Adresse email :
Mot de passe :
Se souvenir de moi
Prénom :
Nom :
Confirmation du mot de passe : Entrez le même mot de passe pour confirmation.
Je m'abonne Ă la newsletter. Je souhaite recevoir la newsletter quotidienne.
Ils avaient déjà prononcé la sentence de mort (Matthieu 26.66) mais, dès que le matin fut venu et que Jésus eut été éloigné, ils délibérèrent de nouveau en conseil, dans la seconde partie de la même séance, sur les moyens d'exécuter la sentence. (Voir Luc 22.66, note.)
Il fallait pour cela obtenir l'autorisation du gouverneur romain, car, depuis que la Judée était devenue province romaine, le droit de vie et de mort avait été ôté au sanhédrin. (Comparer Jean 18.31)
Le peuple de l'alliance dut ainsi livrer son Messie entre les mains des Gentils, ce qui aggrava sa culpabilité. Il en résulta aussi que Jésus subit le supplice romain de la croix, au lieu de la lapidation, peine de mort usitée chez les Juifs.
Il fut le cinquième procurateur de Judée et succéda à Valerius Gratus en 26 après Jésus-Christ. Après dix ans, il fut rappelé à Rome pour rendre compte de son administration, et relégué à Vienne, dans les Gaules. Les procurateurs résidaient à Césarée, capitale politique du pays (Actes 23.32 et suivants ; Actes 25.1 et suivants) ; mais Pilate était venu à Jérusalem probablement pour surveiller cette ville pendant la fête de Pâque, où l'on pouvait toujours craindre quelque trouble à cause des immenses multitudes qui y affluaient. (Matthieu 26.5)
Alors il vit que Jésus était condamné, par le fait qu'on le livrait à Pilate. Judas ne s'attendait point à cette condamnation. Connaissant l'innocence de Jésus, il pensait sans doute que ses adversaires se borneraient à lui infliger quelque peine légère, ou que lui-même ferait usage de sa puissance pour anéantir leurs desseins. (Matthieu 26.15, note.)
Mais il ne faudrait pas conclure de ce mot : il se repentit, qu'un changement salutaire s'accomplit dans son cœur. En effet, le verbe ici employé n'est point celui qui désigne une repentance à salut, une sainte douleur d'avoir offensé Dieu, toujours suivie de la régénération du cœur ; (Matthieu 3.2, note) il exprime seulement un regret plein d'angoisses à la vue des suites redoutables d'une action. Pour comprendre la différence, il suffit de comparer la repentance de Judas à celle de Pierre.
Que nous importe ? ou : Qu'est-ce que cela nous regarde ? C'est ton affaire. Il n'y a peut-être pas dans les annales du crime de parole qui trahisse un endurcissement aussi complet. Et ce sont des prêtres qui la prononcent !
Comparer Actes 1.18, note. Pierre ajoute à cette scène tragique quelques détails plus horribles encore.
Les sacrificateurs pensent qu'il n'est pas permis d'y mettre les trente pièces d'argent qui étaient le prix du sang. (Comparer Deutéronome 23.18)
Quelle contradiction dans ce scrupule ! Ils respectent le temple, au moment de tuer le Seigneur ; toujours l'hypocrisie filtre le moucheron et avale le chameau.
- Ces étrangers auxquels on prépara ainsi une sépulture étaient des Juifs ou des prosélytes qui mouraient à Jérusalem dans le séjour qu'ils y faisaient, surtout aux temps des grandes fêtes.
Ainsi les ennemis du Sauveur élevèrent eux-mêmes un monument perpétuel de leur crime, de la trahison de Judas (verset 4) et de l'innocence de Jésus. D'après Actes 1.19, ce champ tirait son nom du suicide de Judas, dont il aurait été le théâtre.
Quelques minuscules ont corrigé cette faute en mettant le nom de Zacharie ; d'autres portent simplement : le prophète ; mais le nom de Jérémie est indubitablement authentique. Pour aplanir la difficulté, on a eu recours à diverses hypothèses sans valeur.
Il faut y voir une inadvertance, à laquelle un passage de Jérémie (Jérémie 18.2) pouvait facilement donner lieu.
