TopFormation Les 7 miracles

Luc 23

    • 1 Chapitre 23.

      1 Ă  25 JĂ©sus devant Pilate et HĂ©rode.

      Voir, sur le procès de Jésus devant Pilate, Matthieu 27.1,2,11-30, notes ; Marc 15.1-20, notes ; Jean 18.28-19.16, notes.

      2 Les Juifs formulent ici une accusation politique, qui peut se décomposer en trois chefs principaux :

      1° Il soulève (grec détourne, pervertit) notre nation. Ceci avait rapport aux enseignements de Jésus, à l'influence qu'il exerçait sur le peuple, qu'il détournait ainsi de ses conducteurs spirituels.

      2° Il empêche de payer les impôts à l'empereur, ce qui pouvait être beaucoup plus grave aux yeux du gouverneur romain. Cette allégation, conservée par Luc seul, était un mensonge insigne, car Jésus avait donné l'ordre positif de payer le tribut à César. (Luc 20.25 ; Matthieu 22.21 ; Marc 12.17)

      3° Dernière et principale accusation, qui devait rendre plus vraisemblables les deux précédentes imputations : il prétend être le Christ, le Messie ; ce titre religieux, les accusateurs le traduisent méchamment, à l'usage de Pilate, par celui de Roi, que le gouverneur devait entendre au sens politique.

      Ils ne mentionnent pas sa prétention d'être le Fils de Dieu, (Luc 22.70) pour laquelle ils l'avaient condamné comme blasphémateur, car ils savent que le gouverneur romain n'aurait eu aucun égard à ce grief d'ordre purement religieux (Comparer Matthieu 27.11,note)

      3 Tu le dis, hébraïsme qui signifie : Oui, je le suis.

      Cette franche confession de sa royauté, faite par Jésus devant Pilate sans aucune explication, se trouve dans les trois premiers évangiles. Mais, d'après Jean, (Jean 18.33-37) le Sauveur eut avec le gouverneur un entretien sur la nature de cette royauté. Sans ce récit de Jean, on ne comprendrait pas comment Pilate conclut ici (verset 4) à l'innocence de Jésus.

      5 Ce mot il agite ou trouble le peuple devait encore avoir, aux yeux de Pilate, une signification politique, et le verbe est au présent pour indiquer que Jésus cause habituellement ce trouble, et maintenant même, ici, à Jérusalem, comme il l'a fait en Galilée.

      Les accusateurs font sans doute allusion aux foules qui suivaient Jésus avec enthousiasme, lors de son entrée à Jérusalem.

      7 Grec : Entendant (le mot) Galilée...

      Sin., B retranchent Galilée.

      - Pilate, convaincu de l'innocence de Jésus, (verset 4) voyant clairement que les accusateurs n'agissaient que par haine, (Matthieu 27.18) devait désirer de ne pas souiller son gouvernement de ce meurtre juridique ; mais comme, d'autre part, il craignait que les Juifs ne l'accusassent auprès de l'empereur, (Jean 19.12) il se voit en grande perplexité, sans avoir au dedans de lui le secours puissant de la conscience, qui seule donne la force de dire : "Je ne puis pas."

      Il s'engage dans une série de manœuvres pour délivrer Jésus. Il saisit avec empressement l'occasion qui s'offre à lui de rejeter sur un autre la responsabilité de cette affaire. Il renvoie Jésus à Hérode, qui se trouvait comme lui à Jérusalem à l'occasion de la fête, pensant que ce prince le ferait emmener dans son gouvernement, dont il ressortirait, afin de le juger. Il s'agit d'Hérode Antipas, tétrarque de la Galilée et de la Pérée. (Luc 3.1,2, note.)

      Luc seul a conservé ce trait auquel la tradition apostolique avait sans doute attribué peu d'importance, parce qu'il était resté sans influence sur le procès de Jésus.

      8 Ce prince débauché, superstitieux et sans caractère, (voir Matthieu 14.1-11) désirait, pour satisfaire une vaine curiosité, voir le prophète dont la renommée remplissait ses Etats. (Luc 9.9)

      Le texte reçu porte : "il avait ouï dire de lui beaucoup de choses," mot qui est omis par Sin., B, D, la plupart des majuscules et quelques versions.

