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1 à 10 Zachée.
Grec : Et étant entré, il traversait Jéricho.
Jéricho, ville célèbre dans l'Ancien Testament (Josué 2 et Josué 6), l'est devenue plus encore par la présence et les bienfaits du Sauveur, qui, à son passage par cette antique cité, rendit la lumière aux yeux fermés de l'aveugle, (Luc 18.35 et suivants) et ouvrit les sources de la grâce et du salut à l'âme altérée d'un pauvre péager. (versets 9,10)
Cette ville était située à deux lieues du Jourdain, que Jésus venait de traverser en quittant la Pérée, et à sept lieues de Jérusalem, où il se rendait pour la dernière fois.
Anciennement elle occupait le centre d'une délicieuse oasis couverte d'une forêt de palmiers (Deutéronome 34.3) et de plantes aromatiques. (Le nom même de Jéricho signifie en hébreu bonne odeur.) Nulle part on ne voit aujourd'hui d'une manière plus évidente les bouleversements qui ont dû se produire dans toute la Palestine.
"Jéricho, à laquelle la Bible donne le nom de ville des palmiers, était entourée jadis d'une forêt de ces beaux arbres. On en voyait quelques-uns encore au commencement de ce siècle ; il n'y en a plus un seul aujourd'hui, il n'y a plus même de sycomore, comme celui sur lequel monta Zachée. Une tour carrée, de construction franque et aux trois quarts ruinée, un pauvre hameau fortifié par une clôture d'épines sèches, voilà tout ce qui reste aujourd'hui de Jéricho." F. Bovet, Voyage en Terre-Sainte, 7e édit., p. 255.
Zachée (en hébreu Zaccaï, pur, Esdras 2.9) est désigné comme chef des péagers, sans doute parce qu'il y avait à Jéricho un bureau de douanes romaines dont il était le chef. Cette ville était, en effet, une place de commerce et de transit entre l'Orient et l'Occident.
(Voir, sur les péagers, Matthieu 5.46, note.)
Sa vocation était devenue pour Zachée une source de richesses, dont il fera désormais un bon usage (verset 8) Son nom indique qu'il était d'origine juive.
Cette expression ne signifie point, comme le pensent plusieurs interprètes, que Zachée désirât seulement de démêler au milieu de la foule lequel était Jésus, ce qui ne dénoterait chez lui qu'une vaine curiosité.
Mais, ayant entendu parler de lui, et sachant combien souvent il s'était montré plein de miséricorde pour les hommes de sa profession méprisée, il souhaitait avec ardeur d'avoir le bonheur de le voir de ses yeux, et de retenir au moins les traits de sa physionomie. (verset 4)
Quoique cet arbre devienne assez grand en Orient, ses branches sont basses et s'Ă©tendent horizontalement, en sorte qu'il n'est pas difficile d'y monter.
"La bienséance n'aurait pas permis à un homme considérable par sa position de monter sur un arbre, mais la foi a vaincu." Bengel.
- Jésus appelle Zachée par son nom. Le connaissait-il ? ou avait-il entendu prononcer ce nom par la foule qui l'entourait ? Ce n'est pas impossible ; mais ce qui est beaucoup plus important que cette question, c'est le fait que "Celui qui connaissait par lui-même ce qui est dans l'homme" (Jean 2.25) avait lu dans le cœur de Zachée son ardent désir du salut ; il l'appelle par son nom pour répondre à sa foi naissante. (verset 8, note.)
Aujourd'hui, tel est le premier mot de cette phrase, comme au verset 9 ; Jésus met l'accent sur cet aujourd'hui, qui est pour Zachée le jour du salut.
