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Chapitre 21.
1 Ă 8 Toutes choses nouvelles.
Ainsi est atteint le but de toutes les dispensations de Dieu envers l'humanité depuis la chute, ainsi la rédemption est achevée. Le péché n'avait pas seulement atteint l'homme, le roi de la création, mais la terre, sa demeure ; la réparation complète du mal s'étend à celle-ci.
Un nouveau ciel et une nouvelle terre, Dieu les avait promis déjà par les prophètes. (Esaïe 65.17 ; 66.22) Leur apparition accomplit l'espérance des croyants ; (2Pierre 3.13) elle répond au soupir de la création tout entière. (Romains 8.19-22)
Le voyant peut contempler ce glorieux renouvellement de l'univers, car le premier ciel et la première terre ont disparu. (Apocalypse 20.11) Cette description de la félicité céleste et éternelle est le couronnement de l'Apocalypse. Quelques interprètes y ont vu, à tort, la peinture d'un état intermédiaire qui ferait partie encore du règne de mille ans. (Apocalypse 20.1-10) Mais il faut reconnaître qu'ici, comme partout, la vie éternelle est représentée par des images, indispensables pour mettre à notre portée des choses ineffables. (2Corinthiens 12.4)
En interprétant ces images, il faut se garder de deux erreurs : se figurer que tous ces symboles matériels se réaliseront exactement, ou ne voir en eux que des idées dépourvues de toute réalité. L'homme ressuscité (Apocalypse 20.12,13) ne sera pas un pur esprit. Il possédera un corps glorifié, organe de son esprit. (1Corinthiens 15.35 et suivants)
Or le monde dans lequel il vivra devra être en harmonie avec cette constitution de son être. A cette exigence répondent les dernières descriptions de l'Apocalypse, qui unissent la plus haute spiritualité à un sain réalisme.
La mer est mentionnée spécialement, parce qu'elle occupe les trois quarts du globe terrestre, et dans les idées des anciens, lui avait en quelque sorte donné naissance. (2Pierre 3.5) Ce trait indique donc une disparition totale de l'ancien monde.
Comparer sur la nouvelle Jérusalem, Esaïe 60 ; Esaïe 62 Esaïe 65.19 et suivants ; Esaïe 66.10 et suivants
Dans l'Ancien Testament, Jérusalem est considérée comme le centre du royaume de Dieu, le lieu où l'Eternel avait établi sa demeure parmi les hommes, où il se manifestait à eux. Les Juifs, il est vrai, avaient fait du temple "une caverne de voleurs," (Jean 2.16) et sa destruction fut le châtiment du crime qu'ils commirent en rejetant le Messie. Mais "leur incrédulité ne saurait anéantir la fidélité de Dieu." Ce qui avait été promis et préfiguré dans l'ancienne Jérusalem se réalise en un sens infiniment supérieur.
La Jérusalem nouvelle descend du ciel, d'auprès de Dieu. Si le voyant la contemple descendant du ciel, c'est que la "terre nouvelle," (verset 1) dont elle sera le centre, deviendra le séjour des saints glorifiés ; ou bien ce trait signifie simplement que la nouvelle Jérusalem sera d'essence céleste, que l'opposition du ciel et de la terre n'existera plus. Jérusalem descend d'auprès de Dieu, parce qu'elle existait dans son conseil éternel, avant d'apparaître.
Cette Jérusalem, en effet, est l'Eglise, comme l'indique une seconde image ajoutée à la première : préparée comme une épouse qui s'est parée pour son époux. L'Eglise a déjà été désignée comme l'épouse du Messie dans Apocalypse 19.7,8, note. Elle s'est maintenant parée pour son mari (grec), rendue digne de lui par sa parfaite sainteté. (Ephésiens 5.27)
C'est la nouvelle Jérusalem, elle même, l'Eglise des rachetés qui est appelée le tabernacle de Dieu avec les hommes, par allusion au tabernacle qui servait de sanctuaire dans le désert, et grâce auquel Dieu habitait avec les hommes. Comparer Lévitique 26.11,12 ; Jérémie 24.7 ; 31.33 ; Ezéchiel 37.27 ; de là sont tirées les expressions qui dépeignent cette relation parfaite de Dieu avec les hommes par laquelle est pleinement réalisé ce que préfigurait l'ancienne Alliance : Dieu lui même sera avec eux, leur Dieu. (Les mots leur Dieu manquent dans Sin., Q. Weiss les maintient.)
