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1
Quant à Jésus, il se retira sur le mont des Oliviers.
2
Mais dès le point du jour, il revint dans la cour du temple, et tout le peuple se pressa autour de lui. Alors, il s’assit et se mit à enseigner.
3
Les interprètes de la loi et les pharisiens traînent devant lui une femme surprise en train de tromper son mari. Ils la font avancer dans la foule et la placent bien en vue au milieu du cercle devant Jésus. —
4
Maître, lui disent-ils, cette femme a été attrapée en flagrant délit d’adultère.
5
Or, dans la loi, Moïse nous a ordonné de tuer à coups de pierres ces sortes de personnes. Quel est ton avis, à toi, là-dessus ?
6
Ils lui posent cette question piège dans l’espoir de trouver quelque prétexte pour l’accuser. Pour toute réponse, Jésus se baisse et se met à écrire par terre avec son doigt.
7
Mais ils insistent et répètent plusieurs fois leur question. Alors, il se relève et leur dit : — Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre.
8
Puis il se baisse de nouveau et continue à écrire par terre.
9
Après avoir entendu ces paroles, ils s’esquivent un à un, à commencer par les plus âgés, laissant finalement Jésus seul avec la femme qui reste là, immobile, au milieu de la cour du temple.
10
Alors, Jésus relève la tête et, se tournant vers elle, il lui demande : — Eh bien ! où sont donc passés tes accusateurs ? Personne ne t’a condamnée ? —
11
Personne, Seigneur, lui répond-elle. Alors, Jésus lui dit : — Je ne te condamne pas non plus. Tu peux partir. À l’avenir, garde-toi de pécher.
Jésus, la lumière du monde
12
Un peu plus tard, Jésus parla en public et dit à ceux qui l’écoutaient : — Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas comme à tâtons dans l’obscurité : il aura la lumière qui mène à la vie.
13
Là-dessus, les pharisiens lui objectèrent : — Tu te recommandes toi-même, ton témoignage n’a aucune valeur.
14
Jésus leur répondit : — Bien que je sois moi-même mon propre témoin, mon témoignage n’en est pas moins valable. En effet, moi seul je sais d’où je suis venu et où je vais, mais vous, vous ne savez pas d’où je viens ni où je vais.
15
Vous jugez selon des critères purement humains, d’après les apparences extérieures, moi, je ne juge personne.
16
Et même si je juge quelqu’un, mon jugement correspond à la vérité, car je ne suis pas seul pour juger : à mes côtés se tient toujours le Père qui m’a envoyé.
17
N’est-il pas écrit dans votre loi que si deux personnes disent la même chose, leur témoignage est valable ?
18
Eh bien, d’abord, je suis mon propre témoin ; ensuite, le Père qui m’a envoyé témoigne aussi pour moi. —
19
Mais où est-il, ton Père ? s’exclamèrent-ils. — Vous ne connaissez ni moi ni mon Père, répliqua Jésus. Si vous m’aviez connu, vous connaîtriez aussi mon Père.
20
Jésus parla ainsi pendant qu’il enseignait dans la cour du temple près des troncs à offrandes, et personne n’essaya de l’arrêter, parce que l’heure fixée pour cela n’était pas encore venue.
«Vous ne pouvez pas aller là où je vais»
21
Une autre fois, Jésus leur dit : — Je partirai et vous me chercherez en vain, et vous mourrez avec votre péché. Vous ne pouvez pas venir là où je vais.
22
Sur quoi, ils se demandèrent entre eux : — Aurait-il l’intention de se suicider ? Est-ce là ce qu’il veut dire par ces paroles énigmatiques : « Vous ne pouvez pas venir là où je vais ? » —
23
Vous, leur dit-il alors, vous êtes d’ici-bas ; moi, je suis de là-haut. Vous appartenez à ce monde-ci, vous vous y sentez chez vous ; moi, je ne suis pas de ce monde.
24
C’est pourquoi je vous ai dit : « Vous mourrez avec vos péchés ». En effet, si vous ne voulez pas croire que je suis celui qui suis, vous mourrez avec vos péchés. —
25
Qui es-tu donc ? lui demandèrent-ils alors. — Est-il nécessaire que je vous le répète ? leur répondit Jésus. Je suis ce que je ne cesse de vous dire depuis le commencement.
