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Sur le chemin de JĂ©rusalem
1 Ă 16 Du mariage et du divorce. Les petits enfants.
Comparer Matthieu 19.1-15.
- Etant parti de là , c'est-à -dire de Capernaüm. (Marc 9.33) Jésus quitte définitivement la Galilée pour se rendre en Judée, en passant par la Pérée.
Là , comme ailleurs, Jésus se trouva entouré par des multitudes avides d'entendre sa parole, et il reprit les prédications publiques qui marquèrent les débuts de son ministère, et auxquelles il avait dû renoncer dans les derniers temps de son activité en Galilée.
C'est ce que Marc fait remarquer par ce mot deux fois répété : de nouveau. Non seulement il enseignait ces foules, mais, comme le dit Matthieu, (Matthieu 19.2) il guérissait leurs malades.
Ce séjour dans la Pérée fut assez prolongé, car il occupa les derniers mois de l'activité du Sauveur.
Ces mots conservés par Matthieu : pour quelque sujet que ce soit nous font mieux apercevoir le piège qu'ils tendaient à Jésus. (Voir Matthieu 19.3, note.) On peut supposer en effet qu'ils avaient eu connaissance de déclarations de Jésus contraires au divorce (Matthieu 5.31,32) et qu'ils espéraient le mettre en contradiction avec la loi de Moise et avec leur tradition.
Dans le premier, Jésus repousse le divorce, en rappelant le dessein primitif de Dieu, qui créa un homme et une femme pour qu'ils devinssent un seul être dans une union indissoluble ; et ce sont les adversaires qui en appellent à la loi de Moïse, comme objection au principe posé par Jésus, attendu que cette loi autorise le divorce.
D'après Marc, au contraire, c'est Jésus qui commence par en appeler à la loi ; et comme cette loi parait favorable aux pharisiens, Jésus en explique le motif, la dureté du cœur ; (verset 5) puis il expose la destination de l'homme et de la femme dans le plan de la création.
Le fond de l'enseignement reste le même ; mais ces divergences dans les récits des évangélistes montrent combien ils sont indépendants les uns des autres.
RĂ©pondant manque dans Sin., B, C.
Jésus cite textuellement (les fit mâle et femelle), d'après Genèse 1.27, le récit de la création de l'homme et de la femme, qui marque l'intention de Dieu dans leur union, (verset 6) puis la parole d'Adam, (Genèse 2.24) qu'il s'approprie et sanctionne de son autorité.
Il ajoute, comme conclusion : Ainsi ils ne sont plus deux qui puissent être séparés, mais une seule chair, un seul être. (Matthieu 19.4-6, notes.)
Le premier évangile mentionne aussi une question que les disciples posent à Jésus (sans indiquer que ce fût dans la maison) mais cette question a trait à l'opportunité du mariage. (Matthieu 19.10-12)
Dans Marc la pensée est tout autre. Elle suppose une réciprocité et une égalité entre les deux époux qui n'existaient chez les Juifs ni dans la loi, ni dans les mœurs, et qui ne se rencontraient qu'en Grèce et à Rome.
Quelques interprètes en ont conclu que Marc accommode le discours qu'il rapporte à ces mœurs étrangères, ou que Jésus avait voulu établir par anticipation une règle pour son Eglise.
Mais bien qu'une femme répudiant son mari fût un fait inouï parmi les Juifs, n'est-il pas possible que Jésus fit allusion à ce qui venait de se passer dans la famille d'Hérode ? (Marc 6.17)
L'égalité de la femme et de l'homme devant la loi et devant Dieu ressortira certainement de l'Evangile, mais d'une manière entièrement inconnue dans l'antiquité. (Galates 3.28 ; 1Pierre 3.7)
Les trois premiers évangélistes rapportent ce trait aussi instructif que touchant, mais tous les trois sans liaison apparente avec ce qui précède et ce qui suit.
- Afin qu'il les touchât, peut indiquer chez ces pieux parents la pensée que, si seulement cet homme de Dieu touchait leurs enfants, il en résulterait pour ceux-ci une bénédiction.
