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1 Ă 15 Paul Ă Malte. De Malte Ă Rome.
Cette île, célèbre dans l'histoire, est située au sud de la Sicile.
Nos naufragés ne la reconnurent qu'après y avoir été sauvés (le verbe grec composé d'une particule signifie entièrement sauvés).
La constatation qu'ils étaient à Malte leur causa sans doute de la joie, car ils étaient peu éloignés de l'Italie, tandis que, durant la tempête, ils avaient craint d'être jeté bien loin sur les côtes de l'Afrique. (Actes 27.17, 2e. note.)
En même temps, ce fut pour eux tous la confirmation de la prédiction de Paul. (Actes 27.26) La suite du récit de Luc (versets 11,12) nous fait écarter l'hypothèse d'après laquelle Paul aurait abordé dans une île qui porte aujourd'hui le nom de Meleda et se trouve sur la côte de l'Illyrie.
- Le texte reçu porte (majuscules récents) : ils reconnurent. Luc, présent à toutes ces scènes, les raconte à la première personne du pluriel.
L'île de Malte était habitée par des colons d'origine phénicienne et carthaginoise.
Les verbes sont au passé, pour marquer que sa mort était certaine a leurs yeux. Ils en concluent aussi que ce malheureux devait être un criminel, un meurtrier.
Dès lors, passant brusquement d'un extrême à l'autre comme le font les peuples enfants, ils disaient que Paul était un dieu, c'est à dire une divinité apparue sous forme humaine.
Nous avons vu un exemple d'un pareil changement de sentiment, Actes 14.11,19.
Il est douteux qu'un légat du gouverneur de la Sicile, dont relevait Malte, fût établi à demeure dans l'île.
Publius n'était chez les Romains qu'un prénom, qui n'aurait pas suffi pour désigner un fonctionnaire. Publius avait entendu parler de Paul par le centenier qui l'avait sous sa garde ou par la rumeur publique. De là son amicale hospitalité envers ce prisonnier et ses amis, y compris le centenier. C'est sans doute ce que Luc entend par nous, car Publius n'aura pas reçu dans sa maison les deux cent soixante-seize naufragés qui voyageaient avec Paul.
Les prières de l'apôtre et le nom de Jésus-Christ prononcé sur les malades étaient, pour ces insulaires païens, une prédication rendue plus puissante encore par les guérisons opérées.
Et comme Paul ne perdait aucune occasion d'annoncer l'Evangile, on peut supposer que son séjour de trois mois dans l'île de Malte (verset 11) eut, pour beaucoup d'âmes, des résultats bien plus importants que la guérison des malades. C'est ce qu'indique le verset suivant.
Comme la direction de Dieu se manifeste à chaque pas envers ses serviteurs !
L'exact historien des Actes fait encore deux remarques sur ce vaisseau : d'abord qu'il avait hiverné à Malte et ainsi échappé à la tempête ; puis qu'il avait pour enseigne les Dioscures Castor et Pollux, deux fils de Jupiter, que l'antiquité honorait comme les patrons des marins.
L'enseigne du vaisseau était une image peinte ou sculptée à la proue comme cela se voit encore aujourd'hui sur maint navire.
Il y resta trois jours, ayant sans doute des marchandises à y déposer.
De là , en longeant la côte de Sicile, ils arrivèrent à Reggio, petite ville située au sud de l'Italie, sur le détroit de Messine.
Le verbe que nous rendons par contourner, longer la cĂ´te, signifie proprement aller autour.
De Syracuse à Reggio, la navigation pouvait se faire en droite ligne, sans suivre la côte. Mais il eût fallu pour cela le vent du sud, qui ne se leva que le lendemain. Grâce à ce vent deux jours suffirent à nos voyageurs pour arriver à Pouzzoles, près de Naples.
Pouzzoles servait de port à Rome. La plupart des vaisseaux d'Egypte, de Syrie et d'Espagne y déposaient leurs marchandises, parce que la navigation le long des côtes du Latium présentait des difficultés.
Ce fut lĂ une grande consolation pour eux dans ce triste voyage.
Mais Paul était prisonnier ; comment put-il obtenir du centenier l'autorisation de rester là si longtemps ?
Plusieurs exégètes s'expliquent ce fait par l'affection que l'apôtre avait inspirée à cet officier, sur lequel il avait acquis une grande influence, comme le prouvent divers incidents du voyage. Cette opinion est très probable.
On peut toutefois supposer aussi que le centenier, devant conduire à pied ses prisonniers de Pouzzoles à Rome avait quelques préparatifs à faire pour ce voyage.
Et ainsi, ajoute Luc, après cette douce visite aux frères de Pouzzoles, nous vînmes à Rome.
Les uns, partis les premiers, vinrent jusqu'au Forum ou Marché d'Appius, village éloigné de Rome de 43 milles (63 km. 55) ; les autres jusqu'aux Trois-Tavernes, qui se trouvaient sur la route, à 34 milles (50 km. 25) de la capitale.
