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1 à 14 L'apôtre démontre son droit à recevoir son entretien des Eglises.
Le texte reçu place ces deux questions dans un ordre inverse : "Ne suis-je pas apôtre ? ne suis-je pas libre ?" contrairement aux meilleures autorités.
- Paul venait de dire (1Corinthiens 8.13) qu'il se priverait de tout aliment qui pourrait scandaliser son frère. Et pourtant il sait qu'il est libre, aussi libre que ceux qui, à Corinthe, abusaient de leur liberté chrétienne. Bien plus, il est apôtre. Comme apôtre de Jésus-Christ, Paul avait plus encore de liberté et d'autorité que tout autre ; s'il y renonce par charité, son exemple en aura d'autant plus de poids, et humiliera ceux qui s'autorisent de leurs droits pour froisser les consciences faibles. Or, c'est précisément cet exemple de sa vie personnelle qu'il tient à exposer en présence des insinuations de certains adversaires. (verset 3) Il consacre à cela tout ce chapitre, qui n'est point un hors-d'œuvre.
Paul avait probablement vu le Seigneur avant qu'il mourût sur la croix ; mais ce n'est pas de ce temps qu'il parle ici, puisque ce triste privilège, il l'aurait eu en commun avec les ennemis du Sauveur. (Comparer 2Corinthiens 5.16, note.)
Il a vu le Seigneur glorifié (Actes 9.3 et suivants) qui lui est apparu en divers temps, et dont il a reçu des révélations. (Galates 1.1 ; comparez Actes 18.9,10 ; 1Corinthiens 11.23 ; 2Corinthiens 12.1 et suivants)
Il rappelle ces faits pour justifier son caractère apostolique, que niaient ses adversaires en disant qu'il n'avait pas vu le Seigneur, et qu'à cause de cela il ne pouvait pas être le témoin de sa vérité comme les autres apôtres. (Verset 3.) Ainsi parlait sans doute le parti qui se réclamait de Céphas. (1Corinthiens 1.12)
Comme Eglise qu'il avait fondée, et dont les membres avaient été en grande partie amenés par lui à la foi : sceau divin posé par Dieu même sur son apostolat. (verset 2)
- Ce mot dans le Seigneur (versets 1,2) ajoute à la démonstration de l'apôtre quelque chose d'intime et de sacré. Toute son œuvre à l'égard des Corinthiens a eu lieu selon le Seigneur, dans sa communion, en sorte que le Seigneur lui-même en est le témoin et le vrai auteur.
Ainsi les autres apôtres, et spécialement les frères du Seigneur (Jacques le Mineur et Jude) et Pierre, les plus renommés d'entre les apôtres, (Galates 2.9 ; Matthieu 16.18,19) étaient tous mariés, et leurs femmes les accompagnaient dans leurs voyages missionnaires.
Si Paul, par des raisons qu'il a exposées, (1Corinthiens 7) a renoncé à l'état du mariage, il n'en revendique pas moins le droit.
Et c'est en présence de ces faits qu'une Eg1ise établit le célibat forcé des prêtres ! C'est qu'avant cela elle avait renié l'autorité de la Parole de Dieu et ramené dans la nouvelle alliance le prêtre de l'ancienne, au détriment de la sacrificature unique et parfaite de Jésus-Christ, et au mépris du sacerdoce universel de tous les chrétiens.
C'est le célibat obligatoire qui fait la caste, mise à la place de l'homme et du citoyen.
Il ressort de là que Barnabas suivait à cet égard la même ligne de conduite que Paul ; que ces deux serviteurs de Dieu savaient s'estimer et s'aimer, malgré le fait rapporté Actes 15.39 ; enfin, que Barnabas exerçait son ministère dans les Eglises d'Occident.
Les actes de labourer et de fouler ne présentent pas deux exemples parallèles, juxtaposés.
Labourer est pénible ; mais fouler le grain, non. Ce dernier acte nous transporte au jour de la moisson, où le bœuf, libre de toute muselière, prend sa part de la récompense espérée.
Paul veut parler des lévites et des prêtres de l'ancienne alliance, qui n'avaient point eu de part avec les autres tribus dans la terre de la promesse ; car l'Eternel était leur part et leur héritage, et ils devaient vivre de ce qui était offert au temple. (Nombres 18.8 et suivants., Nombres 18.21-24)
Grec : "Mon sujet de gloire." Par où l'apôtre n'entend point une gloire devant Dieu, mais devant les hommes. (Romains 4.2)
Cette gloire, qu'il revendique en présence de l'Eglise, et qui le distinguait des autres apôtres, vrais ou faux, c'est qu'il annonçait l'Evangile gratuitement, (verset 18) et qu'il s'imposait pour cela tous les renoncements et toutes les fatigues. (versets 6-14)
Mais est-ce pour lui qu'il recherchait cette gloire ? Nullement ; il ne veut que lever par là un des plus grands obstacles aux progrès de l'Evangile, (verset 12) et prévenir les accusations que ses adversaires n'auraient pas manqué d'élever contre lui. (Actes 20.34 ; 2Thessaloniciens 3.8,9 ; 2Corinthiens 11.7 et suivants)
Toute cette gloire revenait donc à l'Evangile, (verset 23) c'est-à -dire à Dieu, à qui toute gloire appartient. C'est par le même motif que tout serviteur de Dieu doit tenir fortement à l'honneur de son ministère, et tout chrétien à l'honneur de sa conduite devant les hommes.
- Par un si saint motif, l'apôtre déclare formellement, au commencement de ce verset, qu'il n'écrit point ces choses pour qu'on lui rende le droit auquel il renonce. (Grec : "pour qu'il m'arrive ainsi," c'est-à -dire de vivre de l'Evangile, verset 14).