Ou bien ils entendaient par là l'imposition des mains, par laquelle il leur communiquerait quelque grâce. (verset 16)
Pour recevoir le royaume de Dieu (voir sur ce terme Matthieu 3.2, note), c'est-à -dire l'Evangile qui nous y introduit, et la vie d'en haut qui en fait l'essence, il faut avoir recouvré, par une œuvre de la grâce divine, les caractères qui distinguent le petit enfant : le sentiment de sa faiblesse, de sa dépendance absolue, l'humilité, la candeur. L'enfant n'a point de préjugés, et dès lors il reçoit avec simplicité de cœur ce qui lui est présenté comme la vérité. (Comparer Matthieu 18.3,4, note.)
Cette tendresse du Sauveur pour les petits et les faibles nous explique pourquoi il fut indigné contre ses disciples qui voulaient les écarter de lui.
- Jésus les bénit en imposant les mains.
Ce dernier trait n'est pas un symbole vain et vide, mais le moyen par lequel il communique la bénédiction. Et, on peut le croire, la bénédiction divine resta sur ces enfants.
Voir, sur le récit qui va suivre, Matthieu 19.16-26 et comparer : Luc 18.18-27.
Les trois évangélistes rapportent ce trait à la suite de la bénédiction des petits enfants. Plusieurs détails caractéristiques et importants sont propres à Marc.
- Jésus sortait de la maison où il s'était arrêté (vers. 10), et se mettait en chemin pour continuer son voyage.
Voir, sur cet homme et sur sa question, Matthieu 19.16, note.
- Par ces mots : étant accouru, s'étant jeté à ses genoux, Marc peint d'une manière dramatique la scène et nous montre l'empressement de cet homme à obtenir de Jésus une réponse à la question qui le tourmentait, aussi bien que la profonde vénération que le Maître lui inspirait.
Luc rapporte la parole de JĂ©sus dans les mĂŞmes termes que Marc.
Comme les évangélistes ne nous donnent qu'un résumé des entretiens qu'ils rapportent, il est très possible que les deux paroles conservées par la tradition apostolique aient été prononcées par le Sauveur.
- Quant au sens de la question de Jésus : Pourquoi m'appelles-tu bon ? et à cette distinction qu'il établit entre lui et Dieu qu'il déclare seul bon, les interprètes diffèrent beaucoup, selon qu'ils sont influencés par leurs vues dogmatiques. Ceux qui nient la sainteté parfaite de Jésus voient dans cette parole un aveu de péché. Mais c'est ne tenir compte ni de la situation particulière dans laquelle elle a été prononcée, ni de l'ensemble des données de l'Evangile. De celles-ci ressort avec éclat l'entière pureté de la conscience du Sauveur. Il n'y a donc que deux manières d'expliquer ce refus du titre de bon.
Il faut supposer que Jésus se met au point de vue de celui qui l'interroge et dont la question prouve qu'il a les idées les plus fausses sur la bonté de l'homme. Se croyant bon lui-même, il doit, à plus forte raison, qualifier ainsi ce Maître pour lequel il montre une vénération profonde, bien qu'à ses yeux, il ne soit qu'un homme supérieur, tout au plus un envoyé de Dieu. C'est là , dit-on, l'erreur que Jésus veut dissiper par sa réponse, et bientôt il retrouvera toute son autorité divine, en demandant à cet homme riche de sacrifier ce qu'il possède pour le suivre. (verset 21)
Telle est, avec quelques légères différences, l'explication admise dans l'Eglise chrétienne, depuis Augustin jusqu'aux réformateurs et jusqu'aux exégètes modernes, Bengel, Olshausen, Ebrard, Lange.
- Mais on peut objecter à cette interprétation que l'interlocuteur aurait pu difficilement deviner ce sens des paroles de Jésus.
Il est préférable de les expliquer de la manière suivante. Jésus saisit le mot du jeune homme : bon Maître, entendu par celui-ci dans son sens ordinaire et tout humain, pour élever sa pensée jusqu'à l'idée absolue de toute bonté, qui est Dieu seul. Le refus de ce titre n'est destiné qu'à établir une distinction nécessaire entre la sainteté humaine et la perfection absolue, qui est Dieu.
