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Exode 16

    • 1
      1 à 36 Les cailles ; la manne (nouveaux murmures)
      2

      2 à 12 Murmures du peuple

      Toute l'assemblée murmura. Les provisions de bouche étaient épuisées ; à la fatigue s'ajoutait le tourment de la faim ; car le peuple ne pouvait songer à se défaire de ses troupeaux. Les murmures s'adressaient à Moïse et Aaron comme s'ils avaient agi de leur chef et par ambition. Les mots toute l'assemblée semblent indiquer un mécontentement plus général encore que 15.24

      3

      Que ne sommes-nous morts ? Il eût mieux valu passer tout droit de celte vie d'abondance à la mort, comme les premiers-nés des Egyptiens dans la nuit de la Pâque. Les mots : de la main de l'Eternel, indiquent un coup violent et surnaturel.

      Devant les pots de viande. Le souvenir de l'Egypte commence à s'embellir pour eux du charme de la distance ; comparez Nombres 11.5, où l'illusion apparaît plus complète encore.

      4

      A Moïse. Plus qu'aucun autre, il avait besoin d'être soutenu ; car c'était lui qui portait la plus grosse part de responsabilité dans cette grande entreprise.

      Afin que je l'éprouve. Dieu ne veut pas encore punir Israël de son manque de foi ; il ne veut que l'éprouver, en lui donnant sa nourriture jour par jour, sans que jamais il en reste rien pour le lendemain, afin de le faire grandir spirituellement à cette école quotidienne de confiance et d'obéissance.

      5

      Et il y en aura le double. C'est ici une exception au : jour par jour, du verset 4. En ce jour-là seulement ils recevront extraordinairement le pain du lendemain. Le motif de cette exception ressortira plus tard : le repos du septième jour serait troublé par la récolte de la manne ; voir à versets 23-30.

      6

      Ce soir vous saurez : par l'arrivée des cailles, verset 13.

      Il paraît clairement par la fin du verset que le peuple accusait Moïse de les avoir fait sortir d'Egypte sans la volonté de l'Eternel.

      7

      Vous verrez la gloire : par le don de la manne ; voir au verset 14.

      Car il entend vos murmures. Israël avait demandé de la viande et du pain (verset 3). L'Eternel leur donnera l'un et l'autre, ce qui prouve bien que leurs coupables murmures sont arrivés Jusqu'à son oreille.

      Que sommes-nous ? De simples instruments.

      8

      C'était Aaron qui avait d'abord parlé pour son frère et lui (verset 6). Moïse répète au peuple la même promesse et le même reproche en lui rappelant encore plus énergiquement par ces mots : tout votre soûl, l'indigne langage qu'il avait tenu (verset 3). Puis il laisse à Aaron le soin de communiquer à l'assemblée l'ordre suivant.

      9

      Présentez-vous devant l'Eternel. On a pensé que ces mots faisaient allusion à l'habitation de l'Eternel dans le Tabernacle, et qu'il y avait par conséquent là un anachronisme. Mais dans tout campement il y a un lieu principal où réside le commandement de la caravane. C'était, ici, le lieu où se trouvait la nuée, comme le montre le verset suivant.

      10

      A la parole d'Aaron, tout le peuple détourne ses yeux du camp pour les tourner vers la nuée qui était en tête, du côté de la contrée déserte où l'on s'avançait.

      La gloire de l'Eternel apparut. En voyant chaque jour la colonne de nuée, le peuple s'était habitué à l'envisager comme quelque chose de naturel. C'est pourquoi elle prend en ce moment un aspect extraordinaire et menaçant ; elle resplendit d'un éclat particulier ; comparez Lévitique 10.2. Avant de montrer sa gloire en satisfaisant les vœux du peuple (verset 7), Dieu la montre par cette apparition saisissante, afin que le peuple comprenne bien de qui viendra l'exaucement, et quelle responsabilité il encourt en se révoltant contre Celui qui daigne le conduire.

      11

      Versets 11 et 12 Dieu ordonne à Moïse de répéter au peuple, rendu sérieux et attentif par la crainte, ce qui va se passer, pour que nul n'y voie un simple hasard.

      13

      13 à 24 L'exaucement

      On vit monter. Ce qui vient de loin, en se rapprochant, paraît s'élever.

      Les cailles ; non pas des cailles, mais les vols de cailles bien connus, qui traversent régulièrement la péninsule du Sinaï au printemps, en venant d'Afrique pour se rendre plus au nord, et en automne, en retournant an sud ; elles passent alors dans ces contrées en vols si serrés, que l'on peut en abattre aisément deux ou trois d'un coup en leur jetant un bâton ; elles sont même parfois si lasses qu'elles se laissent tomber à terre et qu'on peut les prendre avec la main. Une foule de voyageurs ont constaté ce phénomène en Arabie, en Syrie et en d'autres contrées. Ainsi Tristram raconte qu'il trouva un matin en Algérie le sol couvert de ces oiseaux, sur une étendue de plusieurs acres, tandis que le soir précédent il n'y en avait pas trace. Les Arabes apprécient beaucoup cette viande et la conservent en la salant. Il est dit Nombres 11.31 que les cailles venaient de delà la mer ; elles avaient traversé la mer Rouge et tombaient de fatigue. Le miracle ne consista donc pas dans le fait lui-même, mais dans la circonstance que ce fait arriva au moment précis pour lequel il avait été annoncé et où il répondait au dessein divin.

