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Apocalypse 17

    • 1 La chute de Babylone. Ch. 17 Ă  19 :10

      Chapitre 17.

      1 Ă  18 La prostituĂ©e et la bĂȘte.

      L'un des sept anges qui tenaient les sept coupes montre à Jean la vision suivante. Cette vision n'est donc que le développement de l'un des effets déjà mentionnés de la septiÚme coupe : "Dieu se souvint de Babylone la grande, pour lui donner la coupe du vin de la fureur de sa colÚre." (Apocalypse 16.19) L'auteur ne dit pas lequel des sept anges vint assez prÚs de lui pour pouvoir parler avec lui ; mais des paroles que l'ange prononce, il ressort que c'est le dernier.

      L'épithÚte de grande prostituée est donnée ici pour la premiÚre fois à Babylone ; (verset 5) mais ce qui était dit d'elle, dans Apocalypse 14.8, préparaßt le lecteur à l'entendre désigner ainsi. Comparer verset 2.

      Trait emprunté, suivant les uns, à la situation géographique de la Babylone de l'Euphrate ; (Jérémie 51.3) suivant d'autres, à la circonstance que Rome sortait, pour le voyant, de la grande mer de l'occident. (Apocalypse 13.1, notes) Quelle que soit l'origine de ce trait, l'explication donnée à verset 15 montre que les grandes eaux symbolisent la multitude des peuples.

      2 La fornication est une expression figurée pour désigner l'idolùtrie et spécialement les hommages divins rendus à Rome et à l'empereur. (Apocalypse 13.7,8,14,15)

      Le vin de sa fornication est l'image empruntée à Jérémie 51.7 et déjà employée en Apocalypse 14.7.

      3 Le voyant est mis Ă  nouveau en extase, en esprit, comparez Apocalypse 1.10 ; 4.2. Ici commence donc une nouvelle vision. C'est dans le dĂ©sert qu'il est transportĂ© pour voir Babylone, soit parce que la Babylone de l'Euphrate Ă©tait situĂ©e au delĂ  du dĂ©sert de Syrie, (EsaĂŻe 21.1) soit plutĂŽt parce que ce dĂ©sert, oĂč elle apparaĂźt au voyant, est un prĂ©sage du sort qui lui est rĂ©servĂ©. (Apocalypse 17.16 ; 18.2,19)

      La femme, c'est la Babylone de l'Apocalypse, la ville de Rome. Elle est assise sur une bĂȘte Ă©carlate, qui porte ainsi sa livrĂ©e. Cette couleur est l'insigne de la domination, (Matthieu 27.28) plutĂŽt que la marque du sang rĂ©pandu par la bĂȘte. (verset 6) La bĂȘte, c'est l'empire romain d'aprĂšs Apocalypse 13.1 La gloire de la ville de Rome repose sur l'empire dont elle est la capitale.

      Les noms de blasphĂšmes dĂ©jĂ  mentionnĂ©s Apocalypse 13.1 sont indiquĂ©s avant les tĂȘtes et les cornes, parce qu'ils reprĂ©sentent le crime principal de Rome, pour lequel elle va ĂȘtre punie. (verset 2, note.)

      Dans la suite de la vision, (verset 9) il sera expliquĂ© au voyant ce que figurent les sept tĂȘtes et les dix cornes.

      4 L'auteur reprend la description de la femme. Elle est vĂȘtue de pourpre et d'Ă©carlate et (grec) dorĂ©e d'or et de pierre prĂ©cieuse et de perles : symboles de son opulence (Luc 16.19) et de sa dignitĂ© royale. (EzĂ©chiel 28.13)

      L'usage qu'elle a fait de cette coupe a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© indiquĂ© Apocalypse 14.8, elle l'a prĂ©sentĂ©e aux peuples et elle leur en a fait boire jusqu'Ă  les enivrer. La coupe est pleine des abominations et des impuretĂ©s de sa fornication. (A, minusc. versions Q porte : de la fornication de la terre. Sin. : de la fornication d'elle-mĂȘme et de la terre.)