La sainteté humaine est relative, et elle l'était même en Jésus, puisqu'en lui s'accomplissait un développement progressif, (Luc 2.52) qu'il devait encore "apprendre l'obelssance par les choses qu'il allait souffrir," et ainsi "être consommé," (Hébreux 5.8,9) c'est-à -dire parvenir à la perfection.
A ce point de vue, l'idée de la bonté absolue, excluant tout développement et tout progrès, n'appartient qu'à Dieu seul. (Voir Meyer, Comm. sur le Nouveau Testament, à ce passage.)
Si cet homme ne s'était pas contenté de savoir, et de savoir mal ; (verset 20) s'il avait saisi cette loi dans sa spiritualité, il n'aurait pas demandé ce qu'il devait faire, mais, humilié en présence de ces commandements violés, il aurait imploré le secours de Dieu pour les accomplir.
C'est précisément là ce que Jésus voulait lui apprendre en le renvoyant à la loi, dont il lui révélait le sens et l'esprit. Dans Matthieu, il ajoute même à ces commandements de la seconde table ce grand commandement qui en est l'âme : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
- Marc introduit parmi les commandements ce précepte qui a singulièrement embarrassé les interprètes : tu ne feras aucun tort, ne dépouilleras pas les autres, (1Corinthiens 6.8 ; 1Timothée 6.5 ; Jacques 5.4) en les privant de ce qui leur est dû. On est étonné de ce précepte qui parait superflu après des commandements si clairs.
Les uns le considèrent comme explication du huitième commandement ; les autres pensent qu'il doit remplacer le dixième, qui interdit de convoiter le bien d'autrui ; d'autres encore y voient un résumé de tous ces préceptes, destiné à en révéler l'esprit.
Meyer voit ici une citation de Deutéronome 24.14, où se retrouve le même verbe : "Tu ne feras point de tort au mercenaire qui est pauvre et indigent."
Mais est-il probable que Jésus ait ajouté une prescription si spéciale aux commandements qu'il venait de citer ? Ce détail reste donc obscur.
C'est là "un coup de pinceau inimitable de Marc. Nous voyons dans ce mot un de ces traits qui révèlent la source, très rapprochée de la personne de Jésus, d'où viennent en partie les récits de Marc. Il y avait là un apôtre qui suivait les impressions de Jésus, telles qu'elles se peignaient sur sa figure, et qui surprit au passage le regard de profonde tendresse qu'il jeta sur cet être si sincère et si naïf." Godet. (Voir l'introduction.)
Voir Matthieu 19.21, note.
- Il est remarquable que, dans Matthieu, c'est le riche lui-même qui fait cette question : Que me manque-til encore ? A quoi Jésus répond : Il te manque une chose.
- Le texte reçu ajoute, après suis-moi : en prenant la croix : ces mots manquent dans Sin., B, C, D. Ils étaient probablement une glose marginale tirée de Matthieu 16.24 ou de Marc 8.34. Là , cette parole adressée aux disciples de Jésus, est d'une application naturelle et profonde ; ici, adressée à un homme qui s'approche pour la première fois du Sauveur, elle serait au-dessus de sa portée.
- Matthieu dit seulement que cet homme s'en alla tout triste ; le mot qu'ajoute Marc, et que nous traduisons par : affligé, signifie plutôt assombri. (Comparer Matthieu 16.3)
Ce sont lĂ les deux seuls passages du Nouveau Testament oĂą ce mot se rencontre.
Dans l'Ancien Testament, les Septante lui donnent le sens de stupéfait, et l'emploient pour désigner la consternation qui se peint sur la figure. (Ezéchiel 27.35)
En tout cas c'est l'expression d'une commotion profonde, qui, dans la situation se comprend parfaitement.
JĂ©sus fait ainsi pressentir la haute importance de ce qu'il va dire, voulant que chacun en prenne sa part.
- Posséder les richesses (avec l'article) est une locution qui montre que les biens de ce monde sont considérés comme une totalité, comme une puissance.
Il y a des hommes qui les possèdent ; c'est là pour eux le danger, puisque ces richesses leur rendent si difficile l'entrée du royaume de Dieu. (Voir sur ce terme Matthieu 3.2, note.)
