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Genèse 50

    • 1

      1 à 3 Deuil et embaumement

      2

      Médecins. Les médecins étaient nombreux dans l'ancienne Egypte, ce pays qu'Homère appelle déjà la patrie de la médecine. Ils appartenaient à la classe des prêtres. Il y avait des spécialistes pour les diverses maladies (oculistes, dentistes, etc.). Joseph, comme premier ministre et haut placé dans la caste sacerdotale, en avait plusieurs attachés à sa personne.

      L'embaumement, qui était un acte religieux, était confié à une classe spéciale de ces prêtres-médecins. Nous sommes renseignés par Hérodote et Diodore et par l'examen des momies conservées jusqu'à nos jours, sur les méthodes d'embaumement pratiquées en Egypte.

      D'après la manière juive d'embaumer (Jean 11.44 ; 19.39-40), on se bornait à envelopper le corps dans des linges garnis de matières odoriférantes. Jacob et Joseph (verset 26) furent embaumés à la manière égyptienne. L'idée de ce rite était de conserver aussi intacte que possible la forme du corps, les traits même du visage, parce que l'on croyait à une relation permanente au-delà de la mort entre le corps et l'âme, qui ne pouvait vivre heureuse que si son corps était conservé intact.

      La manière de procéder a varié selon les époques ; elle différait aussi suivant la qualité des défunts et le prix que l'on voulait mettre à l'embaumement. Les momies du temps qui a précédé les Hyksos sont en général noires et défigurées ; celles des temps qui ont suivi (à partir de la dix-huitième dynastie) sont embaumées avec plus de soin et beaucoup mieux conservées.

      On retirait, d'abord la cervelle par le nez au moyen d'un crochet. L'on pratiquait avec un couteau de silex une incision au côté gauche du corps, qu'on vidait entièrement ; puis on le lavait soigneusement avec du vin de palmier, et l'on saturait les chairs d'huiles et de parfums de diverses espèces. Le cœur et les viscères étaient déposés et conservés dans des vases. Le corps était ensuite plongé pendant plusieurs semaines dans une préparation salée (bicarbonate de soude). On l'enveloppait enfin avec soin dans des bandelettes de lin, et on le renfermait dans un triple ou quadruple sarcophage couvert, à l'intérieur et à l'extérieur, de figures symboliques et d'inscriptions tirées du Livre des morts.

      Ces opérations, auxquelles une population nombreuse, qui vivait à part dans le voisinage des nécropoles, était employée, étaient simplifiées et abrégées pour les corps qui devaient être ensevelis à bon marché.

      3

      Quarante jours. Cette donnée est d'accord avec ce que dit Diodore : que l'on employait plus de trente jours pour embaumer les corps. Hérodote, dont le rapport est confirmé par des documents égyptiens dit que l'opération durait soixante-dix jours. On doit conclure de là qu'il y avait diverses manières de procéder, suivant les temps et les lieux.

      Soixante-dix jours. C'était un deuil royal. Le deuil d'un roi chez les Egyptiens durait soixante-douze jours. Les quarante jours de l'embaumement doivent sans doute être compris dans les soixante-dix jours du deuil.

      4

      4 à 14 Jacob enterré à Macpéla

      Joseph ne peut abandonner pour un temps ses importantes fonctions sans l'autorisation du roi. Mais, pour une requête qui le concerne personnellement, il ne se présente pas lui-même devant Pharaon, et il prie d'autres dignitaires d'intervenir en sa faveur.

      5

      Que je me suis creusé. Creusé, et non acheté (comme on traduit aussi d'après Deutéronome 2.6), puisqu'il s'agit d'un tombeau. Genèse 26.15, le même verbe hébreu a évidemment le sens de creuser. Ce terme indique ici l'arrangement de la caverne en forme de chambre sépulcrale ; car la caverne existait déjà avant Abraham. Jacob s'attribue ce qui avait été fait par son grand-père (chapitre 23).

      Au reste, Joseph ne reproduit pas ici textuellement, les paroles de Jacob telles qu'elles avaient été rapportées 47.30. Parlant à des Egyptiens, il s'accommode à leur manière de penser, d'après laquelle tout grand personnage en Egypte faisait préparer lui-même son tombeau.

