mes discours, nul ne répliquait, Et ma parole était pour tous une bienfaisante rosée ;
      23 Ils comptaient sur moi comme sur la pluie, Ils ouvraient la bouche comme pour une pluie du printemps.
      24 Je leur souriais quand ils perdaient courage, Et l'on ne pouvait chasser la sérénité de mon front.
      25 J'aimais à aller vers eux, et je m'asseyais à leur tête ; J'étais comme un roi au milieu d'une troupe, Comme un consolateur auprès des affligés.

      Job 30

      1 Et maintenant !... je suis la risée de plus jeunes que moi, De ceux dont je dédaignais de mettre les pères Parmi les chiens de mon troupeau.
      2 Mais à quoi me servirait la force de leurs mains ? Ils sont incapables d'atteindre la vieillesse.
      3 Desséchés par la misère et la faim, Ils fuient dans les lieux arides, Depuis longtemps abandonnés et déserts ;
      4 Ils arrachent près des arbrisseaux les herbes sauvages, Et ils n'ont pour pain que la racine des genêts.
      5 On les chasse du milieu des hommes, On crie après eux comme après des voleurs.
      6 Ils habitent dans d'affreuses vallées, Dans les cavernes de la terre et dans les rochers ;
      7 Ils hurlent parmi les buissons, Ils se rassemblent sous les ronces.
      8 Etres vils et méprisés, On les repousse du pays.
      9 Et maintenant, je suis l'objet de leurs chansons, Je suis en butte à leurs propos.
      10 Ils ont horreur de moi, ils se détournent, Ils me crachent au visage.
      11 Ils n'ont plus de retenue et ils m'humilient, Ils rejettent tout frein devant moi.
      12 Ces misérables se lèvent à ma droite et me poussent les pieds, Ils se fraient contre moi des sentiers pour ma ruine ;
      13 Ils détruisent mon propre sentier et travaillent à ma perte, Eux à qui personne ne viendrait en aide ;
      14 Ils arrivent comme par une large brèche, Ils se précipitent sous les craquements.
      15 Les terreurs m'assiègent ; Ma gloire est emportée comme par le vent, Mon bonheur a passé comme un nuage.
      16 Et maintenant, mon âme s'épanche en mon sein, Les jours de la souffrance m'ont saisi.
      17 La nuit me perce et m'arrache les os, La douleur qui me ronge ne se donne aucun repos,
      18 Par la violence du mal mon vêtement perd sa forme, Il se colle à mon corps comme ma tunique.
      19 Dieu m'a jeté dans la boue, Et je ressemble à la poussière et à la cendre.
      20 Je crie vers toi, et tu ne me réponds pas ; Je me tiens debout, et tu me lances ton regard.
      21 Tu deviens cruel contre moi, Tu me combats avec la force de ta main.
      22 Tu mu soulèves, tu mu fais voler au-dessus du vent, Et tu m'anéantis au bruit de la tempête.
      23 Car, je le sais, tu me mènes à la mort, Au rendez-vous de tous les vivants.
      24 Mais celui qui va périr n'étend-il pas les mains ? Celui qui est dans le malheur n'implore-t-il pas du secours ?
      25 N'avais-je pas des larmes pour l'infortuné ? Mon coeur n'avait-il pas pitié de l'indigent ?
      26 J'attendais le bonheur, et le malheur est arrivé ; J'espérais la lumière, et les ténèbres sont venues.
      27 Mes entrailles bouillonnent sans relâche, Les jours de la calamité m'ont surpris.
      28 Je marche noirci, mais non par le soleil ; Je me lève en pleine assemblée, et je crie.
      29 Je suis devenu le frère des chacals, Le compagnon des autruches.
      30 Ma peau noircit et tombe, Mes os brûlent et se dessèchent.
      31 Ma harpe n'est plus qu'un instrument de deuil, Et mon chalumeau ne peut rendre que des sons plaintifs.

      Job 31

      1 J'avais fait un pacte avec mes yeux, Et je n'aurais pas arrêté mes regards sur une vierge.
      2 Quelle part Dieu m'eût-il réservée d'en haut ? Quel héritage le Tout Puissant m'eût-il envoyé des cieux ?
      3 La ruine n'est-elle pas pour le méchant, Et le malheur pour ceux qui commettent l'iniquité ?
      4 Dieu n'a-t-il pas connu mes voies ? N'a-t-il pas compté tous mes pas ?
      5 Si j'ai marché dans le mensonge, Si mon pied a couru vers la fraude,
      6 Que Dieu me pèse dans des balances justes, Et il reconnaîtra mon intégrité !
      7 Si mon pas s'est détourné du droit chemin, Si mon coeur a suivi mes yeux, Si quelque souillure s'est attachée à mes mains,
      8 Que je sème et qu'un autre moissonne, Et que mes rejetons soient déracinés !
      9 Si mon coeur a été séduit par une femme, Si j'ai fait le guet à la porte de mon prochain,
      10 Que ma femme tourne la meule pour un autre, Et que d'autres la déshonorent !
      11 Car c'est un crime, Un forfait que punissent les juges ;
      12 C'est un feu qui dévore jusqu'à la ruine, Et qui aurait détruit toute ma richesse.
      13 Si j'ai méprisé le droit de mon serviteur ou de ma servante Lorsqu'ils étaient en contestation avec moi,
      14 Qu'ai-je à faire, quand Dieu se lève ? Qu'ai-je à répondre, quand il châtie ?
      15 Celui qui m'a créé dans le ventre de ma mère ne l'a-t-il pas créé ? Le même Dieu ne nous a-t-il pas formés dans le sein maternel ?
      16 Si j'ai refusé aux pauvres ce qu'ils demandaient, Si j'ai fait languir les yeux de la veuve,
      17 Si j'ai mangé seul mon pain, Sans que l'orphelin en ait eu sa part,
      18 Moi qui l'ai dès ma jeunesse élevé comme un père, Moi qui dès ma naissance ai soutenu la veuve ;
      19 Si j'ai vu le malheureux manquer de vêtements, L'indigent n'avoir point de couverture,
      20 Sans que ses reins m'aient béni, Sans qu'il ait été réchauffé par la toison de mes agneaux ;
      21 Si j'ai levé la main contre l'orphelin, Parce que je me sentais un appui dans les juges ;
      22 Que mon épaule se détache de sa jointure, Que mon bras tombe et qu'il se brise !
      23 Car les châtiments de Dieu m'épouvantent, Et je ne puis rien devant sa majesté.
      24 Si j'ai mis dans l'or ma confiance, Si j'ai dit à l'or : Tu es mon espoir ;
      25 Si je me suis réjoui de la grandeur de mes biens, De la quantité des richesses que j'avais acquises ;
      26 Si j'ai regardé le soleil quand il brillait, La lune quand elle s'avançait majestueuse,
      27 Et si mon coeur s'est laissé séduire en secret, Si ma main s'est portée sur ma bouche ;
      28 C'est encore un crime que doivent punir les juges, Et j'aurais renié le Dieu d'en haut !
      29 Si j'ai été joyeux du malheur de mon ennemi, Si j'ai sauté d'allégresse quand les revers l'ont atteint,
      30 Moi qui n'ai pas permis à ma langue de pécher, De demander sa mort avec imprécation ;
      31 Si les gens de ma tente ne disaient pas : Où est celui qui n'a pas été rassasié de sa viande ?
      32 Si l'étranger passait la nuit dehors, Si je n'ouvrais pas ma porte au voyageur ;
      33 Si, comme les hommes, j'ai caché mes transgressions, Et renfermé mes iniquités dans mon sein,
      34 Parce que j'avais peur de la multitude, Parce que je craignais le mépris des familles, Me tenant à l'écart et n'osant franchir ma porte...
      35 Oh ! qui me fera trouver quelqu'un qui m'écoute ? Voilà ma défense toute signée : Que le Tout Puissant me réponde ! Qui me donnera la plainte écrite par mon adversaire ?
      36 Je porterai son écrit sur mon épaule, Je l'attacherai sur mon front comme une couronne ;
      37 Je lui rendrai compte de tous mes pas, Je m'approcherai de lui comme un prince.
      38 Si ma terre crie contre moi, Et que ses sillons versent des larmes ;
      39 Si j'en ai mangé le produit sans l'avoir payée, Et que j'aie attristé l'âme de ses anciens maîtres ;
      40 Qu'il y croisse des épines au lieu de froment, Et de l'ivraie au lieu d'orge ! Fin des paroles de Job.

      Job 32

      1 Ces trois hommes cessèrent de répondre à Job, parce qu'il se regardait comme juste.
      2 Alors s'enflamma de colère Élihu, fils de Barakeel de Buz, de la famille de Ram. Sa colère s'enflamma contre Job, parce qu'il se disait juste devant Dieu.
      3 Et sa colère s'enflamma contre ses trois amis, parce qu'ils ne trouvaient rien à répondre et que néanmoins ils condamnaient Job.
      4 Comme ils étaient plus âgés que lui, Élihu avait attendu jusqu'à ce moment pour parler à Job.
      5 Mais, voyant qu'il n'y avait plus de réponse dans la bouche de ces trois hommes, Élihu s'enflamma de colère.
      6 Et Élihu, fils de Barakeel de Buz, prit la parole et dit : Je suis jeune, et vous êtes des vieillards ; C'est pourquoi j'ai craint, j'ai redouté De vous faire connaître mon sentiment.
      7 Je disais en moi-même : Les jours parleront, Le grand nombre des années enseignera la sagesse.
      8 Mais en réalité, dans l'homme, c'est l'esprit, Le souffle du Tout Puissant, qui donne l'intelligence ;
      9 Ce n'est pas l'âge qui procure la sagesse, Ce n'est pas la vieillesse qui rend capable de juger.
      10 Voilà pourquoi je dis : Écoute ! Moi aussi, j'exposerai ma pensée.
      11 J'ai attendu la fin de vos discours, J'ai suivi vos raisonnements, Votre examen des paroles de Job.
      12 Je vous ai donné toute mon attention ; Et voici, aucun de vous ne l'a convaincu, Aucun n'a réfuté ses paroles.
      13 Ne dites pas cependant : En lui nous avons trouvé la sagesse ; C'est Dieu qui peut le confondre, ce n'est pas un homme !
      14 Il ne s'est pas adressé directement à moi : Aussi lui répondrai-je tout autrement que vous.
      15 Ils ont peur, ils ne répondent plus ! Ils ont la parole coupée !
      16 J'ai attendu qu'ils eussent fini leurs discours, Qu'ils s'arrêtassent et ne sussent que répliquer.
      17 A mon tour, je veux répondre aussi, Je veux dire aussi ce que je pense.
      18 Car je suis plein de paroles, L'esprit me presse au dedans de moi ;
      19 Mon intérieur est comme un vin qui n'a pas d'issue, Comme des outres neuves qui vont éclater.
      20 Je parlerai pour respirer à l'aise, J'ouvrirai mes lèvres et je répondrai.
      21 Je n'aurai point égard à l'apparence, Et je ne flatterai personne ;
      22 Car je ne sais pas flatter : Mon créateur m'enlèverait bien vite.

      Job 33

      1 Maintenant donc, Job, écoute mes discours, Prête l'oreille à toutes mes paroles !
      2 Voici, j'ouvre la bouche, Ma langue se remue dans mon palais.
      3 C'est avec droiture de coeur que je vais parler, C'est la vérité pure qu'exprimeront mes lèvres :
      4 L'esprit de Dieu m'a créé, Et le souffle du Tout Puissant m'anime.
      5 Si tu le peux, réponds-moi, Défends ta cause, tiens-toi prêt !
      6 Devant Dieu je suis ton semblable, J'ai été comme toi formé de la boue ;
      7 Ainsi mes terreurs ne te troubleront pas, Et mon poids ne saurait t'accabler.
      8 Mais tu as dit à mes oreilles, Et j'ai entendu le son de tes paroles :
      9 Je suis pur, je suis sans péché, Je suis net, il n'y a point en moi d'iniquité.
      10 Et Dieu trouve contre moi des motifs de haine, Il me traite comme son ennemi ;
      11 Il met mes pieds dans les ceps, Il surveille tous mes mouvements.
      12 Je te répondrai qu'en cela tu n'as pas raison, Car Dieu est plus grand que l'homme.
      13 Veux-tu donc disputer avec lui, Parce qu'il ne rend aucun compte de ses actes ?
      14 Dieu parle cependant, tantôt d'une manière, Tantôt d'une autre, et l'on n'y prend point garde.
      15 Il parle par des songes, par des visions nocturnes, Quand les hommes sont livrés à un profond sommeil, Quand ils sont endormis sur leur couche.
      16 Alors il leur donne des avertissements Et met le sceau à ses instructions,
      17 Afin de détourner l'homme du mal Et de le préserver de l'orgueil,
      18 Afin de garantir son âme de la fosse Et sa vie des coups du glaive.
      19 Par la douleur aussi l'homme est repris sur sa couche, Quand une lutte continue vient agiter ses os.
      20 Alors il prend en dégoût le pain, Même les aliments les plus exquis ;
      21 Sa chair se consume et disparaît, Ses os qu'on ne voyait pas sont mis à nu ;
      22 Son âme s'approche de la fosse, Et sa vie des messagers de la mort.
      23 Mais s'il se trouve pour lui un ange intercesseur, Un d'entre les mille Qui annoncent à l'homme la voie qu'il doit suivre,
      24 Dieu a compassion de lui et dit à l'ange : Délivre-le, afin qu'il ne descende pas dans la fosse ; J'ai trouvé une rançon !
      25 Et sa chair a plus de fraîcheur qu'au premier âge, Il revient aux jours de sa jeunesse.
      26 Il adresse à Dieu sa prière ; et Dieu lui est propice, Lui laisse voir sa face avec joie, Et lui rend son innocence.
      27 Il chante devant les hommes et dit : J'ai péché, j'ai violé la justice, Et je n'ai pas été puni comme je le méritais ;
      28 Dieu a délivré mon âme pour qu'elle n'entrât pas dans la fosse, Et ma vie s'épanouit à la lumière !
      29 Voilà tout ce que Dieu fait, Deux fois, trois fois, avec l'homme,
      30 Pour ramener son âme de la fosse, Pour l'éclairer de la lumière des vivants.
      31 Sois attentif, Job, écoute-moi ! Tais-toi, et je parlerai !
      32 Si tu as quelque chose à dire, réponds-moi ! Parle, car je voudrais te donner raison.
      33 Si tu n'as rien à dire, écoute-moi ! Tais-toi, et je t'enseignerai la sagesse.

      Job 34

      1 Élihu reprit et dit :
      2 Sages, écoutez mes discours ! Vous qui êtes intelligents, prêtez-moi l'oreille !
      3 Car l'oreille discerne les paroles, Comme le palais savoure les aliments.
      4 Choisissons ce qui est juste, Voyons entre nous ce qui est bon.
      5 Job dit : Je suis innocent, Et Dieu me refuse justice ;
      6 J'ai raison, et je passe pour menteur ; Ma plaie est douloureuse, et je suis sans péché.
      7 Y a-t-il un homme semblable à Job, Buvant la raillerie comme l'eau,
      8 Marchant en société de ceux qui font le mal, Cheminant de pair avec les impies ?
      9 Car il a dit : Il est inutile à l'homme De mettre son plaisir en Dieu.
      10 Écoutez-moi donc, hommes de sens ! Loin de Dieu l'injustice, Loin du Tout Puissant l'iniquité !
      11 Il rend à l'homme selon ses oeuvres, Il rétribue chacun selon ses voies.
      12 Non certes, Dieu ne commet pas l'iniquité ; Le Tout Puissant ne viole pas la justice.
      13 Qui l'a chargé de gouverner la terre ? Qui a confié l'univers à ses soins ?
      14 S'il ne pensait qu'à lui-même, S'il retirait à lui son esprit et son souffle,
      15 Toute chair périrait soudain, Et l'homme rentrerait dans la poussière.
      16 Si tu as de l'intelligence, écoute ceci, Prête l'oreille au son de mes paroles !
      17 Un ennemi de la justice régnerait-il ? Et condamneras-tu le juste, le puissant,
      18 Qui proclame la méchanceté des rois Et l'iniquité des princes,
      19 Qui n'a point égard à l'apparence des grands Et ne distingue pas le riche du pauvre, Parce que tous sont l'ouvrage de ses mains ?
      20 En un instant, ils perdent la vie ; Au milieu de la nuit, un peuple chancelle et périt ; Le puissant disparaît, sans la main d'aucun homme.
      21 Car Dieu voit la conduite de tous, Il a les regards sur les pas de chacun.
      22 Il n'y a ni ténèbres ni ombre de la mort, Où puissent se cacher ceux qui commettent l'iniquité.
      23 Dieu n'a pas besoin d'observer longtemps, Pour qu'un homme entre en jugement avec lui ;
      24 Il brise les grands sans information, Et il met d'autres à leur place ;
      25 Car il connaît leurs oeuvres. Ils les renverse de nuit, et ils sont écrasés ;
      26 Il les frappe comme des impies, A la face de tous les regards.
      27 En se détournant de lui, En abandonnant toutes ses voies,
      28 Ils ont fait monter à Dieu le cri du pauvre, Ils l'ont rendu attentif aux cris des malheureux.
      29 S'il donne le repos, qui répandra le trouble ? S'il cache sa face, qui pourra le voir ? Il traite à l'égal soit une nation, soit un homme,
      30 Afin que l'impie ne domine plus, Et qu'il ne soit plus un piège pour le peuple.
      31 Car a-t-il jamais dit à Dieu : J'ai été châtié, je ne pécherai plus ;
      32 Montre-moi ce que je ne vois pas ; Si j'ai commis des injustices, je n'en commettrai plus ?
      33 Est-ce d'après toi que Dieu rendra la justice ? C'est toi qui rejettes, qui choisis, mais non pas moi ; Ce que tu sais, dis-le donc !
      34 Les hommes de sens seront de mon avis, Le sage qui m'écoute pensera comme moi.
      35 Job parle sans intelligence, Et ses discours manquent de raison.
      36 Qu'il continue donc à être éprouvé, Puisqu'il répond comme font les méchants !
      37 Car il ajoute à ses fautes de nouveaux péchés ; Il bat des mains au milieu de nous, Il multiplie ses paroles contre Dieu.

      Job 35

      1 Élihu reprit et dit :
      2 Imagines-tu avoir raison, Penses-tu te justifier devant Dieu,
      3 Quand tu dis : Que me sert-il, Que me revient-il de ne pas pécher ?
      4 C'est à toi que je vais répondre, Et à tes amis en même temps.
      5 Considère les cieux, et regarde ! Vois les nuées, comme elles sont au-dessus de toi !
      6 Si tu pèches, quel tort lui causes-tu ? Et quand tes péchés se multiplient, que lui fais-tu ?
      7 Si tu es juste, que lui donnes-tu ? Que reçoit-il de ta main ?
      8 Ta méchanceté ne peut nuire qu'à ton semblable, Ta justice n'est utile qu'au fils de l'homme.
      9 On crie contre la multitude des oppresseurs, On se plaint de la violence d'un grand nombre ;
      10 Mais nul ne dit : Où est Dieu, mon créateur, Qui inspire des chants d'allégresse pendant la nuit,
      11 Qui nous instruit plus que les bêtes de la terre, Et nous donne l'intelligence plus qu'aux oiseaux du ciel ?
      12 On a beau crier alors, Dieu ne répond pas, A cause de l'orgueil des méchants.
      13 C'est en vain que l'on crie, Dieu n'écoute pas, Le Tout Puissant n'y a point égard.
      14 Bien que tu dises que tu ne le vois pas, Ta cause est devant lui : attends-le !
      15 Mais, parce que sa colère ne sévit point encore, Ce n'est pas à dire qu'il ait peu souci du crime.
      16 Ainsi Job ouvre vainement la bouche, Il multiplie les paroles sans intelligence.

      Job 36

      1 Élihu continua et dit :
      2 Attends un peu, et je vais poursuivre, Car j'ai des paroles encore pour la cause de Dieu.
      3 Je prendrai mes raisons de haut, Et je prouverai la justice de mon créateur.
      4 Sois-en sûr, mes discours ne sont pas des mensonges, Mes sentiments devant toi sont sincères.
      5 Dieu est puissant, mais il ne rejette personne ; Il est puissant par la force de son intelligence.
      6 Il ne laisse pas vivre le méchant, Et il fait droit aux malheureux.
      7 Il ne détourne pas les yeux de dessus les justes, Il les place sur le trône avec les rois, Il les y fait asseoir pour toujours, afin qu'ils soient élevés.
      8 Viennent-ils à tomber dans les chaînes, Sont-ils pris dans les liens de l'adversité,
      9 Il leur dénonce leurs oeuvres, Leurs transgressions, leur orgueil ;
      10 Il les avertit pour leur instruction, Il les exhorte à se détourner de l'iniquité.
      11 S'ils écoutent et se soumettent, Ils achèvent leurs jours dans le bonheur, Leurs années dans la joie.
      12 S'ils n'écoutent pas, ils périssent par le glaive, Ils expirent dans leur aveuglement.
      13 Les impies se livrent à la colère, Ils ne crient pas à Dieu quand il les enchaîne ;
      14 Ils perdent la vie dans leur jeunesse, Ils meurent comme les débauchés.
      15 Mais Dieu sauve le malheureux dans sa misère, Et c'est par la souffrance qu'il l'avertit.
      16 Il te retirera aussi de la détresse, Pour te mettre au large, en pleine liberté, Et ta table sera chargée de mets succulents.
      17 Mais si tu défends ta cause comme un impie, Le châtiment est inséparable de ta cause.
      18 Que l'irritation ne t'entraîne pas à la moquerie, Et que la grandeur de la rançon ne te fasse pas dévier !
      19 Tes cris suffiraient-ils pour te sortir d'angoisse, Et même toutes les forces que tu pourrais déployer ?
      20 Ne soupire pas après la nuit, Qui enlève les peuples de leur place.
      21 Garde-toi de te livrer au mal, Car la souffrance t'y dispose.
      22 Dieu est grand par sa puissance ; Qui saurait enseigner comme lui ?
      23 Qui lui prescrit ses voies ? Qui ose dire : Tu fais mal ?
      24 Souviens-toi d'exalter ses oeuvres, Que célèbrent tous les hommes.
      25 Tout homme les contemple, Chacun les voit de loin.
      26 Dieu est grand, mais sa grandeur nous échappe, Le nombre de ses années est impénétrable.
      27 Il attire à lui les gouttes d'eau, Il les réduit en vapeur et forme la pluie ;
      28 Les nuages la laissent couler, Ils la répandent sur la foule des hommes.
      29 Et qui comprendra le déchirement de la nuée, Le fracas de sa tente ?
      30 Voici, il étend autour de lui sa lumière, Et il se cache jusque dans les profondeurs de la mer.
      31 Par ces moyens il juge les peuples, Et il donne la nourriture avec abondance.
      32 Il prend la lumière dans sa main, Il la dirige sur ses adversaires.
      33 Il s'annonce par un grondement ; Les troupeaux pressentent son approche.

