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1 à 8 La visite des femmes au sépulcre.
Voir, sur le récit de la résurrection Matthieu 28.1-10, notes, et comparez Luc 24.1 et suivants
Cette expression de Marc : après que le sabbat fut passé, nous reporte au samedi soir, après le coucher du soleil, à l'heure où finissait le sabbat et où la vie active reprenait. (Marc 1.32)
C'est alors aussi que les femmes nommées ici (comparez Marc 15.47 et Matthieu 28.1, seconde note), achetèrent des aromates pour embaumer (ou, plus exactement, oindre) le corps du Seigneur.
Luc (Luc 23.56) indique d'une manière plus vague le moment où elles firent cet achat : mais il faut être bien avide de contradictions pour en trouver une sur ce sujet entre les deux évangélistes.
Quant aux autres évangélistes,
Matthieu dit : "à l'aube du premier jour de la semaine ;"
Luc : "le premier jour de la semaine, de grand matin ;"
Jean : "le premier jour de la semaine, le matin, comme il faisait encore obscur."
Voilà toute la différence ; il suffit, pour en rendre compte, que l'un des évangélistes ait en vue le moment où les femmes sortent de leurs maisons, et l'autre l'instant où elles arrivent au sépulcre.
Au lieu de s'arrêter à cette critique de mots, il vaudrait mieux observer la grande et glorieuse harmonie qu'il y a entre ce retour de la lumière du jour et la résurrection d'entre les morts de Celui qui est le soleil de justice, la lumière du monde.
Touchant symbole de nos naïves inquiétudes dont Dieu a déjà ôté la raison d'être !
Marc a un trait spécial, délicat et touchant : "dites à ses disciples et à Pierre."
Pourquoi cette faveur ? On a répondu que c'était à cause du rang supérieur assigné à Pierre parmi les apôtres. Mais ce rang, le pauvre disciple en était profondément déchu, et c'est bien plutôt pour répondre aux besoins de son âme, à sa douloureuse repentance, que le Seigneur voulut qu'il reçût ainsi, par un message personnel, la consolante nouvelle de la résurrection de ce Maître qu'il avait offensé. (Comparer Luc 24.34 ; 1Corinthiens 15.5)
- Le dernier mot de l'ange : comme il vous l'a dit, fait allusion à la parole par laquelle Jésus (Marc 14.28) avait donné rendez-vous à ses disciples en Galilée.
Ce passage montre que Marc comme Matthieu, avait l'intention de rapporter exclusivement les apparitions de Jésus ressuscité en Galilée, et non celles qui eurent lieu en Judée. (Matthieu 28.10, note.)
Et cependant les versets qui suivent renferment de courtes indications des unes et des autres. Ce n'est donc pas sans raison qu'on a vu là un indice de l'inauthenticité du fragment qui termine son évangile. (versets 9-20)
Les critiques les plus dignes de confiance n'en admettent pas l'authenticité. Leurs raisons, dont voici les principales, sont du plus grand poids.
1° Cette fin de l'évangile manque dans Sin. et dans B, ainsi que dans quelques versions.
2° Un manuscrit du huitième siècle et plusieurs versions latines ont une courte conclusion de l'évangile, tout autre que celle qui nous a été conservée ici.
3° Dans une trentaine de manuscrits de l'évangile de Marc, en lettres cursives, se trouvent des remarques indiquant que les plus anciens documents s'arrêtaient à notre verset 8.
4° Plusieurs Pères de l'Eglise, entre autres Eusèbe et Jérôme, déclarent positivement que cette fin de notre évangile n'était pas renfermée dans les plus anciennes copies.
"Les manuscrits exacts, dit Eusèbe, terminent le récit de Marc aux paroles du jeune homme qui apparut aux femmes et leur dit : Ne vous effrayez point, jusqu'aux mots : car elles avaient peur. Ce qui suit se trouve dans quelques rares copies."
"La fin de l'évangile de Marc se trouve dans fort peu de manuscrits ; presque tous les exemplaires grecs ne la contiennent pas." Ainsi parle Jérôme.
- Outre ces témoignages si convaincants, un examen attentif de notre fragment conduit à la même conclusion. On n'y retrouve ni le style de Marc ni sa manière pittoresque et détaillée de raconter. Il ne renferme que quelques faits isolés, à peine indiqués et évidemment empruntes aux autres évangiles, ainsi que nous le ferons remarquer dans les notes.
- Cependant, si ce morceau n'est pas de Marc, il est certain qu'il remonte à une haute antiquité ; car le plus grand nombre des versions et des manuscrits le renferment, et il était déjà connu d'Irénée, qui en cite un passage. Par ces raisons, plusieurs théologiens de nos jours persistent à attribuer à Marc cette de son évangile. Il est plus probable que, peu après le temps des apôtres, une main pieuse voulut achever le récit de Marc et pour cela, consigner ici les principales apparitions de Jésus-Christ ressuscité et son ascension. (Voir les notes critiques de Tischendorf et le Nouveau Testament de Rilliet, à la fin de Marc.)
