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Psaumes 94

    • 1

      1 à 3 Appel au Dieu des rétributions.

      Dieu des vengeances. C'est à lui que la vengeance appartient (Deutéronome 32.35 ; Romains 12.19) ; il est le seul qui ait le droit et le pouvoir de l'exercer avec une parfaite justice, et l'histoire est là pour nous montrer qu'il l'exerce. Le pluriel des vengeances indique à la fois l'intensité des jugements de Dieu et tous les trésors de colère qui se déploieront dans son juste jugement.

      Dans ta splendeur. L'injustice est un voile de ténèbres jeté sur la gloire de Dieu.

      2

      Lève-toi, ou : élève-toi, comme un juge qui monte sur son tribunal. Comparez Psaumes 7.7-8.

      4

      Ils se glorifient, comme si rien ne pouvait leur résister.

      5

      5 et 6

      Ton peuple..., ton héritage..., veuve..., étranger...., orphelin... Ces différents mots sont mis en saillie dans le texte hébreu : Ton peuple, ils l'écrasent ; ton héritage, ils l'oppriment, etc. ; tout ce que l'Eternel envisage comme sacré, ils le foulent aux pieds. Pour les égards dus aux faibles : veuve, orphelin, étranger, voir Exode 22.21 ; Deutéronome 10.18.

      7

      L'Eternel ne le voit pas. Leur incrédulité moqueuse ajoute un dernier trait au tableau de leur méchanceté. Comparez Psaumes 10.11,13.

      8

      8 à 11 Celui qui a planté l'oreille, formé l'œil, n'entendrait-il pas, ne verrait-il pas ? etc.

      Prenez-y garde. Le psalmiste relève vivement la parole qui vient d'être prononcée au sujet du Dieu de Jacob (Le Dieu de Jacob n'y prend pas garde), pour l'appliquer aux stupides du peuple, à ceux que les propos des incrédules, confirmés par leurs succès, sont sur le point de convaincre. C'est vous, semble-t-il dire, qui êtes aveugles et ne voyez pas ce qui éclate en pleine lumière.

      9

      N'entendrait-il pas...? Celui qui a voulu que ses créatures se rendissent compte de ce qui se passe autour d'elles, ne s'en rendrait-il pas compte lui-même ? Il aurait alors donné ce qu'il ne possédait pas (Luther). Supposer une telle chose, c'est mériter l'épithète de stupide, que l'on vient d'entendre. Les douteurs que le psalmiste a en vue croient bien encore à l'existence de Dieu, mais ils se demandent, comme tant de personnes, en tout temps, si ce Dieu est vraiment au courant de ce qui se passe.

      10

      Celui qui reprend. Le raisonnement du verset 9 est poussé plus avant. Non seulement Dieu entend et voit, mais chacun peut constater qu'après avoir entendu, il reprend. Quelques-uns traduisent reprend par châtie : Celui qui exerce parfois de terribles châtiments sur des nations, comme ce fut le cas, par exemple, à l'égard des Cananéens, ne punirait-il pas ceux qui maintenant font le mal ? Mais la seconde partie du verset (Lui qui donne...) montre qu'il s'agit ici d'une action permanente de, Dieu, celle qu'il exerce en la conscience de tout homme (Romains 2.14-15). Ce jugement intérieur est le prélude du châtiment qui atteindra infailliblement les coupables. Et Dieu exerce cette répréhension sur les nations, sur les païens mêmes ; comment donc ne punirait-il pas les membres de son peuple qui font le mal ? Tout ce passage est très remarquable, tout d'abord comme raisonnement, aussi simple qu'irréfutable puis comme indice d'un travail profond de réflexion et d'une connaissance généralement admise en Israël, à cette époque, de l'action universelle de l'Eternel au sein de l'humanité.

      Lui qui donne l'intelligence, proprement : lui qui enseigne la connaissance, le discernement du bien et du mal, la vraie appréciation des choses, qui n'existerait pas sans un enseignement intérieur.

      11

      L'Eternel connaît. C'est ici la conclusion à laquelle aboutit tout le raisonnement. Celui qui est présent dans le cœur de tout homme, pour le reprendre et l'enseigner, connaît ce qui se passe dans ce cœur. Et ce qu'il voit, c'est qu'ils ne sont que vanité. Le mot vanité s'applique à tous les hommes en général, mais tout spécialement sans doute aux prétendus sages, aux moqueurs et incrédules que vient de réfuter le psalmiste. C'est à l'occasion de la sagesse du monde, qui est folie devant Dieu, que saint Paul cite cette parole (1Corinthiens 3.20).