      9 Grec : il l'interrogeait par beaucoup de paroles, mais lui-même (Jésus) ne lui répondit rien.

      Le verbe à l'imparfait indique qu'en effet l'interrogatoire dura longtemps ; mais jusqu'au bout le Sauveur garda le silence.

      Ce silence significatif disait au meurtrier de Jean-Baptiste qu'il Ă©tait moralement incapable et indigne d'entendre une seule parole du Sauveur, et bien plus encore de lui voir faire un miracle.

      10 Ils pouvaient répéter devant Hérode, qui était Juif, les mêmes accusations qu'ils avaient articulées, soit devant le sanhédrin, soit devant Pilate.

      Mais Hérode connaissait trop bien Jésus, par sa réputation en Galilée, pour entrer dans leurs vues.

      11 Hérode, blessé du silence de Jésus, se venge de lui par le mépris, montre en même temps qu'il n'a rien à craindre d'un tel roi, et dédaigne de le juger.

      Il n'avait pas toujours pensé ainsi (Luc 9.9 ; comparez Luc 13.31) ; mais il parait que les remords, qui lui avaient jadis inspiré de la crainte, étaient étouffés.

      Le vêtement éclatant dont il revêtit Jésus pouvait être la toge blanche que portaient les candidats aux grands emplois de l'Etat, ou un manteau royal ; dans l'un et l'autre cas, Hérode parodiait avec mépris l'idée de la royauté de Jésus. C'est là ce qu'imitera bientôt Pilate, en couvrant Jésus d'un manteau de pourpre et d'une couronne d'épines !

      12 On ignore quelle était la cause de cette inimitié ; peut-être quelque conflit de compétence. Mais Hérode, peu habitué aux prévenances du gouverneur romain, fut flatté d'un acte par lequel Pilate reconnaissait son autorité, même à Jérusalem ; de là leur réconciliation.

      On voit fréquemment les grands du monde oublier leurs rivalités et leurs haines, pour unir leurs efforts contre Jésus et sa cause. (Actes 4.27)

      16 Pilate, voyant qu'il n'avait pas réussi à se débarrasser de cette affaire en la renvoyant à Hérode, recourt à un autre expédient.

      Il rappelle auprès de lui les chefs et tout le peuple, et leur déclare encore une fois que, dans son premier interrogatoire, il n'a trouvé en Jésus aucun motif de condamnation, et qu'Hérode aussi l'a trouvé innocent, puisqu'il l'a renvoyé.

      Il leur propose donc de le châtier, afin de leur donner quelque satisfaction, et de le relâcher ensuite.

      - Le texte reçu, avec A, D, porte : (verset 15) je vous ai renvoyés à lui, au lieu de il nous l'a renvoyé ; la leçon que nous adoptons avec les meilleurs critiques exprime évidemment la pensée de Pilate ; car c'est le fait même qu'Hérode a renvoyé Jésus qui prouve que ce dernier n'a rien fait qui fût digne de mort.

      - Le mot châtier n'indique pas quel genre de châtiment Pilate propose d'infliger à Jésus ; mais c'était évidemment l'horrible supplice de la flagellation, qui précédait toujours l'exécution d'une sentence de mort. (Voir Matthieu 27.26 note.)

      Pilate espérait qu'après avoir fait subir à Jésus cette première partie du supplice, il obtiendrait de pouvoir l'exempter de la seconde. Il comptait sans la haine des accusateurs : ceux-ci repousseront une concession, qui est déjà un déni de justice, puisque Pilate avait déclaré l'accusé innocent.

      18 Le peuple répond à Pilate en réclamant à grands cris la mort de Jésus. Tel est le sens de ce mot : Ote celui-ci.

      Mais comment l'idée lui vient-elle de demander la liberté de Barabbas ? Les trois autres évangélistes rappellent ici le privilège qu'avait le peuple juif d'obtenir la liberté d'un prisonnier à la fête de Pâques ; d'après Matthieu, Pilate pose au peuple cette question : "Lequel voulezvous que je vous relâche : Barabbas ou Jésus ?" Pour réparer cette omission de Luc, le texte reçu a introduit le verset 17 "Or il était obligé de leur relâcher quelqu'un à chaque fête." (Matthieu 27.15 ; Marc 15.6 ; Jean 18.39)

      Ce verset 17, bien qu'il se lise dans Sin., plusieurs majuscules, l'Itala et d'autres versions et que D le place après le verset 19, doit être retranché d'après B, A, et d'autres témoignages.

