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Michée 6

    • 1

      1 et 2 Préambule.

      Voir, sur l'idée d'un procès que Dieu soutient contre son peuple, Osée 4.1, note ; comparez Esaïe 1.18.

      Le prophète commence par exhorter Israël à écouter ce que dit l'Eternel : il ordonne à son serviteur de plaider pour lui, comme son chargé d'affaires ou son avocat, contre son peuple.

      Plaide devant (littéralement avec, c'est-à-dire ici : en société, en présence, de...) et non contre les montagnes (comme quelques-uns traduisent). Le verset 2 fait voir que les montagnes ne figurent pas ici comme accusées, mais comme témoins. L'accusé, c'est Israël. Les montagnes sont appelées en témoignage par l'Eternel contre le peuple, parce étant là de toute antiquité, elles ont assisté à tout ce que Dieu a fait pour Israël et ont vu comment celui-ci a, dès le commencement, répondu à ses bienfaits. Comparez le début du cantique de Moise, imité par Michée (Deutéronome 32.1), et Esaïe 1.2.

      2

      Immuables fondements : témoins toujours présents. Comparez les collines éternelles, Genèse 49.26 ; voir aussi Deutéronome 33.15.

      Le prophète obéit à l'appel divin : il s'adresse aux montagnes et les invite à assister au procès qui va s'instruire. Le début de ce discours : Ecoutez, qui ouvre la dernière partie de notre livre, correspond à celui de la première partie (1.2).

      Son peuple. Le droit de l'Eternel, de contester avec lui, n'est donc pas douteux.

      3

      3 à 8 Le procès.

      3 à 5 Le discours d'accusation prononcé par le prophète au nom de l'Eternel.

      L'Eternel parle avec l'accent de l'amour attristé, demandant pour quelle cause son peuple l'a abandonné.

      T'ai je causé de la peine : par des exigences excessives (Esaïe 43.23) ou des promesses non accomplies (Jérémie 2.5,31). Bien au contraire, c'est Israël qui a fatigué Dieu par ses infidélités (Esaïe 43.24).

      Réponds-moi, c'est-à-dire : défends-toi, si tu le peux, en m'accusant !

      4

      Le car suppose cette réponse sous-entendue à la question du verset 3 ( en quoi t'ai-je causé... ?) : en rien, car bien plutôt je t'ai comblé de mes bienfaits !

      Le verset 4 rappelle le grand bienfait auquel Israël devait son existence nationale : la sortie d'Egypte, l'acte de grâce fondamental qui renfermait implicitement toutes les grâces subséquentes (Amos 2.10 ; Jérémie 2.6). La grandeur de ce bienfait est relevée par l'expression : maison de servitude, tirée d'Exode 20.2. Puis l'Eternel rappelle le don qu'il a fait à Israël affranchi de prophètes et de médiateurs, pour être ses conducteurs à travers le désert jusqu'en Canaan : Moïse, l'homme avec qui Dieu parlait face à face comme un ami avec son ami ; Aaron, le sacrificateur, intercesseur et révélateur de la volonté divine par l'urim et le thummim ; Marie, leur sœur, celle qui entonne le cantique de louanges et qui porte Exode 15.20 le titre de prophétesse.

      5

      Nouvelle preuve toute spéciale de la grâce divine envers Israël : la malédiction projetée par Balak, changée dans la bouche de Balaam en bénédiction. Cette bénédiction releva le courage d'Israël, en lui montrant que l'Eternel était tellement avec lui que même ses ennemis étaient obligés de le bénir.

      Les mots : de Sittim à Guilgal, dépendent grammaticalement du verbe répondit (bien que la réponse de Balaam n'ait pas été donnée pendant le trajet de l'une de ces localités à l'autre). Ils rappellent les bienfaits accordés aussitôt après la bénédiction de Balaam et qui en furent la manifestation en acte.

