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1 Ă 12 Paul devant Festus.
Porcius Festus, successeur de Félix, (Actes 24.27) venait d'arriver dans la province qu'il devait administrer, dans son gouvernement (grec éparchie, d'où le titre d'éparques donné aux gouverneurs).
C'était sous le règne de Néron, l'an 60 ou 61 de notre ère. (Josèphe, Antiq. XX, 8, 9 ; Guerre des Juifs, II, 14, 1.)
Cette indication correspond à la chronologie des Actes, où partout Luc se montre exactement instruit des choses de son temps. Festus mourut déjà en 62, deux ans après être entré en charge. Josèphe dit fort peu de choses de lui, mais donne à penser qu'il administra le pays avec justice, et notre récit ne dément point ce jugement.
Le gouverneur résidait à Césarée, (Actes 8.40, note) mais il était naturel que, tôt après son avènement, il se rendit à Jérusalem, la capitale religieuse du pays, pour se faire présenter les autorités Juives qui y résidaient.
Ils saisissent la premiere occasion qui s'offre à eux pour s'efforcer d'obtenir de Festus ce que son prédécesseur leur avait refusé, c'est-à -dire que Paul fût livré entre leurs mains.
Il ne s'agit que de leur accorder une grâce, une faveur ; ils demandent celle-ci contre Paul, avec des intentions qui lui sont hostiles ; et, en présentant cette demande, ils sont (grec) faisant une embûche pour le tuer en chemin.
Ils se proposent de renouveler avec plus de sucées le complot meurtrier qu'ils avaient déjà tramé contre lui. (Actes 23.14,15)
M. Blass traduit : que ceux d'entre vous qui le pourront. Le mot de l'original, dit-il, ne se trouve pas dans le Nouveau Testament avec le sens de principaux, et c'est déjà aux principaux et à eux seuls (verset 2) que Festus parle. (Comparer cependant 1Corinthiens 1.26)
- Qu'ils l'accusent, s'il y a quelque chose de mauvais en cet homme, s'il a commis quelque iniquité, (grec) quelque chose qui ne soit pas à sa place, dans l'ordre (même expression Luc 23.41)
En attendant, déclare Festus, Paul est en prison à Césarée, et il y restera.
Bien qu'énoncée en termes indirects, la décision du gouverneur est positive. Soit qu'il eut pénétré les desseins des chefs du peuple, (verset 16 le ferait supposer) soit que sa principale raison fût réellement la brièveté de son séjour à Jérusalem, Festus refuse nettement aux Juifs la faveur qu'ils demandent.
Le procurateur païen, inspiré par les principes du droit romain, se montre plus juste que les chefs d'Israël, animés d'un esprit de corruption et de mensonge.
Luc ne dit pas quelles accusations ils portèrent contre Paul, les supposant connues par les récits précédents. la réponse de Paul (verset 8) les indique d'ailleurs clairement.
Luc se borne Ă remarquer qu'ils ne pouvaient les prouver.
De là la proposition qu'il fait à Paul. Il ne devait guère s'attendre à ce que Paul l'acceptât, mais il se donnait au moins le mérite d'avoir voulu être agréable aux Juifs.
Festus devait demander à Paul son assentiment et ne pouvait de sa propre autorité décider que le procès aurait lieu à Jérusalem, car, en sa qualité de citoyen romain, Paul relevait de la justice de l'empereur, et le gouverneur n'avait pas le droit de le distraire de la juridiction de César pour le livrer à un autre tribunal, le sanhédrin.
Il s'agissait bien, en effet, de le faire juger à Jérusalem par le sanhédrin ; seulement pour rassurer Paul et le gagner, si possible, à son projet Festus lui promet qu'il sera présent à la séance.
Il ajoute, comme dit Bengel : "d'une manière spécieuse," devant moi.
Là , ajoute-t-il (grec), il faut que je sois jugé. Et il donne les raisons de ce catégorique il faut.
C'est d'abord qu'il est innocent à l'égard des Juifs et peut, par conséquent, récuser leur juridiction.
Les Juifs, je ne leur ai fait aucun tort.
Et ici il en appelle à la conscience de son juge luimême : comme toi aussi tu le reconnais très bien ; Paul le conclut de la proposition que Festus vient de lui faire, (verset 9) Festus ne laisserait pas libre de choisir ses juges un homme qu'il croirait vraiment coupable.
Comparer aussi le récit de Festus, versets 17-19.
Paroles qui devaient ĂŞtre toutes puissantes sur la conscience d'un magistrat romain.
