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Nombres 22

    • 1

      Partirent. Après cet épisode (la victoire sur Og, roi de Basan), les Israélites reprennent leur marche et descendent des hauts plateaux de Moab par le large Wadi Hesbân dans la plaine du Jourdain. C'est la continuation de 21.20.

      Au-delà : au point de vue de l'Israélite déjà établi en Palestine.

      Les plaines de Moab : les campagnes qui bordent le Jourdain sur la rive gauche, près de son embouchure, et qui, si même elles avaient, été conquises par les Amorrhéens, ce que nous ignorons, avaient conservé le nom le plaines de Moab. Sur l'emplacement plus précis de ce campement, voir 33.49.

      Ici se termine le récit très sommaire du long et rapide voyage de Kadès à la Terre promise. C'est le livre de Josué qui reprendra la suite du récit en racontant le passage du Jourdain et la conquête de Canaan.

      2

      2 à 14 Première ambassade de Balak ; refus de Balaam.

      Et Balak, fils de Tsippor. Balak signifie : il ravage ; Tsippor : oiseau. Ce Balak était roi de Moab. Pourquoi cela n'est-il dit qu'au verset 4 ? C'est l'un des indices d'où l'on a conclu à une pluralité de documents. Voir cependant au verset 5.

      Vit tout... Tant qu'Israël n'avait fait que de longer la frontière de ses Etats en simple voyageur, Balak ne s'en était pas inquiété ; mais, après la défaite de son voisin et vainqueur Sihon, il craint qu'Israël ne lui prépare un sort tout pareil.

      Aux Amorrhéens, littéralement : à l'Amorrhéen. Peut-être ne s'agit-il encore que de Sihon, et non du roi de Basan, habitant plus au nord, quoique celui-ci soit aussi désigné comme amorrhéen (Deutéronome 31.4 ; Josué 2.10).

      3

      Fut pris d'horreur. C'est un sentiment plus fort que la peur, résultant du malaise profond que fait éprouver le contact avec une puissance dont on pressent le caractère mystérieux et surnaturel (Exode 1.12).

      4

      Dit aux Anciens de Madian. Les deux peuples sentent le besoin de s'unir contre une nation qui leur fait l'effet d'un ennemi commun. Les Madianites occupaient des contrées très diverses (Exode 2.15 ; 3.1 ; Nombres 10.29). Ceux dont il s'agit ici habitaient le désert situé à l'orient des Moabites et des Amorrhéens, et cela depuis très longtemps (Genèse 36.35). Sihon les avait rendus tributaires (Josué 13.21). Mais depuis sa défaite, ils avaient recouvré leur indépendance. Très commerçants, ils avaient pu, dans leurs courses en Orient, entendre parler de Balaam. Il est donc possible que ce fût d'eux que provint l'idée de recourir au ministère de ce devin.

      5

      Balaam ; sens probable : Celui qui dévore le peuple, comparez Apocalypse 2.14-15 (Nicolaos, vainqueur du peuple).

      Béor : flambeau.

      Péthor : ville de Mésopotamie, située sur l'Euphrate supérieur ; souvent mentionnée dans les inscriptions cunéiformes sous le nom de Pitrou.

      Dans le pays des fils de son peuple. On a parfois rapporté le son à Balak, qui aurait été ainsi originaire de Mésopotamie comme Balaam. Voyez l'exemple d'un roi édomite d'origine mésopotamienne : Genèse 36.37. Plusieurs manuscrits hébreux lisent ammon au lieu de ammo (son peuple), et font ainsi de ce roi un Ammonite, mais contrairement à 23.7. Le sens le plus naturel est de rapporter les mots : des fils de son peuple, à Balaam ; l'auteur veut faire comprendre par là que Balaam habitait dans un pays fort éloigné et combien était long le voyage dont il s'agissait. On peut supposer dans ce cas que l'indication de la dignité de Balak à ce moment du récit est en relation avec la gravité de cette démarche qui exigeait de la part de son auteur une autorité et des dépenses vraiment royales.

      6

      Maudis-moi ce peuple. Une fois Israël maudit au nom de la divinité que servait Balaam, Balak espérait le vaincre plus sûrement par la force des armes, car il se proposait bien de l'attaquer (verset 12).

      Peut-être pourrai-je : au moyen de cet appui surnaturel.

      7

      De quoi payer. Le verset 17 montre que le salaire complet ne devait être payé à Balaam qu'après le succès obtenu.

      8

      Si Balaam eût été un vrai prophète, il aurait refusé le salaire. Mais il faisait de sa divination un métier exercé pour de l'argent. C'est là ce qui le pousse à soumettre la question à l'Eternel, malgré la connaissance qu'il avait sans doute de la relation particulière de Dieu avec le peuple hébreu. L'amour de l'argent le conduit à essayer, sans que pourtant il pense à renier l'obéissance qu'il doit à Dieu.

      Cette nuit. C'était donc ordinairement de nuit, en vision ou en songe, qu'il recevait les communications supérieures qui l'avaient rendu célèbre. Comparez l'avertissement de Dieu au roi païen Abimélec (Genèse 20.3).

