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Juges 2

    • 1

      L'ange de l'Eternel. Ce terme ne peut désigner que cet envoyé suprême qui était apparu, en dernier lieu, à Josué sous les murs de Jéricho comme le chef des armées de l'Eternel et qui lui avait ouvert le pays de Canaan. Au moment où le peuple se relâche dans la conquête qu'il aurait dû achever, cet ange apparaît comme un juge. Voir sur l'ange de l'Eternel Genèse, l'appendice à la fin du chapitre 21.

      Monta de Guilgal à Bokim. Guilgal avait été sous Josué le grand lieu de rassemblement du peuple (Josué 9.6 ; 10.6,7,15,43 ; 14.6) : il le demeura dans les temps qui suivirent, si du moins c'est bien à ce Guilgal et non à celui qui était situé près de Jéricho qu'il faut appliquer ce qui est dit des assises annuelles que Samuel tenait pour le peuple (1Samuel 7.16). C'était l'endroit central d'Ephraïm, comme Ephraïm lui-même était le centre du peuple. Peut-être est-ce là la raison pour laquelle l'ange apparaît en ce lieu et monte visiblement à Bokim, nom qui ne fut donné que plus tard à cet endroit mais qui désigne un lieu situé dans le voisinage de Guilgal et où probablement le peuple était rassemblé pour une fête. Il y a dans les indications géographiques de ce verset quelque chose d'insuffisant qui montre que nous avons affaire à un extrait ou fragment et que l'auteur de notre livre était avant tout préoccupé du côté spirituel du fait rapporté. Sous quelle forme apparut l'ange ? Il n'est pas probable que ce fût sous une forme humaine comme lorsqu'il s'entretenait avec Josué. mais plutôt dans une nuée, comme au désert. Comment sa voix se fit-elle entendre du peuple ? Peut-être par l'intermédiaire du grand sacrificateur qui fut appelé à recevoir cette communication divine.

      Je vous ai fait monter. L'ange ne dit pas : Ainsi a dit l'Eternel : Je vous ai fait monter. C'est l'Eternel lui-même qui parle par sa bouche.

      Et j'avais dit. Ce n'est pas l'Eternel qui a failli en ne mettant pas sur le champ et complètement le peuple en possession du pays. C'est Israël qui, une fois établi, a manqué aux conditions de l'alliance et a perdu ses droits aux bienfaits qu'elle lui assurait ; comparez Exode 23.32 ; 34.12 et suivants ; Deutéronome 7.2 et suivants ; Josué 23.12.

      3

      Et moi aussi j'ai dit. Les Cananéens étaient mûrs pour l'extermination ; Israël ne les a pas détruits ; ils vivront donc, et Israël en pâtira. Leurs faux cultes célébrés au milieu des tribus seront un piège auquel il leur sera bien difficile de ne pas se laisser prendre.

      A vos côtés, comme des aiguillons à vos flancs et comme des verges ; comparez Nombres 33.55 et Josué 23.13.

      4

      Et pleura. Pleurs stériles, arrachées par la crainte du châtiment plutôt que par une véritable repentance ; car celle-ci aurait produit une énergique résolution, dont l'histoire n'offre aucune trace.

      5

      Bokim. Le peuple s'était rassemblé pour une fête joyeuse ; elle finit dans les larmes, et le nom de Bokim (ceux qui pleurent), donné à cet endroit, a perpétué le souvenir de cette douloureuse scène, prélude de trois siècles de malheurs.

      Offrirent des sacrifices : sans doute dans le but de détourner si possible la colère de Dieu. Dieu avait expressément autorisé l'élévation d'un autel et l'offrande de sacrifices partout où il manifesterait son nom par une apparition (Exode 20.24).

      6

      2.6 à 3.6 Coup d'œil anticipé sur l'histoire qui va suivre.

      Au coup d'œil rétrospectif sur les fautes commises par le peuple à la suite de la conquête sommaire du pays, et à l'apparition menaçante de l'ange, succède un morceau dans lequel l'auteur jette un coup d'œil sur toute l'histoire du temps des Juges, histoire qui sera la conséquence de ces fautes et l'accomplissement de cette menace. Elle paraît tourner et retourner toujours dans le même cercle. Infidélité, punition, délivrance, rechute : tel en est le rythme douloureux, jusqu'au moment où enfin, sous l'action d'un fidèle et puissant serviteur de Dieu, Samuel, le peuple se réveille véritablement et entre dans une voie nouvelle. L'auteur rappelle d'abord la fidélité relative d'Israël sous Josué et dans les premiers temps qui suivirent sa mort (versets 6 à 10) ; puis il décrit l'infidélité constamment renouvelée d'Israël à la suite de ces premiers temps (versets 11 à 13), ainsi que l'inutilité des châtiments dont Dieu le frappait et de l'envoi des Juges qui le délivraient pour un temps (versets 14 à 19) ; il expose ensuite le dessein de Dieu, qui était d'éprouver et de châtier le peuple infidèle (versets 20 à 23), et il termine par l'énumération des nations conservées par l'Eternel dans ce but et par le tableau de la position qu'Israël prit vis-à-vis d'elles.