"Je confesse que je ne sais comment le nom de Jérémie s'est ici rencontré, et ne m'en tourmente pas fort. Certes la chose montre d'elle-même qu'on s'est abusé en mettant le nom de Jérémie pour Zacharie ; car en Jérémie, on ne trouve point ce propos, ni chose qui en approche" Calvin.
Alors il ajoute : "Et je leur dis : Si vous le trouvez bon, donnez-moi mon salaire, sinon laissez-le. Et ils me pesèrent mon salaire, trente pièces d'argent. Et l'Eternel me dit : Jette-le au potier, ce prix magnifique (ironie) auquel j'ai été évalué par eux ! Et je pris les trente pièces d'argent et je les jetai dans la maison de l'Eternel au potier." Trente pièces d'argent étaient le prix payé pour le plus pauvre esclave ; de là ce mépris d'une telle évaluation que l'Eternel considère comme appliquée à lui-même parce que le prophète agissait en son nom. En effet, jeter cet argent au potier pour son travail de peu de valeur, c'était montrer combien ce salaire était peu digne du prophète.
Enfin ces mots "dans la maison de l'Eternel" supposent que le potier travaillait dans quelque dépendance du temple pour la réparer ou pour y faire des ustensiles destinés au service des prêtres.
Il faut remarquer encore que ce mot de potier est le seul qui rende le terme original d'après sa racine, et que c'est par une pure imagination philologique empruntée aux rabbins que plusieurs commentateurs modernes prétendent le traduire par le mot de trésor.
- Voici maintenant ce que notre évangéliste tire de ce passage : il en fait une application symbolique au Sauveur, qui a été évalué à trente pièces d'argent de la part des fils d'Israël, c'est-à -dire des sacrificateurs. Ce sont eux-mêmes qui ont pris, ou repris, cette valeur, et qui l'ont donnée pour le champ du potier.
Enfin les derniers mots, comme le Seigneur m'avait ordonné, doivent, dans la pensée de Matthieu, rendre ceux du prophète et l'Eternel me dit. On sent, à chaque mot de cette citation, l'indignation contenue de l'évangéliste, mieux fondée encore que le mépris du prophète pour les trente pièces d'argent auxquelles on avait évalué son travail.
Ou : Es-tu le roi des Juifs ? Cette question étonne au premier abord, puisque Jésus avait été condamné par le sanhédrin sur un tout autre chef d'accusation, et que, jusqu'ici, il ne s'était point agi de sa royauté.
C'est que ce conseil inique, sentant fort bien que le gouverneur païen ne recevrait point un grief religieux (celui de blasphème), avait résolu d'en invoquer un autre qui eût un caractère politique, et qui pût inspirer des craintes à Pilate. Luc (Luc 23.2) rapporte les termes dans lesquels ils formulèrent cette accusation devant Pilate.
C'est-à -dire "Oui, je le suis." Comme Jésus a confessé hautement sa divinité devant Caïphe, (Matthieu 26.64) il confesse non moins franchement sa royauté devant Pilate.
Mais tandis que dans les synoptiques il se proclame roi sans aucune explication, on voit par le récit de Jean (Jean 18.33-37) qu'il eut avec le gouverneur, sur la nature de cette royauté, un entretien assez long et très clair.
Le Sauveur répondit à Pilate en particulier, mais il se taisait en présence des principaux sacrificateurs qui n'écoutaient plus que leur aveugle haine et qui s'étaient rendus incapables et indignes d'entendre la vérité. (Matthieu 26.63 ; comparez Esaïe 53.7)
Pilate comprend l'innocence de Jésus, mais il s'étonne de cette majesté avec laquelle il souffre en silence au moment où il s'agit de sa vie ou de sa mort.
Il y avait peut-être un rapport entre cette coutume et la fête de Pâques : soit qu'elle fît allusion au nom de cette fête (qui exprime l'idée de faire grâce, d'épargner), soit qu'elle fût un mémorial de la grande délivrance nationale. Aussi la coutume était-elle de relâcher le prisonnier à chaque fête, sous-entendu de Pâques.
Mais, comme l'observe Luther, "ils lui auraient préféré le diable lui-même."
- Ce Barabbas (en hébreu fils du père, ou peut-être fils du rabbi) est du reste entièrement inconnu.