      7

      Anciens. Ce mot ne désigne sans doute aucune charge spéciale ; il s'applique ici en général aux gens de la cour et aux principaux magistrats du pays.

      9

      Des chars et des cavaliers : pour protéger cette nombreuse caravane.

      10

      Aire d'Atad : aire de l'épine. Cette localité est inconnue. Saint Jérôme, sans donner ses raisons, la place près de Jéricho et l'identifie avec Beth-Hogla (Josué 15.6), dont la situation est fixée par la localité moderne de Ain-Hadjla, située entre Jéricho et l'embouchure du Jourdain, ainsi à l'ouest du fleuve. Mais l'expression au-delà du Jourdain ne peut naturellement désigner que la contrée située à l'est du Jourdain. S'il en est ainsi, l'itinéraire suivi serait ici à peu près le même que celui du peuple après la sortie d'Egypte. Peut-être craignait-on de rencontrer les Philistins ou d'autres tribus hostiles, si l'on prenait le chemin qui conduit directement d'Egypte à Hébron, par Rhinocolure et Béerséba. Comparez Exode 13.17

      Deuil de sept jours. Cette cérémonie fut sans doute célébrée en cet endroit, parce que la famille de Jacob devait seule accompagner la dépouille mortelle jusqu'à Hébron.

      Aujourd'hui encore, dans ces mêmes contrées, à l'est du Liban et du Jourdain, c'est dans les aires que se célèbrent, les cérémonies funèbres. Elles durent aussi sept jours.

      11

      Abel- Mitsraïm : prairie des Egyptiens, ou, si on lit Ebel-Mitstraïm : deuil des Egyptiens. Ce nom n'a pas non plus été retrouvé.

      15

      Crainte bien naturelle ; ils pouvaient se dire que, si Joseph les avait épargnés, c'était uniquement par égard pour leur père.

      17

      Cet ordre de Jacob n'est pas rapporté dans les récits qui précèdent. Jacob avait-il réellement jugé nécessaire de le donner ?

      Serviteurs du Dieu de ton père. Des gens qui adorent le même Dieu ne doivent pas se faire mutuellement du mal.

      Quand ils lui parlèrent ainsi : par leur messager.

      19

      Suis-je à la place de Dieu ? Deux sens possibles ; ou bien :
      Si vous méritez un châtiment, c'est à Dieu, non à moi, qu'il appartient de vous le faire subir. Comparez Romains 12.19 ;
      ou bien :
      C'est Dieu qui, par sa providence, a dirigé toutes choses. J'irais à l'encontre de ses décrets en vous châtiant.
      Ce second sens est plus conforme au contexte.

      22

      Cent dix ans. Joseph survécut de cinquante-quatre ans à son père, car il était né alors que Jacob avait quatre-vingt-onze ans (27.1, note) ; il avait, par conséquent, cinquante-six ans à la mort de ce dernier (47.28).

      23

      Jusqu'à la troisième génération. Littéralement : Joseph vit à Ephraïm des fils de la troisième génération ;
      c'est-à-dire des petits-fils, d'après l'analogie d'Exode 20.5 ; Nombres 14.18 et Deutéronome 5.9, où le fils compte pour la seconde génération et le petit-fils pour la troisième.

      24

      Dieu avait promis aux patriarches que leurs descendants posséderaient le pays de Canaan (12.7 ; 13.15 ; 15.18 ; 17.8 ; 26.3 ; 35.12) et qu'ils y retourneraient, par conséquent, après le séjour en Egypte (15.16 ; 46.4).

      25

      Voir Exode 13.19 et Josué 24.32, l'accomplissement de cette promesse.

      Il est superflu d'insister sur la beauté morale et littéraire de l'histoire de Joseph. Le caractère de vérité du récit ressort à chaque page de la parfaite adaptation des faits racontés et des moindres traits de la narration aux mœurs et à l'histoire du peuple égyptien, telles que nous les connaissons aujourd'hui d'une façon très précise.