26
En ce qui vous concerne, j’aurais beaucoup à dire, beaucoup à juger, mais je m’en remets à celui qui m’a envoyé : il est la vérité même, et je proclame seulement au monde ce que j’ai appris de lui.
27
Comme ils ne comprenaient pas que Jésus leur parlait du Père, il ajouta : —
28
Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme (sur une croix), alors vous comprendrez que je suis (le Seigneur). Vous reconnaîtrez que je ne fais rien de mon propre chef, mais que je transmets ce que le Père m’a enseigné.
29
Oui, celui qui m’a envoyé est toujours avec moi. Il ne m’a jamais laissé seul, car je fais toujours et partout ce qui lui est agréable.
30
Pendant qu’il parlait ainsi, beaucoup crurent en lui.
Les hommes libres et les esclaves
31
Alors, Jésus dit aux Juifs qui avaient eu foi en lui : — Si vous vous attachez à la parole que je vous ai annoncée et si vous vivez conformément à ce que je vous ai dit, alors vous serez vraiment mes disciples.
32
Vous comprendrez la vérité, et la vérité fera de vous des hommes libres. —
33
Nous, lui répondirent-ils, nous sommes de la postérité d’Abraham, nous n’avons jamais été esclaves de qui que ce soit. Comment peux-tu dire que nous serons des hommes libres ? —
34
Vraiment, je vous l’assure, leur répondit Jésus : tout homme qui commet le péché est esclave du péché.
35
Or, un esclave ne fait pas éternellement partie de la famille, il ne reste pas toujours dans la maison ; un fils, par contre, y demeure en permanence.
36
Si donc c’est le Fils qui vous donne la liberté, alors vous serez vraiment des hommes libres.
37
Je sais bien que vous êtes de la postérité d’Abraham, n’empêche que vous cherchez à me supprimer, parce que ma parole ne trouve aucun accès dans vos cœurs ; vous êtes incapables de saisir ce que je dis : cela n’a pas de prise sur vous.
38
Moi, je parle de ce que j’ai vu chez mon Père, vous faites de même : vos actions reflètent ce que vous avez appris chez votre père. —
39
Notre père à nous, ripostèrent-ils, c’est Abraham. — Eh bien, leur répliqua Jésus, si vous êtes vraiment des enfants d’Abraham, agissez donc comme lui !
40
Au lieu de cela, vous cherchez à me faire mourir. Pourquoi ? Parce que je vous dis la vérité telle que je l’ai apprise de Dieu. Abraham n’aurait jamais fait cela.
41
Vous agissez exactement comme votre père à vous ! Vos œuvres ressemblent aux siennes. — Mais, se récrièrent-ils, nous ne sommes pas des enfants illégitimes. Nous avons un seul Père, Dieu ! —
42
Si vraiment Dieu était votre Père, leur dit Jésus, vous m’aimeriez, car il est la source de mon être, et c’est d’auprès de lui que je viens. Je ne suis pas venu de ma propre initiative, c’est lui qui m’a envoyé.
43
Pourquoi ne comprenez-vous pas ce que je vous dis ? Parce que vous fermez vos oreilles à mon enseignement : vous êtes incapables de supporter mes paroles.
44
Votre véritable père, c’est le diable, et vous avez choisi de vous plier à ses désirs et d’accomplir sa volonté. Depuis le début, il n’a pensé qu’à tuer. Il n’a pas persévéré dans la vérité, parce que, pour lui, la vérité n’existe pas. Il n’y a rien de vrai en lui. Lorsqu’il ment, il est dans son élément, il révèle sa véritable nature, puisqu’il est, par essence, le menteur et que tout mensonge vient de lui.
45
Mais moi, je dis la vérité. C’est précisément pour cela que vous ne voulez pas me croire.
46
Qui d’entre vous m’a jamais pris en défaut ? Qui peut me prouver un seul péché ? Alors, si je dis vrai, pourquoi ne me croyez-vous pas ?
47
Celui qui est (né) de Dieu écoute les paroles de Dieu et les comprend. Si vous ne les écoutez pas, si vous ne comprenez pas ce que Dieu dit, c’est tout simplement parce que vous n’êtes pas nés de lui.
