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EsaĂŻe 7

    • 1

      1 à 25 Esaïe et Achaz ; prophétie de la naissance d'Emmanuel.

      Comparez 2Rois 16.5. Ce verset nous transporte aux premières années du règne d'Achaz (742-740 avant J-C). Un aventurier, Pékach, fils de Rémalia, s'était emparé du trône de Samarie. Allié avec Retsin, roi de Syrie, qui paraît avoir joué dans cette expédition le rôle principal, il déclara la guerre à Jotham (2Rois 15.37), puis à Achaz. La scène rapportée Esaïe chapitre 7 ne peut avoir eu lieu qu'après la double défaite de l'armée d'Achaz par les Syriens et les Ephraïmites (2Chroniques 27.5-6). C'est ce qui ressort, d'un côté, du profond découragement qui s'empare de lui et de son peuple (Esaïe 7.2), de l'autre, du fait qu'Esaïe ne dit pas un mot de ces désastres et annonce au contraire la prochaine et heureuse issue de la guerre (versets 4 à 7, et 16). La situation indiquée au verset 1 est donc selon nous celle-ci : Pendant que les Philistins et les Edomites envahissaient au sud le territoire de Juda (2Chroniques 23.17-18), Retsin, qui venait, par un heureux coup de main, de prendre Elath, réunissait son armée avec celle de Pékach pour attaquer Jérusalem par le nord (2Rois 16.6 ; Esaïe 7.2). Notre verset indique par anticipation l'insuccès de leur entreprise. Jérusalem fut bien assiégée, mais le siège dut être levé, à cause de l'approche de Tiglath-Piléser, appelé par Achaz (2Rois 16.5,7-9).

      2

      La maison de David : la famille royale, la cour.

      S'est appuyée sur Ephraïm. L'armée syrienne a opéré sa jonction avec celle de Pékach. Ephraïm désigne ici, comme souvent, le royaume des dix tribus tout entier.

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      L'étang supérieur (appelé aussi l'ancien étang, 22.11), près duquel Esaïe rencontre le roi, existe encore, sous le nom de Birket-Mamilla ; il est situé au nord-ouest de la ville, non loin de la porte de Jaffa. L'étang inférieur (22.9) se trouve plus au sud et s'appelle aujourd'hui Birket-es-Sultan. Le quartier des blanchisseurs, dont l'industrie (nettoyage des étoffes de laine) exigeait beaucoup d'eau, était dans le voisinage du haut étang. C'est dans cette même localité que l'envoyé de Sanchérib, Rabsaké, s'entretint plus tard avec les délégués d'Ezéchias (36.2). Achaz s'y était rendu pour surveiller des travaux de défense. La ville est en effet très faible de ce côté, tandis qu'au sud et à l'est elle est protégée par de profonds ravins. Il importait d'ailleurs de ne pas laisser au pouvoir de l'ennemi les sources voisines de la capitale et de les conserver pour l'usage des habitants (2Chroniques 32.3,30 ; 2Rois 20,20).

      Le nom du fils d'Esaïe, Schéarjaschub (un reste se convertira), exprime les deux parties, menaçante et consolante de toute prophétie : Un reste, un reste seulement (annonce implicite du jugement), mais un reste certainement, se convertira (résumé de la promesse). Comparez 6.13, note ; 10.21-22. L'idée qui domine ici est celle de la promesse ; car le message qu'Esaïe apporte est tout de consolation (versets 4 à 9).

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      Prends garde... Esaïe exhorte le roi à ne point se laisser troubler, de peur d'offenser Dieu par son incrédulité : Sois tranquille, et Dieu te sauvera. Achaz songeait alors à appeler et sans doute avait déjà appelé à son secours Tiglath-Piléser (2Rois 16.7-9 ; 2Chroniques 28.16-21). On sait les conséquences funestes qu'ont cette intervention. Tiglath-Piléser, loin de fortifier Achaz, l'opprima, disent les Chroniques. Esaïe, qui prévoyait ce résultat, engage le roi à ne chercher son appui qu'en l'Eternel.

      Deux bouts, littéralement deux queues de tisons fumants. Les deux rois sont comparés à des torches incendiaires près de s'éteindre.

      Rémalia, personnage inconnu. Il y a une intention méprisante dans l'expression fils de Rémalia, qui rappelle que Pékach n'était qu'un usurpateur.

