Il nous appartient, en toutes occasions difficiles, de
nous exprimer sobrement, avec vérité ; nous serons alors sereins,
face à l’injustice des hommes.Les fervents partisans de l'Évangile ont souvent été méprisés ;
ils ont été traités de rêveurs ou de fous, pour leurs croyances
à des doctrines et des faits si merveilleux ! Ils furent aussi
méprisés pour leur témoignage sur leur foi et leur persévérance,
annonçant qu’une telle expérience spirituelle était nécessaire
pour le salut de tous les hommes, quel que soit leur rang. Les
apôtres, les prophètes et le Fils de Dieu Lui-même, ont été
exposés à un tel mépris ; nul ne doit s’inquiéter de ce genre de
situation, la Grâce divine rendant sage à salut !
Par le discours de Paul, Agrippa entendit de nombreux arguments
en faveur du christianisme. Sur le moment, sa compréhension et
son opinion étaient favorables au message de l’Évangile, mais
son cœur n'a pas été changé pour autant. Sa conduite et son
tempérament étaient bien distants de l'humilité et de la
spiritualité prêchées par l'Évangile.
Beaucoup de personnes sont persuadées d'avoir une certaine piété,
mais en fait, elles sont loin de Dieu ; elles sont fortement
convaincues du bien qu’elles doivent faire dans l’exercice de leur
piété, et de l'excellence des voies divines, mais elles ne se
soumettent pas à leurs convictions.
Paul estimait que chacun devait chercher à devenir un véritable
chrétien et qu'il y a suffisamment de disponibilité de la Grâce,
en Christ, pour tous. Il exprimait sa totale conviction de la
Vérité de l'Évangile et la nécessité absolue de la foi en Christ
pour le salut. L'Évangile de Christ offre aux « Gentils » une
réelle délivrance, les libérant de l’esclavage du péché. C'est
cependant avec certaines difficultés que les âmes croient qu’elles
ont besoin de l'œuvre de la Grâce : tel était le cas des
« Gentils », au temps de l’apôtre.
Méfions-nous de certaines de nos hésitations : elles peuvent
nous être fatales ; rappelons-nous du danger qu’il y a d'être
persuadé d'être « presque » chrétien ! Il y a dans ce genre
d’attitude, une réelle différence avec le fait de l'être
entièrement, comme l'est chaque véritable croyant !
Quel est le sens de verset 13 ? Comme l'apôtre parle ici de ses adversaires, (verset 12) la plupart des interprètes (Calvin, Olshausen, Gerlach) pensent qu'il se met à leur point de vue, afin d'expliquer les jugements divers qu'ils portent de lui, de son ministère, et de la manière dont il en par lait, se louant lui-même etc. "Les uns disent que j'ai été hors de sens, extravagant dans les élans de mon zèle, dans l'opinion que j'ai de moi ; eh bien ! c'était pour Dieu, non pour ma propre gloire, ou par de mauvais motifs. Les autres disent que j'ai été modéré, de sens rassis ; eh bien ! c'était par condescendance, par amour pour vous." Cette interprétation nous paraît recherchée et peu motivée. Il est plus simple et plus naturel d'admettre que Paul parle à son propre point de vue.
Il a dit aux Corinthiens (verset 11) qu'il est manifesté dans leur conscience, que tout son ministère est dévoilé devant eux, qu'il ne dit point cela pour se recommander à eux, mais afin qu'ils aient occasion de le faire envisager ainsi à ses adversaires, aux faux docteurs : (verset 12) puis, pour exposer plus complètement encore les motifs de son action en ces différents moments, il ajoute : "Si je vous ai paru dépasser toutes les bornes en fait de zèle, de sévérité, c'était en vue de Dieu, pour la gloire duquel on ne peut jamais assez se dévouer ; si j'ai été doux, modéré, me faisant tout à tous, c'était par condescendance et par amour pour vous."
Tout s'explique par l'amour de Christ qui nous presse (verset 14) Luther, qui entend ainsi ce passage, traduit : "Faisons-nous trop ? nous le faisons pour Dieu ; sommes-nous modérés ? nous le sommes pour vous ;" et il commente : "Sommes-nous sévères (tranchants) avec les gens ? nous servons pourtant Dieu en cela ; si nous nous comportons doucement et modérément envers eux, c'est pour leur rendre service, afin que, partout, tout soit juste et bien fait."
Au reste, dans les deux interprétations, le sens pratique reste le même. "Je suis prêt à parler et prêt à me taire, selon que le requerra la gloire de Dieu et le bien de l'Eglise. Je souffrirai volontiers d'être jugé insensé par le monde, pourvu que je sois insensé pour Dieu et non pour moi." Calvin.
"Ce passage, ajoute le réformateur, n'est pas seulement digne d'attention, mais d'une méditation assidue ; à moins que nous ne soyons animés du même esprit, les moindres achoppements ne tarderont pas à nous détourner du devoir."