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Malachie 2

    • 1

      1 et 9 Menaces et punition.

      Ce décret. Ce n'est pas un ordre à accomplir, mais une sentence que Dieu lui-même exécutera.

      2

      Vos revenus. On traduit parfois vos bénédictions, celles que les sacrificateurs prononçaient sur le peuple. Mais ce châtiment frapperait le peuple plus que les sacrificateurs eux-mêmes. Le terme hébreu pourrait être traduit par vos bénéfices, mot qui désigne les revenus en nature que les sacrificateurs prélevaient sur les offrandes du peuple ou qu'ils retiraient de la dîme.

      Déjà je les ai maudits. La malédiction de Dieu avait déjà frappé les produits de la terre et diminué ainsi les revenus des sacrificateurs. Comparez Aggée 1.6 ; 2.19.

      3

      Je ferai manquer vos semences. Les semences que le peuple répand sur ses terres sont indirectement celles des sacrificateurs, puisque ceux-ci en retirent la dîme. C'était menacer à la fois le peuple et les sacrificateurs de la famine. Les LXX et la Vulgate ont lu zeroa (bras, épaule), au lieu de zérâ (semence), ce qui signifierait ou bien : Je vous ôterai l'épaule des victimes (qui rentrait dans la portion attribuée au sacrificateur) ; ou bien : Je tancerai votre bras ; en vous rendant incapables d'accomplir votre office à l'autel. Le texte hébreu ne permet que le sens adopté.

      Je répandrai du fumier. Cette expression paraît correspondre à la précédente. A la semence qu'ils répandent sur le sol, Dieu oppose le fumier qu'il répandra sur leurs faces.

      Le fumier de vos victimes. Littéralement. : le fumier de vos fêtes, c'est-à-dire des victimes que vous sacrifiez dans vos fêtes solennelles. La fiente des victimes devait être emportée hors du camp ou de l'enceinte du temple et de la ville, dans un lieu non consacré, et y être brûlée ; Exode 29.14. Comparez Jérémie 31.40, note. Sens : Je vous rendrai mépris pour mépris.

      4

      Afin que mon alliance avec Lévi subsiste. On traduit parfois : Afin que mon alliance soit avec Lévi... comme si Dieu, par ce châtiment, voulait préparer une nouvelle alliance qu'il traitera avec la tribu de Lévi. Mais la traduction admise nous parait plus conforme au texte ; le but du châtiment est de maintenir l'alliance spéciale faite jadis avec cette tribu, en empêchant qu'elle ne se rompe tout à fait par l'infidélité des sacrificateurs.

      Avec Lévi. La tribu tout entière dont les sacrificateurs, descendants d'Aaron, sont les plus nobles représentants. Deutéronome 33.8-11.

      5

      La vie et la paix. C'étaient là les biens que la relation particulière formée entre l'Eternel et la tribu de Lévi garantissait à celle-ci.

      Pour qu'il eût de la crainte. On traduit aussi : Je lui donnai la vie et la paix, ou : Et je les lui donnai (la vie et la paix), ainsi que la crainte, et il me craignit. Mais le texte est plus favorable à la traduction adoptée.

      6

      La loi de vérité était dans sa bouche. On pourrait traduire : L'enseignement de vérité... Car le mot thôra, loi, peut avoir ce sens général. Mais si l'on admet l'origine mosaïque de la loi en tout ou en partie, il est plus naturel d'entendre thôra dans son sens technique : la loi en tant qu'énonçant les vrais rapports entre l'homme et Dieu. Le moment de l'histoire où la tribu de Lévi paraît avoir le mieux mérité cet éloge est l'époque de la vie de Moïse et des temps qui suivirent, lorsqu'elle avait pour chefs des hommes tels qu'Eléazar et Phinée. Malgré les jours de défaillance qui, bien souvent, succédèrent à ces premiers temps, cette tribu exercera pourtant en général une influence sanctifiante et préservatrice en Israël.

      Pas de fraude sur ses lèvres. Les Lévites appliquaient la loi et rendaient leurs sentences avec impartialité.

      Ils marchaient avec moi, joignant l'exemple aux préceptes.

      7

      La science : en Israël, la connaissance de Dieu et de sa volonté, révélée dans la loi. On s'adressait aux sacrificateurs comme aux gardiens des oracles divins, pour obtenir instruction dans les cas embarrassants.

      Parce qu'il est l'ange de l'Eternel. Le mot ange signifie proprement messager. Aggée 1.13, il est employé pour désigner un prophète. Le sacrificateur était l'interprète ordinaire et régulier de la loi ; les prophètes étaient suscités dans des occasions spéciales. Ce titre d'ange, qui se retrouve I3.1, n'est donné à aucun homme dans les livres qui datent d'avant l'exil. Est-ce de ce passage que Jean a tiré l'expression qu'il emploie dans Apocalypse chapitres 1 à 3 ?

      8

      Mais vous. Le prophète oppose au caractère idéal du vrai sacrificateur et à sa réalisation relative dans les temps passés l'état actuel du sacerdoce.

      Ecartés de la voie. Par votre exemple dans votre conduite et par votre enseignement.

      Fait broncher plusieurs. En autorisant des choses défendues par la loi ; comparez 1.7-8 ; Néhémie 13.29.

      Perverti l'alliance de Lévi. Violé les engagements pris au commencement par la tribu.

      9

      Je vous ai rendus méprisables. Les sacrificateurs, ne respectant pas Dieu, sont devenus eux-mêmes l'objet du mépris du peuple ; c'est le châtiment que Dieu leur inflige.