Quelques minuscules, la syriaque de Jérusalem et la version arménien ajoutent Jésus devant Barabbas. Dans ce cas, la question de Pilate aurait présenté ce contraste frappant : Lequel voulez-vous que je vous relâche : Jésus Barabbas, ou Jésus appelé le Christ ? Mais cette variante n'est pas suffisamment autorisée.
La tradition a fait d'elle une amie du peuple juif, ou même a supposé qu'elle était secrètement attachée à Jésus. Elle aurait porté le nom de Procla ou Claudia Procula. L'Eglise grecque est allée jusqu'à la mettre au rang des saints. Il n'y a rien de tout cela dans le récit.
Mais son langage (ce juste) prouve au moins qu'elle était, comme son mari, convaincue de l'innocence du Sauveur. Il est possible qu'elle ait été informée de l'arrestation de Jésus par les émissaires du sanhédrin et que la crainte de voir son mari impliqué dans ce procès inique ait provoque en elle, sur le matin, un songe plein d'angoisse.
Il est bien permis de voir dans cette circonstance un dernier avertissement providentiel adressé à Pilate. Telle est l'opinion de plusieurs Pères de l'Eglise, tandis que d'autres attribuent ce songe au diable, qui voulait empêcher la mort de Jésus-Christ et le salut du monde !
L'apôtre Pierre, douloureusement frappé de cette iniquité et de cette nouvelle humiliation de son Maître, en fit bientôt après un reproche sévère à tout le peuple juif. (Actes 3.14)
Le gouverneur s'en sert pour proclamer Ă la fois l'innocence de JĂ©sus et la sienne propre.
Le texte reçu avec Sin. et la plupart des majuscules lui fait dire : Je suis innocent du sang de ce juste. Ce dernier mot, peut-être emprunté au verset 19, est omis par B, D ; mais l'idée qu'il exprime est bien dans la pensée de Pilate.
"Les Juifs ont dit à Judas : tu y pourvoiras ; (verset 4) Pilate à son tour dit aux Juifs : vous y pourvoirez." Bengel.
Cette imprécation, qui provoquait le jugement de Dieu, s'accomplit quarante ans après d'une manière terrible et fut ainsi une prophétie involontaire.
Mais il est plus naturel de supposer que le prétoire était un palais attenant à la forteresse Antonia au nord-ouest du temple. C'est de là que la tradition fait partir la voie douloureuse.
- On ramena Jésus dans la cour de cet édifice après que la flagellation eut eu lieu au dehors. (Marc 15.16) La cohorte (romaine) qui s'y trouvait consignée devait maintenir l'ordre pendant l'exécution.
Une variante de B, D, l'ltala, dit au contraire l'ayant rhabillé, parce qu'on lui avait ôté ses habits pour le flageller. (verset 26) Mais il est possible qu'on les lui eût déjà remis et que le terme du texte reçu doive être préféré.
On lui ôta seulement son vêtement de dessus pour le revêtir de ce manteau de couleur écarlate que portaient les soldats, les officiers supérieurs ou même l'empereur, avec des degrés divers de finesse dans l'étoffe.
Tous ces insignes dérisoires de la royauté, le manteau, la couronne, le sceptre, ont leur vérité profonde. Les soldats romains, dans leur grossière ignorance, prophétisent, comme Caïphe, sans le savoir. (Jean 11.51) C'est en effet dans cet abîme d'humiliations que Jésus fonde son éternelle royauté sur les âmes. (Comparer verset 37, note.)
- Ayant tressé une couronne d'épines.
"L'épine dont il est question dans l'Evangile est certainement la petite épine ligneuse et presque rampante qui couvre le sol aux environs de Jérusalem. Je ne doute pas que ce ne soit de cette épine qu'ai été faite la couronne du Sauveur, car il peut venir aisément à l'esprit d'en former des guirlandes ; les aiguilles en sont fines, les branches s'arrondissent d'elles-mêmes. Ces épines sont dures et très piquantes." F. Bovet, Voyage en Terre-Sainte, 7e éd. p. 273.
32 Ă 56 Crucifiement et mort du Sauveur.