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      Le but de l'expédition était d'installer à Jérusalem, comme vassal de la Syrie et d'Ephraïm, le fils de Tabéal. Tabéal, que Tiglath-Piléser paraît mentionner dans ses inscriptions, sous le nom de Tibiilu du pays d'Aram, était sans doute un Syrien (comparez Esdras 4.7 ; Tabéal correspond à l'hébreu Tobia)

      8

      8 et 9 Deux sens sont possibles : La Syrie dépend de Damas, sa capitale, et Damas de Retsin, son roi. De même, Ephraïm dépend de Samarie, et Samarie de Pékach. Si donc Retsin et Pékach ne sont plus que des tisons près de s'éteindre, Juda n'a plus rien à redouter de ces deux Etats.
      Ou bien : Retsin et Pékach ont chacun leur domaine et leur capitale ; c'est la limite qui leur est tracée d'en-haut ; s'ils veulent s'étendre au-delà, ils échoueront dans leur dessein.
      Ce second sens paraît plus simple.

      Encore 65 ans, Ephraïm... Sens : un royaume voué, comme celui des dix tribus, à une ruine irrémédiable, n'est pas vraiment à craindre. Comment s'est accomplie cette prophétie ? Samarie fut détruite déjà 20 ans après. On a fait remarquer ingénieusement que les derniers restes d'Ephraïrn ne cessèrent définitivement d'être un peuple que lorsqu'ils se fondirent dans la population étrangère, transportée dans le pays par Asarhaddon (2Rois 17.24 ; Esdras 4.2) ; cette transportation eut lieu probablement la deuxième année de Manassé (676 avant J-C), ainsi 65 ans après le moment où nous place Esaïe chapitre 7 (712-740). Plusieurs interprètes trouvent cette explication peu naturelle et pensent que les mots : Et encore 65 ans...des peuples (qui rompent le parallélisme régnant dans les versets 8 et 9), sont une glose qui fut d'abord ajoutée en marge, puis plus tard insérée dans le texte. Cette supposition est assez vraisemblable.

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      L'Eternel parla... EsaĂŻe n'est ici que l'organe de Dieu, qui seul peut offrir et donner un signe.

      11

      Dieu offre de produire devant Achaz un fait sensible et surnaturel qui soit pour lui et pour son peuple le gage certain de l'accomplissement de la promesse. Il y a des cas où Dieu punit ceux qui lui demandent un signe (Luc 1.20) ; les fidèles doivent savoir s'en passer. Dieu épuise donc ici en faveur d'Achaz toutes les ressources de sa bonté et de son support (il consent même à s'appeler encore son Dieu). Le choix du signe lui est laissé, afin qu'il n'ait aucun prétexte pour ne pas le trouver suffisant. 1Samuel 28 nous présente l'exemple d'un signe venant du schéol (sur ce terme, voir 5.14, note), 1Samuel 7.9-10 ; 1Rois 18.36-38, des exemples de signes venant du ciel (Luc 11.16).

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      Achaz couvre sa mauvaise volonté et son incrédulité du manteau de l'hypocrisie. Il feint de croire en Jéhova, mais de craindre de l'offenser en lui demandant témérairement de montrer ce qu'il peut faire. Cette réponse paraît indiquer chez lui la connaissance de la loi (Deutéronome 6.16). En réalité, superstitieux comme tant d'incrédules, il a peur d'entrer en contact trop intime avec le divin ; d'ailleurs, en acceptant le secours de Dieu il s'engagerait à renoncer à celui de l'homme. Or, son parti est déjà pris de recourir à l'assistance du roi d'Assyrie.

      13

      Maison de David. Achaz est le représentant de toute la maison de David, qu'il rend solidaire de son iniquité.

      Que vous fatiguiez mon Dieu. Le refus d'Achaz est une offense à Dieu, car c'est lui, non le prophète, qui a offert le signe. La patience de Dieu est plus difficile à lasser que celle de l'homme ; mais elle cesse au moment où l'endurcissement de l'homme commence, et elle cède alors le pas à la justice.

      Mon Dieu : Esaïe est le seul représentant de Dieu, en présence de la royauté déchue et de la sacrificature mercenaire.