Jésus et Abraham
48
Ils répliquèrent : — Nous avions raison ! N’est-ce pas évident que tu es pire qu’un païen et que tu es sous l’emprise d’un démon ? —
49
Non, répondit Jésus, je n’ai pas de démon, je ne fais que rendre à mon Père l’honneur qui lui est dû, alors que vous, vous me traitez avec mépris et cherchez à me déshonorer.
50
Ce n’est pas que je recherche les honneurs pour moi, quelqu’un d’autre s’en préoccupe, et il me rendra justice.
51
Vraiment, je vous l’assure : celui qui garde mon enseignement ne saura jamais ce que c’est que de mourir.
52
Sur quoi, les chefs des Juifs reprirent : — Cette fois, nous sommes certains que tu es sous l’emprise d’un démon. Abraham est mort, les prophètes aussi, et toi, tu viens nous dire : « Celui qui garde mon enseignement ne mourra jamais ».
53
Serais-tu par hasard plus grand que notre père Abraham, qui a dû mourir, ou que les prophètes qui sont tous morts ? Pour qui te prends-tu donc ?
54
Jésus répondit : — Si je m’attribuais moi-même de la gloire, cela n’aurait aucune valeur, et ma gloire ne serait que néant. Celui qui me glorifie, c’est mon Père, celui-là même que vous appelez votre Dieu.
55
En fait, vous n’en avez aucune notion, alors que moi, je le connais parfaitement. Si je disais ne pas le connaître, je vous ressemblerais : je serais menteur, comme vous. Mais le fait est que je le connais et que je garde son enseignement.
56
Abraham votre père exulta de joie, rien qu’à la pensée de me voir venir sur cette terre. Il espérait vivre ce jour. Il l’a entrevu et il en fut transporté de joie. —
57
Quoi ! lui dirent-ils alors, tu n’as même pas cinquante ans et tu prétends avoir vu Abraham ? —
58
Vraiment, je vous l’assure, leur répondit Jésus : avant qu’Abraham soit venu à l’existence, moi, je suis.
59
À ces mots, ils se mirent à ramasser des pierres pour les jeter sur lui, mais Jésus disparut dans la foule et sortit de l’enceinte du temple.
-
1
Et Jésus s'en alla à la montagne des Oliviers.
2
Et au point du jour il vint encore au temple, et tout le peuple vint à lui ; et s'étant assis, il les enseignait.
3
Et les scribes et les pharisiens lui amènent une femme surprise en adultère ; et l'ayant placée devant lui, ils lui disent :
4
Maître, cette femme a été surprise sur le fait même, commettant adultère.
5
Or, dans la loi, Moïse nous a commandé de lapider de telles femmes : toi donc, que dis-tu ?
6
Or ils disaient cela pour l'éprouver, afin qu'ils eussent de quoi l'accuser. Mais Jésus, s'étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre.
7
Et comme ils continuaient à l'interroger, s'étant relevé, il leur dit : Que celui de vous qui est sans péché, jette le premier la pierre contre elle.
8
Et s'étant encore baissé, il écrivait sur la terre.
9
Et eux, l'ayant entendu, sortirent un à un, en commençant depuis les plus anciens jusqu'aux derniers ; et Jésus fut laissé seul avec la femme devant lui.
10
Et Jésus, s'étant relevé et ne voyant personne que la femme, lui dit : Femme, où sont-ils, ceux-là, tes accusateurs ? Nul ne t'a-t-il condamnée ?
11
Et elle dit : Nul, Seigneur. Et Jésus lui dit : Moi non plus, je ne te condamne pas ; va, -dorénavant ne pèche plus.
Jésus, la lumière du monde
12
Jésus donc leur parla encore, disant : Moi, je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.
13
Les pharisiens donc lui dirent : Tu rends témoignage de toi-même ; ton témoignage n'est pas vrai.
14
Jésus répondit et leur dit : Quoique moi je rende témoignage de moi-même, mon témoignage est vrai, car je sais d'où je suis venu et où je vais ; mais vous, vous ne savez pas d'où je viens et où je vais.
15
Vous, vous jugez selon la chair ; moi, je ne juge personne.
16
Et si aussi moi, je juge, mon jugement est vrai, car je ne suis pas seul, mais moi et le Père qui m'a envoyé.
17
Et il est écrit aussi dans votre loi, que le témoignage de deux hommes est vrai.