      La fornication dĂ©signe avant tout l'idolĂątrie et le culte rendu aux empereurs ; (verset 2, note) mais la description dĂ©taillĂ©e qui en est faite pourrait renfermer aussi une allusion Ă  la corruption des mƓurs, dont la ville de Rome Ă©tait un des principaux foyers.

      Si les mots abominations et fornication sont souvent pris au figuré et appliqués au service des faux dieux, c'est que ce service entraßnait presque toujours les souillures morales qui sont la conséquence de l'adoration de la créature.

      5 Sur son front (Apocalypse 13.16, note) Ă©tait Ă©crit un nom, un mystĂšre, c'est-Ă -dire un nom qui ne doit pas ĂȘtre entendu au sens propre, mais dans un sens spirituel, allĂ©gorique ; (Apocalypse 11.8, note) il constitue un mystĂšre, qui sera rĂ©vĂ©lĂ© bientĂŽt au voyant. (verset 7)

      Babylone est appelĂ©e la mĂšre des impudiques (le mot grec peut ĂȘtre masculin ou fĂ©minin : on le traduit par fornicateurs ou par prostituĂ©es) et des abominations de la terre, parce que l'exemple qu'elle donne et l'influence qu'elle exerce, comme capitale de l'empire, entrains tous les peuples dans son culte idolĂątre et dans sa corruption morale.

      6 AprÚs avoir montré Babylone qui enivrait les habitants de la terre (verset 2 ; comparez Apocalypse 11.8), Jean la voit à son tour ivre du sang des saints et des témoins de Jésus. Cette derniÚre image ne se rencontre pas ailleurs dans l'Ecriture.

      Les saints et les tĂ©moins (grec martyrs) de JĂ©sus peuvent ĂȘtre les mĂȘmes personnes dĂ©signĂ©es d'aprĂšs leur condition morale et la vocation commune Ă  tous les chrĂ©tiens d'abord, puis d'aprĂšs le tĂ©moignage qu'elles eurent Ă  rendre au sein d'un monde hostile.

      Mais il se pourrait aussi que le premier de ces termes désignùt les chrétiens en général, le second les apÎtres Pierre et Paul, qui terminÚrent leur carriÚre par le martyre à Rome.

      Il y a en effet, dans ce verset, une allusion évidente aux persécutions exercées à Rome contre les chrétiens et spécialement aux cruelles exécutions ordonnées par Néron en 64. Celles-ci eurent du retentissement dans toute la chrétienté, et le grand étonnement, dont le voyant est saisi, est comme un prolongement de la stupeur causée par ce fait terrible.

      7 Comparer versets 3-5.
      8 Au lieu des mots : et qu'elle reparaßtra, le texte reçu porte : quoiqu'elle soit. Ces mots ne se trouvent dans aucun document et ne sont qu'une faute de l'édition d'Erasme. (15.16)

      - La plupart des interprĂštes identifient la bĂȘte qui a Ă©tĂ© et n'est plus, et doit monter de l'abĂźme, avec la "tĂȘte blessĂ©e Ă  mort et dont la plaie mortelle fut guĂ©rie" de Apocalypse 13.3, et avec celui des "sept rois, qui n'est plus," mais reviendra comme "le huitiĂšme ;" (versets 10,11) ils voient en elle NĂ©ron ressuscitĂ©. (Comparer Apocalypse 13.3, note.)

      Mais cette interprétation met une grande confusion dans les images employées :

      1° elle mĂ©connaĂźt que NĂ©ron est dĂ©signĂ©, Ă  verset 10, comme l'une des sept tĂȘtes de la bĂȘte dĂ©crite Ă  verset 8.

      2° Elle aboutit Ă  cette conception invraisemblable que la bĂȘte qui porte la femme (la ville de Rome) serait un empereur.

      Ce dernier trait montre que la bĂȘte, Ă  verset 8, ne saurait ĂȘtre un individu, ni NĂ©ron ou l'un des CĂ©sars contemporains de l'Apocalypse, ni l'AntĂ©christ, mais un ĂȘtre collectif, l'empire romain, comme dans Apocalypse 13.1-3. Ici cependant, il ne s'agit pas de l'empire en lui mĂȘme.