La félicité éternelle, qui n'aura rien de commun avec les créations d'une imagination charnelle, sera toute dans la communion réelle et vivante avec Dieu, dans la possession et la jouissance de Dieu lui-même. Pour des êtres parvenus à la perfection, il n'y a rien au dessus de cet amour infini dont Dieu les aime et dont ils aiment Dieu en retour. Une telle destination est seule digne de l'homme créé à l'image de Dieu et racheté par Jésus-Christ, seule digne de Dieu lui-même. Cette conception du bonheur éternel, exempte de tout alliage sensuel, comme de toute fantaisie de l'imagination, ne saurait être que le fruit d'une révélation divine.
Le péché est la cause de tous ces désordres. Le péché détruit, tous ses fruits amers, la souffrance physique et morale, disparaîtront. Rien ne troublera plus la joie des rachetés. (Esaïe 35.10 ; 65.17 et suivants)
Mais combien il est consolant de voir dans cette délivrance l'action directe de Dieu, l'effet de sa tendre compassion : il essuiera toute larme de leurs yeux. Comparer Apocalypse 7.17 ; Esaïe 25.8.
Comparer Esaïe 43.19. Les ravages du péché seront ainsi réparés, et toutes choses subiront la transformation nécessaire pour les mettre en harmonie avec la gloire du ciel. La création nouvelle, qui a été opérée en chaque enfant de Dieu, (2Corinthiens 5.17) s'étend maintenant à toutes choses, pour que Dieu puisse être tout en tous.
C'est toujours Dieu qui parle. Ce que Jean doit écrire, (Apocalypse 14.13 ; 19.9) c'est la déclaration qui précède sur le renouvellement de toutes choses. Ces paroles sont certaines, dignes de foi, (comparez 1Timothée 1.15 ; 2Timothée 2.11) et véritables Q ajoute de Dieu : "de certaines et véritables paroles de Dieu."
Apocalypse 1.8, 1re note ; Apocalypse 22.13.
Dieu lui-mĂŞme donnera (grec moi je donnerai), Ă celui qui a soif, de la source de l'eau de la vie, (Apocalypse 7.17) gratuitement. (Apocalypse 22.17Â ; EsaĂŻe 55.1Â ; Jean 4.10,14Â ; 7.37)
La vie Ă©ternelle est le don gratuit de Dieu. (Romains 6.23)
Je serai son Dieu, comparez verset 3, note ; 2Samuel 7.14.
- Les lâches font contraste avec "celui qui vaincra ;" (verset 7) ce sont ceux qui, par crainte des hommes, n'ont pas montré "la foi et la patience des saints," (Apocalypse 13.10) mais se sont retirés du combat. (Hébreux 10.38)
Les abominables sont des hommes qui ont contracté les souillures de l'idolâtrie ; (Apocalypse 17.4 et suivants) les enchanteurs sont des personnages qui pratiquent la magie ; (Apocalypse 9.21) tous les menteurs sont nommés à la fin de l'énumération : ce terme fait contraste avec la description des fidèles (Apocalypse 14.5) et désigne ceux auxquels il est appliqué comme des fils du diable. (Jean 8.44)
Après la vision et les déclarations de versets 1-8 qui formaient une sorte de prologue, suit la description de la nouvelle Jérusalem. Elle est introduite par les mêmes termes que la description de la chute de Babylone : (Apocalypse 17.1-3) l'un des sept anges qui avaient les sept coupes vint et me parla, disant : Viens, je te montrerai...Et il me transporta en esprit...
Dans la pensée de l'auteur, les deux tableaux font pendant. Le premier avait pour sujet "le jugement de la grande prostituée ;" le second nous montre l'Epouse, expression déjà appliquée à la nouvelle Jérusalem au verset 2 ; ici elle est désignée plus explicitement comme la femme de l'Agneau, d'après Apocalypse 19.7,8, note.
La grande et haute montagne, (comparez Ezéchiel 40.2) n'existe que dans la vision.
Pour les termes qui caractérisent Jérusalem, voir verset 2, note.
Le texte reçu (minusc.) porte : la grande cité, la sainte Jérusalem.
La gloire de Dieu, qui ne se montrait sous l'ancienne Alliance que couverte d'une nuée, qui était apparue à Jean dans la Parole faite chair, (Jean 1.14) resplendit maintenant aux regards de tous les fidèles, sans que plus rien ne voile son éclat, apportant à la création entière cette révélation qu'elle attendait avec ardeur et anxiété. (Romains 8.18)
Cette gloire de Dieu, ce sont ses perfections contemplées "à visage découvert" (2Corinthiens 3.18) par ceux qui ont 1'ineffable bonheur de voir Dieu face à face. (Apocalypse 22.4 ; 1Corinthiens 13.12)
Ce luminaire brille comme une pierre de jaspe, image qui servait déjà dans Apocalypse 4.3 à caractériser l'aspect de celui qui était assis sur le trône.