On comprend le zèle et l'amour avec lesquels ces chrétiens de Rome entreprirent ce petit voyage, afin de voir plus vite le grand apôtre, que plusieurs connaissaient déjà , (Romains 16.1) et dont ils avaient lu et relu la lettre immortelle adressée par lui à leur Eglise !
"Combien il était naturel que Paul, pour qui Rome avait été le but longtemps désiré de son activité, (Actes 19.21 ; 23.11 ; Romains 1.10) à la vue de ces frères qui lui apportaient l'expression de l'amour de leur Eglise fit monter vers Dieu ses ardentes actions de grâces, et dans ce moment si sérieux se sentit animé d'un nouveau courage pour l'avenir de sa vie et de sa vocation !" Meyer.
Il y avait en général deux officiers de ce grade, si Luc ne parle que d'un, c'est que, à l'époque où nous transporte notre récit, et jusqu'au printemps de l'an 62, il n'y en eut temporairement qu'un seul, qui était alors le noble Burrhus.
L'historien Mommsen a émis l'idée qu'il fallait traduire ce titre, avec le manuscrit latin Gigas, par chef du camp des étrangers.
C'était un corps composé de centurions détachés des légions des provinces, à qui incombaient des fonctions de police, spécialement les enquêtes sur les prévenus. Leur camp se trouvait sur le mont Caelius. Mais leur existence n'est établie, d'une manière certaine, qu'à partir du deuxième siècle.
- Les mots : le centenier remit les prisonniers au chef du camp manquent dans Sin., B, A, quelques minusc., diverses versions anciennes, ils sont supprimés par la plupart des critiques ; mais ils se lisent dans les majuscules récents et tous les témoins du texte occidental. Il est d'ailleurs difficile d'admettre qu'un renseignement aussi précis et qui a tous les caractères de la vérité ait été ajouté au texte à une époque plus récente. Aussi, avec de Wette, Meyer, et d'autres, croyons-nous que ce trait du récit est authentique.
Cette faveur si précieuse à l'apôtre pour l'exercice de son ministère, il la dut sans doute, soit au rapport de Festus, qui le déclarait innocent, (Actes 25.25 ; 26.31) soit à la recommandation du centenier, qui put rendre un si bon témoignage à la conduite de ce prisonnier et même déclarer que c'était à lui que tous les passagers avaient dû leur salut dans la tempête. (Actes 27.30-36)
Cependant Paul était gardé par un soldat et lié à ce soldat par une chaîne (Actes 28.20 ; 22.30, note.) Vraie souffrance pour un homme de son caractère et de son activité.
Prisonnier, il doit les prier de venir auprès de lui pour entrer en relation avec eux, selon son grand principe de s'adresser tout d'abord à son peuple. (Actes 13.5,14, notes ; Romains 1.16)
Quant à ce premier discours de l'apôtre, il est naturel qu'il ait un caractère apologétique. Arrivant à Rome prisonnier, ce seul fait pouvait le rendre fort suspect aux yeux de ses concitoyens Juifs ; en outre, ceux-ci pouvaient avoir reçu de Jérusalem des rapports faux à son sujet. (verset 21)
Il lui importait donc de gagner confiance, afin de pouvoir leur faire du bien. C'est Ă cela que tendent les paroles suivantes.
- Cette première entrevue avec les Juifs eut lieu trois jours après l'arrivée de Paul à Rome ; durant ce temps, il entra sans doute en diverses relations avec l'Eglise chrétienne, dont il avait déjà vu plusieurs membres. (verset 15)
Au premier abord, on est étonné que Luc passe sous silence les rapports de l'apôtre avec l'Eglise qu'il avait depuis si longtemps le désir de voir. Mais toute cette fin du livre des Actes est si abrégée !
Livré injustement entre les mains des Romains et conduit par eux à Césarée, ceux-ci reconnurent qu'il n'y avait d'ailleurs rien en lui qui méritât la mort, et ainsi ils l'auraient relâché, sans l'opposition des Juifs, qui le contraignit d'en appeler à César.
Mais cet appel à César, ajoute Paul avec une grande délicatesse, avait exclusivement pour but sa propre défense, et en venant à Rome, il n'avait aucun dessein d'accuser sa nation auprès de l'autorité romaine, malgré les injustices dont il avait été l'objet.
Ces faits, qui devaient gagner la confiance des Juifs de Rome confirment, avec quelques légères divergences, et complètent le récit précédent de Luc sur le procès de l'apôtre. (Actes 25.11,12,25 ; 26.31,32)
Et de leur côté, ils pouvaient répondre à son désir avec d'autant plus de confiance, que, s'ils le voyaient lié (grec entouré) de cette chaîne, c'était uniquement à cause de l'espérance d'Israël, cette grande espérance qui était commune à toute la nation. (Comparer Actes 26.6,7, note.)