      Quelque graves que fussent la crise provoquĂ©e par le suicide de NĂ©ron et les guerres civiles entre les gĂ©nĂ©raux qui se disputaient le pouvoir, Jean ne pouvait dire de l'empire : il Ă©tait et n'est plus. D'ailleurs, au moment oĂč il Ă©crivait, Vespasien avait rĂ©tabli l'ordre et raffermi le trĂŽne impĂ©rial.

      La bĂȘte, dans notre passage, c'est donc plus spĂ©cialement l'empire persĂ©cuteur de l'Eglise, tel qu'il s'Ă©tait montrĂ© sous NĂ©ron, quand la ville de Rome s'Ă©tait "enivrĂ©e du sang des saints et du sang des tĂ©moins de JĂ©sus." (verset 6) Cet empire persĂ©cuteur n'est plus, car, sous les premiers successeurs de NĂ©ron, les chrĂ©tiens goĂ»tĂšrent quelques annĂ©es de repos ; mais il reparaĂźtra, la bĂȘte, qui a Ă©tĂ© et n'est plus, doit monter de l'abĂźme, suscitĂ©e par les puissances diaboliques. (Apocalypse 9.1 et suivants)

      Une persĂ©cution gĂ©nĂ©rale Ă©clatera, (Apocalypse 13.7,15) qui sera si terrible, que les habitants de la terre s'Ă©tonneront en voyant la bĂȘte, tous ceux du moins dont le nom n'est pas Ă©crit dans le livre de la vie. (Apocalypse 13.8)

      Ces derniers serviteurs de l'Agneau immolé, disciples d'un maßtre crucifié, savent qu'ils ne doivent pas s'étonner si le monde les hait (Matthieu 10.17 et suivants ; Matthieu 24.9 ; Jean 15.18 et suivants) et que c'est par beaucoup de tribulations qu'ils entreront dans la vie. (Actes 14.22 ; Jean 16.33 ; Apocalypse 7.14)

      Mais cette grande persĂ©cution sera le dernier effort de la bĂȘte : elle s'en va Ă  la perdition. L'empire persĂ©cuteur pĂ©rira des tentatives mĂȘmes qu'il aura faites d'Ă©craser le christianisme.

      9 L'auteur fait de nouveau (comparez Apocalypse 13.18) appel Ă  l'intelligence qui a de la sagesse, en vue de l'explication qu'il va donner des sept tĂȘtes de la bĂȘte. Il en donne mĂȘme deux explications.

      Les sept tĂȘtes figurent sept montagnes sur lesquelles la femme est assise. On ne saurait dire plus clairement que la femme, (versets 1-6) c'est Rome, la ville bĂątie sur sept collines.

      Cette indication précise s'oppose à toutes les applications qu'on a tenté de faire de ce symbole à l'Eglise déchue ; elle prouve que l'auteur avait en vue l'empire et sa capitale.

      Il faut remarquer aussi que cette premiĂšre explication s'Ă©carte de la signification attribuĂ©e aux quatre bĂȘtes de Da (7 :3-7) qui reprĂ©sentaient quatre rois (Daniel 7.17) ou royaumes ; (Daniel 7.23) ce sens devait naturellement passer aux sept tĂȘtes de la bĂȘte de l'Apocalypse, puisque ces sept tĂȘtes sont la somme des tĂȘtes des quatre animaux de Daniel 7.3-7. (Comparer Apocalypse 13.1, note.)

      C'est Ă  ce sens, plus conforme Ă  la tradition, que l'auteur revient dans sa seconde explication des sept tĂȘtes. (verset 10) S'il fait ce rapprochement entre les sept tĂȘtes de la bĂȘte et les sept collines de la ville de Rome, c'est qu'il a trouvĂ© dans la coĂŻncidence du nombre des tĂȘtes et de celui des collines l'indice auquel il a reconnu que les sept tĂȘtes ne reprĂ©sentaient pas sept rois gouvernant des royaumes diffĂ©rents, comme les quatre rois de Daniel, mais sept empereurs de Rome.