Comme ils sortaient de la ville, hors de laquelle devaient se faire les exécutions, (Nombres 15.35,36 ; 1Rois 21.13 ; Actes 7.58) ils rencontrèrent un nommé Simon, originaire de Cyrène, en Afrique, où se trouvait une nombreuse colonie juive. (Actes 6.9)
Simon revenait des champs, (Marc 15.21) ils le chargèrent de la croix de Jésus. Jésus l'avait jusque-là portée lui-même ; (Jean 19.17) mais il parait qu'épuisé par ses souffrances et surtout par le supplice sanglant de la flagellation, il succombait.
Aucun soldat romain n'aurait voulu porter la croix, à cause de l'infamie qui s'y attachait ; ils y contraignirent cet étranger de médiocre condition. (Grec : le mirent en réquisition pour cela.) Ce terme n'indique pas, comme on l'a supposé, que Simon de Cyrène fût disciple de Jésus ; mais, qu'il le soit devenu après cette participation involontaire à la mort du Sauveur et tout ce dont il fut témoin sur le Calvaire, c'est ce qu'on peut conclure de Marc 15.21 ; comparez Romains 16.13.
L'emplacement traditionnel, marqué par l'église du Saint-Sépulcre que l'impératrice Hélène fit construire au commencement du quatrième siècle, est actuellement dans la ville.
Ceux qui défendent cette donnée de la tradition pensent qu'au temps de Jésus le mur d'enceinte suivait du nord au sud le tracé de la rue de Damas pour tourner brusquement à l'ouest dans la direction de la porte de Jaffa. Le Calvaire aurait été situé dans cet angle rentrant (F. Bovet, Voy. en Terre-Sainte, p. 209 et suivants).
- Le texte reçu porte du vinaigre au lieu de vin. Si ce mot était authentique, il ne changerait rien au sens, car aujourd'hui encore, en Orient, on laisse aigrir le vin pour le rendre plus rafraîchissant en le mêlant avec de l'eau.
Ce qu'on appelait "vin doux" (Actes 2.13) n'Ă©tait autre chose que du vin non aigri. (Voir F. Bovet, Voy. en Terre-Sainte, 7e Ă©d. p. 218.)
La croix se composait de deux pièces : l'une verticale, plantée dans le sol, l'autre horizontale, fixée tantôt au sommet de la première (de sorte que l'instrument avait la forme d'un T), tantôt un peu au-dessous de ce sommet. Cette dernière forme fut probablement celle de la croix de Jésus, car elle s'accorde le mieux avec le fait qu'une inscription fut placée au-dessus de sa tête. Quand la croix était dressée, on hissait le condamné, au moyen de cordes, à la hauteur de la poutre transversale, sur laquelle on lui fixait les mains avec des clous.
A mi-hauteur de la pièce verticale, il y avait une cheville de bois sur laquelle on mettait le supplicié à cheval, pour empêcher que le poids du corps ne déchirât les mains. Les pieds enfin étaient cloués, soit l'un sur l'autre avec un clou unique, soit l'un à côté de l'autre.
- Il arrivait, mais plus rarement, que l'on fixait le condamné sur la croix encore couchée par terre pour la redresser ensuite.
- Les crucifiés vivaient ordinairement une douzaine d'heures, quelquefois jusqu'au second ou au troisième jour. L'inflammation des blessures provoquait la fièvre et une soif ardente ; l'immobilité forcée du corps occasionnait des crampes douloureuses ; l'afflux du sang au cœur et au cerveau causait de cruelles souffrances et des angoisses indicibles.
Ce partage des vêtements du supplicié entre ses exécuteurs était alors d'un usage général. Pour Jésus, ce fut l'accomplissement d'une prophétie. (Psaumes 22.19)
Aussi le texte reçu ajoute-t-il à ce verset cette remarque : afin que fût accompli ce qui a été dit par le prophète : Ils ont partagé mes vêtements, ils ont jeté le sort sur ma robe. Ces paroles ne sont point authentiques ; mais cette application de la prophétie est faite par Jean, qui raconte ce trait plus en détail. (Jean 19.23,24)
C'est Pilate qui avait choisi ce titre ironique pour se moquer et se venger des Juifs, et il refusa de le changer à leur demande ; (Jean 19.22) en sorte que Jésus porta en sa mort son titre véritable, dont les Juifs avaient fait contre lui un sujet d'accusation.
