Nous trouvons dans ce texte une description du
Jugement dernier : c'est en fait la suite des explications
relatives aux paraboles précédentes.Plus tard, aura lieu le Jugement dernier, où chacun recevra la
juste rétribution de sa vie ici-bas : la félicité éternelle, ou
les tourments. Christ viendra, non seulement dans la Gloire de
Son Père, mais aussi dans Sa propre Gloire, en tant que
Médiateur. Le méchant, comme l’homme pieux cohabitent sur cette
terre, dans les mêmes villes, les mêmes églises, les mêmes
familles, sans se connaître vraiment l’un l’autre ; tel est le
résultat de la faiblesse du témoignage des saints, face aux
hypocrisies des pécheurs : la mort surprendra les uns comme les
autres... En ce jour du Jugement, ils seront alors séparés pour
toujours.
Jésus-Christ est le grand Berger ; Il sait distinguer
immédiatement les âmes qui Lui appartiennent, de celles qui Lui
sont étrangères. Il n’y a aucune autre distinction possible,
seule sera visible la différence entre le racheté et le
pécheur, entre le sanctifié et l'impie et cela, de manière
irréversible. Dans le ciel, la félicité éternelle des saints
sera merveilleuse. Ce sera le Royaume du Seigneur ; la plus
grande des possessions ici-bas ne sera que bien modeste, face
à cette bénédiction des saints dans les cieux.
Ce Royaume est préparé : le Père l'a conçu pour les Siens, dans
la grandeur de Sa Sagesse et de Sa Puissance ; le Fils l'a
« acquis » pour eux ; et l'Esprit béni, en préparant les âmes
des rachetés pour ce Royaume, prépare en fait le ciel pour
elles : il est en tous points adapté à la nouvelle nature de
ceux qui sont sanctifiés. Ce Royaume est préparé depuis la
fondation du monde. La félicité en ce lieu a été prévue pour
les saints, de toute éternité. Ils viendront, et en hériteront.
Nous n’avons pas acquis notre héritage spirituel : c'est Dieu
qui nous fait héritiers du ciel. Nous ne devons pas supposer
que les actes de générosité que nous pourrions accomplir
ici-bas, puissent donner droit au bonheur éternel. Les bonnes
œuvres opérées pour Dieu, par le biais de Jésus-Christ, sont
mentionnées dans ce texte, comme étant le « fruit spirituel »
des croyants, rendus saints par l'Esprit de Christ ; ce fruit
est le résultat de la Grâce, conférée à ceux qui accomplissent
ces œuvres.
Les méchants de ce monde ont souvent été appelés à venir à
Christ, pour bénéficier de la vie et du repos éternels, mais
ils se sont détournés de ces appels : de ce fait, il est juste
qu’ils soient séparés de Christ. Les pécheurs condamnés, lors
du Jugement, présenteront en vain des excuses. Le châtiment des
méchants sera éternel ; leur culpabilité ne peut pas être
révoquée.
Ainsi la vie et la mort, le bien et le mal, la bénédiction et
la malédiction, sont placés devant nous, pour que nous
puissions choisir notre chemin : tel il sera, telle sera notre
destin !
Peut être Jésus trouvait-il que Pierre dans la vivacité de ses impressions, s'oubliait trop vite lui-même et les sérieuses paroles qu'il venait d'entendre, pour s'occuper de son condisciple. Et pourtant il donne à Pierre une réponse qu'il lui expliqua sans doute, mais qui, pour nous, reste obscure.
Il n'est donc pas étonnant qu'elle ait été l'objet d'interprétations très diverses. Nous signalerons ici les principales, afin de mettre le lecteur sur la voie de se former une conviction personnelle. Toute la difficulté gît dans ces mots : jusqu'à ce que je vienne.
1° Meyer les prend dans leur sens le plus ordinaire, comme signifiant le retour de Christ pour le jugement du monde, que l'âge apostolique attendait dans un avenir prochain ; en sorte que Jésus voudrait dire : Jean vivra jusqu'à cet événement et ne passera pas par la mort, (verset 23) mais sera "changé" à la venue du Seigneur. (1Corinthiens 15.51,52 ; 1Thessaloniciens 4.17)
2° D'autres appliquent ces mots à la destruction de Jérusalem envisagée comme prélude de la venue de Christ et du jugement dernier. (Lange Luthardt.)
3° Selon d'autres (Bengel, Hengstenberg, Ebrard), il s'agirait de la venue du Seigneur à l'époque de la grande lutte du christianisme contre le paganisme sous Domitien, époque où Jésus viendrait à son disciple Jean et lui révélerait les destinées de l'Eglise décrites dans l'Apocalypse.
4° Olshausen et Ewald pensent que Jésus prédisait à Jean une longue vie suivie d'une mort douce quand il viendrait le prendre à lui, selon sa promesse. (Jean 14.3)
5° M. Godet, en déclarant l'explication de Lange et de Luthardt (N2) la moins invraisemblable de celles qui ont été proposées, ajoute : "Comme l'époque primitive de l'humanité a eu son Hénoch l'époque théocratique son Elie, l'époque chrétienne pourrait bien avoir son Jean...Jean n'accompagnerait-il pas d'une manière mystérieuse la marche de l'Eglise terrestre, comme dans la scène de la pêche il avait accompagné jusqu'au rivage la barque abandonnée brusquement par Pierre ?" (Voir la note suivante.)