      6 à 10 Ce passage se rattache immédiatement au tableau de la dernière assemblée convoquée par Josué, à la fin du livre de Josué (Josué 24.28-31). De ces cinq versets, les quatre premiers sont empruntés littéralement au livre de Josué, quoique ils reparaissent dans un ordre différent ; le verset 10 seulement contient quelque chose de nouveau et forme la transition au coup d'œil historique sur le temps des Juges.

      Et Josué renvoya. Il y a ici retour en arrière, puisque le livre a commencé par les mots : Après la mort de Josué ; les versets suivants ont donc pour l'auteur la valeur de plus-que-parfaits : Et Josué avait renvoyé. Ce départ de chaque tribu pour son domaine particulier et la fidélité à l'Eternel qui régna jusqu'à la fin de Josué et des Anciens qui lui avaient survécu, montrent bien que nous nous trouvons placés par ces versets avant le moment décrit dans le chapitre 1 et au commencement du chapitre 2.

      9

      Timnath-Hérès, au lieu de Timnath-Sérah de Josué 24.30. Il y a probablement ici une erreur de copiste. En hébreu une simple transposition de lettres explique ce changement.

      10

      Qui ne connaissait pas l'Eternel... par l'expérience personnelle de ses interventions miraculeuses, telles, que les avaient contemplées les contemporains de Moïse et de Josué.

      11

      Et les fils d'Israël firent ce qui est mal... Cette parole reparaît plusieurs fois dans ce livre, comme un douloureux refrain : 3.7-12 ; 4.1 ; 6.4 ; 10.6 ; 13.1.

      Les Baals. Le pluriel employé ici désigne non seulement les formes diverses de la divinité ainsi nommée :

      mais encore tous les faux dieux adorés en Canaan en tant que représentant la divinité masculine.

      13

      Les Astartés représentent les diverses formes de la divinité féminine (Genèse 14.5 ; Jérémie 7.18, notes).

      14

      De pillards : comme les Madianites, qui exécutaient des razzias.

      Les vendit : les livrant à des ennemis qui exerçaient une oppression permanente. Les vendit, comme un bien auquel on ne tient plus. Le terme de rachat désigne la délivrance.

      15

      Comme l'Eternel le leur avait juré. Nulle part, ni dans Lévitique 26.17-36, ni dans Deutéronome 28.25, l'affirmation ici rappelée n'est étayée par un serment ; néanmoins les déclarations sont si solennelles que si l'Eternel ne les avait pas exécutées, il eût bien été comme un homme qui viole un serment.

      16

      Des juges. C'est ici la première fois que nous rencontrons ce terme de juges dont a été tiré le titre de ce livre ; voir l'Introduction.

      17

      Ils n'écoutèrent pas : en ce sens qu'ils ne persistaient pas dans la bonne voie après la mort du juge.

      18

      Sans doute, au premier moment ils acceptaient le ministère de délivrance que remplissait le juge à leur égard et obtenaient ainsi la victoire. Mais quand la voix du juge n'était plus là pour les soutenir, ils recommençaient comme auparavant et attiraient de nouveau sur eux la colère de l'Eternel.

      20

      20 à 23 L'auteur fait ressortir ici cette idée, qui était déjà celle du discours de l'ange à Bokim, que si l'Eternel n'a pas voulu détruire les nations cananéennes et les peuples voisins, ce n'est pas qu'il fût devenu infidèle à son alliance et à ses promesses, mais à cause de cette infidélité constamment renouvelée de son peuple, laquelle empêchait qu'il ne lui accordât enfin une délivrance complète, en sorte que c'était toujours à recommencer.

      22

      Afin d'éprouver par elles Israël. Etant donné le penchant à l'idolâtrie qui existait dans le cœur des Israélites, Dieu ne voulait pas leur ôter l'occasion de manifester ce principe mauvais, qui ne pouvait être détruit qu'en portant ses fruits amers. Voir sur l'accord de ce verset avec Exode 23.29 ; Deutéronome 7.22, d'une part, et avec Juges 3.1,2, d'autre part. la Conclusion sur le livre de Josué.

      23

      Car il ne les avait pas livrées. S'il y avait encore des nations à déposséder, c'est que Dieu n'avait pas voulu que Josué ne laissât plus rien à faire après le premier et grand acte de la conquête.

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