      19 Marc Marc 15.7 caractérise ce criminel de la même manière que Luc, mais sans nous dire en quelles circonstances avaient eu lieu cette sédition et ce meurtre.

      Jean (Jean 18.40) appelle Barabbas un brigand.

      20 Le contenu de cette nouvelle allocution de Pilate n'est pas indiqué.

      (Comparer Jean 19.4-12)

      22 D'après le récit de Luc, c'est en effet la troisième fois que Pilate déclare Jésus innocent. (versets 4,14) Et il réitère (verset 16) l'offre de faire châtier Jésus.

      Luc ne mentionne pas l'exécution de ce châtiment.

      Matthieu (Matthieu 27.26) et Marc (Marc 15.15) rapportent que la flagellation eut lieu après le prononcé de la sentence, tandis que Jean (Jean 19.1) la présente comme un des moyens que Pilate employa pour libérer Jésus, en excitant la pitié du peuple.

      23 Redoublaient, devenaient plus forts, ou, mieux encore, prévalaient, l'emportaient sur toutes les résistances et sur tous les expédients de Pilate. Ce ne fut plus un jugement, mais un tumulte, une violence.

      - Après les mots : leurs cris, le texte reçu ajoute : et ceux des principaux sacrificateurs.

      Ces derniers mots manquent dans Sin., B, l'Itala, et sont probablement tirés des parallèles.

      25 Quel contraste tragique entre ces deux hommes, dont l'un est libéré et l'autre livré à la mort !

      Luc résume admirablement son récit : il fait ressortir l'iniquité du choix du peuple, en répétant les titres de Barabbas, (versets 19,25) et accentue par ces expressions, qui ne sont pas exemptes d'ironie, la lâcheté du gouverneur romain : Pilate prononça que ce qu'ils demandaient fût fait, et : il le livra à leur volonté.

      - Pour Jésus, ce fut une dernière amertume, de se voir préférer un brigand !

      26 La mort de JĂ©sus

      26 Ă  32 Le chemin de la croix.

      Voir Matthieu 27.32 ; Marc 15.21, notes.

      27 Cette multitude se composait sans doute de la foule des curieux toujours et partout avides de pareils spectacles, mais il s'y trouvait aussi des femmes, qui sentaient vivement ce qu'il y avait de douloureux et de tragique dans la situation de Jésus, et savaient le distinguer des deux malfaiteurs qui marchaient à la mort avec lui ; car c'est sur lui qu'elles se lamentaient.

      Ces femmes n'étaient pas de celles qui avaient suivi Jésus de la Galilée, mais des habitantes de Jérusalem. (verset 28)

      Cependant Jésus ne reste pas insensible à leurs larmes, il s'arrête pour adresser la parole aux seuls êtres qui lui témoignassent quelque compassion. Il voudrait que son triste sort n'excitât pas seulement la sensibilité de leur cœur, mais produisît chez elles un réveil de la conscience ; et c'est pourquoi il leur fait entendre un solennel avertissement.

      28 Jésus ne veut pas garder pour lui-même la sympathie dont il est l'objet ; fidèle jusqu'à la fin à sa mission divine, il saisit ce moment d'attendrissement pour faire sentir à ces filles de Jérusalem le crime de leur ville et de leur peuple, aussi bien que leur propre péché.

      C'est sur elles-mêmes qu'elles doivent pleurer et sur leurs enfants, qui seront les témoins et les victimes des redoutables jugements de Dieu que Jésus annonce.