      11 On explique ces versets de deux maniĂšres.

      I Les sept rois sont, comme les quatre rois de Daniel 7.17,23, des royaumes, des empires, qui occupent successivement la scĂšne de ce monde. On en Ă©tablit la nomenclature comme suit (KĂŒbel) : Assyrie (Nemrod), Babylone (NĂ©bucadnetsar) MĂšdes et Perses (Cyrus), GrĂšce (Alexandre), Syrie (Antiochus Epiphane). VoilĂ  les cinq qui sont tombĂ©s. On remarque que ce terme s'entend mieux de l'Ă©croulement d'un empire que de la mort d'un empereur. (Apocalypse 14.8 ; 16.19 ; 18.2)

      Le sixiĂšme, qui est, serait l'empire romain, qui Ă©tait encore debout et dominait sur tout le monde connu au temps oĂč Ă©crivait Jean.

      Le septiĂšme roi, qui n'est point encore venu, et qui, quand il sera venu, ne doit rester que peu de temps est trĂšs diversement interprĂ©tĂ©, on se refuse mĂȘme Ă  l'interprĂ©ter. (KĂŒbel.)

      Enfin le huitiĂšme, c'est l'AntĂ©christ, dont le rĂšgne, encore Ă  venir, prĂ©cĂ©dera la fin. Il reproduira les caractĂšres du sixiĂšme empire, de l'empire romain, tel qu'il s'est montrĂ© sous NĂ©ron, dont l'AntĂ©christ sera la rĂ©incarnation. C'est pourquoi le huitiĂšme roi est identifiĂ© (verset 11) avec la bĂȘte qui Ă©tait et qui n'est plus, et dĂ©signĂ© comme l'un des sept.

      Cette interprétation étend le tableau prophétique de maniÚre à lui faire embrasser tout le cours de l'histoire jusqu'à la fin des temps ; elle évite d'attribuer à Jean une erreur de perspective, d'aprÚs laquelle il aurait attendu la fin de l'empire et du monde dans un avenir prochain.

      Mais elle donne lieu à bien des objections :

      1°Le fondement qu'elle prĂ©tend trouver dans la vision de Daniel 7 est incertain. On sait combien diversement sont expliquĂ©es les quatre bĂȘtes de Daniel. D'ailleurs l'Apocalypse se sĂ©parerait de Daniel, puisqu'elle compterait cinq monarchies avant l'empire romain.

      2° Les interprĂštes qui adoptent ce systĂšme restent dans un vague complet quant au septiĂšme roi. Cet empire, qui devait succĂ©der Ă  l'empire romain et ne durer que peu de temps, se trouverait, en fait, ĂȘtre celui qui a eu la plus longue durĂ©e, puisqu'il embrasse tout le temps qui s'est Ă©coulĂ© et s'Ă©coulera encore depuis la chute de Rome jusqu'Ă  l'avĂšnement de l'AntĂ©christ.

      3° Cette explication est arbitraire ; le sens qu'elle donne aux sept rois est sans lien naturel avec le contexte, oĂč il est question de Rome exclusivement. C'est l'empire romain seul que l'auteur a en vue, il l'a indiquĂ©, comme nous l'avons vu (fin de la note prĂ©cĂ©dente), en appliquant d'abord le symbole des sept tĂȘtes aux "sept montagnes sur lesquelles la femme est assise." (verset 9)

      II Nous sommes ainsi conduits Ă  voir dans les sept rois sept empereurs romains.

      Pour les cinq qui sont tombés, les interprÚtes s'accordent généralement à les énumérer comme suit : Auguste, TibÚre, Caligula, Claude et Néron.

      Pour le sixiÚme, les opinions divergent. Plusieurs y voient le successeur immédiat de Néron, Galba, qui régna du 9 juin 68 au 15 janvier 69. Ce serait pendant le court rÚgne de cet empereur que l'Apocalypse aurait été écrite.