Ce crucifiement des deux brigands eut lieu probablement par d'autres exécuteurs, qui les placèrent à droite et à gauche de Jésus, infligeant ainsi à la sainte victime une nouvelle humiliation. De la sorte fut accomplie la parole d'Esaïe (Esaïe 53.12) et du Seigneur lui-même., (Luc 22.37 ; Marc 15.28) (selon le texte reçu.)
Le vrai texte de ces paroles injurieuses est ici rétabli. Elles tournent en dérision le double fait que Jésus avait eu la prétention de sauver les autres (verset 42) et d'être le Fils de Dieu.
On le sommait de prouver l'un et l'autre en descendant de la croix.
Quand tout ce qu'il y a de plus éclairé et de plus élevé dans une nation descend à ce degré de bassesse morale, que peut-on attendre encore ? Il faut remarquer cette série de courtes phrases outrageantes qu'ils jettent à la face du Crucifié.
Il ne faut pas lire, (verset 42) avec le texte reçu, s'il est le Roi d'Israël, mais il est le roi d'Israël, ce qui est d'une ironie bien plus poignante. Ces hommes qui savent par cœur l'Ecriture, la profanent en y cherchant l'expression de leur raillerie. (verset 43 ; comparez Psaumes 22.8)
Les plus beaux titres de Jésus-Christ sont, dans la bouche de ces aveugles, convertis en injures contre lui : Sauveur, Roi d'Israël, Fils de Dieu.
Matthieu et Marc attribuent ces outrages indistinctement aux deux brigands, tandis que Luc ne les met que dans la bouche de l'un d'eux, qui est mĂŞme repris par son compagnon d'infortune.
Plusieurs interprètes, depuis les Pères jusqu'à nos jours, ont admis, pour rendre compte de cette différence, qu'au commencement de cette scène, qui dura plusieurs heures, les deux brigands outragèrent Jésus ; mais que l'un d'eux (comme le centenier verset 54), frappé de tout ce qui se passait sous ses yeux, avait reconnu en Jésus le Messie d'Israël. Il n'y a rien là d'impossible (voir l'exemple du geôlier de Philippes, Actes 16.27 et suivants) ; mais cela est peu probable.
Voir Luc 23.42 note.
Les trois premiers évangélistes s'accordent sur ce moment où se produisirent les ténèbres. Si elles avaient eu lieu dès le commencement du supplice de Jésus, il ne serait pas difficile de concilier ce récit avec celui de Jean Jean 19.14 qui nous apprend que ce fut environ la sixième heure (midi) que Pilate livra Jésus pour être crucifié.
Mais la difficulté gît dans le récit de Marc (Marc 15.25) (voir la note), qui place le crucifiement dès la troisième heure (neuf heures du matin), en sorte que, selon lui, Jésus avait déjà souffert trois heures le supplice de la croix au moment des ténèbres. Tout ce qui a été dit pour concilier cette différence est insuffisant. Ne vaut-il pas mieux se résigner à ce que quelque obscurité plane sur un point de détail, que de vouloir l'éclaircir à tout prix, par des raisons sans valeur ?
- Quant aux ténèbres qui s'étendirent sur toute la terre (ou selon un hébraïsme, sur tout le pays), et que les premiers évangélistes mentionnent d'un commun accord, la critique s'est efforcée de les expliquer comme un phénomène naturel. Ce ne pouvait pas être une éclipse de soleil, puisqu'au quinze du mois de nisan la lune était pleine. Ce n'était probablement pas non plus un obscurcissement causé par un orage ou par le tremblement de terre mentionné ci-après. (verset 51)
Evidemment les évangélistes entendent raconter un miracle. Sa réalité est attestée par l'impression profonde qu'en reçurent les assistants. (verset 54) Ce miracle fut une manifestation de la puissance de Dieu, dans ce moment unique de l'histoire de notre humanité.
Le sentiment religieux ne s'y est pas trompé ; il a toujours reconnu les harmonies profondes qui existent entre le monde visible et le monde des esprits ; quand le soleil de justice s'éteint au sein de la perversité humaine, le soleil de la nature se voile de ténèbres. La poésie religieuse est ici le meilleur commentaire :
A ta mort la nature entière Se répand en cris de douleur Le soleil cache sa lumière ; Les élus pleurent leur Sauveur.
Retour momentané des indicibles souffrances morales de Gethsémané (Matthieu 26.36 et suivants, notes) au sein de l'agonie physique !