      Job 37

      1 Mon coeur est tout tremblant, Il bondit hors de sa place.
      2 Écoutez, écoutez le frémissement de sa voix, Le grondement qui sort de sa bouche !
      3 Il le fait rouler dans toute l'étendue des cieux, Et son éclair brille jusqu'aux extrémités de la terre.
      4 Puis éclate un rugissement : il tonne de sa voix majestueuse ; Il ne retient plus l'éclair, dès que sa voix retentit.
      5 Dieu tonne avec sa voix d'une manière merveilleuse ; Il fait de grandes choses que nous ne comprenons pas.
      6 Il dit à la neige : Tombe sur la terre ! Il le dit à la pluie, même aux plus fortes pluies.
      7 Il met un sceau sur la main de tous les hommes, Afin que tous se reconnaissent comme ses créatures.
      8 L'animal sauvage se retire dans une caverne, Et se couche dans sa tanière.
      9 L'ouragan vient du midi, Et le froid, des vents du nord.
      10 Par son souffle Dieu produit la glace, Il réduit l'espace où se répandaient les eaux.
      11 Il charge de vapeurs les nuages, Il les disperse étincelants ;
      12 Leurs évolutions varient selon ses desseins, Pour l'accomplissement de tout ce qu'il leur ordonne, Sur la face de la terre habitée ;
      13 C'est comme une verge dont il frappe sa terre, Ou comme un signe de son amour, qu'il les fait apparaître.
      14 Job, sois attentif à ces choses ! Considère encore les merveilles de Dieu !
      15 Sais-tu comment Dieu les dirige, Et fait briller son nuage étincelant ?
      16 Comprends-tu le balancement des nuées, Les merveilles de celui dont la science est parfaite ?
      17 Sais-tu pourquoi tes vêtements sont chauds Quand la terre se repose par le vent du midi ?
      18 Peux-tu comme lui étendre les cieux, Aussi solides qu'un miroir de fonte ?
      19 Fais-nous connaître ce que nous devons lui dire ; Nous sommes trop ignorants pour nous adresser à lui.
      20 Lui annoncera-t-on que je parlerai ? Mais quel est l'homme qui désire sa perte ?
      21 On ne peut fixer le soleil qui resplendit dans les cieux, Lorsqu'un vent passe et en ramène la pureté ;
      22 Le septentrion le rend éclatant comme l'or. Oh ! que la majesté de Dieu est redoutable !
      23 Nous ne saurions parvenir jusqu'au Tout Puissant, Grand par la force, Par la justice, par le droit souverain : Il ne répond pas !
      24 C'est pourquoi les hommes doivent le craindre ; Il ne porte les regards sur aucun sage.

      Job 38

      1 L'Éternel répondit à Job du milieu de la tempête et dit :
      2 Qui est celui qui obscurcit mes desseins Par des discours sans intelligence ?
      3 Ceins tes reins comme un vaillant homme ; Je t'interrogerai, et tu m'instruiras.
      4 Où étais-tu quand je fondais la terre ? Dis-le, si tu as de l'intelligence.
      5 Qui en a fixé les dimensions, le sais-tu ? Ou qui a étendu sur elle le cordeau ?
      6 Sur quoi ses bases sont-elles appuyées ? Ou qui en a posé la pierre angulaire,
      7 Alors que les étoiles du matin éclataient en chants d'allégresse, Et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie ?
      8 Qui a fermé la mer avec des portes, Quand elle s'élança du sein maternel ;
      9 Quand je fis de la nuée son vêtement, Et de l'obscurité ses langes ;
      10 Quand je lui imposai ma loi, Et que je lui mis des barrières et des portes ;
      11 Quand je dis : Tu viendras jusqu'ici, tu n'iras pas au delà ; Ici s'arrêtera l'orgueil de tes flots ?
      12 Depuis que tu existes, as-tu commandé au matin ? As-tu montré sa place à l'aurore,
      13 Pour qu'elle saisisse les extrémités de la terre, Et que les méchants en soient secoués ;
      14 Pour que la terre se transforme comme l'argile qui reçoit une empreinte, Et qu'elle soit parée comme d'un vêtement ;
      15 Pour que les méchants soient privés de leur lumière, Et que le bras qui se lève soit brisé ?
      16 As-tu pénétré jusqu'aux sources de la mer ? T'es-tu promené dans les profondeurs de l'abîme ?
      17 Les portes de la mort t'ont-elles été ouvertes ? As-tu vu les portes de l'ombre de la mort ?
      18 As-tu embrassé du regard l'étendue de la terre ? Parle, si tu sais toutes ces choses.
      19 Où est le chemin qui conduit au séjour de la lumière ? Et les ténèbres, où ont-elles leur demeure ?
      20 Peux-tu les saisir à leur limite, Et connaître les sentiers de leur habitation ?
      21 Tu le sais, car alors tu étais né, Et le nombre de tes jours est grand !
      22 Es-tu parvenu jusqu'aux amas de neige ? As-tu vu les dépôts de grêle,
      23 Que je tiens en réserve pour les temps de détresse, Pour les jours de guerre et de bataille ?
      24 Par quel chemin la lumière se divise-t-elle, Et le vent d'orient se répand-il sur la terre ?
      25 Qui a ouvert un passage à la pluie, Et tracé la route de l'éclair et du tonnerre,
      26 Pour que la pluie tombe sur une terre sans habitants, Sur un désert où il n'y a point d'hommes ;
      27 Pour qu'elle abreuve les lieux solitaires et arides, Et qu'elle fasse germer et sortir l'herbe ?
      28 La pluie a-t-elle un père ? Qui fait naître les gouttes de la rosée ?
      29 Du sein de qui sort la glace, Et qui enfante le frimas du ciel,
      30 Pour que les eaux se cachent comme une pierre, Et que la surface de l'abîme soit enchaînée ?
      31 Noues-tu les liens des Pléiades, Ou détaches-tu les cordages de l'Orion ?
      32 Fais-tu paraître en leur temps les signes du zodiaque, Et conduis-tu la Grande Ourse avec ses petits ?
      33 Connais-tu les lois du ciel ? Règles-tu son pouvoir sur la terre ?
      34 Élèves-tu la voix jusqu'aux nuées, Pour appeler à toi des torrents d'eaux ?
      35 Lances-tu les éclairs ? Partent-ils ? Te disent-ils : Nous voici ?
      36 Qui a mis la sagesse dans le coeur, Ou qui a donné l'intelligence à l'esprit ?
      37 Qui peut avec sagesse compter les nuages, Et verser les outres des cieux,
      38 Pour que la poussière se mette à ruisseler, Et que les mottes de terre se collent ensemble ?
      39 (39 : 1) Chasses-tu la proie pour la lionne, Et apaises-tu la faim des lionceaux,
      40 (39 : 2) Quand ils sont couchés dans leur tanière, Quand ils sont en embuscade dans leur repaire ?
      41 (39 : 3) Qui prépare au corbeau sa pâture, Quand ses petits crient vers Dieu, Quand ils sont errants et affamés ?

      Job 39

      1 (39 : 4) Sais-tu quand les chèvres sauvages font leurs petits ? Observes-tu les biches quand elles mettent bas ?
      2 (39 : 5) Comptes-tu les mois pendant lesquels elles portent, Et connais-tu l'époque où elles enfantent ?
      3 (39 : 6) Elles se courbent, laissent échapper leur progéniture, Et sont délivrées de leurs douleurs.
      4 (39 : 7) Leurs petits prennent de la vigueur et grandissent en plein air, Ils s'éloignent et ne reviennent plus auprès d'elles.
      5 (39 : 8) Qui met en liberté l'âne sauvage, Et l'affranchit de tout lien ?
      6 (39 : 9) J'ai fait du désert son habitation, De la terre salée sa demeure.
      7 (39 : 10) Il se rit du tumulte des villes, Il n'entend pas les cris d'un maître.
      8 (39 : 11) Il parcourt les montagnes pour trouver sa pâture, Il est à la recherche de tout ce qui est vert.
      9 (39 : 12) Le buffle veut-il être à ton service ? Passe-t-il la nuit vers ta crèche ?
      10 (39 : 13) L'attaches-tu par une corde pour qu'il trace un sillon ? Va-t-il après toi briser les mottes des vallées ?
      11 (39 : 14) Te reposes-tu sur lui, parce que sa force est grande ? Lui abandonnes-tu le soin de tes travaux ?
      12 (39 : 15) Te fies-tu à lui pour la rentrée de ta récolte ? Est-ce lui qui doit l'amasser dans ton aire ?
      13 (39 : 16) L'aile de l'autruche se déploie joyeuse ; On dirait l'aile, le plumage de la cigogne.
      14 (39 : 17) Mais l'autruche abandonne ses oeufs à la terre, Et les fait chauffer sur la poussière ;
      15 (39 : 18) Elle oublie que le pied peut les écraser, Qu'une bête des champs peut les fouler.
      16 (39 : 19) Elle est dure envers ses petits comme s'ils n'étaient point à elle ; Elle ne s'inquiète pas de l'inutilité de son enfantement.
      17 (39 : 20) Car Dieu lui a refusé la sagesse, Il ne lui a pas donné l'intelligence en partage.
      18 (39 : 21) Quand elle se lève et prend sa course, Elle se rit du cheval et de son cavalier.
      19 (39 : 22) Est-ce toi qui donnes la vigueur au cheval, Et qui revêts son cou d'une crinière flottante ?
      20 (39 : 23) Le fais-tu bondir comme la sauterelle ? Son fier hennissement répand la terreur.
      21 (39 : 24) Il creuse le sol et se réjouit de sa force, Il s'élance au-devant des armes ;
      22 (39 : 25) Il se rit de la crainte, il n'a pas peur, Il ne recule pas en face de l'épée.
      23 (39 : 26) Sur lui retentit le carquois, Brillent la lance et le javelot.
      24 (39 : 27) Bouillonnant d'ardeur, il dévore la terre, Il ne peut se contenir au bruit de la trompette.
      25 (39 : 28) Quand la trompette sonne, il dit : En avant ! Et de loin il flaire la bataille, La voix tonnante des chefs et les cris de guerre.
      26 (39 : 29) Est-ce par ton intelligence que l'épervier prend son vol, Et qu'il étend ses ailes vers le midi ?
      27 (39 : 30) Est-ce par ton ordre que l'aigle s'élève, Et qu'il place son nid sur les hauteurs ?
      28 (39 : 31) C'est dans les rochers qu'il habite, qu'il a sa demeure, Sur la cime des rochers, sur le sommet des monts.
      29 (39 : 32) De là il épie sa proie, Il plonge au loin les regards.
      30 (39 : 33) Ses petits boivent le sang ; Et là où sont des cadavres, l'aigle se trouve.

      Job 40

      1 (39 : 34) L'Éternel, s'adressant à Job, dit :
      2 (39 : 35) Celui qui dispute contre le Tout Puissant est-il convaincu ? Celui qui conteste avec Dieu a-t-il une réplique à faire ?
      3 (39 : 36) Job répondit à l'Éternel et dit :
      4 (39 : 37) Voici, je suis trop peu de chose ; que te répliquerais-je ? Je mets la main sur ma bouche.
      5 (39 : 38) J'ai parlé une fois, je ne répondrai plus ; Deux fois, je n'ajouterai rien.
      6 (40 : 1) L'Éternel répondit à Job du milieu de la tempête et dit :
      7 (40 : 2) Ceins tes reins comme un vaillant homme ; Je t'interrogerai, et tu m'instruiras.
      8 (40 : 3) Anéantiras-tu jusqu'à ma justice ? Me condamneras-tu pour te donner droit ?
      9 (40 : 4) As-tu un bras comme celui de Dieu, Une voix tonnante comme la sienne ?
      10 (40 : 5) Orne-toi de magnificence et de grandeur, Revêts-toi de splendeur et de gloire !
      11 (40 : 6) Répands les flots de ta colère, Et d'un regard abaisse les hautains !
      12 (40 : 7) D'un regard humilie les hautains, Écrase sur place les méchants,
      13 (40 : 8) Cache-les tous ensemble dans la poussière, Enferme leur front dans les ténèbres !
      14 (40 : 9) Alors je rends hommage A la puissance de ta droite.
      15 (40 : 10) Voici l'hippopotame, à qui j'ai donné la vie comme à toi ! Il mange de l'herbe comme le boeuf.
      16 (40 : 11) Le voici ! Sa force est dans ses reins, Et sa vigueur dans les muscles de son ventre ;
      17 (40 : 12) Il plie sa queue aussi ferme qu'un cèdre ; Les nerfs de ses cuisses sont entrelacés ;
      18 (40 : 13) Ses os sont des tubes d'airain, Ses membres sont comme des barres de fer.
      19 (40 : 14) Il est la première des oeuvres de Dieu ; Celui qui l'a fait l'a pourvu d'un glaive.
      20 (40 : 15) Il trouve sa pâture dans les montagnes, Où se jouent toutes les bêtes des champs.
      21 (40 : 16) Il se couche sous les lotus, Au milieu des roseaux et des marécages ;
      22 (40 : 17) Les lotus le couvrent de leur ombre, Les saules du torrent l'environnent.
      23 (40 : 18) Que le fleuve vienne à déborder, il ne s'enfuit pas : Que le Jourdain se précipite dans sa gueule, il reste calme.
      24 (40 : 19) Est-ce à force ouverte qu'on pourra le saisir ? Est-ce au moyen de filets qu'on lui percera le nez ?

      Job 41

      1 (40 : 20) Prendras-tu le crocodile à l'hameçon ? Saisiras-tu sa langue avec une corde ?
      2 (40 : 21) Mettras-tu un jonc dans ses narines ? Lui perceras-tu la mâchoire avec un crochet ?
      3 (40 : 22) Te pressera-t-il de supplication ? Te parlera-t-il d'une voix douce ?
      4 (40 : 23) Fera-t-il une alliance avec toi, Pour devenir à toujours ton esclave ?
      5 (40 : 24) Joueras-tu avec lui comme avec un oiseau ? L'attacheras-tu pour amuser tes jeunes filles ?
      6 (40 : 25) Les pêcheurs en trafiquent-ils ? Le partagent-ils entre les marchands ?
      7 (40 : 26) Couvriras-tu sa peau de dards, Et sa tête de harpons ?
      8 (40 : 27) Dresse ta main contre lui, Et tu ne t'aviseras plus de l'attaquer.
      9 (40 : 28) Voici, on est trompé dans son attente ; A son seul aspect n'est-on pas terrassé ?
      10 (41 : 1) Nul n'est assez hardi pour l'exciter ; Qui donc me résisterait en face ?
      11 (41 : 2) De qui suis-je le débiteur ? Je le paierai. Sous le ciel tout m'appartient.
      12 (41 : 3) Je veux encore parler de ses membres, Et de sa force, et de la beauté de sa structure.
      13 (41 : 4) Qui soulèvera son vêtement ? Qui pénétrera entre ses mâchoires ?
      14 (41 : 5) Qui ouvrira les portes de sa gueule ? Autour de ses dents habite la terreur.
      15 (41 : 6) Ses magnifiques et puissants boucliers Sont unis ensemble comme par un sceau ;
      16 (41 : 7) Ils se serrent l'un contre l'autre, Et l'air ne passerait pas entre eux ;
      17 (41 : 8) Ce sont des frères qui s'embrassent, Se saisissent, demeurent inséparables.
      18 (41 : 9) Ses éternuements font briller la lumière ; Ses yeux sont comme les paupières de l'aurore.
      19 (41 : 10) Des flammes jaillissent de sa bouche, Des étincelles de feu s'en échappent.
      20 (41 : 11) Une fumée sort de ses narines, Comme d'un vase qui bout, d'une chaudière ardente.
      21 (41 : 12) Son souffle allume les charbons, Sa gueule lance la flamme.
      22 (41 : 13) La force a son cou pour demeure, Et l'effroi bondit au-devant de lui.
      23 (41 : 14) Ses parties charnues tiennent ensemble, Fondues sur lui, inébranlables.
      24 (41 : 15) Son coeur est dur comme la pierre, Dur comme la meule inférieure.
      25 (41 : 16) Quand il se lève, les plus vaillants ont peur, Et l'épouvante les fait fuir.
      26 (41 : 17) C'est en vain qu'on l'attaque avec l'épée ; La lance, le javelot, la cuirasse, ne servent à rien.
      27 (41 : 18) Il regarde le fer comme de la paille, L'airain comme du bois pourri.
      28 (41 : 19) La flèche ne le met pas en fuite, Les pierres de la fronde sont pour lui du chaume.
      29 (41 : 20) Il ne voit dans la massue qu'un brin de paille, Il rit au sifflement des dards.
      30 (41 : 21) Sous son ventre sont des pointes aiguës : On dirait une herse qu'il étend sur le limon.
      31 (41 : 22) Il fait bouillir le fond de la mer comme une chaudière, Il l'agite comme un vase rempli de parfums.
      32 (41 : 23) Il laisse après lui un sentier lumineux ; L'abîme prend la chevelure d'un vieillard.
      33 (41 : 24) Sur la terre nul n'est son maître ; Il a été créé pour ne rien craindre.
      34 (41 : 25) Il regarde avec dédain tout ce qui est élevé, Il est le roi des plus fiers animaux.

      Job 42

      1 Job répondit à l'Éternel et dit :
      2 Je reconnais que tu peux tout, Et que rien ne s'oppose à tes pensées.
      3 Quel est celui qui a la folie d'obscurcir mes desseins ? -Oui, j'ai parlé, sans les comprendre, De merveilles qui me dépassent et que je ne conçois pas.
      4 Écoute-moi, et je parlerai ; Je t'interrogerai, et tu m'instruiras.
      5 Mon oreille avait entendu parler de toi ; Mais maintenant mon oeil t'a vu.
      6 C'est pourquoi je me condamne et je me repens Sur la poussière et sur la cendre.
      7 Après que l'Éternel eut adressé ces paroles à Job, il dit à Éliphaz de Théman : Ma colère est enflammée contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n'avez pas parlé de moi avec droiture comme l'a fait mon serviteur Job.
      17 Et Job mourut âgé et rassasié de jours.

      Psaumes 1

      1 Heureux l'homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, Qui ne s'arrête pas sur la voie des pécheurs, Et qui ne s'assied pas en compagnie des moqueurs,
      2 Mais qui trouve son plaisir dans la loi de l'Éternel, Et qui la médite jour et nuit !
      3 Il est comme un arbre planté près d'un courant d'eau, Qui donne son fruit en sa saison, Et dont le feuillage ne se flétrit point : Tout ce qu'il fait lui réussit.
      4 Il n'en est pas ainsi des méchants : Ils sont comme la paille que le vent dissipe.
      5 C'est pourquoi les méchants ne résistent pas au jour du jugement, Ni les pécheurs dans l'assemblée des justes ;
      6 Car l'Éternel connaît la voie des justes, Et la voie des pécheurs mène à la ruine.

      Psaumes 50

      7 Écoute, mon peuple ! et je parlerai ; Israël ! et je t'avertirai. Je suis Dieu, ton Dieu.
      8 Ce n'est pas pour tes sacrifices que je te fais des reproches ; Tes holocaustes sont constamment devant moi.
      9 Je ne prendrai pas de taureau dans ta maison, Ni de bouc dans tes bergeries.
      10 Car tous les animaux des forêts sont à moi, Toutes les bêtes des montagnes par milliers ;
      11 Je connais tous les oiseaux des montagnes, Et tout ce qui se meut dans les champs m'appartient.
      12 Si j'avais faim, je ne te le dirais pas, Car le monde est à moi et tout ce qu'il renferme.
      13 Est-ce que je mange la chair des taureaux ? Est-ce que je bois le sang des boucs ?
      14 Offre pour sacrifice à Dieu des actions de grâces, Et accomplis tes voeux envers le Très Haut.
      15 Et invoque-moi au jour de la détresse ; Je te délivrerai, et tu me glorifieras.

      Psaumes 51

      1 (51 : 1) Au chef des chantres. Psaume de David. (51 : 2) Lorsque Nathan, le prophète, vint à lui, après que David fut allé vers Bath Schéba. (51 : 3) O Dieu ! aie pitié de moi dans ta bonté ; Selon ta grande miséricorde, efface mes transgressions ;
      2 (51 : 4) Lave-moi complètement de mon iniquité, Et purifie-moi de mon péché.
      3 (51 : 5) Car je reconnais mes transgressions, Et mon péché est constamment devant moi.
      4 (51 : 6) J'ai péché contre toi seul, Et j'ai fait ce qui est mal à tes yeux, En sorte que tu seras juste dans ta sentence, Sans reproche dans ton jugement.
      5 (51 : 7) Voici, je suis né dans l'iniquité, Et ma mère m'a conçu dans le péché.
      6 (51 : 8) Mais tu veux que la vérité soit au fond du coeur : Fais donc pénétrer la sagesse au dedans de moi !
      7 (51 : 9) Purifie-moi avec l'hysope, et je serai pur ; Lave-moi, et je serai plus blanc que la neige.
      8 (51 : 10) Annonce-moi l'allégresse et la joie, Et les os que tu as brisés se réjouiront.
      9 (51 : 11) Détourne ton regard de mes péchés, Efface toutes mes iniquités.
      10 (51 : 12) O Dieu ! crée en moi un coeur pur, Renouvelle en moi un esprit bien disposé.
      11 (51 : 13) Ne me rejette pas loin de ta face, Ne me retire pas ton esprit saint.
      12 (51 : 14) Rends-moi la joie de ton salut, Et qu'un esprit de bonne volonté me soutienne !
      13 (51 : 15) J'enseignerai tes voies à ceux qui les transgressent, Et les pécheurs reviendront à toi.
      14 (51 : 16) O Dieu, Dieu de mon salut ! délivre-moi du sang versé, Et ma langue célébrera ta miséricorde.
      15 (51 : 17) Seigneur ! ouvre mes lèvres, Et ma bouche publiera ta louange.
      16 (51 : 18) Si tu eusses voulu des sacrifices, je t'en aurais offert ; Mais tu ne prends point plaisir aux holocaustes.
      17 (51 : 19) Les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c'est un esprit brisé : O Dieu ! tu ne dédaignes pas un coeur brisé et contrit.
      18 (51 : 20) Répands par ta grâce tes bienfaits sur Sion, Bâtis les murs de Jérusalem !
      19 (51 : 21) Alors tu agréeras des sacrifices de justice, Des holocaustes et des victimes tout entières ; Alors on offrira des taureaux sur ton autel.