- Il faut que je demeure dans ta maison ; sur quoi se fonde cette nécessité ? D'une part, sur la volonté expresse et miséricordieuse de Dieu que Jésus veut accomplir avec amour ; d'autre part, sur le fait qu'il y a là une âme qui soupire après le salut. C'est ce que nous montre la joie avec laquelle Zachée reçut le Sauveur. (verset 6)
- Un homme pécheur ne doit pas s'entendre en un sens général ; dans la pensée de ceux qui murmuraient, ce mot s'appliquait personnellement à Zachée en sa qualité de péager.
Et maintenant la joie qu'il éprouve de la faveur inespérée et imméritée que lui fait Jésus lui inspire un sacrifice libre, spontané.
En effet, l'expression : si j'ai fait tort, ne renferme pas un doute, mais bien plutôt une humble et délicate confession de tout ce qu'il y avait eu d'injuste dans sa conduite.
Quelques interprètes pensent que ces verbes au présent : je donne, je rends, expriment non une résolution actuelle mais une ligne de conduite adoptée et observée déjà auparavant. Ils entendent alors par la moitié de mes biens la moitié de mon revenu. Il ne nous parait pas que cette explication soit en harmonie avec l'ensemble du récit.
- Cette scène, dont Luc n'a pas précisé le lieu, se passa-t-elle tout entière devant la maison de Zachée, en présence de la foule qui murmurait contre lui ? Ce serait alors en présence de ce public peu bienveillant qu'il aurait pris son admirable résolution, (verset 8) et que Jésus lui aurait adressé les paroles du verset 9. Enfin, ce serait devant ce même public que Jésus aurait prononcé la parabole des verset 11 et suivants ; puis il aurait poursuivi sa route vers Jérusalem. (verset 28)
On ne voit pas, dans cette manière de comprendre l'enchaînement des faits, quand il serait entré dans la maison de Zachée et y aurait passé la nuit. (verset 5) L'effusion de cœur à laquelle se livre Zachée perdrait beaucoup de sa spontanéité et de sa beauté, si elle était une sorte de justification en présence de ses accusateurs. Ce sont de tout autres pensées qui le préoccupent.
Une lecture attentive du récit nous en donne une idée différente : descendu en hâte de son sycomore, Zachée accompagne Jésus dans sa maison, et c'est là évidemment qu'il le reçut avec joie (verset 6) Le verset verset 7 dit clairement que Jésus est entré dans cette maison. C'est là que le péager se présente devant le Seigneur, fait sa déclaration et entend de lui la parole de verset 9. Sans aucun doute, il a reçu aussi les disciples de Jésus et plusieurs de ceux qui le suivaient à Jérusalem, peut-être quelques personnes de sa connaissance.
En leur présence, durant les heures paisibles de la soirée, Jésus prononce ces paroles si encourageantes et si propres à exciter l'espérance du salut, (versets 9,10) comme aussi la parabole qui suit et qui est destinée à tempérer cette espérance en montrant les conditions dans lesquelles le salut se réalisera. Enfin, c'est le lendemain, au matin, que Jésus poursuit sa route. (verset 28)
Le salut, la délivrance du péché et de la mort, par la grâce de Dieu que Jésus annonçait et apportait. Ce salut est venu, il se réalise par la présence de Jésus, non seulement pour Zachée, mais pour sa maison, sa famille.
Jésus motive cette déclaration : parce que (grec conformément à ce que) ce pauvre péager est aux yeux de Jésus qui lit dans son cœur, aussi (aussi bien et mieux que ceux qui le méprisent) un fils d'Abraham. Il l'est, non seulement parce qu'il descend de lui, mais parce qu'il a la foi et l'obéissance du père des croyants.
D'où ? Le Nouveau Testament tout entier et les synoptiques, non moins que Jean, répondent : Du sein de sa gloire éternelle. (Jean 17.5)
Le but de sa venue nous est révélé dans cette double action, que Jésus a accomplie avec une tendre charité par sa vie et par sa mort : chercher et sauver ce qui est perdu. Les deux actes correspondent aux deux sens du mot perdu. (Luc 15.6,24)
Cette révélation, consolante pour tout pécheur, dut l'être particulièrement pour Zachée, en ce moment solennel de sa vie, comme elle le devint plus tard pour Saul de Tarse, qui aimait à la rappeler. (1Timothée 1.15)
St cette déclaration a été prononcée par le Sauveur dans la circonstance où Matthieu la rapporte, (Matthieu 18.11, voir la note) c'était la seconde fois qu'il la faisait entendre.
