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Jean 5

    • 1 Seconde partie. Ch 5 et 6

      Le fils de Dieu et les Juifs

      Les Juifs refusent de croire en JĂ©sus.

      Le conflit Ă  JĂ©rusalem

      Chapitre 5.

      1 à 18 Occasion du conflit. Guérison opérée un jour de sabbat.

      AprĂšs ces choses, c'est-Ă -dire, Ă  la suite de ce qui vient d'ĂȘtre racontĂ© au chapitre prĂ©cĂ©dent, concernant le sĂ©jour de JĂ©sus en GalilĂ©e.

      - Le texte reçu appuyĂ© par B, A, D, porte : une fĂȘte.

      On lit dans Sin., C : la fĂȘte.

      Tischendorf est le seul des éditeurs modernes du Nouveau testament qui adopte cette leçon.

      Si l'article (la) Ă©tait authentique, la fĂȘte dĂ©signĂ©e serait probablement la PĂąque, principale fĂȘte des Juifs. Cependant on pourrait se demander pourquoi Jean ne la nomme pas comme il le fait ailleurs. (Jean 2.13 ; 6.4 ; 11.55)

      Ce qui rend surtout cette opinion difficile Ă  admettre, c'est qu'au chapitre suivant il mentionne une autre fĂȘte de PĂąque ; (Jean 6.4) il y aurait ainsi, dans son rĂ©cit, une annĂ©e presque entiĂšre de la vie de JĂ©sus passĂ©e sous silence.

      Il s'agit donc d'une autre fĂȘte, qui est assez clairement indiquĂ©e par un simple rapprochement de texte. Au Jean 4.35 (voir la note), nous Ă©tions au mois de dĂ©cembre ; au Jean 6.4, l'Ă©vangĂ©liste nous dit que la PĂąque Ă©tait proche.

      Il doit donc ĂȘtre question au chapitre Jean 5 d'une fĂȘte qui tombe entre ces deux Ă©poques ; d'oĂč l'on peut conclure que c'Ă©tait celle de Purim (c'est-Ă -dire, les sorts), cĂ©lĂ©brĂ©e en mars, en mĂ©moire de la dĂ©livrance du peuple juif par le moyen d'Esther. ( 9.18 et suivants) C'est lĂ  l'opinion Ă  laquelle s'arrĂȘtent plusieurs interprĂštes (Olshausen, Wieseler, Meyer, Weiss, Godet).

      2 Ce verbe au présent : il y a, n'implique point, comme on l'a pensé, que notre évangile ait été écrit avant la ruine de Jérusalem ; car un réservoir alimenté par une source pouvait fort bien subsister aprÚs cette catastrophe ; et, en effet, on le voyait encore quelques siÚcles plus tard, au temps d'EusÚbe.

      - La porte des brebis, mentionnée dans l'Ancien Testament, (Néhémie 3.1,32 ; 12.39) était située au nord-est de Jérusalem, prÚs du temple.

      Elle portait ce nom, dit M. F. Bovet, parce que "le petit bétail qui entrait à Jérusalem y arrivait certainement par l'est, car c'est de ce cÎté-là que se trouvent les immenses pùturages du désert de Juda. De nos jours encore, c'est par la porte de Saint-Etienne qu'entrent à Jérusalem tous les moutons nécessaires à la subsistance de la ville."

      Or on estime que cette porte de Saint-Etienne est la mĂȘme que celle qui s'appelait autrefois porte des brebis. Peut-ĂȘtre y avait-il aussi prĂšs de cette porte un marchĂ© oĂč l'on vendait de ces animaux pour les sacrifices.

      Ce rĂ©servoir d'eau, ou piscine, Ă©tait un vaste bassin oĂč jaillissait une source d'eau et qu'on avait entourĂ© de portiques pour abriter les malades qui s'y rassemblaient.

      On avait appelé (grec surnommé) ce lieu Béthesda, c'est-à-dire maison de grùce, ou de miséricorde, sans doute parce qu'on voyait, avec raison, dans cette source une marque de la bonté de Dieu envers tant de malheureux qui venaient y chercher la guérison ou le soulagement de leurs maux.

      3 L'évangéliste nomme quelques-unes de ces maladies, pour donner une idée de toutes celles qui pouvaient s'y trouver encore. Vraie image de notre pauvre humanité souffrante.

      Le mot que nous traduisons par paralytiques signifie littéralement des malades dont les membres étaient desséchés, perclus, atrophiés. (Comparer Matthieu 12.10 ; Luc 6.6)

      Tel Ă©tait peut-ĂȘtre l'homme dont la guĂ©rison va ĂȘtre racontĂ©e. (verset 5)

      M. F. Bovet a été témoin d'un triste spectacle tout semblable à celui que devait présenter Béthesda.

      C'Ă©tait Ă  la piscine d'Ibrahim, prĂšs de TibĂ©riade : "La salle oĂč se trouve la source est entourĂ©e de plusieurs portiques, dans lesquels nous voyons une foule de gens entassĂ©s les uns sur les autres, couchĂ©s sur des grabats, ou roulĂ©s dans des couvertures, avec de lamentables expressions de misĂšre et de souffrance. Qu'on se reprĂ©sente bien, en les voyant, les malades qu'on apportait de toutes parts Ă  JĂ©sus, ou, mieux encore, ces aveugles, ces boiteux, ces paralytiques couchĂ©s dans les cinq portiques du lavoir de BĂ©thesda ! La piscine est en marbre blanc, de forme circulaire, et couverte d'une coupole soutenue par des colonnes. Le bassin est entourĂ© intĂ©rieurement d'un gradin oĂč l'on peut s'asseoir." (Voyage en Terre Sainte)

      4 Ces malades attendaient le mouvement de l'eau, c'est-Ă -dire le jaillissement de la source, qui Ă©tait intermittente.

      Le mĂȘme phĂ©nomĂšne a Ă©tĂ© observĂ©, rĂ©cemment encore, par divers voyageurs Ă  une source situĂ©e au sud-est de Morija, et qui s'appelle la source de la Vierge. Elle est quelquefois complĂštement dessĂ©chĂ©e, puis on la voit de nouveau jaillir avec abondance, deux ou trois fois par jour.

      - Ces derniers mots du verset : qui attendaient le mouvement de l'eau, manquent dans Sin., B, A, C ; Tischendorf et la plupart des critiques les omettent. Mais ils se lisent dans D et l'Itala, et le verset 7 se comprendrait à peine, si l'on n'était averti par le verset 3 qu'il s'agissait d'une source intermittente. Cette raison engage Ewald, Tholuck et d'autres à les maintenir dans le texte.

      Le mouvement de l'eau mentionné à la fin du verset 3 n'ayant pas été compris comme un phénomÚne naturel, on a voulu l'expliquer par une intervention surnaturelle.

      De là, dans le texte reçu, un verset 4, qui porte : Car un ange descendait de temps en temps dans le réservoir et troublait l'eau ; celui donc qui y entrait le premier aprÚs que l'eau avait été troublée guérissait, de quelque maladie qu'il fût atteint.

      Ce verset a été probablement écrit en marge par quelque lecteur, puis introduit dans le texte par un copiste. Il manque dans Sin., B, C, D, versions.

      Plusieurs manuscrits qui le renferment, le marquent de signes de doute et, en outre il prĂ©sente une quantitĂ© de variantes, ce qui rend toujours un texte suspect. Enfin, le contenu mĂȘme de ce verset porte tous les caractĂšres d'une lĂ©gende. Par ces raisons dĂ©cisives, il convient de le retrancher.