      9

      Qui sont ces hommes...? Chose étonnante, c'est l'Eternel qui le prévient. Pourquoi ? C'est qu'il s'agit de son peuple. Balaam doit comprendre par là combien l'affaire est grave et quel intérêt Dieu y attache.

      11

      Il est singulier que Balak ait dit : le peuple, au lieu de un peuple (verset 5). Il semble qu'il suppose Israël connu de Balaam.

      13

      Balaam rapporte aux envoyés le refus divin, mais en omettant le considérant décisif qui le déterminait et qui aurait mis fin à toute espérance de leur part ; cette manière de faire trahit chez lui le secret désir de ne pas rompre entièrement la négociation.

      14

      Les princes de Moab. Il n'est pas parlé des délégués madianites ; ils ne jouent ici qu'un rôle secondaire.

      15

      15 à 21 Seconde ambassade ; consentement de Balaam.

      De plus haute dignité : c'était un appel à la vanité de Balaam, ajouté à celui qui était fait à sa cupidité.

      16

      Que rien ne t'empêche, en hébreu : Ne te laisse pas empêcher ; surmonte tout obstacle !

      18

      Les principes énoncés par Balaam sont excellents ; mais le penchant de son cœur lutte avec eux. C'est là ce qui constitue l'épreuve. Il faut bien peu connaître le cœur humain pour trouver là une contradiction du récit.

      19

      C'est à ce moment que commence d'une manière presque imperceptible la déviation du droit chemin qui conduira Balaam à sa ruine. La défense de l'Eternel avait été claire et précise ; le motif donné par lui, péremptoire. La première faute de Balaam consiste à envisager et à faire envisager aux messagers la question comme encore ouverte. La convoitise remporte ainsi sa première victoire sur le devoir. Après que l'Eternel avait parlé, il n'y avait plus à dire : Que je sache ce que l'Eternel me dira encore !

      20

      La liberté humaine est un privilège tellement précieux que Dieu la respecte jusque dans ses écarts. L'Eternel ne revient point à la position précédente, maintenant dépassée ; il suit Balaam dans la phase nouvelle où il vient d'entrer : Ma défense ne t'a pas suffi. Soit ! N'en tiens pas compte. Puisque malgré tout tu veux aller et parler, va donc et parle ! Mais sache que c'est une pente glissante que le chemin sur lequel tu t'engages. Prends garde à la manière dont tu parleras.

      Dieu aurait tiré sa gloire du refus absolu de Balaam, surtout s'il l'avait motivé comme l'Eternel lui-même, verset 12. Mais il se réserve de la tirer plus magnifiquement encore de sa parole, pourvu qu'il résiste à la tentation au devant de laquelle il marche. Ainsi s'explique le consentement qu'il lui accorde. En même temps l'avertissement qu'il lui donne doit lui faire comprendre qu'il pourrait bien être appelé à faire le sacrifice de son salaire, s'il est fidèle ; sinon, qu'il expiera sa désobéissance.

      21

      Son ânesse. L'âne est en Orient un animal plus noble que chez nous. C'est la monture favorite des gens de qualité.

      22
      24

      Un chemin creux. On entend généralement par là un endroit resserré et creux du chemin suivi jusqu'ici et dans lequel Balaam était parvenu à faire rentrer l'ânesse. Mais on peut se demander s'il ne s'agit pas d'un chemin de traverse auquel était arrivée l'ânesse en allant à travers champs. Cette déviation de l'animal du droit chemin serait pour Balaam une image de sa propre déviation du droit chemin de l'obéissance ; et le traitement qu'il fait subir à l'animal représenterait celui qu'il aurait mérité de la part de Dieu.

      25

      L'ânesse se trouvant de nouveau en face de l'ange, parvient à l'éviter et à passer en serrant contre le mur le pied du prophète.

      26
      Un peu plus loin, dans un endroit du chemin plus resserré encore, elle voit pour la troisième fois devant elle l'apparition menaçante, sans qu'il soit possible cette fois de passer à côté. Alors elle s'affaisse, et Balaam, qui ne voit toujours rien, l'accable de coups.
      28

      L'Eternel ouvrit la bouche de l'ânesse. C'est sur ces mots que repose l'interprétation qui attribue à l'animal un vrai langage humain, et c'est bien là en effet le sens qui se présente le premier à la pensée. Mais comment comprendre dans ce cas que Balaam ne témoigne aucune surprise et qu'il entre tout simplement en conversation avec l'animal ? Ne devons-nous donc pas plutôt placer ce trait dans le même domaine intermédiaire entre le monde des sens et le monde spirituel, auquel paraît appartenir l'apparition tout entière ? Le côté extérieur du fait fut sans doute l'intonation intelligente et parfaitement intelligible du cri de l'animal que le contact immédiat avec un être d'un monde supérieur élevait, d'une manière que nous ne pouvons déterminer, à un état supérieur à sa nature. Il est bien remarquable que dans les paroles attribuées à l'ânesse rien absolument ne dépasse les vraies sensations et, si l'on peut ainsi dire, les vraies pensées d'un animal placé dans cette situation. Mais le cri plaintif et plein de reproche par lequel elle exprime ses sensations douloureuses prend un caractère si intelligible qu'il retentit dans l'esprit et à l'oreille de Balaam comme un véritable langage humain. Quelle différence avec les scènes des poètes païens où sont décrits des faits analogues, telles que celles du cheval d'Achille qui révèle à son maître les secrets de l'avenir !

