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La résurrection constatée
Chapitre 24.
1 à 12 La visite des femmes et celle de Pierre au sépulcre.
Le premier verset de Luc 24 est intimement lié avec le dernier du chapitre précédent.
Le mais oppose au repos des femmes pendant le sabbat l'activité qu'elles déploient le premier jour de la semaine. Elles ne doutaient pas qu'elles n'eussent encore à faire usage de leurs aromates pour embaumer le corps du Sauveur. L'idée de sa résurrection ne les avait pas abordées. Il en sera de même de tous les disciples ; et ce fait n'est pas l'un des moins propres à démontrer la réalité historique de la résurrection de Jésus.
- Le texte reçu avec A, D et plusieurs majuscules ajoute à notre verset ces mots : et quelques-unes (femmes) avec elles, qui ont été transcrits ici du verset 10. Ces femmes étaient Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, (Luc 24.10 ; Matthieu 28.1) auxquelles Marc (Marc 16.1) ajoute Salomé ; et Luc (verset 10) nomme encore Jeanne, femme de Chuza, intendant d'Hérode. (Luc 8.3)
- Quelles que soient les différences de détail que présentent les évangiles dans l'histoire de la résurrection, ils sont tous en pleine harmonie dans le récit de ces trois faits principaux :
1° Les femmes viennent au sépulcre et le trouvent ouvert et vide.
2° Elles voient une apparition d'anges qui leur annoncent que Jésus est ressuscité, et que ses disciples le verront en Galilée.
3° Les femmes s'empressent d'aller annoncer aux disciples ce qu'elles ont vu et entendu.
- Quant aux apparitions de Jésus aux disciples, il s'était formé dans la tradition apostolique deux courants, qui se reflètent dans les évangiles : l'un (Matthieu et Marc) se bornant à l'entrevue solennelle en Galilée ; l'autre (Luc) rapportant en détail les apparitions de Jésus à Jérusalem et dans les environs le jour même de sa résurrection. A quoi il faut ajouter que Jean raconte des apparitions en Judée (Jean 20.26 et suivants) et en Galilée (Jean 21) que les synoptiques ne mentionnent pas.
Matthieu seul raconte qu'à l'apparition de l'ange il s'était fait un tremblement de terre, et qu'ainsi la pierre avait été roulée.
L'expression : deux hommes montre que l'éclat de leur apparition n'empêchait pas de reconnaître la forme humaine dont ces êtres célestes étaient revêtus. (Comparer Actes 1.10)
Le verbe que nous traduisons par : se présentèrent indique une apparition subite. Luc et Jean mentionnent deux anges ; Matthieu et Marc un seul, celui qui adressa la parole aux femmes.
Ces différences que les évangiles présentent se conçoivent très bien : dans l'émotion qu'éprouvèrent ces femmes au sein de cette lumière qui resplendit tout à coup autour d'elles, les unes virent deux anges, les autres un seul. "Froids chercheurs de contradictions, s'écrie Lessing, ne voyezvous pas que les évangélistes ne comptent pas les anges ?"
Ce qui est digne de remarque, c'est que les anges du ciel furent les premiers hérauts du Prince de la vie brisant les liens de la mort, comme ils avaient été les premiers à annoncer sa naissance. (Luc 2.13)
Toujours et de mille manières, la foi obscurcie cherche le vivant parmi les morts. Luc seul a conservé cette parole saisissante et profonde.
D'après ces deux évangélistes, l'ange invita encore les femmes à voir le tombeau et à s'assurer qu'il était vide.
Ces prédictions réitérées de Jésus, que les disciples eux-mêmes n'avaient pas voulu comprendre, avaient fait si peu d'impression sur leur esprit, qu'ils ne s'attendaient ni à la mort ni à la résurrection de leur Maître. Les leur rappeler était un moyen efficace de relever leur foi abattue. Aussi les femmes s'empressèrent-elles de leur porter ce message des anges. (verset 9)
- Dans la parole citée par l'ange, Jésus est désigné par ce nom de fils de l'homme, qu'il aimait à se donner ; mais après sa résurrection, il ne se nomme plus ainsi. (versets 26,44)
Tous les autres, c'étaient les disciples de Jésus qui s'étaient joints à la société des onze et qui se tenaient auprès d'eux dans ces jours d'affliction et de deuil. (versets 22-24)
Voir, sur Marie-Madeleine et Marie, mère de Jacques, Matthieu 27.56, note, et sur Jeanne, femme de Chuza, Luc 8.3, note.