Pourtant, après cette explication, il aggrave encore la rigueur de sa sentence (verset 25) en employant une image proverbiale, qui fait de la difficulté une impossibilité. (Matthieu 19.24, note.) Voyant alors la consternation plus grande encore des disciples, (verset 26) le Sauveur indique le remède à ce mal profond, la délivrance de toute servitude : elle réside dans la puissance de Dieu, à qui tout est possible. (verset 27)
C'est à un miracle de la grâce que Jésus en appelle, à l'influence victorieuse d'un amour qui l'emporte, dans le cœur, sur toutes les affections et toutes les passions terrestres.
- Marc seul a conservé la belle et profonde pensée du verset 24, qui distingue la possession des richesses de la confiance qu'on y met.
Les mots ceux qui se confient dans des richesses manquent, il est vrai, dans quelques manuscrits (Sin., B), et Tischendorf, dans sa 8e édition, Westcott et Hort les suppriment ; mais les témoignages critiques sont en faveur de leur authenticité et le verset 24 n'aurait guère de sens si on les retranchait.
Est-ce uniquement par intérêt pour les riches que Jésus paraissait exclure du royaume de Dieu ?
Assurément non. Ils se sentent atteints eux-mêmes par cette vérité morale absolue, qui exige du cœur de l'homme un détachement des choses visibles, un amour pour Dieu qu'ils ne trouvent point en eux ; et c'est bien du fond de leur conscience que s'élève cette question inquiète : Et qui peut être sauvé ? (Matthieu 19.25, note.)
C'est Pierre qui parle ainsi au nom de tous. Son observation se rapporte directement au discours qui précède et surtout à l'exemple du riche qui, loin de tout quitter et de suivre Jésus, s'en était allé tout triste.
Nous, dit l'apôtre, nous avons agi différemment. Mais ici il s'arrête, embarrassé, un peu confus de ce qu'il allait demander ; et il n'ajoute pas, comme dans Matthieu : "Que nous en arrivera-t-il ?" (Matthieu 19.27, note.)
Malgré ce qu'il pouvait y avoir de personnel dans ce regard que Pierre jetait avec quelque complaisance sur lui-même, Jésus y répond par une grande et miséricordieuse promesse ; (versets 29,30) puis il termine par un mais...très significatif. (verset 31)
Ce sont au fond, diverses expressions de la même pensée : l'amour pour Jésus objet de tout l'Evangile, centre vivant de tout le royaume de Dieu, tel est le motif assez puissant pour porter un homme à tout quitter, en se détachant vraiment de tout. Et ceux-là seuls qui le font par ce mobile peuvent s'appliquer la promesse qui va suivre et y trouver leur bonheur.
- Dans cette énumération de sacrifices à faire, le mot ou femme, admis par le texte reçu, est inauthentique ici, aussi bien que dans Matthieu ; il ne reste donc que dans Luc. (Luc 18.29)
Marc fait cette distinction clairement accentuée et importante : maintenant, en ce temps-ci, et dans le siècle à venir. Seul il ajoute à toutes ces bénédictions promises cette autre bénédiction : des persécutions. (Comparer Matthieu 5.10-12 ; Romains 5.3 ; Jacques 1.2 ; 1Pierre 1.6 ; Hébreux 12.6)
Ce dernier mot suffirait à prouver qu'il ne faut pas entendre à la lettre et matériellement la promesse faite aux disciples de recouvrer ici-bas tout ce qu'ils ont quitté pour l'amour de Jésus ; mais, dans un sens spirituel, cette promesse s'accomplira certainement : des maisons, où vous serez accueillis avec l'hospitalité de l'amour fraternel ; des frères, des sœurs, des mères, tous membres de la famille de Dieu et qui auront à cœur vos plus précieux intérêts ; (Romains 16.13) des enfants selon l'Esprit ; (1Corinthiens 4.14) des champs à cultiver pour la moisson du grand jour. (1Corinthiens 3.9) Et cette riche compensation n'est que celle du temps présent, qui n'est que la préparation à la vie éternelle,
"unité infinie qui embrasse tout, accomplissement, plénitude et profondeur de toute bénédiction." Lange.