      14

      Vous ne voulez pas du signe que Dieu vous offre ; Dieu vous donnera lui-même le signe du salut (verset 14) ; mais d'un salut qui n'empêchera pas votre ruine : les ennemis actuels seront détruits sans doute, d'ici à peu de temps (versets 15 et 16) ; mais les Assyriens, qui vous délivreront d'eux, deviendront les exécuteurs de mon jugement sur votre incrédulité (versets 17 à 25).

      Emmanuel (8.8,10) signifie Dieu avec nous. C'est la mère qui donne à l'enfant son nom ; cela se passait souvent ainsi chez les Hébreux Genèse 29.32 ; 1Samuel 1.20, etc.).

      Les versets 14 à 17 sont hérissés de difficultés de toute nature ; les interprètes exercent depuis des siècles leur perspicacité sur ce passage, sans être parvenus jusqu'ici à en dissiper entièrement les obscurités. Nous ne nous flattons pas d'y réussir. Mais nous chercherons à mettre le lecteur au fait des solutions proposées et des raisons principales pour ou contre chacune d'elles. Qui est la jeune mère ? Qui est Emmanuel ? Il y a deux classes principales de solutions présentées. Les unes nient toute signification messianique de l'oracle ; les autres reconnaissent en Emmanuel le Messie. La force des premières réside dans les versets 15 et 16, qui paraissent dire qu'avant que l'enfant désigné ait atteint l'âge de deux ou trois ans, les deux rois actuellement en guerre avec Juda, Pékach et Retsin, seront abattus. La force des secondes est dans les expressions du verset 14.

      A) Les interprétations non messianiques :

      1. Plusieurs interprètent : Si une femme, maintenant enceinte, enfantait un fils dans quelques mois, elle pourrait lui donner le nom favorable de : Dieu avec nous ; car, avant que cet enfant eût atteint l'âge de 2 ou 3 ans, la Judée serait delivrée.
        Mais où serait, dans ce cas, le signe si solennellement annoncé comme venant, de la part de Dieu : Le Seigneur, lui, vous donnera un signe ?
        Il s'agit d'ailleurs évidemment ici d'une mère et d'un enfant déterminés ( la jeune fille).
      2. D'autres pensent que le prophète parle de sa propre femme et de l'enfant qu'elle devra bientôt mettre au monde (et que quelques-uns identifient avec Maherschalal-Chaschbaz ; mais voyez 8.4, note). C'est elle qui, éclairée par la promesse de Dieu, donnera à son fils ce nom de bon augure. Esaïe et ses fils sont, en effet, appelés des signes en Israël (8.18 ; comparez 7.3, note ; 8.3-4). Dans cette explication il serait impossible d'admettre que la personne nommée ici alema (jeune fille) fût la mère du fils aîné d'Esaïe, Schéarjaschub (verset 3). Il faudrait donc supposer que la première femme du prophète était morte et qu'il venait de se remarier. Mais, même ainsi, cette explication ne paraît pas soutenable. Jamais le mot alema ne désigne une femme mariée ; on peut s'en assurer en comparant les six autres passages de l'Ancien Testament où ce mot se rencontre : Le mot alema n'est point, sans doute, synonyme de bethoula, qui exprime la notion de virginité : il désigne la jeune fille, vierge ou non, en tous cas non mariée, comme cela ressort des exemples cités. Ajoutons qu'en 8.8, Emmanuel apparaît comme le légitime propriétaire de la Terre Sainte, envahie par les Assyriens ( ton pays, ô Emmanuel !). Pourrait-on parler ainsi d'un simple fils de prophète ?
      3. On a pensé, par cette raison, à un fils du roi Achaz lui-même, à Ezéchias, par exemple, qui a vraiment joué en Israël un rôle de libérateur. Mais Ezéchias, au moment où parlait Esaïe, devait être âgé déjà de neuf ans. Il faudrait donc penser à quelqu'autre fils du roi, à nous inconnu, qui devait naître dans peu de mois. Mais quel signe spécialement donné de Dieu y avait il donc là ? La jeune femme dont parle Esaïe semble d'ailleurs être présente ; ce qui ne serait guère admissible, s'il s'agissait de l'une des femmes du roi.
      Enfin à toutes ces explications s'oppose une raison plus décisive. La comparaison du chapitre 7 avec les chapitres 8 et 9 prouve que, dans la pensée d'Esaïe, Emmanuel n'est autre que le Messie. D'après 8.8, la Terre Sainte lui appartient ; 8.10, c'est lui qui doit faire échouer les desseins des ennemis du peuple de Dieu. Ce même enfant reparaît 9.1-6 (morceau qui forme un seul tout avec le chapitre 8, et qui est relié étroitement à 7.14 par le passage 8.8-10). L'identité des expressions employées constate celle de la personne : Elle enfante un fils... ; elle appelle son nom Dieu avec nous (7.14), comparez avec : Le fils nous est né... ; on appelle son nom Dieu fort (9.5). Au chapitre 11, verset 1, nous le retrouvons encore, comme le rejeton sortant du tronc d'Isaï (le père de David), par conséquent comme le Messie. Au chapitre 7, il va naître ; au chapitre 9, il est né ; au chapitre 11, il règne. Ces rapprochements ne laissent subsister aucun doute sur la pensée du prophète. Le contexte du chapitre 7 conduit naturellement à l'interprétation messianique. La délivrance dont Dieu donne le signe en la personne d'Emmanuel, ne peut s'appliquer à la prochaine défaite des deux rois ennemis, annoncée versets 15 et 16. Cette dernière est le résultat d'une alliance opposée à la volonté de Dieu, et dont Esaïe cherchait en ce moment même à détourner Achaz. Cette alliance avec l'Assyrie allait devenir, sous peu, la cause de la ruine de Juda, comme cela est développé verset 17 et suivants. Or, le signe divin d'Emmanuel ne peut s'appliquer qu'à un salut sérieux, réel, conforme à la pensée de Dieu, salut qui n'est plus possible dans le moment présent ; car en refusant le signe que Dieu lui offrait, Achaz avait repoussé le secours divin. Le présent est donc perdu, l'avenir seul reste. C'est ce qu'Esaïe lui-même exprime dans cette parole (8.17) : Je m'attends donc à l'Eternel, qui cache sa face à la maison de Jacob, et j'espère en lui.