Il faudra Ă ces hommes des preuves bien Ă©videntes pour les amener Ă la foi. JĂ©sus condescendit Ă les leur donner. (verset 38 et suivants)
Comparer Jean 20.6-9, qui raconte ce trait d'une manière plus complète.
Le verset verset 12 manque dans D, dans quelques copies de l'Itala et dans une des versions syriaques. Les critiques modernes l'omettent comme une glose empruntée au récit de Jean. Mais, dans ce cas, on se demande pourquoi il n'est pas fait mention de l'autre disciple. (Jean 20.3)
La suite du récit de Luc (verset 24) confirme l'authenticité de notre verset. Il a du reste pour lui le témoignage unanime des manuscrits, des versions anciennes et des Pères, sauf les quelques exceptions indiquées. Sin., B omettent : à terre (grec couchés) ; Sin., A omettent : seuls.
Il l'ouvre par ce mot : Et voici, qui fait attendre quelque chose d'extraordinaire.
Ce jour-là même, jour de la résurrection de Jésus.
Emmaüs était suivant notre évangéliste éloigné de Jérusalem de soixante stades, environ onze kilomètres. On est réduit a des hypothèses sur l'emplacement de ce bourg. Plusieurs localités portaient le nom d'Emmaüs, qui signifie "bains chauds." La tradition catholique, qui remonte à Eusèbe et à Jérôme, voit notre Emmaüs dans la ville de Nicopolis, aujourd'hui Amwàs dans la plaine de Saron. Mais Nicopolis n'était pas un bourg, et la distance qui le sépare de Jérusalem est de cent soixante-dix stades.
L'identification ne serait possible que si l'on admet la var. de Sin. qui porte cent soixante stades.
Mais se figure-t-on les deux disciples franchissant plus de trente kilomètres pour rentrer dans la soirée à Jérusalem et y trouver encore les onze assemblés ? On a donc cherché Emmaüs plus près de Jérusalem.
Les uns s'arrêtent à Kolonieh, sur la route de Jérusalem à Jaffa, qui parait être l'endroit où, d'après Josèphe (Guerre des Juifs, VII, 6, 6), Titus établit une colonie des vétérans de son armée. Il faudrait en ce cas admettre une erreur dans l'indication de Luc, car Kolonieh n'est guère qu'à quarante-cinq stades de Jérusalem.
C'est pourquoi d'autres placent Emmaüs plus loin au nord-ouest a Koubeibeh, ou à Hamotsa, à moitié chemin entre Koubeibeh et Kolonieh.
D'autres enfin, considérant que notre récit n'indique pas qu'Emmaüs fût à l'occident de Jérusalem, ont cru le trouver au sud de Bethléhem, dans un lieu appelé Ourtsa, où l'on a retrouvé des restes d'anciens bains.
Les deux d'entre eux qui s'y rendaient, et qui peut-ĂŞtre y avaient leur demeure, Ă©taient des disciples de JĂ©sus, mais non des apĂ´tres. (verset 33)
L'un s'appelait Cléopas. (verset 18) Il ne doit pas être confondu avec Clôpas, (Jean 19.25) qui est une transcription du nom hébreu Alphée, tandis que Cléopas parait être l'abrégé de Cléopatras (Luc 6.15 ; Actes 1.13)
Le fait que ces deux disciples s'éloignaient de Jérusalem, dans un tel moment, montre qu'ils n'avaient plus aucune espérance de revoir Jésus ; (verset 21) mais du moins cherchaient-ils quelque consolation dans leurs entretiens et dans l'évocation de leurs souvenirs communs. (verset 14)
Ces événements, ils s'en entretenaient et les discutaient, cherchant à se rendre compte de leurs causes et de leurs conséquences.
On peut expliquer ce phénomène par des causes naturelles, comme le font plusieurs interprètes.