      5 Ayant trente-huit ans dans sa maladie.

      Trente-huit ans ! quelle épreuve quelle vie ! De là ressort mieux encore là grandeur du miracle qui va s'accomplir. (Comparer Luc 8.43)

      6 JĂ©sus voit ce malade parmi tous les autres, et ressent pour lui une profonde compassion.

      Il connaĂźt, en effet, qu'il y a longtemps qu'il souffre, non qu'il ait reçu, comme on l'a supposĂ©, quelques renseignements, ou l'ait appris du malade lui mĂȘme ; mais par cette intuition divine avec laquelle il pĂ©nĂ©trait toute la vie de ceux qu'il avait devant lui. (verset 14 ; comparez Jean 4.18,29)

      - La question : Veux-tu ĂȘtre guĂ©ri ? a paru Ă©trange. Il Ă©tait bien Ă©vident qu'il le voulait !

      Cela n'est point certain. Paralysé depuis tant d'années, découragé, ayant vu toutes ses espérances déçues, cet homme avait probablement perdu jusqu'à la faculté de vouloir. Et le premier but de la question de Jésus était précisément d'exciter cette volonté paralysée comme le corps du malade, de produire chez lui un mouvement d'espoir et d'énergie.

      Puis le Sauveur voulait surtout attirer sur lui l'attention de ce malheureux, entrer en rapport avec lui, réveiller en lui une premiÚre étincelle de confiance et de foi. (Comparer Luc 18.40,41)

      Le malade sent la compassion de Jésus et n'hésite pas à lui raconter toute sa misÚre. (verset 7) D'ailleurs le Sauveur avait en vue une guérison plus grande que celle du corps ; (verset 14) et pour qu'il pût opérer ce relÚvement moral, il lui importait plus encore d'obtenir du malade une réponse ferme à cette question : Veux-tu ?

      7 Il y a une simplicité touchante dans la réponse de cet homme. Non seulement il est malade, impuissant, mais abandonné : Je n'ai personne ! Je viens, toujours le dernier, toujours trop tard ! Quel découragement !

      - Quand l'eau est troublée, troublée par le jaillissement intermittent de la source. Ce sont ces mots, aussi bien que la fin du verset 3, qui ont donné lieu à la légende du verset 4.

      9 La parole créatrice du Sauveur a son effet immédiat : aussitÎt.

      Il faut remarquer aussi ce verbe à l'imparfait qui peint l'action : il marchait. (Comparer Matthieu 9.6)

      Le lit (grec grabat) qu'emporte le malade guéri était une légÚre couchette sur laquelle l'avait jusqu'alors retenu sa paralysie.

      10 Ces Juifs étaient des membres du sanhédrin (versets 15,33 ; comparez Jean 1.19 ; 2.18) qui, sans avoir égard au miracle accompli, ni à la délivrance d'un malheureux, ne songent qu'à faire respecter la lettre de la loi ! (Jérémie 17.21)
      11 Heureux de sa délivrance, cet homme en appelle à l'ordre et à l'autorité de celui qui l'a guéri ; cette autorité, il l'oppose sans hésiter, à celle des membres du conseil.
      13 La question des chefs du peuple est habile, et trahit leur peu de sincérité. Ils ne demandent pas : Qui t'a guéri ? Ils évitent avec soin de constater le miracle, qui les gÚne. Le malade guéri ne peut répondre, parce que Jésus ne s'était point fait connaßtre.

      Il s'Ă©tait mĂȘme (grec) esquivĂ©, y ayant foule en ce lieu. (verset 3)

      Les uns traduisent : parce qu'il y avait foule ; ces mots indiqueraient le motif de la retraite de Jésus, qui ne voulait pas exciter une vaine curiosité au milieu de cette foule.

      Suivant d'autres, ils relÚveraient la circonstance qui rendit possible la disparition de Jésus ; elle se fit grùce à la foule qui était en ce lieu.

      14 C'est dans le temple que Jésus trouve cet homme. On aime à penser que, bientÎt aprÚs sa délivrance, il s'y était rendu pour rendre grùces à Dieu. Et c'est là que l'attendait une grùce nouvelle, le sérieux avertissement du Sauveur.

      Le péché, cause de la souffrance, telle est la loi universelle du monde moral que nous révÚle partout l'Ecriture, d'accord avec l'expérience. (Comparer Jean 9.2, note.)

      Mais chez cet homme, la maladie avait été probablement l'effet de quelque péché particulier, puisque Jésus, aprÚs sa délivrance, l'exhorte à ne plus pécher, c'est-à-dire à ne plus se laisser aller à la vie de désordre qu'il menait autrefois. S'il la recommençait, il pouvait s'attendre à quelque chose de pire. Or par quelque chose de pire que trente-huit ans dans la maladie, Jésus entendait la perdition.

      15 Dans quelle intention ?

      Selon les uns, ce serait par méchanceté, pour nuire à Jésus Cela nous paraßt psychologiquement impossible et en pleine contradiction avec le verset 11.

      D'autres, au contraire, pensent que, plein de reconnaissance envers son bienfaiteur, il voulait le glorifier en rĂ©vĂ©lant Ă  ses adversaires celui qui avait accompli envers lui cette Ɠuvre de puissance et d'amour.

      Selon d'autres encore, il aurait agi par obéissance envers l'autorité, dans la crainte que lui inspirait sa violation du sabbat, (verset 10) et dans le désir de dégager sa responsabilité.

      La premiÚre déclaration de cet homme, au verset 11, montre qu'il y avait en lui plus que cette préoccupation personnelle : il s'était abrité sous l'autorité de celui qui l'avait guéri ; il saisit l'occasion d'affirmer à nouveau, en rappelant sa guérison, l'autorité de celui qui a opéré sa merveilleuse délivrance, en faisant connaßtre cette fois le nom de son bienfaiteur. Il ne pouvait savoir qu'il en résulterait des inconvénients pour celui-ci.

      Cette interprĂ©tation nous semble en pleine harmonie avec le verset 14 oĂč JĂ©sus puise dans ce mĂȘme fait : tu as Ă©tĂ© guĂ©ri, le motif d'une exhortation qui dut faire une profonde impression sur le malade guĂ©ri.

      Voir au chap. 9, l'histoire de l'aveugle-né et de ses rapports avec les adversaires de Jésus.

      16 A ces mots : poursuivaient Jésus, le texte reçu ajoute ceux-ci : "Et cherchaient à le faire mourir," qui manquent dans Sin., B, C, D, versions. et qui ont été copiés du verset 18.

      - Poursuivre signifie ici : chercher les moyens de le saisir, de l'accuser, et le motif des adversaires est le miracle que Jésus avait opéré le jour du sabbat.

      Mais l'évangéliste fait sentir, par les termes de son récit, comment ils généralisaient et exagéraient cette action.

      Le verbe à l'imparfait : il faisait, indique que c'était son habitude, le pluriel : ces choses, ne désigne pas une action unique, mais encore d'autres semblables.

      - Il faut remarquer que Jean est d'accord ici avec les synoptiques qui, eux aussi, attribuent les premiÚres attaques des adversaires à de prétendues violations du sabbat. (Matthieu 12.1 et suivants ; verset 9 et suivants ; Marc 2.23 ; 3.1 ; Luc 6.1 et suivants)

      17 Chaque mot de cette déclaration est d'une signification profonde.

      Jésus, pour se justifier d'avoir fait du bien le jour du sabbat, élÚve sa pensée vers Celui qu'il nomme son PÚre, dans un sens que lui seul peut donner à ce nom. Il voit son PÚre exerçant une action immense et incessante sur tout l'univers et, en particulier, sur ses créatures intelligentes, qu'il veut amener au salut.

      C'est là ce que Jésus, par une expression populaire, appelle le travail de Dieu. Ce travail n'est interrompu par aucun sabbat. Dieu agit non seulement depuis la création du monde d'une maniÚre continue, incessante, mais il agit jusqu'à présent ou jusqu'ici.