      B) Les interprétations messianiques.

      1. Quelques interprètes, tout en reconnaissant dans Emmanuel le Messie, pensent qu'au moment où il parlait, le prophète attendait sa naissance dans l'année ; sa mère serait naturellement l'une des femmes d'Achaz. Le fait aurait démenti cette prévision ; mais l'erreur ne porterait que sur le temps et ne détruirait pas la vérité foncière de la prophétie. Sans revenir à ce qui a été dit plus haut du terme alema, nous observerons que, dans le sens de ces interprètes, il ressortirait de 9.5 (l'enfant nous est né) qu'Esaïe aurait plus tard réellement appliqué sa prophétie à un fils d'Achaz, né au bout de quelques mois. Comment admettre qu'une erreur aussi colossale n'eût pas ôté tout crédit à sa parole, et que de tels oracles eussent été conservés dans le recueil de ses discours ? Puis, d'après 11.1, la famille royale doit être, au moment de la naissance du Messie, semblable à un tronc dont, il ne reste plus que les racines cachées en terre. La situation de la famille de David n'était point telle au temps d'Esaïe et ne pouvait le devenir dans l'espace de quelques mois.
      2. D'après plusieurs exégètes, Emmanuel désignerait le Messie comme personnage futur, mais il serait préfiguré dans le présent par un enfant qui devait naître à cette époque, et qui aurait servi, pour ainsi dire, d'illustration à l'idée messianique. Mais qui serait cet enfant-type ? Et comment appliquer à deux individus différents la prophétie si concrète et si précise du verset 14 ?
      3. D'après une dernière interprétation, il s'agit au verset 14 d'une réalité future, mais présente déjà dans l'intuition du prophète. (Comparez les descriptions 5.26-30 ; 10.28-34 si vivantes et si précises que le prophète semble avoir sous les yeux ce qu'il décrit.) L'indignation profonde où l'a jeté le refus d'Achaz a élevé chez lui à sa plus haute puissance le sens prophétique, et c'est comme une espèce de vision que se présente à lui le tableau du verset 14. Achaz ne veut pas de la délivrance d'en haut, mais le salut de Dieu n'en demeure pas moins, et se réalisera en son jour par la naissance d'Emmanuel. Cet événement futur est si certain, si nécessaire, qu'il est la garantie de la conservation de la théocratie, malgré la folie de ses chefs. Si l'on ne considère que le verset 14, nous ne savons ce que ce sens pourrait laisser à désirer. En employant le terme d'alema (qui, sans impliquer nécessairement la virginité, la suppose naturellement), Esaïe a-t-il pensé à la naissance miraculeuse du Messie ? Si l'on se rappelle certains faits de l'histoire israélite, par exemple la naissance extraordinaire d'Isaac, le fils de la promesse, on ne saurait trouver étrange que le prophète eût attribué une origine plus sublime encore à celui qu'il appelle Dieu fort, Dieu avec nous. Toutefois notre prophétie, de même que l'oracle analogue Michée 5.2-3, a un caractère trop énigmatique et mystérieux, pour que l'on puisse dire jusqu'à quel point le prophète s'est rendu compte du mode surnaturel de son accomplissement (Matthieu 1.23).

