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La bible annotée Commentaire de Matthew Henry
Départ de Galilée. Jésus et ses disciples. Instructions.
Le commencement du dernier voyage à Jérusalem.
51 à 62 Le départ pour Jérusalem et les premiers incidents du voyage.
Grec : les jours de son élévation, de son assomption ou de sa réception en haut.
Ces termes ne peuvent signifier autre chose que le temps marquĂ© par la sagesse de Dieu pour le dĂ©part d'ici-bas et le retour du Sauveur dans la gloire. Ces jours s'accomplissaient, approchaient. Ce mot d'Ă©lĂ©vation ne se trouve qu'ici dans le Nouveau Testament, mais le verbe dont il est formĂ© s'y rencontre frĂ©quemment, et signifie toujours l'acte solennel par lequel le Sauveur, aprĂšs avoir accompli son Ćuvre, fut reçu en haut, rĂ©intĂ©grĂ© auprĂšs de Dieu dans sa gloire. (Marc 16.19 ; Actes 1.2,11,22 ; 1TimothĂ©e 3.16)
C'est dans le mĂȘme sens que JĂ©sus disait, en employant un autre terme : "Et moi, quand j'aurai Ă©tĂ© Ă©levĂ© de la terre, j'attirerai tous les hommes Ă moi." (Jean 12.32) Les autres significations qu'on a essayĂ© de donner Ă ce mot de Luc ne sont pas soutenables.
Grec : "il affermit sa face pour s'acheminer vers Jérusalem."
Hébraïsme qui signifie se tourner vers un but avec la ferme résolution de s'y rendre. (Jérémie 42.15 ; GenÚse 31.21, etc.)
On comprend la pensée que l'évangéliste cherche à exprimer par ces termes. Il fallait au Sauveur la résolution héroïque du dévouement pour prendre le chemin de Jérusalem, car il savait tout ce qui l'y attendait.
- Luc marque en ces mots la fin du ministĂšre de JĂ©sus dans la GalilĂ©e proprement dite. Mais, dans la suite de son rĂ©cit, il ne nous prĂ©sente pas le Sauveur se rendant directement en JudĂ©e et Ă JĂ©rusalem. DĂ©jĂ au verset suivant (verset 52) il nous le montre empĂȘchĂ© de traverser la Samarie qui se trouvait sur son chemin, et employant dĂšs lors les derniers mois de sa vie Ă des excursions missionnaires dans la GalilĂ©e mĂ©ridionale sur les confins de la Samarie et en PĂ©rĂ©e.
Luc seul nous a conserve ce récit important, qui remplit toute une partie de son évangile, jusqu'à Luc 18.15. Là il se rencontre de nouveau avec Matthieu et Marc, pour raconter bientÎt l'arrivée de Jésus à Jérusalem. C'est aller un peu loin que de voir dans cette partie de notre évangile en quelque sorte un journal du dernier voyage de Jérusalem.
Il est vrai que Luc donne de temps en temps des indications destinées à rappeler que Jésus est en marche vers cette ville ; (Luc 9.57 ; Luc 13.22 ; 17.11) mais d'autre part, sa narration présente certaines données chronologiques et géographiques qui rendent difficile d'y retrouver un itinéraire suivi. Ainsi, en Luc 10.38, on lit un fait qui n'a pu avoir lieu qu'à Béthanie, tout prÚs de Jérusalem, tandis que plus tard (Luc 17.11) nous retrouvons Jésus au sud de la Galilée et traversant la Samarie.
En présence de ces données qui paraissent contradictoires, quelques interprÚtes ont cru pouvoir constater non pas un mais plusieurs récits des voyages de Jésus à Jérusalem.
Wieseler prĂ©tend retrouver l'indication des trois voyages rapportĂ©s par Jean. (Jean 7.10 ; 11.7 ; 12.1) Mais le dĂ©part en secret de Jean 7.10 ne peut ĂȘtre identifiĂ© avec le dĂ©part solennel de verset 51, et les notices Luc 13.22,17.11 parlent de la continuation du voyage commencĂ© et ne signalent pas le commencement de nouveaux voyages.