Les disciples ne croyaient pas à la résurrection de Jésus. La pensée de le reconnaître dans cet étranger ne leur venait donc pas. D'autre part, un notable changement avait dû s'opérer dans la personne de Jésus, soit par ses souffrances et sa mort, soit par sa résurrection : même ses disciples les plus intimes hésitent à le reconnaître quand il les aborde. (Luc 24.37 ; Jean 20.14,15 ; 21.4)
Si l'on s'en tient à cette explication, il faut voir de même dans le terme du verset 31 : leurs yeux furent ouverts, la seule mention du fait qu'ils reconnurent Jésus à la manière dont, prenant à table le rôle de père de famille, il prononça la bénédiction, rompit le pain et le leur donna, exactement comme il avait coutume de le faire dans les repas qu'il avait précédemment partagés avec eux.
Cette interprétation n'est point inadmissible. Mais est-il probable que, si telle était la pensée de l'historien, il se fût servi de ces termes si peu usités : leurs yeux étaient retenus, leurs yeux furent ouverts ?
On est bien plutôt conduit à penser que Luc a eu l'intention d'indiquer par ces mots une action divine. Jésus avait voulu rester d'abord inconnu aux disciples, afin de les instruire et de les persuader par les Ecritures avant de les convaincre par une manifestation extérieure propre à frapper leurs sens. Leur impression fut ainsi fort différente. (verset 32)
Sin., B et A (dans une de ses leçons) ont : et ils s'arrêtèrent tout tristes.
Le mot que nous traduisons par séjourner renferme aussi l'idée d'être là comme étranger. (Hébreux 11.9) Les disciples supposent que ce voyageur est un des nombreux étrangers venus à Jérusalem pour la fête de Pâque.
Et il l'était non seulement dans l'estimation de tout le peuple, mais devant Dieu qui lui rendait témoignage.
- Condamné à mort, crucifié, quel contraste tragique avec les termes qui désignent Jésus au verset 19 ! C'est là ce qui pèse sur le cœur des disciples et les rend si tristes.
Ce verbe à l'imparfait montre que toutes leurs espérances se sont évanouies. On voit par là ce que seraient devenus tous les disciples, si Jésus n'était pas ressuscité ! (1Corinthiens 15.14-19)
Les mots : mais avec tout cela signifient : malgré tout ce qu'était Jésus, (verset 19) et malgré toutes nos espérances.
- Le troisième jour : nouveau motif de doute et de tristesse ; serait-ce un vague souvenir de la prédiction de Jésus qu'il ressusciterait le troisième jour ?
Ces femmes, disentils, nous ont (grec) mis hors de nous-mêmes car elles disent que des anges disent qu'il est vivant !
On voit dans ces répétitions l'expression amère du doute : ils ne veulent pas se reprendre à l'espérance. (Voir la note suivante.)
Telle est l'action corrosive du doute ; il infirme et annule deux témoignages qui auraient dû suffire pour ranimer toutes les espérances des deux disciples. De là le reproche sévère et si bien mérité qui va suivre.
- Les mots : quelques-uns des nôtres prouvent que, dans leur pensée, Pierre n'était pas seul, bien que notre évangéliste (verset 12) n'ait pas nommé Jean. (Jean 20.3 et suivants)
Mais cet obscurcissement de l'intelligence a une cause morale, dans le cœur. Le cœur, siège des affections et de la volonté, est tardif à croire, à se confier, à s'abandonner à la vérité divine.
Ailleurs encore, JĂ©sus rapproche ces deux causes du manque de foi. (Marc 6.52,8.17)
Il le fallait, parce que Dieu l'avait ainsi arrêté. (versets 25-27,44,46)
L'homme ne pouvait être sauvé que par ces souffrances et par cette mort. L'amour éternel de Dieu, qui voulait le salut de l'homme, a voulu aussi l'immense dévouement du Sauveur, indispensable a l'accomplissement de ce salut.
Luc ne nous dit pas quelles furent les parties des Ecritures que Jésus exposa. Il serait facile de suppléer à son silence, et on l'a souvent essayé.
Ainsi, il est très remarquable que telles parties des Ecritures, le Psaume Psaumes 22, Esaïe Esaïe 53, par exemple, après avoir commencé par un tableau saisissant des souffrances du Messie, se terminent par une description sublime de son triomphe et de sa gloire.
Mais il est probable qu'au lieu de détacher certains passages particuliers, le Sauveur fit comprendre aux disciples que tout, dans Moïse, dans la loi, dans les institutions du culte, surtout dans les sacrifices, était une prédiction symbolique et une préparation à son œuvre ; et que tout, dans les prophètes, dans leurs prédications de la volonté de Dieu, dans les promesses divines dont ils étaient les organes, avait un rapport direct à la rédemption de son peuple par le Libérateur qui lui était promis.