Dans ce dernier voyage vers JĂ©rusalem, JĂ©sus fut constamment suivi par de grandes foules, (Luc 19.3Â ; 18.36) dont l'attente s'exaltait toujours plus Ă mesure qu'il approchait de la ville. (versets 36-38)
C'est que les disciples de Jésus, avec les idées fausses qu'ils se faisaient encore sur la nature de son royaume, pensaient que ce royaume allait paraître, s'établir à l'instant, dès que Jésus aurait fait son entrée à Jérusalem. Jésus prononce la parabole suivante pour combattre cette erreur. Il ne viendra dans son règne et n'établira sa domination sur ses ennemis qu'après une absence prolongée, pendant laquelle ses serviteurs devront faire valoir, par un travail fidèlement accompli, les biens qu'il leur confie.
- Cette parabole a divers traits de ressemblance avec celle des talents, prononcée par le Sauveur dans une autre occasion, mais elle en diffère profondément à plusieurs égards. (Voir Matthieu 25.14, note.)
La maison des Hérode n'exerçait la royauté que sous la dépendance des Romains. Chaque prince de cette famille devait, avant de prendre le gouvernement de ses Etats, s'en aller à Rome pour y chercher la confirmation impériale. C'est ce que Jésus appelle être investi de la royauté.
Il arrivait alors que les Juifs, mécontents d'un prince, envoyaient après lui des délégués qui devaient, en l'accusant auprès de l'empereur, empêcher son élévation à la souveraineté. Ils combattirent de la sorte l'avènement d'Archélaus, (Matthieu 2.22) ainsi que nous l'apprend Josèphe. (Antiq. XVII, 11, 1.)
Jésus se représente lui-même dans la position d'un de ces princes ; il ne doit point prendre immédiatement possession de son royaume, (verset 11) mais s'en aller auparavant auprès de son Père, où son autorité sera confirmée. Les Juifs agiront envers lui comme ils agissaient envers un prince qu'ils n'aimaient pas. (verset 14) Mais il a aussi des serviteurs fidèles, auxquels il confie les moyens de travailler à l'établissement de son règne. (verset 13)
Le maître donne à ses dix serviteurs dix mines, c'est-à -dire à chacun une. (verset 16)
Dans la parabole des talents, où des valeurs diverses sont confiées aux serviteurs, selon leurs capacités, il s'agit des dons naturels, qui sont en effet très divers, tandis que dans notre parabole la mine représente pour chacun la tâche qu'il doit remplir, quelle qu'elle soit.
- La mine grecque valait environ cent francs, somme minime en comparaison du talent.
L'intention de Jésus est précisément de montrer qu'une grande récompense sera accordée à la fidélité dans un travail de peu de valeur en soi (v 17.)
Faites-les valoir, ou, proprement : faites des affaires, du négoce, ce qui a pour but d'augmenter la valeur de l'argent confié ; image de la fidélité et du travail par lesquels grandissent nos capacités pour l'avancement du règne de Dieu.
La leçon la plus autorisée (Sin., A, B, D) peut se traduire : pendant que je vais, ou que je suis en voyage. Mais même en adoptant ce texte, il est préférable de conserver la traduction ordinaire.
Ils le haïssaient à cause de la vérité qu'il leur annonçait.
Avec quelle tristesse Jésus dut prononcer cette parole ! Il y a quelque chose de méprisant dans le mot celui-ci, et de très résolu dans le terme : nous ne voulons pas qu'il règne sur nous !
