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Proverbes 19

    • 1

      On s'attendrait à trouver dans le second membre le mot de riche au lieu de celui d'insensé (voir 28.6) et l'on a parfois corrigé notre verset dans ce sens, mais sans nécessité. La mention du pauvre dans le premier membre fait, penser tout naturellement que le fourbe du second membre est un riche qui fait de belles promesses et ne les tient pas. Le pauvre s'adresse à lui pour obtenir un secours ; l'homme aux lèvres perverses semble acquiescer à ce désir, que sa fortune lui permettrait de satisfaire. Mais il s'en tient à de bonnes paroles (Jacques 2.5-6) et trompe l'espoir du pauvre. Par là il montre qu'il est, en outre, un de ces insensés qui ne tiennent aucun compte du Dieu de vérité.

      2

      Pas d'excès ! Et qui hâte trop... La sagesse d'en-haut est entre autres modérée (Jacques 3.17). Pour la construction du début du verset, qui a souvent été traduit tout différemment, voir 17.26.

      3

      L'insensé ne devrait s'en prendre qu'à lui-même et à sa folie des malheurs qui lui arrivent. Mais il préfère taxer Dieu d'injustice (Lamentations 3.39).

      4

      Comparez 10.15 ; 14.20 et les versets 6 et 7 de notre chapitre.

      Son ami : le dernier qui lui soit resté fidèle.

      5

      Comparez 10.15 ; 14.5,25 et notre verset 9 qui n'est que la répétition de celui-ci, avec changement du verbe final.

      6

      Généreux. Le mot ainsi rendu (nadiv) est ordinairement employé dans le sens de prince ou de noble ; mais l'idée de noblesse d'extraction ou de position conduit aisément à celle de noblesse de caractère. Voir déjà 17.6.

      7

      Ces trois lignes présentent un sens fort acceptable.

      Il court après des paroles qui ne sont rien. Le pauvre, voyant ses amis s'éloigner de lui, les poursuit et leur rappelle les paroles d'affection qu'ils lui ont prodiguées naguère, alors qu'il était encore heureux. Mais adieu !

      Cependant le fait que ce verset présente trois membres constitue une anomalie unique dans la collection que nous étudions, et a conduit à penser que nous avons dans la troisième ligne le reste d'une maxime à part, dont la première moitié, maintenant perdue, aurait été peut-être : Qui a beaucoup d'amis n'en retire que du mal (18.24). En faveur de cette supposition on fait observer que les Septante, au lieu de notre troisième ligne, présentent quatre membres de phrases, ce qui semble indiquer que le texte sur lequel ils ont travaillé renfermait une et peut-être deux maximes de plus que celui que nous avons sous les yeux.

      Nous nous nous rendrions à ces raisons, si nous n'avions pour principe de nous en tenir au texte massorétique.

      8

      Du sens, littéralement : du cœur. Voir 15.32 ; 19.16.

      Aime son âme, sa vie (15.32 ; 19.16).

      Qui garde. Après avoir acquis, il faut garder, et l'on garde en observant.

      Trouve le bonheur. Le texte présente ici une tournure délicate qu'on pourrait paraphraser : Fait ce qu'il faut pour trouver...

      9

      Voir verset 5.

      10

      Dans les délices, l'opulence, l'abondance de tous biens. Un sot ne pourrait en user avec modération. D'ailleurs les richesses et les honneurs sont la récompense de la sagesse (3.16 ; 8.18) ; ce serait une contradiction et une dérision que de les voir dans la possession des sots.

      Ce qui serait plus anormal encore, ce serait de voir un esclave arriver, à force d'intrigues, à commander à ceux que leur naissance et leur pouvoir réel plaçaient au-dessus de lui (30.22). Peut-être avons-nous ici une allusion à l'ascendant que des êtres dégradés, tels que les eunuques, prennent quelquefois et exercent sur les cours de l'Orient. Voir aussi Ecclésiaste 10.7.

      11

      Comparez 14.29. Au premier moment, il faut éviter un éclat (début du verset) ; dans la suite, la rancune (fin du verset). La maxime 10.12 attribuait à l'amour ce qui est ici considéré comme une gloire pour l'homme de sens.
      Le sage n'est ni pointilleux, ni délicat, ni vindicatif, ni trop sensible. Si l'on ne passe beaucoup de choses, même à ses amis, on est en danger de ne vivre jamais en paix, et de n'avoir jamais d'amis. (Calmet).

      12

      Comparez 16.15 et 20.2. Comparez 16.15 et Psaumes 72.6.

      13

      Une calamité : une ruine. La seconde partie de ce verset devient, dans 27.15, une maxime complète. Un proverbe arabe présente trois choses comme rendant inhabitable une maison : Les gouttières, les punaises et la mauvaise humeur de la maîtresse.

      14

      Contre-partie de la maxime précédente. On hérite de ses parents des choses qui, pour avantageuses qu'elles sont, ne rendent pas nécessairement heureux. Mais c'est de Dieu (18.22) que vient un trésor autrement précieux.

      15

      Dans la torpeur ; même mot que Genèse 2.21 : profond assoupissement. Il s'agit, non seulement d'excès de sommeil. (6.9-10), mais de l'engourdissement de l'être tout entier et de l'incapacité de faire le moindre effort.

      16

      Le précepte, la loi émanée de Dieu (6.23 ; 13.13).

      Qui néglige, littéralement : qui méprise, comme ne valant pas la peine d'être surveillée. Comparez 16.17. On néglige sa conduite quand on n'attache pas assez de valeur au discernement de ce qui est bien ou mal, qu'on ne se fait aucun scrupule de conscience d'agir en conformité ou en opposition avec les règles de la loi morale.

      Mourra, littéralement : sera puni de mort, ne mourra pas de mort naturelle. Il vaut la peine d'y penser !