Jésus emprunte à la Parole sainte (Psaumes 22.1) des termes qui puissent exprimer ce qu'il éprouve, et l'évangéliste les conserve dans la langue originale, afin de n'y rien changer.
Ce qui cause l'angoisse du Sauveur, il le dit lui-même, c'est le sentiment momentané de l'abandon de Dieu ! Il n'y a rien de plus redoutable dans les expériences de l'âme.
- Pourquoi ? Jésus le demande. Le Saint et le Juste sait bien qu'il ne peut trouver en lui la cause de cette mystérieuse et insondable souffrance. Ce qui lui voile la face de son Père et trouble sa communion avec lui, c'est le sombre nuage du péché de notre humanité, ce péché pour lequel il souffre et meurt.
Il ne dit plus : mon Père, comme en Gethsémané, mais : mon Dieu ! Et pourtant : mon Dieu ! S'il souffre tout ce qu'avait souffert le psalmiste dans l'abandon de Dieu, il persiste à crier à son Dieu ; et comme ce psaume que Jésus avait vivant dans son âme, après avoir commence par ce cri d'épouvante, se termine par un chant de délivrance, ainsi Jésus, bientôt après, fait entendre ce cri du triomphe : Tout est accompli ! et cette douce parole de confiance et d'amour : Mon Père, je remets mon esprit entre tes mains !
- Avons-nous par là sondé et expliqué ce mouvement de l'âme de Jésus ? Nullement. Nous redoutons par-dessus tout les commentaires qui s'exposent à profaner ce cri de douleur en voulant en faire ressortir toute la dogmatique des hommes. Il faut l'écouter, le recueillir dans son cœur, et en retirer cette consolante assurance : Il se sent un moment abandonné, afin que je ne le sois jamais !
Ils ne pouvaient pas, par ignorance, prendre le mot Eli (ou selon d'autres manuscrits Eloï, mon Dieu) pour le nom d'Elie qui se dit en hébreu Eliiahou.
C'était donc un mauvais jeu de mots qu'ils faisaient volontairement sur la douloureuse prière de Jésus.
Il ne faut donc pas confondre ce trait avec celui du verset 34.
Le récit de Matthieu est évidemment le plus exact.
Matthieu ne nous dit pas quelles paroles Jésus prononça dans ce cri suprême, mais Luc (Luc 23.46) et Jean (Jean 19.30) nous les ont conservées.
Il est possible aussi, et cela paraît plus naturel, que ces paroles aient été proférées avant le cri suprême.
- Il rendit l'esprit, il mourut.
"L'histoire sainte rapporte en un seul mot la mort du Sauveur ; mais les discours et les épîtres des apôtres prêchent abondamment les fruits de cette mort. Jamais il n'est dit de lui il s'endormit, mais il mourut, verbe par lequel l'Ecriture révèle la vérité, l'importance et la puissance de la mort de Christ." Bengel.
Ainsi ce voile du temple qui séparait le lieu saint du lieu très saint et en défendait l'entrée, (Exode 26.31-33 ; Lévitique 16.2) au delà duquel le souverain sacrificateur seul pénétrait une fois l'an, au grand jour des expiations, (Exode 30.10) indiquait que la demeure du Dieu saint était inaccessible à l'homme, jusqu'à l'accomplissement des temps.
Mais ce voile déchiré au moment ou se consommait sur la croix le vrai sacrifice d'expiation pour le péché proclamait, aux yeux de tout le peuple assemblé dans le temple pour l'oblation du soir (trois heures, verset 45), que désormais l'accès au trône de la grâce (figuré sur l'arche de l'alliance dans le lieu très saint) était rouvert, et que l'homme pécheur, banni du ciel, pouvait tourner ses regards et ses espérances vers les demeures éternelles, vers la maison du Père. (Comparer Hébreux 6.19 ; 9.6 et suivants ; Hébreux 10.19 et suivants).
- Les trois premiers évangélistes rapportent ce trait ; les miracles qui suivent sont dans Matthieu seul.
Par la rupture de ces rochers, plusieurs des sépulcres qui y étaient taillés, selon l'usage d'alors, (verset 60) et qui se voient encore en grand nombre autour de Jérusalem, s'ouvrirent.