      Par ce dernier terme JĂ©sus dĂ©signe le moment actuel, l'instant oĂč s'est accomplie la guĂ©rison qu'on lui reproche et dans laquelle prĂ©cisĂ©ment s'est manifestĂ©e l'action de Dieu. Et, se sentant en communautĂ© parfaite de volontĂ© et d'action avec le PĂšre, JĂ©sus ajoute : et moi aussi je travaille.

      Il travaille, non par simple imitation de Dieu, mais en vertu d'une nécessité morale de sa nature divine. Et en agissant ainsi, il ne viole pas plus le sabbat que Dieu ne le viole, il l'accomplit, (Matthieu 5.17) non selon la lettre, mais selon l'esprit et dans l'amour qui a porté Dieu à l'instituer.

      "Il ne rĂ©pond pas que la loi de garder le sabbat a Ă©tĂ© temporelle, et que maintenant elle serait abolie : mais plutĂŽt il nie qu'il ait violĂ© la loi, d'autant que ce qu'il avait fait Ă©tait une Ɠuvre divine...C'est le point sur lequel Christ s'arrĂȘte, que le saint repos qui a Ă©tĂ© commandĂ© par la loi de MoĂŻse n'est point troublĂ© quand on s'emploie Ă  Ɠuvres de Dieu. Et par cette raison, non seulement il excuse son fait, mais aussi le fait de cet homme qui a chargĂ© son lit. Car c'Ă©tait une dĂ©pendance et comme une partie du miracle, d'autant que ce n'Ă©tait qu'une approbation d'iceluy. Et puis, si on estime entre les Ɠuvres de Dieu l'action de grĂąces, et la publication de sa gloire, ce n'Ă©tait point une profanation du sabbat de rendre tĂ©moignage de pieds et de mains de la grĂące de Dieu." Calvin.

      Cette derniÚre réflexion du réformateur réfute d'avance une objection de M. Weiss qui, estimant la réponse de Jésus déplacée puisqu'on lui reprochait de pousser les autres à violer le sabbat (verset 16, comparez versets 10,12), met en doute son authenticité. Si Jésus, pour se justifier, invoque ici sa relation unique avec Dieu, une affirmation semblable était impliquée dans cette parole conservée par les synoptiques : "Le Fils de l'homme est maßtre du sabbat." (Matthieu 12.8 ; Marc 2.28 ; Luc 6.5) Ses adversaires ne se sont point mépris sur la portée de cette affirmation. (verset 18, note.)

      - Le grand principe que Jésus vient d'énoncer, est développé dans la portion de son discours qui s'étend jusqu'au verset 30, et qui reproduit sous ses différents aspects la pensée de l'activité commune du PÚre et du Fils. Nous avons donc dans cette parole comme le thÚme du discours suivant. Bengel fait observer que Jésus procÚde souvent ainsi, exprimant une pensée qui jaillit comme un éclair, et qui est développée ensuite. (Jean 6.27 ; 7.37 ; 8.12)

      18 Grec : à le tuer.

      A cause de cela, c'est Ă  dire Ă  cause de la parole qu'ils viennent d'entendre. (verset 17)

      Le mot : encore plus prouve que, dans les poursuites des Juifs contre Jésus, (verset 16) se trouvait déjà ce dessein meurtrier, exprimé par la variante inauthentique que nous avons fait remarquer.

      M. Godet fait l'observation trĂšs juste que les synoptiques font remonter Ă  la mĂȘme Ă©poque les projets des adversaires de JĂ©sus contre sa vie. (Matthieu 12.14 ; Marc 3.6 ; Luc 6.7,11)

      Les Juifs articulaient ainsi trois griefs contre Jésus :

      1° Il violait le sabbat (grec il le dissolvait, détruisait). Il faut remarquer ce verbe à l'imparfait qui généralise l'action ; les adversaires font entendre que Jésus s'en faisait une habitude. Comparer verset 16, note. Nos anciennes versions en traduisant : avait violé le sabbat, effacent cette nuance.

      2° Jésus prétendait que Dieu était son propre PÚre. Les accusateurs ont donc parfaitement compris qu'en disant mon PÚre, (verset 17) et jamais notre PÚre, Jésus employait ce mot dans un sens unique, exclusif, et qu'en se disant Fils de Dieu, il s'attribuait une dignité qui lui appartenait à lui seul.

      L'expression mon PÚre était d'autant plus frappante que, dans l'Ancien Testament, le nom de PÚre n'est jamais appliqué à Dieu dans ses relations avec le croyant pris individuellement.

      3° JĂ©sus se faisait Ă©gal Ă  Dieu, en ce qu'il venait de dĂ©clarer que son activitĂ© Ă©tait semblable Ă  l'action crĂ©atrice et constante de Dieu, et qu'elle n'Ă©tait point limitĂ©e par la loi du sabbat. (verset 17) Tout cela constituait, aux yeux des adversaires, un blasphĂšme que la loi punissait de mort ; et cette prĂ©tention d'ĂȘtre le Fils de Dieu sera rĂ©ellement le sujet de la condamnation de JĂ©sus. (Matthieu 26.65,66)

      D'oĂč il faut conclure que si le Sauveur n'Ă©tait pas ce qu'il se disait ĂȘtre, les membres du sanhĂ©drin auraient eu raison contre lui. Eux ont compris ce qu'impliquaient les affirmations de JĂ©sus, et un si grand nombre de ceux qui aujourd'hui se rĂ©clament de son nom ne le comprennent pas !

      19 19 Ă  47 Discours de JĂ©sus.

      Jésus confirme la déclaration qu'il vient de faire, (verset 17) mais en l'expliquant. Pour cela il énonce d'abord une pensée négative, puis une grande affirmation.

      Dans la premiĂšre, il ne nie point qu'il n'ait, absolument parlant, de pouvoir Ă  soi, mais il exprime l'impossibilitĂ© morale oĂč il est de rien faire qui ne soit en pleine harmonie avec la volontĂ© de son PĂšre, et cela prĂ©cisĂ©ment parce qu'il est le Fils, son image, son rĂ©vĂ©lateur, son reprĂ©sentant, qui ne peut agir que dans une communion parfaite avec lui.

      Or, il a toujours une intuition immédiate de tout ce que Dieu fait il ne peut rien faire à moins qu'il ne le voie faire au PÚre (grec s'il ne voit le PÚre faisant quelque chose). Comparer verset 10.

      Il est, comme un fils, qui suit avec attention tout ce que fait son PÚre, afin de ne jamais s'écarter de la voie que le PÚre lui montre. De cette union de nature, de volonté et d'amour, dans laquelle le Fils vit avec le PÚre, il résulte que (grec) les choses, quelles qu'elles soient, que le PÚre fait, le Fils les fait pareillement.

      Cette déclaration est une confirmation expresse de la parole qui a scandalisé les Juifs. (verset 17.)

      20 L'unité d'action du PÚre et du Fils (verset 19) ne résulte pas seulement de la relation de nature qui les unit en tant que PÚre et Fils. Jésus a soin, dans l'explication (car) qu'il en donne, d'accentuer son caractÚre moral : c'est un ineffable rapport d'amour, (Jean 3.35) dans lequel le PÚre se communique au Fils et lui montre tout ce qu'il fait.

      "Celui qui aime ne cĂšle rien." Bengel.

      Les mots voir (verset 19) et montrer (verset 20) expriment des actes tout intĂ©rieurs, tout spirituels. Le PĂšre ne montre pas au Fils des Ɠuvres dĂ©jĂ  extĂ©rieurement rĂ©alisĂ©es et que le Fils n'aurait qu'Ă  imiter. Et d'autre part, le PĂšre n'accorde pas seulement au Fils des visions passagĂšres, comme jadis aux prophĂštes, des illuminations exceptionnelles dans les moments critiques de sa carriĂšre.