      Sittim, est la dernière station d'Israël au pays de Moab (Nombres 25.4), Guilgal, la première au-delà du Jourdain (Josué 4.19). Entre ces deux stations se placent la victoire sur les Madianites, qui cherchaient à perdre Israël, en l'entraînant dans l'idolâtrie, le passage du Jourdain et l'entrée en Canaan, enfin la circoncision à Guilgal, par laquelle la génération née au désert fut admise dans l'alliance et le peuple entier rentra dans une relation normale avec Dieu. Dans tous ces faits, Israël doit reconnaître les justices de l'Eternel, c'est-à-dire des œuvres qui prouvent sa fidélité, sa justice envers son peuple.

      6

      6 et 7 Israël répond.

      Il s'avoue coupable et demande seulement par quel moyen il pourra apaiser la colère de l'Eternel. Ce n'est pas directement à Dieu qu'il pose cette question, mais au prophète, interprète de sa volonté.

      La première pensée qui se présente à lui, c'est de se servir du moyen que Dieu lui-même a institué pour entretenir la communion entre son peuple et lui : les sacrifices ; il se déclare prêt à accomplir pour lui être agréable toutes les œuvres extérieures qu'il pourra exiger.

      Veaux d'un an : non que ce soient les seuls qu'il fût permis de sacrifier ; mais ils étaient réputés les meilleurs (Lévitique 9.3).

      7

      Béliers : c'étaient, avec les veaux, les victimes les plus usuelles. La quantité est ici relevée, comme la qualité l'a été à propos des veaux.

      L'huile ne devait manquer dans aucune offrande (voir Nombres 15.1 et suivants).

      Tout cela, Israël serait prêt à le donner. Mais dans le sentiment de l'insuffisance probable de tous ces dons pour couvrir une faute aussi grave qu'est la sienne envers Dieu, il va plus loin encore, et il offre le sacrifice de ce qu'il a de plus cher : de son premier-né. Il est mu en cela par le sentiment bien juste que ce que Dieu réclame, c'est le sacrifice de l'homme lui-même, mais il oublie que c'est un holocauste spirituel que l'Eternel demande (voir Genèse chapitre 22), et non l'holocauste sanglant qui est à ses yeux une abomination païenne et ne peut, par conséquent, racheter les crimes de l'homme (voir l'exemple du roi de Moab sacrifiant son fils aîné, 2Rois 3.27). Sans doute encore, les premiers-nés appartenaient spécialement et de droit à l'Eternel ; mais ils devaient être rachetés, non sacrifiés (Exode 13.12 et suivants).

      8

      Réponse du prophète à la demande du peuple (versets 6 et 7). Il repousse toutes ces offres et rappelle à Israël ce qu'il doit lui-même fort bien connaître : les exigences morales de la loi de Jéhova. Que demandes-tu là ? lui dit-il ; tu sais bien que ton Dieu te demande d'autres choses.

      Il t'a déclaré... : par la bouche de Moïse ; voir par exemple Deutéronome 10.12 et suivants.

      Michée résume les obligations morales d'Israël en trois mots : droiture, miséricorde (justice et charité envers le prochain ; ces deux termes résument toute la seconde table de la loi) ; humilité devant Dieu : ce terme résume la première table. Sans cette justice sincèrement pratiquée, les sacrifices ne sont que des formes vides auxquelles Dieu ne prend nul plaisir. Comparez 1Samuel 15.22 ; Osée 6.6.

      9

      9 à 16 Proclamation du jugement, jugement sévère, car, hélas ! la conduite du peuple est tout l'opposé de cette justice.

      C'est Jéhova lui-même, le juge, et non plus le prophète, qui prononce la sentence

      La ville : Jérusalem, la capitale dans laquelle se concentre le péché du peuple tout entier (comparez 1.5).

      Celui qui est sage, littéralement, la sagesse. Le mot rare, employé ici, signifie proprement : solidité, substance, réalité. Ce terme abstrait est employé pour désigner l'attitude de l'homme sérieux, solide, prudent, qui, au lieu de se heurter à la loi de Dieu, prend garde à la révélation de sa volonté et s'efforce d'y conformer sa conduite. Le nom de Dieu est la révélation de son être intime.

      Ecoutez la verge... Forme elliptique, pour dire : Ecoutez l'annonce de la verge... La verge est ici, comme dans Esaïe 10.5,24 (comparez Esaïe 28.15), le peuple étranger dont l'invasion accomplira sur Israël les jugements de Dieu. Dans Esaïe, l'Assyrien est expressément désigné par ce terme comme l'instrument du châtiment divin.