      Esaïe 1

      1 Prophétie d'Ésaïe, fils d'Amots, sur Juda et Jérusalem, au temps d'Ozias, de Jotham, d'Achaz, d'Ézéchias, rois de Juda.
      2 Cieux, écoutez ! terre, prête l'oreille ! Car l'Éternel parle. J'ai nourri et élevé des enfants, Mais ils se sont révoltés contre moi.
      3 Le boeuf connaît son possesseur, Et l'âne la crèche de son maître : Israël ne connaît rien, Mon peuple n'a point d'intelligence.
      4 Malheur à la nation pécheresse, au peuple chargé d'iniquités, A la race des méchants, aux enfants corrompus ! Ils ont abandonné l'Éternel, ils ont méprisé le Saint d'Israël. Ils se sont retirés en arrière...
      5 Quels châtiments nouveaux vous infliger, Quand vous multipliez vos révoltes ? La tête entière est malade, Et tout le coeur est souffrant.
      6 De la plante du pied jusqu'à la tête, rien n'est en bon état : Ce ne sont que blessures, contusions et plaies vives, Qui n'ont été ni pansées, ni bandées, Ni adoucies par l'huile.
      7 Votre pays est dévasté, Vos villes sont consumées par le feu, Des étrangers dévorent vos campagnes sous vos yeux, Ils ravagent et détruisent, comme des barbares.
      8 Et la fille de Sion est restée Comme une cabane dans une vigne, Comme une hutte dans un champ de concombres, Comme une ville épargnée.
      9 Si l'Éternel des armées Ne nous eût conservé un faible reste, Nous serions comme Sodome, Nous ressemblerions à Gomorrhe.
      10 Écoutez la parole de l'Éternel, chefs de Sodome ! Prête l'oreille à la loi de notre Dieu, peuple de Gomorrhe !
      11 Qu'ai-je affaire de la multitude de vos sacrifices ? dit l'Éternel. Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux ; Je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs.
      12 Quand vous venez vous présenter devant moi, Qui vous demande de souiller mes parvis ?
      13 Cessez d'apporter de vaines offrandes : J'ai en horreur l'encens, Les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées ; Je ne puis voir le crime s'associer aux solennités.
      14 Mon âme hait vos nouvelles lunes et vos fêtes ; Elles me sont à charge ; Je suis las de les supporter.
      15 Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux ; Quand vous multipliez les prières, je n'écoute pas : Vos mains sont pleines de sang.
      16 Lavez-vous, purifiez-vous, Otez de devant mes yeux la méchanceté de vos actions ; Cessez de faire le mal.
      17 Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, Protégez l'opprimé ; Faites droit à l'orphelin, Défendez la veuve.
      18 Venez et plaidons ! dit l'Éternel. Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ; S'ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine.
      19 Si vous avez de la bonne volonté et si vous êtes dociles, Vous mangerez les meilleures productions du pays ;
      20 Mais si vous résistez et si vous êtes rebelles, Vous serez dévorés par le glaive, Car la bouche de l'Éternel a parlé.
      21 Quoi donc ! la cité fidèle est devenue une prostituée ! Elle était remplie d'équité, la justice y habitait, Et maintenant il y a des assassins !
      22 Ton argent s'est changé en scories, Ton vin a été coupé d'eau.
      23 Tes chefs sont rebelles et complices des voleurs, Tous aiment les présents et courent après les récompenses ; Ils ne font pas droit à l'orphelin, Et la cause de la veuve ne vient pas jusqu'à eux.
      24 C'est pourquoi voici ce que dit le Seigneur, l'Éternel des armées, Le Fort d'Israël : Ah ! je tirerai satisfaction de mes adversaires, Et je me vengerai de mes ennemis.
      25 Je porterai ma main sur toi, Je fondrai tes scories, comme avec de la potasse, Et j'enlèverai toutes tes parcelles de plomb.
      26 Je rétablirai tes juges tels qu'ils étaient autrefois, Et tes conseillers tels qu'ils étaient au commencement. Après cela, on t'appellera ville de la justice, Cité fidèle.
      27 Sion sera sauvée par la droiture, Et ceux qui s'y convertiront seront sauvés par la justice.
      28 Mais la ruine atteindra tous les rebelles et les pécheurs, Et ceux qui abandonnent l'Éternel périront.
      29 On aura honte à cause des térébinthes auxquels vous prenez plaisir, Et vous rougirez à cause des jardins dont vous faites vos délices ;
      30 Car vous serez comme un térébinthe au feuillage flétri, Comme un jardin qui n'a pas d'eau.
      31 L'homme fort sera comme de l'étoupe, Et son oeuvre comme une étincelle ; Ils brûleront l'un et l'autre ensemble, Et il n'y aura personne pour éteindre.

      Esaïe 2

      12 Car il y a un jour pour l'Éternel des armées Contre tout homme orgueilleux et hautain, Contre quiconque s'élève, afin qu'il soit abaissé ;
      18 Toutes les idoles disparaîtront.
      21 Et ils entreront dans les fentes des rochers Et dans les creux des pierres, Pour éviter la terreur de l'Éternel et l'éclat de sa majesté, Quand il se lèvera pour effrayer la terre.

      Esaïe 3

      14 L'Éternel entre en jugement Avec les anciens de son peuple et avec ses chefs : Vous avez brouté la vigne ! La dépouille du pauvre est dans vos maisons !

      Esaïe 4

      3 Et les restes de Sion, les restes de Jérusalem, Seront appelés saints, Quiconque à Jérusalem sera inscrit parmi les vivants,

      Esaïe 5

      1 Je chanterai à mon bien-aimé Le cantique de mon bien-aimé sur sa vigne. Mon bien-aimé avait une vigne, Sur un coteau fertile.
      4 Qu'y avait-il encore à faire à ma vigne, Que je n'aie pas fait pour elle ? Pourquoi, quand j'ai espéré qu'elle produirait de bons raisins, En a-t-elle produit de mauvais ?
      8 Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, Et qui joignent champ à champ, Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'espace, Et qu'ils habitent seuls au milieu du pays !
      16 L'Éternel des armées sera élevé par le jugement, Et le Dieu saint sera sanctifié par la justice.
      19 Et qui disent : Qu'il hâte, qu'il accélère son oeuvre, Afin que nous la voyions ! Que le décret du Saint d'Israël arrive et s'exécute, Afin que nous le connaissions !
      24 C'est pourquoi, comme une langue de feu dévore le chaume, Et comme la flamme consume l'herbe sèche, Ainsi leur racine sera comme de la pourriture, Et leur fleur se dissipera comme de la poussière ; Car ils ont dédaigné la loi de l'Éternel des armées, Et ils ont méprisé la parole du Saint d'Israël.

      Esaïe 6

      1 L'année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple.
      2 Des séraphins se tenaient au-dessus de lui ; ils avaient chacun six ailes ; deux dont ils se couvraient la face, deux dont ils se couvraient les pieds, et deux dont ils se servaient pour voler.
      3 Ils criaient l'un à l'autre, et disaient : Saint, saint, saint est l'Éternel des armées ! toute la terre est pleine de sa gloire !
      4 Les portes furent ébranlées dans leurs fondements par la voix qui retentissait, et la maison se remplit de fumée.
      5 Alors je dis : Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j'habite au milieu d'un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l'Éternel des armées.
      6 Mais l'un des séraphins vola vers moi, tenant à la main une pierre ardente, qu'il avait prise sur l'autel avec des pincettes.
      7 Il en toucha ma bouche, et dit : Ceci a touché tes lèvres ; ton iniquité est enlevée, et ton péché est expié.
      8 J'entendis la voix du Seigneur, disant : Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous ? Je répondis : Me voici, envoie-moi.
      9 Il dit alors : Va, et dis à ce peuple : Vous entendrez, et vous ne comprendrez point ; Vous verrez, et vous ne saisirez point.
      10 Rends insensible le coeur de ce peuple, Endurcis ses oreilles, et bouche-lui les yeux, Pour qu'il ne voie point de ses yeux, n'entende point de ses oreilles, Ne comprenne point de son coeur, Ne se convertisse point et ne soit point guéri.
      11 Je dis : Jusqu'à quand, Seigneur ? Et il répondit : Jusqu'à ce que les villes soient dévastées Et privées d'habitants ; Jusqu'à ce qu'il n'y ait personne dans les maisons, Et que le pays soit ravagé par la solitude ;
      12 Jusqu'à ce que l'Éternel ait éloigné les hommes, Et que le pays devienne un immense désert,
      13 Et s'il y reste encore un dixième des habitants, Ils seront à leur tour anéantis. Mais, comme le térébinthe et le chêne Conservent leur tronc quand ils sont abattus, Une sainte postérité renaîtra de ce peuple.

      Esaïe 8

      1 L'Éternel me dit : Prends une grande table, et écris dessus, d'une manière intelligible : Qu'on se hâte de piller, qu'on se précipite sur le butin.
      6 Parce que ce peuple a méprisé les eaux de Siloé qui coulent doucement Et qu'il s'est réjoui au sujet de Retsin et du fils de Remalia, Voici, le Seigneur va faire monter
      11 Ainsi m'a parlé l'Éternel, quand sa main me saisit, Et qu'il m'avertit de ne pas marcher dans la voie de ce peuple :
      12 N'appelez pas conjuration tout ce que ce peuple appelle conjuration ; Ne craignez pas ce qu'il craint, et ne soyez pas effrayés.
      13 C'est l'Éternel des armées que vous devez sanctifier, C'est lui que vous devez craindre et redouter.
      14 Et il sera un sanctuaire, Mais aussi une pierre d'achoppement, Un rocher de scandale pour les deux maisons d'Israël, Un filet et un piège Pour les habitants de Jérusalem.
      16 Enveloppe cet oracle, Scelle cette révélation, parmi mes disciples. -
      18 Voici, moi et les enfants que l'Éternel m'a donnés, Nous sommes des signes et des présages en Israël, De la part de l'Éternel des armées, Qui habite sur la montagne de Sion.
      20 A la loi et au témoignage ! Si l'on ne parle pas ainsi, Il n'y aura point d'aurore pour le peuple.

      Esaïe 10

      1 Malheur à ceux qui prononcent des ordonnances iniques, Et à ceux qui transcrivent des arrêts injustes,
      5 Malheur à l'Assyrien, verge de ma colère ! La verge dans sa main, c'est l'instrument de ma fureur.
      17 La lumière d'Israël deviendra un feu, Et son Saint une flamme, Qui consumera et dévorera ses épines et ses ronces, En un seul jour ;
      20 En ce jour-là, Le reste d'Israël et les réchappés de la maison de Jacob, Cesseront de s'appuyer sur celui qui les frappait ; Ils s'appuieront avec confiance sur l'Éternel, le Saint d'Israël.
      22 Quand ton peuple, ô Israël, serait comme le sable de la mer, Un reste seulement reviendra ; La destruction est résolue, elle fera déborder la justice.

      Esaïe 11

      1 Puis un rameau sortira du tronc d'Isaï, Et un rejeton naîtra de ses racines.
      2 L'Esprit de l'Éternel reposera sur lui : Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l'Éternel.
      3 Il respirera la crainte de l'Éternel ; Il ne jugera point sur l'apparence, Il ne prononcera point sur un ouï-dire.
      4 Mais il jugera les pauvres avec équité, Et il prononcera avec droiture sur les malheureux de la terre ; Il frappera la terre de sa parole comme d'une verge, Et du souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant.
      5 La justice sera la ceinture de ses flancs, Et la fidélité la ceinture de ses reins.
      6 Le loup habitera avec l'agneau, Et la panthère se couchera avec le chevreau ; Le veau, le lionceau, et le bétail qu'on engraisse, seront ensemble, Et un petit enfant les conduira.
      7 La vache et l'ourse auront un même pâturage, Leurs petits un même gîte ; Et le lion, comme le boeuf, mangera de la paille.
      8 Le nourrisson s'ébattra sur l'antre de la vipère, Et l'enfant sevré mettra sa main dans la caverne du basilic.
      9 Il ne se fera ni tort ni dommage Sur toute ma montagne sainte ; Car la terre sera remplie de la connaissance de l'Éternel, Comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent.
      10 En ce jour, le rejeton d'Isaï Sera là comme une bannière pour les peuples ; Les nations se tourneront vers lui, Et la gloire sera sa demeure.
      11 Dans ce même temps, le Seigneur étendra une seconde fois sa main, Pour racheter le reste de son peuple, Dispersé en Assyrie et en Égypte, A Pathros et en Éthiopie, A Élam, à Schinear et à Hamath, Et dans les îles de la mer.
      12 Il élèvera une bannière pour les nations, Il rassemblera les exilés d'Israël, Et il recueillera les dispersés de Juda, Des quatre extrémités de la terre.
      13 La jalousie d'Éphraïm disparaîtra, Et ses ennemis en Juda seront anéantis ; Éphraïm ne sera plus jaloux de Juda, Et Juda ne sera plus hostile à Éphraïm.
      14 Ils voleront sur l'épaule des Philistins à l'occident, Ils pilleront ensemble les fils de l'Orient ; Édom et Moab seront la proie de leurs mains, Et les fils d'Ammon leur seront assujettis.
      15 L'Éternel desséchera la langue de la mer d'Égypte, Et il lèvera sa main sur le fleuve, en soufflant avec violence : Il le partagera en sept canaux, Et on le traversera avec des souliers.
      16 Et il y aura une route pour le reste de son peuple, Qui sera échappé de l'Assyrie, Comme il y en eut une pour Israël, Le jour où il sortit du pays d'Égypte.

      Esaïe 12

      6 Pousse des cris de joie et d'allégresse, habitant de Sion ! Car il est grand au milieu de toi, le Saint d'Israël.

      Esaïe 17

      7 En ce jour, l'homme regardera vers son créateur, Et ses yeux se tourneront vers le Saint d'Israël ;

      Esaïe 22

      11 Vous faites un réservoir entre les deux murs, Pour les eaux de l'ancien étang. Mais vous ne regardez pas vers celui qui a voulu ces choses, Vous ne voyez pas celui qui les a préparées de loin.
      12 Le Seigneur, l'Éternel des armées, vous appelle en ce jour A pleurer et à vous frapper la poitrine, A vous raser la tête et à ceindre le sac.

      Esaïe 24

      6 C'est pourquoi la malédiction dévore le pays, Et ses habitants portent la peine de leurs crimes ; C'est pourquoi les habitants du pays sont consumés, Et il n'en reste qu'un petit nombre.
      9 On ne boit plus de vin en chantant ; Les liqueurs fortes sont amères au buveur.
      11 On crie dans les rues, parce que le vin manque ; Toute réjouissance a disparu, L'allégresse est bannie du pays.

      Esaïe 26

      1 En ce jour, on chantera ce cantique dans le pays de Juda : Nous avons une ville forte ; Il nous donne le salut pour murailles et pour rempart.

      Esaïe 28

      1 Malheur à la couronne superbe des ivrognes d'Éphraïm, A la fleur fanée, qui fait l'éclat de sa parure, Sur la cime de la fertile vallée de ceux qui s'enivrent !
      16 C'est pourquoi ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : Voici, j'ai mis pour fondement en Sion une pierre, Une pierre éprouvée, une pierre angulaire de prix, solidement posée ; Celui qui la prendra pour appui n'aura point hâte de fuir.

      Esaïe 29

      15 Malheur à ceux qui cachent leurs desseins Pour les dérober à l'Éternel, Qui font leurs oeuvres dans les ténèbres, Et qui disent : Qui nous voit et qui nous connaît ?
      19 Les malheureux se réjouiront de plus en plus en l'Éternel, Et les pauvres feront du Saint d'Israël le sujet de leur allégresse.
      23 Car, lorsque ses enfants verront au milieu d'eux l'oeuvre de mes mains, Ils sanctifieront mon nom ; Ils sanctifieront le Saint de Jacob, Et ils craindront le Dieu d'Israël ;

      Esaïe 30

      11 Détournez-vous du chemin, Écartez-vous du sentier, Éloignez de notre présence le Saint d'Israël !
      22 Vous tiendrez pour souillés l'argent qui recouvre vos idoles, Et l'or dont elles sont revêtues ; Tu en disperseras les débris comme une impureté : Hors d'ici ! leur diras-tu.

      Esaïe 31

      1 Malheur à ceux qui descendent en Égypte pour avoir du secours, Qui s'appuient sur des chevaux, Et se fient à la multitude des chars et à la force des cavaliers, Mais qui ne regardent pas vers le Saint d'Israël, Et ne recherchent pas l'Éternel !
      4 Car ainsi m'a parlé l'Éternel : Comme le lion, comme le lionceau rugit sur sa proie, Et, malgré tous les bergers rassemblés contre lui, Ne se laisse ni effrayer par leur voix, Ni intimider par leur nombre ; De même l'Éternel des armées descendra Pour combattre sur la montagne de Sion et sur sa colline.
      9 Son rocher s'enfuira d'épouvante, Et ses chefs trembleront devant la bannière, Dit l'Éternel, qui a son feu dans Sion Et sa fournaise dans Jérusalem.

      Esaïe 37

      23 Qui as-tu insulté et outragé ? Contre qui as-tu élevé la voix ? Tu as porté tes yeux en haut Sur le Saint d'Israël.
      26 N'as-tu pas appris que j'ai préparé ces choses de loin, Et que je les ai résolues dès les temps anciens ? Maintenant j'ai permis qu'elles s'accomplissent, Et que tu réduisisses des villes fortes en monceaux de ruines.

      Esaïe 40

      1 Consolez, consolez mon peuple, Dit votre Dieu.
      3 Une voix crie : Préparez au désert le chemin de l'Éternel, Aplanissez dans les lieux arides Une route pour notre Dieu.
      27 Pourquoi dis-tu, Jacob, Pourquoi dis-tu, Israël : Ma destinée est cachée devant l'Éternel, Mon droit passe inaperçu devant mon Dieu ?

      Esaïe 41

      1 Iles, faites silence pour m'écouter ! Que les peuples raniment leur force, Qu'ils avancent, et qu'ils parlent ! Approchons pour plaider ensemble.
      2 Qui a suscité de l'orient Celui que le salut appelle à sa suite ? Qui lui a livré les nations et assujetti des rois ? Qui a réduit leur glaive en poussière, Et leur arc en un chaume qui s'envole ?
      3 Il s'est mis à leur poursuite, il a parcouru avec bonheur Un chemin que son pied n'avait jamais foulé.
      4 Qui a fait et exécuté ces choses ? C'est celui qui a appelé les générations dès le commencement, Moi, l'Éternel, le premier Et le même jusqu'aux derniers âges.
      5 Les îles le voient, et sont dans la crainte, Les extrémités de la terre tremblent : Ils s'approchent, ils viennent.
      6 Ils s'aident l'un l'autre, Et chacun dit à son frère : Courage !
      7 Le sculpteur encourage le fondeur ; Celui qui polit au marteau encourage celui qui frappe sur l'enclume ; Il dit de la soudure : Elle est bonne ! Et il fixe l'idole avec des clous, pour qu'elle ne branle pas.
      8 Mais toi, Israël, mon serviteur, Jacob, que j'ai choisi, Race d'Abraham que j'ai aimé !
      9 Toi, que j'ai pris aux extrémités de la terre, Et que j'ai appelé d'une contrée lointaine, A qui j'ai dit : Tu es mon serviteur, Je te choisis, et ne te rejette point !
      10 Ne crains rien, car je suis avec toi ; Ne promène pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu ; Je te fortifie, je viens à ton secours, Je te soutiens de ma droite triomphante.
      11 Voici, ils seront confondus, ils seront couverts de honte, Tous ceux qui sont irrités contre toi ; Ils seront réduits à rien, ils périront, Ceux qui disputent contre toi.
      12 Tu les chercheras, et ne les trouveras plus, Ceux qui te suscitaient querelle ; Ils seront réduits à rien, réduits au néant, Ceux qui te faisaient la guerre.
      13 Car je suis l'Éternel, ton Dieu, Qui fortifie ta droite, Qui te dis : Ne crains rien, Je viens à ton secours.
      14 Ne crains rien, vermisseau de Jacob, Faible reste d'Israël ; Je viens à ton secours, dit l'Éternel, Et le Saint d'Israël est ton sauveur.
      15 Voici, je fais de toi un traîneau aigu, tout neuf, Garni de pointes ; Tu écraseras, tu broieras les montagnes, Et tu rendras les collines semblables à de la balle.
      16 Tu les vanneras, et le vent les emportera, Et un tourbillon les dispersera. Mais toi, tu te réjouiras en l'Éternel, Tu mettras ta gloire dans le Saint d'Israël.
      17 Les malheureux et les indigents cherchent de l'eau, et il n'y en a point ; Leur langue est desséchée par la soif. Moi, l'Éternel, je les exaucerai ; Moi, le Dieu d'Israël, je ne les abandonnerai pas.
      18 Je ferai jaillir des fleuves sur les collines, Et des sources au milieu des vallées ; Je changerai le désert en étang, Et la terre aride en courants d'eau ;
      19 Je mettrai dans le désert le cèdre, l'acacia, Le myrte et l'olivier ; Je mettrai dans les lieux stériles Le cyprès, l'orme et le buis, tous ensemble ;
      20 Afin qu'ils voient, qu'ils sachent, Qu'ils observent et considèrent Que la main de l'Éternel a fait ces choses, Que le Saint d'Israël en est l'auteur.
      21 Plaidez votre cause, Dit l'Éternel ; Produisez vos moyens de défense, Dit le roi de Jacob.
      22 Qu'ils les produisent, et qu'ils nous déclarent Ce qui doit arriver. Quelles sont les prédictions que jadis vous avez faites ? Dites-le, pour que nous y prenions garde, Et que nous en reconnaissions l'accomplissement ; Ou bien, annoncez-nous l'avenir.
      23 Dites ce qui arrivera plus tard, Pour que nous sachions si vous êtes des dieux ; Faites seulement quelque chose de bien ou de mal, Pour que nous le voyions et le regardions ensemble.
      24 Voici, vous n'êtes rien, Et votre oeuvre est le néant ; C'est une abomination que de se complaire en vous.
      25 Je l'ai suscité du septentrion, et il est venu ; De l'orient, il invoque mon nom ; Il foule les puissants comme de la boue, Comme de l'argile que foule un potier.
      26 Qui l'a annoncé dès le commencement, pour que nous le sachions, Et longtemps d'avance, pour que nous disions : C'est vrai ? Nul ne l'a annoncé, nul ne l'a prédit, Et personne n'a entendu vos paroles.
      27 C'est moi le premier qui ai dit à Sion : Les voici, les voici ! Et à Jérusalem : J'envoie un messager de bonnes nouvelles !
      28 Je regarde, et il n'y a personne, Personne parmi eux qui prophétise, Et qui puisse répondre, si je l'interroge.
      29 Voici, ils ne sont tous que vanité, Leurs oeuvres ne sont que néant, Leurs idoles ne sont qu'un vain souffle.