18
Moi, je rends témoignage de moi-même ; et le Père qui m'a envoyé rend aussi témoignage de moi.
19
Ils lui dirent donc : Où est ton père ? Jésus répondit : Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père ; si vous m'aviez connu, vous auriez connu aussi mon Père.
20
Il dit ces paroles dans le trésor, enseignant dans le temple ; et personne ne le prit, parce que son heure n'était pas encore venue.
«Vous ne pouvez pas aller là où je vais»
21
Jésus leur dit donc encore : Moi, je m'en vais, et vous me chercherez ; et vous mourrez dans votre péché : là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir.
22
Les Juifs donc disaient : Se tuera-t-il, qu'il dise : Là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir ?
23
Et il leur dit : Vous êtes d'en bas ; moi, je suis d'en haut : vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde.
24
Je vous ai donc dit que vous mourrez dans vos péchés ; car si vous ne croyez pas que c'est moi, mous mourrez dans vos péchés.
25
Ils lui disaient donc : Toi, qui es-tu ? Et Jésus leur dit : Absolument ce qu'aussi je vous dis.
26
J'ai beaucoup de choses à dire de vous et à juger ; mais celui qui m'a envoyé est vrai, et les choses que j'ai ouïes de lui, moi, je les dis au monde.
27
Ils ne connurent pas qu'il leur parlait du Père.
28
Jésus donc leur dit : Quand vous aurez élevé le fils de l'homme, alors vous connaîtrez que c'est moi, et que je ne fais rien de moi-même, mais que, selon que le Père m'a enseigné, je dis ces choses.
29
Et celui qui m'a envoyé est avec moi ; il ne m'a pas laissé seul, parce que moi, je fais toujours les choses qui lui plaisent.
30
Comme il disait ces choses, plusieurs crurent en lui.
Les hommes libres et les esclaves
31
Jésus donc dit aux Juifs qui avaient cru en lui : Si vous persévérez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ;
32
et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira.
33
Ils lui répondirent : Nous sommes la postérité d'Abraham, et jamais nous ne fûmes dans la servitude de personne ; comment dis-tu, toi : Vous serez rendus libres ?
34
Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je vous dis : Quiconque pratique le péché est esclave du péché.
35
Or l'esclave ne demeure pas dans la maison pour toujours ; le fils y demeure pour toujours.
36
Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres.
37
Je sais que vous êtes la postérité d'Abraham ; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole n'a pas d'entrée auprès de vous.
38
Moi, je dis ce que j'ai vu chez mon Père ; vous aussi donc, vous faites les choses que vous avez entendues de la part de votre père.
39
Ils répondirent et lui dirent : Abraham est notre père. Jésus leur dit : Si vous étiez enfants d'Abraham, vous feriez les oeuvres d'Abraham ;
40
mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi, un homme qui vous ai dit la vérité que j'ai ouïe de Dieu : Abraham n'a pas fait cela.
41
Vous, vous faites les oeuvres de votre père. Ils lui dirent donc : Nous ne sommes pas nés de la fornication ; nous avons un père, Dieu.
42
Jésus leur dit : Si Dieu était votre père, vous m'aimeriez, car moi je procède de Dieu et je viens de lui ; car je ne suis pas venu de moi-même, mais c'est lui qui m'a envoyé.
43
Pourquoi n'entendez-vous pas mon langage ? Parce que vous ne pouvez pas ouïr ma parole.
44
Vous, vous avez pour père le diable, et vous voulez faire les convoitises de votre père. Lui a été meurtrier dès le commencement, et il n'a pas persévéré dans la vérité, car il n'y pas de vérité en lui. Quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur, et le père du mensonge.
45
Mais moi, parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas.
46
Qui d'entre vous me convainc de péché ? Si je dis la vérité, vous, pourquoi ne me croyez-vous pas ?
47
Celui qui est de Dieu entend les paroles de Dieu ; c'est pourquoi vous, vous n'entendez pas, parce que vous n'êtes pas de Dieu.
Jésus et Abraham
48
Les Juifs répondirent et lui dirent : Ne disons-nous pas bien que tu es un Samaritain, et que tu as un démon ?
49
Jésus répondit : Moi, je n'ai point un démon, mais j'honore mon Père, et vous, vous jetez du déshonneur sur moi.
