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Psaumes 51

    • 1

      Au maître chantre. Le fait qu'un homme en vue, comme l'était David, ne s'est pas contenté d'une humiliation secrète, mais a voulu que sa prière devînt publique, en en faisant le sujet d'un cantique destiné, à être chanté dans les solennités religieuses, montre la réalité et la profondeur de sa repentance. Le péché a été manifeste ; la confession douloureuse doit l'être aussi.

      3

      3 à 8 La confession. En demandant grâce, le coupable ne cherche pas à représenter sa faute comme légère ; il la sonde au contraire de plus en plus profondément. Il ne dit pas : Pardonne ma faute, car elle est excusable, mais au contraire : Pardonne mon iniquité, car elle est grande (Psaumes 25.11 ; Psaumes 130.3-4). C'est en cela que consiste la grande différence entre David et Saül (voir 1Samuel 13.11-12 ; 15.14-15,20-21).

      4

      Mes forfaits..., mon péché. A mesure qu'il considère sa faute, le pécheur y voit un assemblage de transgressions de toutes sortes, aboutissant à un acte horrible.

      5

      Car je connais...Il ne faut pas comprendre le motcar, comme si le fait de reconnaître un péché imposait à Dieu l'obligation de pardonner, car le péché est péché, et, qu'on le confesse ou non, il est digne en tout temps de châtiment : pourtant Dieu veut bien faire grâce à ceux qui reconnaissent leur péché, mais à ceux-là seulement (Luther). C'est là ce qui encourage le psalmiste à implorer sa grâce.

      6

      Contre toi seul. Quel que soit le péché commis, celui qui l'envisage en face y voit une offense directe contre Dieu, et même une offense telle que le tort fait au prochain est comme absorbé par l'injustice commise contre Dieu. En effet, toutes les relations dans lesquelles l'homme peut se trouver ici-bas vis-à-vis de ses frères ou du monde en général, n'existent que pour lui donner l'occasion d'affirmer la relation essentielle de dépendance et d'amour qui l'unit à Dieu (Delitzsch). Violer ou troubler ces relations, c'est nier le lien fondamental, c'est faire ce qui est mal aux yeux de Dieu.

      Afin que tu sois reconnu juste, non pas : en sorte que... Le monde moral est organisé de telle sorte que tout péché envers l'homme ne s'arrête pas à l'homme, mais atteigne Dieu, plus encore que l'homme, et cela afin que le coupable ne puisse faire autrement que de reconnaître le droit de Dieu de le condamner. La parole : Que tu sois reconnu juste..., est citée Romains 3.4, mais dans le but spécial d'affirmer la fidélité de Dieu en opposition à l'infidélité d'Israël. Paul la cite d'après les Septante.

      7

      Voilà : ce terme, répété au verset 8, indique de nouvelles constatations que fait le pécheur. Il découvre que l'iniquité remonte à la racine de son être, à tel point qu'avant la naissance déjà péché nous environne et est comme notre nid, (Calvin). Le péché originel est affirmé ici de la manière la plus énergique, non au point de vue philosophique, mais par un acte de condamnation que le pécheur porte contre lui-même. Ce n'est point en effet pour atténuer sa faute ou pour s'en décharger sur ses parents que le coupable remonte si haut ; c'est au contraire pour s'associer au jugement que Dieu porte sur la profondeur de sa corruption.

      8

      Nouvel aveu douloureux : Malgré cette souillure originelle, Dieu avait entrepris l'éducation de David et lui avait enseigné la sagesse. La faute commise en devient ainsi plus personnelle, plus volontaire et plus grave. La pensée n'est pas entièrement exprimée ; le psalmiste a hâte de s'écrier : Purifie-moi... (verset 9).

      9

      9 à 14 Déchu comme il l'est, le pécheur ne saurait de lui-même reprendre sa position d'autrefois. Un acte de la grâce divine peut seul le purifier et le renouveler.

      Purifie-moi : c'est l'accompagnement nécessaire du pardon.

      Avec l'hysope. Avant de déclarer pur un lépreux guéri, on l'aspergeait au moyen d'une branche d'hysope trempée dans le sang d'une victime (Lévitique 14.4). L'hysope entrait aussi dans la composition de la cendre employée pour la purification de ceux qui avaient touché un mort (Nombres 19.6-11). Le psalmiste assimile ainsi son péché à l'une des souillures qui excluent de l'assemblée d'Israël.

      Plus blanc que la neige. Comparez Esaïe 1.18.

      10

      Fais-moi entendre 1'allégresse. David pressent ce que seront, une fois que la certitude du pardon aura rempli son âme, les manifestations publiques de sa reconnaissance (chant, fêtes religieuses, musique sacrée), aussi bien que sa joie intime, renouvelant même ses forces corporelles (les os). Comparez Psaumes 6.3 ; 32.3.