      Esaïe 42

      1 Voici mon serviteur, que je soutiendrai, Mon élu, en qui mon âme prend plaisir. J'ai mis mon esprit sur lui ; Il annoncera la justice aux nations.
      2 Il ne criera point, il n'élèvera point la voix, Et ne la fera point entendre dans les rues.
      3 Il ne brisera point le roseau cassé, Et il n'éteindra point la mèche qui brûle encore ; Il annoncera la justice selon la vérité.
      4 Il ne se découragera point et ne se relâchera point, Jusqu'à ce qu'il ait établi la justice sur la terre, Et que les îles espèrent en sa loi.
      5 Ainsi parle Dieu, l'Éternel, Qui a créé les cieux et qui les a déployés, Qui a étendu la terre et ses productions, Qui a donné la respiration à ceux qui la peuplent, Et le souffle à ceux qui y marchent.
      6 Moi, l'Éternel, je t'ai appelé pour le salut, Et je te prendrai par la main, Je te garderai, et je t'établirai pour traiter alliance avec le peuple, Pour être la lumière des nations,
      7 Pour ouvrir les yeux des aveugles, Pour faire sortir de prison le captif, Et de leur cachot ceux qui habitent dans les ténèbres.
      8 Je suis l'Éternel, c'est là mon nom ; Et je ne donnerai pas ma gloire à un autre, Ni mon honneur aux idoles.
      9 Voici, les premières choses se sont accomplies, Et je vous en annonce de nouvelles ; Avant qu'elles arrivent, je vous les prédis.
      10 Chantez à l'Éternel un cantique nouveau, Chantez ses louanges aux extrémités de la terre, Vous qui voguez sur la mer et vous qui la peuplez, Iles et habitants des îles !
      11 Que le désert et ses villes élèvent la voix ! Que les villages occupés par Kédar élèvent la voix ! Que les habitants des rochers tressaillent d'allégresse ! Que du sommet des montagnes retentissent des cris de joie !
      12 Qu'on rende gloire à l'Éternel, Et que dans les îles on publie ses louanges !
      13 L'Éternel s'avance comme un héros, Il excite son ardeur comme un homme de guerre ; Il élève la voix, il jette des cris, Il manifeste sa force contre ses ennemis.
      14 J'ai longtemps gardé le silence, je me suis tu, je me suis contenu ; Je crierai comme une femme en travail, Je serai haletant et je soufflerai tout à la fois.
      15 Je ravagerai montagnes et collines, Et j'en dessécherai toute la verdure ; Je changerai les fleuves en terre ferme, Et je mettrai les étangs à sec.
      16 Je ferai marcher les aveugles sur un chemin qu'ils ne connaissent pas, Je les conduirai par des sentiers qu'ils ignorent ; Je changerai devant eux les ténèbres en lumière, Et les endroits tortueux en plaine : Voilà ce que je ferai, et je ne les abandonnerai point.
      17 Ils reculeront, ils seront confus, Ceux qui se confient aux idoles taillées, Ceux qui disent aux idoles de fonte : Vous êtes nos dieux !
      18 Sourds, écoutez ! Aveugles, regardez et voyez !
      19 Qui est aveugle, sinon mon serviteur, Et sourd comme mon messager que j'envoie ? Qui est aveugle, comme l'ami de Dieu, Aveugle comme le serviteur de l'Éternel ?
      20 Tu as vu beaucoup de choses, mais tu n'y as point pris garde ; On a ouvert les oreilles, mais on n'a point entendu.
      21 L'Éternel a voulu, pour le bonheur d'Israël, Publier une loi grande et magnifique.
      22 Et c'est un peuple pillé et dépouillé ! On les a tous enchaînés dans des cavernes, Plongés dans des cachots ; Ils ont été mis au pillage, et personne qui les délivre ! Dépouillés, et personne qui dise : Restitue !
      23 Qui parmi vous prêtera l'oreille à ces choses ? Qui voudra s'y rendre attentif et écouter à l'avenir ?
      24 Qui a livré Jacob au pillage, Et Israël aux pillards ? N'est-ce pas l'Éternel ? Nous avons péché contre lui. Ils n'ont point voulu marcher dans ses voies, Et ils n'ont point écouté sa loi.
      25 Aussi a-t-il versé sur Israël l'ardeur de sa colère Et la violence de la guerre ; La guerre l'a embrasé de toutes parts, et il n'a point compris ; Elle l'a consumé, et il n'y a point pris garde.

      Esaïe 43

      1 Ainsi parle maintenant l'Éternel, qui t'a créé, ô Jacob ! Celui qui t'a formé, ô Israël ! Ne crains rien, car je te rachète, Je t'appelle par ton nom : tu es à moi !
      3 Car je suis l'Éternel, ton Dieu, Le Saint d'Israël, ton sauveur ; Je donne l'Égypte pour ta rançon, L'Éthiopie et Saba à ta place.
      5 Ne crains rien, car je suis avec toi ; Je ramènerai de l'orient ta race, Et je te rassemblerai de l'occident.
      9 Que toutes les nations se rassemblent, Et que les peuples se réunissent. Qui d'entre eux a annoncé ces choses ? Lesquels nous ont fait entendre les premières prédictions ? Qu'ils produisent leurs témoins et établissent leur droit ; Qu'on écoute et qu'on dise : C'est vrai !

      Esaïe 44

      3 Car je répandrai des eaux sur le sol altéré, Et des ruisseaux sur la terre desséchée ; Je répandrai mon esprit sur ta race, Et ma bénédiction sur tes rejetons.
      21 Souviens-toi de ces choses, ô Jacob ! O Israël ! car tu es mon serviteur ; Je t'ai formé, tu es mon serviteur ; Israël, je ne t'oublierai pas.
      25 J'anéantis les signes des prophètes de mensonge, Et je proclame insensés les devins ; Je fais reculer les sages, Et je tourne leur science en folie.
      26 Je confirme la parole de mon serviteur, Et j'accomplis ce que prédisent mes envoyés ; Je dis de Jérusalem : Elle sera habitée, Et des villes de Juda : Elles seront rebâties ; Et je relèverai leurs ruines.
      28 Je dis de Cyrus : Il est mon berger, Et il accomplira toute ma volonté ; Il dira de Jérusalem : Qu'elle soit rebâtie ! Et du temple : Qu'il soit fondé !

      Esaïe 45

      1 Ainsi parle l'Éternel à son oint, à Cyrus,
      6 C'est afin que l'on sache, du soleil levant au soleil couchant, Que hors moi il n'y a point de Dieu : Je suis l'Éternel, et il n'y en a point d'autre.
      14 Ainsi parle l'Éternel : Les gains de l'Égypte et les profits de l'Éthiopie, Et ceux des Sabéens à la taille élevée, Passeront chez toi et seront à toi ; Ces peuples marcheront à ta suite, Ils passeront enchaînés, Ils se prosterneront devant toi, et te diront en suppliant : C'est auprès de toi seulement que se trouve Dieu, Et il n'y a point d'autre Dieu que lui.
      16 Ils sont tous honteux et confus, Ils s'en vont tous avec ignominie, Les fabricateurs d'idoles.

      Esaïe 46

      1 Bel s'écroule, Nebo tombe ; On met leurs idoles sur des animaux, sur des bêtes ; Vous les portiez, et les voilà chargées, Devenues un fardeau pour l'animal fatigué !

      Esaïe 48

      13 Ma main a fondé la terre, Et ma droite a étendu les cieux : Je les appelle, et aussitôt ils se présentent.
      16 Approchez-vous de moi, et écoutez ! Dès le commencement, je n'ai point parlé en cachette, Dès l'origine de ces choses, j'ai été là. Et maintenant, le Seigneur, l'Éternel, m'a envoyé avec son esprit.

      Esaïe 49

      1 Iles, écoutez-moi ! Peuples lointains, soyez attentifs ! L'Éternel m'a appelé dès ma naissance, Il m'a nommé dès ma sortie des entrailles maternelles.
      2 Il a rendu ma bouche semblable à un glaive tranchant, Il m'a couvert de l'ombre de sa main ; Il a fait de moi une flèche aiguë, Il m'a caché dans son carquois.
      3 Et il m'a dit : Tu es mon serviteur, Israël en qui je me glorifierai.
      4 Et moi j'ai dit : C'est en vain que j'ai travaillé, C'est pour le vide et le néant que j'ai consumé ma force ; Mais mon droit est auprès de l'Éternel, Et ma récompense auprès de mon Dieu.
      5 Maintenant, l'Éternel parle, Lui qui m'a formé dès ma naissance Pour être son serviteur, Pour ramener à lui Jacob, Et Israël encore dispersé ; Car je suis honoré aux yeux de l'Éternel, Et mon Dieu est ma force.
      6 Il dit : C'est peu que tu sois mon serviteur Pour relever les tribus de Jacob Et pour ramener les restes d'Israël : Je t'établis pour être la lumière des nations, Pour porter mon salut jusqu'aux extrémités de la terre.
      7 Ainsi parle l'Éternel, le rédempteur, le Saint d'Israël, A celui qu'on méprise, qui est en horreur au peuple, A l'esclave des puissants : Des rois le verront, et ils se lèveront, Des princes, et ils se prosterneront, A cause de l'Éternel, qui est fidèle, Du Saint d'Israël, qui t'a choisi.
      8 Ainsi parle l'Éternel : Au temps de la grâce je t'exaucerai, Et au jour du salut je te secourrai ; Je te garderai, et je t'établirai pour traiter alliance avec le peuple, Pour relever le pays, Et pour distribuer les héritages désolés ;
      9 Pour dire aux captifs : Sortez ! Et à ceux qui sont dans les ténèbres : Paraissez ! Ils paîtront sur les chemins, Et ils trouveront des pâturages sur tous les coteaux.
      10 Ils n'auront pas faim et ils n'auront pas soif ; Le mirage et le soleil ne les feront point souffrir ; Car celui qui a pitié d'eux sera leur guide, Et il les conduira vers des sources d'eaux.
      11 Je changerai toutes mes montagnes en chemins, Et mes routes seront frayées.
      12 Les voici, ils viennent de loin, Les uns du septentrion et de l'occident, Les autres du pays de Sinim.
      13 Cieux, réjouissez-vous ! Terre, sois dans l'allégresse ! Montagnes, éclatez en cris de joie ! Car l'Éternel console son peuple, Il a pitié de ses malheureux.
      14 Sion disait : L'Éternel m'abandonne, Le Seigneur m'oublie ! -
      15 Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaite ? N'a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles ? Quand elle l'oublierait, Moi je ne t'oublierai point.
      16 Voici, je t'ai gravée sur mes mains ; Tes murs sont toujours devant mes yeux.
      17 Tes fils accourent ; Ceux qui t'avaient détruite et ravagée Sortiront du milieu de toi.
      18 Porte tes yeux alentour, et regarde : Tous ils s'assemblent, ils viennent vers toi. Je suis vivant ! dit l'Éternel, Tu les revêtiras tous comme une parure, Tu t'en ceindras comme une fiancée.
      19 Dans tes places ravagées et désertes, Dans ton pays ruiné, Tes habitants seront désormais à l'étroit ; Et ceux qui te dévoraient s'éloigneront.
      20 Ils répéteront à tes oreilles, Ces fils dont tu fus privée : L'espace est trop étroit pour moi ; Fais-moi de la place, pour que je puisse m'établir.
      21 Et tu diras en ton coeur : Qui me les a engendrés ? Car j'étais sans enfants, j'étais stérile. J'étais exilée, répudiée : qui les a élevés ? J'étais restée seule : ceux-ci, où étaient-ils ?
      22 Ainsi a parlé le Seigneur, l'Éternel : Voici : Je lèverai ma main vers les nations, Je dresserai ma bannière vers les peuples ; Et ils ramèneront tes fils entre leurs bras, Ils porteront tes filles sur les épaules.
      23 Des rois seront tes nourriciers, et leurs princesses tes nourrices ; Ils se prosterneront devant toi la face contre terre, Et ils lécheront la poussière de tes pieds, Et tu sauras que je suis l'Éternel, Et que ceux qui espèrent en moi ne seront point confus.
      24 Le butin du puissant lui sera-t-il enlevé ? Et la capture faite sur le juste échappera-t-elle ? -
      25 Oui, dit l'Éternel, la capture du puissant lui sera enlevée, Et le butin du tyran lui échappera ; Je combattrai tes ennemis, Et je sauverai tes fils.
      26 Je ferai manger à tes oppresseurs leur propre chair ; Ils s'enivreront de leur sang comme du moût ; Et toute chair saura que je suis l'Éternel, ton sauveur, Ton rédempteur, le puissant de Jacob.

      Esaïe 51

      1 Écoutez-moi, vous qui poursuivez la justice, Qui cherchez l'Éternel ! Portez les regards sur le rocher d'où vous avez été taillés, Sur le creux de la fosse d'où vous avez été tirés.
      2 Portez les regards sur Abraham votre père, Et sur Sara qui vous a enfantés ; Car lui seul je l'ai appelé, Je l'ai béni et multiplié.
      3 Ainsi l'Éternel a pitié de Sion, Il a pitié de toutes ses ruines ; Il rendra son désert semblable à un Éden, Et sa terre aride à un jardin de l'Éternel. La joie et l'allégresse se trouveront au milieu d'elle, Les actions de grâces et le chant des cantiques.
      4 Mon peuple, sois attentif ! Ma nation, prête-moi l'oreille ! Car la loi sortira de moi, Et j'établirai ma loi pour être la lumière des peuples.
      5 Ma justice est proche, mon salut va paraître, Et mes bras jugeront les peuples ; Les îles espéreront en moi, Elles se confieront en mon bras.
      6 Levez les yeux vers le ciel, et regardez en bas sur la terre ! Car les cieux s'évanouiront comme une fumée, La terre tombera en lambeaux comme un vêtement, Et ses habitants périront comme des mouches ; Mais mon salut durera éternellement, Et ma justice n'aura point de fin.
      7 Écoutez-moi, vous qui connaissez la justice, Peuple, qui as ma loi dans ton coeur ! Ne craignez pas l'opprobre des hommes, Et ne tremblez pas devant leurs outrages.
      8 Car la teigne les dévorera comme un vêtement, Et la gerce les rongera comme de la laine ; Mais ma justice durera éternellement, Et mon salut s'étendra d'âge en âge.
      9 Réveille-toi, réveille-toi ! revêts-toi de force, bras de l'Éternel ! Réveille-toi, comme aux jours d'autrefois, Dans les anciens âges ! N'est-ce pas toi qui abattis l'Égypte, Qui transperças le monstre ?
      10 N'est-ce pas toi qui mis à sec la mer, Les eaux du grand abîme, Qui frayas dans les profondeurs de la mer Un chemin pour le passage des rachetés ?
      11 Ainsi les rachetés de l'Éternel retourneront, Ils iront à Sion avec chants de triomphe, Et une joie éternelle couronnera leur tête ; L'allégresse et la joie s'approcheront, La douleur et les gémissements s'enfuiront.
      12 C'est moi, c'est moi qui vous console. Qui es-tu, pour avoir peur de l'homme mortel, Et du fils de l'homme, pareil à l'herbe ?
      13 Et tu oublierais l'Éternel, qui t'a fait, Qui a étendu les cieux et fondé la terre ! Et tu tremblerais incessamment tout le jour Devant la colère de l'oppresseur, Parce qu'il cherche à détruire ! Où donc est la colère de l'oppresseur ?
      14 Bientôt celui qui est courbé sous les fers sera délivré ; Il ne mourra pas dans la fosse, Et son pain ne lui manquera pas.
      15 Je suis l'Éternel, ton Dieu, Qui soulève la mer et fais mugir ses flots. L'Éternel des armées est son nom.
      16 Je mets mes paroles dans ta bouche, Et je te couvre de l'ombre de ma main, Pour étendre de nouveaux cieux et fonder une nouvelle terre, Et pour dire à Sion : Tu es mon peuple !
      17 Réveille-toi, réveille-toi ! lève-toi, Jérusalem, Qui as bu de la main de l'Éternel la coupe de sa colère, Qui as bu, sucé jusqu'à la lie la coupe d'étourdissement !
      18 Il n'y en a aucun pour la conduire De tous les fils qu'elle a enfantés, Il n'y en a aucun pour la prendre par la main De tous les fils qu'elle a élevés.
      19 Ces deux choses te sont arrivées : -Qui te plaindra ? -Le ravage et la ruine, la famine et l'épée. -Qui suis-je pour te consoler ? -
      20 Tes fils en défaillance gisaient à tous les coins de rues, Comme le cerf dans un filet, Chargés de la colère de l'Éternel, Des menaces de ton Dieu.
      21 C'est pourquoi, écoute ceci, malheureuse, Ivre, mais non de vin !
      22 Ainsi parle ton Seigneur, l'Éternel, Ton Dieu, qui défend son peuple : Voici, je prends de ta main la coupe d'étourdissement, La coupe de ma colère ; Tu ne la boiras plus !
      23 Je la mettrai dans la main de tes oppresseurs, Qui te disaient : Courbe-toi, et nous passerons ! Tu faisais alors de ton dos comme une terre, Comme une rue pour les passants.

      Esaïe 52

      7 Qu'ils sont beaux sur les montagnes, Les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, Qui publie la paix ! De celui qui apporte de bonnes nouvelles, Qui publie le salut ! De celui qui dit à Sion : ton Dieu règne !

      Esaïe 55

      1 Vous tous qui avez soif, venez aux eaux, Même celui qui n'a pas d'argent ! Venez, achetez et mangez, Venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer !
      3 Prêtez l'oreille, et venez à moi, Écoutez, et votre âme vivra : Je traiterai avec vous une alliance éternelle, Pour rendre durables mes faveurs envers David.
      5 Voici, tu appelleras des nations que tu ne connais pas, Et les nations qui ne te connaissent pas accourront vers toi, A cause de l'Éternel, ton Dieu, Du Saint d'Israël, qui te glorifie.
      7 Que le méchant abandonne sa voie, Et l'homme d'iniquité ses pensées ; Qu'il retourne à l'Éternel, qui aura pitié de lui, A notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner.

      Esaïe 56

      1 Ainsi parle l'Éternel : Observez ce qui est droit, et pratiquez ce qui est juste ; Car mon salut ne tardera pas à venir, Et ma justice à se manifester.
      2 Heureux l'homme qui fait cela, Et le fils de l'homme qui y demeure ferme, Gardant le sabbat, pour ne point le profaner, Et veillant sur sa main, pour ne commettre aucun mal !
      3 Que l'étranger qui s'attache à l'Éternel ne dise pas : L'Éternel me séparera de son peuple ! Et que l'eunuque ne dise pas : Voici, je suis un arbre sec !
      4 Car ainsi parle l'Éternel : Aux eunuques qui garderont mes sabbats, Qui choisiront ce qui m'est agréable, Et qui persévéreront dans mon alliance,
      5 Je donnerai dans ma maison et dans mes murs une place et un nom Préférables à des fils et à des filles ; Je leur donnerai un nom éternel, Qui ne périra pas.
      6 Et les étrangers qui s'attacheront à l'Éternel pour le servir, Pour aimer le nom de l'Éternel, Pour être ses serviteurs, Tous ceux qui garderont le sabbat, pour ne point le profaner, Et qui persévéreront dans mon alliance,
      7 Je les amènerai sur ma montagne sainte, Et je les réjouirai dans ma maison de prière ; Leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel ; Car ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples.
      8 Le Seigneur, l'Éternel, parle, Lui qui rassemble les exilés d'Israël : Je réunirai d'autres peuples à lui, aux siens déjà rassemblés.
      9 Vous toutes, bêtes des champs, Venez pour manger, vous toutes, bêtes de la forêt !
      10 Ses gardiens sont tous aveugles, sans intelligence ; Ils sont tous des chiens muets, incapables d'aboyer ; Ils ont des rêveries, se tiennent couchés, Aiment à sommeiller.
      11 Et ce sont des chiens voraces, insatiables ; Ce sont des bergers qui ne savent rien comprendre ; Tous suivent leur propre voie, Chacun selon son intérêt, jusqu'au dernier : -
      12 Venez, je vais chercher du vin, Et nous boirons des liqueurs fortes ! Nous en ferons autant demain, Et beaucoup plus encore ! -

      Esaïe 58

      3 Que nous sert de jeûner, si tu ne le vois pas ? De mortifier notre âme, si tu n'y as point égard ? -Voici, le jour de votre jeûne, vous vous livrez à vos penchants, Et vous traitez durement tous vos mercenaires.
      8 Alors ta lumière poindra comme l'aurore, Et ta guérison germera promptement ; Ta justice marchera devant toi, Et la gloire de l'Éternel t'accompagnera.
      11 L'Éternel sera toujours ton guide, Il rassasiera ton âme dans les lieux arides, Et il redonnera de la vigueur à tes membres ; Tu seras comme un jardin arrosé, Comme une source dont les eaux ne tarissent pas.