La vraie cause de la révolte de l'homme pécheur, c'est que le Seigneur veut régner sur lui.
Cette tournure réunit les deux questions : Lequel a gagné quelque chose ? et : qu'at-il gagné ?
- Sin., B, D portent : ce qu'ils l'avaient fait valoir, mais Tischendorf lui-même conserve la leçon reçue. C'est le moment du grand compte à rendre.
- Après avoir reçu la royauté ; ainsi la révolte de ses concitoyens et toutes les résistances du monde ne sauraient empêcher que le Seigneur ne soit et ne reste le roi souverain. (Psaumes 2.1-6)
Ce n'est donc pas à lui-même que ce serviteur attribue un si beau résultat. (1Corinthiens 15.10)
Avec ces dix mines, il aurait à peine acheté une maison, et le maître lui donne dix villes à gouverner. Telles sont les richesses de la grâce.
Comment faut-il entendre cette récompense quand il s'agit du royaume de Dieu ? Le Seigneur ne le dit pas ; mais il est évident que la position plus élevée et l'activité plus étendue qui est assignée aux serviteurs sont une image de la vie glorieuse et féconde que les enfants de Dieu posséderont dans la maison de leur Père.
Dans la parabole des talents, la récompense est ainsi énoncée : "Bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle en peu de choses, je t'établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton Seigneur." (Matthieu 25.21)
Dans Matthieu, les deux serviteurs reçoivent la même louange et la même récompense, bien que les résultats de leur travail soient différents.
C'est une autre face de la même vérité. Le don immense de la vie éternelle fait disparaître les diversités.
Il n'y a entre les deux paraboles que quelques légères différences.
Dans Matthieu, le serviteur infidèle cache l'argent de son maître dans la terre ; ici, il l'a gardé dans un linge.
L'expression de Luc : tu prends ce que ta n'as point déposé, est plus rude encore que celle de Matthieu.
La principale divergence résulte du fait que dans la parabole de Luc tous les serviteurs reçoivent la même somme à faire valoir et que dès lors il est difficile de comprendre le reproche que le mauvais serviteur fait à son maître : tu prends ce que tu n'as pas déposé. (verset 21)
Cette plainte s'explique mieux dans la parabole de Matthieu : l'unique talent qu'il avait reçu pouvait lui paraître comme rien en comparaison des multiples talents confiés aux autres.
Aussi a-t-on diversement interprété la raison qu'il allègue chez Luc. D'après les uns, il voudrait dire : tu t'appropries le fruit du travail de tes serviteurs, sans les faire participer au bénéfice. D'après d'autres (Meyer, Weiss) : Si j'avais perdu la mine, tu te serais dédommagé en en reprenant la valeur sur mon avoir. M. Godet pense qu'il faut envisager cette expression comme une formule proverbiale qui serait à désigner un maître exigeant à l'excès.
- Le Seigneur continue son discours, sans avoir l'air de répondre à l'objection du verset 25, et pourtant il la réfute par un principe plein de profondeur. (Matthieu 25.29, note)
- Il y a donc, dans cette parabole, deux actions parallèles : l'une qui se passe entre un souverain et des sujets révoltés, l'autre qui a lieu entre le maître et ses serviteurs dont il éprouve la fidélité.
L'heure était décisive. Jésus se met en marche, à la tête d'un cortège qui grandit à chaque instant ; (verset 37) et par ce mot : il allait devant eux (d'autres traduisent : il allait en avant), Luc marque la courageuse détermination avec laquelle le Sauveur se met en marche, sachant très bien tout ce qui l'attend à Jérusalem, car il l'a annoncé plus d'une fois. (Luc 18.31 et suivants)
Aussi Marc (Marc 10.32) nous dit-il que les disciples en étaient effrayés, saisis de crainte.
Les premiers jours de la semaine.
L'entrée de Jésus à Jérusalem.
29 à 48 L'entrée à Jérusalem et la purification du temple.