      Et le matin il y avait... : le soir Dieu avait donné la viande ; au matin, il y ajoute le pain, selon sa promesse.

      14

      Il y a une manne naturelle, bien connue dans ces contrées, en particulier dans tout le district entre Elim et Sinaï jusqu'au Wadi Feyran, au sud. Elle provient d'un arbre appartenant au genre des tamarix et que les Arabes nomment tarfa. Après la saison des pluies, si elles ont été abondantes, la sève de cet arbre suinte à travers l'écorce du tronc et des branches et tombe à terre en grosses gouttes, semblables à de la gomme, qui prennent la forme de petits grains bruns on jaunâtres ayant un goût de miel. Un naturaliste croit avoir constaté que cette exsudation est occasionnée par la piqûre d'un insecte qui loge ses œufs dans l'écorce de l'arbre. Ce phénomène commence au mois de mai, et a lieu surtout pendant les mois de juin et de juillet. Les Arabes recueillent avec soin cette manne, dont ils usent comme nous le faisons du miel. Ils vont la vendre jusqu'au Caire ; c'est également l'un des objets que les moines du couvent de Sainte-Catherine, au Sinaï, vendent aux voyageurs. L'on en recueille aujourd'hui de six à sept cents livres par an ; autrefois, lorsque les forêts étaient beaucoup plus considérables qu'aujourd'hui, la récolte devait être bien plus abondante encore.

      Cette manne naturelle offre une analogie évidente avec l'aliment dont Dieu nourrit son peuple dans le désert ; malgré cela, elle ne peut être identifiée avec celui-ci. La manne ordinaire ne couvre point toute la surface du sol, mais uniquement les alentours du tronc de l'arbre d'où elle découle. Elle ne se produit pas en toute saison, mais seulement pendant deux mois, et uniquement. dans certains districts de la péninsule. La manne des Israélites était une substance dure que l'on devait moudre ou piler (Nombres 11.8) et qui était propre à servir d'aliment, tandis que la manne naturelle est molle et ne peut être employée que comme condiment ou comme purgatif. Enfin, et surtout, la circonstance qu'on n'en trouvait point le jour du sabbat et qu'on en recueillait le double le jour avant, si on ne veut pas en faire une pure légende, donne nécessairement à la manne des Israélites le caractère d'un produit miraculeux.

      On connaît encore en Orient une espèce de lichen, dans lequel quelques-uns ont vu l'aliment extraordinaire des Israélites. Cette plante se trouve dans les steppes de l'Asie centrale. Comme elle pousse sur le sol sans jeter de racines, elle peut facilement être enlevée par le vent, et bien souvent elle va s'abattre en grandes masses dans des régions éloignées, où elle couvre le sol à plusieurs pouces de hauteur. On en fait un fort bon pain. Mais elle ne ressemble en rien à la description biblique de la manne et appartient à des contrées plus orientales.

      La relation dans laquelle la manne des Israélites est mise avec la rosée matinale, fait supposer qu'elle provenait d'une substance miellée qui durant la nuit se trouvait en suspension dans l'air, avec l'humidité qui se dépose au matin sous forme de rosée. Nous ne pouvons en savoir davantage. Dans tous les cas, il ne faut pas s'imaginer que la manne soit l'unique aliment dont le peuple ait vécu durant son passage au désert. Il avait le lait de ses troupeaux et les produits de la chasse. L'on voit, par Lévitique 8.2 ; Nombres 7.13, qu'ils avaient aussi de la farine et du pain, ce qui s'explique par le fait de leurs séjours prolongés en plusieurs stations, où ils eurent le temps de cultiver les oasis, comme le font encore quelques tribus de bédouins, et d'en récolter les fruits. Ils durent aussi quelquefois acheter d'autres produits, tels que de l'huile et du vin (Lévitique 9.4 ; 10.9, etc.), par un commerce d'échange avec les caravanes qui traversaient le désert. Comparez Deutéronome 2.6

      15

      C'est de la manne. Les anciennes versions rendent les mots hébreux man hou par : Qu'est-ce que cela ? en supposant que le mot man signifie quoi ? comme en araméen. Et l'on a conclu de là que la manne des Israélites avait tiré son nom de cette question même et que ce nom avait été appliqué ensuite à la manne naturelle qu'on recueille dans cette contrée. Mais c'est plutôt l'inverse qu'il faut admettre ; car la manne naturelle était déjà connue des Egyptiens et paraît avoir porté chez eux, dès les temps les plus anciens, le nom de mannu, de sorte qu'en voyant pour la première fois ce pain du ciel que Dieu lui donnait (Psaumes 105.40), le peuple, ne sachant ce que c'était que ce produit et trouvant qu'il ressemblait à la manne naturelle, s'écria aussitôt en employant le nom déjà usité pour désigner celle-ci : C'est là de la manne, ce que signifie littéralement l'expression hébraïque.