      11

      Détourne ton regard..., littéralement : Cache ta face de mon péché, mais pas de moi (verset 13).

      12

      Crée en moi... Pour un état de péché aussi profond que celui qui a été décrit versets 3 à 8, une amélioration partielle ne suffit pas (Jean 3.3 ; Matthieu 9.16). Il ne faut rien moins qu'une nouvelle création. La nouvelle naissance est ici pressentie, aussi bien que le don du Saint-Esprit, et cela ensuite de l'affirmation catégorique du verset 7 concernant le péché originel. Aussi le Seigneur a-t-il pu dire à Nicodème : Tu es docteur en Israël, et tu ne sais pas ces choses ! (Jean 3.10). Les termes du psalmiste dans ce passage sont déjà ceux du Nouveau Testament, bien que l'esprit dont il parle, et dont il avait déjà éprouvé l'efficace, ne soit encore que le précurseur de l'esprit d'adoption (Jean 7.39). Le soupir de David deviendra une promesse positive chez Jérémie (Jérémie 24.7) et chez Ezéchiel (Ezéchiel 9.9).

      Renouvelle : même sens que Tite 3.5 : Il nous a sauvés par le baptême de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit.

      Un esprit ferme : qui ne vacille plus entre le bien et le mal. Dans trois versets successifs (12 à 14), le nom de l'Esprit est répété par le psalmiste, qui l'appelle en premier lieu un esprit ferme, en second lieu un esprit saint, en troisième lieu un esprit joyeux (Luther),

      13

      Ne me rejette pas... Il n y a pas d'autre alternative que celle d'un renouvellement complet ou d'un rejet définitif.

      Ton esprit saint. David pense sans doute ici à l'esprit qui lui a été communiqué par suite de l'onction en vue de la royauté (1Samuel 16.1). Il s'était habitué à vivre sous la direction de cet esprit, et il sent qu'il ne peut désormais se passer de lui.

      15

      15 à 19 Vœux pour l'avenir. La promesse trois fois répétée de louer Dieu publiquement est entremêlée de prières et justifiée par le fait que Dieu préfère aux sacrifices la louange venant d'un cœur humble.

      J'enseignerai... C'est le besoin du pécheur pardonné d'indiquer à d'autres le chemin du salut. David a tenu sa promesse en faisant chanter publiquement ce psaume même, puis en en composant d'autres, tels que le Psaume 32, qu'il a précisément appelé Maskil, enseignement.

      16

      Du sang versé : le sang d'Urie et de tous ceux qui avaient été tués avec lui (2Samuel 11.17).

      Ta justice. Dieu se montre juste, quand il pardonne, conformément à ses promesses (1Jean 1.9).

      17

      Ouvre mes lèvres, en enlevant le sentiment de la condamnation. Avant le pardon, David avait les lèvres fermées.

      18

      Sacrifices. Comparez Psaumes 40.7 ; 50.8. Pendant les mois qui s'étaient écoulés entre sa chute et son relèvement, David avait sans doute continué, comme par le passé, à offrir des sacrifices, mais sans que sa conscience en fût soulagée (Psaumes 32.3-4). Il avait ainsi éprouvé la vérité de la parole de Samuel : Obéissance vaut mieux que sacrifice (1Samuel 15.22). Même les souffrances de Christ restent sans efficace, si le pécheur ne s'associe pas à la condamnation du péché, réalisée en la personne du Seigneur. Quant aux sacrifices de reconnaissance dont il est question au verset 21, ils ne sont agréables à Dieu que s'ils sont l'expression des sentiments d'un cœur humilié.

      20

      20 et 21 Prière du peuple captif.

      Edifie les murs... Cette parole nous transporte au temps de la captivité de Babylone. Dans la bouche de David, elle devrait se prendre dans le sens spirituel indiqué par Calvin : Il n'avait pas tenu à lui que tout le règne de Christ ne vint à tomber bas... Il requiert toutefois que Dieu, par sa miséricorde, rétablisse l'Eglise. Même un sens tel que celui-là introduit dans le psaume, si bien terminé par le verset 19 un élément qui semble lui être étranger. Surtout on ne comprend pas que le psalmiste énumère différentes sortes d'offrandes, au moment où il vient de parler de sacrifices purement spirituels. Nous avons donc évidemment ici une strophe ajoutée postérieurement au psaume. Le peuple captif, passant par une repentance analogue à celle de David, a chanté ce psaume, comme expression de sa propre repentance, mais il a senti le besoin d'y ajouter une prière appropriée plus spécialement à sa situation de ce moment-là.

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