      17

      Prête à l'Eternel. Ces mots sont en tête dans l'original : Il prête à l'Eternel, celui qui a pitié du misérable. Comparez 14.21. Dieu ne lui rendra pas seulement le capital ; il y ajoutera des intérêts.
      Il fallait flatter notre avidité par la promesse d'un gain surabondant (saint Basile). Riches, si vous avez un pauvre débiteur, vous avez un riche garant (saint Augustin).

      18

      Car il y a de l'espoir. Comparez Job 11.18 ; 14.7. Quelque rebelle que soit un enfant, il y a toujours possibilité d'amélioration ; c'est là le but qu'il ne faut jamais perdre de vue.

      Mourir. Littéralement : Mais jusqu'à le faire mourir ne porte pas ton âme. N'aie pas le désir inavoué de le voir périr sous tes coups, pour être délivré du souci qu'il te donne. Ce serait dépasser la loi (Deutéronome 21.18-21), qui établit les Anciens comme intermédiaires entre le père et l'enfant.

      19

      Il est juste et expédient que l'homme colère porte la peine de son emportement. Si tu interviens, dans le but très honorable d'atténuer les effets de son mauvais caractère, tu n'arriveras à aucun résultat durable ; tu auras commis là une maladresse. Il recommencera bientôt ; tu aura toujours à y revenir, à t'entremettre de nouveau. Qu'il soit, au contraire, châtié sévèrement une bonne fois, il sera peut-être plus calme à l'avenir.

      Si tu cherches à [le] délivrer : Si tu cherches à délivrer soit sa victime en l'arrachant à sa rage. soit lui-même, en l'arrêtant avant que le mal soit fait.

      20

      Il est des gens qui n'écoutent que les faits (verset 19). Heureux qui écoute les conseils. Comparez 12.15.

      A l'avenir, dans la suite de la vie. Cette maxime a la forme exhortative des neuf premiers chapitres.

      21

      Comparez 16.1,9. Il s'agit donc pour le sage, qui désire de voir ses desseins s'accomplir, de les faire rentrer à l'avance dans le cadre du plan divin. On a aussi traduit ce verset en l'émoussant : Bien des pensées diverses se succèdent dans le cœur de l'homme, mais le conseil de l'Eternel est immuable.

      22

      C'est d'après les intentions qu'il faut juger de la bonté véritable, de la miséricorde d'un l'homme. Celui qui désire réellement d'aider à son prochain, agira selon ses moyens ; si même il ne peut pas faire grand chose, il n'en est pas moins dans la catégorie des miséricordieux. Tel autre, bien que comblé des biens de la terre, se contentera de donner de belles assurances et de bonnes paroles, et ne fera rien. C'est un menteur : il n'avait pas vraiment le désir de faire du bien à son prochain.

      Le second membre aide à déterminer le sens de cette maxime en mettant en opposition le pauvre (qui a peu de ressources matérielles mais qui, malgré cela, peut être doué d'un cœur compatissant) et le menteur (qui pourrait faire du bien, mais qui ne le désire vraiment pas et qui paie de promesses trompeuses). Comparez Jacques 2.16.

      23

      Comparez 14.27.

      On y demeure : on y séjourne, on y passe la nuit. Comparez Lévitique 26.6. Quand on a fait de la crainte de Dieu son pain quotidien, son atmosphère habituelle, on peut chaque soir s'endormir rassasié et on n'a aucun mal à redouter.

      24

      En Orient, on n'emploie ni cuillers, ni fourchettes ; chaque convive porte sa main au plat pour y prendre le morceau qu'il désire (Ruth 2.14 ; Matthieu 26.23). Quoi qu'il n'ait pas travaillé, le paresseux a faim ; mais il a si peu d'énergie qu'il ne peut ramener à la bouche la main qu'il a avancée jusqu'au plat.

      Plonge, littéralement : cache, enfonce.

      Cette maxime sera répétée avec une légère variante, 26.15.

      25

      Trois catégories de personnes. La correction administrée au moqueur lui sera inutile (13.1 ; 15.12). Mais peut-être profitera-t-elle indirectement, au simple, qui en recevra instruction (21.11) et qui reconnaîtra qu'il y a péril à parler et à agir comme le moqueur. Une simple répréhension, adressée à l'homme intelligent qui se sera momentanément éloigné de sa ligne habituelle de conduite, ne sera, par contre, jamais inutile et le ramènera dans la bonne voie.

      26

      On pourrait traduire aussi : C'est un fils éhonté et dont on rougit, que celui qui ruine son père et qui fait fuir sa mère.

      27

      Ironie. Littéralement : Cesse, mon fils, d'écouter la réprimande pour te détourner des paroles de la sagesse.

      L'homme qui, tout en recevant les leçons de la sagesse, se détourne dans la pratique, de la vérité et du bien, ferait mieux de jeter le masque. L'hypocrisie est ici sévèrement censurée, ainsi que le besoin éprouvé par l'homme de se tromper soi-même. Comparez Jacques 1.22-24.

      28

      Dévore l'iniquité : l'avale comme la chose du monde la plus naturelle. Pas le moindre scrupule ! (Job 15.16).

      29

      Les jugements. Le mot ainsi rendu désigne toujours les sentences prononcées par Dieu, bien que parfois exécutées par les hommes (2Chroniques 24.24). Comme il s'agit ici de moqueurs, c'est-à-dire de gens qui ont jeté toute piété par-dessus bord, ce terme a une signification d'autant plus grande : les jugements par excellence, les plus redoutables.

      Sont prêts : ils n'y échapperont pas.

      Les coups sont les punitions humaines. Le sot ne se laisse pas redresser par les punitions que lui inflige la société et tombe entre les mains de la Providence.

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