Ces saints qui étaient morts (grec endormis) dans l'espérance de la rédemption et qui renaissent à la vie, proclament la victoire du Sauveur sur la mort.
Les mots après sa résurrection ne se rapportent pas à ce qui précède : étant sortis de leurs sépulcres, ce qui supposerait qu'ils y restèrent vivants jusqu'au troisième jour ; mais à ce qui suit : ils entrèrent dans la sainte cité, (Matthieu 4.5) dans la ville de Jérusalem, et apparurent à plusieurs personnes dans les temps qui suivirent la résurrection de Jésus.
Malgré les obscurités de ce récit, nous ne saurions y voir seulement une tradition sans fondement historique.
En effet, le centenier avait été témoin de tout ce qui s'était passé dans cette exécution, à partir du palais de Pilate jusqu'au dernier moment. Il avait entendu les paroles de Jésus sur la croix, vu son inaltérable résignation. Quoi de plus propre à produire l'impression décrite sur un homme qui n'était pas aveuglé par la passion comme les Juifs !
Mais d'où ce soldat païen prenait-il le terme de Fils de Dieu ?
Non seulement il pouvait savoir que tel avait été le motif de la condamnation de Jésus, mais il venait d'entendre les Juifs tourner ce titre en raillerie. (versets 40,43) Or sa parole : véritablement Fils de Dieu, est une allusion évidente aux négations qu'il venait d'entendre.
Cela ne veut point dire qu'il eût des idées bien claires ni très élevées sur le sens religieux de ce nom divin ; mais l'exégèse n'est pas non plus autorisée à affirmer, comme elle l'a fait souvent, que le centenier donnait à ce nom une signification toute païenne : un fils des dieux, un être surnaturel. (Voir Luc 23.47, note.)
57 Ă 66 JĂ©sus mis dans le tombeau.
Marie de Magdala ou Marie-Magdelaine, (Luc 8.2) ne doit être confondue ni avec la pécheresse dont parle Luc, (Luc 7.36 et suivants) ni avec Marie, sœur de Lazare, qui oignit les pieds du Sauveur. (Jean 12.3) Elle est nommée ici la première, elle fut aussi la première à qui Jésus apparut après sa résurrection. (Marc 16.9 ; Jean 20.1 et suivants)
- Marie, mère de Jacques et de Joseph (Sin. D, et la plupart des versions ont Joseph, les autres ont Josè) était la femme d'Alphée ou Cléopas. (Jean 19.25 ; Marc 15.47)
- La mère des fils de Zébédée s'appelait Salomé. (Marc 15.40 ; comparez Matthieu 20.20)
- Matthieu ni Marc ne nomment ici Marie, mère de Jésus, quoique nous sachions par Jean (Jean 19.25 et suivants) que d'abord elle était présente avec ce disciple.
"Il faut donc probablement prendre à la lettre cette expression : dès cette heure-là ce disciple la prit chez lui. (Jean 19.27) Le cœur de Marie s'était brisé à l'ouïe de la parole pleine de tendresse que lui avait adressée Jésus, et elle s'était retirée à l'heure même, de sorte qu'elle n'était plus présente à la fin du supplice." Godet, Commentaire sur Luc 23.47-49.
Joseph n'était pas seulement riche, mais un conseiller de distinction, (Marc 15.43 ; Luc 23.50) c'est-à -dire qu'il était membre du sanhédrin à Jérusalem. Il était aussi disciple de Jésus, mais en secret, à cause de la crainte des Juifs. (Jean 19.38)
- Il arriva...probablement sur le lieu de l'exécution ; son cœur l'y attirait. Quand il vit que Jésus était mort, il se rendit auprès de Pilate pour lui faire sa demande. (verset 58)
- Le texte reçu, avec A, C, les versions, ajoute le corps après "qu'on lui donnât."
Les interprètes qui adoptent ce texte pensent que la triple répétition du mot corps (versets 58,59) marque la douleur qu'éprouve l'évangéliste en racontant cette sépulture.
Joseph met Jésus dans son propre sépulcre, dont il lui fait le sacrifice ; ce sépulcre est taillé dans le roc et neuf.
Luc (Luc 23.53) et Jean (Jean 19.41) font expressément la remarque que jamais personne n'y avait été mis, en sorte que Jésus n'eut aucun contact avec la mort, ce qui eût été une souillure légale.