Si je le fais de bon cœur, librement, gratuitement, j'en ai la récompense ; sinon, j'y suis obligé par l'appel de Dieu, je fais office d'esclave et, après avoir rempli ma tâche, je n'ai aucune récompense à attendre. (verset 17)
Quelle est donc cette précieuse récompense à laquelle j'aspire ? C'est qu'en prêchant gratuitement l'Evangile, je l'établisse d'autant plus sûrement que je renonce à mon droit, (verset 18) et qu'en sacrifiant une liberté légitime, je gagne d'autant plus d'âmes au Sauveur. (verset 19 ; comparez versets 22,23)
- Les Juifs et ceux qui sont sous la loi sont les mêmes hommes, mais la première de ces expressions les désigne comme nation, avec ses mœurs, ses usages, etc. ; la seconde les dépeint dans leur rapport spécial avec Dieu, par le moyen de la loi.
Pour bien comprendre que l'apôtre pût être (Grec : "devenir") comme Juif avec les Juifs, il faut se souvenir que lorsque, pour les gagner à Christ, il prenait part à leurs usages religieux, il ne considérait point ces usages comme des "traditions humaines," mais comme des institutions saintes, établies par Dieu même pour préparer son peuple à l'Evangile.
Avec la signification toute spirituelle qu'il y voyait, il pouvait s'y associer en toute sincérité, y trouver de l'édification, d'autant plus qu'il aimait tendrement son peuple et appréciait hautement ses prérogatives. (Romains 9.1-5)
Mais pour cela, libre par l'Evangile, il ne se croyait point lié à la loi. Tout au contraire, le même homme qui pratiquait des usages religieux avec les Juifs, (Actes 16.3 ; 18.18 ; 21.20 et suivants) dans le sens que nous venons d'indiquer, s'y opposait avec toute l'énergie de sa conviction quand il voyait des chrétiens judaïsants exiger ces actes religieux comme méritoires et nécessaires au salut, ce qui détruisait la doctrine du salut par grâce. (Actes 15.1 et suivants ; Galates 2.4,5,13-16)
Cependant, comme ce mot sans loi (anomos), appliqué à l'apôtre, pouvait être mal compris, il l'explique dans une parenthèse, dont voici la traduction littérale : "n'étant point sans loi à Dieu, mais dans la loi à Christ."
Etre à Christ, c'est bien réellement être dans la loi de Moïse, mais la loi accomplie. (Matthieu 5.17 ; Romains 3.31 ; 8.4)
Paul, afin de les sauver en les amenant à Jésus-Christ, ne commençait point par heurter leurs préjugés, mais les supportait avec la tolérance de la charité en tout ce qui n'était pas incompatible avec la vérité. Ce principe est admirable, mais il est facile d'en abuser en l'appliquant mal.
Grec : "Afin, en toute manière, absolument, d'en sauver quelques-uns." Ardent amour des âmes !
Ce dernier mot est le meilleur commentaire de ce qui précède, (versets 15-22) et sert de transition aux versets suivants. Se soumettre ainsi aux renoncements de la charité, ou, au contraire, revendiquer avec raideur son droit et ses libertés, n'est point une chose indifférente qui ne dépende que de l'arbitraire de chacun ; mais c'est la condition indispensable pour servir la cause de l'Evangile et avoir part soi-même aux grâces qu'il renferme. (Comparer versets 24-27)
Afin de rendre plus évidente cette sérieuse pensée, l'apôtre l'exprime par deux images qui étaient aussi familières à ses lecteurs qu'elles le sont peu à nos mœurs actuelles.
Dans toutes les villes de la Grèce, particulièrement à Corinthe, il y avait une arène publique où s'exécutaient des courses et divers combats, dans lesquels saint Paul voit une image de la vie chrétienne. Ici, le prix, la couronne à remporter par le vainqueur, c'est la vie éternelle. (Comparer Philippiens 3.12-14 ; 2Timothée 2.5 ; 4.8)
Paul fait remarquer que dans l'arène un seul remporte le prix : c'est qu'il y a "beaucoup d'appelés et peu d'élus." (Matthieu 7.13,14 ; Luc 13.24 ; Matthieu 20.16 ; 22.14 ; 2Thessaloniciens 3.2)
De là , la nécessité d'imiter ces combattants qui s'abstenaient de tout ce qui aurait pu rendre leur corps lourd ou faible, et retarder leur course.
L'application de ces images se présente d'elle-même à tous les esprits.
En s'appliquant l'image, l'apôtre voit donc ici son adversaire dans son propre corps, dans une liberté charnelle qu'il tient assujettie. (Romains 8.13 ; 1Pierre 2.11)
"Il ne veut pas plaider la cause d'un faux ascétisme qu'il condamne lui-même, (Colossiens 2.23) mais bien dompter une indépendance licencieuse, et exhorter les Corinthiens à crucifier la chair et ses convoitises (Galates 5.13-24) dans un esprit vraiment chrétien. Nous pouvons donc admettre que Paul jugeait qu'il ne lui eût pas été bon d'abandonner son métier manuel pour ne se livrer qu'à sa vocation apostolique, sans pourtant vouloir faire de sa conduite une loi pour d'autres. Cette position de son choix (tout en ayant le droit d'en agir autrement, verset 6), montre une grande délicatesse de conscience, beaucoup de sévérité pour lui-même, unie à beaucoup de tolérance pour les autres." Olshausen.
Avoir longtemps annoncé à d'autres le salut, et s'en voir finalement soi-même exclu, ce serait être victime de l'illusion la plus funeste. Voilà pourquoi l'apôtre renonce plutôt aux droits et aux libertés que l'Evangile lui accorde.
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