La nouvelle cité est construite selon le modèle qu'offrait l'organisation d'Israël. L'Eglise des rachetés apparaît comme le vrai peuple de Dieu, en faveur duquel se sont accomplies les promesses faites aux douze tribus des fis d'Israël. (Comparer Apocalypse 7.5-8)
Ces fondements sont visibles dans leur partie supérieure, et sur celle-ci sont inscrits les noms des douze apôtres.
Ce trait figure le fait que l'Église a été fondée par les apôtres et repose sur le témoignage qu'ils ont rendu à Christ. (Ephésiens 2.20) C'est donc sans raison que certains critiques y ont vu tantôt une preuve que l'Apocalypse était un livre judéo-chrétien, où les douze étaient exaltés à l'exclusion de Paul, tantôt une indication qu'elle n'était pas de l'apôtre Jean, qui n'aurait pu, sans manquer de modestie, se mettre à cette place d'honneur.
La cité était donc disposée en carré, et comme sa hauteur était égale à sa longueur et à sa largeur, elle formait un cube de trois mille stades (environ 555 kilomètres) de côté, puisque son pourtour était de douze mille stades.
La forme cubique était celle du lieu très saint.
Douze mille stades équivalent à 2200 kilomètres environ. Ces chiffres sont symboliques : le nombre douze, qui représente le peuple de Dieu, (verset 13, note) est multiplié par mille, le nombre de la plénitude.
Jean remarque que l'ange s'est servi, ici comme ailleurs, de la coudée ordinaire, dont les hommes se servent, d'une mesure d'homme.
Le jaspe (comparez Apocalypse 4.3) n'Ă©tait probablement pas la pierre qui porte aujourd'hui ce nom, mais une pierre brillante, peut-ĂŞtre le diamant.
Le saphir, que les anciens tiraient de l'Inde et de l'Egypte, est bleu.
La calcédoine est une sorte d'agate, couleur d'azur.
L'Ă©meraude est verte.
Les interprètes ne sont pas d'accord sur la pierre que désigne le mot sardonyx.
La sardoine (comparez Apocalypse 4.3, note) est de couleur brun rouge.
La chrysolithe était suivant les uns une pierre jaune qui avait l'éclat de l'or, suivant d'autres une pierre verdâtre transparente.
Le béryl est une variété d'émeraude ; d'autres l'identifient avec l'onyx.
La topaze est une pierre transparente, aux reflets jaunes d'or, ou verdâtres.
Le chrysoprase, qui n'est mentionné qu'ici dans la Bible, était jaune pale suivant les uns, vert suivant d'autres.
L'hyacinthe est une pierre brillante qui a les reflets du feu, d'un jaune tirant sur le rouge.
L'améthyste est violette.
Dans la cité céleste, Dieu est toujours et parfaitement présent au milieu des hommes ; (verset 3) il n'est donc plus besoin de temple. Alors sera pleinement accomplie la prophétie de Jésus. (Jean 4.21) Ces temps avaient été entrevus déjà par Jérémie 3.16 et suivants
L'Agneau aussi bien que le Dieu tout-puissant, est son temple, parce que la médiation du Sauveur demeure nécessaire aux hommes pour entrer dans la communion de Dieu.
L'Agneau est son flambeau, car il est le médiateur qui transmet à la cité sainte la lumière de Dieu.
Suivant d'autres, ces nations en marche vers Jérusalem représentent des rachetés en voie de perfectionnement ; idée qui serait exprimée dans la leçon, d'ailleurs peu autorisée, du texte reçu : les nations de ceux qui sont sauvés.
Toujours ouvertes, les portes de Jérusalem donneront accès aux nations qui ne cesseront d'affluer vers elle.
Tout ce qu'il y avait de vrai, de grand, de bon, de beau dans les nations, tout ce qui constituait leur gloire et leur honneur se retrouvera dans la cité de Dieu, sanctifié et élevé à sa plus haute puissance. Rien ne se perd dans le règne de Dieu.
Sur le livre de vie de l'Agneau, comparez Apocalypse 3.5Â ; 13.8Â ; 20.12.
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