Enfin Joseph ferme l'entrée de la grotte avec une grande pierre, afin de mettre le corps à l'abri de toute atteinte.
- Matthieu ne parle ni de Nicodème qui aida Joseph dans l'accomplissement de ce pieux devoir ni des aromates dont ils embaumèrent le corps de Jésus. (Jean 19.38-40)
Ces deux Marie Ă©taient lĂ assises, en contemplation, perdues dans leur douleur, dans leur amour pour Celui qu'elles pleuraient.
On appelait préparation la veille du sabbat. D'autres entendent par là , avec moins de probabilité, le soir même du vendredi, où le sabbat commençait après six heures.
- A ces mots que ses disciples ne viennent, le texte reçu ajoute de nuit qui n'est pas authentique.
Pilate leur offre une garde romaine ; il veut dire : Prenez-la et faites comme vous l'entendrez.
On peut traduire aussi : "après avoir scellé la pierre en présence de la garde".
Sceller cette pierre pour enfermer le Prince de la vie !
"Autant vaudrait sceller les portes de l'Orient pour empêcher le soleil de se lever sur le monde !" Leighton.
Tout ce dernier récit (versets 62-66) que Matthieu a seul, et dont la suite se trouve en Matthieu 28.11-15, a paru historiquement peu vraisemblable à plusieurs exégètes modernes. Voici leurs objections.
1° Les prédictions de Jésus-Christ concernant sa résurrection pouvaient difficilement inspirer une telle crainte à ses adversaires, puisqu'elles n'avaient pu fonder la foi des disciples qui les entendirent à plus d'une reprise ; (verset 63, note)
2° les femmes qui vinrent au sépulcre au matin de la résurrection n'auraient pas pu songer à embaumer le corps, ni se demander qui roulerait la pierre, si elles avaient su que le tombeau était gardé et scellé ;
3° les membres du sanhédrin se seraient emparés du corps de Jésus pour le soustraire sûrement à ses adhérents, plutôt que d'inciter les soldats à un grossier mensonge (28 :13), qui n'était propre qu'à les laisser sans excuse aux yeux de Pilate.
Il faut reconnaître que ces objections ne sont pas sans valeur.
D'autre part on peut répondre :
1° que la conscience troublée des meurtriers de Jésus était plus clairvoyante que la foi défaillante des disciples ;
2° que les précautions prises pour garder le tombeau avaient pu fort bien rester inconnues aux femmes : elles ignoraient de même que Nicodème eût enveloppé des aromates dans le linceul avec le corps de Jésus, (Jean 19.39) puisqu'elles-mêmes en apportaient au matin de la résurrection ;
3° que les membres du sanhédrin ne pouvaient pas s'emparer du corps de Jésus après qu'il avait été cédé à Joseph par l'autorité de Pilate ;
4° que l'intrigue maladroite avec la garde est psychologiquement très plausible de la part d'hommes aveuglés par la passion (voir, par exemple, leur accusation politique de Jésus auprès de Pilate).
On peut ajouter que dans ce fait, comme dans toute l'histoire de la passion, Dieu se joue de ses ennemis. Ils croyaient étouffer la vérité, et ce fut par les soldats, instruments de leurs mensonges, que parvint tout d'abord à leur connaissance la résurrection glorieuse de leur victime. Les précautions mêmes, prises par eux pour prévenir l'événement qu'ils redoutaient, en attestèrent la réalité et en rehaussèrent l'éclat. (Matthieu 28.11)
Pour ajouter un favori, merci de vous connecter : Se connecter
Alignement : | | | Haut | Milieu | Bas
Taille :
Couleur :
Police : Acme Alfa Slab One Anton Balsamiq Sans Bebas Neue Dancing Script Lato Libre Caslon Display Londrina Solid Merriweather Montserrat Open Sans Oswald Pacifico Raleway Roboto Slab Shadows Into Light Srisakdi
Cette page a été partagée par email avec succès !
En cliquant sur le bouton « Accepter tous les cookies », vous acceptez que TopChrétien utilise des traceurs (comme des cookies ou l'identifiant unique de votre compte utilisateur) et traite vos données à caractère personnel (comme vos données de navigation et les informations renseignées dans votre compte utilisateur) dans les buts suivants :