      Esaïe 60

      1 Lève-toi, sois éclairée, car ta lumière arrive, Et la gloire de l'Éternel se lève sur toi.
      2 Voici, les ténèbres couvrent la terre, Et l'obscurité les peuples ; Mais sur toi l'Éternel se lève, Sur toi sa gloire apparaît.
      3 Des nations marchent à ta lumière, Et des rois à la clarté de tes rayons.
      4 Porte tes yeux alentour, et regarde : Tous ils s'assemblent, ils viennent vers toi ; Tes fils arrivent de loin, Et tes filles sont portées sur les bras.
      5 Tu tressailliras alors et tu te réjouiras, Et ton coeur bondira et se dilatera, Quand les richesses de la mer se tourneront vers toi, Quand les trésors des nations viendront à toi.
      6 Tu seras couverte d'une foule de chameaux, De dromadaires de Madian et d'Épha ; Ils viendront tous de Séba ; Ils porteront de l'or et de l'encens, Et publieront les louanges de l'Éternel.
      7 Les troupeaux de Kédar se réuniront tous chez toi ; Les béliers de Nebajoth seront à ton service ; Ils monteront sur mon autel et me seront agréables, Et je glorifierai la maison de ma gloire.
      8 Qui sont ceux-là qui volent comme des nuées, Comme des colombes vers leur colombier ?
      9 Car les îles espèrent en moi, Et les navires de Tarsis sont en tête, Pour ramener de loin tes enfants, Avec leur argent et leur or, A cause du nom de l'Éternel, ton Dieu, Du Saint d'Israël qui te glorifie.
      10 Les fils de l'étranger rebâtiront tes murs, Et leurs rois seront tes serviteurs ; Car je t'ai frappée dans ma colère, Mais dans ma miséricorde j'ai pitié de toi.
      11 Tes portes seront toujours ouvertes, Elles ne seront fermées ni jour ni nuit, Afin de laisser entrer chez toi les trésors des nations, Et leurs rois avec leur suite.
      12 Car la nation et le royaume qui ne te serviront pas périront, Ces nations-là seront exterminées.
      13 La gloire du Liban viendra chez toi, Le cyprès, l'orme et le buis, tous ensemble, Pour orner le lieu de mon sanctuaire, Et je glorifierai la place où reposent mes pieds.
      14 Les fils de tes oppresseurs viendront s'humilier devant toi, Et tous ceux qui te méprisaient se prosterneront à tes pieds ; Ils t'appelleront ville de l'Éternel, Sion du Saint d'Israël.
      15 Au lieu que tu étais délaissée et haïe, Et que personne ne te parcourait, Je ferai de toi un ornement pour toujours, Un sujet de joie de génération en génération.
      16 Tu suceras le lait des nations, Tu suceras la mamelle des rois ; Et tu sauras que je suis l'Éternel, ton sauveur, Ton rédempteur, le puissant de Jacob.
      17 Au lieu de l'airain je ferai venir de l'or, Au lieu du fer je ferai venir de l'argent, Au lieu du bois, de l'airain, Et au lieu des pierres, du fer ; Je ferai régner sur toi la paix, Et dominer la justice.
      18 On n'entendra plus parler de violence dans ton pays, Ni de ravage et de ruine dans ton territoire ; Tu donneras à tes murs le nom de salut, Et à tes portes celui de gloire.
      19 Ce ne sera plus le soleil qui te servira de lumière pendant le jour, Ni la lune qui t'éclairera de sa lueur ; Mais l'Éternel sera ta lumière à toujours, Ton Dieu sera ta gloire.
      20 Ton soleil ne se couchera plus, Et ta lune ne s'obscurcira plus ; Car l'Éternel sera ta lumière à toujours, Et les jours de ton deuil seront passés.
      21 Il n'y aura plus que des justes parmi ton peuple, Ils posséderont à toujours le pays ; C'est le rejeton que j'ai planté, l'oeuvre de mes mains, Pour servir à ma gloire.
      22 Le plus petit deviendra un millier, Et le moindre une nation puissante. Moi, l'Éternel, je hâterai ces choses en leur temps.

      Esaïe 65

      17 Car je vais créer de nouveaux cieux Et une nouvelle terre ; On ne se rappellera plus les choses passées, Elles ne reviendront plus à l'esprit.
      22 Ils ne bâtiront pas des maisons pour qu'un autre les habite, Ils ne planteront pas des vignes pour qu'un autre en mange le fruit ; Car les jours de mon peuple seront comme les jours des arbres, Et mes élus jouiront de l'oeuvre de leurs mains.
      25 Le loup et l'agneau paîtront ensemble, Le lion, comme le boeuf, mangera de la paille, Et le serpent aura la poussière pour nourriture. Il ne se fera ni tort ni dommage Sur toute ma montagne sainte, Dit l'Éternel.

      Esaïe 66

      1 Ainsi parle l'Éternel : Le ciel est mon trône, Et la terre mon marchepied. Quelle maison pourriez-vous me bâtir, Et quel lieu me donneriez-vous pour demeure ?

      Jérémie 1

      4 La parole de l'Éternel me fut adressée, en ces mots :
      6 Je répondis : Ah ! Seigneur Éternel ! voici, je ne sais point parler, car je suis un enfant.
      10 Regarde, je t'établis aujourd'hui sur les nations et sur les royaumes, pour que tu arraches et que tu abattes, pour que tu ruines et que tu détruises, pour que tu bâtisses et que tu plantes.
      18 Voici, je t'établis en ce jour sur tout le pays comme une ville forte, une colonne de fer et un mur d'airain, contre les rois de Juda, contre ses chefs, contre ses sacrificateurs, et contre le peuple du pays.
      19 Ils te feront la guerre, mais ils ne te vaincront pas ; car je suis avec toi pour te délivrer, dit l'Éternel.

      Jérémie 3

      9 Par sa criante impudicité Israël a souillé le pays, elle a commis un adultère avec la pierre et le bois.

      Jérémie 4

      3 Car ainsi parle l'Éternel aux hommes de Juda et de Jérusalem : Défrichez-vous un champ nouveau, Et ne semez pas parmi les épines.
      13 Voici, le destructeur s'avance comme les nuées ; Ses chars sont comme un tourbillon, Ses chevaux sont plus légers que les aigles. -Malheur à nous, car nous sommes détruits ! -

      Jérémie 5

      1 Parcourez les rues de Jérusalem, Regardez, informez-vous, cherchez dans les places, S'il s'y trouve un homme, s'il y en a un Qui pratique la justice, qui s'attache à la vérité, Et je pardonne à Jérusalem.
      13 Les prophètes ne sont que du vent, Et personne ne parle en eux. Qu'il leur soit fait ainsi !

      Jérémie 6

      6 Car ainsi parle l'Éternel des armées : Abattez les arbres, Élevez des terrasses contre Jérusalem ! C'est la ville qui doit être châtiée ; Il n'y a qu'oppression au milieu d'elle.
      9 Ainsi parle l'Éternel des armées : On grappillera comme une vigne les restes d'Israël. Portes-y de nouveau la main, Comme le vendangeur sur les ceps.
      11 Je suis plein de la fureur de l'Éternel, je ne puis la contenir. Répands-la sur l'enfant dans la rue, Et sur les assemblées des jeunes gens. Car l'homme et la femme seront pris, Le vieillard et celui qui est chargé de jours.

      Jérémie 7

      1 La parole qui fut adressée à Jérémie de la part de l'Éternel, en ces mots :
      2 Place-toi à la porte de la maison de l'Éternel, Et là publie cette parole, Et dis : Écoutez la parole de l'Éternel, Vous tous, hommes de Juda, qui entrez par ces portes, Pour vous prosterner devant l'Éternel !
      3 Ainsi parle l'Éternel des armées, le Dieu d'Israël : Réformez vos voies et vos oeuvres, Et je vous laisserai demeurer dans ce lieu.
      4 Ne vous livrez pas à des espérances trompeuses, en disant : C'est ici le temple de l'Éternel, le temple de l'Éternel, Le temple de l'Éternel !
      5 Si vous réformez vos voies et vos oeuvres, Si vous pratiquez la justice envers les uns et les autres,
      6 Si vous n'opprimez pas l'étranger, l'orphelin et la veuve, Si vous ne répandez pas en ce lieu le sang innocent, Et si vous n'allez pas après d'autres dieux, pour votre malheur,
      7 Alors je vous laisserai demeurer dans ce lieu, Dans le pays que j'ai donné à vos pères, D'éternité en éternité.
      8 Mais voici, vous vous livrez à des espérances trompeuses, Qui ne servent à rien.
      9 Quoi ! dérober, tuer, commettre des adultères, Jurer faussement, offrir de l'encens à Baal, Aller après d'autres dieux que vous ne connaissez pas !...
      10 Puis vous venez vous présenter devant moi, Dans cette maison sur laquelle mon nom est invoqué, Et vous dites : Nous sommes délivrés !... Et c'est afin de commettre toutes ces abominations !
      11 Est-elle à vos yeux une caverne de voleurs, Cette maison sur laquelle mon nom est invoqué ? Je le vois moi-même, dit l'Éternel.
      12 Allez donc au lieu qui m'était consacré à Silo, Où j'avais fait autrefois résider mon nom. Et voyez comment je l'ai traité, A cause de la méchanceté de mon peuple d'Israël.
      13 Et maintenant, puisque vous avez commis toutes ces actions, Dit l'Éternel, Puisque je vous ai parlé dès le matin et que vous n'avez pas écouté, Puisque je vous ai appelés et que vous n'avez pas répondu,
      14 Je traiterai la maison sur laquelle mon nom est invoqué, Sur laquelle vous faites reposer votre confiance, Et le lieu que j'ai donné à vous et à vos pères, De la même manière que j'ai traité Silo ;
      15 Et je vous rejetterai loin de ma face, Comme j'ai rejeté tous vos frères, Toute la postérité d'Éphraïm.
      16 Et toi, n'intercède pas en faveur de ce peuple, N'élève pour eux ni supplications ni prières, Ne fais pas des instances auprès de moi ; Car je ne t'écouterai pas.
      17 Ne vois-tu pas ce qu'ils font dans les villes de Juda Et dans les rues de Jérusalem ?
      18 Les enfants ramassent du bois, Les pères allument le feu, Et les femmes pétrissent la pâte, Pour préparer des gâteaux à la reine du ciel, Et pour faire des libations à d'autres dieux, Afin de m'irriter.
      19 Est-ce moi qu'ils irritent ? dit l'Éternel ; N'est-ce pas eux-mêmes, A leur propre confusion ?
      20 C'est pourquoi ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : Voici, ma colère et ma fureur se répandent sur ce lieu, Sur les hommes et sur les bêtes, Sur les arbres des champs et sur les fruits de la terre ; Elle brûlera, et ne s'éteindra point.
      21 Ainsi parle l'Éternel des armées, le Dieu d'Israël : Ajoutez vos holocaustes à vos sacrifices, Et mangez-en la chair !
      22 Car je n'ai point parlé avec vos pères et je ne leur ai donné aucun ordre, Le jour où je les ai fait sortir du pays d'Égypte, Au sujet des holocaustes et des sacrifices.
      23 Mais voici l'ordre que je leur ai donné : Écoutez ma voix, Et je serai votre Dieu, Et vous serez mon peuple ; Marchez dans toutes les voies que je vous prescris, Afin que vous soyez heureux.
      24 Et ils n'ont point écouté, ils n'ont point prêté l'oreille ; Ils ont suivi les conseils, les penchants de leur mauvais coeur, Ils ont été en arrière et non en avant.
      25 Depuis le jour où vos pères sont sortis du pays d'Égypte, Jusqu'à ce jour, Je vous ai envoyé tous mes serviteurs, les prophètes, Je les ai envoyés chaque jour, dès le matin.
      26 Mais ils ne m'ont point écouté, ils n'ont point prêté l'oreille ; Ils ont raidi leur cou, Ils ont fait le mal plus que leurs pères.
      27 Si tu leur dis toutes ces choses, ils ne t'écouteront pas ; Si tu cries vers eux, ils ne te répondront pas.
      28 Alors dis-leur : C'est ici la nation qui n'écoute pas la voix de l'Éternel, son Dieu, Et qui ne veut pas recevoir instruction ; La vérité a disparu, elle s'est retirée de leur bouche.
      29 Coupe ta chevelure, et jette-la au loin ; Monte sur les hauteurs, et prononce une complainte ! Car l'Éternel rejette Et repousse la génération qui a provoqué sa fureur.
      30 Car les enfants de Juda ont fait ce qui est mal à mes yeux, Dit l'Éternel ; Ils ont placé leurs abominations Dans la maison sur laquelle mon nom est invoqué, Afin de la souiller.
      31 Ils ont bâti des hauts lieux à Topheth dans la vallée de Ben Hinnom, Pour brûler au feu leurs fils et leurs filles : Ce que je n'avais point ordonné, Ce qui ne m'était point venu à la pensée.
      32 C'est pourquoi voici, les jours viennent, dit l'Éternel, Où l'on ne dira plus Topheth et la vallée de Ben Hinnom, Mais où l'on dira la vallée du carnage ; Et l'on enterrera les morts à Topheth par défaut de place.
      33 Les cadavres de ce peuple seront la pâture Des oiseaux du ciel et des bêtes de la terre ; Et il n'y aura personne pour les troubler.
      34 Je ferai cesser dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem Les cris de réjouissance et les cris d'allégresse, Les chants du fiancé et les chants de la fiancée ; Car le pays sera un désert.

      Jérémie 8

      7 Même la cigogne connaît dans les cieux sa saison ; La tourterelle, l'hirondelle et la grue Observent le temps de leur arrivée ; Mais mon peuple ne connaît pas la loi de l'Éternel.
      8 Comment pouvez-vous dire : Nous sommes sages, La loi de l'Éternel est avec nous ? C'est bien en vain que s'est mise à l'oeuvre La plume mensongère des scribes.
      9 Les sages sont confondus, Ils sont consternés, ils sont pris ; Voici, ils ont méprisé la parole de l'Éternel, Et quelle sagesse ont-ils ?
      10 C'est pourquoi je donnerai leurs femmes à d'autres, Et leurs champs à ceux qui les déposséderont. Car depuis le plus petit jusqu'au plus grand, Tous sont avides de gain ; Depuis le prophète jusqu'au sacrificateur, Tous usent de tromperie.
      16 Le hennissement de ses chevaux se fait entendre du côté de Dan, Et au bruit de leur hennissement toute la terre tremble ; Ils viennent, ils dévorent le pays et ce qu'il renferme, La ville et ceux qui l'habitent.
      18 Je voudrais soulager ma douleur ; Mon coeur souffre au dedans de moi.

      Jérémie 9

      1 Oh ! si ma tête était remplie d'eau, Si mes yeux étaient une source de larmes, Je pleurerais jour et nuit Les morts de la fille de mon peuple !
      2 Oh ! si j'avais au désert une cabane de voyageurs, J'abandonnerais mon peuple, je m'en éloignerais ! Car ce sont tous des adultères, C'est une troupe de perfides.
      3 Ils ont la langue tendue comme un arc et lancent le mensonge ; Ce n'est pas par la vérité qu'ils sont puissants dans le pays ; Car ils vont de méchanceté en méchanceté, Et ils ne me connaissent pas, dit l'Éternel.
      4 Que chacun se tienne en garde contre son ami, Et qu'on ne se fie à aucun de ses frères ; Car tout frère cherche à tromper, Et tout ami répand des calomnies.
      5 Ils se jouent les uns des autres, Et ne disent point la vérité ; Ils exercent leur langue à mentir, Ils s'étudient à faire le mal.
      6 Ta demeure est au sein de la fausseté ; C'est par fausseté qu'ils refusent de me connaître, Dit l'Éternel.
      7 C'est pourquoi ainsi parle l'Éternel des armées : Voici je les sonderai, je les éprouverai. Car comment agir à l'égard de la fille de mon peuple ?
      8 Leur langue est un trait meurtrier, Ils ne disent que des mensonges ; De la bouche ils parlent de paix à leur prochain, Et au fond du coeur ils lui dressent des pièges.
      9 Ne les châtierais-je pas pour ces choses-là, dit l'Éternel, Ne me vengerais-je pas d'une pareille nation ?
      10 Sur les montagnes je veux pleurer et gémir, Sur les plaines du désert je prononce une complainte ; Car elles sont brûlées, personne n'y passe, On n'y entend plus la voix des troupeaux ; Les oiseaux du ciel et les bêtes ont pris la fuite, ont disparu. -
      11 Je ferai de Jérusalem un monceau de ruines, un repaire de chacals, Et je réduirai les villes de Juda en un désert sans habitants. -
      12 Où est l'homme sage qui comprenne ces choses ? Qu'il le dise, celui à qui la bouche de l'Éternel a parlé ! Pourquoi le pays est-il détruit, Brûlé comme un désert où personne ne passe ?
      13 L'Éternel dit : C'est parce qu'ils ont abandonné ma loi, Que j'avais mise devant eux ; Parce qu'ils n'ont point écouté ma voix, Et qu'ils ne l'ont point suivie ;
      14 Parce qu'ils ont suivi les penchants de leur coeur, Et qu'ils sont allés après les Baals, Comme leurs pères le leur ont appris.
      15 C'est pourquoi ainsi parle l'Éternel des armées, le Dieu d'Israël : Voici, je vais nourrir ce peuple d'absinthe, Et je lui ferai boire des eaux empoisonnées.
      16 Je les disperserai parmi des nations Que n'ont connues ni eux ni leurs pères, Et j'enverrai derrière eux l'épée, Jusqu'à ce que je les aie exterminés.
      17 Ainsi parle l'Éternel des armées : Cherchez, appelez les pleureuses, et qu'elles viennent ! Envoyez vers les femmes habiles, et qu'elles viennent !
      18 Qu'elles se hâtent de dire sur nous une complainte ! Et que les larmes tombent de nos yeux, Que l'eau coule de nos paupières !
      19 Car des cris lamentables se font entendre de Sion : Eh quoi ! nous sommes détruits ! Nous sommes couverts de honte ! Il nous faut abandonner le pays ! On a renversé nos demeures ! -
      20 Femmes, écoutez la parole de l'Éternel, Et que votre oreille saisisse ce que dit sa bouche ! Apprenez à vos filles des chants lugubres, Enseignez-vous des complaintes les unes aux autres !
      21 Car la mort est montée par nos fenêtres, Elle a pénétré dans nos palais ; Elle extermine les enfants dans la rue, Les jeunes gens sur les places.
      22 Dis : Ainsi parle l'Éternel : Les cadavres des hommes tomberont Comme du fumier sur les champs, Comme tombe derrière le moissonneur une gerbe Que personne ne ramasse.
      23 Ainsi parle l'Éternel : Que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse, Que le fort ne se glorifie pas de sa force, Que le riche ne se glorifie pas de sa richesse.
      24 Mais que celui qui veut se glorifier se glorifie D'avoir de l'intelligence et de me connaître, De savoir que je suis l'Éternel, Qui exerce la bonté, le droit et la justice sur la terre ; Car c'est à cela que je prends plaisir, dit l'Éternel.
      25 Voici, les jours viennent, dit l'Éternel, Où je châtierai tous les circoncis qui ne le sont pas de coeur,
      26 L'Égypte, Juda, Édom, les enfants d'Ammon, Moab, Tous ceux qui se rasent les coins de la barbe, Ceux qui habitent dans le désert ; Car toutes les nations sont incirconcises, Et toute la maison d'Israël a le coeur incirconcis.

      Jérémie 10

      10 Mais l'Éternel est Dieu en vérité, Il est un Dieu vivant et un roi éternel ; La terre tremble devant sa colère, Et les nations ne supportent pas sa fureur.
      17 Emporte du pays ce qui t'appartient, Toi qui es assise dans la détresse !
      18 Car ainsi parle l'Éternel : Voici, cette fois je vais lancer au loin les habitants du pays ; Je vais les serrer de près, afin qu'on les atteigne. -
      19 Malheur à moi ! je suis brisée ! Ma plaie est douloureuse ! Mais je dis : C'est une calamité qui m'arrive, Je la supporterai !
      20 Ma tente est détruite, Tous mes cordages sont rompus ; Mes fils m'ont quittée, ils ne sont plus ; Je n'ai personne qui dresse de nouveau ma tente, Qui relève mes pavillons. -
      21 Les bergers ont été stupides, Ils n'ont pas cherché l'Éternel ; C'est pour cela qu'ils n'ont point prospéré, Et que tous leurs troupeaux se dispersent.
      22 Voici, une rumeur se fait entendre ; C'est un grand tumulte qui vient du septentrion, Pour réduire les villes de Juda en un désert, En un repaire de chacals. -
      23 Je le sais, ô Éternel ! La voie de l'homme n'est pas en son pouvoir ; Ce n'est pas à l'homme, quand il marche, A diriger ses pas.
      24 Châtie-moi, ô Éternel ! mais avec équité, Et non dans ta colère, de peur que tu ne m'anéantisses.
      25 Répands ta fureur sur les nations qui ne te connaissent pas, Et sur les peuples qui n'invoquent pas ton nom ! Car ils dévorent Jacob, ils le dévorent, ils le consument, Ils ravagent sa demeure.

      Jérémie 11

      1 La parole qui fut adressée à Jérémie de la part de l'Éternel, en ces mots :
      2 Écoutez les paroles de cette alliance, Et parlez aux hommes de Juda et aux habitants de Jérusalem !
      3 Dis-leur : Ainsi parle l'Éternel, le Dieu d'Israël : Maudit soit l'homme qui n'écoute point les paroles de cette alliance,
      4 Que j'ai prescrite à vos pères, Le jour où je les ai fait sortir du pays d'Égypte, De la fournaise de fer, en disant : Écoutez ma voix, et faites tout ce que je vous ordonnerai ; Alors vous serez mon peuple, Je serai votre Dieu,
      6 L'Éternel me dit : Publie toutes ces paroles dans les villes de Juda Et dans les rues de Jérusalem, en disant : Écoutez les paroles de cette alliance, Et mettez-les en pratique !

      Jérémie 13

      9 Ainsi parle l'Éternel : C'est ainsi que je détruirai l'orgueil de Juda Et l'orgueil immense de Jérusalem.
      17 Si vous n'écoutez pas, Je pleurerai en secret, à cause de votre orgueil ; Mes yeux fondront en larmes, Parce que le troupeau de l'Éternel sera emmené captif.
      23 Un Éthiopien peut-il changer sa peau, Et un léopard ses taches ? De même, pourriez-vous faire le bien, Vous qui êtes accoutumés à faire le mal ?