      10

      10 à 16 Les reproches renfermés dans ce morceau s'expliquent par ce qui est raconté dans les livres d'Esdras (chapitre 10) et de Néhémie (chapitre 13), au sujet des mariages des Israélites avec les femmes idolâtres des pays avoisinants. Quant à la répudiation des femmes israélites, elle n'était sans doute qu'un moyen de faciliter ces mariages avec des païennes, auxquels inclinait le cœur charnel du peuple.

      N'avons-nous pas un même père ? Malachie commence ici, comme dans 1.6, par poser une vérité d'ordre général. Ce père n'est ni Adam, ni Abraham, mais Dieu, dont Israël est la famille. Toute atteinte portée à l'intégrité et à la pureté de cette famille est une offense à la sainteté de Dieu et à la dignité du peuple lui-même, par conséquent une violation de l'alliance faite par Dieu avec les pères du peuple.

      Pourquoi sommes-nous infidèles ?... Pourquoi répudier une femme juive et épouser une païenne ?

      11

      Profané ce qui est consacré : la femme israélite, consacrée à l'Eternel et objet de son amour ; à moins qu'on ne veuille entendre le mariage lui-même comme lien conclu au nom de l'Eternel.

      Des filles de dieux étrangers : Filles dans le sens d'adoratrices.

      12

      La menace suivante peut être comprise de deux manières très différentes ; ou bien : l'Eternel ôtera à un tel homme tout descendant ; celui qui veille, pour dire celui qui s'éveille à la vie ; celui qui répond, celui qui peut parler ; celui qui offre, tout fils adulte capable d'offrir un sacrifice. Ou bien : l'Eternel privera un tel homme de toute garantie de sécurité et de tout moyen de réconciliation, celui qui veille désignant la sentinelle sur les murailles de la ville ; celui qui répond, la sentinelle voisine répondant à son appel ; celui qui offre l'oblation, le sacrificateur. Qu'il ne s'en trouve pas un assez infidèle à son devoir pour offrir un sacrifice en faveur d'un pareil homme !

      13

      Une seconde chose. L'objet principal du reproche précédent était le mariage avec des païennes ; le prophète relève surtout dans ce qui suit le péché du divorce avec des femmes juives.

      Vous couvrez de larmes l'autel. Ces larmes sont celles des femmes répudiées qui s'en vont pleurer devant Dieu dans le parvis.

      De pleurs et de sanglots. Expression de la détresse à laquelle elles se trouvent réduites.

      De sorte que l'Eternel n'a plus égard. Le culte du mari devient odieux à l'Eternel, par l'injure faite à sa femme.

      14

      Et vous dites. Les Israélites ne veulent pas convenir que leur manière d'agir puisse déplaire à Dieu.

      A été témoin. Comparez Genèse 31.50. On envisageait le mariage comme un lien formé en présence de Dieu. Proverbes 2.17, il est dit d'une femme infidèle qu'elle n'a pas observé l'alliance de son Dieu.

      La femme de ta jeunesse. En général, les Israélites se marient jeunes. Le prophète fait appel au souvenir de cet amour juvénile.

      15

      On traduit et explique les paroles suivantes de bien des manières. Il nous paraît que le prophète met dans la bouche de l'Israélite une objection tirée de l'exemple d'Abraham prenant une esclave égyptienne et païenne, Agar, pour femme, et laissant de côté Sara, à cause de sa stérilité. Pour cela, cependant, l'Esprit de l'Eternel ne lui a pas été retiré, Dieu n'a pas rompu avec lui.

      Mais que voulait cet Un ? C'est ici la réponse du prophète : Abraham n'obéissait pas, comme les Israélites auxquels parlait Malachie, à un instinct charnel ; il cherchait seulement à obtenir cette postérité divine que Dieu lui avait promise. Le prophète aurait pu répondre, en outre, qu'Abraham, malgré cette infidélité, n'a pas répudié Sara, ni, par conséquent, rompu avec la femme de sa jeunesse (voir les mots suivants).

      Cet Un : l'unique, l'incomparable, le modèle.

      Nous ne mentionnerons qu'une seule des traductions différentes de la nôtre :
      Pas un seul n'a fait cela, qui ait un reste de sens (ces mots étant placés dans la bouche du prophète). Et que fit l'Un ? (question adressée par les Israélites au prophète ; l'Un, c'est-à-dire Abraham.) Il cherchait une postérité de Dieu (réponse du prophète).

      16

      Je hais la répudiation. On traduit aussi : Si l'un hait [sa femme], qu'il la répudie ; ce serait une ironie ou : il la répudie ; le fait serait mentionné avec indignation, et la suite en indiquerait la conséquence.

      C'est couvrir de violence son vêtement. Le premier motif était la haine de Dieu pour le divorce ; le second est la culpabilité qu'assume sur lui le mari en rompant le lien qui l'unit à sa femme. Au lieu de la couvrir de tendresse et de protection, selon le symbole dont nous avons un exemple Ruth 3.9, en lui faisant tort il se fait tort à lui-même, comme un homme qui déchirerait violemment son propre vêtement.

      17

      Vous avez fatigué l'Eternel. Ce n'était pas, il est vrai, tout le peuple qui était dans ce cas, mais ceux dont il est parlé 3.5 et 4.1 ; les Juifs vraiment pieux sont expressément distingués de ceux-là, 3.16 et 4.2.

      Quiconque fait le mal. Ce sont, sans doute, les païens que désignent ainsi ceux qui murmurent. Ils semblent réellement être les privilégiés de l'Eternel, dans leur puissance et dans leur prospérité. S'il en est autrement, pourquoi Dieu ne les juge-t-il pas ?

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