      10

      Michée justifie cette sentence en dénonçant l'injustice qui règne dans le peuple. Il le fait sous forme de question, pour mieux réveiller la conscience d'Israël.

      Trésors iniques : acquis par des moyens injustes. Comparez 2.1-2 ; 3.1-3,9-10.

      Un épha amoindri, littéralement : un épha de consomption, c'est-à-dire trop petit. Comparez Amos 8.5 ; Deutéronome 25.14. Le contraire : l'épha de justice (Lévitique 19.36). L'épha est une mesure pour les solides (blé, etc.) de la contenance probable de 10 litres.

      Abominable, provoquant la malédiction divine (Deutéronome 25.16).

      11

      C'est le prophète qui parle, comme représentant de la conscience du peuple. Celui-ci ne peut se déclarer innocent, puisque des péchés comme celui qui vient d'être stigmatisé, se commettent incessamment dans son sein.

      De faux poids, lfittéralement : pierres à peser que l'on portait dans une bourse (Proverbes 16.11).

      12

      Cette ville, littéralement : elle : Jérusalem (verset 9). Comparez verset 10.

      13

      13 à 16 Le châtiment qu'attireront infailliblement ces iniquités.

      Moi donc, à mon tour... : juste rétribution des crimes du peuple et surtout des violences exercées sur les petits.

      Malade de coups : même image dans Esaïe 1.5 et suivants.

      La menace s'adresse au peuple de la capitale et du pays de Juda tout entier (verset 16). Comparez Lévitique 26.18,24, etc.

      14

      Le pays sera dévasté (verset 13) ; on fuira dans les forteresses ; là, on sera en proie à la famine, et ceux qui s'y seront réfugiés finiront par tomber au pouvoir de l'ennemi avec ce qu'ils y auront sauvé. Comparez Lévitique 26.25-26 ; Jérémie 50.37 ; et l'accomplissement Jérémie 52.6 (comparez 2Rois 6.25).

      15

      C'est l'ennemi qui recueillera tout. Comparez Deutéronome 28.39 et suivants ; Esaïe 62.8 et suivants ; Amos 5.11.

      16

      Ce verset clôt tout le morceau en rappelant, d'une part, le péché (le début du verset reprend l'idée des versets 10 à 12, de l'autre, le châtiment (la fin du verset reprend celle des versets 13 à 15).

      C'est par son impiété que le peuple s'attire tous ces maux. Comparez Esaïe 65.7. Les ordonnances d'Omri, qu'on observe avec une exactitude extrême (ce qu'indique la forme du verbe hébreu), désignent le culte de Baal, dont Achab, fils d'Omri, roi d'Israël, avait fait la religion officielle dans son royaume. Ce culte est rapporté directement à Omri, comme fondateur de la dynastie maudite qui l'a introduit (comparez Athalie, fille d'Achab, appelée fille d'Omri, 2Chroniques 22.2). Omri lui-même, d'ailleurs, avait fait pire que tous les rois avant lui. Voir 1Rois 16.25,31 et suivants. Michée ne peut avoir écrit ceci qu'au temps d'Achaz ou dans les premières années du règne d'Ezéchias, avant la grande réforme qui abolit l'idolâtrie en Juda (voir l'introduction).

      Toutes les pratiques de la maison d'Achab : persécution des vrais prophètes, et autres crimes, comme par exemple le meurtre de Naboth (voir 1 Rois chapitres 18, 21, 22).

      Afin que... Ironie : comme si vous aviez formé le dessein d'attirer sur vous une ruine pareille à celle de la maison d'Achab. Cette expression relève le caractère conscient et opiniâtre de leur péché, par lequel ils s'obstinent à provoquer le châtiment.

      Désolation : voyez la prédiction de la dévastation complète, 3.12.

      Sifflets : railleries ; l'opprobre : il consiste pour le peuple de Dieu à être livré aux païens (Ezéchiel 36.20). Le terme : vous portiez..., s'adresse aux individus israélites qui auront tous à porter leur part de l'opprobre national.

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