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Exode 24

    • 1

      1 à 11 La conclusion de l'alliance

      Les chapitres 21 et 23 ou le Livre de l'alliance étaient un code de lois qui appartenait uniquement, au document jéhoviste ; dans le chapitre 24 le rédacteur a réuni en un récit unique tout ce que contenaient ses divers documents sur la conclusion de l'alliance. Le document jéhoviste paraît avoir raconté surtout le sacrifice (verset 3 à 8) et le document élohiste le repas solennel célébré par Moïse, Aaron et les Anciens sur le mont de Sinaï (versets 1 à 2 et 9 à 11).

      1 et 2 Ordre donné à Moïse en vue du repas sacré qui doit suivre le sacrifice.

      Les mots à Moïse sont placés en tête, afin d'opposer cet ordre au discours précédent, qui était à l'adresse du peuple entier. C'est une instruction spéciale et personnelle dont l'exécution est racontée versets 9 à 11. La forme du verbe avait dit (verset 14) permet de placer cet ordre à un moment antérieur quelconque.

      Monte... Il ne devra pas monter seul après le sacrifice offert. Dieu veut qu'Aaron et ses fils, Nadab et Abihu, soient associés à la vision divine ainsi qu'au repas sacré, parce que, dès que le Tabernacle sera construit, ce seront eux qui devront y exercer le sacerdoce.

      Les soixante-dix Anciens ne sont pas tous les Anciens d'Israël, mais seulement les plus marquants d'entre, eux ; ils représenteront le peuple dans cette circonstance solennelle. Le nombre 70 est peut-être choisi en souvenir du nombre de personnes dont se composait la famille patriarcale à son entrée en Egypte (1.5).

      Prosternez-vous de loin : lorsque l'Eternel leur accordera la manifestation de sa présence et de sa gloire (verset 10).

      Moïse seul s'approchera. Ce détail n'est pas relevé dans le récit de l'exécution (versets 9 et 10). Moïse devait s'approcher seul de l'apparition céleste, tandis que tous les autres témoins resteraient prosternés tant qu'elle durerait.

      3

      3 et 4 Les préparatifs du sacrifice

      Moïse rapporte de vive voix au peuple toutes les directions qui lui ont été données (toutes les paroles) et toutes les lois qui doivent former le code de l'alliance. Le peuple déclare unanimement accepter ces lois. Après cela. Moïse les met par écrit, afin qu'elles restent comme le monument de la volonté de l'Eternel, règle de la conduite future du peuple.

      4

      Il érigea un autel. Moïse élève cet autel en conformité de l'ordre donné 20.24. L'autel représente la table sacrée dressée à l'Eternel et sur laquelle il recevra les offrandes qui lui seront présentées par Israël.

      Les douze pierres, représentant les douze tribus, étaient rangées autour de l'autel. Elles devaient être pour le peuple le mémorial de cette cérémonie. Comparez Josué 4.2-3,9 ; 1Rois 18.31

      5

      5 à 8 Le sacrifice

      Jusqu'à la consécration d'Aaron et de sa famille (28.1 et suivants), il n'y avait pas de sacrificateurs en titre. Il n'y avait que des officiants choisis du sein du peuple, peut-être (d'après une tradition) d'entre les prermiers-nés ; en tout cas des jeunes gens alertes et robustes ; comparez 19.22

      S'il n'est parlé que d'holocaustes et de sacrifices d'actions de grâces, et non de sacrifices pour le péché, c'est-à-dire offerts spécialement dans un but d'expiation, c'est que ces derniers n'étaient point encore distincts de l'holocauste, la forme la plus ancienne et la plus générale du sacrifice.

      La victime dans les sacrifices d'actions de grâces n'était brûlée qu'en partie sur l'autel, le reste devant être mangé, dans le repas sacré qui suivait le sacrifice ; tandis que dans un holocauste la victime était brûlée tout entière.