Dans le premier évangile cette sentence est illustre par la parabole des ouvriers loués à différentes heures, destinée à montrer que tout est grâce pour ceux qui suivent Jésus et qui travaillent pour son règne.
Dans Marc, d'après le vrai texte (B, C, majus.) il faut traduire : les derniers seront premiers.
Comparer Matthieu 20.17-19Â ; Luc 18.31-34.
- Ils étaient déjà en chemin lorsque Jésus fut interrompu par l'arrivée du riche. (verset 17) Maintenant ils poursuivent leur route, montant à Jérusalem, où Jésus va souffrir et mourir.
D'après le texte que nous avons adopté (Sin. B, C), voici comment il faut se représenter cette scène : Jésus, qui pourtant connaissait parfaitement tout ce qui allait lui arriver, (verset 33) comme un chef intrépide, marchait devant eux, c'est-à -dire à la tête du cortège ; ceux de son entourage immédiat, voyant la détermination du Maître, étaient effrayés (le mot grec signifie frappés d'épouvante) et hésitaient ou s'arrêtaient ; d'autres, moins rapprochés de lui et qui le suivaient, étaient saisis de crainte.
Et c'est alors que Jésus assemble autour de lui les douze pour leur dire ouvertement au-devant de quelle épreuve il s'avance. Le texte reçu dit à peu près la même chose, mais il ne marque pas la distinction entre les disciples qui entouraient immédiatement le Sauveur et les foules qui le suivaient à distance.
Notre évangéliste est le seul qui dépeint les impressions de ceux qui accompagnaient Jésus en ce moment saisissant, où doit être placé le dialogue rapporté par Jean. (Jean 11.7 et suivants) Bien que les disciples n'eussent pas compris jusqu'ici les prédictions que leur Maître leur avait faites de ses souffrances, ils avaient le pressentiment du danger dont ils étaient menacés.
A quoi se rapporte ce de nouveau ?
On peut y voir une allusion à la précédente prédiction des souffrances du Sauveur, (Marc 9.31) ou le rapporter simplement à l'acte énergique par lequel Jésus rappelle autour de lui ses disciples, après le mouvement d'hésitation et de crainte qui s'était produit.
C'est la troisième fois que Jésus initie ses disciples au secret de ses souffrances. (Marc 8.31 et suivants, Marc 9.30 et suivants)
Ces prédictions deviennent toujours plus explicites et plus claires, et les trois premiers évangélistes les ont toutes conservées avec soin et d'un commun accord. Elles nous montrent quelle vue claire et précise Jésus avait de tout ce qui allait lui arriver ; ici même il en marque le moment exact par ces mots : Voici, nous montons à Jérusalem. Et pourtant il y monte !
Manifestation émouvante d'un courage héroïque et de l'amour qui se dévoue ; (Jean 15.13) preuve évidente de l'absolue nécessité morale de cette mort au-devant de laquelle il marche volontairement.
On l'a dit avec raison : si ce sacrifice n'était pas la rédemption du monde, il serait une sorte de suicide.
- Mais ici, comme dans toutes ces prédictions, Jésus s'efforce de faire resplendir aux yeux de ses disciples la lumière de la vie après les ténèbres de la mort : mais après trois jours il ressuscitera.
(Le texte reçu, avec A, porte : le troisième jour, correction d'après Matthieu et Luc.)
Comment donc se fait-il qu'après l'événement les disciples aient eu tant de peine à croire cette résurrection ? Voir sur cette question, Matthieu 16.21, seconde note.
- Pour l'explication de ce récit, que les deux premiers évangélistes nous ont seuls conservé, voir Matthieu 20.20-28, notes.
Le sens est le même, et il prouve que les disciples, malgré toutes les douloureuses perspectives que leur Maître leur fait entrevoir, ne doutent point qu'il ne parvienne dans un avenir prochain à être le chef d'un royaume et d'un royaume glorieux.
Quant aux idées fausses qu'ils s'en faisaient, rien n'était plus propre à les dissiper que les instructions que Jésus allait leur donner à ce sujet.