      Le septiÚme roi, qui ne doit rester que peu de temps, serait Othon ou Vitellius, les compétiteurs de Galba.

      Enfin Jean aurait attendu comme le huitiĂšme, NĂ©ron, reparaissant aprĂšs sa retraite chez les Parthes ou ressuscitĂ© des morts, selon la forme de cette fable populaire Ă  laquelle il se serait attachĂ©. Ce huitiĂšme roi, c'est la bĂȘte qui Ă©tait et qui n'est plus et dont on peut dire qu'elle Ă©tait l'un des sept, puisqu'il avait dĂ©jĂ  rĂ©gnĂ© comme le cinquiĂšme de la sĂ©rie.

      Ceux qui ne peuvent admettre que l'auteur de l'Apocalypse ait cru à l'absurde fable du retour de Néron, enfantée par la superstition populaire, pensent qu'il substitue à cette fable la prophétie de l'avÚnement de l'Antéchrist, dont Néron aurait été le prototype. (Apocalypse 13.3, note.)

      Mais toute l'hypothĂšse de la composition de l'Apocalypse sous Galba, qui serait le sixiĂšme roi nous paraĂźt extrĂȘmement contestable.

      D'aprĂšs le texte, ce sixiĂšme roi, sous lequel l'auteur Ă©crit a eu un rĂšgne d'une durĂ©e normale. C'est son successeur qui ne doit rester que peu de temps. Le rĂšgne de Galba ne prĂ©sente pas un tel contraste avec les rĂšgnes de ses deux compĂ©titeurs, soit Othon soit Vitellius. Et surtout, il nous semble inadmissible que Jean ait annoncĂ© que le retour de NĂ©ron, ou l'avĂšnement de l'AntĂ©christ, aurait lieu immĂ©diatement aprĂšs le rĂšgne de Galba. L'Ă©vĂ©nement aurait dĂ©menĂ© sa prophĂ©tie. Lui-mĂȘme eĂ»t pu le constater, puisqu'il vĂ©cut encore une trentaine d'annĂ©es ; et dĂšs lors aurait-il laissĂ© circuler un livre qui reposait en grande partie sur une erreur ? Il est beaucoup plus naturel de supposer que, dans l'Ă©numĂ©ration des empereurs, il ne tient pas compte de l'interrĂšgne qui suivit la mort de NĂ©ron, et pendant lequel l'empire romain lui parut comme la bĂȘte qui a reçu une blessure mortelle. (Apocalypse 13.3, note.) Le sixiĂšme roi, c'est pour lui Vespasien, le restaurateur de la puissance impĂ©riale.

      Le septiĂšme, c'est Titus, qui ne devait rĂ©gner que peu de temps, et le huitiĂšme ? Domitien. Le caractĂšre sombre, cruel, ambitieux de ce second fils de Vespasien s'Ă©tait affirmĂ© dans la lutte contre Vitellius oĂč, comme le dit SuĂ©tone (Domitien 1), "il avait dĂ©ployĂ© dans l'exercice du pouvoir tant de licence et de violence qu'il avait montrĂ© dĂ©jĂ  ce qu'il devait ĂȘtre."

      Le mĂȘme historien (Titus 9) rapporte que Domitien ne cessait de dresser des embĂ»ches Ă  son frĂšre Titus. GuidĂ© par ces indices, Ă©clairĂ© aussi par l'esprit prophĂ©tique, Jean pouvait fort bien avoir eu l'intuition, dĂšs le commencement du rĂšgne de Vespasien, que Titus, son fils aĂźnĂ©, n'occuperait pas longtemps le trĂŽne et que son successeur, Domitien, serait un nouveau NĂ©ron, un tyran cruel et persĂ©cuteur.