      Jérémie 14

      14 Et l'Éternel me dit : C'est le mensonge que prophétisent en mon nom les prophètes ; Je ne les ai point envoyés, je ne leur ai point donné d'ordre, Je ne leur ai point parlé ; Ce sont des visions mensongères, de vaines prédictions, Des tromperies de leur coeur, qu'ils vous prophétisent.
      17 Dis-leur cette parole : Les larmes coulent de mes yeux nuit et jour, Et elles ne s'arrêtent pas ; Car la vierge, fille de mon peuple, a été frappée d'un grand coup, D'une plaie très douloureuse.

      Jérémie 15

      4 Je les rendrai un objet d'effroi pour tous les royaumes de la terre, A cause de Manassé, fils d'Ézéchias, roi de Juda, Et de tout ce qu'il a fait dans Jérusalem.
      18 Pourquoi ma souffrance est-elle continuelle ? Pourquoi ma plaie est-elle douloureuse, et ne veut-elle pas se guérir ? Serais-tu pour moi comme une source trompeuse, Comme une eau dont on n'est pas sûr ?

      Jérémie 17

      16 Et moi, pour t'obéir, je n'ai pas refusé d'être pasteur ; Je n'ai pas non plus désiré le jour du malheur, tu le sais ; Ce qui est sorti de mes lèvres a été découvert devant toi.

      Jérémie 20

      7 Tu m'as persuadé, Éternel, et je me suis laissé persuader ; Tu m'as saisi, tu m'as vaincu. Et je suis chaque jour un objet de raillerie, Tout le monde se moque de moi.
      13 Chantez à l'Éternel, louez l'Éternel ! Car il délivre l'âme du malheureux de la main des méchants.

      Jérémie 21

      10 Car je dirige mes regards contre cette ville pour faire du mal et non du bien, dit l'Éternel ; elle sera livrée entre les mains du roi de Babylone, qui la brûlera par le feu.

      Jérémie 23

      9 Sur les prophètes. Mon coeur est brisé au dedans de moi, Tous mes os tremblent ; Je suis comme un homme ivre, Comme un homme pris de vin, A cause de l'Éternel et à cause de ses paroles saintes.

      Jérémie 25

      9 j'enverrai chercher tous les peuples du septentrion, dit l'Éternel, et j'enverrai auprès de Nebucadnetsar, roi de Babylone, mon serviteur ; je le ferai venir contre ce pays et contre ses habitants, et contre toutes ces nations à l'entour, afin de les dévouer par interdit, et d'en faire un objet de désolation et de moquerie, des ruines éternelles.

      Jérémie 26

      1 Au commencement du règne de Jojakim, fils de Josias, roi de Juda, cette parole fut prononcée de la part de l'Éternel, en ces mots :
      2 Ainsi parle l'Éternel : Tiens-toi dans le parvis de la maison de l'Éternel, et dis à ceux qui de toutes les villes de Juda viennent se prosterner dans la maison de l'Éternel toutes les paroles que je t'ordonne de leur dire ; n'en retranche pas un mot.
      3 Peut-être écouteront-ils, et reviendront-ils chacun de leur mauvaise voie ; alors je me repentirai du mal que j'avais pensé leur faire à cause de la méchanceté de leurs actions.
      4 Tu leur diras : Ainsi parle l'Éternel : Si vous ne m'écoutez pas quand je vous ordonne de suivre ma loi que j'ai mise devant vous,
      5 d'écouter les paroles de mes serviteurs, les prophètes, que je vous envoie, que je vous ai envoyés dès le matin, et que vous n'avez pas écoutés,
      6 alors je traiterai cette maison comme Silo, et je ferai de cette ville un objet de malédiction pour toutes les nations de la terre.
      7 Les sacrificateurs, les prophètes, et tout le peuple, entendirent Jérémie prononcer ces paroles dans la maison de l'Éternel.
      8 Et comme Jérémie achevait de dire tout ce que l'Éternel lui avait ordonné de dire à tout le peuple, les sacrificateurs, les prophètes, et tout le peuple, se saisirent de lui, en disant : Tu mourras !
      9 Pourquoi prophétises-tu au nom de l'Éternel, en disant : Cette maison sera comme Silo, et cette ville sera dévastée, privée d'habitants ? Tout le peuple s'attroupa autour de Jérémie dans la maison de l'Éternel.
      10 Lorsque les chefs de Juda eurent appris ces choses, ils montèrent de la maison du roi à la maison de l'Éternel, et s'assirent à l'entrée de la porte neuve de la maison de l'Éternel.
      11 Alors les sacrificateurs et les prophètes parlèrent ainsi aux chefs et à tout le peuple : Cet homme mérite la mort ; car il a prophétisé contre cette ville, comme vous l'avez entendu de vos oreilles.
      12 Jérémie dit à tous les chefs et à tout le peuple : L'Éternel m'a envoyé pour prophétiser contre cette maison et contre cette ville, toutes les choses que vous avez entendues.
      13 Maintenant réformez vos voies et vos oeuvres, écoutez la voix de l'Éternel, votre Dieu, et l'Éternel se repentira du mal qu'il a prononcé contre vous.
      14 Pour moi, me voici entre vos mains ; traitez-moi comme il vous semblera bon et juste.
      15 Seulement sachez que, si vous me faites mourir, vous vous chargez du sang innocent, vous, cette ville et ses habitants ; car l'Éternel m'a véritablement envoyé vers vous pour prononcer à vos oreilles toutes ces paroles.
      16 Les chefs et tout le peuple dirent aux sacrificateurs et aux prophètes : Cet homme ne mérite point la mort ; car c'est au nom de l'Éternel, notre Dieu, qu'il nous a parlé.
      17 Et quelques-uns des anciens du pays se levèrent, et dirent à toute l'assemblée du peuple :
      18 Michée, de Moréscheth, prophétisait du temps d'Ézéchias, roi de Juda, et il disait à tout le peuple de Juda : Ainsi parle l'Éternel des armées : Sion sera labourée comme un champ, Jérusalem deviendra un monceau de pierres, Et la montagne de la maison une haute forêt.
      19 Ézéchias, roi de Juda, et tout Juda l'ont-ils fait mourir ? Ézéchias ne craignit-il pas l'Éternel ? N'implora-t-il pas l'Éternel ? Alors l'Éternel se repentit du mal qu'il avait prononcé contre eux. Et nous, nous chargerions notre âme d'un si grand crime !
      20 Il y eut aussi un homme qui prophétisait au nom de l'Éternel, Urie, fils de Schemaeja, de Kirjath Jearim. Il prophétisa contre cette ville et contre ce pays entièrement les mêmes choses que Jérémie.
      21 Le roi Jojakim, tous ses vaillants hommes, et tous ses chefs, entendirent ses paroles, et le roi chercha à le faire mourir. Urie, qui en fut informé, eut peur, prit la fuite, et alla en Égypte.
      22 Le roi Jojakim envoya des gens en Égypte, Elnathan, fils d'Acbor, et des gens avec lui en Égypte.
      23 Ils firent sortir d'Égypte Urie et l'amenèrent au roi Jojakim, qui le fit mourir par l'épée et jeta son cadavre sur les sépulcres des enfants du peuple.
      24 Cependant la main d'Achikam, fils de Schaphan, fut avec Jérémie, et empêcha qu'il ne fût livré au peuple pour être mis à mort.

      Jérémie 27

      2 Ainsi m'a parlé l'Éternel : Fais-toi des liens et des jougs, et mets-les sur ton cou.

      Jérémie 28

      9 mais si un prophète prophétise la paix, c'est par l'accomplissement de ce qu'il prophétise qu'il sera reconnu comme véritablement envoyé par l'Éternel.
      10 Alors Hanania, le prophète, enleva le joug de dessus le cou de Jérémie, le prophète, et il le brisa.

      Jérémie 31

      3 De loin l'Éternel se montre à moi : Je t'aime d'un amour éternel ; C'est pourquoi je te conserve ma bonté.
      29 En ces jours-là, on ne dira plus : Les pères ont mangé des raisins verts, Et les dents des enfants en ont été agacées.
      31 Voici, les jours viennent, dit l'Éternel, Où je ferai avec la maison d'Israël et la maison de Juda Une alliance nouvelle,
      32 Non comme l'alliance que je traitai avec leurs pères, Le jour où je les saisis par la main Pour les faire sortir du pays d'Égypte, Alliance qu'ils ont violée, Quoique je fusse leur maître, dit l'Éternel.
      33 Mais voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël, Après ces jours-là, dit l'Éternel : Je mettrai ma loi au dedans d'eux, Je l'écrirai dans leur coeur ; Et je serai leur Dieu, Et ils seront mon peuple.
      34 Celui-ci n'enseignera plus son prochain, Ni celui-là son frère, en disant : Connaissez l'Éternel ! Car tous me connaîtront, Depuis le plus petit jusqu'au plus grand, dit l'Éternel ; Car je pardonnerai leur iniquité, Et je ne me souviendrai plus de leur péché.

      Jérémie 32

      6 Jérémie dit : La parole de l'Éternel m'a été adressée, en ces mots :

      Jérémie 35

      1 La parole fut adressée à Jérémie de la part de l'Éternel, au temps de Jojakim, fils de Josias, roi de Juda, en ces mots :
      2 Va à la maison des Récabites, et parle-leur ; tu les conduiras à la maison de l'Éternel, dans une des chambres, et tu leur offriras du vin à boire.
      3 Je pris Jaazania, fils de Jérémie, fils de Habazinia, ses frères, tous ses fils, et toute la maison des Récabites,
      4 et je les conduisis à la maison de l'Éternel, dans la chambre des fils de Hanan, fils de Jigdalia, homme de Dieu, près de la chambre des chefs, au-dessus de la chambre de Maaséja, fils de Schallum, garde du seuil.
      5 Je mis devant les fils de la maison des Récabites des coupes pleines de vin, et des calices, et je leur dis : Buvez du vin !
      6 Mais ils répondirent : Nous ne buvons pas de vin ; car Jonadab, fils de Récab, notre père, nous a donné cet ordre : Vous ne boirez jamais de vin, ni vous, ni vos fils ;
      7 et vous ne bâtirez point de maisons, vous ne sèmerez aucune semence, vous ne planterez point de vignes et vous n'en posséderez point ; mais vous habiterez sous des tentes toute votre vie, afin que vous viviez longtemps dans le pays où vous êtes étrangers.
      8 Nous obéissons à tout ce que nous a prescrit Jonadab, fils de Récab, notre père : nous ne buvons pas de vin pendant toute notre vie, nous, nos femmes, nos fils et nos filles ;
      9 nous ne bâtissons point de maisons pour nos demeures, et nous ne possédons ni vignes, ni champs, ni terres ensemencées ;
      10 nous habitons sous des tentes, et nous suivons et pratiquons tout ce que nous a prescrit Jonadab, notre père.
      11 Lorsque Nebucadnetsar, roi de Babylone, est monté contre ce pays, nous avons dit : Allons, retirons-nous à Jérusalem, loin de l'armée des Chaldéens et de l'armée de Syrie. C'est ainsi que nous habitons à Jérusalem.
      12 Alors la parole de l'Éternel fut adressée à Jérémie, en ces mots :
      13 Ainsi parle l'Éternel des armées, le Dieu d'Israël : Va, et dis aux hommes de Juda et aux habitants de Jérusalem : Ne recevrez-vous pas instruction, pour obéir à mes paroles ? dit l'Éternel.
      14 On a observé les paroles de Jonadab, fils de Récab, qui a ordonné à ses fils de ne pas boire du vin, et ils n'en ont point bu jusqu'à ce jour, parce qu'ils ont obéi à l'ordre de leur père. Et moi, je vous ai parlé, je vous ai parlé dès le matin, et vous ne m'avez pas écouté.
      15 Je vous ai envoyé tous mes serviteurs, les prophètes, je les ai envoyés dès le matin, pour vous dire : Revenez chacun de votre mauvaise voie, amendez vos actions, n'allez pas après d'autres dieux pour les servir, et vous resterez dans le pays que j'ai donné à vous et à vos pères. Mais vous n'avez pas prêté l'oreille, vous ne m'avez pas écouté.
      16 Oui, les fils de Jonadab, fils de Récab, observent l'ordre que leur a donné leur père, et ce peuple ne m'écoute pas !
      17 C'est pourquoi ainsi parle l'Éternel, le Dieu des armées, le Dieu d'Israël : Voici, je vais faire venir sur Juda et sur tous les habitants de Jérusalem tous les malheurs que j'ai annoncés sur eux, parce que je leur ai parlé et qu'ils n'ont pas écouté, parce que je les ai appelés et qu'ils n'ont pas répondu.
      18 Et Jérémie dit à la maison des Récabites : Ainsi parle l'Éternel des armées, le Dieu d'Israël : Parce que vous avez obéi aux ordres de Jonadab, votre père, parce que vous avez observé tous ses commandements et fait tout ce qu'il vous a prescrit ;
      19 à cause de cela, ainsi parle l'Éternel des armées, le Dieu d'Israël : Jonadab, fils de Récab, ne manquera jamais de descendants qui se tiennent en ma présence.

      Jérémie 43

      1 Lorsque Jérémie eut achevé de dire à tout le peuple toutes les paroles de l'Éternel, leur Dieu, toutes ces paroles que l'Éternel, leur Dieu, l'avait chargé de leur dire,
      2 Azaria, fils d'Hosée, Jochanan, fils de Karéach, et tous ces hommes orgueilleux, dirent à Jérémie : Tu dis un mensonge : l'Éternel, notre Dieu, ne t'a point chargé de nous dire : N'allez pas en Égypte pour y demeurer.
      3 Mais c'est Baruc, fils de Nérija, qui t'excite contre nous, afin de nous livrer entre les mains des Chaldéens, pour qu'ils nous fassent mourir ou nous emmènent captifs à Babylone.
      4 Jochanan, fils de Karéach, tous les chefs des troupes, et tout le peuple, n'obéirent point à la voix de l'Éternel, qui leur ordonnait de rester dans le pays de Juda.
      5 Et Jochanan, fils de Karéach, et tous les chefs des troupes, prirent tous les restes de Juda, qui, après avoir été dispersées parmi toutes les nations, étaient revenus pour habiter le pays de Juda,
      6 les hommes, les femmes, les enfants, les filles du roi, et toutes les personnes que Nebuzaradan, chef des gardes, avait laissées avec Guedalia, fils d'Achikam, fils de Schaphan, et aussi Jérémie, le prophète, et Baruc, fils de Nérija.
      7 Ils allèrent au pays d'Égypte, car ils n'obéirent pas à la voix de l'Éternel, et ils arrivèrent à Tachpanès.
      8 La parole de l'Éternel fut adressée à Jérémie, à Tachpanès, en ces mots :
      9 Prends dans ta main de grandes pierres, et cache-les, en présence des Juifs, dans l'argile du four à briques qui est à l'entrée de la maison de Pharaon à Tachpanès.
      10 Et tu diras aux Juifs : Ainsi parle l'Éternel des armées, le Dieu d'Israël : Voici, j'enverrai chercher Nebucadnetsar, roi de Babylone, mon serviteur, et je placerai son trône sur ces pierres que j'ai cachées, et il étendra son tapis sur elles.
      11 Il viendra, et il frappera le pays d'Égypte ; à la mort ceux qui sont pour la mort, à la captivité ceux qui sont pour la captivité, à l'épée ceux qui sont pour l'épée !
      12 Je mettrai le feu aux maisons des dieux de l'Égypte ; Nebucadnetsar les brûlera, il emmènera captives les idoles, il s'enveloppera du pays d'Égypte comme le berger s'enveloppe de son vêtement, et il sortira de là en paix.
      13 Il brisera les statues de Beth Schémesch au pays d'Égypte, et il brûlera par le feu les maisons des dieux de l'Égypte.

      Jérémie 50

      20 En ces jours, en ce temps-là, dit l'Éternel, On cherchera l'iniquité d'Israël, et elle n'existera plus, Le péché de Juda, et il ne se trouvera plus ; Car je pardonnerai au reste que j'aurai laissé.

      Ezéchiel 3

      17 Fils de l'homme, je t'établis comme sentinelle sur la maison d'Israël. Tu écouteras la parole qui sortira de ma bouche, et tu les avertiras de ma part.
      19 Mais si tu avertis le méchant, et qu'il ne se détourne pas de sa méchanceté et de sa mauvaise voie, il mourra dans son iniquité, et toi, tu sauveras ton âme.

      Ezéchiel 17

      12 Dis à la maison rebelle : Ne savez-vous pas ce que cela signifie ? Dis : Voici, le roi de Babylone est allé à Jérusalem, il en a pris le roi et les chefs, et les a emmenés avec lui à Babylone.

      Ezéchiel 18

      1 La parole de l'Éternel me fut adressée, en ces mots :
      4 Voici, toutes les âmes sont à moi ; l'âme du fils comme l'âme du père, l'une et l'autre sont à moi ; l'âme qui pèche, c'est celle qui mourra.
      14 Mais si un homme a un fils qui voie tous les péchés que commet son père, qui les voie et n'agisse pas de la même manière ;
      17 s'il détourne sa main de l'iniquité, s'il n'exige ni intérêt ni usure, s'il observe mes ordonnances et suit mes lois, celui-là ne mourra pas pour l'iniquité de son père ; il vivra.
      20 L'âme qui pèche, c'est celle qui mourra. Le fils ne portera pas l'iniquité de son père, et le père ne portera pas l'iniquité de son fils. La justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui.
      21 Si le méchant revient de tous les péchés qu'il a commis, s'il observe toutes mes lois et pratique la droiture et la justice, il vivra, il ne mourra pas.
      23 Ce que je désire, est-ce que le méchant meure ? dit le Seigneur, l'Éternel. N'est-ce pas qu'il change de conduite et qu'il vive ?
      30 C'est pourquoi je vous jugerai chacun selon ses voies, maison d'Israël, dit le Seigneur, l'Éternel. Revenez et détournez-vous de toutes vos transgressions, afin que l'iniquité ne cause pas votre ruine.

      Ezéchiel 21

      5 (21 : 10) Et toute chair saura Que moi, l'Éternel, j'ai tiré mon épée de son fourreau. Elle n'y rentrera plus.

      Ezéchiel 28

      12 Fils de l'homme, Prononce une complainte sur le roi de Tyr ! Tu lui diras : Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : Tu mettais le sceau à la perfection, Tu étais plein de sagesse, parfait en beauté.

      Ezéchiel 33

      15 s'il rend le gage, s'il restitue ce qu'il a ravi, s'il suit les préceptes qui donnent la vie, sans commettre l'iniquité, il vivra, il ne mourra pas.
      32 Voici, tu es pour eux comme un chanteur agréable, possédant une belle voix, et habile dans la musique. Ils écoutent tes paroles, mais ils ne les mettent point en pratique.

      Ezéchiel 36

      22 C'est pourquoi dis à la maison d'Israël : Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : Ce n'est pas à cause de vous que j'agis de la sorte, maison d'Israël ; c'est à cause de mon saint nom, que vous avez profané parmi les nations où vous êtes allés.
      23 Je sanctifierai mon grand nom, qui a été profané parmi les nations, que vous avez profané au milieu d'elles. Et les nations sauront que je suis l'Éternel, dit le Seigneur, l'Éternel, quand je serai sanctifié par vous sous leurs yeux.
      24 Je vous retirerai d'entre les nations, je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous ramènerai dans votre pays.
      25 Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles.
      26 Je vous donnerai un coeur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j'ôterai de votre corps le coeur de pierre, et je vous donnerai un coeur de chair.
      27 Je mettrai mon esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois.
      28 Vous habiterez le pays que j'ai donné à vos pères ; vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu.
      29 Je vous délivrerai de toutes vos souillures. J'appellerai le blé, et je le multiplierai ; je ne vous enverrai plus la famine.
      30 Je multiplierai le fruit des arbres et le produit des champs, afin que vous n'ayez plus l'opprobre de la famine parmi les nations.
      31 Alors vous vous souviendrez de votre conduite qui était mauvaise, et de vos actions qui n'étaient pas bonnes ; vous vous prendrez vous-mêmes en dégoût, à cause de vos iniquités et de vos abominations.
      32 Ce n'est pas à cause de vous que j'agis de la sorte, dit le Seigneur, l'Éternel, sachez-le ! Ayez honte et rougissez de votre conduite, maison d'Israël !
      33 Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : Le jour où je vous purifierai de toutes vos iniquités, je peuplerai les villes, et les ruines seront relevées ;
      34 la terre dévastée sera cultivée, tandis qu'elle était déserte aux yeux de tous les passants ;
      35 et l'on dira : Cette terre dévastée est devenue comme un jardin d'Éden ; et ces villes ruinées, désertes et abattues, sont fortifiées et habitées.
      36 Et les nations qui resteront autour de vous sauront que moi, l'Éternel, j'ai rebâti ce qui était abattu, et planté ce qui était dévasté. Moi, l'Éternel, j'ai parlé, et j'agirai.
      37 Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : Voici encore sur quoi je me laisserai fléchir par la maison d'Israël, voici ce que je ferai pour eux ; je multiplierai les hommes comme un troupeau.
      38 Les villes en ruines seront remplies de troupeaux d'hommes, pareils aux troupeaux consacrés, aux troupeaux qu'on amène à Jérusalem pendant ses fêtes solennelles. Et ils sauront que je suis l'Éternel.