50
Mais pour moi, je ne cherche pas ma gloire ; il y en a un qui cherche, et qui juge.
51
En vérité, en vérité, je vous dis : Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra point la mort, à jamais.
52
Les Juifs donc lui dirent : Maintenant nous connaissons que tu as un démon : Abraham est mort, et les prophètes, et toi, tu dis : Si quelqu'un garde ma parole, il ne goûtera point la mort, à jamais.
53
Es-tu plus grand que notre père Abraham, qui est mort ? et les prophètes sont morts. Qui te fais-tu toi-même ?
54
Jésus répondit : Si moi je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien ; c'est mon Père qui me glorifie, lui de qui vous dites : Il est notre Dieu.
55
Et vous ne le connaissez pas ; mais moi, je le connais : et si je disais que je ne le connais pas, je serais menteur, semblable à vous ; mais je le connais, et je garde sa parole.
56
Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu'il verrait mon jour ; et il l'a vu, et s'est réjoui.
57
Les Juifs donc lui dirent : Tu n'as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham !
58
Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis : Avant qu'Abraham fût, je suis.
59
Ils prirent donc des pierres pour les jeter contre lui ; mais Jésus se cacha et sortit du temple.
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1
Jésus se rendit à la montagne des oliviers.
2
Mais, dès le matin, il alla de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui. S'étant assis, il les enseignait.
3
Alors les scribes et les pharisiens amenèrent une femme surprise en adultère ;
4
et, la plaçant au milieu du peuple, ils dirent à Jésus : Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère.
5
Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes : toi donc, que dis-tu ?
6
Ils disaient cela pour l'éprouver, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus, s'étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre.
7
Comme ils continuaient à l'interroger, il se releva et leur dit : Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle.
8
Et s'étant de nouveau baissé, il écrivait sur la terre.
9
Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu'aux derniers ; et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu.
10
Alors s'étant relevé, et ne voyant plus que la femme, Jésus lui dit : Femme, où sont ceux qui t'accusaient ? Personne ne t'a-t-il condamnée ?
11
Elle répondit : Non, Seigneur. Et Jésus lui dit : Je ne te condamne pas non plus : va, et ne pèche plus.
Jésus, la lumière du monde
12
Jésus leur parla de nouveau, et dit : Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.
13
Là-dessus, les pharisiens lui dirent : Tu rends témoignage de toi-même ; ton témoignage n'est pas vrai.
14
Jésus leur répondit : Quoique je rende témoignage de moi-même, mon témoignage est vrai, car je sais d'où je suis venu et où je vais ; mais vous, vous ne savez d'où je viens ni où je vais.
15
Vous jugez selon la chair ; moi, je ne juge personne.
16
Et si je juge, mon jugement est vrai, car je ne suis pas seul ; mais le Père qui m'a envoyé est avec moi.
17
Il est écrit dans votre loi que le témoignage de deux hommes est vrai ;
18
je rends témoignage de moi-même, et le Père qui m'a envoyé rend témoignage de moi.
19
Ils lui dirent donc : Où est ton Père ? Jésus répondit : Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père.
20
Jésus dit ces paroles, enseignant dans le temple, au lieu où était le trésor ; et personne ne le saisit, parce que son heure n'était pas encore venue.
«Vous ne pouvez pas aller là où je vais»
21
Jésus leur dit encore : Je m'en vais, et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché ; vous ne pouvez venir où je vais.
22
Sur quoi les Juifs dirent : Se tuera-t-il lui-même, puisqu'il dit : Vous ne pouvez venir où je vais ?
23
Et il leur dit : Vous êtes d'en bas ; moi, je suis d'en haut. Vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde.
24
C'est pourquoi je vous ai dit que vous mourrez dans vos péchés ; car si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés.
25
Qui es-tu ? lui dirent-ils. Jésus leur répondit : Ce que je vous dis dès le commencement.
26
J'ai beaucoup de choses à dire de vous et à juger en vous ; mais celui qui m'a envoyé est vrai, et ce que j'ai entendu de lui, je le dis au monde.
27
Ils ne comprirent point qu'il leur parlait du Père.
28
Jésus donc leur dit : Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous connaîtrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle selon ce que le Père m'a enseigné.
