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Chapitre 8.
1 à 18 Jésus parcourt la Galilée. Parabole du semeur.
Ensuite ou dans la suite, quelque temps après les événements qui précèdent. (Luc 7.11)
Cette indication peu précise dont on ne peut rien conclure quant à la chronologie, marque pourtant un moment très important dans le ministère de Jésus. Il cesse d'habiter Capernaüm et voyage comme missionnaire, visitant chaque localité, grande ou petite, et (grec) évangélisant le royaume de Dieu. (Comparer Matthieu 3.2, notes.)
Pour les disciples, c'était une école d'évangélisation, où ils recueillaient, sous la direction du Maître, de précieuses expériences en vue de leur œuvre future.
Marie, surnommée Madeleine, parce qu'elle était de Magdala, ville située sur la côte occidentale du lac de Génézareth, au nord de Tibériade, ne doit pas être confondue avec la femme pénitente. (Luc 7.37, note.)
- Il n'y a aucune raison d'admettre, avec plusieurs interprètes anciens et modernes, que ces mots : sept démons, soient une figure qui signifie sept vices. Il semble plutôt que l'évangéliste veut indiquer par là le plus haut degré d'un état de possession (Marc 16.9 ; comparez Luc 11.26) ; mais ce domaine est tellement obscur pour nous, que toutes les explications ne sont que de simples conjectures. (Comparer verset 30 et Marc 5.9, note.)
On peut supposer seulement que le démon n'obtenait un tel empire sur les personnes que si de graves péchés lui en facilitaient les moyens et que son action se manifestait alors par un état maladif.
(Voir, sur les démoniaques, Matthieu 8.28, note.)
Marie-Madeleine avait donc été relevée de cette profonde déchéance physique et morale, et elle en conserva une telle reconnaissance pour son Libérateur, qu'elle se dévoua entièrement à lui et le suivit jusqu'au pied de la croix. (Matthieu 27.56)
Aussi fut-elle la première qui eut le bonheur de le revoir après sa résurrection. (Jean 20.1,11 et suivants)
Chuza, dont la femme suivait JĂ©sus, occupait une charge assez importante Ă la cour d'HĂ©rode Antipas, puisqu'il Ă©tait son intendant.
On a supposé qu'il était ce seigneur de la cour dont Jésus avait guéri le fils et qui avait "cru avec toute sa maison." (Jean 4.53)
On a supposé aussi que la femme de Chuza avait perdu son mari quand elle se mit à suivre Jésus.
Ce sont là des conjectures, qui n'ont en elles-mêmes rien d'inadmissible, mais qui ne se fondent sur aucune donnée des évangiles.
Quant Ă Suzanne et Ă ces plusieurs autres femmes, nous ne savons rien Ă leur sujet.
- Une remarque fort intéressante est ajoutée par l'évangéliste, c'est que ces femmes assistaient de leurs biens Jésus et ses disciples. Il y a dans le grec : les servaient, (comparez Matthieu 27.55 ; Marc 15.41) c'est-à -dire sans doute que, dans les voyages dont parle Luc, (verset 1) elles préparaient leurs repas, prenaient soin de tout ce qui a rapport à la vie matérielle, leur rendaient, en un mot les services dont auraient été capables des femmes et des sœurs.
Et comme Jésus était pauvre et que ses disciples avaient tout quitté pour le suivre, ces femmes employaient leurs biens à les entretenir.
Quelle humilité en Jésus qui, "n'ayant pas un lieu où reposer sa tête," consentait à vivre de la charité de ceux qu'il avait enrichis de biens spirituels !
- Le texte reçu, avec Sin., A, porte : le servaient, rapportant l'assistance de ces femmes à Jésus seul. Mais il est évident que les disciples n'étaient pas exclus de leurs soins, et la leçon : les servaient est de beaucoup la plus autorisée.
Matthieu et Marc décrivent plus exactement que Luc le lieu et la scène de ce grand rassemblement de peuple et de la prédication de Jésus.
Celle-ci eut lieu surtout en parabole. Luc emploie ce mot au singulier parce qu'il n'en rapporte qu'une.
Voir, sur ce mode d'enseignement, Matthieu 13.3, note, et, sur la parabole du semeur qui va suivre, Matthieu 13.1-23, notes, et Marc 4.1-20, notes. Nous ne relèverons que ce qui est particulier à Luc.
Voir, sur ces premiers mots de la parabole, Marc 4.3, note.
Les grains de semence tombés le long du chemin devaient être foulés par les passants.
Luc seul a relevé ce trait, que Jésus n'explique pas ensuite, (verset 12) mais qui n'en est pas moins l'une des causes pour lesquelles cette partie de la semence reste improductive.
Le manque d'humidité, expression particulière à Luc, que Matthieu et Marc remplacent par celle de manque de profondeur, et par celle-ci : n'avoir point de racine. (verset 13)
Ces trois causes de stérilité, qui se complètent, se trouvaient réellement dans la nature du sol.