La simple lecture de ce verset fait sentir que c'est ici le commencement d'un écrit nouveau, et non la continuation du récit de Marc par Marc lui-même. Celui-ci aurait-il répété ainsi l'indication du jour et du moment de la résurrection de Jésus après l'avoir racontée ? (Comparer versets 1,2) Puis n'aurait-il pas rapporté l'apparition de Jésus à Marie, de manière à faire suite au verset 8, ce qui n'est point le cas ici ?
- Du reste, cette apparition, admirablement racontée par Jean, (Jean 20.11 et suivants) est simplement rappelée ici. La mention des sept démons dont Jésus avait délivré Marie de Magdala est un souvenir de l'évangile de Luc. (Luc 8.2)
- Ceux qui avaient été avec lui, expression étrangère à Marc, et qui désigne les disciples de Jésus en général. Les apôtres sont appelés les onze. (verset 14)
- On comprend trop bien quelle était la cause de ce deuil et de ces larmes où étaient plongés les disciples !
Cet évangéliste rapporte que les deux disciples ne reconnurent pas Jésus, "parce que leurs yeux étaient retenus." (verset 16) Il y avait sûrement une autre cause encore de ce fait extraordinaire : c'est qu'un changement s'était produit dans l'aspect de Jésus. (Comparer Jean 20.14 et surtout verset 19)
Telle est sans doute l'idée vraie, ici exprimée par un terme peu exact : il se manifesta sous une autre forme.
Les apôtres, de leur côté, s'écrient : "Le Seigneur est véritablement ressuscité, et il est apparu à Simon."
On a donc trouvé une contradiction entre ces paroles et celles-ci : ils ne crurent pas ceux-là non plus, c'est-à -dire pas plus qu'ils n'avaient cru Marie-Magdelaine (verset 11)
Mais si l'on continue à lire le récit de Luc, on trouvera (Luc 24.41) qu'au moment où Jésus apparut au milieu d'eux, les disciples dans leur trouble et a cause de leur joie même, ne croyaient point encore.
Les deux récits que nous venons de citer ne parlent pas proprement d'un repas.
Dans Luc Luc 24.41, il est dit que Jésus demanda quelque chose à manger et que les disciples lui présentèrent du poisson rôti et un rayon de miel. C'est ce qui a amené l'auteur à penser qu'ils étaient à table au moment où Jésus leur apparut.
Ces reproches de Jésus ressuscité à ses disciples sont assez fréquents dans les évangiles ; il est probable que notre auteur les résume tous en ces quelques mots. (Luc 24.25 et suivants ; Luc 24.38 et suivants ; Jean 20.27 et suivants)
Toute créature (grec toute la création) a ici le même sens que tout le monde, ou que le terme de Matthieu "toutes les nations," c'est-à -dire toute l'humanité pécheresse à laquelle Dieu destine les trésors de sa grâce.
Si notre auteur ajoute Ă la foi le baptĂŞme, c'est que cette parole remplace l'ordre de baptiser que rapporte Matthieu. (Matthieu 28.19)
Ce symbole ne contribuera cependant au salut que pour autant qu'il sera administré à celui qui croira.
Plusieurs de ces prodiges paraissent même étrangers à la sobriété qui distingue les évangiles. Rien ne le prouve mieux que la nécessité où se trouvent certains exégètes d'expliquer dans un sens spirituel ces dons qu'ils ne peuvent entendre à la lettre.
Chasser les démons fut un pouvoir réellement exercé quelquefois par les apôtres ; (Actes 16.18) Jésus le leur avait positivement conféré. (Matthieu 10.1 et ailleurs.)
Parler des langues nouvelles, c'est parler des langues non apprises d'une manière naturelle. Il ne s'agit donc point du don de parler en langues dans un état d'extase. (Actes 2.4, seconde note ; 1Corinthiens 12.10 ; 28,30 ; 14.1 et suivants)
Saisir des serpents peut être une répétition de la promesse de Jésus : Luc 10.19, qui s'est accomplie pour Paul à Malte ; (Actes 28.3) à moins qu'on ne préfère donner à ces paroles un sens figuré : Jésus aurait conféré aux siens le pouvoir de braver tous les dangers.
La faculté de prendre un breuvage mortel sans en éprouver aucun mal peut de même s'entendre dans les deux sens.
Le don de guérir des malades a été souvent exercé par les apôtres. (Actes 3.7 ; 28.8)
Puis notre fragment se termine par cette remarque que le Seigneur opérait avec eux, par son Saint-Esprit de lumière et de vie et par les signes ou miracles qui accompagnaient leur parole.
- Ce fragment peut donc se lire à la suite de l'évangile de Marc resté inachevé, comme un résumé antique et précieux de faits rapportés en détail par les autres récits évangéliques.
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