29
Celui qui m'a envoyé est avec moi ; il ne m'a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable.
30
Comme Jésus parlait ainsi, plusieurs crurent en lui.
Les hommes libres et les esclaves
31
Et il dit aux Juifs qui avaient cru en lui : Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ;
32
vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira.
33
Ils lui répondirent : Nous sommes la postérité d'Abraham, et nous ne fûmes jamais esclaves de personne ; comment dis-tu : Vous deviendrez libres ?
34
En vérité, en vérité, je vous le dis, leur répliqua Jésus, quiconque se livre au péché est esclave du péché.
35
Or, l'esclave ne demeure pas toujours dans la maison ; le fils y demeure toujours.
36
Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres.
37
Je sais que vous êtes la postérité d'Abraham ; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole ne pénètre pas en vous.
38
Je dis ce que j'ai vu chez mon Père ; et vous, vous faites ce que vous avez entendu de la part de votre père.
39
Ils lui répondirent : Notre père, c'est Abraham. Jésus leur dit : Si vous étiez enfants d'Abraham, vous feriez les oeuvres d'Abraham.
40
Mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité que j'ai entendue de Dieu. Cela, Abraham ne l'a point fait.
41
Vous faites les oeuvres de votre père. Ils lui dirent : Nous ne sommes pas des enfants illégitimes ; nous avons un seul Père, Dieu.
42
Jésus leur dit : Si Dieu était votre Père, vous m'aimeriez, car c'est de Dieu que je suis sorti et que je viens ; je ne suis pas venu de moi-même, mais c'est lui qui m'a envoyé.
43
Pourquoi ne comprenez-vous pas mon langage ? Parce que vous ne pouvez écouter ma parole.
44
Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur et le père du mensonge.
45
Et moi, parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas.
46
Qui de vous me convaincra de péché ? Si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ?
47
Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu ; vous n'écoutez pas, parce que vous n'êtes pas de Dieu.
Jésus et Abraham
48
Les Juifs lui répondirent : N'avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain, et que tu as un démon ?
49
Jésus répliqua : Je n'ai point de démon ; mais j'honore mon Père, et vous m'outragez.
50
Je ne cherche point ma gloire ; il en est un qui la cherche et qui juge.
51
En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort.
52
Maintenant, lui dirent les Juifs, nous connaissons que tu as un démon. Abraham est mort, les prophètes aussi, et tu dis : Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort.
53
Es-tu plus grand que notre père Abraham, qui est mort ? Les prophètes aussi sont morts. Qui prétends-tu être ?
54
Jésus répondit : Si je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien. C'est mon père qui me glorifie, lui que vous dites être votre Dieu,
55
et que vous ne connaissez pas. Pour moi, je le connais ; et, si je disais que je ne le connais pas, je serais semblable à vous, un menteur. Mais je le connais, et je garde sa parole.
56
Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu'il verrait mon jour : il l'a vu, et il s'est réjoui.
57
Les Juifs lui dirent : Tu n'as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham !
58
Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham fût, je suis.
59
Là-dessus, ils prirent des pierres pour les jeter contre lui ; mais Jésus se cacha, et il sortit du temple.
On trouve une description semblable dans Luc 21.37,38.
- Le dernier verset de Jean 7 et les deux premiers par lesquels s'ouvre notre Jean 8 forment une sorte d'introduction à l'histoire de la femme adultère qui va suivre. Ils font partie du fragment dont l'authenticité est contestée.
Voici d'abord, à cet égard, l'état des documents sur lesquels s'appuie la critique du texte.
1° Un grand nombre de manuscrits, Sin., B, A, C, etc., du quatrième au neuvième siècle, omettent entièrement ce récit, et plusieurs de ceux qui l'ont conservé le marquent de signes de doute.
2° Les versions anciennes, sauf quelques manuscrits de l'Itala ne le renferment pas davantage.
3° Les Pères de l'Eglise des trois premiers siècles, et même Chrysostome, ne le mentionnent pas comme renfermé dans notre évangile. Origène, qui s'est occupé spécialement de l'état du texte, n'en parle pas.
4° Dans plusieurs documents, ce morceau se trouve placé à la fin de l'évangile de Jean ; dans quelques autres à la suite de Luc 21.