      On a aussi entendu celle-ci dans ce sens : C'est un don (de Dieu), en appliquant ici le sens de don qu'a en hébreu le mot man. Mais cette exclamation dans la bouche du peuple serait peu naturelle. C'est Moïse qui exprime l'idée que cette interprétation met faussement dans la bouche du peuple ; et peut-être Moïse fait-il réellement allusion à ce sens du mot hébreu man (don), en disant : le pain que Dieu vous a donné.

      16

      Un omer par tête. Un omer contenait à peu près deux à trois litres, ce qui n'est pas trop pour 24 heures.

      Chacun en prendra. Une personne par famille devait aller recueillir la manne pour les autres.

      17

      Les uns beaucoup... Chacun en recueillait plus ou moins, selon que sa famille était plus ou moins nombreuse.

      18

      Les anciens interprètes juifs ont vu ici un nouveau miracle, comme si la portion recueillie par chacun s'était accrue ou diminuée surnaturellement pendant le retour du désert au camp, de sorte qu'à l'arrivée il se trouvait qu'il y avait exactement un omer par personne dans chaque famille. Le récit ne contient rien d'aussi fantastique. Ou bien le sens est simplement que, chacun ramassant autant d'omers que sa famille avait de membres, celui qui ramassait beaucoup (parce que sa famille était nombreuse) n'avait pas de superflu, et celui qui ramassait peu, par la raison contraire, n'avait pas de déficit ; le miracle se trouverait uniquement dans le fait que l'abondance de la manne répondait d'une manière générale à ce besoin d'un omer par tête. Il y avait assez, mais non pas trop. Ou bien l'on peut supposer avec plusieurs que la manne recueillie par tous était réunie en monceaux et qu'on mesurait à chacun le nombre d'omers correspondant à celui des membres de sa famille.

      L'apôtre Paul a appliqué ce passage à l'Eglise, 2Corinthiens 8.15, dans ce sens que Dieu a pourvu aux besoins de tous, si seulement, par les soins ingénieux de la charité, le plus de l'un supplée au moins de l'autre.

      19

      Ce que demandait ici Moïse était un acte de foi ; voir au verset 4. Plusieurs ne s'en montrèrent pas capables.

      La punition de Dieu fut douce, mais l'indignation de Moïse éclata avec d'autant plus de vivacité.

      22

      Les Israélites obéissent à ce que Dieu leur avait commandé (verset 5), mais sans comprendre encore le motif de cette manière d'agir. Leurs chefs vont donc interroger Moïse sur la raison de cet ordre qu'il a donné, et celui-ci le leur explique par le caractère sabbatique du jour suivant.

      23

      Le mot de sabbat, qui désigne proprement la cessation de travail, apparaît ici pour la première fois. Au moment où Israël cesse d'être une simple famille et où il devient un peuple, l'Eternel veut faire entrer dans ses mœurs nationales la pratique si importante du repos du septième jour. La base de cette institution avait été posée dès longtemps dans le repos divin Genèse 2.3, dont la tradition s'était conservée. Mais cette connaissance traditionnelle n'avait pas encore été appliquée, comme elle devait l'être, à la vie du peuple. C'est ce que Dieu fait comprendre par la disposition relative à la manne, préparant ainsi le commandement positif qui sera donné bientôt dans le décalogue. Voir encore à 20.8 et suivants.

      25

      25 à 30 Nouvelle désobéissance d'une partie du peuple.

      Manquant de foi et de soumission à la parole de Moïse, plusieurs s'en vont chercher de la manne au désert le matin du sabbat. Ils ne sont punis encore cette fois, que par l'inutilité de cette tentative et par la réprimande de Moïse. Mais ce fait donne lieu à la défense, qui fut plus tard exactement réglementée par les rabbins, de marcher au-delà d'une certaine distance le jour du sabbat.

      31

      31 à 36 Tout ce qui suit jusqu'à la fin du chapitre est une note explicative ajoutée au récit qui précède. L'auteur y a réuni tous les renseignements intéressants relatifs à la manne.

      Graine de coriandre. Cette plante est une ombellifère très aromatique, dont les graines sèches ont un goût agréable. Comparez Nombres 10.7

      32

      Cet ordre ne peut avoir été donné ou du moins exécuté en ce moment où le Tabernacle et l'Arche n'existaient pas encore (verset 34). C'est donc encore ici une notice insérée à l'occasion de la première apparition de la manne.

      33

      Une cruche. Le mot hébreu désigne proprement un de ces vases de terre poreuse dont on se sert dans les pays chauds pour rafraîchir l'eau. D'après Hébreux 9.4, c'était un vase d'or.

      35

      Autre notice semblable à la précédente ; comparez Josué 5.12

      36

      L'omer, étant la dixième partie de l'épha, contenait 2 litres, si l'on part des données des rabbins, et 3 ou 4, si l'on prend pour base celles de Josèphe. Il ne faut pas confondre l'omer avec le homer ou chomer (Lévitique 27.16 et ailleurs), qui contenait 10 éphas. C'est le même rapport qu'entre le décilitre et le décalitre.

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