      Non, l'action du PĂšre qui montre et celle du Fils qui voit sont des actions continues. Le Fils est l'objet de la part du PĂšre d'une initiation de tous les instants. Lui, le Fils unique, qui est "dans le ciel," (Jean 3.13) "dans le sein du PĂšre," (Jean 1.18) contemple les pensĂ©es Ă©ternelles de Dieu, qui sont dĂ©jĂ  virtuellement des Ɠuvres, et il les accomplit, il les fait passer l'une aprĂšs l'autre Ă  l'Ă©tat rĂ©el. Mais cette initiation du Fils est progressive, et l'activitĂ© qu'il dĂ©ploie en vertu de cette initiation est de mĂȘme soumise Ă  une gradation.

      C'est la vĂ©ritĂ© qu'Ă©nonce la seconde partie du verset 20 : il lui montrera des Ɠuvres plus grandes que celles-ci.

      Ce dernier mot se rapporte, suivant M. Godet, Ă  la guĂ©rison de l'impotent et aux miracles du mĂȘme genre que JĂ©sus accomplissait, et dont les Juifs Ă©taient alors les tĂ©moins ; suivant M. Weiss, il dĂ©signerait les Ɠuvres que JĂ©sus accomplissait le jour du sabbat, (verset 16) en prĂ©tendant rĂ©gler sa conduite sur l'activitĂ© de Dieu qui ne connaĂźt pas l'interruption du sabbat.

      Il y a du vrai dans cette derniĂšre explication ; elle n'est pas incompatible avec la premiĂšre, car si la guĂ©rison de l'impotent a provoquĂ© l'Ă©tonnement et le scandale des Juifs, c'Ă©tait surtout parce qu'elle Ă©tait accomplie le jour du sabbat et affichait la prĂ©tention de JĂ©sus d'ĂȘtre maĂźtre du sabbat. (verset 1, note.)

      Les Ɠuvres plus grandes qu'il accomplira dans l'avenir sont dĂšs lors des Ɠuvres qui, plus encore que ce miracle fait un jour de sabbat mettront en relief sa souveraine dignitĂ© et feront Ă©clater sa gloire divine. JĂ©sus va mentionner (versets 21-30) quelques-unes de ces grandes Ɠuvres qu'il accomplira jusqu'Ă  la fin des temps, mais auparavant il ajoute : afin que vous soyez dans l'Ă©tonnement. Afin que, tel est le dessein de Dieu ; et comme JĂ©sus parle Ă  des hommes qui se sont montrĂ©s incrĂ©dules,

      "cet Ă©tonnement sera celui de la confusion." Meyer. (Comparer Actes 4.13)

      D'autre part, comme ce mot signifie aussi ĂȘtre dans l'admiration, Bengel l'entend dans ce sens : "Vous qui maintenant haĂŻssez, vous rendrez hommage par votre admiration et votre foi." C'est ce qui eut lieu, au moins pour quelques-uns des adversaires. (Jean 11.44,45)

      21 JĂ©sus justifie et explique (car) son affirmation que le PĂšre lui montrera des Ɠuvres plus grandes, en nommant ces Ɠuvres : ce sont la rĂ©surrection et le jugement de l'humanitĂ©. (versets 21-29)

      - Ici se pose une question qui a divisé les interprÚtes, depuis les PÚres de l'Eglise jusqu'à nos jours : De quels morts et de quelle résurrection s'agit-il dans ce discours de Jésus ? (versets 21-29)

      Les uns pensent que, dans tout ce passage, il est question de la résurrection des morts au sens corporel et du jugement dernier. (Plusieurs PÚres, Bengel, Hengstenberg.) Cette opinion est incompatible, d'abord avec les mots : "ceux qu'il veut," puis avec les versets 23,24,25. (Voir les notes.)

      D'autres, au contraire, entendent tout ce discours dans le sens exclusif d'une rĂ©surrection spirituelle et du jugement intĂ©rieur et moral qu'exerce l'Evangile partout oĂč il est prĂȘchĂ©. Cette interprĂ©tation devient impossible en prĂ©sence des versets 28,29.

      Un troisiÚme groupe reconnaßt que le Sauveur parle d'abord de son action spirituelle et actuelle sur les ùmes, (versets 21-27) et qu'il annonce ensuite la résurrection universelle du dernier jour. (versets 28,29)

      Cette interprĂ©tation, prĂ©sentĂ©e dĂ©jĂ  par Calvin, a Ă©tĂ© admise par la plupart des exĂ©gĂštes modernes : LĂŒcke, Tholuck, Meyer, etc.

      On peut, par une analyse plus exacte encore du discours, y distinguer trois parties :

      1° JĂ©sus parle d'une maniĂšre tout Ă  fait gĂ©nĂ©rale de l'Ɠuvre de rĂ©surrection et de Jugement qu'il accomplit. (versets 21-23)

      2° Il caractĂ©rise cette Ɠuvre telle qu'il l'accomplit dans la sphĂšre morale. (versets 24-27)

      3° Il dépeint la résurrection des morts qu'il opérera à la fin des temps et qui sera suivie du jugement dernier. (versets 28-29)

      Cette division, indiquée déjà par de Wette, est adoptée par MM. Astié Luthardt, Weiss, Keil, Godet, etc.

      - Ressusciter les morts et les faire vivre, maintenir en eux la vie, aprĂšs les avoir arrachĂ©s Ă  la mort, est Ă©minemment une Ɠuvre de Dieu, source de toute vie. (DeutĂ©ronome 32.39 ; 1Samuel 2.6 ; Romains 4.17)

      Or le Fils dĂ©clare solennellement que cette Ɠuvre de Dieu est aussi la sienne. Les interprĂštes se demandent dans quelle relation l'Ɠuvre de vivification accomplie par le Fils se trouve avec celle que le PĂšre accomplit. RĂ©soudre cette question revient Ă  dĂ©terminer le sens de la locution : comme...de mĂȘme...

      M. Godet estime que ce n'est pas tenir compte de cette locution que de dire : le Fils est l'organe du PĂšre ; c'est par lui que le PĂšre exĂ©cute l'Ɠuvre de rĂ©surrection qui rentrait dans son plan du salut.

      En employant cette locution, JĂ©sus penserait Ă  une Ɠuvre rĂ©elle qu'accomplit le PĂšre et Ă  laquelle rĂ©pond la sienne. Cette Ɠuvre serait l'Ɠuvre Ă  la fois crĂ©atrice, conservatrice et rĂ©paratrice que l'Ancien Testament attribue Ă  Dieu. Dieu l'a accomplie jusqu'ici, mais JĂ©sus s'en fait maintenant "l'agent dans le milieu particulier oĂč il se trouve Ă  chaque moment, ce milieu s'Ă©tendra toujours davantage, sa capacitĂ©, Ă  lui, pour l'opĂ©rer, s'accroĂźtra dans la mĂȘme mesure, jusqu'Ă  ce que ce domaine soit l'univers et la puissance du Fils, la toute-puissance." (Comparer Matthieu 28.18)

      Et M. Godet indique comme degrés de cette croissance : les miracles isolés de résurrection corporelle et spirituelle, la résurrection morale de l'humanité par la communication du Saint-Esprit, la victoire sur la mort et la résurrection universelle.

      On a objectĂ© Ă  cette explication, qui sĂ©duit au premier abord par ses vues profondes sur l'Ɠuvre de JĂ©sus-Christ et la part de vĂ©ritĂ© qu'elle renferme :

      1° que, d'aprÚs l'enseignement du Prologue, le PÚre n'a pas transmis au Fils à un moment donné l'activité qu'il aurait exercée jusque-là seul, mais que dÚs l'origine, l'activité du PÚre s'est exercée par l'entremise du Fils ; (Jean 1.3)

      2° que rien dans notre texte n'indique que cette transmission se soit faite d'une maniĂšre graduelle et progressive : la locution comme...de mĂȘme... assimile entiĂšrement l'Ɠuvre du Fils Ă  celle du PĂšre, sans rien statuer sur la maniĂšre dont ces deux activitĂ©s se combinent, sans dire si elles s'exercent simultanĂ©ment ou successivement, si l'une est subordonnĂ©e Ă  l'autre.