      29 Heureuses ! car pour les enfants auxquels elles auraient donné le jour, il valait mieux qu'ils ne vinssent pas au monde. (Comparer Job 3.3-12 ; Jérémie 20.14-18)
      30 Cette expression du désespoir est empruntée à Osée 10.8. (Comparer Apocalypse 6.16)
      31 Si l'arbre vert et fertile est ainsi coupé, que sera-ce de l'arbre sec et stérile ? Ces images encore sont tirées de l'Ecriture. (Psaumes 1.3 ; Ezéchiel 17.24 ; 21.3)

      Le sens est : Si le Saint et le Juste doit souffrir ces choses, quelle sera la fin de ce peuple corrompu et endurci qui le crucifie ? Et, d'une manière plus générale encore : "Si le juste est difficilement sauvé, que deviendront l'impie et le pécheur ?" (1Pierre 4.18 ; comparez Luc 11.31)

      - "Ce dernier discours de Jésus (versets 28-31) est encore un grand monument, aussi bien de son renoncement que de la conscience de sa sainteté et de ses vues profondes sur les inévitables jugements de Dieu, que l'amour méprisé peut encore annoncer mais non détourner." Meyer.

      32 Cette coĂŻncidence ne fut peut-ĂŞtre pas fortuite, mais un calcul de la haine des chefs, pour ajouter aux humiliations de JĂ©sus cette nouvelle marque d'infamie.

      Mais, comme l'observe M. Godet, "Dieu en a tiré la gloire de son Fils." (verset 39 et suivants)

      33 33 Ă  49 JĂ©sus sur la croix.

      Le crâne, ce mot a le même sens que l'hébreu : Golgotha. (Matthieu 27.33, note.)

      34 C'est la première des sept paroles de la croix, précieux joyau conservé par Luc seul, manifestation la plus sublime et la plus émouvante de l'amour divin qui s'oublie lui-même dans les souffrances les plus atroces pour ne penser qu'au salut des pécheurs.

      Pour qui Jésus fait-il cette prière ? Ce n'est pas seulement, comme on l'a pensé, pour ces soldats romains qui en le crucifiant ne faisaient qu'obéir aveuglément aux ordres de leurs chefs.

      Jésus prie pour ses ennemis, les vrais auteurs de son supplice. Mais ceux-ci ne savaient-ils pas ce qu'ils faisaient ?

      Assurément, ils savaient qu'ils mettaient à mort un innocent ; mais non que cet innocent fût leur Messie, le Fils du Dieu vivant. Et toute volontaire et coupable que fût leur ignorance, elle atténuait la culpabilité de leur crime.

      Telle est la pensée de Pierre, (Actes 3.17) aussi bien que celle de Paul. (1Corinthiens 2.8)

      La prière de Jésus trouva son exaucement dans les quarante années de sursis accordées à son peuple et dans la prédication de l'Evangile qui lui fut adressée et amena la conversion d'un grand nombre de Juifs.

      - Le verset verset 34 manque dans B, D.

      Grec : ils jetèrent les sorts.

      Le pluriel qui se lit dans A, et est préféré par la plupart des critiques, s'explique par le fait que les soldats se partagèrent successivement les diverses pièces du vêtement de Jésus. (Marc 15.24 ; Jean 19.23,24)

      35 Comparer Matthieu 27.42,43, note, et Marc 15.31.

      Selon notre évangile, le peuple ne faisait que se tenir là et regarder, les uns avec curiosité, les autres peut-être avec compassion, tandis que les magistrats, c'est-à-dire les membres du sanhédrin, (Matthieu 27.41) se moquaient de lui et l'injuriaient !

      Le texte reçu, il est vrai, porte : Les magistrats aussi se moquaient avec eux ; ce qui implique les railleries de la foule.

      Mais les expressions soulignées qui manquent, la première dans Sin., D, la seconde dans Sin., B, C, Itala, paraissent des adjonctions destinées à faire concorder le récit de Luc avec les autres.

      - L'élu de Dieu signifie son Bien-Aimé, son Fils. (Luc 3.22 ; Esaïe 42.1)

      Les chefs du peuple tournent en raillerie les deux titres sacrés en vertu desquels ils ont condamné Jésus à mort : le Christ, le Fils de Dieu.

      37 Ces soldats redisent avec ironie les mots qu'ils lisaient écrits sur la croix et qui avaient été le sujet d'accusation devant Pilate.

      Il ne faut pas confondre ce trait, qui est particulier à Luc, avec celui que rapporte Matthieu. (Matthieu 27.48) D'après lui l'un des soldats présente à Jésus du vinaigre par humanité, parce qu'il l'a entendu exhaler une plainte douloureuse.