      Une circonstance confirmait Ă  ses yeux ce pressentiment : Domitien serait un huitiĂšme empereur ; il dĂ©passerait donc la sĂ©rie des sept empereurs destinĂ©s par Dieu Ă  l'empire, preuve certaine qu'il serait une incarnation satanique de la bĂȘte elle-mĂȘme, de l'empire persĂ©cuteur, tel qu'il Ă©tait sous NĂ©ron, tel qu'il n'est plus pour le moment, mais tel qu'il reparaĂźtra. (Comparer verset 8, note.) Cet empire, Il l'identifie avec le huitiĂšme empereur qu'il dĂ©signe comme la bĂȘte au sens absolu. Il dit d'elle : elle est des sept.

      On invoque surtout cette parole pour prouver qu'il croyait au retour de NĂ©ron. Elle peut signifier : "elle est du nombre des sept." Comparer Actes 21.8. Mais si Jean avait voulu rapporter un fait aussi inouĂŻ que la rĂ©apparition de l'un des empereurs dĂ©funts, n'aurait-il pas dĂ» dire plus explicitement : elle est l'un des sept ; tandis que l'expression employĂ©e, dans laquelle se trouve une prĂ©position marquant la provenance, signifie plutĂŽt que l'empereur en qui la bĂȘte est incarnĂ©e est de la lignĂ©e des sept, qu'il procĂšde d'eux, qu'il possĂšde leur caractĂšre leur dignitĂ©.

      Enfin Jean ajoute : Elle s'en va à la perdition, voulant indiquer par là que Domitien serait le dernier des empereurs et que l'empire finirait avec lui, parce que le Seigneur reviendrait pour anéantir toute puissance opposée à la sienne et assurer le triomphe de son Eglise.

      Dans cette derniĂšre prĂ©diction, nous trouvons le mĂȘme dĂ©faut de perspective qu'on constate dans la plupart des prophĂ©ties de l'Ancien et du Nouveau Testament. Les voyants confondaient les diverses phases du tableau dans lequel l'avenir leur Ă©tait rĂ©vĂ©lé ; ils apercevaient, comme se succĂ©dant immĂ©diatement des faits qu'un intervalle de plusieurs siĂšcles devait sĂ©parer. C'est par une erreur semblable que les deux premiers Ă©vangĂ©listes, omettant "les temps des nations," (Luc 21.24) font dire Ă  JĂ©sus que son retour glorieux aurait lieu "aussitĂŽt aprĂšs" la ruine de JĂ©rusalem par les Romains. (Matthieu 24.29 et suivants ; Marc 13.24 et suivants)

      Jean, qui, avec toute l'Eglise primitive, croyait Ă  l'imminence du retour de Christ, pouvait fort bien l'attendre sous le rĂšgne de Domitien. L'espĂ©rance qu'il nourrissait, et par laquelle il releva le courage des Eglises persĂ©cutĂ©es, renfermait une part de vĂ©ritĂ©. L'Ă©vĂ©nement l'a confirmĂ©e, en ce sens que la victoire finale est demeurĂ©e Ă  l'Église, que les puissances hostiles, si formidables qu'elles fussent, ont Ă©tĂ© anĂ©anties, et que l'empire romain s'en est allĂ© Ă  la perdition par l'action mĂȘme des empereurs qui ont tentĂ© d'extirper le christianisme en le persĂ©cutant. (Comparer verset 8, note.)

      12 Les dix cornes de la bĂȘte (Apocalypse 13.1 ; 17.3) avaient besoin d'ĂȘtre expliquĂ©es, comme les sept tĂȘtes.

      L'explication que l'auteur en donne est obscure. Ce sont dix rois, dit-il. S'ils sont reprĂ©sentĂ©s par des cornes, et non par des tĂȘtes, c'est qu'ils n'ont pas encore reçu de royaume, mais seulement un pouvoir royal, une autoritĂ© comme des rois, pour une heure, avec la bĂȘte.

      Les interprĂštes qui ont vu dans les sept rois une succession de royaumes considĂšrent de mĂȘme les dix cornes, d'aprĂšs Daniel 7.24, comme dix royaumes qui s'Ă©lĂšveront successivement.