A mesure que les disciples acquièrent l'intelligence des Ecritures, ils sentent les obscurités de leur cœur faire place à la lumière, à leur doute succéder la confiance et, avant même d'avoir reconnu Jésus, ils lui appartiennent tout entiers. (versets 29,32)
VoilĂ l'action que JĂ©sus voulait exercer sur leur esprit, au lieu de s'offrir brusquement Ă leur vue. (Comparer verset 16, note.)
Déjà se lit dans Sin., B, l'Itala. Il est omis dans les autres documents et dans le texte reçu.
Sans doute, les disciples voulaient exercer l'hospitalité envers cet étranger qui leur avait fait tant de bien.
Mais le motif qu'ils invoquent est remarquable : le jour qui est sur son déclin est une image de la tristesse qui règne dans leur âme ; ils sentent, sans s'en rendre compte, qu'ils ont avec eux le Soleil de justice ; s'il les abandonne, ils craignent de retomber dans les angoisses d'où ils commencent à sortir.
Ce terme est souvent employé pour indiquer la guérison d'un aveugle ; (Matthieu 9.30 ; 20.33 ; Jean 9.10) il est pris ici dans un sens moral.
Les disciples reconnurent le Maître au geste qui lui était familier. (verset 35)
- Les termes par lesquels Luc décrit ce repas rappellent ceux de l'institution de la cène. Depuis les Pères de l'Eglise, on a discuté la question de savoir s'il faut voir ici une célébration de la cène. Formellement, non ; mais, comme l'âme des disciples était certainement en communion avec Jésus, où est la différence ?
Grec : il devint invisible loin d'eux, c'est-à -dire que, par une action surnaturelle, il disparut à leurs yeux.
Divers autres faits indiquent un grand changement qui s'était opéré dans la personne de Jésus. Il était déjà en voie de glorification et affranchi des lois qui régissent les corps. (Luc 24.36 ; Jean 20.19,26)
Les disciples purent pressentir par là que désormais ils ne le posséderaient plus avec eux comme auparavant, mais qu'ils devaient s'habituer à une communion invisible et spirituelle avec lui. (Voir Jean 14 et suivants)
Un cœur brûlant, expression énergique de l'émotion que les paroles du Sauveur avaient laissée en eux. Maintenant ils n'ont plus aucun doute sur sa résurrection. (verset 35) Une expérience si intime ne peut avoir été racontée que par ceux qui l'avaient faite.
Quand il nous expliquait (grec nous ouvrait) les Ecritures : ces Ecritures étaient jusqu'alors fermées pour eux, la parole et l'Esprit de Jésus les leur avaient ouvertes.
"Ils ne craignent plus maintenant ce voyage nocturne dont ils avaient dissuadé leur compagnon inconnu." (verset 29) Bengel.
Les onze, c'est ainsi qu'on désignait les apôtres après la chute de Judas. Luc emploie ce terme bien compris de tous quoique, en réalité, ils ne fussent alors que dix, Thomas étant absent. (Jean 20.24) Mais les apôtres n'étaient pas seuls. D'autres disciples de Jésus étaient avec eux.
Les disciples en donnent pour preuve une apparition de JĂ©sus Ă Simon (Pierre).
Ce fait, d'une si grande importance, confirmé par la tradition apostolique, (1Corinthiens 15.5) Luc le connaissait, quoiqu'il ne le consigne pas dans son récit de la résurrection, pas plus qu'il ne rapporte l'apparition de Jésus aux femmes, (Matthieu 28.9) à Marie-Madeleine, (Jean 20.14) aux cinq cents frères en Galilée et à Jacques. (1Corinthiens 15.6,7)
La manifestation de Jésus à Pierre était une preuve de sa tendre miséricorde envers ce pauvre disciple qui, dans ses amers regrets, devait éprouver un si pressant besoin de revoir son Maître et d'entendre de sa bouche une parole de pardon. (Comparer Marc 16.7, notes.)
Le terme de l'original comporte quelque chose d'extraordinaire, de surnaturel. (Comparer verset 31, note ; Jean 20.19,26)
C'est ce qui explique l'impression produite (verset 37) sur ces mêmes hommes qui venaient d'exprimer (verset 34) leur joyeuse assurance de la résurrection du Seigneur.