Quant au rĂ©cit de Luc 10.38, qui suppose la prĂ©sence de JĂ©sus Ă BĂ©thanie, on peut l'expliquer en le rapprochant de Jean 10.22, oĂč il est dit que JĂ©sus se trouvait Ă JĂ©rusalem Ă la fĂȘte de la dĂ©dicace en dĂ©cembre.
Il faut admettre que JĂ©sus interrompit sa tournĂ©e d'Ă©vangĂ©lisation pour faire une excursion Ă JĂ©rusalem, aprĂšs laquelle il vint reprendre son travail dans la GalilĂ©e mĂ©ridionale et la PĂ©rĂ©e et l'y poursuivre jusqu'Ă la fĂȘte de PĂąque.
Quelque idĂ©e qu'on se fasse d'ailleurs du document insĂ©rĂ© par Luc, et mĂȘme si l'on se refuse Ă y voir un rĂ©cit suivi au point de vue chronologique, on ne saurait mĂ©connaĂźtre qu'il remplit une lacune considĂ©rable dans l'histoire de la vie de JĂ©sus.
Les deux premiers évangiles, en effet, aprÚs le récit de la transfiguration, ne relatent plus que quelques faits et quelques paroles et nous transportent brusquement en Judée et à Jérusalem aux approches de la Pùque. (Matthieu 19.1 ; Marc 10.1)
Or la transfiguration eut lieu, selon toute vraisemblance, dans le courant de l'été. De l'intervalle de huit à neuf mois qui la sépare de la Pùque, nous ne saurions presque rien, si Luc ne nous renseignait sur les actes et sur les enseignements de Jésus durant cette période importante.
De plus, ce rĂ©cit de Luc sert de lien entre celui des deux premiers Ă©vangiles, qui racontent seulement l'activitĂ© de JĂ©sus sur les bords du lac de GĂ©nĂ©zareth, et celui de Jean, qui se borne aux sĂ©jours Ă JĂ©rusalem ; il nous montre le Sauveur Ă l'Ćuvre dans les contrĂ©es intermĂ©diaires.
Enfin, tandis que la premiÚre partie de l'évangile retrace surtout l'action bienfaisante du Sauveur, ses guérisons et ses miracles, presque toute cette seconde partie est remplie par des enseignements. Et quels enseignements !
Qu'on se rappelle les inimitables paraboles que Luc seul nous a transmises : le Samaritain, le figuier stérile, la brebis perdue, l'enfant prodigue, l'économe infidÚle, le mauvais riche, le juge inique, le pharisien et le péager, et tant d'autres instructions, dont un petit nombre seulement se retrouvent dans les deux premiers évangiles. Qu'importent quelques obscurités chronologiques au prix de toutes ces richesses ?
Nous voyons dans ce texte que les disciples ne comprirent pas que la rĂ©action de ces « Samaritains » Ă©tait basĂ©e sur leurs prĂ©jugĂ©s nationaux et sur leur sectarisme, plutĂŽt que sur lâinimitiĂ© Ă la Parole et Ă l'adoration de Dieu ; bien que refusant de recevoir Christ et Ses disciples, les habitants de ce village ne leur firent aucun mal ni ne les injuriĂšrent, Ă la diffĂ©rence du roi Achazia, qui, autrefois, chercha Ă tuer le prophĂšte Ălie...
Les disciples de JĂ©sus semblaient avoir oubliĂ© que la dispensation de l'Ă©vangile devait ĂȘtre « ponctuĂ©e » par des miracles de la GrĂące divine. Mais avant tout, ils ne discernaient pas les pensĂ©es qui animaient rĂ©ellement leur cĆur : la fiertĂ© et l'ambition. Notre Seigneur les mit alors en garde Ă ce sujet.
Il est facile dâannoncer : « voyez notre zĂšle pour le Seigneur », et de penser ĂȘtre vraiment fidĂšles Ă Sa cause, alors quâen rĂ©alitĂ© nous poursuivons nos buts personnels, et que nous faisons du mal Ă notre prochain au lieu de pratiquer le bien.