      Mais dans la suite du tableau de l'apocalypse les dix rois paraissent ĂȘtre contemporains de la bĂȘte, Ă  laquelle ils confĂšrent le pouvoir, (verset 13) et avec laquelle ils s'allient pour faire la guerre Ă  l'Agneau et enfin pour dĂ©truire Rome.

      Il paraßt donc plus conforme aux données du texte d'admettre que Jean a vu en eux dix lieutenants impériaux, ou les proconsuls qui étaient à la tÚte des dix provinces sénatoriales et qui étaient renouvelés d'année en année.

      C'est pour cela qu'il dit d'eux : ils reçoivent autoritĂ© comme des rois, avec la bĂȘte, pour une heure. S'il les appelle des rois qui n'ont pas encore reçu de royaumes, il ne veut pas dire qu'ils sont tous destinĂ©s Ă  en recevoir. Mais il avait vu trois de ces lieutenants impĂ©riaux revĂȘtir la pourpre ; il pouvait donc les considĂ©rer tous comme des candidats Ă©ventuels au trĂŽne.

      13 Les gouverneurs de province (note prĂ©cĂ©dente), au lieu de chercher Ă  conquĂ©rir le pouvoir suprĂȘme chacun pour son compte, ont, par une dispensation de Dieu, (verset 17) un mĂȘme dessein ; ils s'accordent entre eux pour Ă©lever sur le trĂŽne Domitien ; ils donnent leur puissance et leur autoritĂ© Ă  la bĂȘte.
      14 Les lieutenants de l'empereur dans les provinces ordonnÚrent et dirigÚrent souvent les persécutions contre les chrétiens, comme le montre, entre autres, la célÚbre correspondance de Pline le Jeune avec l'empereur Trajan.

      L'apÎtre voit en eux les principaux agents de la grande persécution finale ; mais ils n'atteindront pas leur but ; (versets 8,11, notes) l'Agneau les vaincra, car il est le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois, et il a pour alliés des appelés et des élus et des fidÚles, qui tiendront bon jusque dans la mort. (Apocalypse 2.10)

      15 Et il me dit : c'est l'ange qui a parlĂ© au voyant, depuis verset 7, et lui a expliquĂ© le mystĂšre de la femme et de la bĂȘte qui la porte.

      Dans versets 8-14, il a dit surtout ce qui concernait la bĂȘte, il en vient maintenant Ă  la femme. Les eaux sur lesquelles elle est assise (verset 1, 3e note) reprĂ©sentent les peuples divers sur lesquels Rome a Ă©tendu sa domination.

      16 AprĂšs avoir rappelĂ© la puissance de Rome, (verset 15) l'ange annonce sa ruine : elle aura pour auteurs les dix cornes et la bĂȘte, c'est-Ă -dire les dix gouverneurs qui se sont conjurĂ©s pour faire Domitien empereur, et qui marcheront avec lui contre Rome. Ils la rĂ©duiront en dĂ©sert, (comparez verset 3, 1re note) et la consumeront par le feu, renouvelant, en l'aggravant, l'exploit de NĂ©ron, qui avait incendiĂ© sa capitale.
      17 Ils ne sont que les exĂ©cuteurs du plan de Dieu. C'est Dieu qui a crĂ©Ă© entre ces ambitieux, naturellement rivaux, l'accord admirable grĂące auquel ils ont un mĂȘme dessein : donner leur royaume Ă  la bĂȘte.

      Mais le rÚgne de celle-ci subsistera seulement jusqu'à ce que les paroles de Dieu, c'est-à-dire les prophéties relatives à la chute de Babylone, (Apocalypse 18) soient accomplies.

      18 Ce verset donne enfin la clef du "mystĂšre de la femme," verset 7.

      La grande ville qui a la royautĂ© sur les rois de la terre est une pĂ©riphrase par laquelle les Ă©crivains du temps, paĂŻens ou Juifs, dĂ©signaient Rome. Cette dĂ©signation, si catĂ©gorique, s'oppose aux hypothĂšses de ceux qui voient dans la femme l'Église dĂ©chue.

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