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Matthieu 6.9

Vous donc, par opposition aux païens, (verset 7) priez ainsi, par opposition aux vaines redites. Mais ce n'est pas seulement la brièveté de la prière que Jésus va enseigner, c'est surtout l'esprit dans lequel il faut prier, les grâces qu'il faut demander, et qui répondent aux plus profonds besoins de toute âme chrétienne.

Il ne veut donc pas donner une formule de prière à laquelle ses disciples doivent se borner, mais dès qu'il condescend à leur en retracer un si admirable modèle, n'y aurait-il pas de leur part autant d'orgueil que d'ingratitude à l'exclure de leurs dévotions ? On nous dit que les apôtres ne s'en servaient pas dans leurs prières : qu'en savons-nous ? Et qu'est-ce que cela prouverait ? Quand le Maître a parlé, attendrons-nous que les disciples confirment sa parole ? Cette prière est si simple à la fois et si profonde dans les pensées si humble et si sublime dans son esprit si riche dans sa brièveté, que tout ce que nous pouvons demander à Dieu pour nous-mêmes et pour l'Eglise s'y trouve compris. Les trois premières demandes concernent tous les rapports de Dieu à l'homme, les trois dernières toutes les relations essentielles de l'homme pécheur à Dieu.

Enfin ces requêtes répondent à la fois aux besoins de chaque âme individuelle et aux espérances des enfants de Dieu, réunis en Eglise dans une sainte et intime communion. Luc (Luc 11.1 et suivants) a donné l'oraison dominicale sous une forme incomplète et en lui attribuant une tout autre place. Au premier abord, il semble que l'occasion indiquée par cet évangéliste, c'est-à-dire la demande d'un disciple : "Enseigne-nous à prier," est historiquement plus naturelle que celle du sermon sur la montagne, que Matthieu lui assigne. Telle est l'opinion de plusieurs interprètes, qui pensent que notre évangéliste aurait librement introduit ici ce formulaire, parce qu'il convient très bien à l'instruction que Jésus voulait donner sur l'esprit dans lequel on doit prier. (Voir sur cette question Luc 11.2, note.) Quoi qu'il en soit, c'est à Matthieu seul que nous devons de posséder en son entier cette admirable prière.

Père, tel est le premier mot de cette prière (grec Père de nous ou notre Père). Cette invocation renferme déjà tout ce qui peut inspirer à l'âme qui prie la confiance et l'amour. Ce nom de Père donné à Dieu est à la fois la révélation et l'œuvre de Jésus-Christ. Rarement il se rencontre dans l'Ancien Testament Esaïe 63.16 ; comparez Psaumes 103.13, jamais dans la plénitude de sa signification chrétienne. Et même il nous faut être réconciliés avec Dieu par Christ et avoir reçu l'Esprit d'adoption, pour être rendus capables de prononcer ce nom en vérité. Romains 8.15 ; Galates 4.6

"Prier ainsi, c'est la gloire des fidèles du Nouveau Testament. Quiconque dit à Dieu Père peut tout demander." Bengel.

Il faut remarquer encore que Jésus ne nous fait pas dire, en nous isolant chacun dans son égoïste individualité : mon Père, mais notre Père qui es aux cieux ! Quiconque est né de Dieu sur la terre est membre de cette immense famille des rachetés de Christ, avec laquelle nous sommes unis ; un lien nouveau d'une parenté impérissable embrasse les enfants de Dieu, depuis le plus obscur chrétien dont toute la science religieuse consiste à savoir prononcer avec amour le nom de son Père céleste, jusqu'aux esprits des justes qui déjà entourent le trône de Dieu.

- Qui es dans les cieux, n'exprime pas seulement la grandeur et la puissance de Dieu, mais, comme le montre le verset 10, l'idée que Dieu, bien que présent partout, réside et manifeste spécialement sa présence et sa gloire dans un monde supérieur, que les Ecritures nomment le ciel ou les cieux. Esaïe 66.1 ; Psaumes 2.4 ; 102.20 ; 115.3 ; Job 22.12 et suivants, Actes 7.55,56 ; 1Timothée 6.16

Le Fils de Dieu est venu de là et y est retourné dans sa gloire ; c'est du ciel que vient l'Esprit divin et sur lui et sur les siens. Matthieu 3.16 Actes 2.1 et suivants C'est de là que la voix de Dieu retentit Matthieu 3.17 ; Jean 12.28 et que les anges de Dieu descendent. Jean 1.51 Le chrétien qui, en priant, élève ses yeux et son cœur vers le ciel, sait qu'il aspire vers sa patrie. Ni le panthéisme ni l'astronomie ne lui ôteront ce privilège.

L'oraison dominicale se divise en deux séries de trois demandes. Les trois premières se rapportent à Dieu et à son règne, les trois dernières à l'homme et à ses besoins. En donnant ainsi la priorité aux intérêts divins, contrairement à l'instinct de son cœur qui le pousse à penser à soi d'abord, le chrétien renonce à lui-même, mais c'est pour se donner tout entier à Dieu, en qui il se retrouve, non plus seul, mais uni à ses frères.

"L'esprit fraternel devient ainsi dans la seconde partie de la prière le complément de l'esprit filial qui avait dicté la première ; l'intercession fraternelle se confond avec la supplication personnelle. L'oraison dominicale n'est donc autre chose que le sommaire de la loi mis en action sous la forme de la prière, le sommaire réalisé d'abord dans l'intimité du cœur, pour passer de là dans la vie entière." Godet.

- Le nom de Dieu, c'est l'expression de son essence, de son être, tel qu'il s'est révélé à nous dans sa Parole. Jean 17.6 ; Romains 9.17

Sanctifier ce nom, c'est reconnaître Dieu, le confesser, le craindre, l'adorer comme saint ; c'est surtout l'avoir comme saint dans le cœur. 1Pierre 3.15

Par cette prière, nous demandons à Dieu que tous les hommes arrivent à sanctifier son nom de cette manière.


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