      29

      Tu t'es jouée de moi : Tu as abusé de la personne de ton maître (Juges 19.25 ; 1Samuel 31.4).

      31

      Et l'Eternel dessilla les yeux... L'action supérieure qui vient de s'exercer sur l'intelligence de l'ânesse pour faire de son cri un analogue de la parole humaine, s'exerce maintenant sur Balaam pour lui faire discerner la présence de l'être supérieur qui entrave sa marche. Comparez comme faits analogues Genèse 19.2 et Luc 24.16,31.

      32

      Pour te faire obstacle, littéralement : comme opposant.

      J'ai vu que ce chemin te mène à la ruine. Les mots du texte sont obscurs. On peut traduire aussi : Ce voyage m'est odieux, ou : Sur ce chemin tu te heurtes à moi. Quoi qu'il en soit, on comprend que l'intention de Dieu est d'exclure chez Balaam toute velléité de désobéissance, en lui faisant comprendre, par cette épée nue qui le menace, ce qui l'attend dans ce cas. De plus, à la crainte du châtiment s'ajoute pour Balaam l'humiliation qu'il doit ressentir de recevoir instruction, lui le prophète qui participe à la science de Dieu (24.4), par le moyen d'une ânesse, et d'avoir été préservé par elle de la mort. Quelle leçon de défiance de lui-même ! Après cela il ne pourra ni oublier ni fouler aux pieds l'avertissement du verset 35 (répétition de celui du verset 20) : Et tu ne diras que ce que je te dirai. Ces mots révèlent le but de toute la scène.

      34

      Sous ces impressions, Balaam offre maintenant à Dieu de s'abstenir de ce voyage, dont il comprend le danger. Mais il est trop tard pour prendre ce parti. C'était plus tôt qu'il fallait accomplir le sacrifice. La partie est maintenant engagée ; elle doit se jouer jusqu'au bout.

      J'ai péché : en m'irritant follement contre l'être inintelligent qui voyait plus clair que moi et me préservait de tes coups. Mais j'ai agi ainsi par ignorance, non par résistance à ta volonté.

      35

      Va avec ces hommes. Il a renoncé à glorifier Dieu par son refus pur et simple ; sa tâche, comme son salut, sera maintenant de le glorifier par sa parole.

      Ce que je te dirai. L'ange de l'Eternel s'identifie comme toujours avec l'Eternel lui-même.

      36

      36 à 41 Arrivée et préparatifs.

      Balak, pour faire honneur à l'homme de Dieu qui a fait un si long voyage à sa demande et de qui il attend un si grand service, va à sa rencontre jusqu'à la frontière de son pays.

      Ir-Moab (la ville de Moab), appelée aussi Ar-Moab, située sur le cours supérieur de l'Arnon (21.13,15, notes). Depuis que les Amorrhéens avaient fait la conquête de tout le pays situé au nord de cette rivière, cette ville, qui avait été peut-être la capitale de Moab, en était devenue la ville frontière. La capitale de Moab était sans doute alors Rabbath-Moab, à trente kilomètres plus au sud. (L'une ou l'autre des deux villes correspond à l'Aréopolis des Grecs.)

      37

      Balak a été blessé dans son orgueil par le premier refus de Balaam ; il suppose que celui-ci ne l'envisageait pas comme un souverain assez riche et assez puissant pour le récompenser dignement.

      38

      Balaam rectifie indirectement cette idée en lui faisant entendre que dans cette affaire il dépend d'un Etre supérieur sans lequel il ne peut rien.

      39

      Kiriath-Chutsoth (la ville des rues) devait être située sur les hauteurs appelées Bamoth-Baal (hauteurs de Baal) et appartenant au Djébel Attarus, la chaîne qui borde à l'est la mer Morte et d'où le regard plonge dans ce bassin profond. Ces localités avaient été conquises autrefois sur Moab par les Amorrhéens. Mais depuis la défaite de ceux-ci par les Israélites, qui n'avaient pas encore pris possession de la contrée, Balak pouvait user de celle-ci comme si elle lui avait encore appartenu.

      40

      Et Balak sacrifia : probablement à l'honneur de Jéhova, que Balaam invoquait et dont il voulait gagner la faveur.

      Et il en envoya [des portions]. Comparez la conduite de Samuel avec Saül (1Samuel 9.23-24).

      41

      L'extrémité du peuple : l'une des extrémités du camp, dressé dans la plaine du Jourdain qui était située beaucoup plus au nord, mais qu'on pouvait apercevoir depuis cette hauteur. Plusieurs entendent par l'extrémité du camp la totalité du camp, vu d'une extrémité jusqu'à l'autre ; mais il aurait fallu dire : les extrémités du camp., Voir du reste à 23.13 et 24.1.

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