5° Ces versets abondent en variantes diverses, ce qui est toujours un signe peu favorable à l'authenticité.
6° Le style de ce récit n'est pas celui de Jean ; il porte tous les caractères des narrations synoptiques.
Aussi la plupart des critiques et des exégètes se refusent-ils à considérer ce récit comme faisant partie de l'évangile de Jean. Ainsi Erasme, Calvin, Bèze Lücke, Tholuck, Olshausen, de Wette Reuss, Hengstenberg, Meyer, MM. Weiss, Luthardt, Keil, Godet, et tous les modernes éditeurs du texte. Rappelons, d'autre part, que sept majuscules (dont D), du sixième au neuvième siècle, et un très grand nombre de minusc., aussi bien que quelques exemplaires de l'Itala, la Vulgate, la version syr. de Jérusalem, contiennent ce récit sans le marquer d'aucun signe de doute.
Jérôme, écrivant au quatrième siècle, témoigne (Adv. Pelag. 2, 17) que cette relation se trouvait "en plusieurs manuscrits, tant grecs que latins."
Aussi plusieurs interprètes éminents, Augustin, Bengel, Hug, Ebrard, Stier, Lange, soutiennent-ils l'authenticité de ce fragment alléguant avec Augustin qu'il n'a été retranché, à l'origine, que par la crainte de l'influence morale qu'il pouvait exercer à une époque où, d'une part, un grand relâchement des mœurs et, d'autre part, un faux ascétisme s'étaient introduits dans l'Eglise.
- Quant à la vérité historique du fait, on peut dire avec Meyer : "Cette histoire porte un tel cachet d'originalité, il est si évident qu'elle n'est imitée d'aucun autre récit de la tradition évangélique, qu'il est impossible d'y voir une légende d'un temps postérieur, sa vérité interne se justifie facilement par l'exégèse, malgré les doutes qu'on a soulevés."
Le récit est en tous cas fort ancien, Eusèbe rapporte (Hist. eccl. 3 : 39) que l'écrit de Papias sur les évangiles contenait l'histoire d'une femme qui, à cause de ses péchés, fut accusée devant le Seigneur. "Cette histoire, ajoute-t-il, se trouve dans l'évangile des Hébreux."
Cela prouverait que notre récit appartient à la tradition apostolique. Il a été inséré dans la suite à cette place, parce que le piège tendu à Jésus (verset 6) paraissait en harmonie avec les dispositions hostiles des autorités à son égard. (Jean 7.32,45 et suivants)
Les pharisiens et l'adultère. (Jean 8:1-11)
Christ n'a trouvé aucune faille dans la loi, ni excusé la culpabilité de cette femme adultère, Il n’a tenu aucun compte du prétendu zèle des pharisiens...Les paroles de Christ parmi les pharisiens. (Jean 8:12-59)
Ceux qui jugent les autres se condamnent eux-mêmes : en fait, ils pratiquent en fait le péché. Les personnes qui, d'une certaine manière, sont appelées à blâmer les fautes des autres, seront spécialement avisées de s’examiner elles-mêmes, afin de conserver une certaine indulgence.
Dans l’affaire relatée dans ce texte, Christ s'est consacré à la grande œuvre pour laquelle il est venu dans le monde : amener les pécheurs à la repentance ; Il est venu non pas pour détruire, mais pour sauver ! Jésus visait non seulement à amener à la repentance cette femme accusée, en faisant preuve de miséricorde envers elle, mais encore à montrer aux persécuteurs leurs péchés ; ces derniers pensaient Le « piéger », Lui ne cherchait qu’à les convaincre et à les convertir ! Jésus refusa toute polémique avec le conseil des scribes et des pharisiens.
De nombreux crimes méritent une punition beaucoup plus sévère que celle qui leur est infligée ; que cela ne nous décourage pas : n’abandonnons pas la tâche spirituelle qui nous est assignée par le Seigneur.
Quand Christ renvoya la femme adultère, Il lui donna cet avertissement : « va et ne pèche plus ». Ceux qui aident à sauver la vie d'un criminel devraient chercher à sauver son âme, avec la même attention.
Heureux vraiment, ceux que Christ ne condamne pas ! La faveur de Christ à notre égard, au sujet du pardon de nos péchés, devrait prévaloir dans toute notre conduite : « va et ne pèche plus » !