      Ezéchiel 37

      1 La main de l'Éternel fut sur moi, et l'Éternel me transporta en esprit, et me déposa dans le milieu d'une vallée remplie d'ossements.
      2 Il me fit passer auprès d'eux, tout autour ; et voici, ils étaient fort nombreux, à la surface de la vallée, et ils étaient complètement secs.
      3 Il me dit : Fils de l'homme, ces os pourront-ils revivre ? Je répondis : Seigneur Éternel, tu le sais.
      4 Il me dit : Prophétise sur ces os, et dis-leur : Ossements desséchés, écoutez la parole de l'Éternel !
      5 Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel, à ces os : Voici, je vais faire entrer en vous un esprit, et vous vivrez ;
      6 je vous donnerai des nerfs, je ferai croître sur vous de la chair, je vous couvrirai de peau, je mettrai en vous un esprit, et vous vivrez. Et vous saurez que je suis l'Éternel.
      7 Je prophétisai, selon l'ordre que j'avais reçu. Et comme je prophétisais, il y eut un bruit, et voici, il se fit un mouvement, et les os s'approchèrent les uns des autres.
      8 Je regardai, et voici, il leur vint des nerfs, la chair crût, et la peau les couvrit par-dessus ; mais il n'y avait point en eux d'esprit.
      9 Il me dit : Prophétise, et parle à l'esprit ! prophétise, fils de l'homme, et dis à l'esprit : Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : Esprit, viens des quatre vents, souffle sur ces morts, et qu'ils revivent !
      10 Je prophétisai, selon l'ordre qu'il m'avait donné. Et l'esprit entra en eux, et ils reprirent vie, et ils se tinrent sur leurs pieds : c'était une armée nombreuse, très nombreuse.
      11 Il me dit : Fils de l'homme, ces os, c'est toute la maison d'Israël. Voici, ils disent : Nos os sont desséchés, notre espérance est détruite, nous sommes perdus !
      12 Prophétise donc, et dis-leur : Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : Voici, j'ouvrirai vos sépulcres, je vous ferai sortir de vos sépulcres, ô mon peuple, et je vous ramènerai dans le pays d'Israël.
      13 Et vous saurez que je suis l'Éternel, lorsque j'ouvrirai vos sépulcres, et que je vous ferai sortir de vos sépulcres, ô mon peuple !
      14 Je mettrai mon esprit en vous, et vous vivrez ; je vous rétablirai dans votre pays, et vous saurez que moi, l'Éternel, j'ai parlé et agi, dit l'Éternel.

      Ezéchiel 47

      1 Il me ramena vers la porte de la maison. Et voici, de l'eau sortait sous le seuil de la maison, à l'orient, car la face de la maison était à l'orient ; l'eau descendait sous le côté droit de la maison, au midi de l'autel.
      2 Il me conduisit par le chemin de la porte septentrionale, et il me fit faire le tour par dehors jusqu'à l'extérieur de la porte orientale. Et voici, l'eau coulait du côté droit.
      3 Lorsque l'homme s'avança vers l'orient, il avait dans la main un cordeau, et il mesura mille coudées ; il me fit traverser l'eau, et j'avais de l'eau jusqu'aux chevilles.
      4 Il mesura encore mille coudées, et me fit traverser l'eau, et j'avais de l'eau jusqu'aux genoux. Il mesura encore mille coudées, et me fit traverser, et j'avais de l'eau jusqu'aux reins.
      5 Il mesura encore mille coudées ; c'était un torrent que je ne pouvais traverser, car l'eau était si profonde qu'il fallait y nager ; c'était un torrent qu'on ne pouvait traverser.
      6 Il me dit : As-tu vu, fils de l'homme ? Et il me ramena au bord du torrent.
      7 Quand il m'eut ramené, voici, il y avait sur le bord du torrent beaucoup d'arbres de chaque côté.
      8 Il me dit : Cette eau coulera vers le district oriental, descendra dans la plaine, et entrera dans la mer ; lorsqu'elle se sera jetée dans la mer, les eaux de la mer deviendront saines.
      9 Tout être vivant qui se meut vivra partout où le torrent coulera, et il y aura une grande quantité de poissons ; car là où cette eau arrivera, les eaux deviendront saines, et tout vivra partout où parviendra le torrent.
      10 Des pêcheurs se tiendront sur ses bords ; depuis En Guédi jusqu'à En Églaïm, on étendra les filets ; il y aura des poissons de diverses espèces, comme les poissons de la grande mer, et ils seront très nombreux.
      11 Ses marais et ses fosses ne seront point assainis, ils seront abandonnés au sel.
      12 Sur le torrent, sur ses bords de chaque côté, croîtront toutes sortes d'arbres fruitiers. Leur feuillage ne se flétrira point, et leurs fruits n'auront point de fin, ils mûriront tous les mois, parce que les eaux sortiront du sanctuaire. Leurs fruits serviront de nourriture, et leurs feuilles de remède.
      13 Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : Voici les limites du pays que vous distribuerez en héritage aux douze tribus d'Israël. Joseph aura deux parts.
      14 Vous en aurez la possession l'un comme l'autre ; car j'ai juré, la main levée, de le donner à vos pères. Ce pays vous tombera donc en partage.
      15 Voici les limites du pays. Du côté septentrional, depuis la grande mer, le chemin de Hethlon jusqu'à Tsedad,
      16 Hamath, Bérotha, Sibraïm, entre la frontière de Damas et la frontière de Hamath, Hatzer Hatthicon, vers la frontière de Havran ;
      17 ainsi la limite sera, depuis la mer, Hatsar Énon, la frontière de Damas, Tsaphon au nord, et la frontière de Hamath : ce sera le côté septentrional.
      18 Le côté oriental sera le Jourdain, entre Havran, Damas et Galaad, et le pays d'Israël ; vous mesurerez depuis la limite septentrionale jusqu'à la mer orientale : ce sera le côté oriental.
      19 Le côté méridional, au midi, ira depuis Thamar jusqu'aux eaux de Meriba à Kadès, jusqu'au torrent vers la grande mer : ce sera le côté méridional.
      20 Le côté occidental sera la grande mer, depuis la limite jusque vis-à-vis de Hamath : ce sera le côté occidental.
      21 Vous partagerez ce pays entre vous, selon les tribus d'Israël.
      22 Vous le diviserez en héritage par le sort pour vous et pour les étrangers qui séjourneront au milieu de vous, qui engendreront des enfants au milieu de vous ; vous les regarderez comme indigènes parmi les enfants d'Israël ; ils partageront au sort l'héritage avec vous parmi les tribus d'Israël.
      23 Vous donnerez à l'étranger son héritage dans la tribu où il séjournera, dit le Seigneur, l'Éternel.

      Ezéchiel 48

      35 Circuit : dix-huit mille cannes. Et, dès ce jour, le nom de la ville sera : l'Éternel est ici.

      Osée 1

      1 La parole de l'Éternel qui fut adressée à Osée, fils de Beéri, au temps d'Ozias, de Jotham, d'Achaz, d'Ézéchias, rois de Juda, et au temps de Jéroboam, fils de Joas, roi d'Israël.
      2 La première fois que l'Éternel adressa la parole à Osée, l'Éternel dit à Osée : Va, prends une femme prostituée et des enfants de prostitution ; car le pays se prostitue, il abandonne l'Éternel !
      3 Il alla, et il prit Gomer, fille de Diblaïm. Elle conçut, et lui enfanta un fils.
      4 Et l'Éternel lui dit : Appelle-le du nom de Jizreel ; car encore un peu de temps, et je châtierai la maison de Jéhu pour le sang versé à Jizreel, je mettrai fin au royaume de la maison d'Israël.
      5 En ce jour-là, je briserai l'arc d'Israël dans la vallée de Jizreel.
      6 Elle conçut de nouveau, et enfanta une fille. Et l'Éternel dit à Osée : Donne-lui le nom de Lo Ruchama ; car je n'aurai plus pitié de la maison d'Israël, je ne lui pardonnerai plus.
      7 Mais j'aurai pitié de la maison de Juda ; je les sauverai par l'Éternel, leur Dieu, et je ne les sauverai ni par l'arc, ni par l'épée, ni par les combats, ni par les chevaux, ni par les cavaliers.
      8 Elle sevra Lo Ruchama ; puis elle conçut, et enfanta un fils.
      9 Et l'Éternel dit : Donne-lui le nom de Lo Ammi ; car vous n'êtes pas mon peuple, et je ne suis pas votre Dieu.
      10 (2 : 1) Cependant le nombre des enfants d'Israël sera comme le sable de la mer, qui ne peut ni se mesurer ni se compter ; et au lieu qu'on leur disait : Vous n'êtes pas mon peuple ! on leur dira : Fils du Dieu vivant !
      11 (2 : 2) Les enfants de Juda et les enfants d'Israël se rassembleront, se donneront un chef, et sortiront du pays ; car grande sera la journée de Jizreel.

      Osée 2

      1 (2 : 3) Dites à vos frères : Ammi ! et à vos soeurs : Ruchama !
      2 (2 : 4) Plaidez, plaidez contre votre mère, car elle n'est point ma femme, et je ne suis point son mari ! Qu'elle ôte de sa face ses prostitutions, et de son sein ses adultères !
      3 (2 : 5) Sinon, je la dépouille à nu, je la mets comme au jour de sa naissance, je la rends semblable à un désert, à une terre aride, et je la fais mourir de soif ;
      4 (2 : 6) et je n'aurai pas pitié de ses enfants, car ce sont des enfants de prostitution.
      5 (2 : 7) Leur mère s'est prostituée, celle qui les a conçus s'est déshonorée, car elle a dit : J'irai après mes amants, qui me donnent mon pain et mon eau, ma laine et mon lin, mon huile et ma boisson.
      6 (2 : 8) C'est pourquoi voici, je vais fermer son chemin avec des épines et y élever un mur, afin qu'elle ne trouve plus ses sentiers.
      7 (2 : 9) Elle poursuivra ses amants, et ne les atteindra pas ; elle les cherchera, et ne les trouvera pas. Puis elle dira : J'irai, et je retournerai vers mon premier mari, car alors j'étais plus heureuse que maintenant.
      8 (2 : 10) Elle n'a pas reconnu que c'était moi qui lui donnais le blé, le moût et l'huile ; et l'on a consacré au service de Baal l'argent et l'or que je lui prodiguais.
      9 (2 : 11) C'est pourquoi je reprendrai mon blé en son temps et mon moût dans sa saison, et j'enlèverai ma laine et mon lin qui devaient couvrir sa nudité.
      10 (2 : 12) Et maintenant je découvrirai sa honte aux yeux de ses amants, et nul ne la délivrera de ma main.
      11 (2 : 13) Je ferai cesser toute sa joie, ses fêtes, ses nouvelles lunes, ses sabbats et toutes ses solennités.
      12 (2 : 14) Je ravagerai ses vignes et ses figuiers, dont elle disait : C'est le salaire que m'ont donné mes amants ! Je les réduirai en une forêt, et les bêtes des champs les dévoreront.
      13 (2 : 15) Je la châtierai pour les jours où elle encensait les Baals, où elle se paraît de ses anneaux et de ses colliers, allait après ses amants, et m'oubliait, dit l'Éternel.
      14 (2 : 16) C'est pourquoi voici, je veux l'attirer et la conduire au désert, et je parlerai à son coeur.
      15 (2 : 17) Là, je lui donnerai ses vignes et la vallée d'Acor, comme une porte d'espérance, et là, elle chantera comme au temps de sa jeunesse, et comme au jour où elle remonta du pays d'Égypte.
      16 (2 : 18) En ce jour-là, dit l'Éternel, tu m'appelleras : Mon mari ! et tu ne m'appelleras plus : Mon maître !
      17 (2 : 19) J'ôterai de sa bouche les noms des Baals, afin qu'on ne les mentionne plus par leurs noms.
      18 (2 : 20) En ce jour-là, je traiterai pour eux une alliance avec les bêtes des champs, les oiseaux du ciel et les reptiles de la terre, je briserai dans le pays l'arc, l'épée et la guerre, et je les ferai reposer avec sécurité.
      19 (2 : 21) Je serai ton fiancé pour toujours ; je serai ton fiancé par la justice, la droiture, la grâce et la miséricorde ;
      20 (2 : 22) je serai ton fiancé par la fidélité, et tu reconnaîtras l'Éternel.
      21 (2 : 23) En ce jour-là, j'exaucerai, dit l'Éternel, j'exaucerai les cieux, et ils exauceront la terre ;
      22 (2 : 24) la terre exaucera le blé, le moût et l'huile, et ils exauceront Jizreel.
      23 (2 : 25) Je planterai pour moi Lo Ruchama dans le pays, et je lui ferai miséricorde ; je dirai à Lo Ammi : Tu es mon peuple ! et il répondra : Mon Dieu !

      Osée 3

      1 L'Éternel me dit : Va encore, et aime une femme aimée d'un amant, et adultère ; aime-la comme l'Éternel aime les enfants d'Israël, qui se tournent vers d'autres dieux et qui aiment les gâteaux de raisins.
      2 Je l'achetai pour quinze sicles d'argent, un homer d'orge et un léthec d'orge.
      3 Et je lui dis : Reste longtemps pour moi, ne te livre pas à la prostitution, ne sois à aucun homme, et je serai de même envers toi.
      4 Car les enfants d'Israël resteront longtemps sans roi, sans chef, sans sacrifice, sans statue, sans éphod, et sans théraphim.
      5 Après cela, les enfants d'Israël reviendront ; ils chercheront l'Éternel, leur Dieu, et David, leur roi ; et ils tressailliront à la vue de l'Éternel et de sa bonté, dans la suite des temps.

      Osée 4

      1 Écoutez la parole de l'Éternel, enfants d'Israël ! Car l'Éternel a un procès avec les habitants du pays, Parce qu'il n'y a point de vérité, point de miséricorde, Point de connaissance de Dieu dans le pays.
      2 Il n'y a que parjures et mensonges, Assassinats, vols et adultères ; On use de violence, on commet meurtre sur meurtre.
      3 C'est pourquoi le pays sera dans le deuil, Tous ceux qui l'habitent seront languissants, Et avec eux les bêtes des champs et les oiseaux du ciel ; Même les poissons de la mer disparaîtront.
      4 Mais que nul ne conteste, que nul ne se livre aux reproches ; Car ton peuple est comme ceux qui disputent avec les sacrificateurs.
      5 Tu tomberas de jour, Le prophète avec toi tombera de nuit, Et je détruirai ta mère.
      6 Mon peuple est détruit, parce qu'il lui manque la connaissance. Puisque tu as rejeté la connaissance, Je te rejetterai, et tu seras dépouillé de mon sacerdoce ; Puisque tu as oublié la loi de ton Dieu, J'oublierai aussi tes enfants.
      7 Plus ils se sont multipliés, plus ils ont péché contre moi : Je changerai leur gloire en ignominie.
      8 Ils se repaissent des péchés de mon peuple, Ils sont avides de ses iniquités.
      9 Il en sera du sacrificateur comme du peuple ; Je le châtierai selon ses voies, Je lui rendrai selon ses oeuvres.
      10 Ils mangeront sans se rassasier, Ils se prostitueront sans multiplier, Parce qu'ils ont abandonné l'Éternel et ses commandements.
      11 La prostitution, le vin et le moût, font perdre le sens.
      12 Mon peuple consulte son bois, Et c'est son bâton qui lui parle ; Car l'esprit de prostitution égare, Et ils se prostituent loin de leur Dieu.
      13 Ils sacrifient sur le sommet des montagnes, Ils brûlent de l'encens sur les collines, Sous les chênes, les peupliers, les térébinthes, Dont l'ombrage est agréable. C'est pourquoi vos filles se prostituent, Et vos belles-filles sont adultères.
      14 Je ne punirai pas vos filles parce qu'elles se prostituent, Ni vos belles-filles parce qu'elles sont adultères, Car eux-mêmes vont à l'écart avec des prostituées, Et sacrifient avec des femmes débauchées. Le peuple insensé court à sa perte.
      15 Si tu te livres à la prostitution, ô Israël, Que Juda ne se rende pas coupable ; N'allez pas à Guilgal, ne montez pas à Beth Aven, Et ne jurez pas : L'Éternel est vivant !

      Osée 5

      1 Écoutez ceci, sacrificateurs ! Sois attentive, maison d'Israël ! Prête l'oreille, maison du roi ! Car c'est à vous que le jugement s'adresse, Parce que vous avez été un piège à Mitspa, Et un filet tendu sur le Thabor.
      4 Leurs oeuvres ne leur permettent pas de revenir à leur Dieu, Parce que l'esprit de prostitution est au milieu d'eux, Et parce qu'ils ne connaissent pas l'Éternel.
      6 Ils iront avec leurs brebis et leurs boeufs chercher l'Éternel, Mais ils ne le trouveront point : Il s'est retiré du milieu d'eux.

      Osée 6

      3 Connaissons, cherchons à connaître l'Éternel ; Sa venue est aussi certaine que celle de l'aurore. Il viendra pour nous comme la pluie, Comme la pluie du printemps qui arrose la terre.
      4 Que te ferai-je, Éphraïm ? Que te ferai-je, Juda ? Votre piété est comme la nuée du matin, Comme la rosée qui bientôt se dissipe.
      6 Car j'aime la piété et non les sacrifices, Et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes.
      7 Ils ont, comme le vulgaire, transgressé l'alliance ; C'est alors qu'ils m'ont été infidèles.
      8 Galaad est une ville de malfaiteurs, Elle porte des traces de sang.
      9 La troupe des sacrificateurs est comme une bande en embuscade, Commettant des assassinats sur le chemin de Sichem ; Car ils se livrent au crime.
      10 Dans la maison d'Israël j'ai vu des choses horribles : Là Éphraïm se prostitue, Israël se souille.

      Osée 7

      1 Lorsque je voulais guérir Israël, L'iniquité d'Éphraïm et la méchanceté de Samarie se sont révélées, Car ils ont agi frauduleusement ; Le voleur est arrivé, la bande s'est répandue au dehors.
      7 Ils sont tous ardents comme un four, Et ils dévorent leurs juges ; Tous leurs rois tombent : Aucun d'eux ne m'invoque.
      8 Éphraïm se mêle avec les peuples, Éphraïm est un gâteau qui n'a pas été retourné.
      13 Malheur à eux, parce qu'ils me fuient ! Ruine sur eux, parce qu'ils me sont infidèles ! Je voudrais les sauver, Mais ils disent contre moi des paroles mensongères.

      Osée 8

      1 Embouche la trompette ! L'ennemi fond comme un aigle sur la maison de l'Éternel, Parce qu'ils ont violé mon alliance, Et transgressé ma loi.
      2 Ils crieront vers moi : Mon Dieu, nous te connaissons, nous Israël !
      5 L'Éternel a rejeté ton veau, Samarie ! Ma colère s'est enflammée contre eux. Jusques à quand refuseront-ils de se purifier ?
      7 Puisqu'ils ont semé du vent, ils moissonneront la tempête ; Ils n'auront pas un épi de blé ; Ce qui poussera ne donnera point de farine, Et s'il y en avait, des étrangers la dévoreraient.
      10 Quand même ils font des présents parmi les nations, Je vais maintenant les rassembler, Et bientôt ils souffriront sous le fardeau du roi des princes.
      11 Éphraïm a multiplié les autels pour pécher, Et ces autels l'ont fait tomber dans le péché.
      12 Que j'écrive pour lui toutes les ordonnances de ma loi, Elles sont regardées comme quelque chose d'étranger.
      13 Ils immolent des victimes qu'ils m'offrent, Et ils en mangent la chair : L'Éternel n'y prend point de plaisir. Maintenant l'Éternel se souvient de leur iniquité, Et il punira leurs péchés : Ils retourneront en Égypte.

      Osée 9

      15 Toute leur méchanceté se montre à Guilgal ; C'est là que je les ai pris en aversion. A cause de la malice de leurs oeuvres, Je les chasserai de ma maison. Je ne les aimerai plus ; Tous leurs chefs sont des rebelles.

      Osée 10

      8 Les hauts lieux de Beth Aven, où Israël a péché, seront détruits ; L'épine et la ronce croîtront sur leurs autels. Ils diront aux montagnes : Couvrez-nous ! Et aux collines : Tombez sur nous !
      14 Il s'élèvera un tumulte parmi ton peuple, Et toutes tes forteresses seront détruites, Comme fut détruite Schalman Beth Arbel, Au jour de la guerre, Où la mère fut écrasée avec les enfants.

      Osée 11

      1 Quand Israël était jeune, je l'aimais, Et j'appelai mon fils hors d'Égypte.
      5 Ils ne retourneront pas au pays d'Égypte ; Mais l'Assyrien sera leur roi, Parce qu'ils ont refusé de revenir à moi.
      8 Que ferai-je de toi, Éphraïm ? Dois-je te livrer, Israël ? Te traiterai-je comme Adma ? Te rendrai-je semblable à Tseboïm ? Mon coeur s'agite au dedans de moi, Toutes mes compassions sont émues.

      Osée 12

      10 (12 : 11) J'ai parlé aux prophètes, J'ai multiplié les visions, Et par les prophètes j'ai proposé des paraboles.
      12 (12 : 13) Jacob s'enfuit au pays d'Aram, Israël servit pour une femme, Et pour une femme il garda les troupeaux.
      13 (12 : 14) Par un prophète l'Éternel fit monter Israël hors d'Égypte, Et par un prophète Israël fut gardé.
      14 (12 : 15) Éphraïm a irrité l'Éternel amèrement : Son Seigneur rejettera sur lui le sang qu'il a répandu, Il fera retomber sur lui la honte qui lui appartient.

      Osée 13

      4 Et moi, je suis l'Éternel, ton Dieu, dès le pays d'Égypte. Tu ne connais d'autre Dieu que moi, Et il n'y a de sauveur que moi.
      7 Je serai pour eux comme un lion ; Comme une panthère, je les épierai sur la route.

      Amos 1

      2 Il dit : De Sion l'Éternel rugit, De Jérusalem il fait entendre sa voix. Les pâturages des bergers sont dans le deuil, Et le sommet du Carmel est desséché.
      3 Ainsi parle l'Éternel : A cause de trois crimes de Damas, Même de quatre, je ne révoque pas mon arrêt, Parce qu'ils ont foulé Galaad sous des traîneaux de fer.
      5 Je briserai les verrous de Damas, J'exterminerai de Bikath Aven les habitants, Et de Beth Éden celui qui tient le sceptre ; Et le peuple de Syrie sera mené captif à Kir, dit l'Éternel.
      6 Ainsi parle l'Éternel : A cause de trois crimes de Gaza, Même de quatre, je ne révoque pas mon arrêt, Parce qu'ils ont fait une foule de captifs pour les livrer à Édom.
      8 J'exterminerai d'Asdod les habitants, Et d'Askalon celui qui tient le sceptre ; Je tournerai ma main contre Ékron, Et le reste des Philistins périra, dit le Seigneur, l'Éternel.
      9 Ainsi parle l'Éternel : A cause de trois crimes de Tyr, Même de quatre, je ne révoque pas mon arrêt, Parce qu'ils ont livré à Édom une foule de captifs, Sans se souvenir de l'alliance fraternelle.
      10 J'enverrai le feu dans les murs de Tyr, Et il en dévorera les palais.
      11 Ainsi parle l'Éternel : A cause de trois crimes d'Édom, Même de quatre, je ne révoque pas mon arrêt, Parce qu'il a poursuivi ses frères avec l'épée, En étouffant sa compassion, Parce que sa colère déchire toujours, Et qu'il garde éternellement sa fureur.
      12 J'enverrai le feu dans Théman, Et il dévorera les palais de Botsra.
      13 Ainsi parle l'Éternel : A cause de trois crimes des enfants d'Ammon, Même de quatre, je ne révoque pas mon arrêt, Parce qu'ils ont fendu le ventre des femmes enceintes de Galaad, Afin d'agrandir leur territoire.
      15 Et leur roi s'en ira en captivité, Lui, et ses chefs avec lui, dit l'Éternel.