      Le vague de la pensée, à cet égard, provient de ce que, dans tout ce passage, (versets 19-23) le Fils ne décrit pas encore son activité, mais affirme, par des déclarations générales et abstraites, son unité et son égalité avec le PÚre, pour aboutir à la conclusion du verset 23.

      - En disant : ceux qu'il veut, JĂ©sus ne prĂ©tend point que jamais sa volontĂ© puisse ĂȘtre indĂ©pendante de celle du PĂšre (v. 19), ni qu'il y ait dans cette volontĂ© aucun arbitraire.

      Calvin voit à tort dans ces mots l'idée de la prédestination ils expriment, d'une maniÚre générale, là puissance qu'a le Sauveur de donner la vie. Il voudrait la répandre sur tous ; s'il v a une limite, elle n'est pas dans sa volonté, mais dans les hommes, selon qu'ils croient ou ne croient pas. (versets 24,25)

      22 Ce verset explique (car) le pouvoir qu'a le Fils de vivifier ceux qu'il veut, (verset 21)

      Ce pouvoir résulte du fait que "le PÚre (grec) non plus ne juge personne, mais a remis tout le jugement au Fils :" Cette prérogative de juger, est impliquée dans la précédente : Celui qui donne la vie à qui il veut doit aussi exercer seul le jugement en vertu duquel il vivifie.

      De là cette déclaration que le PÚre ne juge personne, mais laisse au Fils tout le jugement, le jugement sous toutes ses formes.

      Il ne faut point entendre ce mot de jugement comme le font plusieurs exĂ©gĂštes, dans le sens de condamnation, mais le prendre au sens le plus gĂ©nĂ©ral ; il s'agit avant tout de ce jugement intĂ©rieur et actuel qui s'accomplit en chaque Ăąme, au moment oĂč elle entend la Parole de vĂ©ritĂ©, et qui deviendra dĂ©finitif par le jugement du dernier jour. (Voir Jean 3.18, note.) De lĂ  ce verbe au prĂ©sent : ne juge personne.

      23 La conjonction : afin que indique l'intention de Dieu lui-mĂȘme en remettant tout jugement au Fils : c'est qu'il soit honorĂ© de tous Ă  l'Ă©gal du PĂšre (comme).

      Or, honorer Dieu, avec tous les sentiments de vénération et d'amour qui lui sont dus, c'est l'adorer, et cette adoration revient au Fils comme au PÚre. (Philippiens 2.9-11)

      Le Sauveur confirme cette vérité par une déclaration négative qui la rend plus absolue encore : ne pas honorer le Fils, c'est ne pas honorer le PÚre qui l'a envoyé, qui se révÚle en lui seul et qui n'est connu qu'en lui. (Matthieu 11.27 ; 1Jean 2.23)

      Quelle révélation pour ces auditeurs de Jésus qui le haïssaient jusqu'à vouloir le faire mourir ! (verset 18 ; comparez Jean 15.23)

      24 En vĂ©ritĂ©, en vĂ©rité ! ces mots marquent la solennitĂ© de l'affirmation et l'importance de la vĂ©ritĂ© Ă©noncĂ©e. JĂ©sus aborde le second point de son discours. (verset 21, note.) Il dĂ©crit, dans sa rĂ©alisation historique et progressive au sein de l'humanitĂ©, l'Ɠuvre de jugement et de vivification que le PĂšre lui a confiĂ©e. (versets 24-27)

      Jésus ressuscite les morts par sa parole, dont la puissance divine crée en eux, tout ensemble, la foi et la vie, une vie impérissable de l'ùme, la vie éternelle que possÚde dÚs à présent le croyant (a et non pas aura) et qui se développera jusqu'à la perfection. (Jean 8.51)

      Il faut remarquer encore qu'Ă©couter la parole de JĂ©sus et croire en Dieu qui l'a envoyĂ© est une seule et mĂȘme chose, tellement le Sauveur est pĂ©nĂ©trĂ© de la pensĂ©e que sa parole est la parole mĂȘme de Dieu.

      De la mort spirituelle Ă  la vie Ă©ternelle. (Voir 1Jean 3.14, oĂč se trouve la mĂȘme expression.)

      Le verbe est au parfait, indiquant un fait accompli et permanent. C'est la raison pour laquelle le croyant, qui est dĂšs ici-bas en possession de la vie Ă©ternelle, ne vient point en jugement. Il a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© jugĂ© par la Parole divine, (Jean 12.48) au moment oĂč elle a produit en lui la repentance, elle a opĂ©rĂ© intĂ©rieurement le Jugement qui, au grand jour, atteindra l'incrĂ©dule,. (1Corinthiens 4.5) Celui-ci, du reste, est dĂšs Ă  prĂ©sent jugĂ© par son incrĂ©dulitĂ© mĂȘme. (Jean 3.18 ; 9.39)

      Ce jugement moral n'est point en contradiction avec les passages de l'Ecriture qui annoncent un jugement universel (Matthieu 25.31 et suivants ; Romains 14.10 ; 2Corinthiens 5.10) ; car ce dernier ne peut ĂȘtre que le classement dĂ©finitif de chacun, selon son Ă©tat intĂ©rieur, l'un allant Ă  la vie, l'autre Ă  la mort, mais la vie ou la mort seront dĂ©jĂ  le partage d'un chacun, et le jugement ne fera que les constater.

      C'est ce qui est indiquĂ© ici, par le temps mĂȘme des verbes : ne vient point en jugement, est passĂ© de la mort Ă  la vie.

      25 Solennelle répétition de l'affirmation du verset précédent.

      La voix du Fils de Dieu retentit maintenant au milieu des morts spirituels, (Ephésiens 2.1 ; Matthieu 8.22) et ceux qui l'auront entendue, écoutée et crue vivront d'une vie éternelle. (verset 24)

      La voix du Fils de Dieu, c'est sa parole, (verset 24) dont la puissance créatrice fait revivre les morts. (Romains 4.17 ; comparez Ezéchiel 37.1-14)

      - La liaison intime de ce verset avec le précédent, et surtout les mots : l'heure est (déjà) maintenant, ne laissent subsister aucun doute sur le sens spirituel des termes : morts et vivront.

      Ceux qui, malgré ces preuves, les appliquent à la mort et à la résurrection corporelle sont forcés d'expliquer ce mot maintenant par les quelques résurrections miraculeuses que Jésus opéra au cours de son ministÚre.

      Mais il est Ă©vident, comme l'observe Meyer, que, rappeler pour un temps Ă  la vie terrestre certains morts qui pourtant mourront de nouveau, ce n'Ă©tait pas leur communiquer la vie dont parle JĂ©sus dans ce discours.

      Et si l'on veut appliquer ces paroles à la résurrection universelle du dernier jour, que signifie cette distinction : ceux qui l'auront entendue ?

      Ce qu'il y a de vrai dans l'opinion que nous rĂ©futons, c'est que la rĂ©surrection spirituelle dont parle ici le Sauveur renferme en elle-mĂȘme tous les Ă©lĂ©ments de la rĂ©surrection finale qu'il va annoncer, (verset 29) et qui n'en sera que l'Ă©panouissement, par lequel l'homme tout entier, l'esprit, l'Ăąme et le corps, seront rendus Ă  la perfection. (1Thessaloniciens 5.23 ; comparez Jean 6.39,40,44)

      26 Cette grande parole explique (car) la puissance vivificatrice que le Fils s'attribue dans les deux déclarations précédentes. (versets 24,25)

      Le Fils de Dieu ne ressuscite les morts, ne rĂ©pand la vie divine dans les Ăąmes, que parce qu'il la possĂšde en lui-mĂȘme comme le PĂšre a la vie en lui-mĂȘme.