      38 Voir Matthieu 27.37, note.

      Le texte reçu avec Sir., A, Itala, porte : une inscription en lettres grecques, hébraïques et romaines.

      Ces mots sont tirés de l'évangile de Jean.

      39 C'est l'un des malfaiteurs qui injuriait ainsi le Sauveur, et non tous les deux, comme le rapportent Matthieu et Marc.

      (Voir, sur cette différence, Matthieu 27.44, note.)

      40 Grec : Tu ne crains pas même Dieu, (il me semble que tu devrais le craindre) parce que tu subis...

      Ce crucifié est épouvanté de l'endurcissement de son compagnon de crime, dans le moment suprême où il subit son châtiment. C'est ce contraste qui lui inspire sa réprimande.

      41 Grec : rien fait qui ne fût à sa place, dans l'ordre.

      Le malfaiteur éprouve un double sentiment aussi vif que profond : d'une part, celui de sa propre culpabilité devant les hommes et devant Dieu, et, d'autre part, celui de la parfaite innocence de Jésus.

      42 Nous conservons la leçon du texte reçu qui est confirmée par les anciennes versions (Itala, Syr.). Sir., B, C portent : et il disait : Jésus souviens-toi de moi...

      Tout est renfermé dans cette inimitable supplication : l'humilité qui ne demande qu'un souvenir, la confiance qui se jette dans les bras du Sauveur, la foi qui voit dans ce crucifié un roi auquel appartient le royaume spirituel qu'il viendra un jour établir dans sa puissance et sa gloire.

      On se demande d'où pouvaient venir à cet homme, qui mourait comme malfaiteur, des sentiments si élevés de repentance et de piété.

      La critique négative n'a pas manqué de révoquer en doute la vérité historique de ce récit. Mais, sans compter que cet homme pouvait avoir connu Jésus et entendu ses miséricordieuses invitations adressées aux plus grands pécheurs, la situation présente suffit pour expliquer cette transformation de son âme par l'action de la grâce de Dieu.

      Pourquoi, d'abord, sa conscience n'aurait-elle pas été réveillée sous le coup de la condamnation qui le vouait à une mort horrible ?

      Puis, n'a-t-il pas marché à côté de Jésus, du palais de Pilate jusqu'au Calvaire ?

      N'a-t-il pas vu sa douceur inaltérable, la majesté et la sainteté de tout son être, prêté l'oreille aux paroles solennelles et prophétiques adressées aux femmes de Jérusalem et à tout le peuple ?

      Enfin et surtout, n'a-t-il pas entendu, à l'instant même, l'émouvante prière du Sauveur pour ses ennemis, sur lesquels il implorait le "pardon du Père ?"

      N'était-ce pas là toute une révélation, l'Evangile entier offert à cette âme profondément humiliée ? Ne devait-elle pas être persuadée que celui qu'on crucifiait alors, comme roi et comme Fils de Dieu, l'était en effet ?

      43 Jésus accorde à ce pécheur sauvé bien plus qu'il n'avait demandé. Non pas un simple souvenir dans un avenir plus ou moins lointain ; mais aujourd'hui, lui dit il, avant que la nuit règne sur la terre, je t'introduirai dans le séjour des bienheureux, où tu seras avec moi.

      Jésus promettait cette suprême consolation à ses propres disciples attristés au moment de la séparation. (Jean 14.3 ; comparez 17 : 24.)

      C'est dépouiller cette magnifique promesse de sa richesse et de sa beauté que de faire du paradis une partie du hadès (lieu invisible, séjour des morts) où l'esprit de Jésus se serait rendu dans sa prétendue descente aux enfers, pendant l'intervalle qui sépara sa mort de sa résurrection. La belle consolation pour ce mourant qu'un tel rendez-vous dans le royaume des ombres ! (Esaïe 14.9,10 ; 38.18)

      Le mot paradis signifie parc. On le trouve dans ce sens littéral Ecclésiaste 2.5 ; Cantique 4.13. Les Septante désignent par ce mot le jardin d'Eden. (Genèse 2.8) Il est ainsi devenu synonyme du ciel, étant appliqué au séjour de l'homme sauvé.

