Le chapitre précédent ayant prouvé que Christ est
supérieur aux anges, ce texte applique donc cette doctrine.Notre esprit et notre mémoire ressemblent à un « récipient » qui
fuit, ne retenant pas correctement son contenu, sauf si l’on
prend maintes précautions. Ce phénomène provient de la
corruption de notre nature, des tentations, des attraits du
monde et de ses plaisirs. Pécher contre l'Évangile, revient à
négliger le grand salut qui nous est offert ; c'est mépriser la
Grâce salvatrice de Dieu, en Christ, la Lumière ; ne pas
ressentir le besoin d’être sauvé équivaut à ne pas honorer Jésus.
Les jugements du Seigneur, sous la dispensation de l'Évangile
sont principalement spirituels, et de ce fait, ils doivent être
vraiment redoutés. On trouve dans ce texte une sollicitation de
la conscience des pécheurs. Même nos négligences mineures
n'échapperont pas aux reproches du ciel ; elles obscurcissent
souvent l’âme par des ténèbres spirituelles, en risquant de
conduire cette dernière à la ruine.
La mise en place de l'Évangile a été poursuivie et confirmée par
ceux qui ont connu Christ, par les évangélistes et les apôtres,
qui ont été les témoins de ce que Jésus-Christ a commencé à la
fois d'enseigner et d’accomplir ; ces hommes, par les dons du
Saint-Esprit, furent qualifiés pour la tâche à laquelle ils
étaient appelés. Tout ce plan fut établi selon la Volonté de
Dieu. Ce Dernier désirait en effet qu’en recevant l'Évangile,
nous ayons des bases solides pour notre foi, et un ferme
fondement pour notre espérance.
Que notre âme admette cette vérité nécessaire, et s'appuie sur
les Saintes Écritures, transcrites par ceux qui ont entendu les
paroles de notre merveilleux Seigneur, étant inspirés par Son
Esprit ; nous serons alors bénis, nous aurons « la bonne part »,
celle qui ne peut nous être ôtée !
D'autres commentateurs (Meyer, Weiss) rapportent ce donc aux mots qui précèdent immédiatement : alors viendra la fin. L'évangéliste voudrait marquer que les faits qui vont être prédits seront le commencement de la fin.
Le signe précurseur de cette grande catastrophe que Jésus indique à ses disciples est exprimé en des termes qu'il emprunte au prophète Daniel : l'abomination de la désolation ou de la dévastation. (Daniel 9.27 ; 11.31 ; 12.11)
En hébreu il y a du dévastateur.
Ces deux mots, les seuls que Jésus cite de la prophétie, et qui se trouvent dans Matthieu et Marc, ont un sens assez clair : ils désignent les ravages faits par une armée païenne.
Luc rend la même pensée en des termes qui ne laissent aucun doute sur leur signification : "Or, quand vous verrez Jérusalem investie par des armées, sachez que sa désolation est proche."
Ainsi l'abomination est, aux yeux d'un Israélite, le lieu saint foulé et souillé par les païens. et la désolation ou dévastation, c'est la ruine totale du temple de la ville, du pays tout entier, comme l'indique l'expression indéterminée en lieu saint, que l'on ne saurait limiter au sanctuaire. (Comparer Marc 13.14, note, et la prophétie complète dans les trois passages cités, traduction Segond.)
- Les derniers mots de ce verset, exhortant le lecteur à faire attention à la prophétie citée, ou à réfléchir ou comprendre, forment une parenthèse que les uns attribuent à Jésus lui-même, d'autres à l'évangéliste et cela avec plus de raison, car Jésus parlant à ses disciples n'aurait pas interrompu son discours pour avertir ceux qui un jour le liraient rédigé. De la part de l'évangéliste ce nota bene est naturel, car le signe emprunté au prophète était de la plus grande importance pour les premiers lecteurs de l'évangile, comme le prouvent les versets qui suivent.