      Il faut remarquer la rĂ©pĂ©tition de cette formule : a la vie en lui-mĂȘme, appliquĂ©e successivement au PĂšre et au Fils.

      De mĂȘme que le PĂšre est la source souveraine de toute vie, (Psaumes 36.10) de mĂȘme le Fils a la vie en lui-mĂȘme et est, lui aussi, dĂšs le commencement, la source de la vie, (Jean 1.4 ; 11.25 ; 14.6 ; 1Jean 1.2) par lui Ă  eu lieu la crĂ©ation de l'univers, (Jean 1.3) par lui aussi s'accomplit la crĂ©ation nouvelle dans le monde moral.

      Mais cette prĂ©rogative d'avoir la vie en soi et d'ĂȘtre source de la vie, le Fils la possĂšde comme un don : le PĂšre a donnĂ© au Fils d'avoir la vie en lui-mĂȘme. Il y a dans cette affirmation une apparente contradiction.

      Mais, comme le remarque M. Godet, "nous voyons rĂ©solue en nous-mĂȘmes une contradiction analogue. Nous possĂ©dons comme donnĂ©e, la facultĂ© de nous dĂ©terminer...Nous tirons Ă  chaque instant de cette facultĂ© des dĂ©cisions morales qui nous appartiennent en propre...Ce que la libertĂ© est pour l'homme, la facultĂ© divine de vivre pour soi-mĂȘme l'est pour le Fils...Par ce don de l'indĂ©pendance divine fait au Fils, le PĂšre lui a tout donné ; par sa subordination volontaire, le Fils rend tout au PĂšre. Tout donner, tout rendre, n'est-ce pas l'amour parfait ?"

      27 Comparer verset 22, note.

      La raison indiquée dans les mots : parce qu'il est Fils d'homme, a été interprétée : parce qu'il est le Messie.

      Mais cette idée n'explique pas pourquoi le jugement est remis au Fils et, dans ce cas, Jésus aurait dit le Fils de l'homme (comme toujours, avec les articles ; comparez Matthieu 8.20, note), et non : Fils d'homme.

      On a dit encore, en se rapprochant du contexte : Parce que c'est lui qui communique la vie et qu'il sait quels sont ceux qui la possĂšdent. On a dit enfin : Parce qu'il est le Sauveur et que, la rĂ©demption ayant eu son point de dĂ©part dans notre humanitĂ©, il en doit ĂȘtre de mĂȘme du jugement qui en est l'accomplissement final.

      Il y a du vrai dans ces interprétations. Mais le texte dit simplement : parce qu'il est Fils d'homme c'est-à-dire homme.

      Il nous semble donc que l'explication de F. de Meyer, dans sa Bible annotĂ©e, rend compte le plus simplement de ce terme du texte : "Parce que l'homme doit ĂȘtre jugĂ© par son pareil et mĂȘme par le plus humble et le plus aimant des hommes, qui a portĂ© le pĂ©chĂ© de l'humanitĂ© et peut avoir compassion de ses frĂšres. en sorte que c'est la grĂące mĂȘme qui juge. (HĂ©breux 2.17,18 ; 4.15) Par son abaissement volontaire, le Fils de Dieu s'est acquis la prĂ©rogative de juger ceux qu'il est venu sauver."

      R. Stier, en adoptant cette explication, ajoute : "Oui, tel est le jugement d'un Fils d'homme !" (Comparer Actes 17.31) Mais si ce jugement est plein de consolation et d'espérance pour ceux qui ont trouvé dans un tel juge leur Sauveur, il n'en est que plus terrible pour ceux qui repoussent sa grùce.

      Au reste, pour comprendre cette explication de la parole de Jésus, il ne faut pas perdre de vue qu'il ne s'agit point exclusivement ici du jugement dernier, mais de ce jugement intérieur, progressif, qui s'exerce dans la conscience, par la vérité divine, et dont le jugement éternel ne sera que le dernier acte. (Voir verset 22 et verset 30)

      29 Jésus lit sur la figure de ses auditeurs l'impression de l'étonnement, du doute de l'incrédulité, à l'ouïe des grandes choses qu'il vient de leur faire entendre, il leur dit alors : Ne vous étonnez pas de cela, car voici de plus grandes choses encore ; et il annonce le fait immense de la résurrection universelle au dernier jour.

      Les termes de ces deux versets (28, 29) sont tels qu'on ne peut les comprendre dans le sens d'une résurrection spirituelle : tous les verbes sont au futur, en disant : l'heure vient, Jésus n'ajoute pas, comme au verset 25 : elle est déjà maintenant ; il n'y a plus ici de distinction entre ceux qui auront entendu sa voix et les autres, (verset 25) mais tous l'entendent ; enfin ces mots : dans les sépulcres, en sortiront, ne souffrent aucune autre interprétation que celle d'une résurrection corporelle.

      La grande voix du Fils de Dieu qui, alors, se faisait entendre au milieu de ses adversaires et de tout le peuple, pleine de grùce et de vérité, retentira à l'heure de son retour glorieux et accomplira, par la puissance créatrice de Dieu, le plus grand miracle qui ait eu lieu depuis la création du monde, la résurrection des morts.

      Cette rĂ©surrection est, en mĂȘme temps, la sĂ©paration de notre humanitĂ© en deux parts : rĂ©surrection de vie, pour ceux qui dĂ©jĂ  avaient la vie ; (versets 24,25) rĂ©surrection de jugement pour les autres. Les raisons de cette diffĂ©rence sont dans la conduite qu'ils auront eue et qui alors paraĂźtra au grand jour : ceux qui auront fait le bien, ceux qui auront pratiquĂ© le mal ; "l'arbre se reconnaĂźt Ă  ses fruits."

      On aurait pensĂ© que ces raisons seraient la foi ou l'incrĂ©dulitĂ©, la vie ou la mort spirituelles, et c'est bien lĂ , au fond, ce que JĂ©sus entend par : le bien (grec les bonnes Ɠuvres) ou le mal (grec les mauvaises Ɠuvres), dans leur sens absolu ; mais il emploie des termes plus gĂ©nĂ©raux qui comprennent, le premier, la droiture morale qui prĂ©cĂšde la foi (Jean 1.48 ; 3.21 ; 7.17) et les fruits de sanctification et d'activitĂ© que la foi produit ; le second, la corruption morale qui est tout ensemble la cause et la consĂ©quence de l'incrĂ©dulitĂ©. (Jean 3.19-20)

      Une résurrection de vie est une résurrection qui conduit à la vie parfaite et éternelle ; une résurrection de jugement, celle qui conduit au jugement, mais il ne faut point traduire, avec Martin et Ostervald : résurrection de condamnation. (Matthieu 7.21 suivants ; Matthieu 24.31 et suivants ; Luc 14.14 ; Romains 2.7,8)

      30 JĂ©sus, aprĂšs avoir repoussĂ© l'accusation portĂ©e contre lui par ses adversaires, (verset 18) en s'Ă©levant Ă  une hauteur divine oĂč l'accusĂ© est devenu le juge des accusateurs revient ici Ă  son point de dĂ©part, (verset 19) c'est-Ă -dire Ă  cette unitĂ© parfaite avec Dieu hors de laquelle il lui est moralement impossible de rien faire.