      15

      Il mangera de la crème et du miel. Cette expression n'est point, comme on pourrait le croire, l'emblème d'un temps d'abondance ; c'est au contraire celui d'une époque de dévastation (comparez versets 21 et 22). Toute culture a cessé ; il ne reste plus que les produits naturels du pays dépeuplé. C'est dans de telles circonstances que grandira l'enfant qui est le sujet des versets 15 et 16.

      16

      Cet état désolation durera jusqu'à ce qu'il soit en état de rejeter le mal et choisir le bien. L'âge désigné par ces expressions est-il, comme on le croit d'ordinaire, celui de deux à trois ans ? Ou serait-ce plutôt celui de douze ans, époque à laquelle les enfants juifs étaient assujettis aux pratiques légales et recevaient le nom de fils de la loi ? Quoi qu'il en soit, le prophète annonce qu'avant même que l'enfant soit arrivé à cet âge de raison, le pays des deux ennemis (Retsin et Pékach) sera dévasté (évidemment par les Assyriens avec lesquels Achaz s'est ligué contre eux), ce qui les forcera à abandonner leur entreprise contre Juda ; le moment indiqué est par conséquent aussi celui où la dévastation du pays de Juda (verset 15) prendra fin. Il semble, d'après cela, qu'Esaïe place réellement l'apparition d'Emmanuel dans l'avenir le plus prochain. C'est ici le seul argument sérieux contre l'application du verset 14 à la personne du Messie. Si l'on maintient l'identité d'Emmanuel et de l'enfant mentionné dans les versets 15 et 16, il n'y a qu'une réponse à cette objection : Esaïe contemple en esprit Emmanuel comme déjà présent ; il le voit naître et grandir au milieu de son peuple et partager son sort ; les traits de la situation présente du pays viennent ainsi se mêler au tableau de sa naissance et se reflètent dans la description de sa personne. Emmanuel, l'enfant qui naît à Bethléem, mais dont l'origine remonte aux temps anciens, aux jours éternels (Michée 5.2), l'Ange de l'alliance dont le temple de Jérusalem est le temple (Malachie 3.1), Emmanuel, en qui Dieu lui-même habite avec son peuple, partage versets 15 et 16, les misères passagères de l'invasion syrienne, comme il assiste, en témoin muet, au débordement plus terrible de la dévastation assyrienne (8.8), comme au désert il est présent au milieu de son peuple (1Corinthiens 10.4), comme après son apparition terrestre, il continue à partager dans le ciel les souffrances des siens (Actes 9.4-5).

      Si cette explication paraît trop peu naturelle, il resterait une solution que nous indiquons comme une hypothèse à examiner. Elle consiste à distinguer entre Emmanuel et l'enfant dont il est parlé, versets 15 et 16. Pourquoi la présence du jeune Schéarjaschub serait-elle expressément mentionnée au verset 3, s'il n'avait aucun rôle à jouer dans cette scène ? Etait-ce peut-être lui qu'Esaïe montrait du reste en prononçant la portion de l'oracle conservée dans les versets 15 et 16 ? Manger de la crème et du miel (ce trait est destiné à caractériser la situation exceptionnelle de la Palestine, désolée par l'invasion étrangère) n'est en effet rien d'extraordinaire pour un enfant au-dessous de deux ans ; mais s'il s'agit d'un jeune garçon de l'âge que nous pouvons attribuer à Schéarjaschub, ce trait peut très bien servir à désigner un état de choses exceptionnel. A supposer que cet enfant qui accompagnait Esaïe devant le roi, eût alors dix ans environ, et que expression savoir choisir le bien et rejeter le mal désignât sa douzième année, les expressions des versets 15 et 16 lui conviendraient parfaitement. Il faut reconnaître toutefois que le texte ne permet guère un changement de personne entre le verset 14 et le verset 15, et que le jeune garçon du verset 16 paraît ne pouvoir être autre qu'Emmanuel. Mais il est impossible de n'être pas frappé des incohérences de style qui caractérisent tout ce passage, et en particulier de la brusque transition du verset 16 au verset 17, au commencement duquel plus d'une version a cru devoir ajouter un mais qui manque dans l'hébreu. On serait tenté de croire que nous avons ici de simples fragments juxtaposés d'un discours plus complet ; et il ne faudrait en réalité que suppléer un mot au verset 15 (ce jeune homme), et supposer un geste d'Esaïe désignant son fils pour que tout fût expliqué (comparez l'altération manifeste du texte 9.14 ; voir aussi plus haut, verset 8, note).

