Hébreux 3.4
πᾶς γὰρ οἶκος κατασκευάζεται ὑπό τινος, ὁ δὲ πάντα κατασκευάσας θεός.
Chaque maison est construite par quelqu’un, et celui qui construit tout, c’est Dieu.
Chaque maison est construite par quelqu’un, et celui qui construit tout, c’est Dieu.
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Ecrivant à des "Hébreux" qui, dans leur strict monothéisme, étaient jaloux de toutes les prérogatives de Dieu, l'auteur avait intérêt à écarter cette objection, avant de poursuivre sa comparaison. Il le fait par l'incidente de Hébreux 3.4. Il se justifie d'abord d'avoir désigné Christ (Hébreux 3.3) comme constructeur de sa maison : il était naturel qu'il se demandât qui a construit la maison de Christ, car toute maison est construite par quelqu'un ; puis il montre qu'en attribuant ce rôle à Christ, il ne porte pas atteinte à la suprématie de Dieu.
Ce n'en est pas moins Dieu qui a construit toutes choses (non : l'univers, mais, d'après la leçon de Sin., B. A, C, D, toutes les maisons, avec ce qui les remplit), il demeure le constructeur invisible et toutpuissant, dont les constructeurs visibles ne sont que les instruments.
Appeler Jésus le fondateur de l'Alliance, c'est bien, en un sens, lui donner un rôle qui appartient à Dieu, mais comme le Fils n'est que le représentant du Père auquel il est subordonné, Dieu demeure Celui qui a construit toutes choses.
Paul exprime des pensées analogues, en disant de Jésus : "Dieu a voulu que toute plénitude habitât en lui ;" (Colossiens 1.19) "il a tout mis sous ses pieds, et l'a donné pour chef suprême à l'Eglise, qui est son corps." (Ephésiens 1.22) Et Jésus lui-même dit : "Comme le Père a la vie en lui même, il a donné au Fils d'avoir la vie en lui-même." (Jean 5.26) Et il ajoute : "le Fils ne peut rien faire de lui-même, à moins qu'il ne le voie faire au Père." (Jean 5.19)
Cette explication de notre verset, indiquée par Calvin, est reproduite, avec des nuances, par la plupart des commentateurs. Elle nous paraît la plus conforme à la marche de la pensée.Nos précédentes éditions préféraient une interprétation émise par les Pères grecs, qui a compté de tous temps des partisans. Elle consiste à faire du mot Dieu,non le sujet, mais l'attribut de la seconde proposition du verset, et à traduire celle-ci : "Or celui qui a construit toutes choses est Dieu."
L'auteur alors affirmerait que Christ, qui a construit toutes choses, c'est-à-dire organisé toute l'économie mosaïque, est Dieu. La marche de la pensée serait alors la suivante : Toute maison a été construite par quelqu'un : la maison de Dieu, telle qu'elle parut au temps de Moïse, ne s'est pas élevée toute seule ; Moïse ne l'a pas fondée par sa propre sagesse et sa propre force. Si nous demandons qui l'a construite (et cette question s'impose à nous), nous ne lui trouvons d'autre auteur que le Fils, en qui habitait la plénitude de Dieu. Or celui qui exerce une telle prérogative est Dieu. On fait valoir en faveur de cette explication que Christ est le sujet dans les versets Hébreux 3.3,6, que c'est à lui, en le désignant comme constructeur de la maison, que l'auteur compare Moïse le serviteur, que par conséquent il doit être aussi à Hébreux 3.4, celui qui construit toutes choses.
Mais il n'est pas probable que l'auteur ait voulu désigner Christ par ces derniers mots, ils font penser tout naturellement à Dieu. Pour qu'on les rapportât à Christ, il faudrait que l'auteur eût dit qu'il considérait celui-ci comme le fondateur de l'alliance mosaïque, ce qu'il ne fait pas expressément. (Hébreux 3.3, note.) Aurait-il d'ailleurs énoncé cette grande affirmation, que Christ est Dieu, dans une simple incidente ?
Enfin la proposition générale : toute maison a été construite par quelqu'un, dont la raison d'être n'apparaît pas d'emblée, s'explique mieux dans le premier système d'interprétation que dans le second.