      12

      12 à 15 Heureux l'homme que Dieu reprend !

      Après avoir démontré la folie de ceux qui prêtent l'oreille aux dires des impies, le psalmiste se tourne vers les victimes de l'oppression des méchants, qui, elles, sont à une autre école : celle de Dieu.

      Heureux l'homme que tu reprends... enseignes... Le psalmiste revient aux mêmes termes qu'il a employés au verset 10, en parlant des avertissements de la conscience ; mais ici il s'agit d'une éducation plus spéciale, à laquelle Dieu soumet, par sa parole, tous ceux de son peuple qui ne sont pas stupides (verset 8). La parole analogue d'Eliphaz (Job 5.17) se rapporte à l'enseignement qui vient de la souffrance elle-même. Le psalmiste parle ici de celui que Dieu donne par sa loi, par ses préceptes et ses commandements, et aussi par l'histoire des origines d'Israël, qui accompagne cette loi.

      13

      Pour lui donner du repos. Il s'agit du repos qui vient de la foi et d'une entière soumission à la volonté de Dieu, qui préserve du découragement et du murmure (Esaïe 30.15 ; Lamentations 3.26).

      Aux mauvais jours, littéralement : hors des jours mauvais, expression analogue à celle d'Apocalypse 3.10 : Je te garderai de l'heure de la tentation. Les jours mauvais peuvent venir (Psaumes 49.6) ; l'homme enseigné de Dieu n'est pas leur proie ; ou bien il leur échappe, ou bien il les traverse sans dommage.

      Jusqu'à ce que la fosse soit creusée. C'est là un terme prévu et certain. Que fait le fils du charpentier ? demandait-on à un chrétien, sous Julien l'Apostat. Il fait un cercueil pour le tyran, fut la réponse. Peu de temps après, l'empereur fut tué à la guerre et ramené à Rome dans un cercueil.

      14

      Car l'Eternel ne rejette point. La fin vient infailliblement pour le méchant, car il est impossible que l'Eternel rejette son peuple, et tout aussi impossible que le jugement reste longtemps contraire à la justice (verset 15).

      15

      Le Jugement se conformera au droit. Momentanément, l'homme peut, écarter l'une de l'autre ces deux choses étroitement unies par leur essence même : le jugement et la justice ; il le fait, quand il acquitte le coupable et condamne, l'innocent. Mais ce qui a été violemment séparé se rejoint tôt ou tard. Le jugement, au moment où il reprend sa place comme couronnement de la justice, est représenté comme suivi de tout un cortège : celui des hommes droits de cœur, qui avaient été réduits pour un temps à l'impuissance et qui maintenant reprennent la place et l'influence qui leur appartiennent.

      16

      16 à 19 L'Eternel secourt celui qui l'invoque. C'est là pour tout fidèle et spécialement pour le psalmiste un fait d'expérience, qui confirme les déclarations du paragraphe précédent.

      Qui se lèvera ? C'est le cri du juste qui se voit accablé par les méchants.

      17

      Le séjour du silence : le tombeau (Psaumes 31.18 ; 115.17).

      20

      Pourrait-il t'avoir pour allié, proprement : ferait-il de toi son allié, l'amènerait-il à faire cause commune avec lui ?

      Le trône de méchanceté. Le psalmiste pense ici à un tribunal, autant et plus peut-être qu'à un trône proprement dit, puisque le psaume tout entier parle de la corruption de la justice.

      Au nom de la loi. On traduit aussi : en dépit de la loi. Le sens littéral est : sur la loi. Le pouvoir tyrannique se sert de la loi comme d'un point d'appui pour forger ses injustices, et, en le faisant, il semble prendre pour allié l'Eternel, dont la volonté est à la base de la loi ; mais par cette iniquité même, il met le comble à ses péchés.

      21

      Ils se jettent, comme une bande de brigands.

      23

      Par leur méchanceté... Dieu n'aura pas besoin d'autres moyens pour les détruire, que ceux qu'ils lui fournissent eux-mêmes ; en faisant le mal, ils préparent leur propre destruction (Psaumes 7.16).

      Détruira..., détruira. Nous trouvons dans ce dernier verset, comme dans le premier du psaume, la même forme de redoublement poétique que nous avons signalée à l'occasion des deux psaumes précédents (voir l'introduction au Psaume 93).

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