Voir, sur ce récit, (versets 29-38)
Et Matthieu 21.1-9Â ; Marc 11.1-10, notes.
Marc et Luc ne rappellent pas ici la prophétie de Zacharie que Matthieu (Matthieu 21.4,5) cite pour ses lecteurs juifs.
De là , on voit Jérusalem se déployant sur la montagne opposée, au delà de la vallée du Cédron, avec ses tours, ses palais et son temple.
C'est à cette vue que toute la multitude des disciples, pénétrée d'une joyeuse attente, se met à louer Dieu à haute voix.
Pour la plupart, la cause de cette joie, c'étaient les miracles qu'ils avaient vus, et tout spécialement le miracle de la résurrection de Lazare, qui avait eu lieu peu de temps auparavant.
Selon le récit de Jean, (Jean 12.9 et suivants) Jésus venait de passer à Béthanie, où la foule avait pu voir Lazare vivant.
Au lieu de : "Hosanna dans les lieux très hauts," Luc, écrivant pour des étrangers qui ne comprenaient pas l'hébreu, dit : Paix dans le ciel, où l'œuvre du Sauveur allait en effet rétablir la paix entre Dieu et les hommes (Ephésiens 1.10, note ; Colossiens 1.20) ; et encore : Gloire dans les lieux très hauts, car, par la rédemption du monde, Dieu allait être glorifié, toutes ses perfections manifestées.
Sans doute, les espérances des disciples devaient s'accomplir tout autrement qu'ils ne s'y attendaient ; les pieux sentiments qu'ils exprimaient dans leur saint enthousiasme étaient plus conformes à la vérité que les idées qu'ils se faisaient de l'avenir n'étaient exactes.
Mais Matthieu (Matthieu 21.15,16) mentionne, après l'entrée de Jésus à Jérusalem, un semblable mouvement d'indignation parmi les pharisiens.
Ici, quelques-uns de ces hommes, orgueilleux de leur position et jaloux de leur influence sur le peuple, se montrent irrités des acclamations et des louanges dont Jésus est l'objet, et ils lui demandent de reprendre ses disciples, afin de leur imposer silence.
Quelle note discordante au sein de ce joyeux concert ! La réponse de Jésus est revêtue d'une image proverbiale qui signifie : Il est désormais impossible de comprimer cet élan de louanges, de reconnaissance et d'amour, qui s'élèvera de la terre au ciel.
Ce contraste entre la pierre et l'homme se retrouve dans une autre application, Luc 3.8. (Comparer Habakuk 2.11)
Les paroles qu'il prononce nous disent la cause de ses larmes. Mais ces larmes mêmes nous révèlent, mieux encore que ses paroles, à la fois la tendre compassion du Sauveur, son amour pour son peuple dont il prévoit la ruine, et la certitude des jugements de Dieu que ce peuple va attirer sur lui par son endurcissement.
Plus tard, au sein mĂŞme de la ville coupable, JĂ©sus Ă©prouva encore cette profonde et douloureuse Ă©motion. (Matthieu 23.37)
Chacun des mots qu'il y accumule a sa signification profonde : Si tu avais connu ! C'est donc par ignorance que le peuple juif va rejeter son Sauveur et combler par ce crime la mesure de ses péchés ; (comparez Luc 23.34 ; Actes 3.17 ; 1Corinthiens 2.8) mais cette ignorance était volontaire : "Vous ne l'avez pas voulu !" (Matthieu 23.37)
Toi aussi, comme mes disciples, ces âmes droites et simples qui se sont ouvertes à la foi.
Au moins dans ce jour qui est à toi, ou, comme traduisent littéralement nos vieilles versions, au moins dans cette tienne journée : ce jour suprême où Jésus faisait son entrée à Jérusalem offrait une dernière occasion au peuple et à ses chefs de venir se jeter, repentants, aux pieds de Jésus !
JĂ©sus appelle (verset 44) ce jour "le temps de ta visitation."