      Dans 2Corinthiens 12.4, Paul raconte qu'il "fut ravi dans le paradis, où il entendit des paroles ineffables, qu'il n'est pas permis à l'homme d'exprimer." Immédiatement avant, il avait rendu la même idée en disant qu'il "fut ravi jusqu'au troisième ciel." Comparer 2Corinthiens 12.4, 1re note.

      Les deux termes sont donc synonymes.

      Dans Apocalypse 2.7, le Seigneur promet "à celui qui vaincra de lui donner à manger de l'arbre de vie qui est dans le paradis de mon Dieu," nommant ainsi l'Eden retrouvé, le séjour de la félicité éternelle, qui est celui de Dieu même. Il nous parait inadmissible de donner au mot paradis un sens différent dans notre passage.

      Une variante qui se lit dans B et dans quelques copies de l'Itala, au verset 42, porte : quand tu entreras dans ton règne. Si cette leçon que Westcott et Hort adoptent, présente le texte original, Jésus désigne du nom de paradis le royaume dans lequel il va entrer.

      Le paradis n'est donc pas une division du hadès, car celui-ci n'appartient pas au royaume de Christ.

      45 On peut traduire aussi : "il y eut des ténèbres sur tout le pays."

      Voir, au sujet de ces ténèbres, Matthieu 27.45, note ; et, au sujet du voile du temple, Matthieu 27.51, note. Quant aux indications relatives aux heures, voir Matthieu 27.45, note ; Marc 15.25, note.

      Luc rapporte que le voile du temple se déchira avant la mort de Jésus, et ne parle pas du tremblement de terre ; selon Matthieu et Marc, ces phénomènes suivirent immédiatement la mort du Sauveur.

      Au lieu de : "et le soleil s'obscurcit," Sin., B, ont : "le soleil ayant manqué ou subi une éclipse."

      46 Père ! Jésus, après un temps d'angoisses profondes, (Matthieu 27.46) a retrouvé le sentiment intime de confiance et d'amour qui l'unissait à Dieu ; et comme maintenant il sent la mort s'approcher et va perdre la conscience de lui-même, il remet son esprit dans les mains de ce Père qui veille sur lui. Il s'approprie pour cela les paroles du Psaumes 31.6.

      En citant ce passage, Luc (selon Sin., B, A, C, Itala, Syr.) corrige le futur de la version des Septante, conservé par le texte reçu, et fait dire à Jésus : je remets. Le présent convient seul dans la bouche de Jésus expirant.

      Cette dernière prière qui s'échappe du cœur de Jésus est en harmonie avec l'interprétation que nous avons donnée du verset 43, et exclut la pensée d'une descente que Christ aurait opérée en esprit dans les enfers. Jésus a conscience, au moment même où il expire, d'entrer dans la pleine communion du Dieu vivant ; et c'est ainsi que son dernier soupir est la consolation suprême de ceux qui meurent en chrétiens. (Actes 7.59)

      D'après Jean 19.30, on pourrait penser que la dernière parole de Jésus sur la croix fut : Tout est accompli ; mais cette parole précéda la prière que Luc rapporte et qui correspond au mot de Jean : il rendit l'esprit.

      47 Voir Matthieu 27.54 ; Marc 15.39 notes.

      Juste, innocent de ce dont on l'accusait.

      "Mais cet hommage en impliquait un autre ; car Jésus s'étant donné pour le Fils de Dieu, s'il était un homme juste, il devait être plus que cela. C'est ce qu'exprime l'exclamation du centurion chez Matthieu et Marc. Deux fois, sur la croix, Jésus avait appelé Dieu son Père ; le centurion pouvait donc bien s'exprimer ainsi : c'était un juste ; c'était réellement le Fils de Dieu." Godet.

      48 Le peuple de Jérusalem, séduit par ses chefs, avait demandé la mort du Sauveur ; (versets 4,13,18,21,23) vivement ému de tout ce qu'il vient de voir et d'entendre, il se frappe maintenant la poitrine en signe de remords et de douleur.