Cette apparition de Jésus-Christ à tous les disciples assemblés est la même que Jean a rapportée Jean 20.19 et suivants
Les mots : et leur dit : La paix soit avec vous ! manquent dans D seul et dans l'Itala.
Tischendorf et la plupart des critiques et des exégètes les omettent comme suspects d'avoir été empruntés à Jean 20.19.
Enfin, (verset 40) il leur montre ses mains et ses pieds, dans lesquels ils pouvaient voir les cicatrices laissées par les clous de la croix.
Ce verset 40 manque dans D et l'ltala, et la plupart des critiques le regardent comme une interpolation très ancienne, tirée de Jean 20.20.
Il est vrai que, dans Jean, Jésus leur montre "ses mains et son côté," mais, comme le dit M. Godet, "le verset précédent de Luc, où il est parlé des pieds, a pu influer sur la forme de la phrase interpolée."
Cette mention des pieds (verset 39) suppose que non seulement les mains, mais les pieds du Sauveur avaient été cloués à la croix. C'est là un point encore discuté par les savants (voir le Commentaire de M. Godet sur saint Luc 3e édit., p. 523 et suivants, et dans un sens opposé, Meyer, sur Matthieu 27.35), mais sur lequel, indépendamment d'autres preuves historiques, ce passage de Luc ne peut guère laisser de doute.
Pour leur donner une nouvelle preuve, Jésus demande des aliments, dont il mange en leur présence.
- Le texte reçu ajoute : et d'un rayon de miel ; l'authenticité de ces mots qui manquent dans Sin., B, A, D est douteuse.
Jésus leur rappelle les nombreuses prédictions qu'il leur avait faites de sa mort et de sa résurrection. (Luc 9.22 ; 18.31-33 ; 22.37 ; et ailleurs.)
Lorsque j'étais encore avec vous : Jésus ne se considère plus maintenant comme étant avec ses disciples ; ses anciennes relations avec eux ne seront pas reprises, elles seront remplacées par une communion spirituelle.
Voir sur ce mot : il fallait, verset 26, note, et sur l'accomplissement des Ecritures, verset 27, note.
Les Juifs divisent encore aujourd'hui l'Ancien Testament en trois parties : la loi, les prophètes et les hagiographes. On peut se demander si les Psaumes représentent ici ce dernier recueil ou sont cités pour eux-mêmes.
Il ressort de ces paroles que c'est sur l'autorité de leur Maître que les apôtres, dans tous leurs écrits, lui font l'application des prophéties de l'Ancien Testament.
Ils devront prêcher en son nom (sur son autorité) la repentance et la rémission (Sin., B portent : la repentance pour la rémission) des péchés.
(Voir, sur ce terme de repentance, Matthieu 3.2, note.)
C'est là au fond tout l'Evangile dans son application à l'homme pécheur et perdu ; et cet Evangile devra être annoncé à toutes les nations, (comparez Matthieu 24.14 ; 28.19) en commençant par Jérusalem, la ville coupable, car ce point de départ et cette extension du règne de Dieu étaient annoncés aussi dans les Ecritures. (Psaumes 110.2 ; Esaïe 2.3 ; comparez Actes 1.8)
De là ce contraste frappant : vous...et moi...
B, A, C, et la plupart des majuscules portent : et voici moi...Ce mot manque dans Sin., D, l'ltala.
Le texte reçu porte : dans la ville de Jérusalem. Ce nom manque dans Sin., B, C, D, Itala.
Dès le verset suivant, Luc raconte l'ascension de Jésus. On a prétendu que Luc en écrivant son évangile croyait que cet événement avait eu lieu le jour même de la résurrection mais que plus tard, quand il rédigea le livre des Actes, il avait eu connaissance d'une autre tradition, d'après laquelle Jésus était demeuré avec ses disciples pendant quarante jours après la résurrection (Actes 1.3)
Est-il probable qu'un historien aussi consciencieux que Luc eût négligé, au commencement de son second ouvrage, de rectifier l'erreur qu'il aurait commise à la fin du premier ? Cette correction eût été d'autant plus indiquée que l'auteur s'en réfère à son premier écrit (Actes 1.1,2) et reprend sa narration au point où il l'avait laissée.