      Quant à l'accomplissement de la prophétie, le pays de Juda fut réellement ravagé par les Syriens et les Ephraïmites de 742 à 740. A ce moment arriva Tiglath-Piléser à la tête de ses Assyriens, qui fut sans doute le sauveur de Juda, mais pour laisser à ses successeurs le soin de le dévaster bientôt. C'est cette nouvelle phase qui est l'objet des versets 17 et suivants.

      17

      Une fois en Palestine, l'Assyrien, appelé par Achaz, tournera ses armes contre Juda et sera pour lui un ennemi bien plus redoutable que tous ceux qui l'ont opprimé jusqu'ici (versets 18 à 25 ; comparez 8.7-8).

      18

      Tous les secours demandés aux hommes vont se transformer en autant de calamités (31.1 ; Jérémie 17.5).

      Les Egypiens s sont comparés à un essaim de mouches, et les Assyriens, plus puissants, à un essaim d'abeilles. Le prophète emprunte à chaque pays l'image qui lui est propre. Il y eut toujours abondance de mouches en Egypte et d'abeilles en Assyrie et dans les contrées avoisinantes.

      Sifflera : comparez 5.26.

      Les fleuves d'Egypte : nombreux bras par lesquels le Nil se jette dans la Méditerranée.

      20

      Il n'est plus question de l'Egypte qui, en effet, devait faire à Israël bien moins de mal que l'Assyrie. L'image change : le pays est comparé à un homme (comparez 1.5-6 ; 3.1) et le roi d'Assyrie à un rasoir qui lui dénuderait la tête.

      Qu'il aura joué au-delà du fleuve : au-delà de l'Euphrate. Le mot loué renferme peut-être une allusion ironique à la somme qu'Achaz envoya au roi d'Assyrie pour lui payer son assistance, somme qui provenait en partie du trésor du temple (2Rois 16.8).

      Voir l'application de l'image, versets 21 Ă  25.

      21

      Le petit nombre d'hommes qui demeurent dans le pays se nourrissent de miel sauvage et du produit de leur bétail.

      22

      Lait... crème... miel : le pays n'est plus cultivé, il est changé en pâturages (versets 23 à 25 ; comparez 5.17).

      23

      Avant l'invasion, chaque cep de vigne valait un sicle, prix élevé. Mais les ceps en Orient, sont des arbres qui peuvent produire jusqu'à des centaines de grappes.

      24

      Peu d'habitants, plus de culture. On se servira de l'arc. Le pays ne sera plus bon qu'à la chasse. Comparez 2Rois 17.25-26, les lions reparaissant dans le pays des dix tribus après la déportation des habitants.

      Dans le morceau 7.14-25 (comme 5.25-30 et 6.11-13), il est question de deux jugements successifs, dont le second est l'invasion assyrienne. C'est l'Assyrie qui est ici pour Esaïe la puissance terrestre dont Dieu se sert pour exercer ses jugements, mais qu'il saura briser aussi au moment fixé par sa volonté. Ce point de vue est celui auquel il faut se placer pour comprendre comment Esaïe met l'apparition du Messie en rapport si étroit avec le développement de la puissance assyrienne. Plus tard, l'horizon du prophète s'élargira, et Babylone, alors comprise dans la monarchie assyrienne, s'en distinguera aux yeux d'Esaïe et deviendra pour lui le véritable exécuteur du jugement divin (chapitre 39).

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