      Il l'affirme de nouveau en s'attribuant plus directement cette prĂ©rogative : il ne dit plus seulement : "Le Fils ne peut rien faire," mais : "Moi je ne puis rien faire." Tout ce qu'il fait a donc pour sanction l'autoritĂ© de Dieu mĂȘme ; quand il juge (le verbe au prĂ©sent ne peut s'entendre du seul jugement Ă  venir, verset 29, mais de toute son Ɠuvre au sein de l'humanitĂ©, Jean 5.22,27 ; 3.18), son jugement est juste, parce qu'il ne fait qu'accomplir la volontĂ© de celui qui l'a envoyĂ©.

      Cette pleine et constante harmonie de sa volonté avec la volonté de Dieu, (Matthieu 26.39) c'est la sainteté, la victoire constante remportée sur tous les efforts de l'ennemi ; or la sainteté parfaite de Jésus-Christ sera toujours sa meilleure apologie.

      - Jusqu'ici, dans ce discours, le Sauveur a affirmé ce qu'il est, maintenant, il va en appeler au témoignage que Dieu lui rend et, à son tour, accuser l'incrédulité de ses adversaires en présence de ce témoignage. (versets 31-47)

      31 Par ces paroles, JĂ©sus prĂ©vient une objection que, plus tard, les adversaires formuleront expressĂ©ment : "Tu rends tĂ©moignage de toi-mĂȘme ; ton tĂ©moignage n'est pas vrai." (Jean 8.13)

      JĂ©sus rĂ©pondra alors : "MĂȘme si je rends tĂ©moignage de moi-mĂȘme, mon tĂ©moignage est vrai ; car je sais d'oĂč je suis venu et oĂč je vais." (verset 14)

      Ici, il admet le principe formel du droit selon lequel un homme ne peut pas témoigner sur son propre compte, mais c'est pour en appeler immédiatement à un autre qui rend témoignage de lui. (verset 32)

      32 Qui est cet autre, au témoignage duquel Jésus en appelle ? Plusieurs anciens interprÚtes ont répondu : C'est Jean Baptiste, dont le Seigneur va parler. Mais cette application est précisément écartée par les paroles des versets 33-36.

      Non, celui qui rend ce tĂ©moignage, c'est Dieu lui-mĂȘme ; (versets 36-40) et JĂ©sus sait, il porte en lui l'intime conviction, que ce tĂ©moignage est la vĂ©ritĂ© souveraine.

      Sin., D, Itala portent vous savez. Cette variante que Tischendorf est seul à admettre provient de la fausse supposition qu'il s'agit du témoignage de Jean-Baptiste.

      33 Voir Jean 1.19 et suivants

      Quand Jésus dit qu'un autre rendait témoignage de lui, (verset 32) ses interlocuteurs pensÚrent aussitÎt à Jean-Baptiste. Jésus parle donc du témoignage rendu par son Précurseur, qui conserve sa valeur (verbe au parfait) malgré la disparition du témoin.

      34 JĂ©sus affirme que le tĂ©moignage de Jean a Ă©tĂ© pleinement conforme Ă  la vĂ©ritĂ©, et cependant, dans cette contestation avec les adversaires, ce n'est pas Ă  ce tĂ©moignage ni au tĂ©moignage d'aucun homme qu'il en appelle, parce qu'il en a un plus grand ; (verset 36) s'il mentionne le tĂ©moignage du PrĂ©curseur, c'est seulement dans l'intĂ©rĂȘt de ses auditeurs, afin qu'ils se souviennent des paroles de repentance et de vĂ©ritĂ© que Jean leur a fait entendre, et qu'ainsi ils soient sauvĂ©s.
      35 C'est encore une belle louange du Précurseur que Jésus prononce par ces paroles : Il était la lampe qui brûle et qui luit, l'unique lampe qui éclaire la maison, (Matthieu 5.15,16, note) le prophÚte que Dieu avait destiné à éclairer son peuple et à l'amener au Sauveur.

      Cette lampe s'était déjà consumée ; Jean n'était plus, ainsi que l'indique le verbe à l'imparfait. En poursuivant cette image gracieuse, dans la seconde partie de ce verset, Jésus adresse à ses auditeurs un sévÚre reproche : au lieu de profiter, pour leur salut, de cette lumiÚre fugitive, ils n'avaient pensé qu'à se réjouir.

      L'annonce du royaume messianique avait excité leur curiosité et leurs espérances charnelles ; mais la prédication de la repentance, que Jean leur faisait entendre, les avait bientÎt rebutés.

      36 VoilĂ  le tĂ©moignage divin dont JĂ©sus a parlĂ©, (verset 32) et qui est plus grand que celui du PrĂ©curseur : ce sont d'abord les Ɠuvres du Sauveur. Ce tĂ©moignage est bien de Dieu, car c'est le PĂšre qui lui a donnĂ© les Ɠuvres qu'il fait, afin qu'il les accomplisse.

      Ce dernier verbe signifie accomplir jusqu'Ă  la perfection, et il est au futur, car JĂ©sus a la certitude qu'il achĂšvera ses Ɠuvres jusqu'au bout. La preuve, pour ses auditeurs, c'est que dĂ©jĂ  il les fait (prĂ©sent).

      Or, qu'Ă©taient ces Ɠuvres ?

      Avant tout, ses miracles, ces actes de puissance et d'amour qui répandaient la santé et la vie, la consolation et l'espérance sur tant de malheureux.

      C'Ă©taient encore ses paroles divines qui Ă©clairaient et vivifiaient les Ăąmes ; (versets 20-27) c'Ă©tait, en un mot, toute sa belle et sainte vie qui, dans son ensemble, constituait "l'Ɠuvre de celui qui l'avait envoyĂ©." (Jean 4.34)

      Voilà son témoignage. Est-il étonnant qu'il en appelle à lui si souvent ? (Jean 10.32,37,38,14.11 ; 17.4)

      37 S'agit-il, ici encore, du mĂȘme tĂ©moignage, celui des Ɠuvres ? (verset 36) Plusieurs interprĂštes l'ont pensĂ©.

      Mais ces mots solennels : le PĂšre luimĂȘme et le verbe au parfait : a rendu tĂ©moignage (tandis qu'il est au prĂ©sent dans le verset prĂ©cĂ©dent), montrent Ă©videmment que JĂ©sus a en vue un tĂ©moignage nouveau.

      Quel est-il ? Les uns pensent qu'il s'agit de ce témoignage intérieur et immédiat que Dieu rend dans les ùmes (versets 24-26) en les attirant au Fils (6 : 44) ; ainsi de Wette, Tholuck, Astié. Cette explication non plus ne tient pas compte du verbe au parfait.

      D'autres (Chrysostome, Bengel) voient ici une allusion au tĂ©moignage divin rendu Ă  JĂ©sus lors de son baptĂȘme. (Jean 1.33,Matthieu 3.17)

      Cette supposition ramÚnerait au témoignage de Jean-Baptiste. (verset 33) Elle est contredite par les mots qui suivent : "Jamais vous n'avez entendu sa voix."

      Nous pensons donc avec Calvin, LĂŒcke, MM. Meyer, Luthardt Weiss, Keil et Godet (3e edit.), que JĂ©sus aborde ici le grand tĂ©moignage que Dieu lui a rendu dans les saintes Ecritures de l'Ancien Testament et dont il va parler plus au long. (versets 38-40) Ce tĂ©moignage a Ă©tĂ© rendu dans le passĂ©, mais subsiste dans le prĂ©sent : c'est ce que signifie le verbe au parfait.

      38 Malgré toutes les révélations et toutes les apparitions divines (théophanies) dans l'ancienne alliance, jamais vous n'avez su discerner la voix de Dieu et reconnaßtre sa présence dans les Ecritures.