      Amos 2

      1 Ainsi parle l'Éternel : A cause de trois crimes de Moab, Même de quatre, je ne révoque pas mon arrêt, Parce qu'il a brûlé, calciné les os du roi d'Édom.
      2 J'enverrai le feu dans Moab, Et il dévorera les palais de Kerijoth ; Et Moab périra au milieu du tumulte, Au milieu des cris de guerre et du bruit de la trompette.
      3 J'exterminerai de son sein le juge, Et je tuerai tous ses chefs avec lui, dit l'Éternel.
      4 Ainsi parle l'Éternel : A cause de trois crimes de Juda, Même de quatre, je ne révoque pas mon arrêt, Parce qu'ils ont méprisé la loi de l'Éternel Et qu'ils n'ont pas gardé ses ordonnances, Parce qu'ils ont été égarés par les idoles mensongères Après lesquelles leurs pères ont marché.
      6 Ainsi parle l'Éternel : A cause des trois crimes d'Israël, Même de quatre, je ne révoque pas mon arrêt, Parce qu'ils ont vendu le juste pour de l'argent, Et le pauvre pour une paire de souliers.
      7 Ils aspirent à voir la poussière de la terre sur la tête des misérables, Et ils violent le droit des malheureux. Le fils et le père vont vers la même fille, Afin de profaner mon saint nom.
      8 Ils s'étendent près de chaque autel sur des vêtements pris en gage, Et ils boivent dans la maison de leurs dieux le vin de ceux qu'ils condamnent.
      13 Voici, je vous écraserai, Comme foule la terre un chariot chargé de gerbes.

      Amos 3

      2 Je vous ai choisis, vous seuls parmi toutes les familles de la terre ; C'est pourquoi je vous châtierai pour toutes vos iniquités.
      12 Ainsi parle l'Éternel : Comme le berger arrache de la gueule du lion Deux jambes ou un bout d'oreille, Ainsi se sauveront les enfants d'Israël qui sont assis dans Samarie A l'angle d'un lit et sur des tapis de damas.

      Amos 4

      4 Allez à Béthel, et péchez ! Allez à Guilgal, et péchez davantage ! Offrez vos sacrifices chaque matin, Et vos dîmes tous les trois jours !

      Amos 5

      11 Aussi, parce que vous avez foulé le misérable, Et que vous avez pris de lui du blé en présent, Vous avez bâti des maisons en pierres de taille, Mais vous ne les habiterez pas ; Vous avez planté d'excellentes vignes, Mais vous n'en boirez pas le vin.
      18 Malheur à ceux qui désirent le jour de l'Éternel ! Qu'attendez-vous du jour de l'Éternel ? Il sera ténèbres et non lumière.
      21 Je hais, je méprise vos fêtes, Je ne puis sentir vos assemblées.
      22 Quand vous me présentez des holocaustes et des offrandes, Je n'y prends aucun plaisir ; Et les veaux engraissés que vous sacrifiez en actions de grâces, Je ne les regarde pas.
      23 Éloigne de moi le bruit de tes cantiques ; Je n'écoute pas le son de tes luths.
      24 Mais que la droiture soit comme un courant d'eau, Et la justice comme un torrent qui jamais ne tarit.
      25 M'avez-vous fait des sacrifices et des offrandes Pendant les quarante années du désert, maison d'Israël ?...

      Amos 6

      4 Ils reposent sur des lits d'ivoire, Ils sont mollement étendus sur leurs couches ; Ils mangent les agneaux du troupeau, Les veaux mis à l'engrais.
      5 Ils extravaguent au son du luth, Ils se croient habiles comme David sur les instruments de musique.
      6 Ils boivent le vin dans de larges coupes, Ils s'oignent avec la meilleure huile, Et ils ne s'attristent pas sur la ruine de Joseph !
      7 C'est pourquoi ils seront emmenés à la tête des captifs ; Et les cris de joie de ces voluptueux cesseront.

      Amos 7

      10 Alors Amatsia, prêtre de Béthel, fit dire à Jéroboam, roi d'Israël : Amos conspire contre toi au milieu de la maison d'Israël ; le pays ne peut supporter toutes ses paroles.

      Amos 8

      4 Écoutez ceci, vous qui dévorez l'indigent, Et qui ruinez les malheureux du pays !

      Amos 9

      7 N'êtes-vous pas pour moi comme les enfants des Éthiopiens, Enfants d'Israël ? dit l'Éternel. N'ai-je pas fait sortir Israël du pays d'Égypte, Comme les Philistins de Caphtor et les Syriens de Kir ?

      Jonas 1

      14 Alors ils invoquèrent l'Éternel, et dirent : O Éternel, ne nous fais pas périr à cause de la vie de cet homme, et ne nous charge pas du sang innocent ! Car toi, Éternel, tu fais ce que tu veux.

      Michée 2

      6 Ne prophétisez pas ! disent-ils. Qu'on ne prophétise pas de telles choses ! Les invectives n'ont point de fin ! -
      11 Si un homme court après le vent et débite des mensonges : Je vais te prophétiser sur le vin, sur les boissons fortes ! Ce sera pour ce peuple un prophète.

      Michée 3

      5 Ainsi parle l'Éternel sur les prophètes qui égarent mon peuple, Qui annoncent la paix si leurs dents ont quelque chose à mordre, Et qui publient la guerre si on ne leur met rien dans la bouche :
      12 C'est pourquoi, à cause de vous, Sion sera labourée comme un champ, Jérusalem deviendra un monceau de pierres, Et la montagne du temple une sommité couverte de bois.

      Michée 6

      1 Écoutez donc ce que dit l'Éternel : Lève-toi, plaide devant les montagnes, Et que les collines entendent ta voix !...
      2 Écoutez, montagnes, le procès de l'Éternel, Et vous, solides fondements de la terre ! Car l'Éternel a un procès avec son peuple, Il veut plaider avec Israël. -
      3 Mon peuple, que t'ai-je fait ? En quoi t'ai-je fatigué ? Réponds-moi !
      4 Car je t'ai fait monter du pays d'Égypte, Je t'ai délivré de la maison de servitude, Et j'ai envoyé devant toi Moïse, Aaron et Marie.
      5 Mon peuple, rappelle-toi ce que projetait Balak, roi de Moab, Et ce que lui répondit Balaam, fils de Beor, De Sittim à Guilgal, Afin que tu reconnaisses les bienfaits de l'Éternel.
      6 Avec quoi me présenterai-je devant l'Éternel, Pour m'humilier devant le Dieu Très Haut ? Me présenterai-je avec des holocaustes, Avec des veaux d'un an ?
      7 L'Éternel agréera-t-il des milliers de béliers, Des myriades de torrents d'huile ? Donnerai-je pour mes transgressions mon premier-né, Pour le péché de mon âme le fruit de mes entrailles ? -
      8 On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; Et ce que l'Éternel demande de toi, C'est que tu pratiques la justice, Que tu aimes la miséricorde, Et que tu marches humblement avec ton Dieu.
      9 La voix de l'Éternel crie à la ville, Et celui qui est sage craindra ton nom. Entendez la verge et celui qui l'envoie !
      10 Y a-t-il encore dans la maison du méchant Des trésors iniques, Et un épha trop petit, objet de malédiction ?
      11 Est-on pur avec des balances fausses, Et avec de faux poids dans le sac ?
      12 Ses riches sont pleins de violence, Ses habitants profèrent le mensonge, Et leur langue n'est que tromperie dans leur bouche.
      13 C'est pourquoi je te frapperai par la souffrance, Je te ravagerai à cause de tes péchés.
      14 Tu mangeras sans te rassasier, Et la faim sera au dedans de toi ; Tu mettras en réserve et tu ne sauveras pas, Et ce que tu sauveras, je le livrerai à l'épée.
      15 Tu sèmeras, et tu ne moissonneras pas, Tu presseras l'olive, et tu ne feras pas d'onctions avec l'huile, Tu presseras le moût, et tu ne boiras pas le vin.
      16 On observe les coutumes d'Omri Et toute la manière d'agir de la maison d'Achab, Et vous marchez d'après leurs conseils ; C'est pourquoi je te livrerai à la destruction, Je ferai de tes habitants un sujet de raillerie, Et vous porterez l'opprobre de mon peuple.

      Michée 7

      2 L'homme de bien a disparu du pays, Et il n'y a plus de juste parmi les hommes ; Ils sont tous en embuscade pour verser le sang, Chacun tend un piège à son frère.

      Nahum 1

      7 L'Éternel est bon, Il est un refuge au jour de la détresse ; Il connaît ceux qui se confient en lui.
      8 Mais avec des flots qui déborderont Il détruira la ville, Et il poursuivra ses ennemis jusque dans les ténèbres.
      9 Que méditez-vous contre l'Éternel ? C'est lui qui détruit. La détresse ne paraîtra pas deux fois.
      10 Car entrelacés comme des épines, Et comme ivres de leur vin, Ils seront consumés Comme la paille sèche, entièrement.
      15 (2 : 1) Voici sur les montagnes Les pieds du messager qui annonce la paix ! Célèbre tes fêtes, Juda, accomplis tes voeux ! Car le méchant ne passera plus au milieu de toi, Il est entièrement exterminé...

      Nahum 2

      1 (2 : 2) Le destructeur marche contre toi. Garde la forteresse ! Veille sur la route ! affermis tes reins ! Recueille toute ta force !...

      Nahum 3

      19 Il n'y a point de remède à ta blessure, Ta plaie est mortelle. Tous ceux qui entendront parler de toi Battront des mains sur toi ; Car quel est celui que ta méchanceté n'a pas atteint ?

      Habacuc 1

      1 Oracle révélé à Habakuk, le prophète.
      2 Jusqu'à quand, ô Éternel ?... J'ai crié, Et tu n'écoutes pas ! J'ai crié vers toi à la violence, Et tu ne secours pas !
      5 Jetez les yeux parmi les nations, regardez, Et soyez saisis d'étonnement, d'épouvante ! Car je vais faire en vos jours une oeuvre, Que vous ne croiriez pas si on la racontait.
      6 Voici, je vais susciter les Chaldéens, Peuple furibond et impétueux, Qui traverse de vastes étendues de pays, Pour s'emparer de demeures qui ne sont pas à lui.
      11 Alors son ardeur redouble, Il poursuit sa marche, et il se rend coupable. Sa force à lui, voilà son dieu !
      12 N'es-tu pas de toute éternité, Éternel, mon Dieu, mon Saint ? Nous ne mourrons pas ! O Éternel, tu as établi ce peuple pour exercer tes jugements ; O mon rocher, tu l'as suscité pour infliger tes châtiments.

      Habacuc 2

      2 L'Éternel m'adressa la parole, et il dit : Écris la prophétie : Grave-la sur des tables, Afin qu'on la lise couramment.
      4 Voici, son âme s'est enflée, elle n'est pas droite en lui ; Mais le juste vivra par sa foi.

      Zacharie 14

      8 En ce jour-là, des eaux vives sortiront de Jérusalem, Et couleront moitié vers la mer orientale, Moitié vers la mer occidentale ; Il en sera ainsi été et hiver.

      Matthieu 5

      1 Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne ; et, après qu'il se fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui.
      2 Puis, ayant ouvert la bouche, il les enseigna, et dit :
      3 Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !
      4 Heureux les affligés, car ils seront consolés !
      5 Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre !
      6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés !
      7 Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde !
      8 Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu !
      9 Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu !
      10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux !
      11 Heureux serez-vous, lorsqu'on vous outragera, qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi.
      12 Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous.
      13 Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il ne sert plus qu'à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes.
      14 Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée ;
      15 et on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.
      16 Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.
      17 Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir.
      18 Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu'à ce que tout soit arrivé.
      19 Celui donc qui supprimera l'un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux.
      20 Car, je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux.
      21 Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; celui qui tuera mérite d'être puni par les juges.
      22 Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d'être puni par les juges ; que celui qui dira à son frère : Raca ! mérite d'être puni par le sanhédrin ; et que celui qui lui dira : Insensé ! mérite d'être puni par le feu de la géhenne.
      23 Si donc tu présentes ton offrande à l'autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi,
      24 laisse là ton offrande devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère ; puis, viens présenter ton offrande.
      25 Accorde-toi promptement avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui, de peur qu'il ne te livre au juge, que le juge ne te livre à l'officier de justice, et que tu ne sois mis en prison.
      26 Je te le dis en vérité, tu ne sortiras pas de là que tu n'aies payé le dernier quadrant.
      27 Vous avez appris qu'il a été dit : Tu ne commettras point d'adultère.
      28 Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son coeur.
      29 Si ton oeil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi ; car il est avantageux pour toi qu'un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne.
      30 Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi ; car il est avantageux pour toi qu'un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier n'aille pas dans la géhenne.
      31 Il a été dit : Que celui qui répudie sa femme lui donne une lettre de divorce.
      32 Mais moi, je vous dis que celui qui répudie sa femme, sauf pour cause d'infidélité, l'expose à devenir adultère, et que celui qui épouse une femme répudiée commet un adultère.
      33 Vous avez encore appris qu'il a été dit aux anciens : Tu ne te parjureras point, mais tu t'acquitteras envers le Seigneur de ce que tu as déclaré par serment.
      34 Mais moi, je vous dis de ne jurer aucunement, ni par le ciel, parce que c'est le trône de Dieu ;
      35 ni par la terre, parce que c'est son marchepied ; ni par Jérusalem, parce que c'est la ville du grand roi.
      36 Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux rendre blanc ou noir un seul cheveu.
      37 Que votre parole soit oui, oui, non, non ; ce qu'on y ajoute vient du malin.
      38 Vous avez appris qu'il a été dit : oeil pour oeil, et dent pour dent.
      39 Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre.
      40 Si quelqu'un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.
      41 Si quelqu'un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui.
      42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi.
      43 Vous avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi.
      44 Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent,
      45 afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.
      46 Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains aussi n'agissent-ils pas de même ?
      47 Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens aussi n'agissent-ils pas de même ?
      48 Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.

      Matthieu 6

      1 Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus ; autrement, vous n'aurez point de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux.
      2 Lors donc que tu fais l'aumône, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin d'être glorifiés par les hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense.
      3 Mais quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite,
      4 afin que ton aumône se fasse en secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
      5 Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense.
      6 Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
      7 En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s'imaginent qu'à force de paroles ils seront exaucés.
      8 Ne leur ressemblez pas ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.
      9 Voici donc comment vous devez prier : Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié ;
      10 que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
      11 Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien ;
      12 pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ;
      13 ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin. Car c'est à toi qu'appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen !
      14 Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi ;
      15 mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses.
      16 Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se rendent le visage tout défait, pour montrer aux hommes qu'ils jeûnent. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense.
      17 Mais quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage,
      18 afin de ne pas montrer aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
      19 Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent ;
      20 mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent.
      21 Car là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur.
      22 L'oeil est la lampe du corps. Si ton oeil est en bon état, tout ton corps sera éclairé ;
      23 mais si ton oeil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres !
      24 Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l'un, et aimera l'autre ; ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon.
      25 C'est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ?
      26 Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n'amassent rien dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ?
      27 Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie ?
      28 Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement ? Considérez comment croissent les lis des champs : ils ne travaillent ni ne filent ;
      29 cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux.
      30 Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui existe aujourd'hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi ?
      31 Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas : Que mangerons-nous ? que boirons-nous ? de quoi serons-nous vêtus ?
      32 Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin.
      33 Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus.
      34 Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.

      Matthieu 7

      1 Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés.
      2 Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez.
      3 Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'oeil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil ?
      4 Ou comment peux-tu dire à ton frère : Laisse-moi ôter une paille de ton oeil, toi qui as une poutre dans le tien ?
      5 Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'oeil de ton frère.
      6 Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous déchirent.
      7 Demandez, et l'on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l'on vous ouvrira.
      8 Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l'on ouvre à celui qui frappe.
      9 Lequel de vous donnera une pierre à son fils, s'il lui demande du pain ?
      10 Ou, s'il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent ?
      11 Si donc, méchants comme vous l'êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent.
      12 Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c'est la loi et les prophètes.
      13 Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là.
      14 Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent.
      15 Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtement de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs.
      16 Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons ?
      17 Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits.
      18 Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits.
      19 Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu.
      20 C'est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.
      21 Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux.
      22 Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé par ton nom ? n'avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ?
      23 Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité.
      24 C'est pourquoi, quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc.
      25 La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette maison : elle n'est point tombée, parce qu'elle était fondée sur le roc.
      26 Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable.
      27 La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et ont battu cette maison : elle est tombée, et sa ruine a été grande.
      28 Après que Jésus eut achevé ces discours, la foule fut frappée de sa doctrine ;
      29 car il enseignait comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes.

      Matthieu 12

      39 Il leur répondit : Une génération méchante et adultère demande un miracle ; il ne lui sera donné d'autre miracle que celui du prophète Jonas.

      Matthieu 13

      57 Et il était pour eux une occasion de chute. Mais Jésus leur dit : Un prophète n'est méprisé que dans sa patrie et dans sa maison.

      Matthieu 16

      14 Ils répondirent : Les uns disent que tu es Jean Baptiste ; les autres, Élie ; les autres, Jérémie, ou l'un des prophètes.

      Matthieu 23

      8 Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi ; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères.
      12 Quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque s'abaissera sera élevé.
      37 Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu !

      Luc 2

      34 Siméon les bénit, et dit à Marie, sa mère : Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction,

      Luc 19

      46 leur disant : Il est écrit : Ma maison sera une maison de prière. Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs.

      Luc 22

      25 Jésus leur dit : Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs.

      Jean 4

      14 mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura jamais soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle.
      21 Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l'heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père.
      24 Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l'adorent l'adorent en esprit et en vérité.

      Jean 7

      37 Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus, se tenant debout, s'écria : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive.

      Jean 12

      32 Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi.

      Romains 1

      17 parce qu'en lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi, selon qu'il est écrit : Le juste vivra par la foi.

      Romains 12

      2 Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l'intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.
      15 Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent ; pleurez avec ceux qui pleurent.

      Galates 3

      11 Et que nul ne soit justifié devant Dieu par la loi, cela est évident, puisqu'il est dit : Le juste vivra par la foi.

      Colossiens 3

      11 Il n'y a ici ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni barbare ni Scythe, ni esclave ni libre ; mais Christ est tout et en tous.

      Hébreux 10

      38 Et mon juste vivra par la foi ; mais, s'il se retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui.

      Apocalypse 6

      16 Et ils disaient aux montagnes et aux rochers : Tombez sur nous, et cachez-nous devant la face de celui qui est assis sur le trône, et devant la colère de l'agneau ;

      Apocalypse 21

      1 Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n'était plus.
      2 Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, préparée comme une épouse qui s'est parée pour son époux.
      3 Et j'entendis du trône une forte voix qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux.
      4 Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu.
      5 Et celui qui était assis sur le trône dit : Voici, je fais toutes choses nouvelles. Et il dit : Écris ; car ces paroles sont certaines et véritables.
      6 Et il me dit : C'est fait ! Je suis l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif je donnerai de la source de l'eau de la vie, gratuitement.
      7 Celui qui vaincra héritera ces choses ; je serai son Dieu, et il sera mon fils.
      8 Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.
      9 Puis un des sept anges qui tenaient les sept coupes remplies des sept derniers fléaux vint, et il m'adressa la parole, en disant : Viens, je te montrerai l'épouse, la femme de l'agneau.
      10 Et il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne. Et il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel d'auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu.
      11 Son éclat était semblable à celui d'une pierre très précieuse, d'une pierre de jaspe transparente comme du cristal.
      12 Elle avait une grande et haute muraille. Elle avait douze portes, et sur les portes douze anges, et des noms écrits, ceux des douze tribus des fils d'Israël :
      13 à l'orient trois portes, au nord trois portes, au midi trois portes, et à l'occident trois portes.
      14 La muraille de la ville avait douze fondements, et sur eux les douze noms des douze apôtres de l'agneau.
      15 Celui qui me parlait avait pour mesure un roseau d'or, afin de mesurer la ville, ses portes et sa muraille.
      16 La ville avait la forme d'un carré, et sa longueur était égale à sa largeur. Il mesura la ville avec le roseau, et trouva douze mille stades ; la longueur, la largeur et la hauteur en étaient égales.
      17 Il mesura la muraille, et trouva cent quarante-quatre coudées, mesure d'homme, qui était celle de l'ange.
      18 La muraille était construite en jaspe, et la ville était d'or pur, semblable à du verre pur.
      19 Les fondements de la muraille de la ville étaient ornés de pierres précieuses de toute espèce : le premier fondement était de jaspe, le second de saphir, le troisième de calcédoine, le quatrième d'émeraude,
      20 le cinquième de sardonyx, le sixième de sardoine, le septième de chrysolithe, le huitième de béryl, le neuvième de topaze, le dixième de chrysoprase, le onzième d'hyacinthe, le douzième d'améthyste.
      21 Les douze portes étaient douze perles ; chaque porte était d'une seule perle. La place de la ville était d'or pur, comme du verre transparent.
      22 Je ne vis point de temple dans la ville ; car le Seigneur Dieu tout puissant est son temple, ainsi que l'agneau.
      23 La ville n'a besoin ni du soleil ni de la lune pour l'éclairer ; car la gloire de Dieu l'éclaire, et l'agneau est son flambeau.
      24 Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire.
      25 Ses portes ne se fermeront point le jour, car là il n'y aura point de nuit.
      26 On y apportera la gloire et l'honneur des nations.
      27 Il n'entrera chez elle rien de souillé, ni personne qui se livre à l'abomination et au mensonge ; il n'entrera que ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l'agneau.
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