      Sous le rapport religieux, on a souvent fait ressortir les analogies remarquables qui existent entre la figure de Joseph et celle de Jésus-Christ. On en a indiqué une foule que le lecteur découvrira sans peine. Nous nous bornerons à citer un passage célèbre de Pascal sur ce sujet :

      Jésus-Christ, figuré par Joseph, bien-aimé de son père, envoyé du père pour voir ses frères, etc., innocent, vendu par ses frères vingt deniers, et par là devenu leur seigneur, leur sauveur, et le sauveur des étrangers, et le sauveur du monde ; ce qui n'eût point été sans le dessein de le perdre, sans la vente et la réprobation qu'ils en firent. Dans la prison, Joseph innocent entre deux criminels : Jésus-Christ en la croix entre deux larrons. Joseph prédit le salut à l'un, et la mort à l'autre, sous les mêmes apparences...
      (Pensées de Pascal)

      Nous devons remarquer enfin, en terminant, la fidélité avec laquelle le peuple israélite a conservé cette tradition, toute à la honte des patriarches, ses ancêtres. Les turpitudes des acteurs de cette histoire sont la meilleure garantie de sa vérité historique.

      Conclusion sur le livre de la Genèse

      Ce livre nous a fait connaître, Conformément à son nom, les origines des choses qui nous intéressent le plus :

      • Origines du monde, de la terre et des êtres qui l'habitent : 1.1 et suivants
      • De l'humanité : 1.26 ; 2.7
      • Du bien : 1.27 ; 2.25
      • Du sabbat : 2.2-3
      • Du langage : 2.21-23
      • Du péché : 3.1 et suivants
      • De la souffrance et de la mort : 3.16-18
      • De l'espérance du salut : 3.15
      • Du crime : 4.8
      • Des arts, des beaux-arts, spécialement de la poésie : 4.19-25
      • Du culte : 4.26
      • De la loi et de l'Etat : 9.6
      • Des races humaines et des peuples dans lesquels elles se ramifient : chapitre 10
      • De la multiplicité des langues : 11.9
      • Des grands empires 10.8-12
      • Du peuple élu et de l'alliance de Dieu avec les hommes, en un mot, du salut : chapitres 15 à 50
      Tous ces renseignements si importants, nous ne les possédons que par ce livre.

      Remarquons qu'ils tournent en général à la gloire de Dieu et à la honte de l'homme. Cela prouve qu'ils ne sont point des inventions d'homme, mais de vraies traditions antiques, simplement recueillies, fidèlement transmises.

      Remarquons encore que durant les 2 500 ans qui séparent Adam de Joseph, l'histoire biblique ne nous raconte pas un seul fait miraculeux proprement dit et accompli dans le domaine de la nature. En effet, les apparitions divines ne rentrent pas dans cette catégorie. Il en est de même du déluge et de la destruction des villes de la Plaine qui, d'après le récit même, ont été l'effet d'agents naturels fonctionnant en accord avec l'intention divine. Ce fait capital ôte toute prise à l'opinion qui attribue à ces récits un caractère superstitieux et légendaire.

      Remarquons enfin un grand nombre de coïncidences entre les récits génésiaques et certains faits constatés par l'histoire et par des découvertes récentes : ainsi l'accord entre l'émigration d'Abraham (11.31 ; 12.1) et les migrations des populations du golfe Persique vers l'Occident, qu'atteste l'histoire à peu près à la même époque ; ou encore l'accord entre l'expédition des rois d'Orient contre Canaan sous la conduite du souverain élamite Kédor-Laomer (chapitre 14) et les découvertes récentes qui attestent l'existence de la dynastie élamite des Kudur, qui dans les temps les plus reculés a dominé sur la Babylonie ; ou enfin l'accord entre l'accueil que trouvèrent en Egypte Abraham, puis Jacob, et la domination exercée sur ce pays par les rois Pasteurs d'origine sémitique.

      Ces coïncidences, auxquelles nous pourrions en ajouter plusieurs autres, démontrent la solidité du sol historique sur lequel reposent les traditions renfermées dans la Genèse, et ne permettent pas à une saine critique de les traiter, ainsi qu'on le fait parfois, de fables sans fondement.

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