      Vous ne le connaissez pas parce que sa parole n'a jamais pĂ©nĂ©trĂ© dans vos cƓurs, de maniĂšre Ă  demeurer en vous. Ce qui le prouve avec Ă©vidence, c'est que vous ne croyez point celui qu'il a envoyĂ©, et auquel il rend un si Ă©clatant tĂ©moignage. (versets 36,37)

      Tel est, d'une maniÚre générale, le reproche que Jésus adresse à ses auditeurs. (verset 38)

      Mais les derniÚres paroles du verset 37 prouvent qu'il ne pense pas seulement à la maniÚre superficielle et légÚre dont ils étudiaient les Ecritures.

      Ces termes caractéristiques : Vous n'avez jamais ni entendu sa voix ni vu sa face ne signifient pas seulement : Vous ne connaissez pas Dieu, mais : Vous ne sauriez le connaßtre, si ce n'est en Celui qui le révélait dans l'Ancien Testament, et qui, par sa présence, le révÚle maintenant à vos yeux. C'est exactement ce qui est dit Jean 1.18 ; 6.46.

      Or cet unique révélateur de Dieu, les chefs du peuple le repoussent, ils ne croient pas en lui ; donc ils restent dans l'ignorance et la mort. (verset 39)

      Telle est, à peu prÚs, l'interprétation de R. Stier, et c'est, nous semble-t-il, la seule qui rende bien compte de ce texte profond est difficile.

      40 Les premiers mots du verset 39 ont été de tout temps compris et traduits de deux maniÚres différentes :

      1° Par l'impératif : scrutez ou sondez les Ecritures, ce qui serait une exhortation à le faire. (Ainsi, entre autres, Augustin, Luther, Calvin Tholuck, R. Stier, Hengstenberg, Keil et nos versions ordinaires.) Mais une telle exhortation ne formerait plus, avec la suite du verset et surtout avec les derniers mots, la contradiction poignante que Jésus veut signaler à ses auditeurs entre ces Ecritures qu'ils connaissent et leur incrédulité à l'égard de Jésus.

      2° Pour cette raison, la plupart des interprÚtes : BÚze, Bengel, Olshausen, de Wette Meyer, MM. Weiss, Holtzmann, Astié Godet, et toutes les versions récentes adoptent l'indicatif : Vous scrutez les Ecritures.

      C'est en effet ce que faisaient les Juifs, surtout depuis le retour de la captivité, ils étudiaient beaucoup les Ecritures, mais bien plus pour en compter les mots et les syllabes, que pour en pénétrer le sens et l'esprit. Ils pensaient avoir, par la seule connaissance littérale de ces Ecritures, la vie éternelle.

      Sans doute, s'ils ne s'arrĂȘtaient pas Ă  la lettre, s'ils savaient s'Ă©lever jusqu'Ă  l'esprit, (Jean 6.63 ; 2Corinthiens 3.6) ils trouveraient cette vie vĂ©ritable et Ă©ternelle dans les Ecritures, car elles sont remplies du tĂ©moignage rendu au LibĂ©rateur qui devait venir.

      Mais malgré la connaissance que vous avez de ces Ecritures, qui rendent témoignage de moi, ajoute Jésus, vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !

      Quelle contradiction ! quel aveuglement ! Et c'est leur volonté dépravée qui en est la cause. (verset 40) C'est avec une profonde tristesse que Jésus prononce ces paroles. Elles rappellent sa plainte sur Jérusalem : Vous ne l'avez pas voulu. (Matthieu 23.37)

      42 Dans cette troisiÚme partie du discours, (versets 41-47) Jésus ne fait plus que développer le reproche qu'il vient d'adresser à ses auditeurs : Vous ne voulez pas !

      Il montre d'abord d'oĂč provient leur mauvais vouloir, (versets 41-44) puis il leur en dĂ©voile les consĂ©quences. (versets 45-47)

      S'il leur reproche avec tant de force de ne pas croire en lui, ce n'est pas qu'il recherche en aucune maniĂšre la gloire qui vient des hommes ; (comparez verset 44) mais c'est parce qu'il les connaĂźt, (Jean 2.24) et qu'il sait que leur cƓur est Ă©tranger Ă  l'amour de Dieu.

      Telle est la premiĂšre et grande cause de leur incrĂ©dulitĂ©. S'ils avaient eux-mĂȘmes une Ă©tincelle de cet amour pour Dieu, ils le sentiraient dans chacune des paroles du Sauveur. (Comparer Jean 3.19-21)

      43 Celui qui vient au nom de son PĂšre, qui est le vrai Messie, le Sauveur, ils ne le reçoivent point, parce que leur cƓur est incapable de sentir son amour ; si un autre vient en son propre nom sans l'autoritĂ© de Dieu que pourtant il invoquera faussement, ils le recevront.

      Pourquoi ? parce qu'il flattera leurs préjugés, leurs passions, comme le font tous les faux messies et les faux prophÚtes qui ne recherchent que leur propre gloire. (verset 44)

      44 Seconde raison d'incrédulité, que Jésus exprime vivement par une question directe et qui signifie : Il vous est impossible de croire, parce que, idolùtres de la gloire qui vous vient des hommes, vous n'avez aucun égard à la gloire qui vient de Dieu seul et qui devrait dominer toutes vos pensées. (verset 41)

      Voir sur cette idolùtrie de l'approbation et de la gloire des hommes que Jésus reprochait ailleurs aux chefs du peuple, Matthieu 6.1-5,16-18 ; Matthieu 23.5-12 ; comparez Jean 12.43.

      45 AprÚs avoir dévoilé à ses adversaires leur incrédulité et ses causes, Jésus leur Îte enfin le fondement de la fausse espérance qu'ils mettent en Moïse.

      C'est par un zÚle aveugle pour Moïse et pour sa loi qu'ils ont accusé Jésus d'avoir violé le sabbat, (verset 17) accusation qui a donné lieu à tout ce discours.

      Or c'est précisément Moïse qui les accuse dÚs maintenant (grec il est là, celui qui vous accuse, Moïse) ; en sorte que Jésus n'aura point à les accuser devant le PÚre au jour du jugement.

      Quelle situation tragique : trouver son accusateur en celui en qui on avait mis son espérance de salut ! Et Jésus va dire la cause de cette immense déception qui les attend. (versets 46,47)

      46 La preuve que Moïse les accuse (car), c'est que, tout en se glorifiant de lui, ils ne le croient pas, d'une foi éclairée et vivante : Si vous croyiez Moïse...

      Et leur incrédulité à l'égard de Moïse est, à son tour, la cause pour laquelle ils ne croient pas Jésus.

      En effet, les Ă©crits de MoĂŻse sont remplis de lui.

      Les mots : Il a Ă©crit de moi ne doivent pas s'entendre seulement de certaines dĂ©clarations prophĂ©tiques telles que GenĂšse 3.1 ; 5 ; DeutĂ©ronome 18.15,18 et autres ; mais de tous les types, les sacrifices, les cĂ©rĂ©monies symboliques du culte, qui avaient en vue le futur LibĂ©rateur du peuple de Dieu. Il aurait mĂȘme suffi de saisir la spiritualitĂ© et la saintetĂ© de la loi pour comprendre qu'elle ne serait jamais accomplie qu'en Celui qui devait venir. (Comparer Luc 24.27,44)

      47 L'incrédulité envers Moïse et ses écrits avait pour conséquence nécessaire l'incrédulité envers Jésus et ses paroles ;

      "L'antithĂšse essentielle, comme le remarque M. Godet, n'est pas celle des substantifs Ă©crits et paroles, mais celle des pronoms ses et mes"

      Endurcir sa conscience et son cƓur en prĂ©sence de la loi qui doit produire la repentance, c'est les endurcir aussi envers Celui qui annonce la grĂące et le salut.

      En un mot l'incrédulité est un état moral qui rend l'homme incapable de saisir aucune des manifestations de la vérité et de la miséricorde divines. Telle est la conclusion accablante de ce discours.

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