Paul conclut en prononçant, selon le droit de tout citoyen romain, la parole décisive : J'en appelle à César ! Sans aucun doute, l'apôtre parle avec tant d'assurance, parce qu'il a dans la pensée la promesse de son Maître. (Actes 23.11)
L'appel à l'empereur pouvait être écarté lorsque les motifs invoqués étaient manifestement insuffisants. Festus annonce à Paul que sa demande est accueillie, et ainsi s'accomplit la destinée de l'apôtre.
Saluer signifie rendre ses hommages, car Agrippa, malgré son titre de roi, devait cet acte de courtoisie au représentant de l'empereur dont il était le vassal.
Hérode Agrippa II était le fils de celui dont la mort a été racontée Actes 12.20 et suivants
L'empereur Claude, à la cour duquel il avait été élevé, lui avait donné, vers l'an 50 avec le titre de roi, la petite principauté de Chalkis dans le Liban avec le droit de faire la police du temple et de nommer le souverain sacrificateur.
En 53, il reçut, en échange de Chalkis, les tétrarchies de Philippe et de Lysanias, au nord-est de la Palestine. (Luc 3.1) Ses domaines furent encore agrandis par Néron. Il vécut jusqu'à la troisième année du règne de Trajan. (98-117.) Ce prince résidait ordinairement à Jérusalem.
Doué de quelques bonnes dispositions, mais faible, il reçut une vive impression des paroles de Paul. (Actes 26.28)
Bérénice était la sœur d'Agrippa II et vivait alors avec lui. Veuve d'un prince de Chalkis, son oncle, elle épousa en secondes noces Polémon, roi de Cilicie ; mais bientôt elle se sépara de lui pour revenir vivre avec son frère. Plus tard, elle devint célèbre comme favorite de Titus. (Suétone, 7.) Racine l'a représentée, en l'idéalisant, dans sa tragédie de Bérénice.
La variante de Sin., B, A, CÂ : sa condamnation, est admise par tous les critiques. Elle exprime mieux la haine des Juifs.
- Le texte reçu porte : livrer un homme à la mort ou à la ruine, contre Sin., B, A C, versions.
Le gouverneur romain parle d'un certain Jésus avec une superbe indifférence, que son ignorance excuse, et qui est bien moins coupable que la haine des Juifs. L'opinion de Paul que Jésus vit, c'est-à -dire qu'il est ressuscité, ne trouve guère de crédit chez Festus ; il le marque en employant un mot méprisant qui revient à dire : Paul prétend avec une certaine vanterie. (Comparer Romains 1.22)
Sébastos signifie : Celui qui doit être vénéré.
Augustus avait pour les Romains le même sens et tous les empereurs ont porté ce titre depuis Octave.
Grec : Je voulais l'entendre ; l'imparfait n'indique pas que son désir fût déjà ancien, mais qu'il en subordonne la réalisation au bon plaisir de Festus.
Le gouverneur, de son côté, ne demandait pas mieux, espérant que l'opinion du prince Juif pourrait l'aider à sortir de l'embarras où il était. (versets 20,26) C'est ce que donne à entendre sa prompte réponse : Demain tu l'entendras.
L'apôtre en a appelé à César ; le gouverneur a prononcé que cet appel aura son effet. (verset 12) Il ne s'agit donc plus ici d'un jugement.
Si Festus a choisi la salle d'audience, c'est que c'était sans doute le local le mieux approprié à une telle assemblée ; s'il y invite les chefs des cohortes (il y en avait cinq à Césarée, Josèphe, Guerre des Juifs, III, 4, 2) et les principaux personnages de la ville, c'était pour faire honneur au roi Agrippa.
Il désirait connaître l'opinion de celui-ci sur ce singulier prisonnier, dont il ne savait que penser. Il le croyait innocent ; (verset 25) mais en présence de l'insistance des Juifs à l'accuser, il était bien aise de pouvoir s'appuyer de l'avis d'un prince de leur nation.
L'assemblée ainsi formée, l'apôtre fut amené, chargé de chaînes. (Actes 26.29)
Luc n'avait pas rapporté ce détail dans son récit de la visite de Festus à Jérusalem. (verset 7)
Le texte reçu porte : "ayant reconnu qu'il n'a rien fait...et luimême en ayant appelé...j'ai résolu."
- Mais l'innocence reconnue de Paul n'était pas un motif de l'envoyer à César ; tout au contraire ! (Actes 26.32)
Mais le gouverneur, en envoyant Paul à Rome, devait écrire au maître (grec au seigneur, titre adopté par les successeurs de Tibère), c'est-à -dire faire un rapport.
Or, ne trouvant en Paul aucun délit politique et n'ajoutant pas foi aux accusations religieuses des Juifs, qu'il ne comprenait même pas, on conçoit qu'il n'eût rien de certain à écrire. Et comme un tel procédé serait déraisonnable, il espérait que le résultat de l'entrevue avec Paul et l'avis d'Agrippa pourraient le tirer de cette position embarrassée.
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