      Ainsi commençait de s'accomplir la prophétie de Zacharie, (Zacharie 12.10) et ces hommes étaient les prémices de la conversion de milliers d'autres qui, en entendant Pierre, au jour de la Pentecôte, se sentiront également repris dans leur conscience. (Actes 2.37)

      49 Matthieu nomme quelques-unes de ces femmes, ainsi que Jean, qui mentionne aussi la présence au pied de la croix de Marie, mère de Jésus, dont les synoptiques ne parlent pas. (Voir Matthieu 27.56, note.)

      Par tous ceux de sa connaissance, il faut entendre les amis de JĂ©sus, peut-ĂŞtre aussi quelques-uns des apĂ´tres.

      Se tenant à distance, à cause de la crainte dont ils étaient pénétrés, ils contemplaient ces choses, tout ce qui venait d'arriver, puis le départ du peuple, consterné de ce qu'il venait de voir. (verset 48)

      De tels détails sont pris sur le fait.

      50 50 à 56 La sépulture.

      Voir, sur la sépulture de Jésus, Matthieu 27.57-61 ; Marc 15.42-47, notes ; comparez Jean 19.38-42.

      Chacun des quatre évangélistes caractérise Joseph d'Arimathée à sa manière, de sorte que réunis, ils nous donnent une idée assez complète de ce pieux et éminent Israélite.

      Matthieu fait remarquer qu'il était "riche ;"

      Marc le nomme "un conseiller de distinction" et ajoute, ainsi que Luc, "qu'il attendait, lui aussi, le royaume de Dieu ;"

      Luc le désigne encore par ces deux épithètes importantes : un homme bon et juste.

      Enfin, Jean nous apprend qu'il Ă©tait "disciple de JĂ©sus, mais en secret, Ă  cause de la crainte des Juifs."

      Et maintenant, à l'heure du danger, quand la cause du Sauveur parait perdue, cet homme, intimidé jusqu'alors, trouve le courage d'accomplir un saint devoir.

      51 Déjà avant la manifestation du Sauveur, Joseph était du nombre de ces pieux Israélites qui attendaient l'accomplissement des promesses de Dieu et l'établissement de son règne ; (Luc 2.25,38) c'est ce qu'indique le mot lui aussi, omis à tort par quelques manuscrits (Sin., B, C, D).

      Sa conduite actuelle prouve qu'il avait reconnu en JĂ©sus le fondateur de ce royaume.

      53 Matthieu nous apprend que ce sépulcre appartenait à Joseph luimême et qu'il était neuf. Luc et Jean attachent assez d'importance à ce dernier trait pour ajouter que personne n'y avait encore été mis.

      Un tel sépulcre était plus honorable pour le Sauveur en préservant son corps du contact avec d'autres cadavres, qui, suivant la loi juive, lui auraient fait contracter une souillure.

      54 Ce jour était la préparation du sabbat ; celui-ci allait commencer le vendredi soir au coucher du soleil.

      Cette indication, ainsi que quelques autres dans les récits des synoptiques eux-mêmes, semble prouver que la mort de Jésus n'eut pas lieu au grand jour de la fête, le 15 nizan, car il serait étrange que celui-ci fût désigné par ce terme de préparation, et opposé à un simple sabbat.

      Voir, sur cette question, Jean 13.1, note.

      55 Ici, comme au verset 49, Luc passe sous silence les noms de ces femmes, conservés par Matthieu et Marc. Elles suivirent Joseph jusqu'au sépulcre, soit par attachement au Maître qu'elles avaient perdu, soit à cause de leur intention indiquée au verset suivant.
      56 Marc (Marc 16.1) dit plus exactement qu'elles firent ces préparatifs le samedi soir après que le sabbat fût passé. Elles n'auraient pas eu le temps de les faire le vendredi soir, parce que le sabbat commençait au coucher du soleil. Leurs préparatifs achevés le samedi soir, il était trop tard pour procéder encore à l'embaumement du corps de Jésus ; voilà pourquoi elles ne vinrent au sépulcre que le dimanche matin.

      Mais alors le Prince de la vie n'avait plus besoin de leurs aromates et de leurs parfums ; Dieu n'avait pas permis que son Bien-Aimé sentit la corruption. (Psaumes 16.10 ; Actes 2.27)

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