Selon les trois évangélistes, Jésus ajoute immédiatement à la parabole ce sérieux avertissement ; mais Luc seul remarque qu'il le fait à haute voix : il s'écriait, il élevait la voix
- Dans les récits de Marc et de Luc, Jésus prononce des paroles qui ne répondent point à la question des disciples.
Ceux-ci lui demandaient simplement l'explication de la parabole, (verset 9) explication qu'il leur donne, en effet, plus tard. (verset 11)
Mais Matthieu nous apprend que les disciples lui avaient posé une autre question encore : "Pourquoi leur parles-tu en paraboles ?" C'est à cette première question importante que Jésus répond d'abord : après quoi, revenant à la seconde, il leur indique le sens de la parabole.
N'y a-t-il point dans cette manière irrégulière de s'exprimer : l'intention de faire remonter jusqu'à l'homme la responsabilité de l'action diverse qu'exerce la parole divine ? C'est lui qui consent à être sauvé par elle, ou qui reste volontairement dans la stérilité et la mort.
Il ne faut pas soulever la question dogmatique de savoir si un homme peut, avant d'avoir entendu et reçu la parole divine, porter en lui un cœur honnête et bon.
Les hommes présentent, à des degrés très divers, des dispositions bonnes ou mauvaises à l'égard de la vérité.
D'ailleurs, la bonne terre qui produit du fruit a déjà subi une préparation par le labourage, l'engrais, etc. avant les semailles.
Ainsi il y a toute une œuvre prévenante de la grâce de Dieu qui éclaire une âme sur ses besoins, sa pauvreté, la rend humble, sincère, altérée de justice et de lumière, et la prépare pour le moment où l'Evangile lui sera annoncé.
La lumière que Jésus apporte à ses disciples par ses enseignements ne doit pas être mise sous un vase, ni sous un lit (divan sur lequel on se couchait à demi pour prendre le repas), mais doit resplendir dans le monde.
Jésus emploie fréquemment cette image dans des applications diverses. (Luc 11.33 ; Matthieu 5.15 ; Marc 4.21) Il en est de même de la déclaration du verset 17. (Luc 12.2 ; Matthieu 10.26,27,note) (Marc 4.22, note.)
Voir Matthieu 13.12, note ; Matthieu 25.29 ; Marc 4.25.
Ici, comme dans Marc, cette sentence, qui énonce une loi du règne de Dieu, signifie que celui qui écoute attentivement a déjà un don précieux, et que, par la vérité qu'il reçoit, il lui est donné beaucoup plus encore ; et plus il sera fidèle dans l'emploi de ce qui lui est confié, plus il lui sera donné. Celui, au contraire qui n'a pas même le besoin de la vérité et de la vie, ce qu'il peut avoir d'ailleurs lui sera ôté.
Dans cet état, il se fait bien des illusions ; c'est ce que Luc donne à entendre par ce mot : ce qu'il croit avoir. (Comparer Luc 19.26, où Luc n'aurait pas pu s'exprimer ainsi.)
Ce dernier évangéliste est le seul qui motive cette visite de la mère et des frères de Jésus et qui en indique la vraie signification, au verset 21 du même chapitre.
Voir, sur ce récit, Matthieu 8.23-27, notes ; Marc 4.35-41, notes.
- D'après Matthieu et Marc, (Marc 4.35) c'était au soir d'une journée que Jésus avait passée à enseigner les foules et à opérer de nombreuses guérisons. (Matthieu 8.16)
Luc indique d'une manière moins précise le moment de ce départ : il arriva un jour. Mais chez lui, comme chez Matthieu et chez Marc, l'apaisement de la tempête fait partie d'une série de récits, la même dans les trois évangiles, qui comprend la guérison du démoniaque, (verset 26 et suivants) la guérison d'une femme malade, (verset 43 et suivants) la résurrection de la fille de Jaïrus. (verset 41 et suivants)
Ces faits étaient probablement liés chronologiquement et avaient marqué le moment où le ministère de Jésus en Galilée atteignit son plus haut degré de puissance. Nous voyons, en effet, dans ces faits, le pouvoir du Sauveur s'exercer sur les forces de la nature et même sur la mort, non moins que sur les maladies.
- La faible foi des disciples grandit à la vue de ce miracle même, car ils sont remplis d'admiration pour Celui qui commande à la nature, et elle lui obéit ! (verset 25)
Voir, sur cette guérison d'un démoniaque, Matthieu 8.28-34, notes et Marc 5.1-20, notes.
- Il est presque impossible de fixer la vraie leçon de ce nom propre qui, suivant les manuscrits, varie entre Gadaréniens (texte reçu, A, majuscules), Gergéséniens, (Sin., version égypt.) et Geraséniens (B, D, Itala). Voir Matthieu 8.28,note.
- Le texte reçu parait avoir conservé la leçon originale.