- Dans Matthieu, c'est la mère de Jacques et de Jean, Salomé, qui d'abord adresse à Jésus cette demande pour ses fils, tandis que, selon Marc, ce sont les deux disciples eux-mêmes qui la formulent. Il faut simplement reconnaître ces différences et chercher l'harmonie dans le fond des choses. Au reste, même dans Matthieu, c'est aux disciples que Jésus répond.
Si la coupe, dans le langage symbolique de l'Ecriture, est la mesure de biens ou de maux destinés à chacun, (voir Matthieu 20.22, note) le baptême est une image encore plus générale et plus profonde de la souffrance dans laquelle il s'agit d'être tout entier plongé, selon la signification étymologique du mot.
Jésus indique par là aux deux disciples le chemin qui va le conduire à la gloire, et il leur demande : Pouvez-vous m'y suivre ? (Comparer Romains 8.17 ; 2Timothée 2.11,12)
De plus, il voit ce moment de la souffrance comme étant déjà arrivé ; et c'est ce que Marc nous fait sentir, selon sa coutume, par ces verbes au présent : la coupe que je bois, le baptême dont je suis baptisé.
Que veut dire le Sauveur ? Selon quelques interprètes, cela signifierait que ces princes songent surtout a établir et à faire valoir leur autorité, une autorité que les peuples reconnaissent. D'autres, serrant de plus prés le sens du verbe, font dire à Jésus que ces puissants de la terre paraissent exercer une grande domination, tandis qu'eux-mêmes sont esclaves de leurs passions.
Ne serait-il pas plus vrai encore de dire que, tout en s'imaginant exercer le pouvoir suprême, ils sont pourtant dans la dépendance absolue de Dieu, par qui les rois règnent ?
- En outre, les termes que nous traduisons par : les asservissent et exercent leur puissance sont composés d'une particule qui toujours donne un sens défavorable à l'action dont il s'agit.
Rilliet traduit : "Ceux qui s'imaginent commander aux peuples les tyrannisent, et les grands les oppriment."
Il y a donc, dans tous les cas, quelque chose de sévère dans ces paroles du Sauveur.
Le texte reçu dit : (verset 43) "Il n'en sera pas ainsi parmi vous." Ce verbe doit être au présent (Sin., B, C, D) : Jésus établit dès ce moment, par sa parole et par son esprit, les rapports qui doivent régner entre ses disciples dans son royaume.
Voir, sur ce récit, et en particulier sur les différences qui s'y trouvent entre les trois premiers évangiles, Matthieu 20.29-34, notes.
Marc seul fait connaître par son nom, et même par le nom de son père, ce mendiant aveugle.
Bartimée signifie fils de Timée, ces noms patronymiques, Bartholomée, Barjésus, Barsabas, tenaient lieu de noms propres. L'aveugle guéri par le Sauveur devint sans doute plus tard un chrétien connu dans l'Eglise apostolique ; c'est ainsi que son nom fut conservé par la tradition.
- Le texte reçu désigne ainsi cet homme : "un fils de Timée, Bartimée l'aveugle, était assis au bord du chemin, mendiant."
Le nom de fils de David qu'il donne au Sauveur montre combien était alors répandue dans le peuple la conviction que Jésus était le Messie.
C'est que la compassion dont Jésus est ému, (Matthieu 20.34) et qui le fait s'arrêter à la tête de son nombreux cortège en entendant les cris de ce pauvre mendiant, cette compassion a pénétré dans les cœurs. Rien n'est plus contagieux que le vrai amour.
Marc seul a retenu ce trait, ainsi que le suivant, qui peint si vivement la scène.
Marc décrit ainsi en trois traits de plume le joyeux empressement du pauvre aveugle.
La question de Jésus n'avait d'autre but que d'encourager le malheureux et de le mettre en contact personnel avec son libérateur. Ce but est atteint ; le cri de Rabbouni (mon Maître), qui s'échappe de son cœur, nous dit toute sa confiance. (Comparer Jean 20.16)
C'est ce que nous disent les dernières paroles de ce récit : l'aveugle suit Jésus dans le chemin, il se joint au nombreux cortège qui allait l'acclamer avec des transports de joie comme le Messie et le Sauveur. Luc, de son côté, nous dit qu'il glorifiait Dieu au milieu de tout le peuple qui s'associait à ses actions de grâce. (Luc 18.43)
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