      6

      Un signe visible accompagnait toujours chez les anciens la conclusion d'un contrat. Quelquefois c'était un présent fait par l'une des parties contractantes (Genèse 21.27-31) ; d'autres fois c'était un monument érigé (Genèse 31.45), plus ordinairement un sacrifice sanglant (Genèse 15.9 et suivants) auquel s'ajoutait un repas commun destiné à sceller l'engagement mutuel (Genèse 26.30 ; 31.54).

      La moitié du sang. Moïse partage le sang par moitié entre l'Eternel et le peuple pour servir de lien éternel entre eux et faire de ces deux parties contractantes un tout unique et inséparable. Par le fait que le sang est celui d'une victime pure, consacrée au Dieu saint, et que Dieu en reçoit la moitié, l'aspersion faite sur le peuple de l'autre moitié, recueillie dans des bassins, a une action purificatrice et fait d'Israël un peuple pardonné et consacré à Dieu.

      7

      C'est ici la ratification formelle de l'engagement moral mentionné au verset 3. La lecture publique du document donne au code ainsi proclamé un caractère définitif et invariable ; il demeure désormais le monument authentique de l'engagement pris par le peuple.

      8

      Voici le sang de l'alliance. Il semble que Jésus ait fait allusion à ces mots en instituant la sainte Cène (Matthieu 26.28).

      9

      9 à 11 Le repas du sacrifice

      Par l'alliance qui vient d'être conclue entre Dieu et le peuple et par la consécration qui vient d'être faite de celui-ci, au moyen de l'aspersion du sang, Israël a été rendu capable d'être admis en présence de l'Eternel, dans son intimité, et à sa table. Ce privilège lui est en effet accordé en la personne de soixante-dix de ses Anciens et des membres de la famille destinée à devenir la famille sacerdotale.

      10

      Ils virent le Dieu d'Israël. Dieu leur apparaît ; il vient en quelque sorte consacrer lui-même ce banquet qui doit sceller l'union des deux Parties contractantes.

      La couleur du pavement sur lequel repose le trône divin est celle de l'azur céleste, l'emblème de la félicité pure et inaltérable.

      Saphirs : une mosaïque composée de saphirs.

      Mais comment concilier ce fait de l'apparition de Dieu avec la maxime scripturaire que :
      nul ne peut voir Dieu et vivre, ou avec des paroles telles que :
      Deutéronome 4.12 : Quand l'Eternel vous parla du milieu du feu, vous ouîtes bien une voix, mais vous ne vites aucune ressemblance ;
      ou :
      Jean 1.18 : Personne ne vit jamais Dieu ?
      Les LXX ont déjà senti la difficulté et ont traduit : ils virent la place où Dieu se tenait ; ce sens est naturellement impossible.
      D'autres paraphrasent : Ils virent qu'aux pieds de Dieu il y avait comme un pavement de saphirs ; ce qui n'est pas non plus conforme au texte.

      Il faut dire plutôt que ce qu'ils virent n'était pas la personne de Dieu lui-même, mais une représentation sensible et, par conséquent, incomplète de sa gloire, comme lorsqu'il est dit de Moïse qu'il vit Dieu par derrière (33.23). Ce n'était pas une figure proprement dite, une forme déterminée, susceptible d'être reproduite par l'art. C'était une manifestation lumineuse, destinée à rendre sensible aux convives la présence de Dieu, mais dont nous ne pouvons nous faire une idée. Ainsi Esaïe, quand il raconte qu'il vit le Seigneur (chapitre 6), ne parle que de son trône et des pans de son manteau royal.

      Le Dieu d'Israël. Cette expression, fréquente dans les prophètes, mais rare dans le Pentateuque, est inspirée ici à l'auteur du récit par la pensée du lien étroit qui vient de se former entre le peuple et son Dieu. Le Dieu d'Israël, c'est là désormais le titre en quelque sorte officiel de l'Eternel.