Le démon n'obéit pas aux premiers ordres de Jésus, mais en fut exaspéré. De là son cri et sa supplication. (verset 28)
L'Evangile accumule les détails relatifs à la condition physique et morale de ce malheureux, dans l'intention, sans doute, de faire ressortir la difficulté que présentait sa guérison.
Son éloignement pour la vie sociale était tel, qu'il ne supportait ni vêtement ni domicile, mais recherchait la solitude des sépulcres impurs ; dans la fureur qu'excitait en lui l'esprit mauvais et par la force surhumaine qu'il lui communiquait, il rompait ses liens, brisait les chaînes par lesquelles il était retenu et les fers qu'il avait aux pieds ; puis il était emporté par l'esprit dans le désert.
Luc remarque enfin, par deux fois (versets 27,29), que le démon s'était saisi de cet homme depuis longtemps. Le second depuis longtemps (verset 29) peut se traduire par : à plusieurs reprises.
M. Godet prélève ce sens, parce qu'il évite une répétition. L'évangéliste voudrait dire que le malade avait des crises successives avec des intervalles de calme. On aurait profité de ces moments-là pour le charger de chaînes.
Dans Marc, (Marc 5.9) c'est le démoniaque lui-même qui dit : "Car nous sommes plusieurs." (Voir la note.)
De là aussi l'expression de Luc : (verset 27) qui avait des démons.
Marc (Marc 5.10, note) leur attribue cette demande : "de ne pas les envoyer hors de la contrée."
Cette différence montre, comme beaucoup d'autres, la complète indépendance des évangélistes les uns à l'égard des autres.
Au lieu de : par toute la ville, Marc dit plus exactement : dans la Décapole. (Voir, sur ce nom, Matthieu 4.25, note.)
Il faut remarquer la différence entre l'ordre donné : "Raconte les choses que Dieu t'a faites," et son exécution : "il publia les choses que Jésus lui avait faites."
- "JĂ©sus rapporte tout Ă Dieu, mais le malade ne saurait oublier l'instrument." Godet.
La foule, que Jésus avait laissée sur le rivage, s'était rassemblée de nouveau, dès qu'elle avait pu espérer son retour. (Marc 5.21)
Elle l'accueillit avec empressement, comme le fait sentir cette remarque de Luc : car tous l'attendaient.
Jésus, qui venait d'opérer une guérison difficile, trouve de nouveaux labeurs, d'autres délivrances à accomplir. Voir, sur les deux miracles qui suivent, Matthieu 9.18-26, notes, et Marc 5.21-43, notes.
D'après Matthieu qui, selon sa coutume d'abréger, réunit en un seul trait la prière du père et le message qu'il reçut ensuite, la jeune fille aurait été déjà morte.
- Marc et Luc nous font connaître l'âge de cette enfant, et ce dernier nous apprend qu'elle était fille unique, circonstance qui rendait plus cruelle la détresse du père.
Grec : les foules l'étouffaient. Marc (Marc 5.24) emploie une expression également énergique : "elles le foulaient." (Comparer verset 45)
- La pensée de Pierre est suffisamment exprimée en ces termes. Le texte reçu la complète en ajoutant : "et tu dis : Qui est-ce qui m'a touché ?" Ces mots omis par Sin., B sont probablement empruntés à Marc.
Marc (Marc 5.30) mentionne seulement l'impression que Jésus avait eue. D'après Luc, Jésus aurait énoncé cette impression et réfuté ainsi plus péremptoirement l'objection des disciples.
- La nature spéciale de ce miracle a été pour plusieurs interprètes une pierre d'achoppement. Voir, à ce sujet, Marc 5.30, note.
Avec la leçon de Sin., A, B, C, majuscules, la situation est la suivante : Jésus étant arrivé dans la maison, ne laisse entrer dans la chambre mortuaire que les trois disciples et les parents de l'enfant.
Jésus emploie deux moyens pour rappeler à la vie cette enfant : l'attouchement et la parole (grec il éleva la voix, disant).
L'un et l'autre étaient nécessaires. De pareils détails prouvent que les sources où Luc puisait provenaient de témoins oculaires. Marc, (Marc 5.41-43) qui tient ses renseignements de Pierre, raconte le fait d'une manière plus circonstanciée encore. (Voir les notes.)
- "Le récit de ce double miracle porte, à chaque trait, le sceau de la vérité, de la simplicité et de la grandeur. Cette angoisse du père et cette timidité craintive de la femme ; cette agitation du peuple et cette tranquillité majestueuse du Seigneur ; cet étonnement des disciples et cette déclaration positive et réitérée : Quelqu'un m'a touché ; ce rire incrédule des uns (verset 53) et cette explosion de douleur chez les autres ; (verset 52) cette majesté qui commande à la mort, et ce soin d'en cacher les effets miraculeux, tout cela forme un tableau inimitable d'une vivante réalité historique." Oosterzee.
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