Mais, avant l'appel à César, auquel l'apôtre recourut à la dernière extrémité, (Actes 25.10) les Juifs de Palestine, qui espéraient retenir sa cause ou se défaire de lui en le tuant, (Actes 25.3) ne songeaient nullement qu'il irait à Rome, et ils n'avaient aucun intérêt à instruire de cette affaire les Juifs de cette ville.
Et après l'appel de l'apôtre, il s'écoula peu de temps jusqu'à son départ (Actes 25.13 ; comparez Actes 27.1) ; des rapports de la Judée n'auraient guère pu précéder Paul à Rome, car les communications étaient lentes et difficiles ; le récit de la navigation de Paul au chapitre précédent, la présence à Malte de ce vaisseau d'Alexandrie, qui avait passé tout l'hiver dans l'île, le prouvent assez. (verset 11)
Raison de plus de t'expliquer avec nous. Ils veulent paraître neutres dans la cause de Paul et du christianisme.
- Beaucoup d'exégètes ont tiré de cette réponse des Juifs la conclusion étrange qu'ils n'avaient aucune connaissance de l'Eglise chrétienne de Rome.
L'école de Tubingue et beaucoup d'interprètes actuels nient pour cette raison la vérité de tout le récit. Il est inadmissible que ces Juifs ignorassent qu'il y avait une Eglise à Rome.
L'épître aux Romains montre qu'il y avait dans cette Eglise une forte proportion de Juifs. (Romains 14)
S'ils la passent sous silence, et s'ils parlent du christianisme comme d'une secte qui rencontre une universelle contradiction, c'est que, par prudence, ils évitent de se prononcer. N'était-ce pas là entre eux et Paul une question brûlante, qui devait bientôt les diviser ? (verset 28)
De Wette dit à ce sujet : "Comme Luc venait de parler de l'Eglise de Rome, (verset 15) il ne lui est probablement pas même venu à l'idée qu'on pût inférer de la réponse des Juifs qu'ils ignoraient une chose si connue à Rome."
Le mot grec peut signifier que Paul logeait chez un ami qui lui donnait l'hospitalité, tandis qu'à verset 30 il est question d'un appartement loué.
Quoi qu'il en soit, l'apôtre profite, avec son zèle habituel, de cette occasion pour exposer le royaume de Dieu, avec la clarté et la force d'un témoignage, bien propre à persuader.
Ce n'est pas sans dessein que Luc accumule tous ces termes. Et naturellement le grand objet de cette prédication était ce qui regarde Jésus, le Sauveur.
Enfin, comme ses auditeurs sont des Juifs qui croient les Ecritures de l'Ancien Testament, Paul emprunte ses démonstrations à la loi de Moïse et aux prophètes, comme il le faisait toujours en pareil cas. (Actes 24.14 ; 26.22)
- Le travail de l'infatigable apôtre avait lieu du matin jusqu'au soir, car ses auditeurs se succédaient sans doute ; plusieurs aussi ne se lassaient pas plus d'écouter que lui de parler.
Enfin, en désaccord les uns à l'égard des autres, ils se retiraient (imparfait) lentement, écoutant Paul qui leur disait encore une seule parole, parole finale et d'une immense importance, adressée à ceux qui n'avaient pas cru.
C'est avec raison, ou plutôt (grec) bien, très bien, (comme Matthieu 15.7) a dit l'Esprit saint. Ainsi, aux yeux de Paul, c'est bien le Saint-Esprit qui par Esaïe le prophète, a prononcé là grande parole, dont la citation va terminer ses discours à ces Juifs de Rome. Qui sait si ce dernier témoignage divin n'ébranla pas leur conscience ?
Et (heureux contraste avec les Juifs !) eux l'écouteront et le recevront dans leur cœur.
Ces paroles de Paul redisent aux Juifs rebelles de Rome la redoutable vérité que Jésus avait déclarée aux Juifs de Jérusalem concernant l'avenir de son règne. (Matthieu 21.43) Et ce n'est pas ici la première fois que notre apôtre, instruit par l'expérience, les répétait à ses auditeurs Israélites, qui rejetaient l'Evangile. (Actes 13.46 ; 18.6)
Mais ces derniers versets du livre des Actes nous montrent avec quelle force et quelle sérénité il supportait sa captivité, elle ne pouvait diminuer en rien son infatigable activité.
On comprend avec quelle joie les croyants devaient se prévaloir de la présence du grand apôtre, pour venir écouter ses instructions. Aussi Luc, après cette importante remarque, a-t'il jugé superflu de nous parler en détail des rapports de l'apôtre avec l'Eglise de Rome.
Il prêchait le royaume de Dieu (voir ce terme Matthieu 3.2, 2e note) et pour cela il enseignait les vérités qui ont pour objet le Seigneur Jésus-Christ (Sin. omet Christ), tout ce qu'il est, tout ce qu'il a fait et continue à faire du haut du ciel pour le salut de l'humanité déchue.
Il remplissait cet apostolat avec une sainte liberté (grec assurance, hardiesse), par une direction providentielle de Dieu, il ne lui survenait du dehors aucun empêchement.
Voir sur cette fin du livre des Actes, l'Introduction.
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