N'est-il pas plus naturel d'admettre que notre évangéliste, après avoir raconté l'apparition de Jésus à tous les disciples, (verset 36) résume, sans prétendre les rapporter à leur place chronologique, plusieurs de ses dernières instructions, (versets 44-49) se réservant de reprendre plus tard son récit à la résurrection de Jésus, (Actes 1.3) et de marquer alors nettement l'intervalle de quarante jours qui sépara celle-ci de l'ascension ?
On lit, en effet, dans le livre des Actes, que c'est au terme des quarante jours, quand Jésus assembla ses disciples pour les rendre témoins de son ascension, qu'il leur adressa la plupart des instructions par lesquelles Luc termine le discours ici rapporté ; c'est à ce moment qu'il leur donna l'ordre de ne point quitter Jérusalem, leur fit la promesse du Saint-Esprit, (Actes 1.4,5) leur confia la mission d'être ses témoins, à Jérusalem d'abord et ensuite parmi toutes les nations. (verset 8)
Jusque vers Béthanie, suivant la leçon de Sin., B, C.
Le texte reçu porte : jusqu'à Béthanie.
Jésus conduisit ses disciples jusque sur le mont des Oliviers, qu'il fallait traverser pour aller à Béthanie, située sur le versant oriental de la montagne. (Comparer Actes 1.12) C'est là qu'il s'arrêta, donna à ses disciples sa dernière bénédiction et se sépara d'eux. (verset 51)
Voir, sur la sommité de la montagne où eut lieu probablement l'ascension, le Voyage en Terre-Sainte de M. F. Bovet, p. 202, 7e édition.
Le texte reçu ajoute : et il était élevé en haut vers le ciel.
Sin., D et quelques exemplaires de l'Itala omettent ces mots, qui sont probablement une interpolation tirée de Marc 16.19 ou de Actes 1.9.
Mais, comme le remarque Tischendorf, ils se rattachent étroitement à la phrase inauthentique du verset précédent. Leur adjonction s'explique mieux que leur omission.
La conviction que leur Maître venait de rentrer dans la gloire divine cause cette grande joie des disciples. Celle-ci a succédé à la profonde tristesse qu'ils éprouvaient à la seule pensée d'une séparation d'avec leur Maître.
- Ici encore, les critiques préfèrent la leçon de D et de l'Itala : louant ; car ce terme, comme le remarque M. Godet, "est un terme favori de Luc."
Sin. ; B, C lui ont substitué : bénissant. Le texte reçu, avec A, majuscules, combine les deux leçons : louant et bénissant.
Le texte reçu porte comme dernier mot de l'évangile : Amen.
Cette adjonction, qui provient de l'usage liturgique, manque dans Sin., C, D, l'Itala.
- On a prétendu que l'ascension de Jésus n'est rapportée que par Luc, Marc 16.19 étant tiré de Luc. Matthieu et Jean gardent le silence sur ce fait. Ce n'est là qu'une apparence : dans saint Jean, Jésus parle à diverses reprises de "remonter où il était auparavant" (Jean 6.62 ; comparez Luc 17.5 ; 20.17 ; 13.1),et, dans Matthieu, chacune des prédictions du retour de Christ pour le jugement du monde suppose son ascension. (Matthieu 13.30,41 ; 24.30 ; 25.31, etc.)
Les apôtres proclament d'une voix unanime la réalité de ce fait. ; (Actes 2.32,33 ; 7.56 ; Ephésiens 4.10 ; 1Timothée 3.16 ; Hébreux 9.11,24 ; 10.12 ; 1Pierre 3.22, et toute l'Apocalypse) et s'ils annoncent aux fidèles leur résurrection et la glorification de leur corps comme l'accomplissement de leurs espérances, c'est en leur montrant le corps glorifié de Christ qui est leur Chef. (1Corinthiens 15.49 ; Philippiens 3.21)
L'ascension de Jésus est le couronnement de sa vie sainte et le complément de sa résurrection, dont elle ne doit pas être séparée.
Par le fait de la résurrection, Jésus est entré en possession d'un corps glorifié, comme le montrent dans notre récit même ses apparitions et ses disparitions soudaines. (versets 15,31,36)
La suprĂŞme entrevue sur le mont des Oliviers se produisit dans les mĂŞmes conditions que celles qui avaient eu lieu pendant les quarante jours.
"Ce dernier départ, dit M. Godet, ne se distingue des précédents que par un mode d'éloignement un peu moins soudain et par la bénédiction que Jésus laisse à ses disciples."
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