Il y a dans le développement des peuples comme des individus des moments qui, mis à profit ou négligés, déterminent leur destinée pour longtemps, peut-être pour toujours ; ce sont des temps de crise, de décision pour le bien ou pour le mal. (Comparer Hébreux 3.7,13,15)
"La présence de Jésus provoqua une lutte entre un petit nombre d'âmes bien disposées et la masse corrompue du peuple. Tandis que celles-là s'ouvrirent à son influence et trouvèrent en lui la lumière et la vie, celle-ci n'en reçut que l'anéantissement de ses vaines espérances et de ses visées égoïstes." 0lshausen.
- Les choses qui regardent ta paix. Ces choses d'une si immense importance, c'était la vérité, le pardon, le salut que Jésus offrait à tous. S'ils l'avaient reçu avec foi, tous auraient trouvé en lui la paix et la prospérité. Le mot hébreu qu'employait le Sauveur a les deux significations.
Le verbe sont cachées indique un fait accompli ; et cependant Jésus allait encore prêcher à Jérusalem durant toute une semaine, et ses apôtres après lui pendant quarante ans ; mais, pour le grand nombre, la mesure des iniquités était comblée, le temps de la grâce, de la visitation, (verset 44) était passé.
"En voyant, ils ne verront point ; en entendant, ils n'entendront point." Ces redoutables paroles n'excluaient point du salut les Israélites qui, individuellement, croiraient au Sauveur. (Romains 11.1-5)
Puis les divers traits de la prédiction se succèdent, liés les uns aux autres par le mot et, cinq fois répété.
- Un retranchement, autour d'une ville assiégée, était une sorte de rempart en palissade, élevé par l'ennemi, afin de réduire la ville par la famine.
L'historien Josèphe raconte que les Romains élevèrent un tel retranchement autour de Jérusalem, d'abord en bois puis en pierre, quand le premier eut été brûlé par les Juifs.
On peut aussi traduire : ils te briseront contre le sol ; les Septante ont employé ce verbe dans Psaumes 137.9, et l'on pourrait voir dans notre prophétie une réminiscence de ce passage.
- Toi et tes enfants, c'est-à -dire tous les habitants de Jérusalem ; il ne s'agit point des enfants par opposition aux adultes. La cause de ces malheurs est clairement indiquée par le Sauveur à la fin de sa prédiction.
Le temps de ta visitation est un hébraïsme bien connu. Dieu visite une ville, un peuple, une âme, quand il s'en approche et leur parle, soit par sa parole et son Esprit, soit par de grandes épreuves ou de grandes bénédictions.
- Toute cette prophétie fut accomplie à la lettre, au milieu de calamités inouïes, quarante ans après, lors de la destruction de Jérusalem par les Romains.
Certains critiques ont prétendu que la prophétie que Luc attribue à Jésus avait été écrite après l'événement. Ils se fondent sur la ressemblance qu'elle présente avec le récit de Josèphe. C'est oublier que cette prédiction s'en tient à des traits généraux qui se reproduisaient au siège de chaque ville. Un passage d'Esaïe, (Esaïe 29.3) annonçant le siège de Jérusalem par les Assyriens, renferme, dans la version des Septante, des expressions identiques à celles de notre texte.
Le texte reçu ajoute : ceux qui vendaient en lui (dans le temple) et ceux qui achetaient. Les mots soulignés paraissent inauthentiques.
Grec : les premiers du peuple.
Luc unit ainsi l'aristocratie juive aux sacrificateurs et aux scribes, qui avaient déjà décrété la mort de Jésus et qui cherchaient les moyens de mettre à exécution leur dessein. (Marc 11.18 ; Matthieu 26.3,4)
Jésus était tellement entouré de la multitude, avide de l'entendre et impressionnée par ses enseignements, que les chefs du peuple, craignant une émeute, n'osaient rien entreprendre contre lui.
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