      11

      L'Eternel ne toucha pas... Il ne leur fit aucun mal, comme on aurait pu le craindre d'après la règle qui dit qu'on ne peut voir Dieu et vivre. Comparez Genèse 32.30 ; Exode 33.20 ; Juges 6.22 ; 13.22

      Ils mangèrent et burent. Après s'être prosternés (verset 1), ils célébrèrent le repas auquel Dieu les conviait et qui consistait sans doute dans le manger des victimes d'actions de grâces. On a aussi expliqué ces mots dans ce sens : L'Eternel ne leur fit pas de mal, de sorte qu'ils continuèrent à vivre, mangeant et buvant comme auparavant. Cette platitude clorait mal un tel récit.

      Le repas eut-il lieu sur la montagne même, immédiatement à la suite de l'apparition divine, ou près de l'autel, au bas de la montagne ? Le verset 14, qui lie étroitement le repas à la vision, est plutôt favorable à la première manière de voir.

      12

      14.12 à chapitre 31 : Instructions pour la construction du Tabernacle et l'organisation du culte

      12 à 18 Préambule historique

      Ici commence la grande législation cérémoniale qui, après une courte interruption historique (chapitre 32 à 34), s'étendra jusqu'au chapitre 16 du Lévitique, on peut même dire jusqu'au chapitre 10 des Nombres. Elle appartient tout entière au document élohiste. Ce code, essentiellement à l'usage des sacrificateurs, est comme le complément du code religieux, moral et civil renfermé dans le Livre de l'alliance. Les versets 12 à 18 en sont le préambule.

      Moïse reçoit de nouveau l'ordre de monter sur Sinaï pour recevoir les tables de la loi et les instructions relatives à la construction du Tabernacle et des ustensiles qu'il doit renfermer. Cet ordre fut donné à Moïse après qu'il fut revenu au camp avec Aaron et les Anciens.

      Et restes-y. Prépare-toi à un séjour prolongé.

      Et les préceptes que j'ai écrits. Ces mots difficiles ne peuvent s'appliquer ni au Décalogue, qui est déjà désigné dans les expressions précédentes, ni au Livre de l'alliance, qui n'a pas été écrit de la main de Dieu (verset 4) ; ils ne peuvent donc désigner que le modèle et la description du Tabernacle et de ses ustensiles, montrés par Dieu à Moïse sur la montagne (25.9,40 ; 26.30).

      Avec Josué. Voir à 17.9. Peut-être y avait-il eu dans l'ordre de Dieu un mot relatif à Josué qui n'a pas été rapporté. En tout cas les mots : Et restes-y, faisaient pressentir à Moïse un long séjour ; c'est pourquoi il prenait avec lui un serviteur qu'il pût envoyer au camp. 32.17 prouve que Josué demeura sur la montagne ; car il se trouvait avec Moïse, lorsque celui-ci en descendit.

      14

      Il avait dit : avant de monter. Le temps du verbe autorise cette traduction.

      Aux Anciens : non seulement aux soixante-et-dix dont il a été parlé, mais à tous les Anciens du peuple.

      Attendez-nous ici. Cela ne signifie pas : Ne montez pas cette fois avec nous ; ce qui se comprenait de soi-même ; mais : Ne partez pas du Sinaï pour recommencer le voyage à travers le désert avant que je sois revenu au camp.
      Moïse comprenait que son absence serait longue et que la patience du peuple pourrait se lasser.

      Vous avez avec vous Aaron et Hur. C'était à eux qu'était confiée pendant ce temps la tâche réservée à Moïse 18.25-26. Les Anciens devaient recourir à ces deux hommes pour les affaires qu'ils ne pouvaient décider seuls.

      18

      Monta à la montagne. Cette expression, au verset 13, nous place au moment du départ ; au verset 15, au moment de la montée ; au verset 18, à celui de l'arrivée.

      Quarante jours et quarante nuits. D'après 34.28 et Deutéronome 9.9, sans manger ni boire. Des exemples récents prouvent qu'un jeûne aussi prolongé est possible, même sans intervention miraculeuse. Comparez l'exemple d'Elie dans les mêmes lieux (1Rois 19.8) et celui du Seigneur au désert (Matthieu 4.2).

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